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poèmes classiques

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poèmes classiques - Page 3 Empty poèmes classiques

Message par magda Ven 9 Avr - 6:51

Rappel du premier message :

poèmes classiques


Chant royal de la plus belle qui jamais fut au monde



Anges, Trônes et Dominations,
Principaultés, Archanges,
Chérubins,
Inclinez-vous aux basses régions
Avec Vertus, Potestés,
Seraphins,
Transvolitez des haults cieux cristalins
Pour decorer la
triumphante entrée
Et la très digne naissance adorée,
Le saint concept
par mysteres tres haults
De celle Vierge, ou toute grace abonde,

Decretee par dits imperiaulx
La plus belle qui jamais fut au
monde.

Faites sermons et predications,
Carmes devots, Cordeliers,
Augustins ;
Du saint concept portez relations,
Caldeyens, Hebrieux et
Latins ;
Roumains, chantez sur les monts palatins
Que Jouachim Saincte
Anne a rencontree,
Et que par eulx nous est administree
Ceste Vierge
sans amours conjugaulx
Que Dieu crea de plaisance feconde,
Sans poinct
sentir vices originaulx,
La plus belle qui jamais fut au monde.

Ses
honnestes belles receptions
D'ame et de corps aux beaux lieux
intestins
Ont transcendé toutes conceptions
Personnelles, par mysteres
divins.
Car pour nourrir Jhésus de ses doulx seins
Dieu l'a toujours sans
maculle monstree,
La déclarant par droit et loi oultree :
Toute belle
pour le tout beau des beaux,
Toute clère, necte, pudique et monde,
Toute
pure par dessus tous vesseaulx,
La plus belle qui jamais fut au
monde.

Muses, venez en jubilations
Et transmigrez vos ruisseaulx
cristalins,
Viens, Aurora, par lucidations,
En precursant les beaux jours
matutins ;
Viens, Orpheus, sonner harpe et clarins,
Viens, Amphion, de la
belle contree,
Viens, Musique, plaisamment acoustrée,
Viens, Royne
Hester, parée de joyaulx,
Venez, Judith, Rachel et Florimonde,

Accompagnez par honneurs spéciaulx
La plus belle qui jamais fut au
monde.

Tres doulx zephirs, par sibilations
Semez partout roses et
roumarins,
Nimphes, lessez vos inundations,
Lieux stigieulx et carybdes
marins ;
Sonnez des cors, violes, tabourins ;
Que ma maistresse, la Vierge
honnoree
Soit de chacun en tous lieux decoree
Viens, Apolo, jouer des
chalumeaux,
Sonne, Panna, si hault que tout redonde,
Collaudez tous en
termes generaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.

Esprits
devotz, fidelles et loyaulx,
En paradis beaux manoirs et chasteaux,
Au
plaisir Dieu, la Vierge pour nous fonde
Ou la verrez en ses palais
royaulx,
La plus belle qui jamais fut au monde.
magda
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poèmes classiques - Page 3 Empty Les nénuphars

Message par Rita-kazem Ven 9 Avr - 12:35






A la baronne H. de B.

Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
Neige montant du fond de leur azur,
Qui, sommeillant sur vos tiges humides,
Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ;
Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières
Pour vous laisser cueillir... et vivre après.
Nénuphars blanc, dormez sur vos rivières,
Je ne vous cueillerai jamais !

Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses,
Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?...
Car pour rêver il faut être amoureuses,
Il faut avoir le coeur pris... ou jaloux ;
Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège,
Pour vous, rêver... c'est aspirer le frais !
Nénuphars blancs, dormez dans votre neige !
Je ne vous cueillerai jamais !

Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies
Dont la blancheur fait froid aux coeurs ardents,
Qui vous plongez dans vos eaux détiédies
Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs !
Restez cachés aux anses des rivières,
Dans les brouillards, sous les saules épais...
Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières !
Je ne vous cueillerai jamais !

Rita-kazem

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poèmes classiques - Page 3 Empty Oh ! les yeux adorés...

Message par Rita-kazem Ven 9 Avr - 12:36






A Clara.

Oh ! les yeux adorés ne sont pas ceux qui virent
Qu'on les aimait, - alors qu'on en mourait tout bas !
Les rêves les plus doux ne sont pas ceux que firent
Deux êtres, coeur à coeur et les bras dans les bras !
Les bonheurs les plus chers à notre âme assouvie
Ne sont pas ceux qu'on pleure après qu'ils sont partis ;
Mais les plus beaux amours que l'on eut dans la vie
Du coeur ne sont jamais sortis !

Ils sont là, vivent là, durent là. - Les Années
Tombent sur eux en vain. On les croit disparus,
Perdus, anéantis, au fond des destinées !...
Et le Destin, c'est eux, qui semblaient n'être plus !
On a dix fois aimé depuis eux. - La jeunesse
A coulé, fastueuse et brûlante, - et le Temps
Amène un soir d'hiver, par la main, la Vieillesse,
Qui nous prend, elle ! par les flancs !

Mais ces flancs terrassés qu'on croyait sans blessure
En ont une depuis qu'ils respirent, hélas !
D'un trait mal appuyé, légère égratignure,
Qui n'a jamais guéri, mais qui ne saignait pas !
Ce n'était rien... le pli de ces premières roses
Qu'on s'écrase au printemps sur le coeur, quand il bout...
Ah ! dans ce coeur combien il a passé de choses !
Mais ce rien resté... c'était tout !

On n'en parlait jamais... Jamais, jamais personne
N'a su que sous un pli de nos coeurs se cachait,
Comme une cantharide au fond d'une anémone,
Un sentiment sans nom que rien n'en détachait !
Ce n'était pas l'amour exprimé qui s'achève
Dans des bras qu'on adore et qu'on hait tour à tour.
Ce n'était pas l'amour, ce n'en était qu'un rêve...
Mais c'était bien mieux que l'amour !

