Albert Ferland-Femmes Rêvées
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Albert Ferland-Femmes Rêvées
Femmes Rêvées
Par Albert Ferland
Préface de M. Louis Fréchette
Lauréat de l'Académie française.
Préface
Femmes rêvées, très joli titre, mais encore plus joli sujet. Les rêves,
les femmes! La poésie, la jeunesse! Toutes les sonorités du coeur, tous
les rayonnements de l'intelligence!
En dehors de cela, c'est-à-dire du Beau--sous ses formes les plus
subtiles comme les plus tangibles--et de l'Art qui en est la formule et
la plus sublime manifestation symbolique, qu'est-ce que la vie, sinon la
végétation de la plante ou l'inconsciente croissance du mollusque? Oui,
joli titre, joli sujet, et je puis ajouter: joli petit volume, qui
possède, entre autres qualités, celle d'être modeste comme son auteur,
et sans prétention comme les précédents écrits tombés de la même plume.
Je ne sais si M. Ferland est un sentimental; il doit l'être un peu: tous
les poètes et les fervents de l'Art le sont plus ou moins. Mais il a le
bon esprit, ce dont je ne saurais trop le féliciter, de ne pas exhiber
devant le public les recoins intimes de son être, de son moi--pour me
servir d'une expression en vogue--et de ne pas arrêter les passant par
les basques de leur habit pour leur seriner sur tous les tons la gamme
de ses joies et de ses tristesses.
Il n'appartient pas à cette catégorie de poètes saules-pleureurs qui
semblent ne pouvoir respirer ni soupirer sans servir à tout propos et à
tous venants les fragments avariés de leur coeur rangés sur un plateau
comme des tranches de melons; de ces poètes qui ne peuvent savourer un
moment d'ivresse ni éprouver un accès de chagrin, sans être piqués du
désir d'épancher tout cela dans le sein de la publicité; un de
ces poètes qui ne saurait aimer ni être aimés sans mettre leurs
contemporains dans leurs confidences, afin que nul n'en ignore.
Chacun son goût, mais moi j'ai peu de sympathies pour ces poètes à
consciences déboutonnées, à commencer par Alfred de Musset, qui, lui au
moins, semait du génie dans ses jérémiades d'amoureux déconfit.
Vous avez aimé, la belle affaire! On vous a aimé, la belle histoire!
Vous avez pleuré... Est-ce quelque chose de si rare? et vous croyez-vous
une exception pour cela?
A mon avis, on doit aimer dans l'ombre et pleurer en silence,--surtout
les poètes qui, dit-on, ont le privilège d'aimer te partant de pleurer
plus souvent qu'à leur tour.
M. Ferland a aimé, je n'en doute pas; il a dû pleurer quelquefois, on
n'a pas l'âme d'un artiste sans cela. Mais sa plume est trop discrète
pour nous révéler le mystère de ses intimités. Il connaît trop le
public, du reste--surtout celui de notre époque et de notre pays--pour
s'imaginer un instant qu'on puisse ressusciter...
...n'est plus que le rêve du souvenir, hélas!
Lorsque Zeuxis eut à peindre sa JUNON LACINIENNE, les Agrigentins lui
permirent de choisir pour modèles les plus belles femmes de leur ville.
Elles défilèrent toutes devant lui, et son choix tomba sur cinq d'entre
elles, qu'il fit poser ensemble ou séparément, prenant à chacune la
principale caractéristique de sa beauté propre, et réunissant le tout
dans une seule et même conception idéale, afin d'arriver le plus près
possible de la perfection des formes et des couleurs.
Il en résultat un chef-d'oeuvre qui, bien que détruit depuis des
milliers d'ans, vit encore dans la tradition des siècles et des
générations.
M. Ferland a usé du même procédé: et c'est ce qui fait que tous peuvent
reconnaître dans son oeuvre quelques-uns des traits qu'ils on adorés,
quelques-unes des facettes particulières aux diamants de leur écrin;
que chacun peut retrouver, comme égarées dans ces feuillets, quelques
réminiscences des parfums qu'ont laissés derrière eux les chers et doux
fantômes qui ont illuminé sa vie.
Maintenant, si je me permettais un reproche, je dirais au jeune poète:
«Vous avez célébré la femme dans sa beauté plastique, dans sa beauté
païenne--un peu trop païenne peut-être. J'aimerais, dans vos strophes,
entendre chanter un peu plus clair, un peu plus sonore, cet harmonieux
clavier qui est l'âme de la femme.»
Cela viendra sans doute.
LOUIS FRÉCHETTE.
Par Albert Ferland
Préface de M. Louis Fréchette
Lauréat de l'Académie française.
Préface
Femmes rêvées, très joli titre, mais encore plus joli sujet. Les rêves,
les femmes! La poésie, la jeunesse! Toutes les sonorités du coeur, tous
les rayonnements de l'intelligence!
En dehors de cela, c'est-à-dire du Beau--sous ses formes les plus
subtiles comme les plus tangibles--et de l'Art qui en est la formule et
la plus sublime manifestation symbolique, qu'est-ce que la vie, sinon la
végétation de la plante ou l'inconsciente croissance du mollusque? Oui,
joli titre, joli sujet, et je puis ajouter: joli petit volume, qui
possède, entre autres qualités, celle d'être modeste comme son auteur,
et sans prétention comme les précédents écrits tombés de la même plume.
Je ne sais si M. Ferland est un sentimental; il doit l'être un peu: tous
les poètes et les fervents de l'Art le sont plus ou moins. Mais il a le
bon esprit, ce dont je ne saurais trop le féliciter, de ne pas exhiber
devant le public les recoins intimes de son être, de son moi--pour me
servir d'une expression en vogue--et de ne pas arrêter les passant par
les basques de leur habit pour leur seriner sur tous les tons la gamme
de ses joies et de ses tristesses.
Il n'appartient pas à cette catégorie de poètes saules-pleureurs qui
semblent ne pouvoir respirer ni soupirer sans servir à tout propos et à
tous venants les fragments avariés de leur coeur rangés sur un plateau
comme des tranches de melons; de ces poètes qui ne peuvent savourer un
moment d'ivresse ni éprouver un accès de chagrin, sans être piqués du
désir d'épancher tout cela dans le sein de la publicité; un de
ces poètes qui ne saurait aimer ni être aimés sans mettre leurs
contemporains dans leurs confidences, afin que nul n'en ignore.
Chacun son goût, mais moi j'ai peu de sympathies pour ces poètes à
consciences déboutonnées, à commencer par Alfred de Musset, qui, lui au
moins, semait du génie dans ses jérémiades d'amoureux déconfit.
Vous avez aimé, la belle affaire! On vous a aimé, la belle histoire!
Vous avez pleuré... Est-ce quelque chose de si rare? et vous croyez-vous
une exception pour cela?
A mon avis, on doit aimer dans l'ombre et pleurer en silence,--surtout
les poètes qui, dit-on, ont le privilège d'aimer te partant de pleurer
plus souvent qu'à leur tour.
M. Ferland a aimé, je n'en doute pas; il a dû pleurer quelquefois, on
n'a pas l'âme d'un artiste sans cela. Mais sa plume est trop discrète
pour nous révéler le mystère de ses intimités. Il connaît trop le
public, du reste--surtout celui de notre époque et de notre pays--pour
s'imaginer un instant qu'on puisse ressusciter...
...n'est plus que le rêve du souvenir, hélas!
Lorsque Zeuxis eut à peindre sa JUNON LACINIENNE, les Agrigentins lui
permirent de choisir pour modèles les plus belles femmes de leur ville.
Elles défilèrent toutes devant lui, et son choix tomba sur cinq d'entre
elles, qu'il fit poser ensemble ou séparément, prenant à chacune la
principale caractéristique de sa beauté propre, et réunissant le tout
dans une seule et même conception idéale, afin d'arriver le plus près
possible de la perfection des formes et des couleurs.
Il en résultat un chef-d'oeuvre qui, bien que détruit depuis des
milliers d'ans, vit encore dans la tradition des siècles et des
générations.
M. Ferland a usé du même procédé: et c'est ce qui fait que tous peuvent
reconnaître dans son oeuvre quelques-uns des traits qu'ils on adorés,
quelques-unes des facettes particulières aux diamants de leur écrin;
que chacun peut retrouver, comme égarées dans ces feuillets, quelques
réminiscences des parfums qu'ont laissés derrière eux les chers et doux
fantômes qui ont illuminé sa vie.
