joiedevie Forum de Aziza Rahmouni
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Pokémon Évolutions Prismatiques : ...
Voir le deal

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:03

Mahomet Second. (1739)

Par Jean-Baptiste Sauvé De La Noue (1701-1760).

Tragédie.

ACTE I SCENE I

la scene est à Byzance.


le visir, Achmet.

Le Visir.
Enfin, selon mes voeux, guidé par sa captive,
ami, c' est en ce jour que Mahomet arrive.
D' un triomphe pompeux l' appareil imposant,
hors de ces murs encor le retient dans son camp.
Ministre sans éclat d' une odieuse fête,
il veut, qu' ici, par moi, son triomphe s' aprête.
Ah! Loin d' y préparer un trône à son orgueil,
cher Achmet, que ne puis-je y creuser son cercueil!

Que ne puis-je flétrir ses lauriers et sa gloire!
Mais il faut, à pas lents, marcher vers la victoire.
Du voile de la feinte entourons nos projets:
la prudence peut seule assurer leurs succès.

Achmet.
De quels succès encor se flatte votre haine?
Mahomet sçait gagner les peuples qu' il enchaîne.
Les bienfaits, dans ces lieux, annoncent son retour:
il y sema l' horreur, il recueille l' amour;
il saccagea Byzance en vainqueur implacable;
il revient y regner, en monarque équitable.
Il a parlé; les grecs ont vû tomber leurs fers;
de ses graces, sur eux, les trésors sont ouverts.
Vous l' avez vû cruel, vous voyez sa clémence:
imitez-le, visir, bannissez la vengeance.

Le Visir.
Ainsi donc un tyran dans ses brulans accès,
osera se livrer aux plus cruels excès;
entre les mains du crime il mettra son tonnerre;
de larmes, de douleurs il couvrira la terre;
et d' un regard plus doux s' il veut les honorer,
les vils mortels seront contraints de l' adorer?
Rien ne peut, de mon coeur, refermer la blessure.
Le cruel m' a forcé d' outrager la nature.
Ah! Souvenir affreux dont encor je frémis!
Ses ordres m' ont contraint à massacrer mon fils:
il voulut son trépas, injuste, ou légitime:
mais mon bras ne dut point immoler la victime.

Je frappai... c' en est fait; ami, laissons les pleurs,
soulagement obscur des vulgaires douleurs.
Mahomet, je le sçai, n' est point toûjours barbare;
de vices, de vertus, assemblage bizarre,
entraîné par l' essor où son coeur s' est livré,
il porte l' un ou l' autre au suprême degré.
Monstre de cruauté, prodige de clémence,
héros dans ses bienfaits, tyran dans sa vengeance,
à ses transports fougueux rien ne peut s' opposer;
et dans le seul excès, il sçait se reposer.
Je ne me flatte point; je le connois, ce maître
que ma haine menace, et qu' elle craint peut-être.
Tranquille maintenant, l' amour qui le séduit,
suspend son caractere, et ne l' a point détruit.
Mais plus pour la vertu son coeur a de constance,
et bientôt plus le crime obtiendra de puissance.
De moment en moment il peut se réveiller;
et tandis qu' il sommeille, il le faut accabler.
Dès long-tems mes complots préparent sa ruine.
J' ai banni de son camp l' austére discipline;
des chefs et des soldats j' ai corrompu les coeurs;
sur les plus factieux j' ai versé les faveurs;
à la fidélité réservant la disgrace,
mon adroite indulgence a carressé l' audace;
aux bruits semés par moi de ses lâches amours,
le murmure a passé dans leurs libres discours;
et saisissant enfin l' espoir que j' ai vû luire,
du murmure, au mépris, je les ai sçû conduire.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:04

C' est ainsi que semant la feinte et les détours,
j' attaque sa puissance, et j' assiége ses jours;
j' allume le tonnerre, et j' empêche qu' il gronde;
sans savoir mes projets, le muphty les seconde.
Je ne crains que l' aga. Jannissaire indompté,
rien ne peut altérer sa fiére intégrité:
imprudent, mais zelé, son audace hautaine,
obtient, brave l' estime, et subjugue la haine:
son devoir est sa loy: son maître est tout pour lui;
et je m' efforce en vain d' ébranler cet appui.
Espérons toutefois: c' est mon frére, et peut-être,
saisissant les moyens que le tems fera naître,
son zéle par mes soins se verra refroidi,
ou je le tournerai contre mon ennemi.
Est-il quelque rempart construit par la puissance,
que ne détruise enfin l' audace et la prudence?
Toi, qui depuis long-tems, des malheureux chrétiens,
par mes ordres secrets adoucis les liens,
de mes conseils prudents as-tu sçû faire usage?
Tes soins ont-ils, des grecs, relevé le courage?
Et vers la liberté que je viens leur offrir,
osent-ils, en secret, pousser quelque soûpir?

Achmet.
Couchés dans la poussiére, abandonnés aux larmes,
j' ai long-tems, mais en vain, combattu leurs alarmes.
Le succès leur paroît trop voisin du danger:
leurs yeux tremblans encor n' osent l' envisager.
Il en est cependant, de qui la noble audace,
a bravé, devant moi, la mort et la menace,
je leur fais esperer votre solide appui.
Il leur manquoit un chef, et le ciel aujourd' hui
flatte l' heureux succès où votre coeur aspire.
Le plus vaillant des grecs, Théodore respire.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:04

Le Visir.
Théodore?

Achmet.
Oui, seigneur, du sang de Constantin,
c' est lui qui du vainqueur troubla l' heureux destin;
qui dans ces mêmes murs retarda sa victoire,
et de son propre sang lui fit payer sa gloire.
Ce héros, dans les fers, gémissoit, inconnu:
aujourd' hui seulement à la clarté rendu,
de vos desseins secrets j' ai promis de l' instruire;
et bientôt devant vous on le doit introduire.

Le Visir.
Théodore, dis-tu, va paroître à mes yeux?
Ami, je le connois; je l' ai vû dans ces lieux,
quand l' heureux Amurat m' envoya dans Byzance,
du grec et du persan rompre l' intelligence.
Mais un autre intérêt le rend cher à mon coeur:
et lui seul, du sultan, va troubler le bonheur:
oui, pour en concevoir l' espérance certaine,
apprends que cet esclave est le pere d' Irene.

