Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
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Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Rappel du premier message :
Poësies
Par Charles Coypeau D'Assoucy (1605-1677)
Poësies de M. Dassoucy, Contenant diverses pièces héroïques, Satiriques et burlesques
A COMTE DE HARCOURT I
En fin ce grand heros, cét Hercule françois,
Ce guerrier indompté, ce foudre de la guerre,
Ce protecteur des lys, ce deffençeur des roys,
Ce prince qui tout seul a fait trembler la terre,
Apres auoir vaincu dans cét ardant séjour
Les peuples basannez qu'auoisine le jour,
Et veu le nord jaloux de sa gloire esclattante:
Il retourne vainqueur dans ces brûlans climats,
Consacrer au soleil sa valeur trop brillante
Pour des pays couuerts de neige, et de frimats.
Il s'en va le vainqueur porter le coup fatal
Au superbe ennemy du repos de la France,
Et dessus le debris de son throsne natal
Establir de nos rois la solide puissance.
L'espagnol aduerty de son proche mal-heur,
Encore tout sanglant des traits de sa valeur
Quitte desja le champ à ce dieu des allarmes,
Et tout pasle d'effroy, de crainte, et de terreur,
Doute s'il doit porter, ou mettre bas les armes,
S'opposer, ou flechir aux coups de sa fureur.
Vers l'antre du lyon il s'en va le vainqueur,
Et de la mesme main qui fit ses funerailles,
Qui luy pressa le sein, et luy perça le coeur,
Il s'en va deschirer ses superbes entrailles:
Mais pourquoy s'en va-t'il? Quel danger si pressant
Expose à sa fureur nostre Alcide puissant:
Si c'est trop d'employer la puïssance fatale
De son bras par qui seul sa rage finira,
Et si pour le chasser de sa terre natale,
Il suffit seulement de dire qu'il ira.
Oüy c'est trop de son bras, il suffit de son nom,
Et desja son orgueil seroit reduit en poudre,
Si de ses beaux exploits quelque jaloux demon
N'eut desarmé sa main des flammes de la foudre:
Oüy ce dieu des combats par cent braues efforts
Apres auoir peuplé la campagne de morts,
Seul auroit emporté cette haute victoire,
Et quelques demidieux qui briguent cét honneur,
Ils ne sçauroient pourtant dérober à sa gloire
Ce que la France doit aux traits de sa valeur.
Mais quel sacré pouuoir, et quelle mission
Me fait si librement discourir en apostre,
Quoy ne falloit-il pas enchaisner un lyon,
Et le faire ieusner pour en manger un autre:
Oüy ce braue lyon à vaincre accoustumé
Au sortir du repos de victoire affammé,
Va redoublant sa force au combat animée,
Et marchant glorieux d'un pas de conquerant,
La valeur de son bras de cent foudres armée,
Surpasser en son cours un rapide torrent.
Oüy ce dieu de Casal, ce heros de Turin,
Ce prince dont les rois adorent le merite,
Ce demon qui vainquit par cent bouches d'airain
L'insulaire bourgeois de Saincte Marguerite,
Ce guerrier renommé par toutes les vertus,
Cét ange reclamé des throsnes abbatus,
Ce foudroyant Iuppin de ce fils de la terre
S'en va faire à l'orgueil de son ambition
Ce que fit autresfois le dieu Lancetonnerre,
Au porteur incensé d'Osse et de Pelion.
Sus donc braues françois, qui d'un puissant effort
Vainquistes à Casal le demon des Espagnes,
Et qui rassasiez du breuuage du nord
Allez r'ensanglanter ces vineuses campagnes,
En l'honneur de Harcourt ce digne viceroy,
Ce prince l'ornement du sang de Godefroy
Arrousez de nectar vos futures conquestes,
Qu'en la gloire des lys chacun de rang en rang
Tarisse autant de pots qu'il cassera de testes,
Et verse autant de vin, qu'il respandra de sang.
Poësies
Par Charles Coypeau D'Assoucy (1605-1677)
Poësies de M. Dassoucy, Contenant diverses pièces héroïques, Satiriques et burlesques
A COMTE DE HARCOURT I
En fin ce grand heros, cét Hercule françois,
Ce guerrier indompté, ce foudre de la guerre,
Ce protecteur des lys, ce deffençeur des roys,
Ce prince qui tout seul a fait trembler la terre,
Apres auoir vaincu dans cét ardant séjour
Les peuples basannez qu'auoisine le jour,
Et veu le nord jaloux de sa gloire esclattante:
Il retourne vainqueur dans ces brûlans climats,
Consacrer au soleil sa valeur trop brillante
Pour des pays couuerts de neige, et de frimats.
Il s'en va le vainqueur porter le coup fatal
Au superbe ennemy du repos de la France,
Et dessus le debris de son throsne natal
Establir de nos rois la solide puissance.
L'espagnol aduerty de son proche mal-heur,
Encore tout sanglant des traits de sa valeur
Quitte desja le champ à ce dieu des allarmes,
Et tout pasle d'effroy, de crainte, et de terreur,
Doute s'il doit porter, ou mettre bas les armes,
S'opposer, ou flechir aux coups de sa fureur.
Vers l'antre du lyon il s'en va le vainqueur,
Et de la mesme main qui fit ses funerailles,
Qui luy pressa le sein, et luy perça le coeur,
Il s'en va deschirer ses superbes entrailles:
Mais pourquoy s'en va-t'il? Quel danger si pressant
Expose à sa fureur nostre Alcide puissant:
Si c'est trop d'employer la puïssance fatale
De son bras par qui seul sa rage finira,
Et si pour le chasser de sa terre natale,
Il suffit seulement de dire qu'il ira.
Oüy c'est trop de son bras, il suffit de son nom,
Et desja son orgueil seroit reduit en poudre,
Si de ses beaux exploits quelque jaloux demon
N'eut desarmé sa main des flammes de la foudre:
Oüy ce dieu des combats par cent braues efforts
Apres auoir peuplé la campagne de morts,
Seul auroit emporté cette haute victoire,
Et quelques demidieux qui briguent cét honneur,
Ils ne sçauroient pourtant dérober à sa gloire
Ce que la France doit aux traits de sa valeur.
Mais quel sacré pouuoir, et quelle mission
Me fait si librement discourir en apostre,
Quoy ne falloit-il pas enchaisner un lyon,
Et le faire ieusner pour en manger un autre:
Oüy ce braue lyon à vaincre accoustumé
Au sortir du repos de victoire affammé,
Va redoublant sa force au combat animée,
Et marchant glorieux d'un pas de conquerant,
La valeur de son bras de cent foudres armée,
Surpasser en son cours un rapide torrent.
Oüy ce dieu de Casal, ce heros de Turin,
Ce prince dont les rois adorent le merite,
Ce demon qui vainquit par cent bouches d'airain
L'insulaire bourgeois de Saincte Marguerite,
Ce guerrier renommé par toutes les vertus,
Cét ange reclamé des throsnes abbatus,
Ce foudroyant Iuppin de ce fils de la terre
S'en va faire à l'orgueil de son ambition
Ce que fit autresfois le dieu Lancetonnerre,
Au porteur incensé d'Osse et de Pelion.
Sus donc braues françois, qui d'un puissant effort
Vainquistes à Casal le demon des Espagnes,
Et qui rassasiez du breuuage du nord
Allez r'ensanglanter ces vineuses campagnes,
En l'honneur de Harcourt ce digne viceroy,
Ce prince l'ornement du sang de Godefroy
Arrousez de nectar vos futures conquestes,
Qu'en la gloire des lys chacun de rang en rang
Tarisse autant de pots qu'il cassera de testes,
Et verse autant de vin, qu'il respandra de sang.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
ADIEU A DUC D'ANGOULESME
L'hyuer ne nous fait plus la guerre,
Et pour la seureté des pons
L'air a fait fondre les glaçons,
Et banny le froid de la terre;
Le peuple en nos champs parfumez,
Sorty de ses trous enfumez,
Admire les traits de nature,
Et confesse auecque raison,
Qu'au respect de cette verdure,
Paris n'est plus qu'une prison.
Les matelots au gré du vent
Voguent sur l'humide campagne,
Le soldat comme auparauant
Suit le danger qui l'accompagne:
Le gros bourgeois plein de loisir
Gouste aux champs auecques plaisir
La bonne chere, et la musique,
Et l'on ne voit dedans Paris
Plus que le courtaut de boutique,
Le rat, et la chauue-souris.
Pour moy dont l'esprit, et l'estude,
Abhorre la captiuité,
Et qui cheris ma liberté
Plus qu'un moine la solitude,
Ne verray-je point ces couleurs,
Ce printemps, ce jour, et ses fleurs
Dont la terre aujourd'huy se couure:
Las! Ce seroit bien me punir,
Si le roy me donnoit son Louure
Pour m'obliger à m'y tenir.
Grosbois, où Venus se promene,
Où l'amour n'a jamais transy,
Où toutes fleurs hors le soucy
Superbe palais enchanté,
Dont les graces, et la beauté
Sont la principale structure,
Et où sans crime tous les sens
Trouuent au sein de la nature
Les plus chers diuertissemens.
Que le cristal de tes fontaines,
A pour moy de puissans attraits,
Et que jarrety boirois à longs traits,
Malgré quelques secrettes haines:
Là que jarretaurois beau mediter,
Sous ces arbres que Iupiter
Ne frappa jamais de la foudre,
Et où pour complaire au sommeil
Le ciel ne fit jamais de poudre,
De gresle, d'eau, ny de soleil.
Si celle pour qui je souspire,
Que seule jarretadore icy bas,
Et pour qui je ne voudrois pas
Tout l'uniuers, et son empire:
Ma chere, et douce liberté,
Ne tenoit mon coeur enchanté,
De l'espoir d'un heureux voyage;
Mais c'est trop viure dans ce lieu,
Mon humeur y deuient sauuage,
Grand prince je vous dis adieu.
L'hyuer ne nous fait plus la guerre,
Et pour la seureté des pons
L'air a fait fondre les glaçons,
Et banny le froid de la terre;
Le peuple en nos champs parfumez,
Sorty de ses trous enfumez,
Admire les traits de nature,
Et confesse auecque raison,
Qu'au respect de cette verdure,
Paris n'est plus qu'une prison.
Les matelots au gré du vent
Voguent sur l'humide campagne,
Le soldat comme auparauant
Suit le danger qui l'accompagne:
Le gros bourgeois plein de loisir
Gouste aux champs auecques plaisir
La bonne chere, et la musique,
Et l'on ne voit dedans Paris
Plus que le courtaut de boutique,
Le rat, et la chauue-souris.