Maintenant, si je me permettais un reproche, je dirais au jeune poète:
«Vous avez célébré la femme dans sa beauté plastique, dans sa beauté
païenne--un peu trop païenne peut-être. J'aimerais, dans vos strophes,
entendre chanter un peu plus clair, un peu plus sonore, cet harmonieux
clavier qui est l'âme de la femme.»
Cela viendra sans doute.
LOUIS FRÉCHETTE.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
A la femme
Qu'en tous lieux où l'on s'aime,
Feuillets, un vent vous sème!
Sans trêve et sans retour,
Allez! et que dans l'ombre
Des retraites sans nombre
Où l'on rêve d'amour,
Mélancolique, un jour,
La Femme vous recueille,
Comme une fleur des bois
Qu'un vent d'octobre effeuille
Et fait rouler parfois
Humide et parfumée
Sous les pas de l'aimée.
A. F.
Femmes Rêvées
Qu'en tous lieux où l'on s'aime,
Feuillets, un vent vous sème!
Sans trêve et sans retour,
Allez! et que dans l'ombre
Des retraites sans nombre
Où l'on rêve d'amour,
Mélancolique, un jour,
La Femme vous recueille,
Comme une fleur des bois
Qu'un vent d'octobre effeuille
Et fait rouler parfois
Humide et parfumée
Sous les pas de l'aimée.
A. F.
Femmes Rêvées
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Exaltation
Quant on exalterait les femme d'Occident
Ou des mystérieux royaumes de l'Asie,
Le galbe de l'almée ou le regard ardent
Des filles de Florence et de l'Andalousie,
Quand on exalterait les brunes cancenis
Dont la danse aux palais des radjahs se déroule
Et l'hétaïre hellène immolant à Cypris
Sa parfaite beauté de femme hiérodoule,
Quand on exalterait les grâces de Lia
L'héroïque Judith, Susanne et Madeleine,
Les charmes de Lucrèce et de Marozzia,
La reine de Lemnos ou la princesse Hélène
Je douterais encor qu'un poète ait chanté,
Dans ses heures d'extase et d'amoureuse ivresse,
Une femme du siècle ou de l'antiquité
Plus que toi gracieuse, aimante et charmeresse.
Quant on exalterait les femme d'Occident
Ou des mystérieux royaumes de l'Asie,
Le galbe de l'almée ou le regard ardent
Des filles de Florence et de l'Andalousie,
Quand on exalterait les brunes cancenis
Dont la danse aux palais des radjahs se déroule
Et l'hétaïre hellène immolant à Cypris
Sa parfaite beauté de femme hiérodoule,
Quand on exalterait les grâces de Lia
L'héroïque Judith, Susanne et Madeleine,
Les charmes de Lucrèce et de Marozzia,
La reine de Lemnos ou la princesse Hélène
Je douterais encor qu'un poète ait chanté,
Dans ses heures d'extase et d'amoureuse ivresse,
Une femme du siècle ou de l'antiquité
Plus que toi gracieuse, aimante et charmeresse.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Litanies de la Femme
O toi que l'Eternel forma des chairs de l'homme
Et qui fais tressaillir nos coeurs dès qu'on te nomme
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Souveraine des coeurs et gloire de l'hymen,
Toi dont nous sommes nés, tige du genre humain,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Chef-d'oeuvre du Très-Haut, toi par qui sa féconde
Et sage omnipotence a terminé le monde,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
O toi qui sans unir la force à la fierté,
Sais régner par l'attrait, la grâce et la bonté
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Toi par qui s'accomplit, adorable mystère,
La génération des peuples de la terre,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Toi dont l'amour élève et fait l'homme plus fort
Pour combattre le mal et marcher vers la mort
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
O toi seule qui sais d'un baiser de tes lèvres
Pacifier nos coeurs et tempérer nos fièvres,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Toi qui portes dans l'âme et dans ta chair en feu
Le vestige éclatant du passage de Dieu,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
O toi que l'Eternel forma des chairs de l'homme
Et qui fais tressaillir nos coeurs dès qu'on te nomme
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Souveraine des coeurs et gloire de l'hymen,
Toi dont nous sommes nés, tige du genre humain,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Chef-d'oeuvre du Très-Haut, toi par qui sa féconde
Et sage omnipotence a terminé le monde,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
O toi qui sans unir la force à la fierté,
Sais régner par l'attrait, la grâce et la bonté
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Toi par qui s'accomplit, adorable mystère,
La génération des peuples de la terre,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Toi dont l'amour élève et fait l'homme plus fort
Pour combattre le mal et marcher vers la mort
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
O toi seule qui sais d'un baiser de tes lèvres
Pacifier nos coeurs et tempérer nos fièvres,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Toi qui portes dans l'âme et dans ta chair en feu
Le vestige éclatant du passage de Dieu,
Femme, daigne répondre au noble amour de l'homme!
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
PRIÈRE
O femme, gloire à toi! Qu'en son idolâtrie,
Chacun des fils d'Adam se prosterne et te prie
D'agréer le tribut de sa virilité!
Fais que tout homme aspire à devenir ton prêtre
Et sans cesse altéré des charmes de ton être
Soit à jamais heureux d'exalter ta beauté!
Holocauste
Puisque vous ne sauriez vous lasser, ô mes yeux,
D'admirer la splendeur de sa beauté charnelle,
Subissez à jamais son charme impérieux
Et soyez obsédés des feux de sa prunelle.
Puisqu'il m'est douloureux d'oser, en mon amour,
Vous sevrer du nectar de sa bouche incarnate,
Mes lèvres, brûlez donc de boire chaque jour
Son baiser qui parfume ainsi qu'un aromate.
Puisque en moi s'est accru le désir obsesseur
D'étreindre follement ses mains d'impératrice,
O mes mains, recherchez leur contact enchanteur
Jusqu'à ce que le temps pour toujours les flétrisse.
O femme, gloire à toi! Qu'en son idolâtrie,
Chacun des fils d'Adam se prosterne et te prie
D'agréer le tribut de sa virilité!
Fais que tout homme aspire à devenir ton prêtre
Et sans cesse altéré des charmes de ton être
Soit à jamais heureux d'exalter ta beauté!
Holocauste
Puisque vous ne sauriez vous lasser, ô mes yeux,
D'admirer la splendeur de sa beauté charnelle,
Subissez à jamais son charme impérieux
Et soyez obsédés des feux de sa prunelle.
Puisqu'il m'est douloureux d'oser, en mon amour,
Vous sevrer du nectar de sa bouche incarnate,
Mes lèvres, brûlez donc de boire chaque jour
Son baiser qui parfume ainsi qu'un aromate.
Puisque en moi s'est accru le désir obsesseur
D'étreindre follement ses mains d'impératrice,
O mes mains, recherchez leur contact enchanteur
Jusqu'à ce que le temps pour toujours les flétrisse.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
CHANTS D'AMOUR
Tirés du «Cantique des Cantiques»
ECCLÉSIASTE IX, 7, 10.
Va, mange et bois; parce qu'à Dieu plaisent
tes oeuvres. Qu'en tout temps tes vêtements
soient blancs et que l'huile parfumée
ne manque pas sur ta tête. Jouis de la vie
avec la femme que tu aimes, pendant tous
les jours de ta vie de vanité que Dieu t'a
donné sous le soleil, car il n'y a ni oeuvre,
ni pensée, ni sagesse, dans le séjour des
morts, où tu vas.
Tirés du «Cantique des Cantiques»
ECCLÉSIASTE IX, 7, 10.
Va, mange et bois; parce qu'à Dieu plaisent
tes oeuvres. Qu'en tout temps tes vêtements
soient blancs et que l'huile parfumée
ne manque pas sur ta tête. Jouis de la vie
avec la femme que tu aimes, pendant tous
les jours de ta vie de vanité que Dieu t'a
donné sous le soleil, car il n'y a ni oeuvre,
ni pensée, ni sagesse, dans le séjour des
morts, où tu vas.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Chants d'Amour
I
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Celui que mon coeur aime est un bouquet de myrrhe;
Son baiser dont l'ardeur est celle du midi
Est non moins odorant que le nard de Palmyre
Et meilleur que le sang des vignes d'Eugaddi.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Que ne m'est-il donné d'être à son ombre assise!
Son aspect est pareil à celui de l'Hermon;
Des filles de Sion plus d'une en est éprise;
C'est une huile épandue et rare que son nom.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Admise en ses celliers, j'inclinerai l'amphore,
Et, vous distribuant le nectar des festins,
Je me plairai, joyeuse, à vous redire encore
Que son baiser vainqueur est meilleur que les vins.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Je suis brune et pourtant mon roi m'a comparée
A ses coursiers traînant le char de Pharaon;
Je suis belle à ses yeux, quoique décolorée,
Plus que les pavillons du sage Salomon.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Ne considérez plus que je me sais hâlée,
Dans les flots lumineux qui baignaient les sentiers,
Lorsqu'en mai je m'en suis septante fois allée
Garder ma vigne en fleur au jardin des noyers.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Celui que mon coeur aime est un bouquet de myrrhe;
Son baiser dont l'ardeur est celle du midi
Est non moins odorant que le nard de Palmyre
Et meilleur que le sang des vignes d'Engaddi.