Achmet.
Quoi, de cette captive?

Le Visir.
Ami, n' en doute pas.
Il la vit, jeune encor, arracher de ses bras;
l' esclavage la mit dans les mains de mon frere:
je le pressai long-tems de la rendre à son pere:
au sérail du sultan il destina ses jours;
et ses yeux, du sultan ont fixé les amours.
Maintenant, cher Achmet, je veux que Théodore
l' arrache par mes soins à l' amant qui l' adore.
Je veux, si je ne puis détruire son pouvoir,
dans son coeur déchiré porter le désespoir.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:05

Achmet.
Eh, ne craignez-vous point que le pere lui-même
n' aspire par sa fille à la faveur suprême?
Il est chez les chrétiens des coeurs ambitieux.
L' éclat et la grandeur peut éblouir ses yeux.
Le plaisir, et l' orgueil de se voir près du trône...

Le Visir.
Calme le vain soupçon où ton coeur s' abandonne.
As-tu donc oublié cette invincible horreur
qu' un chrétien, contre nous suce avec son erreur?
L' hymen est le seul noeud que connoît leur tendresse;
tout autre engagement n' est que crime, ou foiblesse.
Je connois Théodore: et tout autre lien
ne sçauroit éblouir un coeur tel que le sien.
Que ne peut le sultan par un hymen sinistre?
De ses propres malheurs se rendre le ministre!
Je ne sai; mais peut-être il ne vient en ces lieux
que pour en allumer les flambeaux odieux.
Ah! S' il étoit ainsi, ma haine triomphante
lui raviroit le sceptre, éloigneroit l' amante.
Bientôt, en zéle ardent mon courroux déguisé,
frapperoit sans obstacle un sultan méprisé.
S' il l' épouse, te dis-je, il se perdra lui-même:
s' il n' ose l' épouser, il perdra ce qu' il aime:
ou si jusqu' à l' offense il enhardit ses feux,
j' armerai le dépit d' un pere malheureux;
et moi-même guidant le bras de Théodore,
je saurai le plonger dans un sang que j' abhorre.
Sachons, à nous servir, si son coeur se résout.
S' il se perd, ce n' est rien. S' il immole, c' est tout.

Achmet.
On vient. C' est lui, seigneur.

Le Visir.
Cher ami, va m' attendre;
et que personne ici ne puisse nous surprendre.
Il entre; laisse-nous.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:05

ACTE I SCENE II

Le visir, Théodore.

Le Visir.
Ciel! Quelle injuste loi
fait gémir dans l' opprobre un héros tel que toi?
Généreux Théodore! Ah! Malgré ta disgrace,
partage les transports d' un ami qui t' embrasse.

Théodore.
ô toi! Qui seul des tiens, sensible à la pitié,
sais dans un malheureux respecter l' amitié,
si mon coeur, au plaisir pouvoit s' ouvrir encore,
je le devrois aux soins dont un ami m' honore.
Il n' est plus temps. Rends-moi ma prison et mes fers:
vos succès et nos maux me les ont rendus chers.
Murs, trop mal défendus par mes fragiles armes,
murs, baignés de mon sang, soyez-le de mes larmes.
De quel faste étranger me vois-je environné?
L' autel étoit ici. Là, mon roi prosterné...
malheureux Constantin! Malheureuse Byzance!
Le ciel, en son courroux, a brisé ta puissance;
ton effroyable chûte écrasa trente rois;
et l' univers tremblant en a senti le poids.

Le Visir.
Si le fier Mahomet eût suivi sa conquête,
sa main, sur trente rois, étendoit la tempête,
il est vrai; mais l' amour a sauvé l' univers;
au vainqueur de la terre il a donné des fers.
Apprends que dans ces murs s' est éteint l' incendie
dont les feux menaçoient et l' Europe et l' Asie:
et de ces murs encor on pourroit repousser
l' usurpateur... mais non; il n' y faut plus penser.
Les grecs, si fiers jadis, aujourd' hui vils esclaves,
ont appris, sans murmure, à porter leurs entraves:
la liberté les cherche, ils n' osent la saisir;
et Théodore enfin ne sait plus que gémir.

Théodore.
Que dis-tu? Notre sort peut-il changer de face?
Ah! Si je le croyois...

Le Visir.
Rappelle ton audace.
Avant la fin du jour tu seras éclairci
d' un secret important que je te cache ici.
Il t' en souvient; tandis qu' on assiégeoit Byzance,
par de secrets avis j' éclairai ta prudence:
mes efforts ni les tiens n' ont pû la conserver;
mais des mains du tyran on la peut enlever.
Sais-tu jusqu' à quel point il mérite ta haine,
ce cruel, qu' en ces lieux un nouveau crime améne?
Sais-tu que pour plonger le poignard dans son sein,
la vengeance et l' honneur ont reservé ta main?
Sans doute on t' aura dit qu' une captive aimable
arrive sur les pas de ce prince coupable? ...
frémis; mais venge-toi. Ce fier usurpateur
devient, pour t' offenser, un lâche séducteur.
Cette beauté qu' il trompe, et qui peut-être l' aime,
cet objet malheureux... c' est ta fille elle-même.

Théodore.
Ma fille! ... ah, juste ciel! Ma fille entre ses bras! ...
non; elle est innocente, ou ne respire pas.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:05

Le Visir.
Cesse de te flatter. C' est elle, c' est Iréne:
que, loin de tout danger, ta prévoyance vaine,
long-temps avant la guerre, envoyoit à Lesbos,
et que la servitude atteignit sur les flots.

Théodore.
Ah! Rompons, s' il se peut, sa chaine criminelle.
Visir, de tout pouvoir daigne appuyer mon zéle.
Que je l' arrache! ...

Le Visir.
Espere un facile succès.
Mahomet la confie aux murs de ce palais;
sans gardes, presque libre, à soi-même rendue,
un prétexte pourra te procurer sa vûe.
Soit pour flatter ta fille, enfin, ou la fléchir,
des rigueurs du sérail on vient de l' affranchir.

Théodore.
Visir, sur son destin je ne suis point tranquille.

Le Visir.
On vient.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:06

ACTE I SCENE III

Le visir, Théodore, Achmet.

Le Visir à Achmet .
Rends, cher Achmet, sa retraite facile.