Pour moy dont l'esprit, et l'estude,
Abhorre la captiuité,
Et qui cheris ma liberté
Plus qu'un moine la solitude,
Ne verray-je point ces couleurs,
Ce printemps, ce jour, et ses fleurs
Dont la terre aujourd'huy se couure:
Las! Ce seroit bien me punir,
Si le roy me donnoit son Louure
Pour m'obliger à m'y tenir.
Grosbois, où Venus se promene,
Où l'amour n'a jamais transy,
Où toutes fleurs hors le soucy
Superbe palais enchanté,
Dont les graces, et la beauté
Sont la principale structure,
Et où sans crime tous les sens
Trouuent au sein de la nature
Les plus chers diuertissemens.
Que le cristal de tes fontaines,
A pour moy de puissans attraits,
Et que jarrety boirois à longs traits,
Malgré quelques secrettes haines:
Là que jarretaurois beau mediter,
Sous ces arbres que Iupiter
Ne frappa jamais de la foudre,
Et où pour complaire au sommeil
Le ciel ne fit jamais de poudre,
De gresle, d'eau, ny de soleil.
Si celle pour qui je souspire,
Que seule jarretadore icy bas,
Et pour qui je ne voudrois pas
Tout l'uniuers, et son empire:
Ma chere, et douce liberté,
Ne tenoit mon coeur enchanté,
De l'espoir d'un heureux voyage;
Mais c'est trop viure dans ce lieu,
Mon humeur y deuient sauuage,
Grand prince je vous dis adieu.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
A M.L.P.
Chacun vit de son mestier,
Peintre, chantre, sauetier,
L'escrimeur vit de sa brette,
Le forgeur de son marteau,
Le filou de son couteau,
Le ladre de sa cliquette.
Moy seul qui par les douceurs
Des melancholiques soeurs,
Peux former une peinture
De tous les objects diuers,
Qui brillent en l'uniuers,
Dans le sein de la nature.
Qui du stile le plus fort
Qu'ait jamais braué la mort,
Sur les aygles estouffées,
Ay fait reluyre vos lys,
Et chanté de vostre fils
La grandeur, et les trophées.
Apres auoir plus d'un mois
Rongé le bout de mes doigts,
Arraché de l'vranie
Plus d'espines que de fleurs,
Et conceu dans les douleurs
Les enfans de mon genie.
Enfin jarretay perdu les yeux,
Et dans mon sang bilieux,
Un chagrin melancholique,
D'auoir si bien excité;
Vostre liberalité
M'a fait deuenir étique.
En ce superbe embonpoint,
Ma fortune est en ce point
Si doucement poursuyuie,
Que si Iesus dés demain
Ne change la pierre en pain,
Je ne seray plus en vie.
Quand d'un magnifique trait
Je peignois le beau portraict
De vostre viuante image,
Prince je ne voyois pas
Que l'horreur et le trespas
Se peignoient sur mon visage.
Que ce fils de mon amour,
À qui je donnois le jour,
Plus cruel qu'une vipere,
Alors deschirer le flanc,
Et respandre tout le sang
De son miserable pere.
Vous dont le bien inconnu,
La rente, et le reuenu
Surpasse toute opulence,
Et dont le riche thresor
Enfle des montagnes d'or,
Par tous les coins de la France.
En qui la guerre, et la paix,
Ne consommeront jamais,
Tant de richesse amassée,
Laisserez-vous pour si peu,
Si proche d'un si beau feu
Ma pauure muse glacée.
Chacun vit de son mestier,
Peintre, chantre, sauetier,
L'escrimeur vit de sa brette,
Le forgeur de son marteau,
Le filou de son couteau,
Le ladre de sa cliquette.
Moy seul qui par les douceurs
Des melancholiques soeurs,
Peux former une peinture
De tous les objects diuers,
Qui brillent en l'uniuers,
Dans le sein de la nature.
Qui du stile le plus fort
Qu'ait jamais braué la mort,
Sur les aygles estouffées,
Ay fait reluyre vos lys,
Et chanté de vostre fils
La grandeur, et les trophées.
Apres auoir plus d'un mois
Rongé le bout de mes doigts,
Arraché de l'vranie
Plus d'espines que de fleurs,
Et conceu dans les douleurs
Les enfans de mon genie.
Enfin jarretay perdu les yeux,
Et dans mon sang bilieux,
Un chagrin melancholique,
D'auoir si bien excité;
Vostre liberalité
M'a fait deuenir étique.
En ce superbe embonpoint,
Ma fortune est en ce point
Si doucement poursuyuie,
Que si Iesus dés demain
Ne change la pierre en pain,
Je ne seray plus en vie.
Quand d'un magnifique trait
Je peignois le beau portraict
De vostre viuante image,
Prince je ne voyois pas
Que l'horreur et le trespas
Se peignoient sur mon visage.
Que ce fils de mon amour,
À qui je donnois le jour,
Plus cruel qu'une vipere,
Alors deschirer le flanc,
Et respandre tout le sang
De son miserable pere.
Vous dont le bien inconnu,
La rente, et le reuenu
Surpasse toute opulence,
Et dont le riche thresor
Enfle des montagnes d'or,
Par tous les coins de la France.
En qui la guerre, et la paix,
Ne consommeront jamais,
Tant de richesse amassée,
Laisserez-vous pour si peu,
Si proche d'un si beau feu
Ma pauure muse glacée.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
A COMTE DE HARCOURT
Toy qui mieux qu'un cesar sçais comme il faut donner,
Au premier vent qui fait la trompette sonner,
Magnanime Harcourt dont la gloire bruyante,
A seruy de sujet à ma voix éclatante,
Lors que d'un bruit plus beau secondant ta vertu,
Je sonne en ta faueur, pourquoy ne donnes tu.
Sus donc sans differer monstre moy cette ardeur
Qui d'un si bel éclat fait luire ta grandeur,
Je sçay bien grand heros qu'en ce beau champ de gloire,
Ton courage jamais ne se rebuttera,
Et que pour emporter l'honneur d'une victoire,
Tousjours mieux qu'un Cesar ta vertu donnera.
Ne doute point aussi que d'un puissant effort,
Je n'aille publiant du midy iusqu'au nort,
Les glorieux effets de ta valeur parfaite,
Quoy que de moy l'enuie ayt dit, où te dira,
Sache prince vaillant que je suis la trompette,
Qui le plus ardamment ta gloire sonnera.
Toy qui mieux qu'un cesar sçais comme il faut donner,
Au premier vent qui fait la trompette sonner,
Magnanime Harcourt dont la gloire bruyante,
A seruy de sujet à ma voix éclatante,
Lors que d'un bruit plus beau secondant ta vertu,
Je sonne en ta faueur, pourquoy ne donnes tu.
Sus donc sans differer monstre moy cette ardeur
Qui d'un si bel éclat fait luire ta grandeur,
Je sçay bien grand heros qu'en ce beau champ de gloire,
Ton courage jamais ne se rebuttera,
Et que pour emporter l'honneur d'une victoire,
Tousjours mieux qu'un Cesar ta vertu donnera.
Ne doute point aussi que d'un puissant effort,
Je n'aille publiant du midy iusqu'au nort,
Les glorieux effets de ta valeur parfaite,
Quoy que de moy l'enuie ayt dit, où te dira,
Sache prince vaillant que je suis la trompette,
Qui le plus ardamment ta gloire sonnera.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Mon ange c'est assés perdant mon esperance
Des pleurs que j'ay versés,
Las! Ne m'outragés plus par la cruelle absence,
Dont vous me menacés,
Le jour que vostre corps que le destin m'enuie,
Partira de ce lieu:
Sera le jour fatal qui finira ma vie,
En vous disant adieu.
En ce triste moment qu'il faudra que jarretimmolle,
Ma vie à ma douleur,
Caliste vous verrés ma bouche sans parolle,
Et mon teint sans couleur,
Allors vous me verrés plus muet qu'une souche,
Embrasser vos genoux:
Et sans prendre congé de vostre belle bouche,
Mourir auprés de vous,
À ce triste penser ma pauure ame abattuë,
Reste sans mouuement,
Je meurs auant le coup de la peur qui me tuë,
De vostre esloignement.
Preferés dont mon astre à ce climat estrange,
Le doux air de Paris,
Demeurés en ces lieux si vous n'estes un ange,
Lassé du paradis,
Où si pour mon secours la pitié que jarretimplore,
Est sourde à la raison,
Ne me refusés point de la main que jarretadore,
Quatre grains de poison.
Si je n'ay pas eu le bon-heur,
D'auoir part à vostre langueur,
Lors que plus timide qu'un lieure,
Je vins coucher à vos genoux;
Pour partager auecque vous,
Le mal qui cause vostre fiévre,
C'est que pour l'inïuste courroux:
De vostre ame fiere et cruelle,
Mon supplice eust esté trop doux,
Et ma mort eust esté trop belle
Ô cruauté trop criminelle!
Ô trop inhumaine rigueur!
Que puis-je esperer de mes larmes,
Si vous refusés à mon coeur,
Qui ne peut viure sans vos charmes,
L'honneur de perir par vos armes,
Et mourir de vostre douleur.
Des pleurs que j'ay versés,
Las! Ne m'outragés plus par la cruelle absence,
Dont vous me menacés,
Le jour que vostre corps que le destin m'enuie,
Partira de ce lieu:
Sera le jour fatal qui finira ma vie,
En vous disant adieu.
En ce triste moment qu'il faudra que jarretimmolle,
Ma vie à ma douleur,
Caliste vous verrés ma bouche sans parolle,
Et mon teint sans couleur,
Allors vous me verrés plus muet qu'une souche,
Embrasser vos genoux:
Et sans prendre congé de vostre belle bouche,
Mourir auprés de vous,
À ce triste penser ma pauure ame abattuë,
Reste sans mouuement,
Je meurs auant le coup de la peur qui me tuë,
De vostre esloignement.
Preferés dont mon astre à ce climat estrange,
Le doux air de Paris,
Demeurés en ces lieux si vous n'estes un ange,
Lassé du paradis,
Où si pour mon secours la pitié que jarretimplore,
Est sourde à la raison,
Ne me refusés point de la main que jarretadore,
Quatre grains de poison.
Si je n'ay pas eu le bon-heur,
D'auoir part à vostre langueur,
Lors que plus timide qu'un lieure,
Je vins coucher à vos genoux;
Pour partager auecque vous,
Le mal qui cause vostre fiévre,
C'est que pour l'inïuste courroux:
De vostre ame fiere et cruelle,
Mon supplice eust esté trop doux,
Et ma mort eust esté trop belle
Ô cruauté trop criminelle!
