Poèmes Forêt et bois
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Poèmes Forêt et bois
Pierre de Ronsard
"À la forêt de Gastine"
"À la forêt de Gastine"
Couché sous tes ombrages verts, Gastine, je te chante Autant que les Grecs, par leurs vers La forêt d'Érymanthe : Car, malin, celer je ne puis À la race future De combien obligé je suis À ta belle verdure, Toi qui, sous l'abri de tes bois, Ravi d'esprit m'amuses ; Toi qui fais qu'à toutes les fois Me répondent les Muses ; Toi par qui de l'importun soin Tout franc je me délivre, Lorsqu'en toi je me perds bien loin, Parlant avec un livre. Tes bocages soient toujours pleins D'amoureuses brigades De Satyres et de Sylvains, La crainte des Naïades ! En toi habite désormais Des Muses le collège, Et ton bois ne sente jamais La flamme sacrilège ! |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
CHËNE
Joachim Du Bellay
Recueil : "Les antiquités de Rome"
Recueil : "Les antiquités de Rome"
Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché, Qui pour son ornement quelque trophée porte, Lever encore au ciel sa vieille tête morte, Dont le pied fermement n'est en terre fiché, Mais qui dessus le champ plus qu'à demi penché Montre ses bras tout nus et sa racine torte, Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranché : Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine, Et maint jeune à l'entour ait ferme la racine, Du dévot populaire être seul révéré : Qui ta chêne a pu voir, qu'il imagine encore Comme entre les cités, qui plus florissent ore, Ce vieil honneur poudreux est le plus honoré. |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Re: Poèmes Forêt et bois
18:02
Vauquelin de La Fresnaye (1535?-1606)
"Frêne hautain, forestier et champêtre..."
"Frêne hautain, forestier et champêtre..."
Frêne hautain, forestier et champêtre L'arbre premier de tant d'arbres divers, L'arbre immortel au renom de mes vers, L'arbre aux serpents toujours odieux maître ; Le coudre rompt, mais tu te fais connaître Propre à la guerre et jamais de travers De toi tortu les monts ne sont couverts, Ains haut et droit toujours as voulu naître ; Je fais mes dards, pour tous mes arcs, de toi, Les forestiers en font de même moi, Et Panarèthe en fait les siens encore : Phébus aussi en patronne ses traits, Sa chaste soeur son carquois en décore, Ainsi au bois as tous noms satisfaits. |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Re: Poèmes Forêt et bois
François Maynard
Que j'aime ces forêts! que j'y vis doucement! Qu'en un siècle troublé j'y dors en assurance ! Qu'au déclin de mes ans j'y rêve heureusement! Et que j'y fais des vers qui plairont à la France! Depuis que le village est toutes mes amours, Je remplis mon papier de tant de belles choses, Qu'on verra les savants après mes derniers jours, Honorer mon tombeau de larmes et de roses. Ils diront qu'Apollon m'a souvent visité, Et que, pour ce désert, les Muses ont quitté Les fleurs de leur montagne, et l'argent de leur onde. Ils diront qu'éloigné de la pompe des rois, Je voulus me cacher sous l'ombrage des bois Pour montrer mon esprit à tous les yeux du monde. |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Re: Poèmes Forêt et bois
Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT
Oh! que j'aime la solitude ! Que ces lieux sacrés à la nuit, Éloignés du monde et du bruit, Plaisent à mon inquiétude ! Mon Dieu ! que mes yeux sont contents De voir ces bois, qui se trouvèrent A la nativité du temps, Et que tous les siècles rêvèrent, Être encore aussi beaux et verts Qu'aux premiers jours de l'univers ! Un gai zéphire les caresse D'un mouvement doux et flatteur. Rien que leur extrême hauteur Ne fait remarquer leur vieillesse. Jadis Pan et ses demi-dieux Y vinrent chercher du refuge, Quand Jupiter ouvrit les cieux Pour nous envoyer le déluge, Et, se sauvant sur leurs rameaux, A peine virent-ils les eaux. Que sur cette épine fleurie, Dont le printemps est amoureux, Philomèle, au chant langoureux, Entretient bien ma rêverie ! Que je prends de plaisir à voir Ces monts pendant en précipices, Qui, Pour les coups du désespoir, Sont aux malheureux si propices, Quand la cruauté de leur sort Les force à rechercher la mort ! Que je trouve doux le ravage De ces fiers torrents vagabonds, Qui se précipitent par bonds Dans Ce vallon vert et sauvage ! Puis, glissant sous les arbrisseaux, Ainsi que des