A Théodore.

tu connois ce palais; évite tous les yeux:
et bientôt nous pourrons nous voir en d' autres lieux.








ACTE I SCENE IV

Mahomet, le muphty, le visir, Tadil,
pachas, officiers du palais, gardes.

Mahomet.
Dans ces murs, qu' a soumis ma valeur intrépide,
que du trône ottoman la majesté réside!
Ne changeons point leur sort. Ils commandoient jadis:
qu' ils commandent encor aux peuples asservis!
Que l' Europe et l' Affrique, au rang de nos provinces,
esclaves, comme vous, y contemplent leurs princes?
Puissent mes descendans, de cet heureux séjour,
à l' univers entier donner des loix un jour!
Les chemins sont ouverts: c' est assez pour ma gloire.
Il est temps de cueillir les fruits de la victoire.
Ce n' est pas sans effort que mon coeur combattu
fait céder la grandeur aux loix de la vertu.
Dans ce coeur inconstant, l' orgueil et la vengeance,
je ne le sens que trop, ont laissé leur semence.
Je n' ose vous promettre un bonheur éternel;
avant d' être clément, vous m' avez vû cruel.
Tremblez... mais écartons un funeste présage,
d' une solide paix que ce jour soit le gage.

Peuples, long-temps courbés sous le poids des malheurs;
respirez, votre maître est sensible à vos pleurs;
votre maître est fléchi; l' humanité sacrée,
la mere des vertus, dans son ame est entrée:
en vain l' ambition veut étouffer sa voix;
elle crie à mon coeur que mon peuple a ses droits:
c' est elle qui m' apprend qu' un pouvoir sans mesure
devient pour l' univers une commune injure;
c' est elle qui m' apprend que des noeuds mutuels
unissent le monarque au reste des mortels;
et qu' un roi qui conserve, est égal en puissance
à l' être bienfaisant qui donne la naissance.
J' ai vaincu; j' ai conquis. Je gouverne à présent.

Au Muphty et au Visir.

vous, que ma voix tira de la nuit du néant,
esclaves de mon trône, ombre de ma puissance,
allez, à l' univers annoncez ma clemence,
à ses rois consternés annoncez qu' aujourd' hui
Mahomet peut les vaincre, et devient leur appui;
qu' il ne permettra plus au souffle de la guerre
de renverser leur trône, et d' infecter la terre;
que sa gloire est contente; et qu' il n' aspire plus
qu' à rendre heureux son peuple, et les vaincre en vertus.
Ce n' est pas tout. Mon coeur lassé du bruit des armes,
va goûter les douceurs d' un hymen plein de charmes;
d' une esclave chrétienne il couronne la foi.
Ce n' est point m' abaisser; c' est l' élever à moi,
je méprise ces rois, dont la tendresse avide
ne sçait former des noeuds qu' où l' intérêt préside:
commerce trop suivi dont j' abhorre la loi!
Vertu, naissance, amour, c' est assez pour un roi.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:06

Le Visir.
Seigneur, de tes soldats je crains la résistance:
leurs nombreux bataillons trop proche de
Byzance...

Mahomet.
Ecoute mes projets; cours les executer.
Je ne m' abaisse pas jusqu' à vous consulter.
Mes ordres sont dictés. Et si quelque rebelle
éleve dans mon camp une voix criminelle,
d' un murmure indiscret que la mort soit le prix!

Le Muphty.
Une chrétienne? Ciel! Sur le trône!

Mahomet au muphty .
Obéis.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:06

ACTE I SCENE V

Le Muphty, le Visir.

Le Muphty.
J' ai prévû les desseins que ce jour nous révele:
je les ai dès long-temps confiés à ton zéle.
Visir; et dès ce temps tu juras devant moi
de ne jamais souffrir l' opprobre de ton roi.
Il fait plus aujourd' hui ce prince téméraire,
il ose, des chrétiens, se déclarer le pére:
tu le vois, tu l' entends; et ses injustes loix,
ainsi que ton audace, ont étouffé ta voix.

Le Visir.
Muphty, je l' avoûrai, j' ai trop crû cette audace:
éloigné du danger, je bravois sa menace.
Mille moyens s' offroient, j' osois les embrasser:
l' approche du péril les fait tous éclipser.
Il en est un pourtant, triste, voisin du crime;
mais qu' un muphty l' approuve, il devient légitime.
Oui, contre les decrets d' un absolu pouvoir
tes decrets peuvent seuls armer notre devoir.
Que la religion par toi se fasse entendre.
Au prix de notre sang nous irons la défendre.
Sur tes pas entraînés par une sainte ardeur,
de ses droits en péril nous soutiendrons l' honneur;
et jusques dans les bras du monarque profane
nous frapperons l' erreur que le muphty condamne.
Mais, sans toi, nos efforts sacriléges et vains
nous exposent sans fruit à des tourmens certains.
Tu balances, muphty! ... c' en est fait; et je céde.
Le danger de l' état exige un prompt reméde;
la religion sainte éleve envain sa voix:
son timide interpréte abandonne ses droits.
Un visir, après lui, le premier de l' empire,
fait briller, mais envain, le zéle qui l' inspire;
en vain le jannissaire offre un puissant secours:
au milieu d' une armée il tremble pour ses jours;
il ignore, ou plûtôt il céde sa puissance;
d' un monarque infidele il craint la concurrence;
il dévore un affront, et cesse d' être instruit
qu' un prince qu' il condamne est un prince détruit.
Hé bien, va donc subir le joug d' une chrétienne;
à son culte, à sa loi, cours immoler la tienne.
D' un hymen odieux ministre criminel,
on t' attend; va serrer ce lien solemnel.
Aux musulmans trahis ma voix fera connoître
qu' un roi qui s' avilit est indigne de l' être;
et qu' un muphty craintif, à la faveur vendu,
dégrade un rang que doit occuper la vertu.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:07

Le Muphty.
Visir, de tes transports calme la violence.
Je m' abandonne à toi; je céde à ta prudence.
Avertissons les chefs du danger de l' état,
avant d' autoriser un nécessaire éclat,
agissons; et tâchons, par force, ou par adresse,
d' arracher de son coeur une lâche tendresse.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:07

ACTE II SCENE I

Iréne, Zamis.