Ô trop inhumaine rigueur!
Que puis-je esperer de mes larmes,
Si vous refusés à mon coeur,
Qui ne peut viure sans vos charmes,
L'honneur de perir par vos armes,
Et mourir de vostre douleur.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
SUR SA MALADIE
Tirsis par sa rigueur extreme,
Ne m'ayant peu donner la mort,
Contre soy tourne son effort,
Et de despit la face blesme,
Essaye de mourir soy-mesme,
Sçachant bien qu'il me fera tort,
De me rauir tout ce que jarretayme.
Malgré sa rigueur in humaine,
Je veux pourtant le secourir,
Rompant la mal-heureuse chaisne,
De mes jours que le font souffrir,
Je suis bien content de perir,
Qu'il ne s'en mette plus en peine,
Qu'il viue ma mort est certaine,
Mais helas! Il peut bien mourir,
S'il attend un jour que ma hayne,
Ayt un charme pour le guerir.
Tirsis par sa rigueur extreme,
Ne m'ayant peu donner la mort,
Contre soy tourne son effort,
Et de despit la face blesme,
Essaye de mourir soy-mesme,
Sçachant bien qu'il me fera tort,
De me rauir tout ce que jarretayme.
Malgré sa rigueur in humaine,
Je veux pourtant le secourir,
Rompant la mal-heureuse chaisne,
De mes jours que le font souffrir,
Je suis bien content de perir,
Qu'il ne s'en mette plus en peine,
Qu'il viue ma mort est certaine,
Mais helas! Il peut bien mourir,
S'il attend un jour que ma hayne,
Ayt un charme pour le guerir.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
SUR LA MALADIE DE MELLITE
Laissés en paix flamme rebelle,
Quittes l'obiet de mes desirs,
Laissés en paix tous mes plaisirs,
Mon coeur à vous s'offre pour elle,
Qu'allés vous chercher en son coeur,
Cruel accés fiévre langueur,
Que demandés-vous à ma belle,
Venés en moy cruelle ardeur,
Mon coeur à vous s'offre pour elle.
Venés en moy langueur mortelle,
C'est trop tarder il faut mourir,
Puis que ma mort la peut guerir,
Allons guerir cette cruelle,
Qu'allés vous chercher en son coeur, etc.
Laissés ce coeur inexorable,
Venés finir mon triste sort,
Il veut mon sang, il veut ma mort,
Quoy serés vous plus pitoyable,
Qu'allés vous chercher en son coeur, etc.
Laissés en paix flamme rebelle,
Quittes l'obiet de mes desirs,
Laissés en paix tous mes plaisirs,
Mon coeur à vous s'offre pour elle,
Qu'allés vous chercher en son coeur,
Cruel accés fiévre langueur,
Que demandés-vous à ma belle,
Venés en moy cruelle ardeur,
Mon coeur à vous s'offre pour elle.
Venés en moy langueur mortelle,
C'est trop tarder il faut mourir,
Puis que ma mort la peut guerir,
Allons guerir cette cruelle,
Qu'allés vous chercher en son coeur, etc.
Laissés ce coeur inexorable,
Venés finir mon triste sort,
Il veut mon sang, il veut ma mort,
Quoy serés vous plus pitoyable,
Qu'allés vous chercher en son coeur, etc.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
SUR SON ABSENCE
Qvoy mes yeux que pensés vous faire,
Le soleil vous est deffendu,
Le bel astre qui vous éclaire,
Pour vous en la nuit est fondu,
Mon coeur en est tout esperdu,
Perdant sa clarté coustumiere,
Pour vous mes yeux tout est perdu,
Adieu soleil, adieu lumiere.
Viure en un destin si contraire,
C'est n'auoir force ny vertu,
Rien que la mort ne me peut plaire,
Viens donc! ô mort que tardes-tu:
Tout mon espoir est abbattu,
Je suis à mon heure derniere,
Ma raison, c'est trop combattu,
Qvoy mes yeux que pensés vous faire,
Le soleil vous est deffendu,
Le bel astre qui vous éclaire,
Pour vous en la nuit est fondu,
Mon coeur en est tout esperdu,
Perdant sa clarté coustumiere,
Pour vous mes yeux tout est perdu,
Adieu soleil, adieu lumiere.
Viure en un destin si contraire,
C'est n'auoir force ny vertu,
Rien que la mort ne me peut plaire,
Viens donc! ô mort que tardes-tu:
Tout mon espoir est abbattu,
Je suis à mon heure derniere,
Ma raison, c'est trop combattu,
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
ADIEU A MELLITE
Enfin je m'en vais vous quitter,
Adieu coeur ingrat et rebelle,
Si je meurs pour vous contenter,
Ma mort en sera moins cruelle
Quand vous en sçaurés la nouuelle,
Vous pourrés bien rire et chanter,
Adieu je m'en vais vous quitter,
Adieu coeur ingrat et rebelle.
Oüy, c'est trop vous persecuter,
De mon amour sainte et fidelle,
Mon coeur, c'est trop se tourmenter,
J'entens une voix qui m'appelle,
C'est la parque, ô dieux qu'elle est belle,
Il faut partir et se haster,
Adieu je m'en vais vous quitter,
Enfin je m'en vais vous quitter,
Adieu coeur ingrat et rebelle,
Si je meurs pour vous contenter,
Ma mort en sera moins cruelle
Quand vous en sçaurés la nouuelle,
Vous pourrés bien rire et chanter,
Adieu je m'en vais vous quitter,
Adieu coeur ingrat et rebelle.
Oüy, c'est trop vous persecuter,
De mon amour sainte et fidelle,
Mon coeur, c'est trop se tourmenter,
J'entens une voix qui m'appelle,
C'est la parque, ô dieux qu'elle est belle,
Il faut partir et se haster,
Adieu je m'en vais vous quitter,
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
A DUCHESSE DE SAVOYE
Noble bourgeoisse de Turin,
Fille du grand roy de Gonnesse,
Dame qui marches à grand train,
Adorable et belle duchesse,
Princesse que je ne vis onc,
Et comment vous portés-vous donc?
Depuis le jour que tant de l'armes,
Vous causastes dedans Paris,
Quand pour l'absence de vos charmes,
Tant d'artisans furent marris,
De courtisans et de gens darmes.
Vrayment la France à cette fois,
Perdit une fort bonne fille,
On dit qu'elle en mordit ses doigts,
Et qu'elle en prit noire roupille,
Celle qui tant escarpina,
Pour sa fille proserpina,
N'eust au coeur douleur tant amere,
N'y tant le sein ne se batit,
Que fist cette dolente mere,
Voyant demonter vostre lit,
Et preparer vostre littiere.
Au bruit que firent vos mulets,
Crieuse ne fut d'eau de vie,
Vendeuse d'herbe ou de balais,
Qui ne vous dit, dieu vous benie,
Pour vous voir on quitta tresteau,
Pincete, tenaille et marteau,
Maistre Iean quitta son alesne,
Pour moy je quittay mon sabot,
Madame, qu'il vous en souuienne,
J'estois assis dessus le coq,
De la parroisse Saint Estienne.
Sur ce pinacle où je juchois,
Petit garçon portant jaquette,
D'où souuent passer je voyois,
Maint animal portant sonnette:
En vain des yeux je vous cherché,
Et mes regards je decoché,
Sur carosse et sur damoiselle,
Je vis maint nés, pié, teste et col,
Mais pour de royalle pucelle,
J'en vis par Monseigneur Saint Paul,
Aussi peu que jarreten ay dans laisle.
Noble bourgeoisse de Turin,
Fille du grand roy de Gonnesse,
Dame qui marches à grand train,
Adorable et belle duchesse,
Princesse que je ne vis onc,
Et comment vous portés-vous donc?
Depuis le jour que tant de l'armes,
Vous causastes dedans Paris,
Quand pour l'absence de vos charmes,
Tant d'artisans furent marris,
De courtisans et de gens darmes.
Vrayment la France à cette fois,
Perdit une fort bonne fille,
On dit qu'elle en mordit ses doigts,
Et qu'elle en prit noire roupille,
Celle qui tant escarpina,
Pour sa fille proserpina,
N'eust au coeur douleur tant amere,
N'y tant le sein ne se batit,
Que fist cette dolente mere,
Voyant demonter vostre lit,
Et preparer vostre littiere.
Au bruit que firent vos mulets,
Crieuse ne fut d'eau de vie,
Vendeuse d'herbe ou de balais,
Qui ne vous dit, dieu vous benie,
Pour vous voir on quitta tresteau,
Pincete, tenaille et marteau,
Maistre Iean quitta son alesne,
Pour moy je quittay mon sabot,
Madame, qu'il vous en souuienne,
J'estois assis dessus le coq,
De la parroisse Saint Estienne.
Sur ce pinacle où je juchois,
Petit garçon portant jaquette,
D'où souuent passer je voyois,
Maint animal portant sonnette:
En vain des yeux je vous cherché,
Et mes regards je decoché,
Sur carosse et sur damoiselle,
Je vis maint nés, pié, teste et col,
Mais pour de royalle pucelle,
J'en vis par Monseigneur Saint Paul,
Aussi peu que jarreten ay dans laisle.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Aussi depuis il m'est resté,
Tel desir de vous voir en face,
Que pour face voir jarretay monté,
Monts plus fiers que les monts de Trace,
Pour vous voir reyne de Piemont,
J'ay surmonté maint aspre mont:
Le Tarere Tarc et Tarete,
Et le geneure faux grison,
Qui sur passant montagnes iette,
Des neges qu'en toute saison,
Il porte dessus sa barrette.
Dans ces glacés portes bandis,
Sur qui jamais feu ne fit flambes,
Sont les chemins du paradis,
Mais non du paradis des jambes;
Jamais soulier au pied collé,
N'en retourna que dessollé,
Et moy qui sous maigre carcasse,
Porte deux jambes de furet,
J'en meurs, j'en fremis, j'en trépasse,
Et je puis dire adieu jarret,
Adieu Paris, adieu Parnasse.
Ce que ne pouuant supporter,
Tant pied brisé, que jambe torte,
Vous supplient de faire oster,
Les susdits monts de vostre porte,
Pour lesdits monts faire raser,
Vous prier ozons bien ozer,
D'en escrire au sieur encelade,
C'est un garçon fort comme trois,
Il ne luy faut qu'une boutade,
Pour aller encore une fois,
Donner à Iupin l'anguillade.
Tel desir de vous voir en face,
Que pour face voir jarretay monté,
Monts plus fiers que les monts de Trace,
Pour vous voir reyne de Piemont,
J'ay surmonté maint aspre mont:
Le Tarere Tarc et Tarete,
Et le geneure faux grison,
Qui sur passant montagnes iette,
Des neges qu'en toute saison,
Il porte dessus sa barrette.