II
Beauté des Epoux
L'ÉPOUX
Vois donc, ma soeur, épouse, ô fontaine scellée,
Comme ton corps est svelte et d'aspect gracieux!
L'ÉPOUSE
Vois donc, ô mon époux, ô lis de la vallée,
Comme en toi toute chose est parfaite à mes yeux!
L'ÉPOUX
Tes cheveux sont pareils à des troupeaux de chèvres
Poursuivant sur les monts leurs chemins coutumiers.
L'ÉPOUSE
La myrrhe, ô bien-aimé, distille de tes lèvres,
Tes cheveux sont pareils aux pousses des palmiers.
L'ÉPOUX
Tes mains qui des couleurs de l'aurore sont teintes
Semblent deux papillons autour de toi volant.
L'ÉPOUSE
Tes mains, faites au tour, sont pleines d'hyacinthes,
Et ta tête superbe est un or excellent.
L'ÉPOUX
Tes yeux dont le regard a blessé ma prunelle
Sont purs comme les flots des vasques d'Hésébon.
L'ÉPOUSE
Tes yeux à qui mon corps chastement se révèle
Sont clairs comme les eaux des puits de Salomon.
FEMMES RÊVÉES
A l'idéal ouvre ton âme,
Mets dans ton coeur beaucoup de ciel,
Aime une nue, aime une femme,
Mais aime!--C'est l'essentiel!
THEOPHILE GAUTHIER
L'Inconnue
Cette femme qui passe au lever de la lune,
Voilée et dont le voile est le jouet du vent,
Cette femme qui passe et se deult sur la dune,
Me disais-je rêvant,
Est-elle une beauté brune, blonde ou châtaine,
Cachant, le coeur ému, sous un voile jaloux,
Des épaules de neige ou des tresses d'ébène,
Ou des yeux andalous?
Vient-elle de l'Attique ou de l'Occitanie,
Du Nil ou de l'Indus, de Rome ou de Paris,
Ou se dit-elle enfant de la Lusitanie
Ou d'un autre pays?
Se nomme-t-elle Ea, Bérénice ou Pauline,
Armide ou Madeleine, Eliane ou Ninon,
Isaure, Iole, Ida Nohémie, Jacqueline,
Ou d'un plus joli nom,
Cette femme qui passe au lever de la lune,
Voilée et dont le voile est le jouet du vent
Cette femme qui passe et se deult sur la dune?
Me disais-je en rêvant...
I
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Celui que mon coeur aime est un bouquet de myrrhe;
Son baiser dont l'ardeur est celle du midi
Est non moins odorant que le nard de Palmyre
Et meilleur que le sang des vignes d'Eugaddi.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Que ne m'est-il donné d'être à son ombre assise!
Son aspect est pareil à celui de l'Hermon;
Des filles de Sion plus d'une en est éprise;
C'est une huile épandue et rare que son nom.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Admise en ses celliers, j'inclinerai l'amphore,
Et, vous distribuant le nectar des festins,
Je me plairai, joyeuse, à vous redire encore
Que son baiser vainqueur est meilleur que les vins.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Je suis brune et pourtant mon roi m'a comparée
A ses coursiers traînant le char de Pharaon;
Je suis belle à ses yeux, quoique décolorée,
Plus que les pavillons du sage Salomon.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Ne considérez plus que je me sais hâlée,
Dans les flots lumineux qui baignaient les sentiers,
Lorsqu'en mai je m'en suis septante fois allée
Garder ma vigne en fleur au jardin des noyers.
LES FILLES DE JÉRUSALEM
Dis-nous, ô jeune femme
Dis-nous ton bien-aimé
L'aimé qui, d'un pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Celui que mon coeur aime est un bouquet de myrrhe;
Son baiser dont l'ardeur est celle du midi
Est non moins odorant que le nard de Palmyre
Et meilleur que le sang des vignes d'Engaddi.
II
Beauté des Epoux
L'ÉPOUX
Vois donc, ma soeur, épouse, ô fontaine scellée,
Comme ton corps est svelte et d'aspect gracieux!
L'ÉPOUSE
Vois donc, ô mon époux, ô lis de la vallée,
Comme en toi toute chose est parfaite à mes yeux!
L'ÉPOUX
Tes cheveux sont pareils à des troupeaux de chèvres
Poursuivant sur les monts leurs chemins coutumiers.
L'ÉPOUSE
La myrrhe, ô bien-aimé, distille de tes lèvres,
Tes cheveux sont pareils aux pousses des palmiers.
L'ÉPOUX
Tes mains qui des couleurs de l'aurore sont teintes
Semblent deux papillons autour de toi volant.
L'ÉPOUSE
Tes mains, faites au tour, sont pleines d'hyacinthes,
Et ta tête superbe est un or excellent.
L'ÉPOUX
Tes yeux dont le regard a blessé ma prunelle
Sont purs comme les flots des vasques d'Hésébon.
L'ÉPOUSE
Tes yeux à qui mon corps chastement se révèle
Sont clairs comme les eaux des puits de Salomon.
FEMMES RÊVÉES
A l'idéal ouvre ton âme,
Mets dans ton coeur beaucoup de ciel,
Aime une nue, aime une femme,
Mais aime!--C'est l'essentiel!
THEOPHILE GAUTHIER
L'Inconnue
Cette femme qui passe au lever de la lune,
Voilée et dont le voile est le jouet du vent,
Cette femme qui passe et se deult sur la dune,
Me disais-je rêvant,
Est-elle une beauté brune, blonde ou châtaine,
Cachant, le coeur ému, sous un voile jaloux,
Des épaules de neige ou des tresses d'ébène,
Ou des yeux andalous?
Vient-elle de l'Attique ou de l'Occitanie,
Du Nil ou de l'Indus, de Rome ou de Paris,
Ou se dit-elle enfant de la Lusitanie
Ou d'un autre pays?
Se nomme-t-elle Ea, Bérénice ou Pauline,
Armide ou Madeleine, Eliane ou Ninon,
Isaure, Iole, Ida Nohémie, Jacqueline,
Ou d'un plus joli nom,
Cette femme qui passe au lever de la lune,
Voilée et dont le voile est le jouet du vent
Cette femme qui passe et se deult sur la dune?
Me disais-je en rêvant...
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Rêve
Les cheveux flottants et la gorge nue,
Au sein d'un val où j'étais seul,
Une femme est venue
Calme, en traversant l'ombre d'un tilleul,
Elle s'embellit d'un sourire
Quand elle me vit seul,
Et, parfumant l'air d'une odeur de myrrhe,
Elle vint s'asseoir près de moi
Ne cessant de sourire.
Puis elle m'offrit, vibrante d'émoi,
Le baiser de sa lèvre rose,
En s'inclinant sur moi,
Les cheveux flottants, la bouche mi-close.
Les cheveux flottants et la gorge nue,
Au sein d'un val où j'étais seul,
Une femme est venue
Calme, en traversant l'ombre d'un tilleul,
Elle s'embellit d'un sourire
Quand elle me vit seul,
Et, parfumant l'air d'une odeur de myrrhe,
Elle vint s'asseoir près de moi
Ne cessant de sourire.
Puis elle m'offrit, vibrante d'émoi,
Le baiser de sa lèvre rose,
En s'inclinant sur moi,
Les cheveux flottants, la bouche mi-close.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
La Chasseresse
J'aime à fantasier la sereine beauté
De cette virginale et blonde chasseresse
Que, telle qu'aux accents d'un sylvain redouté
Fuyaient dans les roseaux les nymphes en détresse,
En me voyant, furtif, près d'elle, en tapinois,
Oeillader sa démarche altière, s'est enfuie
Adorablement belle, à travers les grands bois,
Un jour que le soleil souriait dans la pluie.
J'aime à fantasier la sereine beauté
De cette virginale et blonde chasseresse
Que, telle qu'aux accents d'un sylvain redouté
Fuyaient dans les roseaux les nymphes en détresse,
En me voyant, furtif, près d'elle, en tapinois,
Oeillader sa démarche altière, s'est enfuie
Adorablement belle, à travers les grands bois,
Un jour que le soleil souriait dans la pluie.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Chant des Pleureuses
Ayons comme les jours de la triste saison
Nos heures de soleil et de mélancolie;
Autant qu'il nous est doux de rire à la folie,
Qu'il nous plaise parfois de pleurer sans raison.