Zamis.
Enfin, loin du sérail Iréne désormais
va, seule, et sans rivale, habiter ce palais.
Prête à verser sur vous les biens qu' elle moissonne,
l' aimable liberté déja vous environne.
Oubliez dans ces murs mille objets odieux,
qui rendoient le sérail effrayant à vos yeux.
Oubliez à jamais une retraite impure,
de notre sexe ici le tourment et l' injure;
tombeau de la vertu, méprisable séjour,
où régne la molesse, où n' entre point l' amour.
Eh! Qui peut, sans rougir, voir dans ce lieu profane
à quels honteux égards la beauté se condamne?
Ces femmes, dont le front ignore la pudeur,
et dont l' ambition ne tend qu' au déshonneur?

Iréne.
Je ne le cée point; ce changement me flatte.
Toutefois, est-il temps qu' un doux espoir éclate?
En quel lieu sommes-nous? Et qui nous y conduit?
Quel trône est élevé sur ce trône détruit?
Je te revois enfin, malheureuse Byzance,
monument éternel de céleste vengeance!
En entrant dans tes murs, j' ai senti tes douleurs;
et mon premier tribut est un tribut de pleurs!
Je viens te secourir. Affermis ma foiblesse,
ô ciel! Fais triompher le zéle qui me presse.
Ester sçut désarmer le fier Assuérus;
à mes foibles appas joins les mêmes vertus.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:08

Zamis.
J' approuve avec transport ce dessein magnanime.
Détournez loin des grecs le joug qui les opprime.
Qui le peut mieux que vous? D' un sultan orgueilleux
le ciel, à vos attraits, a soumis tous les voeux.
Non, non, ils ne sont plus, ces temps remplis de craintes
quand le fier Mahomet repoussoit les atteintes
d' un feu, qui malgré lui, pénétroit dans son coeur.
L' indomptable lion frappé d' un trait vainqueur,
avec moins de courroux mord le fer qui le blesse.
Quels coups ont annoncé sa superbe foiblesse!
Son amour effrayé de ses propres effets,
se plongeoit dans le sang, prodiguoit les bienfaits,
du meurtre au repentir conduisoit sa victime;
guidé par la vertu, conseillé par le crime,
rappellant des transports à l' instant oubliés,
prêt à vous immoler, il tomboit à vos pieds.

Iréne.
Zamis, qui sçait mourir, sçait braver la menace.
Je ne sçai quel espoir soutenoit mon audace;
cet espoir que je n' ose encor interroger,
versoit sur moi la force et l' oubli du danger.
Toutefois... le dirai-je? Au sein de la victoire
d' un oeil triste et douteux j' envisage ma gloire.
Trop prompte à soulager les maux de nos chrétiens,
mon coeur se seroit-il trompé sur les moyens?
Si la seule vertu m' a pû servir de guide,
d' où vient que dans ses bras le remords m' intimide?

Zamis.
Quelle frayeur saisit votre esprit éperdu?
Que peut vous reprocher la plus pure vertu?
Combien ai-je admiré votre innocente audace?
Mépriser les bienfaits, confondre la menace! ...
à travers les dangers et l' horreur du trépas,
quelle main jusqu' au trône a pû guider vos pas?
Car enfin, terrassé par un pouvoîr suprême,
ce n' est plus un tyran qui malgré lui vous aime;
c' est un héros soumis, tendre, respectueux,
et rival des vertus d' un objet vertueux.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:08

Iréne.
N' offre point à mes yeux la trop flatteuse image
d' un prince, dont mon coeur doit détester l' hommage;
n' égare point, Zamis, un reste de raison,
trop foible à repousser un dangereux poison.
Ses vertus, son amour, mon coeur, tout m' intimide;
tremblante à chaque pas, sans conseil, et sans guide,
dans un triste avenir je n' ose pénétrer;
et jusqu' à mon bonheur tout me fait soupirer.
J' ai crû trouver la paix dans ce nouvel asyle;
je l' habite, et mon coeur y devient moins tranquile.
C' est ici que mon sort a commencé son cours;
c' est ici que mon pere a vû trancher ses jours;
et moi-même... ah, Zamis! ... ciel! Qui me vois tremblante,
je mourrai sans regret, si je meurs innocente.
Mais que nous veut Tadil?
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:08

ACTE II SCENE II

Tadil, Iréne, Zamis.

Tadil.
Les chrétiens empressés
reconnoissans des biens que sur eux vous versez,
viennent à vos genoux apporter leur hommage.
Adoucissez les maux de leur triste esclavage,
Mahomet l' a permis. Son ordre toutefois
veut ici que d' un seul ils empruntent la voix.

Iréne.
Qu' il vienne.









ACTE II SCENE III

Iréne, Zamis.

Iréne.
Juste ciel! Une joye inconnuë
s' empare malgré moi de mon ame éperduë.
Rois, maîtres des mortels, ah! Quelle est votre erreur,
quand, la foudre à la main, votre immense grandeur,
d' éclats tumultueux épouvante la terre?
Prenez, prenez le sceptre, et quittez le tonnerre;
soulagez les douleurs d' un peuple gémissant;
des bras de l' injustice arrachez l' innocent;
du foible, du proscrit, relevez le courage:
du pouvoir absolu c' est-là le vrai partage.









ACTE II SCENE IV

Théodore, Iréne, Zamis.

Iréne.
Mais, hélas! Quel vieillard se présente à mes yeux?
Il s' arrête; il gémit à l' aspect de ces lieux!

Théodore à part .

C' est ma fille; c' est elle. Ah! Pere déplorable!
ô ciel! Ne me sois point à demi favorable;
épure les bienfaits que tu veux m' accorder?

Iréne.
Respectable chrétien, vous n' osez m' aborder!
Dans ce jour fortuné pourquoi verser des larmes?
Rassûrez-vous. Je viens dissiper vos alarmes.
Chrétienne comme vous, vos malheurs sont les miens.

Théodore.
Madame, recevez l' hommage des chrétiens.
Par vous seule arrachés à des maux innombrables,
nous bénissons les fruits de vos soins secourables.
Notre culte, long-temps insulté par l' erreur,
par vous seule a repris son antique splendeur.
Que Dieu, pour tant de biens répandus sur Byzance,
affermisse à jamais vos pas dans l' innocence!
Lorsque de tant de maux vous sauvez les chrétiens,
un pere infortuné peut-il gémir des siens?
Oserai-je à vos yeux exposant ma tristesse,
outrager par mes pleurs la commune allégresse?