serpents sur l'herbe, Se changent en plaisants ruisseaux, Où quelque Naïade superbe Règne comme en son lit natal, Dessus un trône de cristal !... .. Que j'aime à voir la décadence De ces vieux châteaux ruinés, Contre qui les ans mutinés Ont déployé leur insolence ! Les sorciers y font leur sabbat ; Les démons follets s'y retirent, Qui d'un malicieux ébat Trompent nos sens et nous martyrent; Là se nichent en mille trous Les couleuvres et les hiboux. L'orfraie, avec ses cris funèbres, Mortels augures des destins, Fait rire et danser les lutins Dans ces lieux remplis de ténèbres, Sous un chevron de bois maudit Y branle le squelette horrible D'un pauvre amant qui se pendit Pour une bergère insensible, Qui d'un seul regard de pitié Ne daigna voir son amitié. Aussi le Ciel, juge équitable, Qui maintient les lois en vigueur, Prononça contre sa rigueur Une sentence épouvantable Autour de ces vieux ossements Son ombre, aux peines condamnée, Lamente en longs gémissements Sa malheureuse destinée, Ayant, pour croître son effroi, Toujours son crime devant soi... |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
"La Mort et le Bûcheron"
Jean de La Fontaine (1621-1695)
(Livre premier - Fable 16)
(Livre premier - Fable 16)
Un pauvre Bûcheron, tout couvert de ramée, Sous le faix du fagot aussi bien que des ans Gémissant et courbé, marchoit à pas pesants, Et tâchoit de gagner sa chaumine enfumée. Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur, Il met bas son fagot, il songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde? En est-il un plus pauvre en la machine ronde? Point de pain quelquefois, et jamais de repos: Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier, et la corvée, Lui font d'un malheureux la peinture achevée. Il appelle la Mort; elle vient sans tarder, Lui demande ce qu'il faut faire. «C'est, dit-il, afin de m'aider A recharger ce bois; tu ne tarderas guère.» Le trépas vient tout guérir; Mais ne bougeons d'où nous sommes: Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes. |
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
"La chute des feuilles"
Charles-Hubert Millevoye (1782-1816)
De la dépouille de nos bois L'automne avait jonché la terre ; Le bocage était sans mystère, Le rossignol était sans voix. Triste, et mourant à son aurore, Un jeune malade, à pas lents, Parcourait une fois encore Le bois cher à ses premiers ans : " Bois que j'aime ! adieu... je succombe. Ton deuil m'avertit de mon sort ; Et dans chaque feuille qui tombe Je vois un présage de mort. Fatal oracle d'Epidaure, Tu m'as dit : " Les feuilles des bois "A tes yeux jauniront encore ; "Mais c'est pour la dernière fois. "L'éternel cyprès se balance ; "Déjà sur ta tête en silence "Il incline ses longs rameaux : "Ta jeunesse sera flétrie "Avant l'herbe de la prairie, "Avant le pampre des coteaux. " Et je meurs ! De leur froide haleine M'ont touché les sombres autans ; Et j'ai vu, comme une ombre vaine, S'évanouir mon beau printemps. Tombe, tombe, feuille éphémère ! Couvre, hélas ! ce triste chemin ; Cache au désespoir de ma mère La place où je serai demain. Mais si mon amante voilée Au détour de la sombre allée Venait pleurer quand le jour fuit, Eveille par un léger bruit Mon ombre un instant consolée. " Il dit, s'éloigne... et, sans retour... La dernière feuille qui tombe A signalé son dernier jour. Sous le chêne on creusa sa tombe... Mais son aimante ne vint pas Visiter la pierre isolée ; Et le pâtre de la vallée Troubla seul du bruit de ses pas Le silence du mausolée. |
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
"Le chêne"
Alphonse de Lamartine
Voilà ce chêne solitaire Dont le rocher s'est couronné, Parlez à ce tronc séculaire, Demandez comment il est né. Un gland tombe de l'arbre et roule sur la terre, L'aigle à la serre vide, en quittant les vallons, S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire Pour aiguiser le bec de ses jeunes aiglons; Bientôt du nid désert qu'emporte, la tempête Il roule confondu dans les débris mouvants, Et sur la roche nue un grain de sable arrête Celui qui doit un jour rompre l'aile des vents; L'été vient, l'Aquilon soulève La poudre des sillons, qui pour lui n'est qu'un jeu, Et sur le germe éteint où couve encor la sève En laisse retomber un peu ! Le printemps de sa tiède ondée L'arrose comme avec la main ; Cette poussière est fécondée Et la vie y circule