Sully Prudhome: Les Yeux
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julien
chadiya madihi
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Sully Prudhome
Les Yeux
Par Sully Prudhome
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
Par Sully Prudhome
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
Dernière édition par chadiya madihi le Lun 12 Avr - 20:49, édité 1 fois
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
Théophile GAUTIER :A deux beaux yeux
- Théophile GAUTIER
(1811-1872)
A deux beaux yeux
Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au
fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir
pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi
leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont
rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir
votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait
à travers un cristal.
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
LES YEUX DE NYSSIA par Léon Dierx
LES YEUX DE NYSSIA
Je suivais dans les bois la fille aux cils soyeux.
Non loin d' un petit lac dormant nous nous assîmes;
Tout se taisait dans l' herbe et sous les hautes cimes.
Nyssia regardait le lac silencieux;
Moi, le fond de ses yeux.
-" sources claires des bois! Dit Nyssia; fontaines
Où le regard profond sous l' onde va plongeant!
Tranquillité du ciel sous la moire d' argent,
Où tremblent d' autres joncs aux luisantes antennes,
Et des branches lointaines! "
-je disais: " larges yeux de la femme! ô clartés
Où l' amour entrevoit un ciel insaisissable!
Ô regards qui roulez aux bords des cils un sable
Fait de nacre, d' azur et d' or! Sérénités
Des yeux diamantés! "
-Nyssia dit: " là-bas, ce bassin solitaire
Qui dort ainsi sans ride au fond du bois, vraiment,
Semble avoir la puissance étrange de l' aimant.
Autour de lui, regarde, un brouillard délétère
Plane comme un mystère. "
-je répondis: " tes yeux, Nyssia, tes yeux clairs,
Ces yeux que mon soupir sans les troubler traverse,
Fascinent par l' attrait de leur langueur perverse.
Un magique pouvoir aiguise leurs éclairs
Qui filtrent dans mes chairs. "
-" vois, disait Nyssia, l' étonnante apparence
Qu' ont les plantes sous l' eau, les plantes et les fleurs.
Comme tout se revêt de féeriques couleurs!
Sous ce lac enchanté je sens qu' une attirance
Vit dans sa transparence. "
-" dans tes yeux, lui disais-je, ô Nyssia! Je vois
Tous mes rêves, tous mes pensers, toutes mes peines.
Rien qu' à les voir, mon sang se tarit dans mes veines.
Souriants sous la nacre, au fond de tes yeux froids
Ils vivent, je le crois. "
-" suis sur tous ces reflets, suis la molle paresse
D' une flamme émoussée au fond d' un ciel plus doux.
Ces images de paix qui s' allongent vers nous,
Les sens-tu nous verser l' ineffable tendresse
De l' eau qui les caresse? "
-" Nyssia, dans tes yeux je contemple, charmé,
Tous mes désirs nageant vers un azur plus tendre.
Tu regardes là-bas, Nyssia, sans m' entendre;
Mais mon âme revoit son fantôme pâmé
Dans tes yeux enfermé. "
-" et pourtant, comme autour du bassin, me dit-elle,
Tout est morne! Partout, vois, sur cette eau qui dort
Les arbres amaigris se penchent; tout est mort.
On dirait sur la rive une sombre dentelle;
Cette source est mortelle. "
-" prunelles! Chers écrins aux limpides cristaux!
Quand la frange de jais de vos grands cils s' abaisse
Et sur la joue au loin projette une ombre épaisse,
Je crois voir se fermer sur mille Eldorados
De funèbres rideaux. "
-" dans ces pâles gazons où périt toute chose,
Tandis que leurs reflets restent verts sous les eaux,
Vois ces tertres cachant le long des noirs roseaux
Comme l' ancien secret d' une métempsycose.
Là, sais-tu qui repose? "
-" autour de ta paupière, à l' ombre de tes cils
Dont les reflets charmants, derrière tes yeux calmes,
Caressent mes désirs comme de douces palmes,
Ah! Pour s' être enivrés de philtres trop subtils,
Des rêves dorment-ils? "
-" les nymphes de ce bois sont dans l' herbe enterrées,
Les nymphes dont toujours palpite le reflet
S' éternisant sous l' eau dans sa blancheur de lait,
Comme celui des fleurs qu' elles ont admirées,
Par un charme attirées. "
-" sous l' éternel éclat de tes grands yeux polis,
Mille rêves pareils au mien, mille pensées
Reluisent. Je crois voir les flammes renversées
Des amours que les bords de ces yeux sous leurs plis
Roulent ensevelis. "
-" lentement ces reflets ont tari toute sève,
Et tout revit sous l' eau si tout meurt sur les bords.