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons, loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme ils tombent en pluie!
Qu'il est plaisant de voir, ainsi que brusquement
S'ensoleille en avril l'azur après l'ondée,
Une pleureuse encor de larmes inondée
S'illuminer soudain d'un sourire charmant!
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons, loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme ils tombent en pluie!
Dolentes et les yeux empreints de nonchaloir
Sachons parfois, ainsi qu'à l'ombre des platanes
Le coeur alangouri soupirent les sultanes,
Même au doux mois des fleurs gémir et nous doloir.
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons, loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme ils tombent en pluie!
Ayons comme les jours de la triste saison
Nos heures de soleil et de mélancolie;
Autant qu'il nous est doux de rire à la folie,
Qu'il nous plaise parfois de pleurer sans raison.
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons, loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme ils tombent en pluie!
Qu'il est plaisant de voir, ainsi que brusquement
S'ensoleille en avril l'azur après l'ondée,
Une pleureuse encor de larmes inondée
S'illuminer soudain d'un sourire charmant!
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons, loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme ils tombent en pluie!
Dolentes et les yeux empreints de nonchaloir
Sachons parfois, ainsi qu'à l'ombre des platanes
Le coeur alangouri soupirent les sultanes,
Même au doux mois des fleurs gémir et nous doloir.
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons, loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme ils tombent en pluie!
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Albert Ferland-Mélodies poétiques
Albert Ferland 1872-1943.
Mélodies poétiques.
Origine: Pierre J. Bédard, Montréal Imprimeur-relieur, 1893
Préface
Je viens de parcourir une partie des Mélodies poétiques
qui composent ce volume, cette lecture m'a procuré de bien
douces émotions.
Ce que je viens de dire là me dispense d'ajouter que le
souffle poétique anime les pages rythmées de ce charmant
recueil de poésies.
M. Ferland est dans sa vingtième année. C'est l'âge des
chauds enthousiasmes et des sentimentales illusions si
favorables à l'éclosion du talent poétique. Mais il a encore
mieux que cela. Ses vers sont parfois d'une ampleur et ses
envolées d'une envergure qui dénotent chez lui un talent
sérieux mûri avant l'âge.
Bien entendu, son ouvrage n'est pas un chef-d'oeuvre. La
forme du vers laisse parfois quelque peu à désirer. Ce ne sont
pas précisément des fautes contre les règles de la
versification; mais on trouve, rarement par bonheur, dans son
livre, certains vers qui déparent le reste.
Nul doute que, lorsque son goût aura été épuré par
l'expérience, il évitera avec soin ces fautes légères et peu
nombreuses qui, chez les poètes arrivés à la célébrité
passeraient pour de simples négligences, mais que des
censeurs peu indulgents ne voudront peut-être pas tolérer
chez un débutant.
Alors son vers, uniformément majestueux, énonçant
toujours en style noble les hautes conceptions qui hantent son
âme de poète, fera l'admiration de tous les amateurs de
grande et sérieuse poésie.
Je lui conseille de persister à fréquenter les Muses qui
semblent le traiter en enfant gâté. Elles l'ont trop bien inspiré
dès son début pour ne pas continuer à lui prodiguer leurs
faveurs.
Les poètes ne font pas fortune, en Canada encore moins
qu'ailleurs. Ce n'est pas pour s'enrichir que l'on fait des vers.
C'est pour répéter aux rares mortels qui se hasardent parfois
à nous lire, les belles choses que des voix célestes font
entendre à notre âme, et qui s'expriment bien mieux dans le
langage des dieux que dans le prosaïque jargon du
commerce.
Lorsqu'on peut faire des vers comme ceux de M. Ferland,
on a le droit d'être fier de son talent, et c'est un devoir de le
cultiver afin de faire partager au public les sentiments qui
agitent le coeur, les idées qui bouillonnent dans le cerveau de
cette espèce de sensitive vulgairement connue sous le nom de
poète. Rémi Tremblay.
Mélodies poétiques.
Origine: Pierre J. Bédard, Montréal Imprimeur-relieur, 1893
Préface
Je viens de parcourir une partie des Mélodies poétiques
qui composent ce volume, cette lecture m'a procuré de bien
douces émotions.
Ce que je viens de dire là me dispense d'ajouter que le
souffle poétique anime les pages rythmées de ce charmant
recueil de poésies.
M. Ferland est dans sa vingtième année. C'est l'âge des
chauds enthousiasmes et des sentimentales illusions si
favorables à l'éclosion du talent poétique. Mais il a encore
mieux que cela. Ses vers sont parfois d'une ampleur et ses
envolées d'une envergure qui dénotent chez lui un talent
sérieux mûri avant l'âge.
Bien entendu, son ouvrage n'est pas un chef-d'oeuvre. La
forme du vers laisse parfois quelque peu à désirer. Ce ne sont
pas précisément des fautes contre les règles de la
versification; mais on trouve, rarement par bonheur, dans son
livre, certains vers qui déparent le reste.
Nul doute que, lorsque son goût aura été épuré par
l'expérience, il évitera avec soin ces fautes légères et peu
nombreuses qui, chez les poètes arrivés à la célébrité
passeraient pour de simples négligences, mais que des
censeurs peu indulgents ne voudront peut-être pas tolérer
chez un débutant.
Alors son vers, uniformément majestueux, énonçant
toujours en style noble les hautes conceptions qui hantent son
âme de poète, fera l'admiration de tous les amateurs de
grande et sérieuse poésie.
Je lui conseille de persister à fréquenter les Muses qui
semblent le traiter en enfant gâté. Elles l'ont trop bien inspiré
dès son début pour ne pas continuer à lui prodiguer leurs
faveurs.
Les poètes ne font pas fortune, en Canada encore moins
qu'ailleurs. Ce n'est pas pour s'enrichir que l'on fait des vers.
C'est pour répéter aux rares mortels qui se hasardent parfois
à nous lire, les belles choses que des voix célestes font
entendre à notre âme, et qui s'expriment bien mieux dans le
langage des dieux que dans le prosaïque jargon du
commerce.
Lorsqu'on peut faire des vers comme ceux de M. Ferland,
on a le droit d'être fier de son talent, et c'est un devoir de le
cultiver afin de faire partager au public les sentiments qui
agitent le coeur, les idées qui bouillonnent dans le cerveau de
cette espèce de sensitive vulgairement connue sous le nom de
poète. Rémi Tremblay.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Vers l'idéal
Les astres dans les cieux ou
L'idée de la grandeur de Dieu.
C'est une belle nuit à l'aspect grandiose,
Elle efface à nos yeux tout être et toute chose,
Et, comme dans leur flux les vastes océans,
Inonde les coteaux, gravit les pics géants,
Sème au fond des lointains le vague et le mystère,
Fait trembler les contours et douter la lumière,
Dissimule, enveloppe, en harmonisant tout,
Les rivages couchés avec les monts debout.
Son ombre déployée, ainsi qu'un large voile,
Se pare à chaque instant sous un regard d'étoile,
Et, ravivant l'éther qui paraissait terni,
De soleils escortée, elle atteint l'infini.
C'est un spectacle auguste, imposant, formidable,
Que voir l'embrasement de l'incommensurable,
Abîme rayonnant sous le regard de Dieu!
Vaste temple d'azur sans bornes sans milieu,
Au dôme immensément déployé comme une aile,
Où la nuit accomplit sa marche solennelle,
Epanche le sommeil aux bons comme aux pervers,
Et fait taire la voix du superbe univers!
Oh! la nuit Jéhovah fait briller sa puissance,
Et frappe plus les cieux de sa magnificence!
Il me semble le voir, majestueusement,
Entr'ouvrir l'infini sous ses yeux flamboyant,
Faire un geste aux soleils, ces rois de la lumière,
Dans son souffle vibrant comme un peu de poussière.
Il leur dit: « Suivez-moi. » Puis le grand Jéhovah,
Radieux, disparaît et par l'éther s'en va.
Aussitôt à sa voix, pressés, plus innombrables
Que tous les embryons, les limons et les sables
Que les fleuves, les mers, durant les siècles lourds,
Emportent dans leur lit en poursuivant leur cours,
Les astres, les soleils et les sphères ardentes
S'avancent dans l'espace en troupes éclatantes.