Madame, ayez pitié d' un pere malheureux,
échappé des horreurs d' un cachot ténébreux.
D' aujourd' hui seulement je revois la lumiere:
et je retrouve, hélas! Une fille trop chere,
une fille pour qui je donnerois mon sang,
exposée, ou livrée au crime le plus grand.
Un superbe ennemi la tient sous son empire...
un musulman cruel... je tremble... je soûpire...
il l' aime... il est puissant... je ne puis achever!

Iréne à part .

Quel trouble ce chrétien me fait-il éprouver?
Quel discours! Quel raport! à peine je respire.
La pitié sur un coeur a-t-elle tant d' empire?
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:09

A Théodore.

pour soulager vos maux, ardente à tout oser,
de mon foible pouvoir vous pouvez disposer.
Peut-être votre fille est encor innocente.
Déployez à ses yeux cette douleur touchante
que vous communiquez à mon coeur abattu,
ah! Bientôt près de vous renaîtra sa vertu.
Si, comme à votre fille, un destin favorable,
redonnoit à mes pleurs un pere respectable,
prompte à sacrifier amour, scéptre, grandeur,
aux dépens de mes jours je ferois son bonheur.
Mais loin de vous calmer, j' irrite vos alarmes.
Moi-même, en vous parlant, je sens couler mes larmes,
vous arrêtez sur moi vos regards attendris!
Vous pleurez! Ah! J' ai peine à retenir mes cris.
Peu s' en faut qu' à vos pieds je ne tombe éperduë,
ô! Qui que vous soyez, votre douleur me tuë!

Théodore.
Iréne! ...

Iréne.
Eh bien, seigneur, pourquoi me nommez-vous?

Théodore.
Chere Iréne! ...

Iréne.
Seigneur...
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:09

Théodore.
Ah! Mouvement trop doux!
Je pleure... je t' appelle... et tu doutes encore?

Iréne.
Ah, mon pere! Ah, grand dieu! C' est lui, c' est Théodore!
Vous soûpirez! ... hélas! Iréne, a-t-elle pû,
en blessant vos regards, attrister la vertu?
Ah! Mon pere, chassez un doute qui m' offense.
Oui, j' ose à vos regards m' offrir en assurance.
Je mérite l' amour d' un pere tel que vous.

Théodore.
Et je me livre donc aux transports les plus doux,
ma fille, embrassez-moi. Vous dissipez la crainte
dont, en vous retrouvant, j' ai ressenti l' atteinte.
Qu' un sultan orgueilleux subisse votre loi,
vous êtes innocente, et c' est assez pour moi.
Mais achevez; calmez mes craintes inquiétes;
ouvrez les yeux, Iréne, et voyez où vous êtes.

Paré de mille attraits à la pudeur mortels,
dans ces lieux infectés le crime a des autels:
par l' avilissement la faveur s' y dispense;
à côté du forfait marche la récompense;
mille voiles brillans couvrent le déshonneur,
et toûjours la bassesse y méne à la grandeur.
Ma fille, grace au ciel, l' erreur ni la foiblesse
n' ont point dans cet abîme entraîné ta jeunesse;
mais, crains, fuis le danger, il te presse, il te suit,
l' orgueil l' attend, succombe, et la vertu le fuit.

Iréne.
Mon pere! Digne auteur de ma triste famille,
mon pere! Dans vos bras recevez votre fille.
La vérité terrible a dessillé mes yeux.
Fuyons. Arrachez-moi de ces funestes lieux.
Parmi tant de dangers ma jeunesse imprudente,
s' égaroit, et marchoit, aveuglée et contente.
Vous m' éclairez. Malgré le trouble de mon coeur,
vous me verrez fidelle au devoir, à l' honneur,
à ma foi. Oui, mon dieu! Brise mon esclavage,
tu parles, j' obéis. Acheve ton ouvrage!

Théodore.
Oui, ma fille, sans doute il brisera vos fers:
oui, sur votre péril ses yeux se sont ouverts;
et son bras, jusqu' à vous aujourd' hui ne me guide,
que pour encourager votre vertu timide.
De ce vaste palais je connois les détours,
j' ai de puissans amis: mes soins et leur secours
m' ouvriront les chemins d' une fuite facile.
Vous, flattez le sultan par une feinte utile;
ménagez-le; et bientôt, Iréne en liberté,
bravera son amour et son autorité.
Je vous laisse.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:09

Iréne.
Ah, grand dieu! Vous me laissez! ... mon pere! ...
et pourquoi differer un secours nécessaire?
Vous savez, de ces lieux, les plus obscurs détours,
je les quitte; il y va de plus que de mes jours.
Dans l' abîme des flots, dans le sein de la terre,
cachez-moi; sauvez-moi; tout ici m' est contraire.
elle se jette aux genoux de Théodore.
oui, plûtôt que sans vous elle ose demeurer,
Iréne à vos genoux, aime mieux expirer.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:10

ACTE II SCENE V
Mahomet, Théodore, Iréne,
Zamis, Tadil.

Mahomet.
Que vois-je? Iréne en pleurs! Iréne suppliante!
Quel mouvement confus m' attendrit, m' épouvante?

A Théodore.

quel es-tu? Réponds-moi. Tu te tais vainement,
perfide; tu trahis ou le prince, ou l' amant.
Réponds-moi; n' attends pas que l' horreur du supplice,
d' un secret odieux me découvre l' indice.

Théodore.
La mort ni les tourmens ne pourroient m' arracher
un secret, tel qu' il soit, que je voudrois cacher.
Mais je veux bien ici te révéler mes crimes:
sultan, contre des feux honteux, illégitimes
j' excitois ses mépris, je rassurois son coeur;
je voulois la ravir à ta funeste ardeur;
de ces murs dangereux je voulois la soustraire,
tu sais tout; vange-toi, sultan; je suis son pere.

Mahomet.
Son pere!