enfin! La vie ! à ce seul mot tout oeil, toute pensée, S'inclinent confondus et n'osent pénétrer ; Au seuil de l'Infini c'est la borne placée ; Où la sage ignorance et l'audace insensée Se rencontrent pour adorer ! Il vit, ce géant des collines ! Mais avant de paraître au jour, Il se creuse avec ses racines Des fondements comme une tour. Il sait quelle lutte s'apprête, Et qu'il doit contre la tempête Chercher sous la terre un appui; Il sait que l'ouragan sonore L'attend au jour !.., ou, s'il l'ignore, Quelqu'un du moins le sait pour lui ! Ainsi quand le jeune navire Où s'élancent les matelots, Avant d'affronter son empire, Veut s'apprivoiser sur les flots, Laissant filer son vaste câble, Son ancre va chercher le sable Jusqu'au fond des vallons mouvants, Et sur ce fondement mobile Il balance son mât fragile Et dort au vain roulis des vents ! Il vit ! Le colosse superbe Qui couvre un arpent tout entier Dépasse à peine le brin d'herbe Que le moucheron fait plier ! Mais sa feuille boit la rosée, Sa racine fertilisée Grossit comme une eau dans son cours, Et dans son coeur qu'il fortifie Circule un sang ivre de vie Pour qui les siècles sont des jours ! Les sillons où les blés jaunissent Sous les pas changeants des saisons, Se dépouillent et se vêtissent Comme un troupeau de ses toisons ; Le fleuve naît, gronde et s'écoule, La tour monte, vieillit, s'écroule ; L'hiver effeuille le granit, Des générations sans nombre Vivent et meurent sous son ombre, Et lui ? voyez ! il rajeunit ! Son tronc que l'écorce protège, Fortifié par mille noeuds, Pour porter sa feuille ou sa neige S'élargit sur ses pieds noueux ; Ses bras que le temps multiplie, Comme un lutteur qui se replie Pour mieux s'élancer en avant, Jetant leurs coudes en arrière, Se recourbent dans la carrière Pour mieux porter le poids du vent ! Et son vaste et pesant feuillage, Répandant la nuit alentour, S'étend, comme un large nuage, Entre la montagne et le jour ; Comme de nocturnes fantômes, Les vents résonnent dans ses dômes, Les oiseaux y viennent dormir, Et pour saluer la lumière S'élèvent comme une poussière, Si sa feuille vient à frémir! La nef, dont le regard implore Sur les mers un phare certain, Le voit, tout noyé dans l'aurore, Pyramider dans le lointain ! Le soir fait pencher sa grande ombre Des flancs de la colline sombre Jusqu'au pied des derniers coteaux. Un seul des cheveux de sa tête Abrite contre la tempête Et le pasteur et les troupeaux ! Et pendant qu'au vent des collines Il berce ses toits habités, Des empires dans ses racines, Sous son écorce des cités ; Là, près des ruches des abeilles, Arachné tisse ses merveilles, Le serpent siffle, et la fourmi Guide à des conquêtes de sables Ses multitudes innombrables Qu'écrase un lézard endormi ! Et ces torrents d'âme et de vie, Et ce mystérieux sommeil, Et cette sève rajeunie Qui remonte avec le soleil ; Cette intelligence divine Qui pressent, calcule, devine Et s'organise pour sa fin, Et cette force qui renferme Dans un gland le germe du germe D'êtres sans nombres et sans fin ! Et ces mondes de créatures Qui, naissant et vivant de lui, Y puisent être et nourritures Dans les siècles comme aujourd'hui; Tout cela n'est qu'un gland fragile Qui tombe sur le roc stérile Du bec de l'aigle ou du vautour ! Ce n'est qu'une aride poussière Que le vent sème en sa carrière Et qu'échauffe un rayon du jour ! Et moi, je dis : Seigneur ! c'est toi seul, c'est ta force, Ta sagesse et ta volonté, Ta vie et ta fécondité, Ta prévoyance et ta bonté ! Le ver trouve ton nom gravé sous son écorce, Et mon oeil dans sa masse et son éternité ! |
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
"Aux arbres"
Victor
Hugo (1802-1885)
Recueil :Les
contemplations
"Aux arbres"
Hugo (1802-1885)
Recueil :Les
contemplations
"Aux arbres"