Dans ces glacés portes bandis,
Sur qui jamais feu ne fit flambes,
Sont les chemins du paradis,
Mais non du paradis des jambes;
Jamais soulier au pied collé,
N'en retourna que dessollé,
Et moy qui sous maigre carcasse,
Porte deux jambes de furet,
J'en meurs, j'en fremis, j'en trépasse,
Et je puis dire adieu jarret,
Adieu Paris, adieu Parnasse.
Ce que ne pouuant supporter,
Tant pied brisé, que jambe torte,
Vous supplient de faire oster,
Les susdits monts de vostre porte,
Pour lesdits monts faire raser,
Vous prier ozons bien ozer,
D'en escrire au sieur encelade,
C'est un garçon fort comme trois,
Il ne luy faut qu'une boutade,
Pour aller encore une fois,
Donner à Iupin l'anguillade.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Mais helas! je serois bien bleu,
Si loin de m'estre fauorable,
Vous me disiés allés à Dieu,
Vrayment ce seroit bien le diable,
Et bien je vous obeirois,
Et vos monts je degrimperois,
Tost jarretaurois plié mon bagage,
Car trop grand il n'est dieu mercy,
Mais je dirois ha ha fromage,
Est-ce ainsi que l'on traitte icy,
Les enfans de vostre village.
Est-ce là ce qu'on m'auoit dit,
Mon maistre plus grand que Pompée,
Luy qui pour vous vendroit son lit,
Son grand cheual et son espée,
Est-ce ainsi que des reuerés,
Enfans du pere aux crains dorés,
Les prieres sont repoussées,
Et que l'on fait visage gris,
Aux porteurs des muses froissées,
Qui sont venus depuis Paris,
À l'odeur de vos fricassées.
Vrayment je n'eusse jamais creu,
Que princesse tant honnorable,
Fermer l'oreille eust jamais peu,
À priere tant raisonnable,
Des monts raser en bonne foy,
Voilà grand cas, c'est bien dequoy,
Pour en parler la chose est belle;
Ces puissans garçons qui jadis,
Au nés de la trouppe immortelle,
Firent le diable en paradis,
N'en faisoient qu'une bagatelle.
Si loin de m'estre fauorable,
Vous me disiés allés à Dieu,
Vrayment ce seroit bien le diable,
Et bien je vous obeirois,
Et vos monts je degrimperois,
Tost jarretaurois plié mon bagage,
Car trop grand il n'est dieu mercy,
Mais je dirois ha ha fromage,
Est-ce ainsi que l'on traitte icy,
Les enfans de vostre village.
Est-ce là ce qu'on m'auoit dit,
Mon maistre plus grand que Pompée,
Luy qui pour vous vendroit son lit,
Son grand cheual et son espée,
Est-ce ainsi que des reuerés,
Enfans du pere aux crains dorés,
Les prieres sont repoussées,
Et que l'on fait visage gris,
Aux porteurs des muses froissées,
Qui sont venus depuis Paris,
À l'odeur de vos fricassées.
Vrayment je n'eusse jamais creu,
Que princesse tant honnorable,
Fermer l'oreille eust jamais peu,
À priere tant raisonnable,
Des monts raser en bonne foy,
Voilà grand cas, c'est bien dequoy,
Pour en parler la chose est belle;
Ces puissans garçons qui jadis,
Au nés de la trouppe immortelle,
Firent le diable en paradis,
N'en faisoient qu'une bagatelle.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Vous estes fille pour le seur
De bon pere et de bonne mere,
J'ay veu, madame, vostre soeur,
Et feu, monseigneur, vostre frere:
Mais je dirois sans dire mal,
Que jamais coeur au vostre égal,
Ne parut en royal lignage,
Tout le monde le dit aussi,
Et fait cas de vostre courage,
Et pourquoy donc traitter ainsi,
Les enfans de vostre village.
Mais que dis-je, ô diuin soleil,
Grand astre de qui la lumiere,
Respand son éclat nompareil,
Sur l'un et sur l'autre hemisphere,
Quel rat, si ras et si tondu,
Quel Apollon si morfondu,
Architecte d'airs ou de carmes,
Quel vertueux infortuné,
Prés de vous n'a tary ses larmes,
Et soudain ne fust enchaisné,
De vos vertus et de vos charmes.
Quel esprit ne fust attiré,
Par vos qualités adorables,
Et par l'aymant saint et sacré,
De vos vertus incomparables,
Qui retournant à son foyer,
N'ayt des sans beaucoup l'armoyer,
Ô trois fois heureuses colines,
Sejour, ô trois fois bien-heureux,
Qui retenés dans vos cassines,
L'abregé le plus glorieux,
De toutes les vertus diuines.
De bon pere et de bonne mere,
J'ay veu, madame, vostre soeur,
Et feu, monseigneur, vostre frere:
Mais je dirois sans dire mal,
Que jamais coeur au vostre égal,
Ne parut en royal lignage,
Tout le monde le dit aussi,
Et fait cas de vostre courage,
Et pourquoy donc traitter ainsi,
Les enfans de vostre village.
Mais que dis-je, ô diuin soleil,
Grand astre de qui la lumiere,
Respand son éclat nompareil,
Sur l'un et sur l'autre hemisphere,
Quel rat, si ras et si tondu,
Quel Apollon si morfondu,
Architecte d'airs ou de carmes,
Quel vertueux infortuné,
Prés de vous n'a tary ses larmes,
Et soudain ne fust enchaisné,
De vos vertus et de vos charmes.
Quel esprit ne fust attiré,
Par vos qualités adorables,
Et par l'aymant saint et sacré,
De vos vertus incomparables,
Qui retournant à son foyer,
N'ayt des sans beaucoup l'armoyer,
Ô trois fois heureuses colines,
Sejour, ô trois fois bien-heureux,
Qui retenés dans vos cassines,
L'abregé le plus glorieux,
De toutes les vertus diuines.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
En quels climats tant écartés,
La bonne femme renommée,
N'a vos royalles qualités,
Porté sur son aisle emplumée,
Qui voyant dans un si beau corps,
Briller tant de riches tresors,
N'ait dit en extase profonde,
Heureux mes yeux par qui je vois:
Plus beau que la fille de l'onde,
Plus auguste que coeur de roys,
Plus charmant que l'astre du monde.
Mais autant où plus de bontés,
Eussiés-vous du ciel en partage,
Qu'on void reluire de beautés,
Dessus vostre auguste visage,
De sacs d'escus plus de milliers,
Qu'il n'est points dans vos souliers,
Cinquante liures de courage,
Plus que n'en eust Semiramis,
Voire deux onces dauantage,
Comme on dit tout à ses amys,
Je vous diray dans mon ramage.
Dame si frapper à vostre huys,
Je viens portant joyeux volumes,
Pas pourtant chargé je ne suis,
D'argent comme un crapaut de plumes,
Autant en blans qu'en blons escus,
J'ay grace à dieu cent francs ou plus,
Item, suiuant mon inuentaire,
Un page qui vaut mille francs,
Plus un valet qui ne boit guerre,
S'il n'a vin fort, et dont les dens,
Font souuent peur à la rapiere.
La bonne femme renommée,
N'a vos royalles qualités,
Porté sur son aisle emplumée,
Qui voyant dans un si beau corps,
Briller tant de riches tresors,
N'ait dit en extase profonde,
Heureux mes yeux par qui je vois:
Plus beau que la fille de l'onde,
Plus auguste que coeur de roys,
Plus charmant que l'astre du monde.
Mais autant où plus de bontés,
Eussiés-vous du ciel en partage,
Qu'on void reluire de beautés,
Dessus vostre auguste visage,
De sacs d'escus plus de milliers,
Qu'il n'est points dans vos souliers,
Cinquante liures de courage,
Plus que n'en eust Semiramis,
Voire deux onces dauantage,
Comme on dit tout à ses amys,
Je vous diray dans mon ramage.
Dame si frapper à vostre huys,
Je viens portant joyeux volumes,
Pas pourtant chargé je ne suis,
D'argent comme un crapaut de plumes,
Autant en blans qu'en blons escus,
J'ay grace à dieu cent francs ou plus,
Item, suiuant mon inuentaire,
Un page qui vaut mille francs,
Plus un valet qui ne boit guerre,
S'il n'a vin fort, et dont les dens,
Font souuent peur à la rapiere.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Venu ne suis vous apporter,
Ny tourment, ny poire dangoisse,
He! Pourquoy donc pour vous chanter,
Dieu vous benie et Dieu vous croisse,
Pour cette effet un serain jarretay,
Que les souris n'ont pas mangé,
Ou en pourroit bien faire un page,
Il est sage et moriginé,
Il mange tout seul, il fait rage,
Je croy que s'il est bien mené,
Dans cent ans qu'il aura de l'âge.
Il chante aussi bien qu'un serain,
Mais non si bien qu'une syrene,
S'il est propre à vostre lutrain,
Je vous le donne en bonne estrene,
Pour vous seruir je l'ay dressé;
Je l'ay nourry, je l'ay fessé,
Si jarreten suis ruiné patience,
Je m'en rapporte à mon valet,
Qui tient conte de ma despence,
Si pour despencer en ballet,
Il ne faut pas grosse finance.
Mais, c'est trop parler de serain,
À dame tant serenissime,
Car pas trop bon n'est le serain,
À vostre grandeur altissime,
Je ne chante plus d'aujourd'huy,
Musette apportes mon estuy,
Serrés mon archet et ma lyre,
S'il vous plaist d'en oüyr conter,
Des plus beaux, vous n'aués qu'à dire,
J'ay fort bonne main pour chanter,
Et tres-bonne voix pour escrire.
Ny tourment, ny poire dangoisse,
He! Pourquoy donc pour vous chanter,
Dieu vous benie et Dieu vous croisse,
Pour cette effet un serain jarretay,
Que les souris n'ont pas mangé,
Ou en pourroit bien faire un page,
Il est sage et moriginé,
Il mange tout seul, il fait rage,
Je croy que s'il est bien mené,
Dans cent ans qu'il aura de l'âge.
Il chante aussi bien qu'un serain,
Mais non si bien qu'une syrene,
S'il est propre à vostre lutrain,
Je vous le donne en bonne estrene,
Pour vous seruir je l'ay dressé;
Je l'ay nourry, je l'ay fessé,
Si jarreten suis ruiné patience,
Je m'en rapporte à mon valet,
Qui tient conte de ma despence,
Si pour despencer en ballet,
Il ne faut pas grosse finance.