Théodore.
Oui: connois-moi. Je suis ce grec enfin,
qui dans ces mêmes murs balança ton destin,
quand le courroux du ciel secondant ton courage,
permit aux musulmans d' y porter le ravage.
Trop heureux, si ton bras eût terminé mes jours,
puisque, des tiens, mon bras ne put trancher le cours!
Depuis ce jour fatal, esclave misérable,
j' ai langui dans les fers: le destin qui m' accable
ne les brise aujourd' hui que pour me faire voir
mon dernier bien, hélas! Ma fille en ton pouvoir.
Mais je puis me vanger; sa vertu m' est connue;
et si je lui défends de paroître à ta vûë,
ardente à m' obéïr, le plus affreux trépas,
ni le plus tendre amour ne l' ébranleront pas.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:10

Mahomet.
Chrétien, ta fermeté ne me fait point injure:
tu me blessas. Bien loin que ma gloire en murmure,
j' étois ton ennemi, tu défendois ton roi;
j' estime ton courage, et respecte ta foi.
Tu pourrois te vanger? Ta fille obéissante,
fuiroit de mon amour la poursuite éclatante?
Crois-tu que mes efforts prétendent la ravir?
Crois-tu que par la force on veuille l' asservir?
Ah! Mon coeur n' eut jamais, pour engager Iréne,
que mon amour pour noeuds, et mes bienfaits pour chaîne.
Ne connois-tu de moi que ma seule fureur?
Tu m' as vû dans la guerre armé de la terreur,
tonner sur tes remparts; et vainqueur trop sévére,
du sang de tes chrétiens faire fumer la terre:
mais tu ne m' as point vû, plus doux, plus généreux,
adoucir des chrétiens le destin rigoureux,
et dans les coeurs de tous laver par ma clémence,
les titres odieux acquis dans ma vengeance.
Ne me reproche plus une juste rigueur,
crime de la victoire et non pas du vainqueur.
Tu voulois enlever Iréne à ma tendresse!
Imprudent! Si le sort des chrétiens t' interesse,
garde-toi de nourrir le dangereux espoir
d' arracher de mes mains l' appui de leur pouvoir.
Si tu ne veux hâter leur ruine certaine,
garde-toi d' éveiller un courroux qu' elle enchaîne.
Tu veux m' oter Iréne? Ah! Connois Mahomet,
si c' est-là ton dessein, j' en vais presser l' effet.
Je suis maître de vous. Esclaves l' un et l' autre,
je dispose à mon gré de son sort et du vôtre;
vos personnes, vos biens, vos jours, tout m' est soûmis:
je vous rends tous les droits que le ciel m' a transmis;
soyez libres tous deux. Maître de ta famille,
tu peux, ou m' enlever, ou me donner ta fille:
et j' atteste le ciel, que respectant ta loi,
mon coeur n' y prétend plus, s' il ne l' obtient de toi.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:11

Théodore.
Je demeure immobile. ô grandeur qui m' étonne!
Prince, digne en effet de plus d' une couronne,
pourquoi me forces-tu moi-même à me trahir?
Esclave, je pouvois librement te haïr;
libre, les tendres noeuds de la reconnoissance,
m' enchaînent malgré-moi sous ton obéïssance.
L' interêt de Byzance et des peuples chrétiens,
veut qu' ici je consente à ces fatals liens.
Une illustre princesse, à ton pere asservie,
par un semblable hymen a sauvé la servie.
Triste exemple! Mais quoi? La sagesse est sans choix,
quand la nécessité fait entendre sa voix.

Mahomet.
Le suffrage d' un pere est peu pour ma tendresse;
Iréne, c' est à vous que Mahomet s' adresse.
Votre sort est fixé; reste à remplir le mien,
formez-vous sans murmure un auguste lien?
Sans crainte, sans égard, que votre voix prononce,
m' aimez-vous? Que le coeur dicte seul la réponse,
vous êtes libre enfin.

Iréne.
Je l' ai toûjours été,
garant de ma pudeur et de ma liberté,

(Elle tire un poignard.)

regarde ce poignard. De moi-même maîtresse,
j' ai vû d' un oeil égal ta fureur, ta tendresse:
et, si sur moi le crime eût tenté son effort,
ma vertu se sauvoit dans les bras de la mort.
Mon pere, et toi, sultan, connoissez dans Iréne,
ce que peut le devoir sur une ame chrétienne.
De ce fer, à tes yeux, j' eusse percé mon coeur,
et ta tendresse, à peine, égale mon ardeur.
Les rois pour effrayer ont la toute-puissance,
mais pour gagner les coeurs, ils n' ont que la clémence,
mon amour est le prix de tes hautes vertus,
et je t' estime assez pour ne te craindre plus.
Cette preuve suffit.

(Elle jette le poignard.)

Mahomet.
Je frémis! Et j' admire.
La voilà cette gloire où mon orgueil aspire!
à ces nobles discours, à tout ce que je voi,
j' ai trouvé, grace au ciel, un coeur digne de moi.
Ah! Pour me l' attacher plus fortement encore,
ce coeur, qu' avec amour je chéris et j' honore.
Ce coeur, dans qui le mien va lire son devoir,
Iréne, partagez mon trône et mon pouvoir.

à Théodore.

chrétien, soyons amis; c' est moi qui t' en conjure,
je respecte, et j' ignore une union si pure;
instruis-moi; soûtiens-moi: tu liras dans mon coeur:
tes soins en baniront le crime et la fureur.
Plaisirs nouveaux pour moi! Mouvemens pleins de charmes!
Vous me faites sentir que la joie a ses larmes.
Le pouvoir, les grandeurs n' ont pû remplir mes voeux;
un instant de vertu vient de me rendre heureux.
Agissons, il est tems. Va rassurer tes freres;
qu' ils respirent enfin sous des loix moins sévéres.
Des fureurs du muphty j' ai sçû les affranchir:
sous toi, sous ton pouvoir, je veux les voir fléchir.
Ordonne; agis; guéris leurs blessures cruelles:
soûmis à toi, sans doute, ils me seront fidelles.
Tes prêtres ne pourront refuser mes bienfaits;
et je brave, des miens, les murmures secrets.
Oui, dûssai-je à mes pieds voir tomber ma couronne,
je cours executer ce que l' honneur m' ordonne!
ô! Plaisir pour un roi rare et voluptueux!
Je régne sur deux coeurs libres et vertueux.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:11

ACTE II SCENE VI

Théodore, Iréne, Zamis.