Et sous tous ces amours qui fleurissent la vie,
Et sous tous les bonheurs qui peuvent l'enivrer,
Nous avons retrouvé toujours cette folie,
A laquelle le coeur n'a rien à comparer !
Et nous avons subi partout l'étrange empire
De ce rêve tenace, - et vague, - mais vainqueur,
Et jusque dans tes bras, Clara, ce doux Vampire
Est venu s'asseoir sur mon coeur.

Tu ne devinas pas ce que j'avais dans l'âme...
Tu faisais à mon front couronne de ton bras,
Et de ton autre main qui me versait sa flamme
Tu me tâtais ce coeur où, toi, tu n'étais pas !
Tu cherchais à t'y voir, chère fille égarée,
Tu disais : " Tu te tais, mon bien-aimé ; qu'as-tu ?... "
Je n'avais rien, Clara, - mais, ma pauvre adorée,
C'est ce rien-là que j'avais vu !

Il se levait tout droit, ce rien, dans ma pensée.
Ce n'était qu'un fantôme... un visage incertain...
Mais des chers souvenirs de notre âme abusée
Le plus fort, c'est toujours, toujours le plus lointain !
Perspective du coeur ardent qui se dévore,
Le passé reculant brille plus à nos yeux...
Et le jour le plus beau n'est qu'un spectre d'aurore,
Qui revient rôder dans les cieux !

Et toi, tu l'as été, ce spectre d'une aurore,
Dont le rayon pour moi ne s'éteignit jamais !
Mais toi, jour de mes yeux, ma Clara que j'adore,
Tu n'as pas effacé cette autre que j'aimais !
Une étoile planant sur les mers débordées
Se mire dans leurs flots et rit de leurs combats...
Combien donc nous faut-il de femmes possédées
Pour valoir celle qu'on n'eut pas ?...
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poèmes classiques - Page 3 Empty Oh ! pourquoi voyager ?

Message par Rita-kazem Ven 9 Avr - 12:37






Oh ! pourquoi voyager ? as-tu dit. C'est que l'âme
Se prend de longs ennuis et partout et toujours ;
C'est qu'il est un désir, ardent comme une flamme,
Qui, nos amours éteints, survit à nos amours !
C'est qu'on est mal ici ! - Comme les hirondelles,
Un vague instinct d'aller nous dévore à mourir ;
C'est qu'à nos coeurs, mon Dieu ! vous avez mis des ailes.
Voilà pourquoi je veux partir !

C'est que le coeur hennit en pensant aux voyages,
Plus fort que le coursier qui sellé nous attend ;
C'est qu'il est dans le nom des plus lointains rivages
Des charmes sans pareils pour celui qui l'entend ;
Irrésistible appel, ranz des vaches pour l'âme
Qui cherche son pays perdu - dans l'avenir ;
C'est fier comme un clairon, doux comme un chant de femme.
Voilà pourquoi je veux partir !

C'est que toi, pauvre enfant, et si jeune et si belle,
Qui vivais près de nous et couchais sur nos coeurs,
Tu n'as pas su dompter cette force rebelle
Qui nous jeta vers toi pour nous pousser ailleurs !
Tu n'as plus de mystère au fond de ton sourire,
Nous le connaissons trop pour jamais revenir ;
La chaîne des baisers se rompt, - l'amour expire...
Voilà pourquoi je veux partir !

En vain, tout en pleurant, la femme qui nous aime
Viendrait à notre épaule agrafer nos manteaux,
Nous resterions glacés à cet instant suprême ;
A trop couler pour nous des pleurs ne sont plus beaux.
Nous n'entendrions plus cette voix qui répète :
" Oh ! pourquoi voyager ? " dans un tendre soupir,
Et nous dirions adieu sans retourner la tête.
Voilà pourquoi je veux partir !

Oh ! ne m'accuse pas ; accuse la nature,
Accuse Dieu plutôt, - mais ne m'accuse pas !
Est-ce ma faute, à moi, si dans la vie obscure
Mes yeux ont soif de jour, mes pieds ont soif de pas ?
Si je n'ai pu rester à languir sur ta couche,
Si tes bras m'étouffaient sans me faire mourir,
S'il me fallait plus d'air qu'il n'en peut dans ta bouche...
Voilà pourquoi je veux partir !

Pourquoi ne pouvais-tu suffire à ma pensée
Et tes yeux n'être plus que mes seuls horizons ?
Pourquoi ne pas cacher ma tête reposée
Sous les abris d'or pur de tes longs cheveux blonds ?
Comme la jeune épouse endormie à l'aurore,
La fleur d'amour, comme elle, au soir va se rouvrir...
Mais si l'amour n'est plus, pourquoi de l'âme encore ?
Voilà pourquoi je veux partir !

Tu ne la connais pas, cette vie ennuyée,
Lasse de pendre au mât, avide d'ouragan.
Toi, tu restes toujours, sur ton coude appuyée,
A voir stagner la tienne ainsi qu'un bel étang.
Restes-y ! Mon amour fut l'ombre d'un nuage
Sur l'étang ; - le soleil y reviendra frémir !
Tu ne garderas pas trace de mon passage...
Voilà pourquoi je veux partir !

Ô coupe de vermeil où j'ai puisé la vie,
Je ne t'emporte pas dans mon sein tout glacé !
Reste derrière moi, reste à demi remplie,
Offrande à l'avenir et débris du passé.
Je peux boire à présent, sans que trop il m'en coûte,
Un breuvage moins doux et moins prompt à tarir,
Dans le creux de mes mains, aux fossés de la route...
Voilà pourquoi je veux partir !