Jéhovah dit toujours: « Montez, montez plus haut. »
Et les mondes, tremblant dans l'ombre du Très-Haut,
Vertigineusement dévorent l'étendue,
Et, d'abîme en abîme en leur course éperdue,
Comme avides d'espace et de cieux plus profonds,
Ils enfoncent plus loin leurs brûlants escadrons,
Franchissent les confins de l'espace visible,
Gravissent ce que l'oeil nomme l'imperceptible,
Et, toujours poursuivant l'ombre immense de Dieu,
Frappent de l'infini les arcades de feu,
Escaladent, ravis, les grands degrés de l'être,
Pour faire, en vieillissant, qu'un seul pas de leur Maître.
Mondes, vous êtes grands devant les yeux de l'homme,
Qui semble auprès de vous qu'un misérable atome,
Vous êtes cependant sous l'oeil de l'Éternel
Plus petits qu'un ciron près d'un faible mortel.
Le Seigneur vous a dit: « Mes soleils et mes mondes,
Par le prolongement de ces plaines profondes,
Gravissez sous mes pas les beaux et vastes cieux,
Où je mis l'infini pour éclipser aux yeux
Les abords embrasés de mes larges royaumes;
Gravitez dans mon souffle ainsi que des atomes. »
Dieu parla. Puis soudain les cieux se sont émus,
S'ouvrirent à sa voix et l'on ne le vit plus.
Cependant l'Éternel, le Dieu trois fois terrible,
N'a commencé qu'un pas derrière l'invisible.
Et vous, astres de feu, vous, mondes enflammés
Qu'un seul mot de sa voix a dans le ciel semés,
Vous l'avez moins suivi que les folles poussières
Suivent la jeune enfant dans ses courses légères!
Les astres dans les cieux ou
L'idée de la grandeur de Dieu.
C'est une belle nuit à l'aspect grandiose,
Elle efface à nos yeux tout être et toute chose,
Et, comme dans leur flux les vastes océans,
Inonde les coteaux, gravit les pics géants,
Sème au fond des lointains le vague et le mystère,
Fait trembler les contours et douter la lumière,
Dissimule, enveloppe, en harmonisant tout,
Les rivages couchés avec les monts debout.
Son ombre déployée, ainsi qu'un large voile,
Se pare à chaque instant sous un regard d'étoile,
Et, ravivant l'éther qui paraissait terni,
De soleils escortée, elle atteint l'infini.
C'est un spectacle auguste, imposant, formidable,
Que voir l'embrasement de l'incommensurable,
Abîme rayonnant sous le regard de Dieu!
Vaste temple d'azur sans bornes sans milieu,
Au dôme immensément déployé comme une aile,
Où la nuit accomplit sa marche solennelle,
Epanche le sommeil aux bons comme aux pervers,
Et fait taire la voix du superbe univers!
Oh! la nuit Jéhovah fait briller sa puissance,
Et frappe plus les cieux de sa magnificence!
Il me semble le voir, majestueusement,
Entr'ouvrir l'infini sous ses yeux flamboyant,
Faire un geste aux soleils, ces rois de la lumière,
Dans son souffle vibrant comme un peu de poussière.
Il leur dit: « Suivez-moi. » Puis le grand Jéhovah,
Radieux, disparaît et par l'éther s'en va.
Aussitôt à sa voix, pressés, plus innombrables
Que tous les embryons, les limons et les sables
Que les fleuves, les mers, durant les siècles lourds,
Emportent dans leur lit en poursuivant leur cours,
Les astres, les soleils et les sphères ardentes
S'avancent dans l'espace en troupes éclatantes.
Jéhovah dit toujours: « Montez, montez plus haut. »
Et les mondes, tremblant dans l'ombre du Très-Haut,
Vertigineusement dévorent l'étendue,
Et, d'abîme en abîme en leur course éperdue,
Comme avides d'espace et de cieux plus profonds,
Ils enfoncent plus loin leurs brûlants escadrons,
Franchissent les confins de l'espace visible,
Gravissent ce que l'oeil nomme l'imperceptible,
Et, toujours poursuivant l'ombre immense de Dieu,
Frappent de l'infini les arcades de feu,
Escaladent, ravis, les grands degrés de l'être,
Pour faire, en vieillissant, qu'un seul pas de leur Maître.
Mondes, vous êtes grands devant les yeux de l'homme,
Qui semble auprès de vous qu'un misérable atome,
Vous êtes cependant sous l'oeil de l'Éternel
Plus petits qu'un ciron près d'un faible mortel.
Le Seigneur vous a dit: « Mes soleils et mes mondes,
Par le prolongement de ces plaines profondes,
Gravissez sous mes pas les beaux et vastes cieux,
Où je mis l'infini pour éclipser aux yeux
Les abords embrasés de mes larges royaumes;
Gravitez dans mon souffle ainsi que des atomes. »
Dieu parla. Puis soudain les cieux se sont émus,
S'ouvrirent à sa voix et l'on ne le vit plus.
Cependant l'Éternel, le Dieu trois fois terrible,
N'a commencé qu'un pas derrière l'invisible.
Et vous, astres de feu, vous, mondes enflammés
Qu'un seul mot de sa voix a dans le ciel semés,
Vous l'avez moins suivi que les folles poussières
Suivent la jeune enfant dans ses courses légères!
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Au ciel
À M J. N. Ferland, ptre.
Si, comme la fumée errante,
Que l'on aime à voir devenir
Plus volage et plus transparente
Sous les caresses du zéphyr,
Si, comme la perle brillante
Dont on vit l'aurore embellir
Le cou de la timide plante,
Où le rayon vint la cueillir,
Si, comme l'oiseau de la grève,
Tu veux que vers toi je m'élève,
Abaisse l'azur jusqu'à moi,
Pour que dans ses franges si belles
Je puisse découper les ailes
Qu'il me faut pour voler vers toi.
À M J. N. Ferland, ptre.
Si, comme la fumée errante,
Que l'on aime à voir devenir
Plus volage et plus transparente
Sous les caresses du zéphyr,
Si, comme la perle brillante
Dont on vit l'aurore embellir
Le cou de la timide plante,
Où le rayon vint la cueillir,
Si, comme l'oiseau de la grève,
Tu veux que vers toi je m'élève,
Abaisse l'azur jusqu'à moi,
Pour que dans ses franges si belles
Je puisse découper les ailes
Qu'il me faut pour voler vers toi.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Croquis et pastels
Mignonnette
À E. Z. Massicotte.
Qu'elle est gentille et qu'on l'admire
Cette blonde aux airs gracieux!
Son oeil, où son âme se mire,
Semble un tout petit coin des cieux.
Elle n'a nul penser morose,
Son coeur est gai comme un matin,
Dans sa mignonne bouche rose
Gazouille un doux ris argentin.
Oh! quelle grâce brille en elle!
Partout ses charmes sont vainqueurs,
Et le seul feu de sa prunelle
Pourrait lui gagner mille coeurs!
Mignonnette
À E. Z. Massicotte.
Qu'elle est gentille et qu'on l'admire
Cette blonde aux airs gracieux!
Son oeil, où son âme se mire,
Semble un tout petit coin des cieux.
Elle n'a nul penser morose,
Son coeur est gai comme un matin,
Dans sa mignonne bouche rose
Gazouille un doux ris argentin.
Oh! quelle grâce brille en elle!
Partout ses charmes sont vainqueurs,
Et le seul feu de sa prunelle
Pourrait lui gagner mille coeurs!
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Désirs enfantins
Laisse-nous donc aller sur le charmant rivage,
Où l'on voit miroiter de gracieux cailloux,
Que l'onde harmonieuse a su rendre si doux
En les grondant si fort durant l'horrible orage.
Nous ferons des sillons dans les beaux sables mous,
Et, regardant les flots s'incliner sur la plage,
Nous laisserons le vent, qui berce le feuillage,
Caresser mollement nos chers petits joujoux.
Puis lorsque, fatigué d'éclairer la campagne,
Le soleil descendra derrière la montagne,
Et semblera nous dire: « Adieu, mes bons enfants, »
Joyeux, nous reviendrons à notre humble chaumière,
En apportant des fruits et quelques fleurs des champs
Pour te récompenser, ô douce et tendre mère.
Laisse-nous donc aller sur le charmant rivage,
Où l'on voit miroiter de gracieux cailloux,
Que l'onde harmonieuse a su rendre si doux
En les grondant si fort durant l'horrible orage.
Nous ferons des sillons dans les beaux sables mous,
Et, regardant les flots s'incliner sur la plage,
Nous laisserons le vent, qui berce le feuillage,
Caresser mollement nos chers petits joujoux.