Mais, c'est trop parler de serain,
À dame tant serenissime,
Car pas trop bon n'est le serain,
À vostre grandeur altissime,
Je ne chante plus d'aujourd'huy,
Musette apportes mon estuy,
Serrés mon archet et ma lyre,
S'il vous plaist d'en oüyr conter,
Des plus beaux, vous n'aués qu'à dire,
J'ay fort bonne main pour chanter,
Et tres-bonne voix pour escrire.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
LE BAGAGE PERDU
Enfin jarretay veu partir la cour,
Venus, les graces et l'amour,
Tous nos gens ont troussé leurs quilles,
Tous les soldats pris le mousquet,
Tout a drillé, tout a fait gilles,
Chacun a plié son pacquet.
Moy seul demeuré le dernier,
Sans pite, maille, n'y denier,
Sans cheual, hardes, n'y bagage,
J'ay veu mon tresor abysmer,
Et mon vaillant faire naufrage,
Sans tourmente ny coup de mer.
Dans le sacré logis du roy,
Sans craindre n'y Dieu n'y sa loy,
N'y sans redouter la potence,
Un voleur m'a tout emporté,
Et de tout mon fait l'esperance,
Est le seul bien qui m'est resté.
Mercure pere des filoux,
Que c'est à bon droit qu'entre nous,
On repeint auecques des aisles,
Si le maraut qui m'a duppé,
N'en eust eu de toutes pareilles,
Je l'eusse bien tost attrappé.
Mais c'est toy de qui le support,
A mis à couuert dans le port,
Sa teste infame et criminelle,
C'est toy seul qui l'as deffendu,
Et c'est toy mesme qui recelle,
Le bagage que jarretay perdu.
Ô toy des dieux le plus subtil!
Le plus fin et le plus gentil,
Fais qu'on me rende mes valises,
Il n'est pas dit en aucun lieu,
Que des rabats et des chemises,
Fussent à l'vsage d'un dieu.
Veux tu parer ton cabinet,
De ma coëffe ou de mon bonnet,
Que veux tu faire de mes bottes,
Tes talonnieres fendent l'air,
Et tu ne peux craindre les crottes,
Puis que tu sçais si bien voler.
Fols artisans de tant de dieux,
Antiques superstitieux,
Qui forgeastes ce fantastique,
Que vos chimeres font bien voir,
Que ce dieu sourd et sans replique,
Est inutile et sans pouuoir.
Enfin jarretay veu partir la cour,
Venus, les graces et l'amour,
Tous nos gens ont troussé leurs quilles,
Tous les soldats pris le mousquet,
Tout a drillé, tout a fait gilles,
Chacun a plié son pacquet.
Moy seul demeuré le dernier,
Sans pite, maille, n'y denier,
Sans cheual, hardes, n'y bagage,
J'ay veu mon tresor abysmer,
Et mon vaillant faire naufrage,
Sans tourmente ny coup de mer.
Dans le sacré logis du roy,
Sans craindre n'y Dieu n'y sa loy,
N'y sans redouter la potence,
Un voleur m'a tout emporté,
Et de tout mon fait l'esperance,
Est le seul bien qui m'est resté.
Mercure pere des filoux,
Que c'est à bon droit qu'entre nous,
On repeint auecques des aisles,
Si le maraut qui m'a duppé,
N'en eust eu de toutes pareilles,
Je l'eusse bien tost attrappé.
Mais c'est toy de qui le support,
A mis à couuert dans le port,
Sa teste infame et criminelle,
C'est toy seul qui l'as deffendu,
Et c'est toy mesme qui recelle,
Le bagage que jarretay perdu.
Ô toy des dieux le plus subtil!
Le plus fin et le plus gentil,
Fais qu'on me rende mes valises,
Il n'est pas dit en aucun lieu,
Que des rabats et des chemises,
Fussent à l'vsage d'un dieu.
Veux tu parer ton cabinet,
De ma coëffe ou de mon bonnet,
Que veux tu faire de mes bottes,
Tes talonnieres fendent l'air,
Et tu ne peux craindre les crottes,
Puis que tu sçais si bien voler.
Fols artisans de tant de dieux,
Antiques superstitieux,
Qui forgeastes ce fantastique,
Que vos chimeres font bien voir,
Que ce dieu sourd et sans replique,
Est inutile et sans pouuoir.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Mais quelle resolution,
Prendray-je en cette affliction,
Que feray-je en cette auenture,
Tous mes amis à mon secours,
Ainsi qu'une froide peinture,
Sont deuenus muets et sourds.
Ils me craignent en ce malheur,
Plus que le perfide voleur,
Autheur de mes maux sans resource,
Ils pallissent à mon abord,
Et mon compliment à leur bource,
Porte la frayeur et la mort.
Prendray-je en cette affliction,
Que feray-je en cette auenture,
Tous mes amis à mon secours,
Ainsi qu'une froide peinture,
Sont deuenus muets et sourds.
Ils me craignent en ce malheur,
Plus que le perfide voleur,
Autheur de mes maux sans resource,
Ils pallissent à mon abord,
Et mon compliment à leur bource,
Porte la frayeur et la mort.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
A COMTE S. AGNAN
Esprit genereux et sublime,
Grand heros que la France estime,
Autant qu'un prince, et haye au bout,
Qui bel et bon estes par tout,
Depuis les pieds iusqu'à la teste,
Depuis le bas iusques au feste,
De long de costiere en quarré,
De qui mont de chose est narré,
Et dont la valeur en cronique,
Malgré les ans fera la nique,
À Mademoiselle Atropos,
Ainsi qu'à ce faucheur dispos,
Le temps, lequel aussi bien qu'elle,
Par vos faits en aura dans laisle:
Eustil cent faux en son pouuoir,
Aussi tranchantes qu'un rasoir,
Et machoire assés accrée,
Pour manger charette ferrée,
Car tant qu'en ces bas lieux sera,
Gent qui sçaura lire on lira.
Dedans le temple de memoire,
Les monumens de vostre gloire,
Qui comme jarretay dit durera,
In sempiterna saecula,
En bon françois cela veut dire,
Qu'on verra dans ce bas empire,
Tout ce qui vit en l'uniuers,
Mangé des mittes et des vers,
Plutost que vostre gloire morte,
Que dans son front l'histoire porte,
Sans qu'un astre malicieux,
Ny que le demon enuieux,
Qui les dens à comme une herse,
Luy fasse jamais trou ny perse,
Car vous n'estes pas dieu mercy,
De ces preux faits, coussi, coussi,
De ces vaillans à la douzaine,
De ces heros miton mitaine,
En qui ce beau nom reueré:
Paroist autant des-honoré,
Qu'il est en sa plus haute gloire,
En vostre nom qui de l'histoire,
Sera le plus digne ornement,
Qui des vertus tousjours amant,
À vertus faites bonne chere,
Qui fieres gens ne craignés guerre.
Esprit genereux et sublime,
Grand heros que la France estime,
Autant qu'un prince, et haye au bout,
Qui bel et bon estes par tout,
Depuis les pieds iusqu'à la teste,
Depuis le bas iusques au feste,
De long de costiere en quarré,
De qui mont de chose est narré,
Et dont la valeur en cronique,
Malgré les ans fera la nique,
À Mademoiselle Atropos,
Ainsi qu'à ce faucheur dispos,
Le temps, lequel aussi bien qu'elle,
Par vos faits en aura dans laisle:
Eustil cent faux en son pouuoir,
Aussi tranchantes qu'un rasoir,
Et machoire assés accrée,
Pour manger charette ferrée,
Car tant qu'en ces bas lieux sera,
Gent qui sçaura lire on lira.
Dedans le temple de memoire,
Les monumens de vostre gloire,
Qui comme jarretay dit durera,
In sempiterna saecula,
En bon françois cela veut dire,
Qu'on verra dans ce bas empire,
Tout ce qui vit en l'uniuers,
Mangé des mittes et des vers,
Plutost que vostre gloire morte,
Que dans son front l'histoire porte,
Sans qu'un astre malicieux,
Ny que le demon enuieux,
Qui les dens à comme une herse,
Luy fasse jamais trou ny perse,
Car vous n'estes pas dieu mercy,
De ces preux faits, coussi, coussi,
De ces vaillans à la douzaine,
De ces heros miton mitaine,
En qui ce beau nom reueré:
Paroist autant des-honoré,
Qu'il est en sa plus haute gloire,
En vostre nom qui de l'histoire,
Sera le plus digne ornement,
Qui des vertus tousjours amant,
À vertus faites bonne chere,
Qui fieres gens ne craignés guerre.
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Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Fust-il plus que Gargantua,
Fier, qui le loup garou tua,
Que Merlin cocaye Artachée,
Que Fierrabras, ny que Typhée,
Que Goliat ny que Samson,
Qui fust un robuste garçon,
Et lequel comme il est à croire,
Fist autresfois d'une machoire,
Plus que maintenant tous nos preux,
N'en pourroient faire auecques deux,
Fors vous qui pour semblable affaire,
Aués valeur hereditaire,
Force et courage compettant,
Quand il en faudroit faire autant,
Témoins en son maints caboches,
Qui de vous ont receu taloches,
Pour n'auoir pas comme je croy,
Autrement bien seruy le roy,
Témoins en est mainte prouince,
Où battus aués gens à pince,
Montrant aux plus roides gigots,
La puissance de vos ergots,
Que craindre plus que le tonnerre,
On doit, c'est à dire à la guerre.