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme! Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; Vous me connaissez, vous! - vous m'avez vu souvent, Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant. Vous le savez, la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée, Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour. La contemplation m'emplit le coeur d'amour. Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure, Avec ces mots que dit l'esprit à la nature, Questionner tout bas vos rameaux palpitants, Et du même regard poursuivre en même temps, Pensif, le front baissé, l'oeil dans l'herbe profonde, L'étude d'un atome et l'étude du monde. Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu, Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu! Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches, Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches, Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux, Vous savez que je suis calme et pur comme vous. Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance, Et je suis plein d'oubli comme vous de silence! La haine sur mon nom répand en vain son fiel ; Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel! - J'ai chassé loin de moi toute pensée amère, Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère![/size] [size=9][size=9]Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours, Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds, Ravins où l'on entend filtrer les sources vives, Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives! Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois, Dans votre solitude où je rentre en moi-même, Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime! Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît, Arbres religieux, chênes, mousses, forêt, Forêt! c'est dans votre ombre et dans votre mystère, C'est sous votre branchage auguste et solitaire, Que je veux abriter mon sépulcre ignoré, Et que je veux dormir quand je m'endormirai. |
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
"Le Génie des forêts"
Joseph
LENOIR (1822-1861)
"Le Génie des forêts"
LENOIR (1822-1861)
"Le Génie des forêts"
Il est dit qu'une fois, sur les arides plaines Qui s'étendent là-bas dans les vieilles forêts, L'esprit des noirs brouillards qui couvrent ces domaines Dormit à l'ombre d'un cyprès. Mais il n'était pas seul : l'air en cadence, Pressés autour de lui, des hommes s'agitaient ; Un chant rompit bientôt leur lugubre silence : Voici quel chant ils écoutaient: Foule de guerriers sans courage, Je le sais et tu t'en souviens, Parce que tu n'aimais qu'un indigne carnage, Mes pères ont maudit les tiens Parce que tu mangeais des entrailles de femme, Tu t'engraissais des chairs de tes amis, Et que jamais, chez toi, n'étincelle la flamme, Qu'autour de tremblants ennemis. Va voir, si tu peux, au seuil de nos cabanes, Les pâles et rouges débris Des chevelures et des crânes Qu'en ton sein autrefois ma hache avait surpris. Foule de guerriers sans courage, Je le sais et tu t'en souviens, Parce que tu n'aimais qu'un indigne carnage, Mes pères ont maudit les tiens. Viens donc ! apporte la chaudière, Tu boiras le jus de mes os ! Viens donc !l assouvis ta colère, Tu ne m'entendras pas pousser de vains sanglots ! Ils frappent : les haches brisées A leurs pieds tombent en éclats ; Ils frappent : leurs mains épuisées Restent sans vigueur à leurs bras. Lui, cependant, avec un rire horrible, Le cou tendu, les yeux sans mouvement, Sur le roc qui voyait cette lutte terrible, Il s'asseyait en murmurant: Viens donc ! apporte la chaudière, Tu boiras le jus de mes os ! Viens donc ! assouvis ta colère, Tu n'entendras pas pousser de vains sanglots ! A la fin, bondissant de douleur et de rage, L'esprit de la noire forêt Jette dans l'air un cri rauque et sauvage, Écume, grince et disparaît. Depuis, nul n'a foulé le morne solitaire, Alors que les vents de la nuit Aux horreurs qui couvrent la terre Ont mêlé leur funèbre bruit. Car une forme surhumaine, Hâve, dégoûtante de sang, Accourt du milieu de la plaine, Y dresser son front menaçant. |
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
L'amant désespéré: N-gilbert
Nicolas GILBERT
Forêts solitaires et sombres,
Je viens, dévoré de douleurs,
Sous vos majestueuses ombres,
Du repos qui me fuit respirer les douceurs.
Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon coeur.
Arbres, répondez-moi !... Cachez-vous ma Sylvie ?
Sylvie, ô ma Sylvie !... Elle ne m'entend pas.
Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie ?
Hélas ! je cherche en vain la trace de ses pas.
Forêts solitaires et sombres,
Je viens, dévoré de douleurs,
Sous vos majestueuses ombres,
Du repos qui me fuit respirer les douceurs.
Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon coeur.
Arbres, répondez-moi !... Cachez-vous ma Sylvie ?
Sylvie, ô ma Sylvie !... Elle ne m'entend pas.
Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie ?