Puis lorsque, fatigué d'éclairer la campagne,
Le soleil descendra derrière la montagne,
Et semblera nous dire: « Adieu, mes bons enfants, »
Joyeux, nous reviendrons à notre humble chaumière,
En apportant des fruits et quelques fleurs des champs
Pour te récompenser, ô douce et tendre mère.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
L'aurore
Romance (musique de M. Desmarais)
À madame Hudon.
L'aurore semble nous sourire
Dans le vague des horizons,
Radieuse, elle fait reluire
Mille perles sur les gazons.
À son aspect l'eau jaillissante
Reflète sa douce splendeur,
Et moi, l'âme reconnaissante,
J'adresse une hymne au Créateur.
Elle sème dans l'azur pâle
Les frissons du reflet mourant,
Et brode ses rayons d'opale
Sur la robe du firmament.
Ravi par sa clarté naissante
Le nid tressaille de bonheur,
Et moi, l'âme reconnaissante,
J'adresse une hymne au Créateur.
Dans les plis de la nappe humide,
Miroir où brillent les yeux bleus
De plus d'une vierge timide,
Elle mire ses faibles feux.
En la contemplant l'oiseau chante,
Le papillon vole à la fleur,
Et moi, l'âme reconnaissante,
J'adresse une hymne au Créateur.
Romance (musique de M. Desmarais)
À madame Hudon.
L'aurore semble nous sourire
Dans le vague des horizons,
Radieuse, elle fait reluire
Mille perles sur les gazons.
À son aspect l'eau jaillissante
Reflète sa douce splendeur,
Et moi, l'âme reconnaissante,
J'adresse une hymne au Créateur.
Elle sème dans l'azur pâle
Les frissons du reflet mourant,
Et brode ses rayons d'opale
Sur la robe du firmament.
Ravi par sa clarté naissante
Le nid tressaille de bonheur,
Et moi, l'âme reconnaissante,
J'adresse une hymne au Créateur.
Dans les plis de la nappe humide,
Miroir où brillent les yeux bleus
De plus d'une vierge timide,
Elle mire ses faibles feux.
En la contemplant l'oiseau chante,
Le papillon vole à la fleur,
Et moi, l'âme reconnaissante,
J'adresse une hymne au Créateur.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Hymne matinal
C'est le printemps, ma douce bien-aimée,
L'astre du jour s'élève à l'horizon,
Et l'oiselet caché dans la ramée,
En sons joyeux, égrène sa chanson.
Tout nous invite à nous ravir, ma chère,
Tout nous convie à nous charmer le coeur:
Chantons, chantons l'aurore printanière,
Ouvrons nos coeurs à l'espoir, au bonheur.
Le jour au loin sème ses rayons pâles;
Mille reflets s'harmonisent aux cieux;
Le nid tressaille aux clartés matinales
Et de partout monte un chant radieux.
Les papillons glissent dans la lumière;
Les doux zéphyrs vont caresser la fleur.
Chantons, chantons l'aurore printanière,
Ouvrons nos coeurs à l'espoir, au bonheur.
C'est le printemps, ma douce bien-aimée,
L'astre du jour s'élève à l'horizon,
Et l'oiselet caché dans la ramée,
En sons joyeux, égrène sa chanson.
Tout nous invite à nous ravir, ma chère,
Tout nous convie à nous charmer le coeur:
Chantons, chantons l'aurore printanière,
Ouvrons nos coeurs à l'espoir, au bonheur.
Le jour au loin sème ses rayons pâles;
Mille reflets s'harmonisent aux cieux;
Le nid tressaille aux clartés matinales
Et de partout monte un chant radieux.
Les papillons glissent dans la lumière;
Les doux zéphyrs vont caresser la fleur.
Chantons, chantons l'aurore printanière,
Ouvrons nos coeurs à l'espoir, au bonheur.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
La débâcle
Le fleuve dans son lit ne voulant plus dormir,
Comme un jeune coursier frappé d'un coup de lance,
Terrible, impétueux, se redresse et s'élance,
En rugissant si fort qu'il nous fait tous frémir.
Tandis que sur la rive on le voit rebondir,
Et qu'il semble agiter quelque crinière immense,
En tordant ses noirs flots dans sa sombre démence,
On entend par les cieux mille échos l'applaudir.
La glace avec fracas se brise, s'amoncelle.
Forme un mont palpitant dont le sommet chancelle
Et plonge dans l'abîme en frissonnant d'horreur.
À le voir élever cette cime si fière
On dirait qu'il lui faut des volcans le cratère,
Pour épancher comme eux sa sublime fureur.
Le fleuve dans son lit ne voulant plus dormir,
Comme un jeune coursier frappé d'un coup de lance,
Terrible, impétueux, se redresse et s'élance,
En rugissant si fort qu'il nous fait tous frémir.
Tandis que sur la rive on le voit rebondir,
Et qu'il semble agiter quelque crinière immense,
En tordant ses noirs flots dans sa sombre démence,
On entend par les cieux mille échos l'applaudir.
La glace avec fracas se brise, s'amoncelle.
Forme un mont palpitant dont le sommet chancelle
Et plonge dans l'abîme en frissonnant d'horreur.
À le voir élever cette cime si fière
On dirait qu'il lui faut des volcans le cratère,
Pour épancher comme eux sa sublime fureur.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Fantaisies
La clochette
Clochette
D'argent,
Va, jette
Souvent
Ta note,
Qui trotte
Et flotte
Gaîment.
Résonne
Longtemps
Entonne
Tes chants,
Qu' entraîne
L'haleine
Sereine
Des vents.
Tu mêles
Tes voix,
Si grêles
Parfois,
À celles
Des belles
Donzelles
Aux bois.
Quand vole
Ton bruit
Frivole
La nuit,
Zéphyre
Soupire,
Ma lyre
Frémit.
La clochette
Clochette
D'argent,
Va, jette
Souvent
Ta note,
Qui trotte
Et flotte
Gaîment.
Résonne
Longtemps
Entonne
Tes chants,
Qu' entraîne
L'haleine
Sereine
Des vents.
Tu mêles
Tes voix,
Si grêles
Parfois,
À celles
Des belles
Donzelles
Aux bois.
Quand vole
Ton bruit
Frivole
La nuit,
Zéphyre
Soupire,
Ma lyre
Frémit.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
La bulle de savon
Vole, sphère
Qu'un enfant
Vient de faire
En jouant!
Que l'haleine
D'un vent doux
Te promène
Sans courroux!
De la rive
Où je suis,
Fugitive,
Tu t'enfuis,
Comme un rire
Vif et clair
Dont zéphyre
Remplit l'air
Va donc! bulle
De savon
Beau globule
Si mignon!
Dans l'espace
J'aime à voir
Ta surface
Se mouvoir.
Frémissante
Comme l'eau
Jailli saute
D'un ruisseau,
Tu reflètes
Dans les feux
Que tu jettes
Les cieux bleus.
Vole, ô sphère!
Qu'un enfant
Vient de faire
En jouant!
Que l'haleine
D'un vent doux
Te promène
Sans couroux!
Le cerf-volant
Qu'il s'envole
Mon charmant
Et frivole
Cerf-volant,
Que l'haleine
Du zéphyr
Fait sans peine
Tressaillir!
Dans l'espace,
Où, gaîment,
L'oiseau passe
En chantant,
Il s'élève
Plus léger
Que le rêve
Mensonger.
Sur la plage
On vient voir
Son image
Se mouvoir
Dans l'eau pure
Du grand lac,
Qui murmure
Sous le bac.
Plus charmante
Que les fleurs
Et riante
Quoique en pleurs,
Cette aurore
De ses feux
Le décore
Dans les cieux.
Oh! qu'il vole
Mon charmant
Et frivole
Cerf-volant,
Que l'haleine
Du zéphyr
Fait sans peine
Tressaillir!
Vole, sphère
Qu'un enfant
Vient de faire
En jouant!
Que l'haleine
D'un vent doux
Te promène
Sans courroux!
De la rive
Où je suis,
Fugitive,
Tu t'enfuis,
Comme un rire
Vif et clair
Dont zéphyre
Remplit l'air
Va donc! bulle
De savon
Beau globule
Si mignon!
Dans l'espace
J'aime à voir
Ta surface
Se mouvoir.
Frémissante
Comme l'eau
Jailli saute
D'un ruisseau,
Tu reflètes
Dans les feux
Que tu jettes
Les cieux bleus.
Vole, ô sphère!
Qu'un enfant
Vient de faire
En jouant!
Que l'haleine
D'un vent doux
Te promène
Sans couroux!