Fier, qui le loup garou tua,
Que Merlin cocaye Artachée,
Que Fierrabras, ny que Typhée,
Que Goliat ny que Samson,
Qui fust un robuste garçon,
Et lequel comme il est à croire,
Fist autresfois d'une machoire,
Plus que maintenant tous nos preux,
N'en pourroient faire auecques deux,
Fors vous qui pour semblable affaire,
Aués valeur hereditaire,
Force et courage compettant,
Quand il en faudroit faire autant,
Témoins en son maints caboches,
Qui de vous ont receu taloches,
Pour n'auoir pas comme je croy,
Autrement bien seruy le roy,
Témoins en est mainte prouince,
Où battus aués gens à pince,
Montrant aux plus roides gigots,
La puissance de vos ergots,
Que craindre plus que le tonnerre,
On doit, c'est à dire à la guerre.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Car aillieurs vostre noble main,
N'a rien que de doux et d'humain,
Carressant par tout le merite,
Non pas en donneur d'eau benite,
Ains honorant dame vertu,
De vos biens luy çachant le cu,
Luy faisant manger carpe fritte,
Et du lard de vostre marmitte,
Comme faisoit jadis Cesar,
À qui je vous compare, car
Soit en bonté, soit en prudence,
En force en esprit en vaillance,
Plus grand que vous, on ne vid onc,
Plus doux qu'un gan, plus droit qu'un jonc,
Plus franc que l'or, plus rond qu'un iuste,
Enfin un vray Cesar auguste,
Cherissant tous les nobles arts,
Tant de Minerue que de Mars,
Fauorissant armes et lettres,
Aymant musique, prose et mettres,
L'honneste amour, item un peu,
La bonne chere et le bon feu,
Dequoy vous n'en valés pas pire,
Bref, tous deux faits comme de cire,
Tous deux grands d'esprit et de coeur,
S'il fut un fort grand empereur,
Possible monseigneur et maistre,
Que vous le voudriez bien estre:
Mais je diray qu'hormis cela,
Il ne vous manque un iota,
De tout ce que jarretay dit en somme,
Des qualitez de ce grand homme,
Qui comme est dit peu moins peu plus,
Valoit bien son pezant d'escus;
Aussi par tout la renommée,
Dessus son échine emplumée,
Ronflant comme un double canon,
Fait bruire si haut vostre nom,
Que ma pauure muse endormie,
Laquelle Yssir ne vouloit mie,
De son letargique sommeil,
Loin des rayons de son soleil,
La grande princesse des charmes,
Se resueille et parmy ses larmes,
Vous offre ce petit present,
Qui je croy seroit plus plaisant,
Si jarretauois plus l'esprit en feste,
Mais excuses martel en teste:
Ce pendant je suis de bon coeur,
Vostre tres-humble seruiteur.
N'a rien que de doux et d'humain,
Carressant par tout le merite,
Non pas en donneur d'eau benite,
Ains honorant dame vertu,
De vos biens luy çachant le cu,
Luy faisant manger carpe fritte,
Et du lard de vostre marmitte,
Comme faisoit jadis Cesar,
À qui je vous compare, car
Soit en bonté, soit en prudence,
En force en esprit en vaillance,
Plus grand que vous, on ne vid onc,
Plus doux qu'un gan, plus droit qu'un jonc,
Plus franc que l'or, plus rond qu'un iuste,
Enfin un vray Cesar auguste,
Cherissant tous les nobles arts,
Tant de Minerue que de Mars,
Fauorissant armes et lettres,
Aymant musique, prose et mettres,
L'honneste amour, item un peu,
La bonne chere et le bon feu,
Dequoy vous n'en valés pas pire,
Bref, tous deux faits comme de cire,
Tous deux grands d'esprit et de coeur,
S'il fut un fort grand empereur,
Possible monseigneur et maistre,
Que vous le voudriez bien estre:
Mais je diray qu'hormis cela,
Il ne vous manque un iota,
De tout ce que jarretay dit en somme,
Des qualitez de ce grand homme,
Qui comme est dit peu moins peu plus,
Valoit bien son pezant d'escus;
Aussi par tout la renommée,
Dessus son échine emplumée,
Ronflant comme un double canon,
Fait bruire si haut vostre nom,
Que ma pauure muse endormie,
Laquelle Yssir ne vouloit mie,
De son letargique sommeil,
Loin des rayons de son soleil,
La grande princesse des charmes,
Se resueille et parmy ses larmes,
Vous offre ce petit present,
Qui je croy seroit plus plaisant,
Si jarretauois plus l'esprit en feste,
Mais excuses martel en teste:
Ce pendant je suis de bon coeur,
Vostre tres-humble seruiteur.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
LA GUESPE DE COUR AU ROY
Il y a bien deux ans et plus,
Que certains vers de moy vous prittes,
Pour lesquels quelques carolus,
Grand monarque vous me promistes,
Si lesdits carolus promis,
Dans mon gousset point n'aués mis,
Faute ne fust comme je pense,
De bon vouloir ny de puissance,
Car chacun sçait que bon vouloir,
Aués autant que de pouuoir,
Qui pouués du plus miserable,
Faire un archiprotonotable,
Et du plus vil frotte patin,
Un noble à gregue de satin,
Un milor d'un homme de paille,
Un important d'un rien qui vaille,
Comme du plus fier conquerant,
Un gueux de cheualier errant;
Pouuoir que ne tenés d'Alphée,
D'Alquif ny de margo la fée,
Mais de celuy qui dans sa main,
Tient tout le sort du genre humain,
Et qui regit comme d'un autre,
Consequemment aussi le vostre,
Que je supplie de bon coeur,
Vous inspirer en ma faueur,
Car si c'est adorable sire,
En ma faueur ne vous inspire.
Bien tard vous aurés, ô grand roy!
Il y a bien deux ans et plus,
Que certains vers de moy vous prittes,
Pour lesquels quelques carolus,
Grand monarque vous me promistes,
Si lesdits carolus promis,
Dans mon gousset point n'aués mis,
Faute ne fust comme je pense,
De bon vouloir ny de puissance,
Car chacun sçait que bon vouloir,
Aués autant que de pouuoir,
Qui pouués du plus miserable,
Faire un archiprotonotable,
Et du plus vil frotte patin,
Un noble à gregue de satin,
Un milor d'un homme de paille,
Un important d'un rien qui vaille,
Comme du plus fier conquerant,
Un gueux de cheualier errant;
Pouuoir que ne tenés d'Alphée,
D'Alquif ny de margo la fée,
Mais de celuy qui dans sa main,
Tient tout le sort du genre humain,
Et qui regit comme d'un autre,
Consequemment aussi le vostre,
Que je supplie de bon coeur,
Vous inspirer en ma faueur,
Car si c'est adorable sire,
En ma faueur ne vous inspire.
Bien tard vous aurés, ô grand roy!
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
D'vtilles mouuemens pour moy,
Bien tard grand roy comme je pense,
Je seray mareschal de France,
Tard on verra par mes aquests,
Un paquet de quatre laquais,
Apres auoir beu comme à nopce,
Pisser derriere mon carosse,
Peu se rencontrent dans les cours,
De Saint Agnans et de Harcourts,
Peu de soleils qui sachent luire,
Pour vertu guider et conduire,
Et quoy doncques force falots,
Force badins, force palots,
Force fols, force mercenaires,
Force méchans patibulaires,
Force rebelles deguises,
Forces lutins canonises,
Tel fust, et l'esprit, et la vie:
Decil qui par maudite enuie,
Vainement du temps de Louys,
Dont vous estes le digne fils,
S'opposoit au cours salutaire,
Des graces qu'il daignoit me faire,
Et tels sont mesmes ces jaloux,
Qui pour me nuire auprés de vous,
Vous font à croire que je jouë,
Mon argent comme de la bouë,
Que l'or en mon gousset placé,
C'est eau dans un panier percé.
Grand roy c'est de cette maniere,
Que sans joüer je fais biziere.
Bien tard grand roy comme je pense,
Je seray mareschal de France,
Tard on verra par mes aquests,
Un paquet de quatre laquais,
Apres auoir beu comme à nopce,
Pisser derriere mon carosse,
Peu se rencontrent dans les cours,
De Saint Agnans et de Harcourts,
Peu de soleils qui sachent luire,
Pour vertu guider et conduire,
Et quoy doncques force falots,
Force badins, force palots,
Force fols, force mercenaires,
Force méchans patibulaires,
Force rebelles deguises,
Forces lutins canonises,
Tel fust, et l'esprit, et la vie:
Decil qui par maudite enuie,
Vainement du temps de Louys,
Dont vous estes le digne fils,
S'opposoit au cours salutaire,
Des graces qu'il daignoit me faire,
Et tels sont mesmes ces jaloux,
Qui pour me nuire auprés de vous,
Vous font à croire que je jouë,
Mon argent comme de la bouë,
Que l'or en mon gousset placé,
C'est eau dans un panier percé.
Grand roy c'est de cette maniere,
Que sans joüer je fais biziere.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Et qu'au lieu de quinze sur dix,
Bien souuent je ne fais que six,
Grand roy, c'est ainsi que ma muse,
Pauure froide triste et confuse,
Par un prodige sans pareil,
Se glace aux rayons du soleil,
Et c'est ainsi digne monarque,
Qu'auec cette gentille marque,
Iamais graces à mes riuaux,
Vous ne sçaurés ce que je vaux,
Quand annonceant vostre euangile,
Mille bourgeois de cette ville,
Par moy detrompés de leurs faits,
Tant à Luxembourg qu'aux palais,
Vous apprendroient combien de milles,
J'ay desabusé de soudrilles,
De folle creance obsedés,
Et deliuré de possedés,
Du malin esprit de la fronde,
Le plus méchant diable du monde,
Iamais graces à mes riuaux,
Vous ne sçaurés ce que je vaux,
Quand on vous diroit de mon zele,
Le progrés ardant et fidelle,
Combien preschant à des marraux,
J'ay perdu d'honnestes de manteaux,
En dix combats, et six battailles,
Où je cuiday mes funerailles,
Voir en la fin de mes trauaux,
Combien jarretay perdu de chappeaux,
Faute d'un petit brin de paille,
Combien de la fiere canaille,
J'ay supporté dedans son vin,
De transports de Saint Maturin,
Combien de coups de fiere patte,
Tant sur test que sur omoplatte,
Eust mon nepueu dessus le point,
De perdre son porte pourpoint,
Si que force fust sans trompette,
À moy soudain faire retraitte,
Dans la bonne ville de Sens,
Ou fors trois coquins hors du sens,
Le reste qui pour vous soupire,
Pour vous souffriroit le martyre,
Si martyre pour vous souffrir,
Il falloit et pour vous perir,
C'est parmy ce peuple fidelle,
Que traistre frondeur ou rebelle,
N'a qu'à montrer son chien de nés,
Fust-il des plus enfarinés,
Je veux qu'on medegargamelle,
S'il en rapportoit cuisse ou aisle,
Aussi c'est dans le lieu natal,
À tous vos ennemis fatal,
Que grace à gregue senonoise,
J'ay puisé cette ame françoise,
Qui fait qu'il me seroit bien doux,
Grand roy d'estre cardé pour vous;
Qui doncques, ô tres digne sire,
Du bien de moy vous pourra dire:
Sera ce quelque Mecenas,
Quelque amoureux fils de Pallas,
La gloire auecques sa trompette,
La renommée ou la gazette;
Qui de mon nom vous parlera,
Non, mais ma mort vous le dira,
Du moment que nous est rauie,
La vie aussi cesse l'enuie,
Aux enuieux les plus mordans,
La mort casse toutes les dens,
Ce monstre ainsi mis en desordre,
Par mort ne trouuant plus que mordre,
Dans un corps par mort abbattu,
Laisse en repos dame vertu,
Lors que je n'auray plus affaire,
Que d'un beguin et d'un suaire,
Et que pour m'ayder au besoin,
Il ne faudra ny blé ny foin,
Robe, pourpoint, ny sçapulaire,
Ny d'argent pour mon locataire,
A lors mes seigneurs mes riuaux,
Vous apprendront ce que je vaux,
Vrayment ces airs auoient des charmes,
Diront-ils alors et ses carmes,
Quoy qu'assés mal recompensés,
En tous lieux estoient encensés,
Faute d'un ange tutelaire,
S'il n'eust la fortune prospere,
Nous n'en deuons estre esbahis,
Nul n'est prophete en son pays,
Ô diue gloire seraphique,
Que ce rare panegirique,
En mon drap empaquelotté,
Comme un lieure dans un paté,
Attendant le coup de trompette,
Me rendra la jambe bien faite,
Que je seray bien réjoüy,
Quant pour moy tout éuanoüy,
Miche, gatteau, tourte et galette,
Mon robichon magodinette,
Ballon, esteuf, cartes et dés,
Poulets, pigeons, chappons bardés,
Plaisirs amour, joye et lumiere,
Mes membres reduits en poussiere,
Quelqu'un grand prince vous dira,
De mes faits mirabilia,
Ainsi les saints, la sainte eglise,
Qu'aprés la mort ne canonise,
Mais pour moy qui saint ne suis tant,
Mais qui voudroit l'estre pourtant,
J'auouë que jarretaurois enuie,
D'estre festé durant ma vie.