Mais, si c'est t'offenser que partir, oh ! pardonne ;
Quoique de ces douleurs dont tu n'eus point ta part,
Rien, hélas ! (et pourtant autrefois tu fus bonne !)
Ne saurait racheter le crime du départ.
Pourquoi t'associerais-je à mon triste voyage ?
Lorsque tu le pourrais, oserais-tu venir ?
Plus sombre que Lara, je n'aurai point de page...
Voilà pourquoi je veux partir !

Et qu'importe un pardon ! - Innocent ou coupable,
On n'est jamais fidèle ou parjure à moitié ;
Le coeur, sans être dur, demeure inébranlable,
Et l'oubli lui vaut mieux qu'une vaine pitié.
Ah ! l'oubli ! quel repos quand notre âme est lassée !
Endors-toi dans ses bras, sans rêver ni souffrir...
Je ne veux rien de toi... pas même une pensée !
Voilà pourquoi je veux partir !

Car il est, tu le sais, ô femme abandonnée,
Un voyageur plus vieux, plus sans pitié que moi,
Et ce n'est pas un jour, quelques mois, une année,
Mais c'est tout qu'il doit prendre, aux autres comme à toi !
Tel que des épis d'or sciés d'un bras avide,
Il prend beauté, bonheur, et jusqu'au souvenir,
Fait sa gerbe et s'en va du champ qu'il laisse aride...
Voilà pourquoi je veux partir !

Oui ! partir avant lui, partir avant qu'il vienne !
Te laisser belle encor sous tes pleurs répandus,
Ne pas chercher ta main qui froidit dans la mienne,
Et, sous un front terni, tes yeux, astres perdus !
N'eût-on que le respect de celle qui fut belle
Il faudrait s'épargner de la voir se flétrir,
Puisque Dieu ne veut pas qu'elle soit immortelle !
Voilà pourquoi je veux partir !
Rita-kazem
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poèmes classiques - Page 3 Empty Te souviens-tu ?...

Message par Rita-kazem Ven 9 Avr - 12:37






A Mademoiselle Marthe Brandès.

Te souviens-tu du soir, où près de la fenêtre
Ouverte d'un salon plein de joyeux ébats,
Tu n'avais pas seize ans... les avais-tu ?... Peut-être ?
Sous le rideau tombé, nous nous parlions tout bas ?...
Ce n'était pas l'amour que t'exprimait ma bouche,
Mon coeur était trop vieux, trop glacé, trop hautain,
Pour parler à ton coeur ; mais, prophète farouche,
Je te prédisais ton destin.

Et toi, tu m'écoutais, sur la barre accoudée ;
Tu me montrais ta nuque, en me cachant ton front ;
Et tu restais muette à la cruelle idée
De ce premier amour qui, t'ayant possédée,
Deviendra mon dernier affront !
Nuit, ciel, jardin, massifs, dehors tout était sombre,
Et tu regardais dans ce noir.
Mais ton coeur de seize ans avait encor plus d'ombre,
Et là, comme dehors, tu ne pouvais rien voir !

Mais moi, moi, j'y voyais ! mes yeux perçaient le voile
Qui te cachait ton avenir,
Et je voyais au loin monter l'affreuse étoile
De ce premier amour qui pour toi doit venir !
Je te disais alors : " Il va bientôt paraître
Celui-là qui prendra d'autorité vos jours !
Mais moi qui ne veux pas vous voir subir un maître,
J'aurai disparu pour toujours ! "

C'est fait... Je suis sorti maintenant de ta vie
Sans t'avoir dit l'adieu qu'on se dit quand on part ;
Silencieusement j'emporte ma folie...
Pour être aimé de toi, j'étais venu trop tard.
Tu ne m'as pas trahi. Je n'ai rien à te dire...
Ce qui fut entre nous, c'est la Fatalité.
D'aucune illusion tu n'eus sur moi l'empire,
Sinon celle de ta fierté !

Te l'avais-je assez exaltée,
Pour résister à ton futur vainqueur ?
Ai-je cru te l'avoir plantée
Assez avant dans ton trop faible coeur ?
J'avais donc mis trop haut ton âme.
En toi de la fierté ? non ! pas même d'orgueil !
Est-ce que tu pouvais être plus qu'une femme ?
Les bras fermés sur toi sont pour moi ton cercueil.
Et si, devant mes yeux, un de ces soirs peut-être,
Tu passes, entraînant tous les coeurs sous tes pas,
Ne baisse pas les tiens ; - car tu m'as fait connaître
Ce genre de mépris qui même ne voit pas !...
Rita-kazem
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poèmes classiques - Page 3 Empty Treize ans

Message par Rita-kazem Ven 9 Avr - 12:38






Elle avait dix-neuf ans. Moi, treize. Elle était belle ;
Moi, laid. Indifférente, - et moi je me tuais...
Rêveur sombre et brûlant, je me tuais pour elle.
Timide, concentré, fou, je m'exténuais...
Mes yeux noirs et battus faisaient peur à ma mère ;
Mon pâle front avait tout à coup des rougeurs
Qui me montaient du coeur comme un feu sort de terre !
Je croyais que j'avais deux coeurs.

Un n'était pas assez pour elle. Ma poitrine
Semblait sous ces deux coeurs devoir un jour s'ouvrir
Et les jeter tous deux sous sa fière bottine,
Pour qu'elle pût fouler mieux aux pieds son martyr !
Ô de la puberté la terrible démence !
Qui ne les connut pas, ces amours de treize ans ?
Solfatares du coeur qui brûlent en silence,
Embrasements, étouffements !