Ces images ont pris la vie à tous les corps,
Arbres, nymphes et fleurs, qui penchés sur la grève
Ont contemplé leur rêve. "
-" Nyssia, que me fait ce lac mystérieux
Dont tu parles? Vers moi tourne enfin tes prunelles!
Je sens que tout mon être absorbé passe en elles,
Et que mon âme entière a plongé sous les cieux,
Nyssia, de tes yeux. "
Et Nyssia sourit: " vis ou meurs, que m' importe!
Dit-elle, maintenant que tressaille à son tour
Dans mes yeux l' immortel reflet de ton amour.
Oui, c' est vraiment ton âme, au fond de cette eau morte,
Ton âme, que j' emporte! "
Et l' eau se referma sur elle; un souffle erra
Longtemps au bord du lac, le souffle de son rire.
Et moi, je vois au fond mon reflet qui m' attire,
Et qui, lorsque ma vie à la fin s' éteindra,
Sous l' eau me survivra.
Je suivais dans les bois la fille aux cils soyeux.
Non loin d' un petit lac dormant nous nous assîmes;
Tout se taisait dans l' herbe et sous les hautes cimes.
Nyssia regardait le lac silencieux;
Moi, le fond de ses yeux.
-" sources claires des bois! Dit Nyssia; fontaines
Où le regard profond sous l' onde va plongeant!
Tranquillité du ciel sous la moire d' argent,
Où tremblent d' autres joncs aux luisantes antennes,
Et des branches lointaines! "
-je disais: " larges yeux de la femme! ô clartés
Où l' amour entrevoit un ciel insaisissable!
Ô regards qui roulez aux bords des cils un sable
Fait de nacre, d' azur et d' or! Sérénités
Des yeux diamantés! "
-Nyssia dit: " là-bas, ce bassin solitaire
Qui dort ainsi sans ride au fond du bois, vraiment,
Semble avoir la puissance étrange de l' aimant.
Autour de lui, regarde, un brouillard délétère
Plane comme un mystère. "
-je répondis: " tes yeux, Nyssia, tes yeux clairs,
Ces yeux que mon soupir sans les troubler traverse,
Fascinent par l' attrait de leur langueur perverse.
Un magique pouvoir aiguise leurs éclairs
Qui filtrent dans mes chairs. "
-" vois, disait Nyssia, l' étonnante apparence
Qu' ont les plantes sous l' eau, les plantes et les fleurs.
Comme tout se revêt de féeriques couleurs!
Sous ce lac enchanté je sens qu' une attirance
Vit dans sa transparence. "
-" dans tes yeux, lui disais-je, ô Nyssia! Je vois
Tous mes rêves, tous mes pensers, toutes mes peines.
Rien qu' à les voir, mon sang se tarit dans mes veines.
Souriants sous la nacre, au fond de tes yeux froids
Ils vivent, je le crois. "
-" suis sur tous ces reflets, suis la molle paresse
D' une flamme émoussée au fond d' un ciel plus doux.
Ces images de paix qui s' allongent vers nous,
Les sens-tu nous verser l' ineffable tendresse
De l' eau qui les caresse? "
-" Nyssia, dans tes yeux je contemple, charmé,
Tous mes désirs nageant vers un azur plus tendre.
Tu regardes là-bas, Nyssia, sans m' entendre;
Mais mon âme revoit son fantôme pâmé
Dans tes yeux enfermé. "
-" et pourtant, comme autour du bassin, me dit-elle,
Tout est morne! Partout, vois, sur cette eau qui dort
Les arbres amaigris se penchent; tout est mort.
On dirait sur la rive une sombre dentelle;
Cette source est mortelle. "
-" prunelles! Chers écrins aux limpides cristaux!
Quand la frange de jais de vos grands cils s' abaisse
Et sur la joue au loin projette une ombre épaisse,
Je crois voir se fermer sur mille Eldorados
De funèbres rideaux. "
-" dans ces pâles gazons où périt toute chose,
Tandis que leurs reflets restent verts sous les eaux,
Vois ces tertres cachant le long des noirs roseaux
Comme l' ancien secret d' une métempsycose.
Là, sais-tu qui repose? "
-" autour de ta paupière, à l' ombre de tes cils
Dont les reflets charmants, derrière tes yeux calmes,
Caressent mes désirs comme de douces palmes,
Ah! Pour s' être enivrés de philtres trop subtils,
Des rêves dorment-ils? "
-" les nymphes de ce bois sont dans l' herbe enterrées,
Les nymphes dont toujours palpite le reflet
S' éternisant sous l' eau dans sa blancheur de lait,
Comme celui des fleurs qu' elles ont admirées,
Par un charme attirées. "
-" sous l' éternel éclat de tes grands yeux polis,
Mille rêves pareils au mien, mille pensées
Reluisent. Je crois voir les flammes renversées
Des amours que les bords de ces yeux sous leurs plis
Roulent ensevelis. "
-" lentement ces reflets ont tari toute sève,
Et tout revit sous l' eau si tout meurt sur les bords.
Ces images ont pris la vie à tous les corps,
Arbres, nymphes et fleurs, qui penchés sur la grève
Ont contemplé leur rêve. "
-" Nyssia, que me fait ce lac mystérieux
Dont tu parles? Vers moi tourne enfin tes prunelles!
Je sens que tout mon être absorbé passe en elles,
Et que mon âme entière a plongé sous les cieux,
Nyssia, de tes yeux. "
Et Nyssia sourit: " vis ou meurs, que m' importe!
Dit-elle, maintenant que tressaille à son tour
Dans mes yeux l' immortel reflet de ton amour.
Oui, c' est vraiment ton âme, au fond de cette eau morte,
Ton âme, que j' emporte! "
Et l' eau se referma sur elle; un souffle erra
Longtemps au bord du lac, le souffle de son rire.
Et moi, je vois au fond mon reflet qui m' attire,
Et qui, lorsque ma vie à la fin s' éteindra,
Sous l' eau me survivra.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
L’oeil- léon dierx
L’oeil
Sous l'épais treillis des feuilles tremblantes,
Au plus noir du bois la lune descend;
Et des troncs moussus aux cimes des plantes,
Son regard fluide et phosphorescent
Fait trembler aux bords des corolles closes
Les larmes des choses.
Lorsque l'homme oublie au fond du sommeil,
La vie éternelle est dans les bois sombres;
Dans les taillis veufs du brûlant soleil
Sous la lune encor palpitent leurs ombres,
Et jamais leur âme, au bout d'un effort,
Jamais ne s'endort!
Le clair de la lune en vivantes gerbes
Sur les hauts gazons filtre des massifs.
Et les fronts penchés, les pieds dans les herbes,
Les filles des eaux, en essaims pensifs,
Sous les saules blancs en rond sont assises,
Formes indécises.
La lune arrondit son disque lointain
Sur le bois vêtu d'un brouillard magique
Et dans une eau blême aux reflets d'étain;
Et ce vieil étang, miroir nostalgique,
Semble ton grand oeil, ô nature! Hélas!
Semble un grand oeil las.
Sous l'épais treillis des feuilles tremblantes,
Au plus noir du bois la lune descend;
Et des troncs moussus aux cimes des plantes,
Son regard fluide et phosphorescent
Fait trembler aux bords des corolles closes
Les larmes des choses.
Lorsque l'homme oublie au fond du sommeil,
La vie éternelle est dans les bois sombres;
Dans les taillis veufs du brûlant soleil
Sous la lune encor palpitent leurs ombres,
Et jamais leur âme, au bout d'un effort,
Jamais ne s'endort!
Le clair de la lune en vivantes gerbes
Sur les hauts gazons filtre des massifs.
Et les fronts penchés, les pieds dans les herbes,
Les filles des eaux, en essaims pensifs,
Sous les saules blancs en rond sont assises,
Formes indécises.
La lune arrondit son disque lointain
Sur le bois vêtu d'un brouillard magique
Et dans une eau blême aux reflets d'étain;
Et ce vieil étang, miroir nostalgique,
Semble ton grand oeil, ô nature! Hélas!
Semble un grand oeil las.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Charmes de l'oeil-albert ferland
Oh! que tout oeil rempli d'amour
Facilement se fait comprendre,
Et comme il sait bien, tour à tour,
Se faire charmant, doux et tendre!
Qu'il soit d'un beau bleu langoureux,
Ou plus noir que l'est la nuit même,
Toujours lorsqu'il est amoureux,
L'oeil est d'une douceur extrême.
L'oeil de la blonde pour l'amant
Est celui qui va plus à l'âme,
Mais l'oeil de la brune est vraiment
Celui qui contient plus de flamme.
Pourtant tout oeil rempli d'amour,
Soit d'une brune ou d'une blonde,
Trouve la nuit comme le jour,
Des admirateurs par le monde.
Facilement se fait comprendre,
Et comme il sait bien, tour à tour,
Se faire charmant, doux et tendre!
Qu'il soit d'un beau bleu langoureux,
Ou plus noir que l'est la nuit même,
Toujours lorsqu'il est amoureux,
L'oeil est d'une douceur extrême.
L'oeil de la blonde pour l'amant
Est celui qui va plus à l'âme,
Mais l'oeil de la brune est vraiment
Celui qui contient plus de flamme.
Pourtant tout oeil rempli d'amour,
Soit d'une brune ou d'une blonde,
Trouve la nuit comme le jour,
Des admirateurs par le monde.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Les Yeux De La Femme. François Coppée
Par François Coppée. (1842-1908)
Les Récits Et Les Élégies. (1878)
Les Yeux De La Femme.
L’Éden resplendissait dans sa beauté première.
Eve, les yeux fermés encore à la lumière,
Venait d’être créée, et reposait, parmi
L’herbe en fleur, avec l’homme auprès d’elle endormi;
Et, pour le mal futur qu’en enfer le Rebelle
Méditait, elle était merveilleusement belle.
Son visage très pur, dans ses cheveux noyé,
S’appuyait mollement sur son bras replié
Et montrant le duvet de son aisselle blanche;
Et, du coude mignon à la robuste hanche,
Une ligne adorable, aux souples mouvements,
Descendait et glissait jusqu’à ses pieds charmants.
Le Créateur était fier de sa créature:
Sa puissance avait pris tout ce que la nature
Dans l’exquis et le beau lui donne et lui soumet,
Afin d’en embellir la femme qui dormait.
Il avait pris, pour mieux parfumer son haleine,
La brise qui passait sur les lys de la plaine;
Pour faire palpiter ses seins jeunes et fiers,
Il avait pris le rythme harmonieux des mers;
Elle parlait en songe, et pour ce doux murmure
Il avait pris les chants d’oiseaux sous la ramure;
Et pour ses longs cheveux d’or fluide et vermeil
Il avait pris l’éclat des rayons du soleil;
Et pour sa chair superbe il avait pris les roses.
Mais Eve s’éveillait; de ses paupières closes
Le dernier rêve allait s’enfuir, noir papillon,
Et sous ses cils baissés frémissait un rayon.
Alors, visible au fond du buisson tout en flamme,
Dieu voulut résumer les charmes de la femme
En un seul, mais qui fût le plus essentiel,
Et mit dans son regard tout l’infini du ciel.
Les Récits Et Les Élégies. (1878)
Les Yeux De La Femme.
L’Éden resplendissait dans sa beauté première.
Eve, les yeux fermés encore à la lumière,
Venait d’être créée, et reposait, parmi
L’herbe en fleur, avec l’homme auprès d’elle endormi;
Et, pour le mal futur qu’en enfer le Rebelle
Méditait, elle était merveilleusement belle.
Son visage très pur, dans ses cheveux noyé,
S’appuyait mollement sur son bras replié
Et montrant le duvet de son aisselle blanche;
Et, du coude mignon à la robuste hanche,
Une ligne adorable, aux souples mouvements,
Descendait et glissait jusqu’à ses pieds charmants.
Le Créateur était fier de sa créature:
Sa puissance avait pris tout ce que la nature
Dans l’exquis et le beau lui donne et lui soumet,
Afin d’en embellir la femme qui dormait.
Il avait pris, pour mieux parfumer son haleine,
La brise qui passait sur les lys de la plaine;
Pour faire palpiter ses seins jeunes et fiers,
Il avait pris le rythme harmonieux des mers;
Elle parlait en songe, et pour ce doux murmure
Il avait pris les chants d’oiseaux sous la ramure;
Et pour ses longs cheveux d’or fluide et vermeil
Il avait pris l’éclat des rayons du soleil;
Et pour sa chair superbe il avait pris les roses.
Mais Eve s’éveillait; de ses paupières closes
Le dernier rêve allait s’enfuir, noir papillon,
Et sous ses cils baissés frémissait un rayon.
Alors, visible au fond du buisson tout en flamme,
Dieu voulut résumer les charmes de la femme
En un seul, mais qui fût le plus essentiel,
Et mit dans son regard tout l’infini du ciel.
chayma- Nombre de messages : 512
loisirs : lecture,marche, cuisine
Humeur : Printanière
Date d'inscription : 05/06/2008
poème pour les yeux
Théophile Gautier (1811-1872).
Recueil : La comédie de la mort (1838).
À deux beaux yeux.
Sonnet.
Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier
Recueil : La comédie de la mort (1838).
À deux beaux yeux.
Sonnet.
Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier
salwa jaafar- Nombre de messages : 358
Date d'inscription : 07/03/2011
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