Et qu'en d'espit de mes rivaux,
Vous conneussiés ce que je vaux,
Deja vostre tante royalle,
Princesse que nulle autre esgalle,
En a quelque chose apperceu,
Si rien encor n'en aués sçeu,
Daignés-le apprendre, ô digne sire,
Cependant qu'en ma tirelire,
Ferés tinter le cardescu,
Pour ayder à cacher le cu,
Des gens lesquels pour vostre empire,
Ont souffert glorieux martire,
Ce qui dans ce siecle tortu,
N'est pas tant petite vertu,
Et ne sera-si le temps dure,
Pour de pension je n'ay cure,
D'autant qu'en fait de pension,
À vous parler sans fiction,
Dans si fatale conjoncture,
Ce n'est presque argent qu'en peinture,
Il n'est rien tel qu'argent contant,
Qu'un beau petit équipatant,
Sus donc grand prince sans remise,
Voyons de vostre marchandise,
Et dans peu malgré mes riuaux,
Vous connoistrés ce que je vaux.
Bien souuent je ne fais que six,
Grand roy, c'est ainsi que ma muse,
Pauure froide triste et confuse,
Par un prodige sans pareil,
Se glace aux rayons du soleil,
Et c'est ainsi digne monarque,
Qu'auec cette gentille marque,
Iamais graces à mes riuaux,
Vous ne sçaurés ce que je vaux,
Quand annonceant vostre euangile,
Mille bourgeois de cette ville,
Par moy detrompés de leurs faits,
Tant à Luxembourg qu'aux palais,
Vous apprendroient combien de milles,
J'ay desabusé de soudrilles,
De folle creance obsedés,
Et deliuré de possedés,
Du malin esprit de la fronde,
Le plus méchant diable du monde,
Iamais graces à mes riuaux,
Vous ne sçaurés ce que je vaux,
Quand on vous diroit de mon zele,
Le progrés ardant et fidelle,
Combien preschant à des marraux,
J'ay perdu d'honnestes de manteaux,
En dix combats, et six battailles,
Où je cuiday mes funerailles,
Voir en la fin de mes trauaux,
Combien jarretay perdu de chappeaux,
Faute d'un petit brin de paille,
Combien de la fiere canaille,
J'ay supporté dedans son vin,
De transports de Saint Maturin,
Combien de coups de fiere patte,
Tant sur test que sur omoplatte,
Eust mon nepueu dessus le point,
De perdre son porte pourpoint,
Si que force fust sans trompette,
À moy soudain faire retraitte,
Dans la bonne ville de Sens,
Ou fors trois coquins hors du sens,
Le reste qui pour vous soupire,
Pour vous souffriroit le martyre,
Si martyre pour vous souffrir,
Il falloit et pour vous perir,
C'est parmy ce peuple fidelle,
Que traistre frondeur ou rebelle,
N'a qu'à montrer son chien de nés,
Fust-il des plus enfarinés,
Je veux qu'on medegargamelle,
S'il en rapportoit cuisse ou aisle,
Aussi c'est dans le lieu natal,
À tous vos ennemis fatal,
Que grace à gregue senonoise,
J'ay puisé cette ame françoise,
Qui fait qu'il me seroit bien doux,
Grand roy d'estre cardé pour vous;
Qui doncques, ô tres digne sire,
Du bien de moy vous pourra dire:
Sera ce quelque Mecenas,
Quelque amoureux fils de Pallas,
La gloire auecques sa trompette,
La renommée ou la gazette;
Qui de mon nom vous parlera,
Non, mais ma mort vous le dira,
Du moment que nous est rauie,
La vie aussi cesse l'enuie,
Aux enuieux les plus mordans,
La mort casse toutes les dens,
Ce monstre ainsi mis en desordre,
Par mort ne trouuant plus que mordre,
Dans un corps par mort abbattu,
Laisse en repos dame vertu,
Lors que je n'auray plus affaire,
Que d'un beguin et d'un suaire,
Et que pour m'ayder au besoin,
Il ne faudra ny blé ny foin,
Robe, pourpoint, ny sçapulaire,
Ny d'argent pour mon locataire,
A lors mes seigneurs mes riuaux,
Vous apprendront ce que je vaux,
Vrayment ces airs auoient des charmes,
Diront-ils alors et ses carmes,
Quoy qu'assés mal recompensés,
En tous lieux estoient encensés,
Faute d'un ange tutelaire,
S'il n'eust la fortune prospere,
Nous n'en deuons estre esbahis,
Nul n'est prophete en son pays,
Ô diue gloire seraphique,
Que ce rare panegirique,
En mon drap empaquelotté,
Comme un lieure dans un paté,
Attendant le coup de trompette,
Me rendra la jambe bien faite,
Que je seray bien réjoüy,
Quant pour moy tout éuanoüy,
Miche, gatteau, tourte et galette,
Mon robichon magodinette,
Ballon, esteuf, cartes et dés,
Poulets, pigeons, chappons bardés,
Plaisirs amour, joye et lumiere,
Mes membres reduits en poussiere,
Quelqu'un grand prince vous dira,
De mes faits mirabilia,
Ainsi les saints, la sainte eglise,
Qu'aprés la mort ne canonise,
Mais pour moy qui saint ne suis tant,
Mais qui voudroit l'estre pourtant,
J'auouë que jarretaurois enuie,
D'estre festé durant ma vie.
Et qu'en d'espit de mes rivaux,
Vous conneussiés ce que je vaux,
Deja vostre tante royalle,
Princesse que nulle autre esgalle,
En a quelque chose apperceu,
Si rien encor n'en aués sçeu,
Daignés-le apprendre, ô digne sire,
Cependant qu'en ma tirelire,
Ferés tinter le cardescu,
Pour ayder à cacher le cu,
Des gens lesquels pour vostre empire,
Ont souffert glorieux martire,
Ce qui dans ce siecle tortu,
N'est pas tant petite vertu,
Et ne sera-si le temps dure,
Pour de pension je n'ay cure,
D'autant qu'en fait de pension,
À vous parler sans fiction,
Dans si fatale conjoncture,
Ce n'est presque argent qu'en peinture,
Il n'est rien tel qu'argent contant,
Qu'un beau petit équipatant,
Sus donc grand prince sans remise,
Voyons de vostre marchandise,
Et dans peu malgré mes riuaux,
Vous connoistrés ce que je vaux.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
LE VOYAGE DE SENS
Mon cher amy de la Chappelle,
Qui comme l'or à la couppelle,
Est un amy fort esprouué,
Et mesmement fort approuué,
De petit val dont je vous iure,
Bien fort je plaindrois l'auenture,
Si pour moy pauure infortuné,
Il demeuroit decordonné,
Sçachez, cher amy, que jarretestime,
Tant pour raison que pour la rime,
Je dis raison, car sans raison,
Un rimeur est moins qu'un oison,
Qu'estant party de la grand ville,
Ou mes Louys auoient fait gille,
Auec grand train et grossegent,
Grand attirail et peu d'argent,
Ce qui pour faire long voyage,
N'est pas de trop heureux presage,
Je dormis tant qu'à mon réueil,
Je me vis à bord à Corbeil,
On par une fiere auanture,
Contrains fus coucher sur la dure,
Tres proprement dans mon estuy,
Ce que je pratique aujourd'huy,
Comme en guerre autant raisonnable,
Qu'à fils des muses conuenable,
Rien je ne vous dis du repas,
D'autant qu'il ne s'en parla pas,
Mais le jour d'aprés en reuanche,
Le lendemain que fust dimanche,
Je trouuay repas opportun,
Bien qu'auec rimeur importun,
Jadis pour donner un clistere,
Tres suffissant apotiquaire,
À Paris aymé d'un chacun,
Et maintenant poëte à Melun,
Ce fust-là que sans caracole,
Sans subterfuge ny bricolle,
Il fallut à fier batelier,
Respandre mon petit denier,
À qui pour payer le passage,
De mon poëtique équipage,
Il fallust laisser en belor,
Un tiers de mon petit tresor:
Qui fust cher amy je vous iure,
Une autre trop fiere auanture,
Sans le grand pharmacopola,
Agneau qui pour nous s'immola.