Je passais tous mes jours à ne regarder qu'elle...
Et le soir, mes deux yeux, fermés comme deux bras,
L'emportaient, pour ma nuit, au fond de leur prunelle...
Ah ! le regard fait tout, quand le coeur n'ose pas !
Le regard, cet oseur et ce lâche, en ses fièvres,
Sculpte le corps aimé sous la robe, à l'écart...
Notre coeur, nos deux mains, et surtout nos deux lèvres ;
Nous les mettons dans un regard !

Mais un jour je les mis ailleurs... et dans ma vie
Coup de foudre reçu n'a fumé plus longtemps !
C'est quand elle me dit : " Cousin, je vous en prie... "
Car nous étions tous deux familiers et parents ;
Car ce premier amour, dont la marque nous reste
Comme l'entaille, hélas ! du carcan reste au cou,
Il semble que le Diable y mêle un goût d'inceste
Pour qu'il soit plus ivre et plus fou !

Et c'était un : " Je veux ! " que ce : " Je vous en prie,
Allons voir le cheval que vous dressez pour moi... "
Elle entra hardiment dans la haute écurie,
Et moi, je l'y suivis, troublé d'un vague effroi...
Nous étions seuls ; l'endroit était grand et plein d'ombre,
Et le cheval, sellé comme pour un départ,
Ardent au râtelier, piaffait dans la pénombre...
Mes deux lèvres, dans mon regard,

Se collaient à son corps, - son corps, ma frénésie ! -
Arrêté devant moi, cambré, voluptueux,
Qui ne se doutait pas que j'épuisais ma vie
Sur ses contours, étreints et mangés par mes yeux !
Elle avait du matin sa robe blanche et verte,
Et sa tête était nue, et ses forts cheveux noirs
Tordus, tassés, lissés sans une boucle ouverte,
Avaient des lueurs de miroirs !

Elle se retourna : " Mon cousin, - me dit-elle
Simplement, - de ce ton qui nous fait tant de mal ! -
Vous n'êtes pas assez fort pour me mettre en selle ?... "
Je ne répondis point, - mais la mis à cheval
D'un seul bond !... avec la rapidité du rêve,
Et, ceignant ses jarrets de mes bras éperdus,
Je lui dis, enivré du fardeau que j'enlève :
" Pourquoi ne pesez-vous pas plus ? "

Car on n'a jamais trop de la femme qu'on aime
Sur le coeur, - dans les bras, - partout, - et l'on voudrait
Souvent mourir pâmé... pâmé sous le poids même
De ce cors, dense et chaud, qui nous écraserait !
Je la tenais toujours sous ses jarrets, - la selle
Avait reçu ce poids qui m'en rendait jaloux,
Et je la regardais, dans mon ivresse d'elle,
Ma bouche effleurant ses genoux ;

Ma bouche qui séchait de désir, folle, avide...
Mais Elle, indifférente en sa tranquillité,
Tendait rêveusement les rênes de la bride,
- Callipyge superbe, assise de côté ! -
Tombant sur moi de haut, en renversant leur flamme,
Ses yeux noirs, très couverts par ses cils noirs baissés,
Me brûlaient jusqu'au sang, jusqu'aux os, jusqu'à l'âme,
Sans que je leur criasse : " Assez ! "

Et le désir, martyre à la fois et délice,
Me couvrait de ses longs frissons interrompus ;
Et j'éprouvais alors cet étrange supplice
De l'homme qui peut tout... et pourtant n'en peut plus !
A tenir sur mes bras sa cuisse rebondie,
Ma tête s'en allait, - tournoyait, - j'étais fou !
Et j'osai lui planter un baiser... d'incendie
Sur la rondeur de son genou !

Et ce baiser la fit crier comme une flamme
Qui l'eût mordue au coeur, au sein, au flanc, partout !
Et ce baiser tombé sur un genou de femme
Par la robe voilé, puis ce cri... ce fut tout !
Ce fut tout ce jour-là. - Rigide sur sa selle,
Elle avait pris mon front et avait écarté
De ses tranquilles mains, ce front, ce front plein d'elle,
Rebelle qu'elle avait dompté !

Et ce fut tout depuis, - et toujours. Notre vie
S'en alla bifurquant par des chemins divers.
Peut-être elle oublia, cet instant de folie,
Où de la voir ainsi mit mon âme à l'envers !
Elle oublia. Moi, non. Et nulle de ces femmes
Qui, depuis, m'ont le mieux passé les bras au cou,
N'arracha de ma lèvre, avec sa lèvre en flammes,
L'impression de ce genou !
Rita-kazem
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poèmes classiques - Page 3 Empty Olivier CALEMARD DE LA FAYETTE

Message par Valerie-M-kaya Dim 11 Avr - 13:57


  • (1877-1906)

Pour fêter le retour normal de l'âpre hiver



Pour fêter le retour normal de l'âpre hiver,
J'ai gravi, dès le jour, ma montagne rouillée.
Le vent du nord-ouest a souffle tout hier.

J'en voulais savourer la rafale mouillée,
Jeux de pluie aux clartés du ravin partiel,
Sur le treillis brumeux des branches dépouillées.

La lumière est instable aux décors irréels
Des vallons d'ombre ensoleillés de claire brume
Où se joignent, pour fuir, des lambeaux d'arc-en-ciel.

Le roc ruisselle et luit et les pics d'argent fument.
Sous le vent brusque obstinément ailé de nuit,
Et l'aile sombre éteint le rayon qui s'allume ;

Et tout le paysage pâle tourne et luit,
Cependant qu'au taillis fauve des petits chênes
Chaque feuille légère et plaintive bruit.

