poètes & muses en poèmes
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poètes & muses en poèmes
Fonction du poète
Dieu le veut, dans les temps contraires,
Chacun travaille et chacun sert.
Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !
Le poète en des jours impies1
Vient préparer des jours meilleurs.
II est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !
II voit, quand les peuples végètent !
Ses rêves, toujours pleins d'amour,
Sont faits des ombres que lui jettent
Les choses qui seront un jour.
On le raille. Qu'importe ! Il pense.
Plus d'une âme inscrit en silence
Ce que la foule n'entend pas.
II plaint ses contempteurs2 frivoles;
Et maint faux sage à ses paroles
Rit tout haut et songe tout bas !
Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.
1. impies : irréligieux, qui ne respectent ou offensent la religion.
2. contempteurs : ceux qui le méprisent.
Les Rayons et les Ombres (1840)
Dieu le veut, dans les temps contraires,
Chacun travaille et chacun sert.
Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !
Le poète en des jours impies1
Vient préparer des jours meilleurs.
II est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !
II voit, quand les peuples végètent !
Ses rêves, toujours pleins d'amour,
Sont faits des ombres que lui jettent
Les choses qui seront un jour.
On le raille. Qu'importe ! Il pense.
Plus d'une âme inscrit en silence
Ce que la foule n'entend pas.
II plaint ses contempteurs2 frivoles;
Et maint faux sage à ses paroles
Rit tout haut et songe tout bas !
Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.
1. impies : irréligieux, qui ne respectent ou offensent la religion.
2. contempteurs : ceux qui le méprisent.
Les Rayons et les Ombres (1840)
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
Re: poètes & muses en poèmes
Les poètes Au siècle qui s'en vient hommes et femmes fortes Nous lutterons sans maîtres au loin des cités mortes Sur nous tous les jours le guillotiné d'en haut Laissera le sang pleuvoir sur nos fronts plus beaux. Les poètes vont chantant Noël sur les chemins Célébrant la justice et l'attendant demain Les fleurs d'antan se sont fanées et l'on n'y pense plus Et la fleur d'aujourd'hui demain aura vécu. Mais sur nos cœurs des fleurs séchées fleurs de jadis Sont toujours là immarcescibles à nos cœurs tristes Je marcherai paisible vers les pays fameux Où des gens s'en allaient aux horizons fumeux Et je verrai les plaines où les canons tonnèrent Je bercerai mes rêves sur les vastes mers Et la vie hermétique sera mon désespoir Et tendre je dirai me penchant vers Elle un soir Dans le jardin les fleurs attendent que tu les cueilles Et est-ce pas ? ta bouche attend que je la veuille ? Ah ! mes lèvres ! sur combien de bouches mes lèvres ont posé Ne m'en souviendrai plus puisque j'aurai les siennes Les siennes Vanité ! Les miennes et les siennes Ah ! sur combien de bouches les lèvres ont posé Jamais jamais heureux toujours toujours partir Nos pauvres yeux bornés par les grandes montagnes Par les chemins pierreux nos pauvres pieds blessés Là-bas trop [près] du but notre bâton brisé Et la gourde tarie et la nuit dans les bois Les effrois et les lèvres l'insomnie et les voix La voix d'Hérodiade en rut et amoureuse Mordant les pâles lèvres du Baptiste décollé Et la voix des hiboux nichés au fond des yeuses Et l'écho qui rit la voix la voix des en allés Et la voix de folie et de sang le rire triste De Macbeth quand il voit au loin la forêt marcher Et ne songe pas à s'apercevoir des reflets d'or Soleil des grandes lances des dendrophores Guillaume APOLLINAIRE |
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
Re: poètes & muses en poèmes
L’origine du Poète
Quand il eut mérité le châtiment de vivre
Sur cette terre, Esprit de son monde exilé,
Des temps futurs s’ouvrit à ses regards le livre :
Il put lire son sort dans l’avenir scellé.
Ce qu’un jour il sera devant lui se déroule,
De ses maux évoqués morne procession.
De revers en revers, flot après flot s’écoule
Sa lamentable vie, — amère vision !
Ce fut là sa douleur première, l’agonie
D’un Esprit que sa faute ici-bas va bannir.
De ses bonheurs passés il doit, âme punie,
Espérance et remords, garder le souvenir.