Le cerf-volant
Qu'il s'envole
Mon charmant
Et frivole
Cerf-volant,
Que l'haleine
Du zéphyr
Fait sans peine
Tressaillir!
Dans l'espace,
Où, gaîment,
L'oiseau passe
En chantant,
Il s'élève
Plus léger
Que le rêve
Mensonger.
Sur la plage
On vient voir
Son image
Se mouvoir
Dans l'eau pure
Du grand lac,
Qui murmure
Sous le bac.
Plus charmante
Que les fleurs
Et riante
Quoique en pleurs,
Cette aurore
De ses feux
Le décore
Dans les cieux.
Oh! qu'il vole
Mon charmant
Et frivole
Cerf-volant,
Que l'haleine
Du zéphyr
Fait sans peine
Tressaillir!
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
L'aïeul et l'enfant
«Couche-toi, mon enfant! C'est l'heure où la nuit sombre
Voit la chauve-souris tournoyer dans son ombre,
Comme un pâle lambeau dans le sein des remous.
Au fond de la forêt et sur le noir rivage,
D'avides chats-huants mêlent leur voix sauvage
Aux formidables cris des lugubres hiboux.
«Les corbeaux croassent au milieu des ténèbres,
Où leurs chants sont redits par mille échos funèbres,
Répandent dans les bois l'épouvante et l'horreur.
À leur sinistre aspect, croyant que leur plumage
De l'ombre de la mort est l'effroyable image,
Les passants effarés frissonnent de terreur.
«Un vert livide au front, drapés dans leur suaire,
Les morts, sous les cyprès de l'obscur cimetière,
Poursuivent, l'oeil hagard, un joyeux feu-follet,
Qui sortit d'une tombe en emportant leurs âmes
Dans les plis lumineux de sa robe de flammes,
Dont l'éclat sur les eaux brode un léger reflet.
«Des sylphes, des lutins, des goules, des fantômes
Suivis par les follets, les ondines, les gnomes,
Vont gaîment explorer les gouffres de l'enfer.
Le démon qui les guide est un dragon horrible;
Son regard est farouche et sa voix est terrible;
Il a des pieds fourchus armés d'ongles de fer.
«Les loups-garous velus sur les monts, dans la plaine,
Passent, vagues aux yeux, comme une ombre incertaine,
Et le gai farfadet danse au bord des marais,
Le griffon plane au loin en gobant les étoiles
Qu'on voit tomber du ciel à travers les noirs voiles,
Qui cachent les splendeurs des ombreuses forêts.
«Les esprits tapageurs que Lucifer rassemble,
A sa voix, vont bientôt danser, hurler ensemble,
En tournoyant autour d'un immense chaudron,
Où bouillonne à grand bruit un horrible mélange
De venin de crapauds, de bitume, de fange,
De lave de volcan et de sang de dragon.
«Oh! si dans leur fureur les loups de la montagne,
Qui, les yeux flamboyants, parcourent la campagne,
Venaient de ton sang pur rougir leurs longues dents!
Si le vampire errant, ce monstre fantastique,
Qui naquit dans le sein de quelque tombe antique,
T'emportait dans la fosse où résonnent ses chants!
« Mon enfant, va dormir, écoute ton grand'père!
De peur qu'un noir sorcier n'entre dans la chaumière,
Afin de rallumer ses grotesques flambeaux,
Ou qu'un vieux nécromant, dans sa ronde nocturne,
Ne vienne, accompagné de son chien taciturne,
Pour te faire priser la poudre des tombeaux. »
Comme il disait ces mots, sous l'effort de l'orage,
Qui dans la nuit grondait, rugissait, faisait rage,
L'aïeul vit sur ses gonds le contrevent frémir;
Et le petit enfant qu'envahissait la crainte,
De quelque revenant croyant ouïr la plainte,
S'enfuit, pâle, éperdu, vers son lit pour dormir.
«Couche-toi, mon enfant! C'est l'heure où la nuit sombre
Voit la chauve-souris tournoyer dans son ombre,
Comme un pâle lambeau dans le sein des remous.
Au fond de la forêt et sur le noir rivage,
D'avides chats-huants mêlent leur voix sauvage
Aux formidables cris des lugubres hiboux.
«Les corbeaux croassent au milieu des ténèbres,
Où leurs chants sont redits par mille échos funèbres,
Répandent dans les bois l'épouvante et l'horreur.
À leur sinistre aspect, croyant que leur plumage
De l'ombre de la mort est l'effroyable image,
Les passants effarés frissonnent de terreur.
«Un vert livide au front, drapés dans leur suaire,
Les morts, sous les cyprès de l'obscur cimetière,
Poursuivent, l'oeil hagard, un joyeux feu-follet,
Qui sortit d'une tombe en emportant leurs âmes
Dans les plis lumineux de sa robe de flammes,
Dont l'éclat sur les eaux brode un léger reflet.
«Des sylphes, des lutins, des goules, des fantômes
Suivis par les follets, les ondines, les gnomes,
Vont gaîment explorer les gouffres de l'enfer.
Le démon qui les guide est un dragon horrible;
Son regard est farouche et sa voix est terrible;
Il a des pieds fourchus armés d'ongles de fer.
«Les loups-garous velus sur les monts, dans la plaine,
Passent, vagues aux yeux, comme une ombre incertaine,
Et le gai farfadet danse au bord des marais,
Le griffon plane au loin en gobant les étoiles
Qu'on voit tomber du ciel à travers les noirs voiles,
Qui cachent les splendeurs des ombreuses forêts.
«Les esprits tapageurs que Lucifer rassemble,
A sa voix, vont bientôt danser, hurler ensemble,
En tournoyant autour d'un immense chaudron,
Où bouillonne à grand bruit un horrible mélange
De venin de crapauds, de bitume, de fange,
De lave de volcan et de sang de dragon.
«Oh! si dans leur fureur les loups de la montagne,
Qui, les yeux flamboyants, parcourent la campagne,
Venaient de ton sang pur rougir leurs longues dents!
Si le vampire errant, ce monstre fantastique,
Qui naquit dans le sein de quelque tombe antique,
T'emportait dans la fosse où résonnent ses chants!
« Mon enfant, va dormir, écoute ton grand'père!
De peur qu'un noir sorcier n'entre dans la chaumière,
Afin de rallumer ses grotesques flambeaux,
Ou qu'un vieux nécromant, dans sa ronde nocturne,
Ne vienne, accompagné de son chien taciturne,
Pour te faire priser la poudre des tombeaux. »
Comme il disait ces mots, sous l'effort de l'orage,
Qui dans la nuit grondait, rugissait, faisait rage,
L'aïeul vit sur ses gonds le contrevent frémir;
Et le petit enfant qu'envahissait la crainte,
De quelque revenant croyant ouïr la plainte,
S'enfuit, pâle, éperdu, vers son lit pour dormir.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Mélancolies
À une jeune fille
Qu'il est doux et beau le jeune âge,
Où l'âme garde sa candeur,
Où, ne redoutant nul orage,
On ne connaît que le bonheur!
L'enfant passe les jours qu'il donne
Joie au coeur et sourire aux yeux,
Ne songeant pas que l'on moissonne,
Plus tard, des jours moins radieux.
Mais bien qu'après ces temps d'aurore
Tu verras ton ciel se ternir,
Jouis du matin, chante encore,
Et, joyeuse, attends l'avenir.
À une jeune fille
Qu'il est doux et beau le jeune âge,
Où l'âme garde sa candeur,
Où, ne redoutant nul orage,
On ne connaît que le bonheur!
L'enfant passe les jours qu'il donne
Joie au coeur et sourire aux yeux,
Ne songeant pas que l'on moissonne,
Plus tard, des jours moins radieux.
Mais bien qu'après ces temps d'aurore
Tu verras ton ciel se ternir,
Jouis du matin, chante encore,
Et, joyeuse, attends l'avenir.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Au gré de l'onde
Pour me charmer murmure encore,
Ô mon aimable Saint-Laurent,
Si tu veux que, jusqu'à l'aurore,
Ma nef s'abandonne au courant.
Oui, que ta vague la plus tendre,
Sous les frais baisers du zéphyr,
A mon oreille fasse entendre
Son plus harmonieux soupir.
Que j'aime, lorsque tout sommeille,
Hormis l'étoile, qui, la nuit,
Semble sur nous un oeil qui veille,
Rêver sur l'onde qui s'enfuit!
Que j'aime, quand je te caresse
Amoureusement de la main,
Te voir, comme ému de tendresse,
Soulever mollement ton sein!
Que j'aime, accompagnant ta vague,
Voir, en déroulant leurs splendeurs,
Tes bords se perdre dans le vague
Des ténébreuses profondeurs.