Et le mont tout entier pleure des larmes vaines.
Valerie-M-kaya
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poèmes classiques - Page 3 Empty Vincent CAMPENON

Message par Valerie-M-kaya Dim 11 Avr - 13:58


  • (1772-1843)

Paul au tombeau de Virginie



Repose en paix, ma Virginie !
Le repos n'est pas fait pour moi.
Hélas ! le monde entier, sans toi,
N'a rien qui m'attache à la vie.

Le plaisir ainsi que la peine,
Tout passe avec rapidité ;
Notre vie est une ombre vaine
Qui se perd dans l'éternité.
À nos deux coeurs l'amour barbare
Offrait un riant avenir ;
Et la mort, la mort nous sépare...
C'est pour bientôt nous réunir.

Repose en paix, ma Virginie !
Le repos n'est pas fait pour moi.
Hélas ! le monde entier, sans toi,
N'a rien qui m'attache à la vie.

Que tu savais rendre touchante
La vertu qui t'embellissait !
Oh ! comme elle était attrayante,
Quand ta bouche nous l'inspirait !
Le besoin de la bienfaisance
À ton coeur se faisait sentir ;
Et quand tu peignais l'innocence,
Ton front n'avait point à rougir.

Repose en paix, ma Virginie !
Le repos n'est pas fait pour moi.
Hélas ! le monde entier, sans toi,
N'a rien qui m'attache à la vie.

Partout ton image tracée
S'offre à mes tendres souvenirs ;
Ton nom, présent à ma pensée,
S'échappe à travers mes soupirs.
L'horreur de la nuit la plus noire
Seule convient à ma douleur.
Il faudrait perdre la mémoire,
Quand on a perdu le bonheur !

Repose en paix, ma Virginie !
Le repos n'est pas fait pour moi.
Hélas ! le monde entier sans toi,
N'a rien qui m'attache à la vie.

Cruel départ ! fatal voyage !
La mort t'attendait au retour.
Pourquoi, dans le même naufrage,
Paul n'a-t-il pas perdu le jour !
Ma soeur, ma compagne chérie,
Pouvais-tu vivre loin de moi !
Ô Virginie ! Ô Virginie !
Je suis plus à plaindre que toi.

Repose en paix, ma Virginie !
Le repos n'est pas fait pour moi.
Hélas ! le monde entier, sans toi,
N'a rien qui m'attache à la vie.

C'est là, sur cet affreux rivage,
Que j'achèverai de mourir ;
L'écho de ce rocher sauvage
Redira mon dernier soupir.
Je veux pleurer toute ma vie
Le jour qui put nous séparer :
Mais console-toi, mon amie ;
Paul n'a plus longtemps à pleurer.

Repose en paix, ma Virginie !
Le repos n'est pas fait pour moi.
Hélas ! le monde entier sans toi,
N'a rien qui m'attache à la vie.
Valerie-M-kaya
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poèmes classiques - Page 3 Empty Wilfrid CHALLEMEL

Message par Valerie-M-kaya Dim 11 Avr - 14:02


  • (1846-1909)

Les gants à la Phyllis...



Les gants à la Phyllis protègent ses mains blanches ;
Elle marche, les bras écartés par des manches
Gonflant avec ampleur leur ballon tailladé.
D'un pas grave et contrit, elle entre dans l'église ;
Hélas ! l'esprit malin hier soir l'a surprise,
Elle a dansé le branle et le motivandé. [...]
Valerie-M-kaya
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poèmes classiques - Page 3 Empty Abbé Claude CHERRIER

Message par Valerie-M-kaya Dim 11 Avr - 14:03


  • (1655-1738)

Description chimérique d'un être de raison...



DESCRIPTION CHIMÉRIQUE D'UN ÊTRE DE RAISON,
FABRIQUÉ DE PIÈCES RAPPORTÉES, HABILLÉ D'UNE
ÉTOFFE A DOUBLE SENS, LEQUEL FUT CONSTRUIT
PAR UNE ASSEMBLÉE D'ÉQUIVOQUES,ASSISTÉES DU
GÉNIE BURLESQUE (1713)

Il a un corps de garde,
Des membres de période,
Une tête d'Armée,
Une face de théâtre,
Des traits d'arbalète,
Le front d'un bataillon,
Des yeux de boeuf,
Deux temples de Jupiter,
Un nez de Bachot,
Des joues de Peson,
Une bouche du Danube,
Une langue étrangère,
Des dents de scie,
Une haleine de savetier,
Des oreilles d'écuelle,
Une ouïe de carpe,
Une chevelure d'arbre,
Une barbe d'épic,
Un cou de tonnerre,
Une gorge de montagne,
Des bras de mer,
Un poing d'Espagne,
Des mains de papier,
Des côtes de Barbarie,
Des cuisses de noix,
Des jambes étrières,
Des pieds d'estaux,
Un dos de fauteuil,
Un pul de sac,
Des parties d'Apothicaire,
Un coeur d'Opéra,
Les entrailles de la terre,
Des os de Noël,
Des veines de marbre,
Une âme de soufflet.
.......................
Il a une mine de plomb,
Un air de Cadmus,
Un port de mer,
Une voie d'eau,
Un champ de bataille,
Un accent circonflexe,
Un creux de puits,
Une taille de plume,
Un regard de fontaine,
Un ris de veau,
La gravité de l'air,
Une justice subalterne,
Un esprit de vin,
Une lumière de canon,
Un jugement téméraire,
Une justesse de contrepoids,
Une ruse de guerre,
Une expérience de Physique.
Je vous dirai de plus qu'il était d'un accès de fièvre quatre,
D'une douceur de miel,
D'un caractère gothique,
Qu'il avait de belles inclinations de tête,
Le pas de Calais,
Et la diligence de Lyon.
Tous ces faits mémorables prouvent qu'il était brave comme une mariée.
Valerie-M-kaya
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poèmes classiques - Page 3 Empty Mélanie WALDOR:Dors à mes pieds !...