Hélas ! je cherche en vain la trace de ses pas.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
l'arbre-Artau antonin
L'arbre
Cet arbre et son frémissement
forêt sombre d'appels
de cris
mange le cour obscur de la nuit
Vinaigre et laits le ciel la mer
la masse épaisse du firmament
tout conspire à ce tremblement
qui gîte au cour épais de l'ombre
Un cour qui crève un astre dur
qui se dédouble et fuse au ciel
le ciel limpide qui se fend
à l'appel du ciel sonnant
font le même bruit font le même bruit
que la nuit et l'arbre au centre du vent
Artaud Antonin
Cet arbre et son frémissement
forêt sombre d'appels
de cris
mange le cour obscur de la nuit
Vinaigre et laits le ciel la mer
la masse épaisse du firmament
tout conspire à ce tremblement
qui gîte au cour épais de l'ombre
Un cour qui crève un astre dur
qui se dédouble et fuse au ciel
le ciel limpide qui se fend
à l'appel du ciel sonnant
font le même bruit font le même bruit
que la nuit et l'arbre au centre du vent
Artaud Antonin
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
LA FORÊT CANADIENNE: Louis Fréchette
LA FORÊT CANADIENNEA:hover {color: #FFFF00; font-weight: bold}
LA FORÊT CANADIENNE C'est l'automne. Le vent balance Les ramilles, et par moments Interrompt le profond silence Qui plane sur les bois dormants. Des flaques de lumière douce, Tombant des feuillages touffus, Dorent les lichens et la mousse Qui croissent au pied des grands fûts. De temps en temps, sur le rivage, Dans l'anse où va boire le daim, Un écho s'éveille soudain Au cri de quelque oiseau sauvage. La mare sombre aux reflets clairs, Dont on redoute les approches, Caresse vaguement les roches De ses métalliques éclairs, Et sur le sol, la fleur et l'herbe, Sur les arbres, sur les roseaux, Sur la croupe du mont superbe, Comme sur l'aile des oiseaux. Sur les ondes, sur la feuillée, Brille d'un éclat qui s'éteint Une atmosphère ensoleillée : C'est l'Eté de la Saint-Martin ; L'époque ou les feuilles jaunies Qui se parent d'un reflet d'or, Émaillent la forêt qui dort De leurs nuances infinies. O fauves parfums des forêts ! O mystère des solitudes ! Qu'il fait bon, loin des multitudes, Rechercher vos calmes attraits ! Ouvrez-moi vos retraites fraîches ! A moi votre dôme vermeil, Que transpercent comme des flèches Les tièdes rayons du soleil ! Je veux, dans vos sombres allées, Sous vos grands arbres chevelus, Songer aux choses envolées Sur l'aile des temps révolus. Rêveur ému, sous votre ombrage, Oui, je veux souvent revenir, Pour évoquer le souvenir Et le fantôme d'un autre âge. J'irai de mes yeux éblouis, Relire votre fier poème, O mes belles forêts que j'aime ! Vastes forêts de mon pays ! Oui, j'irai voir si les vieux hêtres Savent ce que sont devenus Leurs rois d'alors, vos anciens maîtres, Les guerriers rouges aux flancs nus. Vos troncs secs, vos buissons sans nombre Me diront s'ils n'ont pas jadis Souvent vu ramper dans leur ombre L'ombre de farouches bandits, J'interrogerai la ravine, Où semble se dresser encor Le tragique et sombre décor Des sombres drames qu'on devine. La grotte aux humides parois Me dira les sanglants mystères De ces peuplades solitaires Qui s'y blottirent autrefois. Je saurai des pins centenaires, Que la tempête a fait ployer, Le nom des tribus sanguinaires Dont ils abritaient le foyer. J'irai, sur le bord des cascades, Demander aux rochers ombreux A quelles noires embuscades Servirent leurs flancs ténébreux. Je chercherai, dans les savanes, La piste des grands élans roux Que l'Iroquois, rival des loups, Chassait jadis en caravanes. Enfin, quelque biche aux abois, Dans mon rêve où le tableau change, Fera surgir le type étrange De nos hardis coureurs des bois. Et brise, écho, feuilles légères, Souples rameaux, fourrés secrets, Oiseaux chanteurs, molles fougères Qui bordez les sentiers discrets. Bouleaux, sapins, chênes énormes, Débris caducs d'arbres géants, Rocs moussus aux masses difformes, Profondeurs des antres béants. Sommets que le vent décapite, Gorge aux imposantes rumeurs, Cataracte aux sourdes clameurs : Tout ce qui dort, chante ou palpite ... Dans ses souvenirs glorieux La forêt entière drapée, Me dira l'immense épopée De son passé mystérieux. Mais, quand mon oreille attentive De tous ces bruits s'enivrera, Tout près de moi retentira ... Un sifflet de locomotive ! * Louis Fréchette (1839-1908) Recueil : Feuilles volantes |
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
les sapains
LES SAPINS
Les sapins en bonnets
pointus
De longues robes
revêtus
Comme des
astrologues
Saluent leurs frères
abattus
Les bateaux qui sur le
Rhin voguent
Dans les sept arts
endoctrinés
Par les vieux sapins
leurs aînés
Qui sont de grands
poètes
Ils se savent
prédestinés
A briller plus que des
planètes
A briller doucement
changés
En étoiles et
enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins
ensongés
Aux longues branches
langoureuses
Les sapins beaux
musiciens
Chantent des noëls
anciens
Au vent des soirs d'automne
Ou bien graves magiciens ,
Incantent le ciel quand il tonne
Des rangées de blancs
chérubins
Remplacent l'hiver les
sapins
Et balancent leurs
ailes
L'été ce sont de
grands rabbins
Ou bien de vieilles
demoiselles
Guillaume Apollinaire
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
ARBRE - Alain Bosquet
ARBRE
Tu es plus souple que le zèbre
Tu sautes mieux que
l'équateur.
Sous ton écorce les vertèbres
font un concert d'oiseaux
moqueurs.
J'avertirai tous les poètes :
il ne faut pas toucher aux fruits
c'est là que dorment les comètes,
et l'océan s'y reconstruit.
Tu es léger comme un tropique.
Tu es plus sage qu'un
poisson.
Dans chaque feuille une réplique
est réservée pour ma
chanson.
Dès qu'on t'adresse la parole,
autour de toi s'élève un
mur.
Tu bats des branches, tu t'envoles
c'est toi qui puniras l'azur.
Alain
Bosquet
Tu es plus souple que le zèbre
Tu sautes mieux que
l'équateur.
Sous ton écorce les vertèbres
font un concert d'oiseaux
moqueurs.
J'avertirai tous les poètes :
il ne faut pas toucher aux fruits
c'est là que dorment les comètes,
et l'océan s'y reconstruit.
Tu es léger comme un tropique.
Tu es plus sage qu'un
poisson.
Dans chaque feuille une réplique
est réservée pour ma
chanson.
Dès qu'on t'adresse la parole,
autour de toi s'élève un
mur.
Tu bats des branches, tu t'envoles
c'est toi qui puniras l'azur.
Alain
Bosquet
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Eugène Guillevic:
Il se ferait pommier,
Lui dans l'espce détendu.
Il aurait cette
frondaison,
Ces pommes, la patience.
Il n'exigerait pas
davantage
Que la saison ne peut pour lui.
Mais quoi ?
Il est déjà,
il est pommier,
Même dans cet espace
Qui va craquer.
C'est
pommier qu'il ira
Vers cet autel qui le réclame.
Eugène
Guillevic
Lui dans l'espce détendu.
Il aurait cette
frondaison,
Ces pommes, la patience.
Il n'exigerait pas
davantage
Que la saison ne peut pour lui.
Mais quoi ?
Il est déjà,
il est pommier,
Même dans cet espace
Qui va craquer.
C'est
pommier qu'il ira
Vers cet autel qui le réclame.
Eugène
Guillevic
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Bientôt l'arbre-René-Guy Cadou
Bientôt l'arbre
Verdoyante fumée
Demain je serai l'arbre
Et pour les oiseaux froids
La cage fortunée
Les grandes migrations
Sont parties de ma bouche
De mes yeux plein d'épis
Les éclairs de santé
Je te suis dans l'air bleu
Flèche douce à la paume
Bel arbre que j'éveille
Au bord de mes genoux
Tronc si blanc qu'il n'est plus
Qu'une neige attentive
Tu courbe vers le toit
Tes brandons de lumière
ta sève jour et nuit
Chante dans les gouttières
On te fête déjà
Dans les rues de villages
Ainsi qu'une saison
Inconnue de la terre
Et toi dans les sillons
Sans borne où les perdrix
Gaspillent pour la joie
Des poignées de sel gris
Tu marches répondant
De la douceur des pierres.
René-Guy Cadou
Verdoyante fumée
Demain je serai l'arbre
Et pour les oiseaux froids
La cage fortunée
Les grandes migrations
Sont parties de ma bouche
De mes yeux plein d'épis
Les éclairs de santé
Je te suis dans l'air bleu
Flèche douce à la paume
Bel arbre que j'éveille
Au bord de mes genoux
Tronc si blanc qu'il n'est plus
Qu'une neige attentive
Tu courbe vers le toit
Tes brandons de lumière
ta sève jour et nuit
Chante dans les gouttières
On te fête déjà
Dans les rues de villages
Ainsi qu'une saison
Inconnue de la terre
Et toi dans les sillons
Sans borne où les perdrix
Gaspillent pour la joie
Des poignées de sel gris
Tu marches répondant
De la douceur des pierres.
René-Guy Cadou
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Aux arbres
Aux arbres
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme.
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! - vous m'avez vous souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le coeur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'oeil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu !
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance,
Et je suis plein d'oubli comme vous de silence !
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel !-
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère !
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives !
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime !
Aussi, taillissacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt ! c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
Victor Hugo
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme.
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! - vous m'avez vous souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le coeur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'oeil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu !
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance,
Et je suis plein d'oubli comme vous de silence !
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel !-
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère !
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives !
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime !
Aussi, taillissacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt ! c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
Victor Hugo
samuel samhoun- Nombre de messages : 724
loisirs : écrire, marcher,voyager
Humeur : changeante !
Date d'inscription : 22/06/2008
Re: Poèmes Forêt et bois
ON N'EST PAS N'IMPORTE QUI
Quand tu rencontres un arbre dans la rue,
dis-lui bonjour sans attendre qu'il te salue. C'est
distrait, les arbres.
Si c'est un vieux, dis-lui « Monsieur». De toute
façon, appelle-le par son nom: Chêne, Bouleau,
Sapin, Tilleul... Il y sera sensible.
Au besoin aide-le à traverser. Les arbres, ça
n'est pas encore habitué à toutes ces autos.
Même chose avec les fleurs, les oiseaux, les
poissons: appelle-les par leur nom de famille.
On n'est pas n'importe qui ! Si tu veux être tout
à fait gentil, dis « Madame la Rose» à l'églantine;
on oublie un peu trop qu'elle y a droit.JEAN ROUSSELOT
Petits Poèmes pour coeurs pas cuits,
Ed. St-Germain-des-Prés
Quand tu rencontres un arbre dans la rue,
dis-lui bonjour sans attendre qu'il te salue. C'est
distrait, les arbres.
Si c'est un vieux, dis-lui « Monsieur». De toute
façon, appelle-le par son nom: Chêne, Bouleau,
Sapin, Tilleul... Il y sera sensible.
Au besoin aide-le à traverser. Les arbres, ça
n'est pas encore habitué à toutes ces autos.
Même chose avec les fleurs, les oiseaux, les
poissons: appelle-les par leur nom de famille.
On n'est pas n'importe qui ! Si tu veux être tout
à fait gentil, dis « Madame la Rose» à l'églantine;
on oublie un peu trop qu'elle y a droit.JEAN ROUSSELOT
Petits Poèmes pour coeurs pas cuits,
Ed. St-Germain-des-Prés
samuel samhoun- Nombre de messages : 724
loisirs : écrire, marcher,voyager
Humeur : changeante !
Date d'inscription : 22/06/2008
Elégie aux grands arbres du Morvan
Elégie aux grands arbres du
Morvan
Grands arbres, plaignez les soupirs d'un
malheureux par ses désirs.
Je la voudrais ici, grands chênes, vous écoutant
près de mon coeur.
Dans la nuit noire de ma peine, l'obscure nuit de mes
douleurs,
chênes, les vents tirent de vous des chants si plaintifs et si
doux
Qu'ils m'enchantent et bouleversent. Arbres, vos
coeurs inhumains
percent
mon coeur, ce coeur tout rempli d'elle, qui près de lui voudrait sa
belle...
Grands arbres, plaignez les soupirs d'un malheureux par ses
désirs.
Paul Fort
Morvan
Grands arbres, plaignez les soupirs d'un
malheureux par ses désirs.
Je la voudrais ici, grands chênes, vous écoutant
près de mon coeur.
Dans la nuit noire de ma peine, l'obscure nuit de mes
douleurs,
chênes, les vents tirent de vous des chants si plaintifs et si
doux
Qu'ils m'enchantent et bouleversent. Arbres, vos
coeurs inhumains
percent
mon coeur, ce coeur tout rempli d'elle, qui près de lui voudrait sa
belle...
Grands arbres, plaignez les soupirs d'un malheureux par ses
désirs.
Paul Fort
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Paul VALERY: le bois amica
Le bois amical
Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte, le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par les mains
Sans dire...parmi les fleurs obscures;
Nous marchions comme des fiancés
Seuls, dans la nuit verte des prairies;
Nous partagions ce fruit de féeries
La lune amicale aux insensés.
Et puis, nous sommes morts sur la mousse,
Très loin, tout seuls parmi l'ombre douce
De ces bois intimes et murmurant;
Et là-haut, dans la lumière immense,
Nous nous sommes trouvés en pleurant
Ô mon cher compagnon de silence.
Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte, le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par les mains
Sans dire...parmi les fleurs obscures;
Nous marchions comme des fiancés
Seuls, dans la nuit verte des prairies;
Nous partagions ce fruit de féeries
La lune amicale aux insensés.
Et puis, nous sommes morts sur la mousse,
Très loin, tout seuls parmi l'ombre douce
De ces bois intimes et murmurant;
Et là-haut, dans la lumière immense,
Nous nous sommes trouvés en pleurant
Ô mon cher compagnon de silence.
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
Marie de CLÈVES: En la forest de Longue Attente
- Marie de CLÈVES
(1426-1487)
En la forest de Longue Attente
En la forest de Longue Attente
Entrée suis en une sente
Dont oster je ne puis mon cueur,
Pour quoy je vis en grant langueur,
Par Fortune qui me tourmente.
Souvent Espoir chacun contente,
Excepté moy, povre dolente,
Qui nuit et jour suis en douleur
En la
forest de Longue Attente.
Ay je dont tort, se je garmente*
Plus que
nulle qui soit vivante ?
Par Dieu, nannil, veu mon malheur,
Car ainsi
m'aid mon Createur
Qu'il n'est peine que je ne sente
En la forest de
Longue Attente.
(*) je me lamente
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Anna de Noailles
Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent,
La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...
Les marronniers, dans l'air plein d'or et de splendeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre;
On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.
De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière, qu'un peu de brise soulevait,
Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons tous les jours l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie,
Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir.
Extrait de "l'Offrande
Lyrique"
La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...
Les marronniers, dans l'air plein d'or et de splendeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre;
On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.
De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière, qu'un peu de brise soulevait,
Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons tous les jours l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie,
Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir.
Extrait de "l'Offrande
Lyrique"
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Amour sylvestre:Albert Lozeau
Amour sylvestre
COMME si vous aviez pris racine en mon cœur,
Je vous dirai toujours : Beaux arbres , je vous aime !
Erables, vous surtout, dont la feuille est l’emblème
Du pays où je vis ma joie et ma douleur.
Qu’un tendre amour rend l’âme encline à la douceur !
Depuis que j’ai passé sous votre ombre, un poème
Chante adorablement au-dedans de moi-même,
Comme si vous chérir faisait l’homme meilleur !
Honneur à vos rameaux, gloire à vos vertes cîmes
Qui composent, le soir, sur de fluides rimes,
L’hymne le plus léger, le plus fin, le plus grand !
Lorsque je vous écoute aux clartés de la lune,
Dans le grave silence, un désir fou me prend
D’étreindre vos troncs vieux couverts d’écorce brune !
COMME si vous aviez pris racine en mon cœur,
Je vous dirai toujours : Beaux arbres , je vous aime !
Erables, vous surtout, dont la feuille est l’emblème
Du pays où je vis ma joie et ma douleur.
Qu’un tendre amour rend l’âme encline à la douceur !
Depuis que j’ai passé sous votre ombre, un poème
Chante adorablement au-dedans de moi-même,
Comme si vous chérir faisait l’homme meilleur !
Honneur à vos rameaux, gloire à vos vertes cîmes
Qui composent, le soir, sur de fluides rimes,
L’hymne le plus léger, le plus fin, le plus grand !
Lorsque je vous écoute aux clartés de la lune,
Dans le grave silence, un désir fou me prend
D’étreindre vos troncs vieux couverts d’écorce brune !
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Aux arbres morts :Albert Lozeau
Aux arbres morts
ARBRES qui verdoyez au soleil triomphant,
O fils harmonieux de la bonne nature,
Toujours debout, dressant votre fière stature,
Comment grandirez-vous si rien ne vous défend ?
La hache sur vos troncs retentit, et vous fend,
Et vous tombez au sol, avec un long murmure ;
Un frisson tel agite alors votre ramure
Qu’on entend, grands vaincus, sur vous pleurer le vent.
Loin des tristes cités barbares où nous sommes,
Dans des bois inconnus, hors du regard des hommes,
Beaux arbres, puissiez-vous revivre pour jamais !
Nous n’avons pas assez l’amour des verts feuillages
Pour que, dans les vallons ou sur les clairs sommets,
Vous abritiez nos fronts de vos bras chargés d’âges…
Albert Lozeau
ARBRES qui verdoyez au soleil triomphant,
O fils harmonieux de la bonne nature,
Toujours debout, dressant votre fière stature,
Comment grandirez-vous si rien ne vous défend ?
La hache sur vos troncs retentit, et vous fend,
Et vous tombez au sol, avec un long murmure ;
Un frisson tel agite alors votre ramure
Qu’on entend, grands vaincus, sur vous pleurer le vent.
Loin des tristes cités barbares où nous sommes,
Dans des bois inconnus, hors du regard des hommes,
Beaux arbres, puissiez-vous revivre pour jamais !
Nous n’avons pas assez l’amour des verts feuillages
Pour que, dans les vallons ou sur les clairs sommets,
Vous abritiez nos fronts de vos bras chargés d’âges…
Albert Lozeau
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
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