Mon cher amy de la Chappelle,
Qui comme l'or à la couppelle,
Est un amy fort esprouué,
Et mesmement fort approuué,
De petit val dont je vous iure,
Bien fort je plaindrois l'auenture,
Si pour moy pauure infortuné,
Il demeuroit decordonné,
Sçachez, cher amy, que jarretestime,
Tant pour raison que pour la rime,
Je dis raison, car sans raison,
Un rimeur est moins qu'un oison,
Qu'estant party de la grand ville,
Ou mes Louys auoient fait gille,
Auec grand train et grossegent,
Grand attirail et peu d'argent,
Ce qui pour faire long voyage,
N'est pas de trop heureux presage,
Je dormis tant qu'à mon réueil,
Je me vis à bord à Corbeil,
On par une fiere auanture,
Contrains fus coucher sur la dure,
Tres proprement dans mon estuy,
Ce que je pratique aujourd'huy,
Comme en guerre autant raisonnable,
Qu'à fils des muses conuenable,
Rien je ne vous dis du repas,
D'autant qu'il ne s'en parla pas,
Mais le jour d'aprés en reuanche,
Le lendemain que fust dimanche,
Je trouuay repas opportun,
Bien qu'auec rimeur importun,
Jadis pour donner un clistere,
Tres suffissant apotiquaire,
À Paris aymé d'un chacun,
Et maintenant poëte à Melun,
Ce fust-là que sans caracole,
Sans subterfuge ny bricolle,
Il fallut à fier batelier,
Respandre mon petit denier,
À qui pour payer le passage,
De mon poëtique équipage,
Il fallust laisser en belor,
Un tiers de mon petit tresor:
Qui fust cher amy je vous iure,
Une autre trop fiere auanture,
Sans le grand pharmacopola,
Agneau qui pour nous s'immola.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Nous tirant d'hotesse testuë
Diablesse meschante et barbuë,
Quand parust à nostre secours,
La diue coche de Nemours,
Ou logement il fallust prendre,
La par trop fier et dur esclandre,
Je perdis joüant au piquet,
À peu prés tout mon petit fait,
À Moret quittans laquatique,
Voiture prismes larcadique,
Sur qui plus guais que par batteau,
Vismes gister à montereau,
Où sur beste tant magnifique,
De Phoebus la gent deifique,
Dans l'estime du peuple fat,
Passa pour gent à mitridat,
Ce fust là ma tante Nicole,
Qu'il fallust changer la pistolle,
Ce fust en ce perfide lieu,
Grand roy que je vous dis à dieu,
Si bien qu'en ce depart funeste,
Asnés payés je neus de reste,
Que deux beaux petits escus blans,
Pour me conduire iusqu'à Sens,
Ou mis à bord sans croix ny pille,
Auec le plus geux de la ville,
J'eusse bien peu sans vanité,
Disputer de la primauté.
Diablesse meschante et barbuë,
Quand parust à nostre secours,
La diue coche de Nemours,
Ou logement il fallust prendre,
La par trop fier et dur esclandre,
Je perdis joüant au piquet,
À peu prés tout mon petit fait,
À Moret quittans laquatique,
Voiture prismes larcadique,
Sur qui plus guais que par batteau,
Vismes gister à montereau,
Où sur beste tant magnifique,
De Phoebus la gent deifique,
Dans l'estime du peuple fat,
Passa pour gent à mitridat,
Ce fust là ma tante Nicole,
Qu'il fallust changer la pistolle,
Ce fust en ce perfide lieu,
Grand roy que je vous dis à dieu,
Si bien qu'en ce depart funeste,
Asnés payés je neus de reste,
Que deux beaux petits escus blans,
Pour me conduire iusqu'à Sens,
Ou mis à bord sans croix ny pille,
Auec le plus geux de la ville,
J'eusse bien peu sans vanité,
Disputer de la primauté.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Ô tigresse fortune aduerse,
Diablesse, ladresse, taistresse,
Vilaine, ainsi pourquoy vas tu,
Tournant la nuque à la vertu,
Quel nocher dans un tel orage,
N'eust brisé mats, ancre et cordage
Antenne, trinquet et timon,
Quel experimenté patron,
En ce destroit n'eust fait naufrage,
Fors moy qui sans perdre courage,
Expert en de semblables cas,
Au montier jarretadresse mes pas,
Où bien aspergé d'eau benite,
Qui mont à bon chrestien profite,
Au ciel plein d'un deuot soucy,
Ma priere jarretadresse ainsi,
Grand autheur de la confrairie,
Des cheualiers de l'industrie,
De qui les beaux jours sont finis,
Adorable roy de Tunis,
Docteur à toy seul comparable,
Ange à tes hostes redoutable,
Mais secourable à tes amys,
Ange à qui le ciel fust promis,
Qui dedans ce val transitoire,
Par art à peu de gens notoire,
As, euité tant de dangers,
Tant d'escueils et tant de rochers.
Diablesse, ladresse, taistresse,
Vilaine, ainsi pourquoy vas tu,
Tournant la nuque à la vertu,
Quel nocher dans un tel orage,
N'eust brisé mats, ancre et cordage
Antenne, trinquet et timon,
Quel experimenté patron,
En ce destroit n'eust fait naufrage,
Fors moy qui sans perdre courage,
Expert en de semblables cas,
Au montier jarretadresse mes pas,
Où bien aspergé d'eau benite,
Qui mont à bon chrestien profite,
Au ciel plein d'un deuot soucy,
Ma priere jarretadresse ainsi,
Grand autheur de la confrairie,
Des cheualiers de l'industrie,
De qui les beaux jours sont finis,
Adorable roy de Tunis,
Docteur à toy seul comparable,
Ange à tes hostes redoutable,
Mais secourable à tes amys,
Ange à qui le ciel fust promis,
Qui dedans ce val transitoire,
Par art à peu de gens notoire,
As, euité tant de dangers,
Tant d'escueils et tant de rochers.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poësies Par Charles Coypeau D'Assoucy
Grand autheur de fine finesse,
Roy de la ruse et de l'adresse,
Grand luminaire des gusmans,
Soleil de tous les charlattans,
Du plus haut de ton d'omicille,
En moy ton pauure lazarille,
Triste object du ciel irrité,
Influë un traict de ta clarté,
Infuse en moy cette science,
Par qui malgré ton indigence,
Tu triomphas du mauuais sort.
De la famine et de la mort,
Et je te promets ô grand phare,
Esprit du monde le plus rare,
De faire durer à jamais,
La memoire de tes beaux faicts:
Je graueray dans ta chronique,
Les beaux traicts dont tu fis lanique,
À tous les traicts du temps passé,
Du pays chaud iusques au glacé,
L'on verra ton panegirique,
Et d'un stile plus qu'heroïque,
Les arts que tu nous as laissé,
À quoy l'illustre trespassé,
Tant par raison que par priere,
Tout resplandissant de lumiere,
Et de brillans enuironné,
M'apparut, ou je sois damné.
Non point chargé d'un reliquaire,
D'un breviaire, ou d'un scapulaire,
Mais d'un beau ieu de lansquenet,
De trois beaux dez et d'un cornet,
Qu'auec tres-graue contenance,
Il agita m'en liura chance,
Me disant ces mots à peu prés,
Fac et in hoc signo vinces,
Puis se derobant à ma veuë,
Comme un esclair qui fend la nuë,
Ne me laisse moins consolé,
Qu'un deuot pere recolé,
Lequel auroit veu son bon ange,
Ô prodige ô merueille estrange,
Le jour qui fut le landemain,
Qui deuoit estre un jour sans pain:
Pour moy qui d'argent n'auois mie,
Je fus droit à l'accademie,
Où par le vouloir du destin,
Je trouuay la carte à la main,
Un visage de bonne augure,
Noble et gentil de sa nature,
Qui sans craindre le coup mortel,
Du hazard me porte un cartel,
Pour y combattre à toute outrance,
Ce qu'accepté sans resistance,
L'ange d'abord argent tira,
Mais je dis qui perdra mettra,
Qui fust or de si bonne mise,
Qu'auecques ceste gualantise,
Je luy tiray cent escus d'or,
Qui ne fust pas le tout encor,
Il voulut auoir sa reuanche,
Qu'auecques carte belle et blanche,
Je luy donnay par tant de fois,
Que je mis mon prince aux abbois,
Si bien que contant mes pistolles
Tant mazarines qu'espagnolles,
Louys jaunes et louys blancs,
Je trouue plus de mille francs,
Voilà comme fortune change,
Ores je bois frais et ne mange,
Rien que perdrix et pigeonneaux,
Mes pages rien que des gateaux,
Et mon nepueu qui fait le prince,
Plus fier qu'un noble de prouince,
Rit chante et boit et fait l'amour,
Et moy je la fais à mon tour.
Roy de la ruse et de l'adresse,
Grand luminaire des gusmans,
Soleil de tous les charlattans,
Du plus haut de ton d'omicille,
En moy ton pauure lazarille,
Triste object du ciel irrité,
Influë un traict de ta clarté,
Infuse en moy cette science,
Par qui malgré ton indigence,
Tu triomphas du mauuais sort.
De la famine et de la mort,
Et je te promets ô grand phare,
Esprit du monde le plus rare,
De faire durer à jamais,
La memoire de tes beaux faicts:
Je graueray dans ta chronique,
Les beaux traicts dont tu fis lanique,
À tous les traicts du temps passé,
Du pays chaud iusques au glacé,
L'on verra ton panegirique,
Et d'un stile plus qu'heroïque,
Les arts que tu nous as laissé,
À quoy l'illustre trespassé,
Tant par raison que par priere,
Tout resplandissant de lumiere,
Et de brillans enuironné,
M'apparut, ou je sois damné.
Non point chargé d'un reliquaire,
D'un breviaire, ou d'un scapulaire,
Mais d'un beau ieu de lansquenet,
De trois beaux dez et d'un cornet,
Qu'auec tres-graue contenance,
Il agita m'en liura chance,
Me disant ces mots à peu prés,
Fac et in hoc signo vinces,
Puis se derobant à ma veuë,
Comme un esclair qui fend la nuë,
Ne me laisse moins consolé,
Qu'un deuot pere recolé,
Lequel auroit veu son bon ange,
Ô prodige ô merueille estrange,
Le jour qui fut le landemain,
Qui deuoit estre un jour sans pain:
Pour moy qui d'argent n'auois mie,
Je fus droit à l'accademie,
Où par le vouloir du destin,
Je trouuay la carte à la main,
Un visage de bonne augure,
Noble et gentil de sa nature,
Qui sans craindre le coup mortel,
Du hazard me porte un cartel,
Pour y combattre à toute outrance,
Ce qu'accepté sans resistance,
L'ange d'abord argent tira,
Mais je dis qui perdra mettra,
Qui fust or de si bonne mise,
Qu'auecques ceste gualantise,
Je luy tiray cent escus d'or,
Qui ne fust pas le tout encor,
Il voulut auoir sa reuanche,
Qu'auecques carte belle et blanche,
Je luy donnay par tant de fois,
Que je mis mon prince aux abbois,
Si bien que contant mes pistolles
Tant mazarines qu'espagnolles,
Louys jaunes et louys blancs,
Je trouue plus de mille francs,
Voilà comme fortune change,
Ores je bois frais et ne mange,
Rien que perdrix et pigeonneaux,
Mes pages rien que des gateaux,
Et mon nepueu qui fait le prince,
Plus fier qu'un noble de prouince,
Rit chante et boit et fait l'amour,
Et moy je la fais à mon tour.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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