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:26


Dors à mes pieds !...



Dors à mes pieds !... Rêve d'amour
Mon souffle, comme une
caresse,
Glissera sur le pur contour
De ce beau front qu'avec paresse

Tu reposes sur mes genoux.
Dors à mes pieds, tout fait silence,
Hors
la branche qui se balance,
Souple et frêle, au-dessus de nous ;
Dors à
mes pieds, tout fait silence.

Sous mes baisers clos tes yeux noirs,

Tes yeux où brillent tant de flammes,
Qu'on les croirait les deux
miroirs
Où se reflètent nos deux âmes.
Dors à mes pieds !... Rêve
d'amour ;
Je suis jalouse de tes rêves,
Comme du temps que tu m'enlèves

Avec le monde chaque jour...
Je suis jalouse de tes rêves !...

Le
soleil glisse à l'horizon.
Pas un souffle, pas un nuage...
Un rayon d'or,
sur le gazon,
Reste comme un heureux présage !
Nos riches tapis ne sont
pas
Aussi doux que ce lit de mousse
Où, folâtre, ta main repousse
Le
brin d'herbe effleurant mon bras.
Dors sur l'herbe, les fleurs, la
mousse...

Dors à mes pieds !... Rêve d'amour :
Mon souffle, comme une
caresse,
Glissera sur le pur contour
De ce beau front qu'avec paresse

Tu reposes sur mes genoux.
Dors à mes pieds, tout fait silence,
Hors
la branche qui se balance,
Souple et frêle, au-dessus de nous ;
Dors à
mes pieds, tout fait silence.
Najat
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poèmes classiques - Page 3 Empty Pierre VACHOT:Le cimetière des Anglais

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:33


Le cimetière des Anglais



Le mandement par Prudence transmis
Aux trois états réponse
doit avoir.
Elle nous mand' qu'avons des ennemis,
C'est très bien fait
nous le faire assavoir.
Puisqu'à tout mal on voit Anglais mouvoir
Contre
Français, par la foi qu'à Dieu dois,
De résister contre eux ferai devoir,

Car France est cimetière aux Anglais.

Elle nous mand' qu'ils ne sont
endormis
A nous piller et rober notre avoir,
Et qu'ils ne sont trop
lâches ni démis
Et que de bref nous doivent venir voir.
C'est très bien
fait nous le ramentevoir*
Devant qu'en France viennent faire effrois ;
A
cette fin par bon ordre y pourvoir,
Car France est cimetière aux
Anglais.

De tout bienfait Anglais ont coeur remis.
D'ainsi vouloir
trahison concevoir,
Et pour ce faire ils ont tous leurs arts mis ;
Mais
qu'ils se gard' Français venir revoir,
Car, si la mort y devrons recevoir,

Ils comparront le mal fait aux Français.
Je leur conseill' non bouger ni
mouvoir,
Car France est cimetière aux Anglais.

Prince qu'on note qui
si devait pleuvoir,
Pierre, cailloux, fleurira blanche croix.
Ne tâchent
plus Anglais nous décevoir,
Car France est cimetière aux
Anglais.


(*) rappeler
Najat
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poèmes classiques - Page 3 Empty Jean Joseph VADÉ: Amphigouri

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:34


Amphigouri



Sur l'air du Menuet d'Exaudet

Dom Pibrac,
Dans un
lac
Près du Gange,
Faisait raper du tabac
Pour gonfler l'estomac
Du
pauvre Michelange.
Quand S. Roc
Sur un roc
Vit Euterpe,
Qui pour
s'amuser beaucoup
Faisait des vers à coup
De serpe.
Plus loin était
Calliope
Qui lisait le Misanthrope ;
Mais Santeuil
D'un cercueil

S'enveloppe.
Crainte que Jacques Clément
Ne sût l'enlèvement

D'Europe.
Si Noé
Fut noué,
C'est sa faute.
Que n'allait-il à
Chaillot
Se fair' mettre en maillot
Par la tante de Plaute.
Au
Japon
Le jupon
D'Artémise
Sert aux Grands Seigneurs Persans
Quand à
None ils vont sans
Chemise.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Jean Joseph VADÉ:Autre amphigouri

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:35


Autre amphigouri



Sur le même air que le précédent

Josaphat
Est un
fat
Très aride,
Qui croit être fort savant
Parce qu'il va
souvent
Sous la Zone Torride,
Critiquant
Et
piquant
Agrippine,
Pour avoir fait lire à Prau
Les ouvrages de
Pro-
Serpine.
Si le Public lui pardonne
Tous les travers qu'il se
donne,
Il faut donc
Que Didon
Ait pour elle
Le droit d'aller dans
le parc
Qu'on destinait à Marc-
Aurèle :
En ce cas,
Le
fracas
D'abord cesse,
Chacun pourra sans respect
Persifler à
l'aspect
D'une auguste Princesse ;
Et malgré
Le
congré,
Ariane,
Pourra vendre au plus offrant
Une tourte de
fran-
Chipanne.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Jean Joseph VADÉ: Le goût de bien des gens

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:36


Le goût de bien des gens



Chanson

Une fille
Qui toujours sautille,
Dont l'air
agaçant
Annonce un feu naissant,
Ferme, franche,
Beaux yeux, gorge
blanche ;
Cet objet est tout
Ce qui flatte mon goût.