Quelquefois, auprès de la rive
Dont j'écoute les doux accords,
Dans ma nacelle qui dérive,
Au roulis des eaux je m'endors.
Tandis que, ravi, je contemple
Les beautés sublimes des cieux,
Ce grandiose et vaste temple
Où par l'astre Dieu parle aux yeux;
Tandis qu'un rocher, noir panache
Narguant le front des horizons,
A son épaule immense attache
Une épaulette de rayons;
Comme un doux coursier dont les rênes
Flottent librement sur son cou,
Dans la nuit sombre tu m'entraînes,
Et me portes je ne sais où.
Ah! que ton flot caresse encore
Le flanc de mon léger vaisseau,
Et me berce jusqu'à l'aurore
Comme l'enfant dans son berceau!
Et ne crains pas de me déplaire
En me faisant suivre ton cours;
Car partout ta rive m'est chère:
Elle est le nid de mes amours.
Pour me charmer murmure encore,
Ô mon aimable Saint-Laurent,
Si tu veux que, jusqu'à l'aurore,
Ma nef s'abandonne au courant.
Oui, que ta vague la plus tendre,
Sous les frais baisers du zéphyr,
A mon oreille fasse entendre
Son plus harmonieux soupir.
Que j'aime, lorsque tout sommeille,
Hormis l'étoile, qui, la nuit,
Semble sur nous un oeil qui veille,
Rêver sur l'onde qui s'enfuit!
Que j'aime, quand je te caresse
Amoureusement de la main,
Te voir, comme ému de tendresse,
Soulever mollement ton sein!
Que j'aime, accompagnant ta vague,
Voir, en déroulant leurs splendeurs,
Tes bords se perdre dans le vague
Des ténébreuses profondeurs.
Quelquefois, auprès de la rive
Dont j'écoute les doux accords,
Dans ma nacelle qui dérive,
Au roulis des eaux je m'endors.
Tandis que, ravi, je contemple
Les beautés sublimes des cieux,
Ce grandiose et vaste temple
Où par l'astre Dieu parle aux yeux;
Tandis qu'un rocher, noir panache
Narguant le front des horizons,
A son épaule immense attache
Une épaulette de rayons;
Comme un doux coursier dont les rênes
Flottent librement sur son cou,
Dans la nuit sombre tu m'entraînes,
Et me portes je ne sais où.
Ah! que ton flot caresse encore
Le flanc de mon léger vaisseau,
Et me berce jusqu'à l'aurore
Comme l'enfant dans son berceau!
Et ne crains pas de me déplaire
En me faisant suivre ton cours;
Car partout ta rive m'est chère:
Elle est le nid de mes amours.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Rimes automnales
Adieu, les frais zéphyrs, les aubes ravissantes
Qui font pâlir l'azur et sourire les eaux!
Adieu, source limpide aux ondes jaillissantes
Et doux pleurs du matin perlant sur les roseaux!
Hélas! les jours sereins que l'aurore charmante
Enfante au bas des cieux derrière l'horizon
Font place aux vastes pleurs que roule la tourmente,
A la mauvaise humeur de la triste saison.
Bientôt l'oiseau frileux quittera nos rivages
En voyant sous l'autan les bois se dégarnir,
Les brumes s'entasser sur les rochers sauvages
Et l'homme méditer et le ciel se ternir.
Déjà l'automne plane au fond des cieux moroses,
Où le soleil est pâle ainsi qu'un oeil mourant,
Et le souffle hiémal qui disperse les roses
Fait sangloter la feuille au front du bois pleurant.
Une immense tristesse assombrit la nature,
Qui gémit sur la terre et râle dans les flots;
À l'horrible aquilon, qui gronde et les torture,
Le roc jette un soupir et l'onde des sanglots.
Sous les cruels frimas le flanc des monts frissonne,
Le fleuve va frémir dans les immensités;
Tout se lamente et souffre, et le vent ne moissonne
Que pleurs dans les déserts et cris dans les cités.
Plus d'un regard s'attriste au fond des lointains vagues;
L'oiseau dans les brouillards sème un lugubre accent;
Un funèbre accord naît sous l'écume des vagues;
Nul rayon ne reluit dans le ciel pâlissant.
Durant ces jours de deuil, qui meurent dans l'orage,
L'homme devient plus grave et se plaît à songer;
Il va souvent, , rêver sous quelque ombrage,
Écouter l'aquilon qui vient tout ravager.
La nature l'émeut par sa douleur immense:
Il ne peut s'empêcher de pleurer, de frémir,
Car son coeur est sensible et quand elle commence
A souffrir sous la bise il commence à gémir.
C'est bon qu'il pleure ainsi sous l'aquilon qui tonne,
Qu'il pense à son passé, qu'il songe à l'avenir,
Que pour les morts il prie et que le sombre automne
Lui dise qu'il verra bientôt la mort venir.
Adieu, les frais zéphyrs, les aubes ravissantes
Qui font pâlir l'azur et sourire les eaux!
Adieu, source limpide aux ondes jaillissantes
Et doux pleurs du matin perlant sur les roseaux!
Hélas! les jours sereins que l'aurore charmante
Enfante au bas des cieux derrière l'horizon
Font place aux vastes pleurs que roule la tourmente,
A la mauvaise humeur de la triste saison.
Bientôt l'oiseau frileux quittera nos rivages
En voyant sous l'autan les bois se dégarnir,
Les brumes s'entasser sur les rochers sauvages
Et l'homme méditer et le ciel se ternir.
Déjà l'automne plane au fond des cieux moroses,
Où le soleil est pâle ainsi qu'un oeil mourant,
Et le souffle hiémal qui disperse les roses
Fait sangloter la feuille au front du bois pleurant.
Une immense tristesse assombrit la nature,
Qui gémit sur la terre et râle dans les flots;
À l'horrible aquilon, qui gronde et les torture,
Le roc jette un soupir et l'onde des sanglots.
Sous les cruels frimas le flanc des monts frissonne,
Le fleuve va frémir dans les immensités;
Tout se lamente et souffre, et le vent ne moissonne
Que pleurs dans les déserts et cris dans les cités.
Plus d'un regard s'attriste au fond des lointains vagues;
L'oiseau dans les brouillards sème un lugubre accent;
Un funèbre accord naît sous l'écume des vagues;
Nul rayon ne reluit dans le ciel pâlissant.
Durant ces jours de deuil, qui meurent dans l'orage,
L'homme devient plus grave et se plaît à songer;
Il va souvent, , rêver sous quelque ombrage,
Écouter l'aquilon qui vient tout ravager.
La nature l'émeut par sa douleur immense:
Il ne peut s'empêcher de pleurer, de frémir,
Car son coeur est sensible et quand elle commence
A souffrir sous la bise il commence à gémir.
C'est bon qu'il pleure ainsi sous l'aquilon qui tonne,
Qu'il pense à son passé, qu'il songe à l'avenir,
Que pour les morts il prie et que le sombre automne
Lui dise qu'il verra bientôt la mort venir.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Re: Albert Ferland-Femmes Rêvées
Tristesse
Ô funèbre cyprès, qui du deuil est l'image,
Toi l'ami du tombeau, l'ombre de la douleur,
Daigne me recevoir sous ton épais ombrage,
Et sur mon front brûlant épanche la fraîcheur.
Fuyant ce monde vain que méprise le sage
J'aime, afin de calmer les fibres de mon coeur,
Arroser de mes pleurs ton aimable feuillage,
Et mêler ma tristesse à ta morne splendeur.
Bien que l'aube sourit l'azur me semble sombre
Et parfois du trépas je crois voir passer l'ombre
Tant le malheur m'éprouve et m'accable de maux!
O ma tige sacrée, ô bois que je révère,
Sois le seul confident de ma douleur amère.
Et pour voir le ciel pur écarte tes rameaux!
Ô funèbre cyprès, qui du deuil est l'image,
Toi l'ami du tombeau, l'ombre de la douleur,
Daigne me recevoir sous ton épais ombrage,
Et sur mon front brûlant épanche la fraîcheur.
Fuyant ce monde vain que méprise le sage
J'aime, afin de calmer les fibres de mon coeur,
Arroser de mes pleurs ton aimable feuillage,
Et mêler ma tristesse à ta morne splendeur.
Bien que l'aube sourit l'azur me semble sombre
Et parfois du trépas je crois voir passer l'ombre
Tant le malheur m'éprouve et m'accable de maux!
O ma tige sacrée, ô bois que je révère,
Sois le seul confident de ma douleur amère.
Et pour voir le ciel pur écarte tes rameaux!
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
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