Théodore.
Ma fille, que l' espoir n' aveugle point votre ame,
plus d' un obstacle encor peut traverser sa flâme.
Demeurez dans ces lieux. Attendez que du ciel
s' accomplisse sur vous le décret éternel.
Préparez-vous à tout. Quoique Dieu vous ordonne,
recevez du même oeil la mort ou la couronne.
Il est doux de régner pour protéger sa loi,
il est beau de mourir pour conserver sa foi.









ACTE III SCENE I

Iréne, Zamis.

Zamis.
ô serois-je blâmer la douleur imprevûe
que vous tâchez en vain de cacher à ma vûe?
Vous soupirez! Hé quoi? Si pour quelques momens
un pere se dérobe à vos embrassemens,
devez-vous donc pleurer l' instant qui vous sépare?
Songez à tous les biens que l' hymen vous prépare,
mêler vos tendres pleurs à des momens si doux,
c' est honorer le pere, en affligeant l' époux.

Iréne.
Moi, l' affliger, Zamis! Ah! Ma vive tendresse
lui soumet pleinement ma joie et ma tristesse.
Mon coeur est agité: pour lui rendre la paix,
parlons de ce héros, parlons de ses bienfaits.

Enfin, autour de moi je leve un oeil tranquille.
Ce palais, de nos grecs, est devenu l' asyle.
L' impieté, long-temps attachée à mes pas,
s' éloigne, et désormais ne m' approchera pas.
Prémices de ma joie, ainsi que de la tienne,
déja tout est chrétien auprès d' une chrétienne.
Ciel! Qu' il va redoubler mon zéle et mon ardeur,
cet heureux changement qui remplit tout mon coeur!
Ton dieu s' appaise enfin, malheureuse Byzance;
que pouvoit contre lui ta fragile puissance?
Sur tes remparts fumans, l' esclavage et la mort
ont triomphé sans peine, et regné sans effort.
Pour porter dans ton sein des coups trop légitimes,
tes ennemis n' étoient armés que de tes crimes.
Il frappa ton orgueil; il couronne ta foi:
la pitié secourable ouvre ses yeux sur toi.
Loin de tes chers enfans écartant les allarmes,
mes soins sauront tarir la source de tes larmes.
Ah! Si d' un doux hymen mon coeur se sent flatté,
c' est qu' il devient le sceau de ta félicité.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:12

ACTE III SCENE II

Nassi, Iréne, Zamis.

Iréne.
Nassi, que voulez-vous?

Nassi.
Votre pere, madame,
le trouble sur le front, et la douleur dans l' ame,
m' a confié pour vous ce billet important.
Il doit, près du visir, se rendre en cet instant.
Iréne après avoir lû tout bas .
Qu' ai-je lû? Que devient mon bonheur et ma joie?
Je m' y livrois entiere, et le ciel la foudroie.
Si l' espoir dans un coeur s' introduit lentement,
qu' avec rapidité la douleur s' y répand!

Zamis.
Le sultan vient.








ACTE III SCENE III

Mahomet, Iréne, Zamis.

Iréne.
Seigneur, vous me voyez tremblante.
Connoissez un forfait, dont l' horreur m' épouvante.

Mahomet lit.

en vain à votre hymen nos prêtres ont souscrit.
des musulmans jaloux la colere s' aigrit.
sans lui communiquer l' avis de votre pere,
ménagez le sultan; obtenez qu' il differe.
on nous menace: on dit qu' un rebele sujet,
prétexte votre hymen pour perdre Mahomet.

Iréne.
Seigneur, vous vous taisez! Une fureur tranquille
arrête sur ces mots votre vûe immobile!
Frémissant du péril où j' allois vous plonger...

Mahomet.
Je frémis de l' affront, et non pas du danger.
C' est Mahomet, c' est moi qu' un esclave menace! ...
vous gémissez, Iréne! épargnez-moi de grace;
vous m' outragez. Trembler, ou pour vous, ou pour moi,
n' est-ce pas m' accuser de foiblesse, ou d' effroi?
Ah! Loin d' aigrir mon coeur par ce nouvel outrage,
songez que le calmer fut toujours votre ouvrage.
Méprisez comme moi des esclaves jaloux;
et n' armez point contre eux l' amour et le courroux.

Iréne.
Moi, seigneur, moi, contre eux armer votre colere?
épouse de leur roi, ne suis-je pas leur mere?
Que ne peut mon hymen? Ce lien si flatteur,
de l' univers entier assure le bonheur!
Je ne crains point pour vous leur téméraire audace;
je ne crains point pour moi leur frivole menace;
je ne crains que pour eux ces foudroyans éclats
que votre coeur enfante, et ne maîtrise pas.
Moi, contre eux élever mes plaintes dangereuses!
Périssent à jamais ces beautés malheureuses,
qui loin de tempérer les rigueurs du pouvoir,
des peuples supplians osent trahir l' espoir;
qui pouvant au pardon déterminer un maître,
aiment mieux, par ses coups, le faire reconnoître!
Non, seigneur, non, jamais ne daignez m' écouter,
si jamais, à punir, j' ose vous exciter.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:12

Mahomet.
Iréne, de mon coeur soyez toujours maîtresse;
mais ne le portez point jusques à la foiblesse.
Souffrez que quoiqu' ici vous m' osiez demander,
j' apprenne à pardonner, et non pas à céder.
Je confirme à jamais les dons, que sur Byzance,
que sur tous vos chrétiens a versé ma clémence.
Et quant à notre hymen, c' est aux yeux du soldat,
c' est dans mon camp qu' il faut en transporter l' éclat.

Oui, je veux pour témoins d' une union si belle,
mes peuples, mon armée, et les yeux du rebele.
Tant qu' aux regards d' un maître il craindra de s' offrir,
je le puis ignorer, mais non pas le souffrir.
S' il paroît, à la mort rien ne peut le soustraire.
Qu' il fléchisse, il vivra. Ce n' est point la colere,
c' est la seule équité qui dicte cet arrêt;
et l' amour lui veut bien céder son intérêt:
mais après le serment qui nous joint l' un à l' autre,
pour le rompre, il n' est plus que ma mort ou la vôtre.