Morbleu !
quand je vois
Certaine Lucrèce
Qui des lois
D'une austère
sagesse
M'entretient,
Et cent fois me tient
De ces propos
Sensés ou
bigots ;
Moi, sur un ton
Qui la confond,
Je lui réponds ;

Une
fille, etc.

Je ris des attraits
De cette coquette
Dont les
traits
Naissent de sa toilette.
En vain l'art
Lui prête un rempart
;
Deux fois vingt ans
Ont filé son temps.
L'or, le fracas,
Les faux
appas
Ne valent pas

Une fille, etc.

Pourquoi vante-t-on
Les
airs de noblesse
Et le ton
De petite maîtresse,
D'une
Iris
Insensible aux ris
Qui minaudant,
Vous trouve excédent,
Cligne
les yeux
Et fait des noeuds ?
J'aime bien mieux

Une fille,
etc.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty L'enseigne:À Léon Cladel.

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:37

L'enseigne



À Léon Cladel.

C'est un trumeau. Le site est galant à
merveille :
Un ciel bleu ; point d'épis, mais des buissons entiers
De
roses ; et partout débouchent des sentiers
Les couples qu'au hasard le
Printemps appareille.

Les pimpantes beautés, une perle à
l'oreille,
Une plume au chapeau, les grands seigneurs altiers
Cheminent
enlacés ; et les fiers églantiers
Pâlissent à côté de leur grâce
vermeille.

But commun de ces beaux pèlerins, apparaît
Dans le fond un
rustique et riant cabaret
Dont un vert chèvrefeuille embaume les
tonnelles.

Aux fenêtres, croisant ses vrilles à plaisir,
Le liseron
bleuit comme un vague désir...
Et sur l'enseigne on lit : Aux amours
éternelles !
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Léon VALADE:Madrigal amer

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:37


Madrigal amer



Sur la mer de tes yeux sincères
Qu'abritent les doux cils
arqués,
Mes rêves se sont embarqués
Comme d'aventureux
corsaires.

Sur l'azur glauque de tes yeux
Où baignent des lueurs
d'étoiles,
Mes rêves déployant leurs voiles
Ont cru fendre le bleu des
cieux.

Et dans vos prunelles profondes,
Beaux yeux perfides où je
lis,
Mes rêves sont ensevelis
Comme le noyé sous les ondes.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Léon VALADE :Nuit de Paris

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:38


Nuit de Paris



À Jean Richepin.

Le ciel des nuits d'été fait à Paris
dormant
Un dais de velours bleu piqué de blanches nues,
Et les aspects
nouveaux des ruelles connues
Flottent dans un magique et pâle
enchantement.

L'angle, plus effilé, des noires avenues
Invite le
regard, lointain vague et charmant.
Les derniers Philistins, qui marchent
pesamment,
Ont fait trêve aux éclats de leurs voix saugrenues.

Les
yeux d'or de la Nuit, par eux effarouchés,
Brillent mieux, à présent que les
voilà couchés...
- C'est l'heure unique et douce où vaguent, de
fortune,

Glissant d'un pas léger sur le pavé chanceux,
Les poètes, les
fous, les buveurs, - et tous ceux
Dont le cerveau fêlé loge un rayon de
lune.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Léon VALADE:Ressouvenance

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:39


Ressouvenance



Il est de fins ressorts dont la marche ignorée
- Ni savants, ni
rêveurs, n'ont deviné comment -
Va dans un coin de l'âme éveiller
brusquement
Le parfum d'une fleur autrefois respirée.

Autrefois, le
céleste épanouissement
De ta bouche qui rit, cette rose pourprée,
M'avait
tout embaumé l'âme... Chère adorée
Qui t'envolas si tôt, l'oubli vint
lentement !

Voilà que, ravivant ton image effacée,
Ta grâce tout à
coup me vient à la pensée,
Comme l'air qu'un hasard souffle aux
musiciens.

D'un soir déjà lointain je reconnais les fièvres
Et mon
coeur a senti refluer à mes lèvres
Une fraîche saveur de baisers
anciens.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Ondine VALMORE:Adieu à l'enfance

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:40


Adieu à l'enfance



Adieu mes jours enfants, paradis éphémère !
Fleur que brûle
déjà le regard du soleil,
Source dormeuse où rit une douce chimère,

Adieu ! L'aurore fuit. C'est l'instant du réveil !

J'ai cherché
vainement à retenir tes ailes
Sur mon coeur qui battait, disant : " Voici le
jour ! "
J'ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles
A prolonger mon
sort dans ton calme séjour ;

L'heure est sonnée, adieu mon printemps,
fleur sauvage ;
Demain tant de bonheur sera le souvenir.
Adieu ! Voici
l'été ; je redoute l'orage ;
Midi porte l'éclair, et midi va
venir.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Ondine VALMORE: Automne

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:41


Automne



Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
Se
gonfler doucement aux regards du soleil !
Sa sève, à chaque instant plus
riche et plus féconde,
L'emplit, on le dirait, de volupté
profonde.

Sous les feux d'un soleil invisible et puissant,
Notre
coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants chaque jour
il enivre,
Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre.

L'automne
vient : le fruit se vide et va tomber,
Mais sa gaine est vivante et demande
à germer.
L'âge arrive, le coeur se referme en silence,
Mais, pour l'été
promis, il garde sa semence.
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Ondine VALMORE: La voix

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:41


La voix



La neige au loin couvre la terre nue ;
Les bois déserts
étendent vers la nue
Leurs grands rameaux qui, noirs et séparés,

D'aucune feuille encor ne sont parés ;
La sève dort et le bourgeon sans
force
Est pour longtemps engourdi sous l'écorce ;
L'ouragan souffle en
proclamant l'hiver
Qui vient glacer l'horizon découvert.
Mais j'ai frémi
sous d'invisibles flammes
Voix du printemps qui remuez les âmes,
Quand
tout est froid et mort autour de nous,
Voix du printemps, ô voix, d'où
venez-vous ?...
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Ondine VALMORE:Moriture

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:42


Moriture



Regarde ! avec amour la terre se couronne ;
Sous les vents
attiédis son front rêve et frissonne ;
L'herbe rajeunissante habille le
rocher
Où les nids amoureux vont déjà se cacher.
Regarde ! à flots
pressés la sève monte et chante.
On voit les bois frémir :
Donne toute
ton âme au tableau qui t'enchante,
Ô toi qui dois mourir !

Écoute !
la nuit pure a soulevé ses voiles,
Et berce l'univers aux hymnes des étoiles
;
Sous les rameaux touffus une touchante voix
S'élève, traduisant l'âme
errante des bois ;
C'est un oiseau, le seul qui soupire et qui veille ;

Ëcoute-le gémir,
Et garde cette voix longtemps à ton oreille,
Ô toi
qui dois mourir !
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty André VAN HASSELT :Hymne des siècles nouveaux

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:44


Hymne des siècles nouveaux



Notre règne est venu. L'avenir, c'est la vie.
De son chemin
d'hier notre vaisseau dévie,
Ô peuples désolés,
Pour guider vers le port
vos rames et vos voiles,
Il faut un autre phare, il faut d'autres étoiles

A vos cieux dépeuplés.

Ces étoiles, c'est nous ! Ce phare nous le
sommes !
Nous venons apporter notre lumière aux hommes.
Nous sortons de la
nuit pour leur rendre le jour,
Car toute obscurité doit enfin disparaître.

Le juge dans la loi, dans le temple le prêtre
Ne verront plus régner que
le seul Dieu d'amour.

Nos flambeaux inconnus à tous les
Zoroastres
Montent sur l'horizon comme de nouveaux astres,
Et déjà nous
voyons
La terre prodiguer ses trésors moins avares
Et les fronts ulcérés
des Jobs et des Lazares
Se couvrir de rayons. [...]
Najat
Najat

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poèmes classiques - Page 3 Empty Limpidité: victor laprade

Message par Rita-kazem Ven 16 Avr - 21:39

De Victor De Laprade (1812-1883)



Il est des sources d'eau si bleue et si limpide,
Que rien n'en peut ternir la transparence humide ;
Que sur un noir limon leurs ondes de cristal
Roulent sans altérer l'azur du flot natal ;
Qu'à travers les débris qui sur leurs bords s'amassent,
Elles savent choisir les fleurs lorsqu'elles passent,
Et que, vierges encor de toute impureté,
L'Océan les reçoit dans son immensité.
Près d'elles l'ombre est douce aux affligés ; près d'elles
Les oiseaux chantent mieux, les plantes sont plus belles ;
Près d'elles, au matin, les femmes vont s'asseoir
Pour nouer leurs cheveux devant un clair miroir.


Il est des âmes qui, dans nos sentiers de fange,
Glissent sans y tacher leur blanche robe d'ange.
Sans laisser, comme nous, se prendre à chaque pas
Une sainte croyance aux ronces d'ici-bas ;
Des coeurs qui restent purs quand l'ennui les traverse,
Qui gardent leur amour dans la fortune adverse.
L'air vicié du monde en passant autour d'eux
Se charge de parfums ; et, comme des flots bleus,
Sans entraîner un grain de nos terres infâmes,
Ils coulent en chantant vers l'océan des âmes.
Rita-kazem
Rita-kazem

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poèmes classiques - Page 3 Empty Devant la grille du cimetière:alfred garneau

Message par Rita-kazem Ven 16 Avr - 21:43

d'Alfred Garneau (1836-1904)


La tristesse des lieux sourit, l'heure est exquise.
Le couchant s'est chargé des dernières couleurs,
Et devant les tombeaux, que l'ombre idéalise,
Un grand souffle mourant soulève encor les fleurs.


Salut, vallon sacré, notre terre promise !...
Les chemins sous les ifs, que peuplent les pâleurs
Des marbres, sont muets ; dans le fond, une église
Monte son dôme sombre au milieu des rougeurs.


La lumière au-dessus plane longtemps vermeille...
Sa bêche sur l'épaule, entre les arbres noirs,
Le fossoyeur repasse, il voit la croix qui veille,


Et de loin, comme il fait sans doute tous les soirs,
Cet homme la salue avec un geste immense...
Un chant très doux d'oiseau vole dans le silence.
Rita-kazem
Rita-kazem

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poèmes classiques - Page 3 Empty Devant la grille du cimetière:alfred garneau

Message par Rita-kazem Ven 16 Avr - 21:44

d'Alfred Garneau (1836-1904)


La tristesse des lieux sourit, l'heure est exquise.
Le couchant s'est chargé des dernières couleurs,
Et devant les tombeaux, que l'ombre idéalise,
Un grand souffle mourant soulève encor les fleurs.


Salut, vallon sacré, notre terre promise !...
Les chemins sous les ifs, que peuplent les pâleurs
Des marbres, sont muets ; dans le fond, une église
Monte son dôme sombre au milieu des rougeurs.


La lumière au-dessus plane longtemps vermeille...
Sa bêche sur l'épaule, entre les arbres noirs,
Le fossoyeur repasse, il voit la croix qui veille,


Et de loin, comme il fait sans doute tous les soirs,
Cet homme la salue avec un geste immense...
Un chant très doux d'oiseau vole dans le silence.
Rita-kazem
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poèmes classiques - Page 3 Empty Re: poèmes classiques

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