Homme, dans les labeurs de l’humaine misère,
Gravissant les degrés par l’ange descendus,
Un jour il reverra, montant de sphère en sphère,
Rachetés par ses pleurs, les cieux qu’il a perdus.
Or voici qu’un Esprit, une âme fraternelle,
L’ami, son compagnon dans la sainte Cité,
Lui révèle en ces mots la sentence éternelle,
L’irrévocable arrêt que le maître a porté :
« Frère, entre nous ta chute, hélas ! ouvre un abîme
Que l’expiation seule un jour peut fermer.
La Justice suprême en châtiant le crime
Attend le repentir qui doit la désarmer.
« Entre ton juge et toi ta faute est un mystère
Interdit aux regards même de l’amitié ;
Mais dans l’ange tombé je vois toujours le frère,
Et l’éternel permet l’éternelle pitié !
« Esprit, tu dois subir une prison charnelle,
Te revêtir d’un corps à mourir condamné ;
Tu naîtras de la femme, et, t’absorbant en elle,
Un jour tu comprendras le malheur d’être né.
« L’exil sera ta vie et ton séjour la terre.
Traînant partout le deuil de ton climat natal,
En tous lieux étranger, en tous lieux solitaire,
Tu connaîtras l’amer tourment de l’idéal.
« Tu garderas tes dons ! ta puissance secrète
Sans cesse autour de toi fera l’isolement :
Poète parmi nous, tu resteras poète
Chez l’homme, et ce sera ton plus dur châtiment.
« Cependant du Très-Haut la clémence infinie
Me laisse à ton malheur pour guide et pour soutien.
Invisible et présent, âme à ton âme unie,
Pars, je reste ton frère et ton ange gardien.
« Mais en quittant le ciel pour ta longue souffrance,
De notre azur natal qu’un jour tu dois revoir,
Avec le souvenir, emporte l’espérance :
Dieu sait tout pardonner, tout hors le désespoir. »
Il dit ; et l’exilé sent dans le vide immense
S’évanouir son âme et s’éteindre les cieux :
L’ange en lui disparaît et l’homme en lui commence,
L’homme, — le monstre-énigme à soi-même odieux.
Auguste Lacaussade, Les Automnales (1876)
Quand il eut mérité le châtiment de vivre
Sur cette terre, Esprit de son monde exilé,
Des temps futurs s’ouvrit à ses regards le livre :
Il put lire son sort dans l’avenir scellé.
Ce qu’un jour il sera devant lui se déroule,
De ses maux évoqués morne procession.
De revers en revers, flot après flot s’écoule
Sa lamentable vie, — amère vision !
Ce fut là sa douleur première, l’agonie
D’un Esprit que sa faute ici-bas va bannir.
De ses bonheurs passés il doit, âme punie,
Espérance et remords, garder le souvenir.
Homme, dans les labeurs de l’humaine misère,
Gravissant les degrés par l’ange descendus,
Un jour il reverra, montant de sphère en sphère,
Rachetés par ses pleurs, les cieux qu’il a perdus.
Or voici qu’un Esprit, une âme fraternelle,
L’ami, son compagnon dans la sainte Cité,
Lui révèle en ces mots la sentence éternelle,
L’irrévocable arrêt que le maître a porté :
« Frère, entre nous ta chute, hélas ! ouvre un abîme
Que l’expiation seule un jour peut fermer.
La Justice suprême en châtiant le crime
Attend le repentir qui doit la désarmer.
« Entre ton juge et toi ta faute est un mystère
Interdit aux regards même de l’amitié ;
Mais dans l’ange tombé je vois toujours le frère,
Et l’éternel permet l’éternelle pitié !
« Esprit, tu dois subir une prison charnelle,
Te revêtir d’un corps à mourir condamné ;
Tu naîtras de la femme, et, t’absorbant en elle,
Un jour tu comprendras le malheur d’être né.
« L’exil sera ta vie et ton séjour la terre.
Traînant partout le deuil de ton climat natal,
En tous lieux étranger, en tous lieux solitaire,
Tu connaîtras l’amer tourment de l’idéal.
« Tu garderas tes dons ! ta puissance secrète
Sans cesse autour de toi fera l’isolement :
Poète parmi nous, tu resteras poète
Chez l’homme, et ce sera ton plus dur châtiment.