Iréne.
C' en est fait; mon amour perd sa timidité.
Je brave les clameurs du soldat irrité.
De ses emportemens j' ai pénétré la cause;
et le remede est sûr, puisqu' Iréne en dispose.
Pour appaiser enfin vos peuples offensés,
je puis mourir pour vous, seigneur; et c' est assez.
Mais mon pere est absent. Je ne suis point tranquille.
Ce palais dans mes bras lui présente un asyle.
Il tarde trop long-temps. Je cours le rappeller.
Près de vous, près de lui, qui pourra me troubler?
En cessant de trembler pour deux têtes si cheres,
ma joie et mes plaisirs deviendront plus sinceres.
Du plus cruel destin je braverai les coups,
si je puis conserver mon pere, et mon époux.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:12

ACTE III SCENE IV

Mahomet, Tadil.

Tadil.
Le frere du visir, l' aga des janissaires,
vient à vos pieds...

Mahomet.
Qu' il entre. Ah! Tremblez, téméraires.








ACTE III SCENE V

Mahomet, l' aga.

L' Aga prosterné .
Ton esclave à genoux pénétré de douleur,
osera-t-il parler?

Mahomet.
Parle.

L' Aga se releve .

Frémis d' horreur.
Tes soldats revoltés menacent ta puissance:
je suis leur chef. Je viens m' offrir à ta vengeance.
Frappe: mais n' étends point ta colere sur eux.
Ils veulent t' arracher à des liens honteux.
Pleins de respect pour toi, ton amour les irrite.
Satisfais le courroux que ma franchise excite;
punis-moi: je ne puis survivre à ton honneur.

Mahomet.
Malheureux! Que prétend ton zéle et ta fureur?
Ne me connois-tu plus? Tu formas ma jeunesse;
tu m' es bien cher: mais si tu combats ma tendresse,
ton trépas est certain.

L' Aga.
Je mourrai: mais du moins,
seigneur, avant ma mort daigne accepter mes soins:
qu' un souple courtisan te trompe et te caresse;
ton ami meurt content, s' il bannit ta foiblesse.
J' ose t' interroger. Que fais-tu dans ces murs?
N' est-il pas dans ta vie assez de jours obscurs?
Jouet d' un vil amour dont le feu te surmonte,
par un plus vil hymen tu veux combler ta honte.
Te dirai-je comment tes ordres rejettés? ...
ah! Que n' as-tu pû voir tes soldats irrités,
s' amasser, s' écrier, se plaindre avec colere?
" hé quoi donc, répetoit le brave janissaire,
quoi, nous l' avons perdu ce sultan redouté,
dont l' exemple échauffoit notre intrépidité?
Quoi, sans pleurer sa mort, faut-il pleurer sa gloire?
Lui, qui du monde entier méditoit la victoire,
qui dans Rome captive, arborant le croissant,
devoit voir à ses pieds l' univers fléchissant,
ce même Mahomet, plein d' une obscure flâme,
languit depuis deux ans aux genoux d' une femme;
et pour elle rompant les loix de ses ayeux,
quoiqu' esclave et chrétienne, il l' épouse à nos yeux! "
ah! Seigneur, tu connois ce que peut l' insolence
d' une armée une fois livrée à la licence,
arme, non point contre eux, mais contre ton amour
arme les sentimens d' un généreux retour.
Vole à ton camp. Ton oeil redoutable et sévere
confondra d' un regard l' orgueilleux janissaire;
ou plûtôt rappellant tes projets oubliés,
souhaite une couronne: elle tombe à tes pieds.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 15:13

Mahomet.
Oui, je la confondrai cette armée insolente,
qui réveille en mon coeur une valeur sanglante;
oui, je le leur rendrai ce sévere empereur:
ils me veulent cruel: qu' ils craignent ma fureur.
L' amour ne me rend point insensible à l' injure.
Mon bras va dans leur sang étouffer le murmure.
Et toi, sors, malheureux.

L' Aga.
Tu m' as promis la mort:
je vais la mériter par un dernier effort.
Dans les bras de l' amour je méconnois mon maître:
puissai-je à sa vengeance enfin le reconnoître!
Que fais-tu dans ces murs? Pourquoi laisser flétrir
ces palmes, ces lauriers, que tu voulois cueillir?
Byzance est sous tes loix: entre dans la carriere,
ouvre les bras, l' Europe y vole tout entiére;
son empire est à toi. Les imprudens chrétiens
s' empressent de briguer l' honneur de tes liens.
Sur le triste occident daigne jetter la vûe;
vois régner sur ses rois la discorde absoluë;
vois ses foibles tyrans détruire avec fureur
les remparts, qui pourroient arrêter ta valeur.
Chrétiens contre chrétiens, quel démon les anime!
Ardens à s' entraîner dans un commun abîme,
le vaincu, le vainqueur, l' un par l' autre pressé,
sous leurs coups mutuels y tombe renversé.
Aveuglés par la haine, aucun d' eux n' examine
qu' en perdant son rival, il hâte sa ruine;
que chaque combattant qu' il ose terrasser,
sont autant d' ennemis qu' il te faudroit percer,
et que de quelque part que panche la victoire,
tout est perte pour eux; tout conspire à ta gloire.
Du poids de ta puissance étouffe leurs discords;
enchaîne au même joug les foibles et les forts.
Tout autre bruit se tait, lorsque la foudre gronde,
tonne sur ces cruels, et rends la paix au monde.
Ce sont-là les projets nobles et glorieux
qui flattoient, mais en vain, nos coeurs ambitieux.
Ce sont-là les projets, qu' une funeste flâme
interrompt, ou plûtôt efface de ton ame.
Ainsi donc l' amour seul arma tes combattans!
Là, se terminent donc tant d' exploits éclatans!
Ainsi donc à travers le fer, le sang, la flâme,
tes voeux impatiens n' ont cherché qu' une femme!
il se jette aux genoux de Mahomet.
tu rougis! Ah! Rends-moi mon auguste empereur.
Que la gloire t' éveille; elle parle à ton coeur;
elle parle à ton coeur, cette gloire immortelle:
tu resistes en vain; ton coeur est fait pour elle.
Oui, malgré ton amour, malgré ses vains transports,
elle y jette, à mes yeux, la honte et les remords.
Vainement, à ses cris, ton ame se refuse:
tu l' entends, Mahomet, et ton trouble t' accuse.
Sous tes coups maintenant puissai-je être immolé,
j' ai le prix de ma mort; la gloire t' a parlé.
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue Empty Re: Tragédie: Jean batiste Sauvé de la Noue

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum