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l'âne en poèmes

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Message par sauraya ilyas Sam 12 Fév - 22:34

J'aime l'âne si doux



J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.
Il a peur des abeilles
et bouge ses oreilles.
Il va près des fossés
d'un petit pas cassé.
Il réfléchit toujours
ses yeux sont de velours.
Il reste à l'étable
fatigué, misérable.
Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.
L'âne n'a pas eu d'orge
car le maître est trop pauvre.
Il a sucé la corde
puis a dormi dans l'ombre.
Il est l'âne si doux
marchant le long des houx....

Francis Jammes
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l'âne en poèmes Empty Robert Dartevelle

Message par sauraya ilyas Sam 12 Fév - 22:35

La prière d'un âne

Seigneur, je ne suis qu'un âne.
Depuis tant et tant d'années que l'on me dit stupide, paresseux et têtu,
je finis par croire qu'il doit en être ainsi,
que je suis ce raté, dernier des animaux, Aliboron de cirque,
juste digne d'un bât, et parfois d'un chardon.
mais souvent, Seigneur, je suis triste et bien fatigué,
de cette charge d'indifférence et de mépris,
que jamais je ne peux ni déposer, ni oublier.
On m'a tant frappé,
que mon dos est marqué de deux raies en forme de croix.
On s'est tant moqué de moi,que j'en ai honte et baisse la tête en ne disant plus rien.

Aujourd'hui pourtant, en trottinant dans la poussière du chemin,
je me souviens... ...
Je me souviens de cette nuit froide de Judée,
quand je fus choisi,
avec un boeuf aussi misérable que moi,
pour réchauffer de mon haleine,
un Enfant-Dieu !

Jamais, jusqu'à ce soir-là, personne ne m'avait, comme Lui, regardé et souri.
Je me souviens de la longue traversée du désert,
vers le pays d'Egypte,
lorsqu'il fallait trotter vite pour sauver de la mort
celui qui venait apporter la Vie au monde.
Jamais, jusqu'à ce jour-là, je n'avais porté fardeau plus doux et plus léger.
Je me souviens d'une entrée triomphale à Jérusalem,
au milieu d'une foule en délire qui chantait des "Hosannah",
et qui pleurait d'espérance et de joie.
Jamais, jusqu'à cette heure-là, je n'avais osé croire au jour de fête,
quand tout paraît si facile et si beau.

Aujourd'hui, en trottinant dans la poussière du chemin,
je me souviens et je rêve... ...
Je rêve q'un jour, peut-être,
je m'en irai par les chemins étoilés de Tes prairies éternelles,
qui sentent bon le thym et le romarin.
A une croisée fleurie, Francis Jammes sera là,
avec son bon sourire et sa douce amitié.
Avec confiance, je le suivrai timidement,
sur le sentier de gloire qui monte vers Ton Ciel.
J'arriverai chez Toi, tout ému et tremblant,
et te dirai doucement :
Seigneur, je m'appelle Martin,
je n'ai rien d'important, ni de beau, ni de grand à T'offrir,
rien qu'une pauvre vie,
toute faite de patience et d'humiliations.
Mais si Tu veux bien de moi dans Ton Paradis,
fais que je reste, tout simplement, un âne,
un peu moins stupide,
pour comprendre la grandeur de Ta gloire et l'infini de Ta bonté,
un peu moins têtu,
pour ne plus faire que Ta seule volonté,
un peu moins paresseux,
pour chanter Ta louange éternellement !
Amen.

Robert Dartevelle
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l'âne en poèmes Empty Jacques Bourgeat

Message par sauraya ilyas Sam 12 Fév - 22:36

Au petit trot de Pégase (extraits)

Mon ami, qu'es-tu devenu ?
Où donc niches-tu mon doux maître ?
Comme on s'aimait ! te souviens-tu
Des jours où je menais paître
Lorsqu'assis à califourchon
Sur tes épaules accueillantes
Tu m'emmenais où le chardon
Pousse et fleurit, au bord des sentes.
Te souviens-tu des entretiens
Dans les raidillons verts de cystes
Ta bonne tête dans mes mains,
Joue contre joue ? tes bons yeux tristes
Semblaient l'être à voir le destin
Qui attendait ton camarade ;
Alors pour calmer ton chagrin,
Je prolongeais mon accolade.
Et puis un jour, tu es parti !
Car, chez nous, là-bas en Provence,
On ne meurt jamais, c'est ainsi,
"on part" et c'est la délivrance.

Jacques Bourgeat
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l'âne en poèmes Empty J. Lepage

Message par sauraya ilyas Sam 12 Fév - 22:37

Pauvre âne

D'un pauvre âne il est question
Très fort puni sans autre raison.
L'injure n'est jamais assez forte
Il sait qu'il aura toujours tort.
Un être sans valeur aucune
Il traîne ses peines faute de rancune.
Depuis l'antiquité si loin
On crachait toujours dans son foin.
Son caractère s'assombrit
Par tous les coups qu'il a reçus.
Très stoïquement il porte la charge
Bien tristement il vit en marge
De tous les autres animaux.
Puisqu'on le prend pour un grand sot
Il suffit qu'il remue sa tête
Pour qu'on l'insulte, oh quelle sale bête.
Il vient d'atteindre ce triste seuil
D'avoir toujours une larme à l'oeil.
Cette douleur si profonde au coeur
Il voudrait bien qu'on l'aime un peu.
Rien qu'une parole en récompense
Pour avoir subi tant de souffrance.
Ses yeux demandent une caresse douce
Une bonne parole pour sa frimousse.
Une petite douceur pour qu'il le voit
Pour avoir droit à un peu de joie.
Mais rien ne vient pour venir en aide.
- Un mot pour dire qu'il n'est pas laid -
Cet âne avec une âme si noble
Doit mettre bien des sentiments au comble.
D'une telle insulte aux êtres vivants
J'ai de la honte, si grande si grande
Un sentiment d'immense tristesse
Pour ce petit âne d'une telle noblesse.

J. Lepage
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l'âne en poèmes Empty Jenny Vialon

Message par sauraya ilyas Sam 12 Fév - 22:38

Ballade du Vieux Baudet

En automne à cette heure où le soir triomphant
Inonde à flots muets la campagne amaigrie,
Rien ne m'amusait plus, lorsque j'étais enfant,
Que d'aller chercher l'âne au fond d'une prairie
et de le ramener jusqu'à son écurie,
En vain le vieux baudet sentait ses dents jaunir,
Ses sabots s'écailler, sa peau se racornir :
A ma vue il songeait aux galops de la veille,
Et parmi les chardons commençant à brunir
Il se mettait à braire et redressait l'oreille

Alors je l'enfourchais et ma blouse en bouffant
Claquait comme un drapeau dans la bise en furie
Qui par les chemins creux, tantôt m'ébouriffant,
Tantôt me suffoquant sous la nue assombrie,
Déchaînait contre moi toute sa soufflerie.
Quel train ! Parfois ayant grand'peine à me tenir,
J'aurais voulu descendre ou pouvoir aplanir
Ses reins coupants et d'une âpreté sans pareille;
Mais lui, fier d'un jarret qui semblait rajeunir,
Il se mettait à braire et redressait l'oreille.

Nous allions ventre à terre, et l'églantier griffant,
Les ajoncs, les genêts, la hutte rabougrie,
Les mètres de cailloux, le chêne qui se fend,
La ruine, le roc, la barrière pourrie
Passaient et s'enfuyaient comme une songerie.
Et puis nous approchions; plus qu'un trot à fournir !
Dans l'ombre où tout venait se confondre et s'unir,
L'âne flairait l'étable avec son mur à treille,
Et sachant que sa course allait bientôt finir,
Il se mettait à braire et redressait l'oreille.

Du fond de ma tristesse entends-moi te bénir,
Ô mon passé ! - Je t'aime, et tout mon souvenir
Revoit le vieux baudet dans la brume vermeille,
Tel qu'autrefois, lorsqu'en me regardant venir
Il se mettait à braire et redressait l'oreille.

Jenny Vialon
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l'âne en poèmes Empty Juan Ramón Jiménez

Message par sauraya ilyas Sam 12 Fév - 22:39

Platero, le petit âne espagnol

Platero est petit, velu, doux, d'aspect si tendre que l'on dirait qu'il est tout en coton, qu'il n'a pas d'os. Seuls les miroirs de jais de ses yeux sont durs, pareils à deux scarabées de cristal noir.

Quand je le laisse en liberté, il va dans le pré, grâcieux, caresse en les frôlant à peine de son mufle les minuscules fleurs roses, bleu ciel ou jaunes.

Doucement, je l'appelle : "Platero". Il vient vers moi d'un léger trot joyeux que je crois entendre rire, accompagné de je ne sais quel chant idéal de grelots.

Il mange tout ce que je lui donne. Il aime les mandarines, le raisin muscat aux grains d'ambre, les figues violettes qui ont une fine goutte cristalline de miel.

Gentil et câlin, il est comme les enfants, filles et garçons, mais fort à l'intérieur, ferme, un caillou. Lorsque sur son dos je passe, le dimanche, par les dernières ruelles du village, les hommes des champs aux gestes lents et vêtus de linge propre, sont là qui le regardent :

"C'est de l'acier qu'il a, disent-ils".

Oui, de l'acier et en même temps de l'argent de lune.

Juan Ramón Jiménez (traduit par Hervé Rougier)
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