« Cependant du Très-Haut la clémence infinie
Me laisse à ton malheur pour guide et pour soutien.
Invisible et présent, âme à ton âme unie,
Pars, je reste ton frère et ton ange gardien.
« Mais en quittant le ciel pour ta longue souffrance,
De notre azur natal qu’un jour tu dois revoir,
Avec le souvenir, emporte l’espérance :
Dieu sait tout pardonner, tout hors le désespoir. »
Il dit ; et l’exilé sent dans le vide immense
S’évanouir son âme et s’éteindre les cieux :
L’ange en lui disparaît et l’homme en lui commence,
L’homme, — le monstre-énigme à soi-même odieux.
Auguste Lacaussade, Les Automnales (1876)
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Le poète crotté
... Lors que ce chardon de Parnasse
Ce vain épouvantail de chasse
Ce Pot-pourri d'étranges moeurs,
Ce moine bourru des rimeurs,
Ce chaland de vieille tripière,
Ce faquin orné de rapière,
Cet esprit chaussé de travers,
Ce petit fagoteur de vers,
Vit sa pauvre muse chifflée
Et son espérance befflée
Après avoir été vingt ans
Un des plus parfaits sots du temps
Et sêtre vu, par son mérite
Fou de la reine Marguerite
Qui l'estimait, Dieu sait combien !
C'est-à-dire autant comme rien.
A la fin, saoul de chiquenaudes,
De taloches, de gringuenaudes
D'ardentes mouches sur l'orteil,
De camouflets dans le sommeil,
De pets en coque à la moustache,
De papiers qu'au dos on attache ;
D'enfler même pour les laquais,
De bernements, de sobriquets,
De coups d'épingle dans les fesses
Et de plusieurs autres caresses
Que dans le Louvre on lui faisait
Quand son diable l'y conduisait,
Il lui prit, quoi que tard, envie
D'aller ailleurs passer sa vie
Et, laissant Paris en ce lieu,
Lui dire pour jamais adieu.
... Son pourpoint, sous qui maint pou gronde,
Montrait les dents à tout le monde,
Non de fierté mais de douleur
De perdre et matière et couleur.
Il fut jadis d'un drap minime ;
Mais qu'est-ce que le temps ne lime
Le pauvre diable a fait son cours :
Autant puissent durer mes jours.
La moitié d'une peccadille
Sur qui sa crinière pendille
Affreuse et sentant le sabat,
Lui servait au lieu de rabat.
Des grègues d'un faux satin jaune,
D'un côté trop longues d'une aune
Et de l'autre à bouillon troussé,
Reliques d'un ballet dansé,
Qu'un galant coiffé d'une dame
Lui donna pour son anagramme
Avec un demi-quart d'écu,
Enharnachaient son chien de pul.
Un rocquet de bourraccan rouge
Qui jamais de son dos ne bouge
L'affublait, quoiqu'il fût hiver
Et qu'il fût rongé de maint ver.
... Au moins, ô ma chère Sybile
N'aye la mémoire labile
Remembre-toi de ton côté
De ton pauvre rimeur crotté
Et du mien j'aurai pour hôtesse
Dans le chef ma haute poétesse
Dont les écrits, comme mes vers,
Sont les torches de l'univers ;
Remembre-toi des sérénades
Qu'en mes nocturnes promenades,
Accompagné d'un vielleur
Aveugle, afin que déceleur
De nos amours il ne pût être,
Discrétion qui reconnaître
Se doit bien, je t'ai si souvent
Donnée, à la pluie et au vent ;
Remémore-toi davantage
Que, quoi qu'en douzième étage
Tu te gîtes proche du ciel,
Et c'est pourquoi, mon tout, mon miel,
Ci-devant, haute t'ai nommée,
Toutefois d'une âme charmée,
N'ai pas laissé grimpant en ours,
De te visiter tous les jours.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Au lecteur...
Alfred de MUSSET
Sonnet au lecteur
Jusqu'à présent, lecteur, suivant l'antique usage,
Je te disais bonjour à la première page.
Mon livre, cette fois, se ferme moins gaiement ;
En vérité, ce siècle est un mauvais moment.
Tout s'en va, les plaisirs et les moeurs d'un autre âge,
Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine vieilli qui me traite en enfant.
La politique, hélas ! voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire.
Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.
Je veux, quand on m'a lu, qu'on puisse me relire.
Si deux noms, par hasard, s'embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.
Sonnet au lecteur
Jusqu'à présent, lecteur, suivant l'antique usage,
Je te disais bonjour à la première page.
Mon livre, cette fois, se ferme moins gaiement ;
En vérité, ce siècle est un mauvais moment.
Tout s'en va, les plaisirs et les moeurs d'un autre âge,
Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine vieilli qui me traite en enfant.
La politique, hélas ! voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire.
Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.
Je veux, quand on m'a lu, qu'on puisse me relire.
Si deux noms, par hasard, s'embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
a sa muse...
Etienne JODELLE (1532-1573)
A sa Muse
Tu sçais, o vaine Muse, o Muse solitaire
Maintenant avec moy, que ton chant qui n'a rien
De vulgaire, ne plaist non plus qu'un chant vulgaire.
Tu sçais que plus je suis prodigue de ton bien
Pour enrichir des grans l'ingrate renommée
Et plus je perds le tems, ton espoir et le mien.
Tu sçais que seulement toute chose est aymée
Qui fait d'un homme un singe, et que la vérité
Souz les pieds de l'erreur gist ores assommée.
Tu sçais que l'on ne sçait où gist la Volupté,
Bien qu'on la cherche en tout : car la Raison sujete
Au Desir, trouve l'heur en l'infelicité.
Tu sçais que la Vertu, qui seulle nous rachete
De la nuit, se retient elle mesme en sa nuit,
Pour ne vivre qu'en soy, sourde, aveugle et muete.
Tu sçais que tous les jours celui-la plus la fuit
Qui montre mieus la suivre, et que nostre visage
Se masque de ce bien à qui nostre cueur nuit.
Tu sçais que le plus fol prend bien le nom de sage
Aveuglé des flateurs, mais il semble au poisson,
Qui engloutit l'amorse et la mort au rivage.
Tu sçais que quelques uns se repaissent d'un son
Qui les flate par tout, mais helas ! Ils dementent
La courte opinion, la gloire, et la chanson.
Tu sçay que moy vivant les vivans ne te sentent,
Car l'Equité se rend esclave de faveur :
Et plus sont creus ceus la qui plus effrontés mentent.
Tu sçais que le sçavoir n'a plus son vieil honneur,
Et qu'on ne pense plus que l'heureuse nature
Puisse rendre un jeune homme à tout oeuvre meilleur.
Tu sçais que d'autant plus, me faisant mesme injure,
Je m'aide des Vertus, affin de leur aider,
Et plus je suis tiré dans leur prison obscure.
Tu sçais que je ne puis si tost me commender,
Tu connois ce bon cueur, quand pour la recompense
Il me faut à tous coups le pardon demander.
Tu sçais comment il faut gesner ma contenance
Quand un peuple me juge et qu'en despit de moy
J'abaisse mes sourcis souz ceux de l'ignorance.
Tu sçais que quand un prince auroit bien dit de toy,
Un plaisant s'en riroit ou qu'un piqueur stoïque
Te voudroit par sotie attacher de sa loy.
Tu sçais que tous les jours un labeur poetique
Apporte à son autheur ces beaux noms seulement
De farceur, de rimeur, de fol, de fantastique.
Tu sçais que si je veux embrasser mesmement
Les affaires, l'honneur, les guerres, les voyages,
Mon merite tout seul me sert d'empeschement.
Bref, tu sçais quelles sont les envieuses rages,
Qui mesme au cueur des grands peuvent avoir vertu,
Et qu'avecq' le mepris se naissent les outrages.
Mais tu sçais bien aussi (pour neant aurois tu
Debatu si long tems et dedans ma pensée
De toute ambition le pouvoir combatu ?),
Tu sçais que la vertu n'est point récompensée,
Sinon que de soy mesme, et que le vrai loyer
De l'homme vertueux, c'est sa vertu passée.
Pour elle seule doncq je me veux employer,
Me deussé je noyer moy mesme dans mon fleuve,
Et de mon propre feu le chef me foudroyer.
Si doncq un changement au reste je n'épreuve,
Il faut que le seul vray me soit mon but dernier,
Et que mon bien total dedans moy seul se treuve :
Jamais l'opinion ne sera mon colier .
A sa Muse
Tu sçais, o vaine Muse, o Muse solitaire
Maintenant avec moy, que ton chant qui n'a rien
De vulgaire, ne plaist non plus qu'un chant vulgaire.
Tu sçais que plus je suis prodigue de ton bien
Pour enrichir des grans l'ingrate renommée
Et plus je perds le tems, ton espoir et le mien.
Tu sçais que seulement toute chose est aymée
Qui fait d'un homme un singe, et que la vérité
Souz les pieds de l'erreur gist ores assommée.
Tu sçais que l'on ne sçait où gist la Volupté,
Bien qu'on la cherche en tout : car la Raison sujete
Au Desir, trouve l'heur en l'infelicité.
Tu sçais que la Vertu, qui seulle nous rachete
De la nuit, se retient elle mesme en sa nuit,
Pour ne vivre qu'en soy, sourde, aveugle et muete.
Tu sçais que tous les jours celui-la plus la fuit
Qui montre mieus la suivre, et que nostre visage
Se masque de ce bien à qui nostre cueur nuit.
Tu sçais que le plus fol prend bien le nom de sage
Aveuglé des flateurs, mais il semble au poisson,
Qui engloutit l'amorse et la mort au rivage.
Tu sçais que quelques uns se repaissent d'un son
Qui les flate par tout, mais helas ! Ils dementent
La courte opinion, la gloire, et la chanson.
Tu sçay que moy vivant les vivans ne te sentent,
Car l'Equité se rend esclave de faveur :
Et plus sont creus ceus la qui plus effrontés mentent.
Tu sçais que le sçavoir n'a plus son vieil honneur,
Et qu'on ne pense plus que l'heureuse nature
Puisse rendre un jeune homme à tout oeuvre meilleur.
Tu sçais que d'autant plus, me faisant mesme injure,
Je m'aide des Vertus, affin de leur aider,
Et plus je suis tiré dans leur prison obscure.
Tu sçais que je ne puis si tost me commender,
Tu connois ce bon cueur, quand pour la recompense
Il me faut à tous coups le pardon demander.
Tu sçais comment il faut gesner ma contenance
Quand un peuple me juge et qu'en despit de moy
J'abaisse mes sourcis souz ceux de l'ignorance.
Tu sçais que quand un prince auroit bien dit de toy,
Un plaisant s'en riroit ou qu'un piqueur stoïque
Te voudroit par sotie attacher de sa loy.
Tu sçais que tous les jours un labeur poetique
Apporte à son autheur ces beaux noms seulement
De farceur, de rimeur, de fol, de fantastique.
Tu sçais que si je veux embrasser mesmement
Les affaires, l'honneur, les guerres, les voyages,
Mon merite tout seul me sert d'empeschement.
Bref, tu sçais quelles sont les envieuses rages,
Qui mesme au cueur des grands peuvent avoir vertu,
Et qu'avecq' le mepris se naissent les outrages.
Mais tu sçais bien aussi (pour neant aurois tu
Debatu si long tems et dedans ma pensée
De toute ambition le pouvoir combatu ?),
Tu sçais que la vertu n'est point récompensée,
Sinon que de soy mesme, et que le vrai loyer
De l'homme vertueux, c'est sa vertu passée.
Pour elle seule doncq je me veux employer,
Me deussé je noyer moy mesme dans mon fleuve,
Et de mon propre feu le chef me foudroyer.
Si doncq un changement au reste je n'épreuve,
Il faut que le seul vray me soit mon but dernier,
Et que mon bien total dedans moy seul se treuve :
Jamais l'opinion ne sera mon colier .
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Re: poètes & muses en poèmes
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
A un poète mort
Toi dont les yeux erraient, altérés de lumière,
De la couleur divine au contour immortel
Et de la chair vivante à la splendeur du ciel,
Dors en paix dans la nuit qui scelle ta paupière.
Voir, entendre, sentir ? Vent, fumée et poussière.
Aimer ? La coupe d'or ne contient que du fiel.
Comme un Dieu plein d'ennui qui déserte l'autel,
Rentre et disperse-toi dans l'immense matière.
Sur ton muet sépulcre et tes os consumés
Qu'un autre verse ou non les pleurs accoutumés,
Que ton siècle banal t'oublie ou te renomme ;
Moi, je t'envie, au fond du tombeau calme et noir,
D'être affranchi de vivre et de ne plus savoir
La honte de penser et l'horreur d'être un homme !
A un poète mort
Toi dont les yeux erraient, altérés de lumière,
De la couleur divine au contour immortel
Et de la chair vivante à la splendeur du ciel,
Dors en paix dans la nuit qui scelle ta paupière.
Voir, entendre, sentir ? Vent, fumée et poussière.
Aimer ? La coupe d'or ne contient que du fiel.
Comme un Dieu plein d'ennui qui déserte l'autel,
Rentre et disperse-toi dans l'immense matière.
Sur ton muet sépulcre et tes os consumés
Qu'un autre verse ou non les pleurs accoutumés,
Que ton siècle banal t'oublie ou te renomme ;
Moi, je t'envie, au fond du tombeau calme et noir,
D'être affranchi de vivre et de ne plus savoir
La honte de penser et l'horreur d'être un homme !
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
muse...
Salomon CERTON
Muse, conseil ; lequel il me faut prendre
Muse, conseil ; lequel il me faut prendre
Pour reposer. Le frais, l'ombre ou le vert
Que ce ruisseau, ce bois, ce pré ouvert
Me veut donner, me fournir et m'estendre.
Son cours, son ombre et son herbage tendre
Est-il trop froid, trop noir, trop descouvert ?
Parle bien tost, car la fraischeur se perd,
Le vert fannit, l'ombre ne veut attendre.
Mais quel besoin de reposer si pres,
Et pour si peu consulter, si le frais,
Si l'ombre, ou si la verdure m'est bonne
Vois-tu la ville où nous mettrons à fin,
Sans que ruisseau, ne bois, ne pré, nous donne
Lieu de repos, nostre entrepris chemin ?
Muse, conseil ; lequel il me faut prendre
Muse, conseil ; lequel il me faut prendre
Pour reposer. Le frais, l'ombre ou le vert
Que ce ruisseau, ce bois, ce pré ouvert
Me veut donner, me fournir et m'estendre.
Son cours, son ombre et son herbage tendre
Est-il trop froid, trop noir, trop descouvert ?
Parle bien tost, car la fraischeur se perd,
Le vert fannit, l'ombre ne veut attendre.
Mais quel besoin de reposer si pres,
Et pour si peu consulter, si le frais,
Si l'ombre, ou si la verdure m'est bonne
Vois-tu la ville où nous mettrons à fin,
Sans que ruisseau, ne bois, ne pré, nous donne
Lieu de repos, nostre entrepris chemin ?
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Salomon CERTON (1552-1615) muse
Muse, n'est-ce point là le feu de la Deesse
Muse, n'est-ce point là le feu de la Deesse
Qui naquit autrefois dans le champ marinier,
Qui d'un brin esclattant ne nous veut denier
Du matin qui s'en vient le jour et la promesse ?
Desja, n'est-ce point là l'aurore qui se dresse,
Vermillonnant ces Montz de son char saffranier ?
Desja, n'est-ce point là le flambeau journalier,
Qui des plus petits feux faict escarter la presse ?
C'est le jour, pour le seur, c'est le poinct asseuré
Qui te delivrera du combat enduré,
Qui t'a toute la nuict fait guerre si cruelle,
Mon oeil ne veille plus, tu es en liberté
De t'aller reposer par le jour appresté,
Qui t'annonce le point de ceste aube nouvelle.
Muse, n'est-ce point là le feu de la Deesse
Qui naquit autrefois dans le champ marinier,
Qui d'un brin esclattant ne nous veut denier
Du matin qui s'en vient le jour et la promesse ?
Desja, n'est-ce point là l'aurore qui se dresse,
Vermillonnant ces Montz de son char saffranier ?
Desja, n'est-ce point là le flambeau journalier,
Qui des plus petits feux faict escarter la presse ?
C'est le jour, pour le seur, c'est le poinct asseuré
Qui te delivrera du combat enduré,
Qui t'a toute la nuict fait guerre si cruelle,
Mon oeil ne veille plus, tu es en liberté
De t'aller reposer par le jour appresté,
Qui t'annonce le point de ceste aube nouvelle.
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
lecteurs
- Philippe DESPORTES (1546-1606)
Ceux qui liront ces vers qu'en pleurant j'ay chantez
Ceux qui liront ces vers qu'en pleurant j'ay chantez,
Non pour gloire ou plaisir, ains forcé du martire,
Voyans par quels destroits Amour m'a sçeu conduire,
Sages à mes dépens, fuiront ses cruautez.
Quels esprits malheureux, nuict et jour tourmentez,
Souffrent un mal si grand que le mien ne soit pire ?
Il ne se peut penser, comment le veux-je dire,
Ou peindre en du papier si grandes nouveautez ?
Je cherchois obstiné des glaçons en la flamme,
Foiblesse au diamant, constance en une femme,
Pitié dans les enfers, le soleil en la nuit.
J'ay joué tout mon âge à ce vain exercice,
J'ay recueilly des pleurs et semé du service,
Et de mes longs travaux repentance est le fruit.
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Pétale...
Pétales bleues de la rose de l’aube
Pétales bleues de la rose de l’aube
acceptez les agissements de ma plume.
Si je cours si tôt, ce n’est pas pour vous remuer.
Apollon me tire de vos cotés, mais ne me donne guère de leçons.
Quand j’aurai fini, nous irons ensemble
sur les collines, au-dessus de la mer
où le vent d’automne caressera nos visages baignés de lumière.
C’est là-bas, pièce par pièce
que nous regarderons ce puzzle.
Et quand les bateaux quitteront le port,
nous partirons, nous aussi,
par le chemin de la falaise que nous connaissons si bien.
Mais maintenant, ma fleur, patience, dormez…
Jules Delavigne, 1999
Pétales bleues de la rose de l’aube
acceptez les agissements de ma plume.
Si je cours si tôt, ce n’est pas pour vous remuer.
Apollon me tire de vos cotés, mais ne me donne guère de leçons.
Quand j’aurai fini, nous irons ensemble
sur les collines, au-dessus de la mer
où le vent d’automne caressera nos visages baignés de lumière.
C’est là-bas, pièce par pièce
que nous regarderons ce puzzle.
Et quand les bateaux quitteront le port,
nous partirons, nous aussi,
par le chemin de la falaise que nous connaissons si bien.
Mais maintenant, ma fleur, patience, dormez…
Jules Delavigne, 1999
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
La Muse malade
Ma pauvre muse, hélas !
Qu'as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux
sont peuplés de visions nocturnes,
Et je
vois tour à tour réfléchis sur ton
teint
La folie
et l'horreur, froides et taciturnes.
Le succube verdâtre et le
rose lutin
T'ont-ils versé
la peur et l'amour de leurs
urnes ?
Le cauchemar, d'un
poing despotique et mutin,
T'a-t-il noyée
au fond d'un fabuleux Minturnes ?
Je voudrais qu'exhalant l'odeur
de la santé
Ton
sein de pensers forts
fût toujours fréquenté,
Et
que ton sang chrétien coulât
à flots rythmiques
Comme les sons
nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour
le père des chansons,
Phoebus, et le
grand Pan, le seigneur des moissons.
[ La Muse malade ]
Poèmes de Charles
Baudelaire
Qu'as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux
sont peuplés de visions nocturnes,
Et je
vois tour à tour réfléchis sur ton
teint
La folie
et l'horreur, froides et taciturnes.
Le succube verdâtre et le
rose lutin
T'ont-ils versé
la peur et l'amour de leurs
urnes ?
Le cauchemar, d'un
poing despotique et mutin,
T'a-t-il noyée
au fond d'un fabuleux Minturnes ?
Je voudrais qu'exhalant l'odeur
de la santé
Ton
sein de pensers forts
fût toujours fréquenté,
Et
que ton sang chrétien coulât
à flots rythmiques
Comme les sons
nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour
le père des chansons,
Phoebus, et le
grand Pan, le seigneur des moissons.
[ La Muse malade ]
Poèmes de Charles
Baudelaire
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
La muse vénale
Ô muse de mon cœur, amante des palais,
Auras-tu quand
janvier lâchera ses Borées,
Durant les noirs
ennuis des neigeuses soirées,
Un tison
pour chauffer tes deux
pieds violets ?
Ranimeras-tu
donc tes épaules marbrées
Aux
nocturnes rayons
qui percent les volets
?
Sentant ta bourse
à sec autant que ton palais,
Récolteras-tu
l'or des voûtes azurées ?
Il te
faut, pour gagner ton pain de
chaque soir,
Comme un enfant
de chœur, jouer
de l'encensoir,
Chanter des Te
Deum auxquels tu ne crois
guère,
Ou,
saltimbanque à
jeun, étaler tes appas
Et
ton rire trempé de pleurs
qu'on ne voit pas,
Pour faire
épanouir la rate
du vulgaire.
[ La muse vénale ]
Poèmes de Charles
Baudelaire
Auras-tu quand
janvier lâchera ses Borées,
Durant les noirs
ennuis des neigeuses soirées,
Un tison
pour chauffer tes deux
pieds violets ?
Ranimeras-tu
donc tes épaules marbrées
Aux
nocturnes rayons
qui percent les volets
?
Sentant ta bourse
à sec autant que ton palais,
Récolteras-tu
l'or des voûtes azurées ?
Il te
faut, pour gagner ton pain de
chaque soir,
Comme un enfant
de chœur, jouer
de l'encensoir,
Chanter des Te
Deum auxquels tu ne crois
guère,
Ou,
saltimbanque à
jeun, étaler tes appas
Et
ton rire trempé de pleurs
qu'on ne voit pas,
Pour faire
épanouir la rate
du vulgaire.
[ La muse vénale ]
Poèmes de Charles
Baudelaire
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Le poète malheureux- N-Gilbert
Nicolas GILBERT
(extrait)
Vous que l'on vit toujours chéris de la fortune,
De succès en succès promener vos désirs,
Un moment, vains mortels, suspendez vos plaisirs :
Malheureux... ce mot seul déjà vous importune ?
On craint d'être forcé d'adoucir mes destins ?
Rassurez-vous, cruels ; environné d'alarmes,
J'appris à dédaigner vos bienfaits incertains,
Et je ne viens ici demander que des larmes.
Savez-vous quel trésor eût satisfait mon coeur
La gloire : mais la gloire est rebelle au malheur ;
Et le cours de mes maux remonte à ma naissance.
Avant que, dégagé des ombres de l'enfance,
Je pusse voir l'abîme où j'étais descendu,
Père, mère, fortune, oui, j'avais tout perdu.
Du moins l'homme éclairé, prévoyant sa misère,
Enrichit l'avenir de ses travaux présents ;
L'enfant croit qu'il vivra comme a vécu son père,
Et, tranquille, s'endort entre les bras du temps.
La raison luit enfin, quoique tardive à naître.
Surpris, il se réveille, et chargé de revers,
Il se voit, sans appui dans un monde pervers,
Forcé de haïr l'homme, avant de le connaître...
Le Poète languit dans la foule commune,
Et s'il fut en naissant chargé de l'infortune,
Si l'homme, pour lui seul avare de secours,
Refuse à ses travaux même un juste salaire ;
Que peut-il lui rester ?... Oh ! pardonnez, mon père,
Vous me l'aviez prédit. Je ne vous croyais pas.
Ce qui peut lui rester ? La honte et le trépas.
C'en est donc fait : déjà la perfide espérance
Laisse de mes longs jours vaciller le flambeau ;
A peine il luit encore, et la pâle indigence
M'entrouvre lentement les portes du tombeau.
Mon génie est vaincu : voyez ce mercenaire,
Qui, marchant à pas lourds dans un sentier scabreux,
Tombe sous son fardeau ; longtemps le malheureux
Se débat sous le poids, lutte, se désespère,
Cherchant au loin des yeux un bras compatissant :
Seul il soutient la masse à demi soulevée ;
Qu'on lui tende la main, et la vie est sauvée.
Nul ne vient, il succombe, il meurt en frémissant :
Tel est mon sort. Bientôt je rejoindrai ma mère,
Et l'ombre de l'oubli va tous deux nous couvrir.
Ô Rives de la Saône, où ma faible paupière
A la clarté des cieux commença de s'ouvrir,
Lieux où l'on sait au moins respecter l'innocence,
Vous ne me verrez plus ! Mon dernier jour s'avance,
Mes yeux se fermeront sous un ciel inhumain.
Amis !... vous me fuyez ?... cruels ! je vous implore,
Rendez-moi ces pinceaux échappés de ma main...
Je meurs... ce que je sens, je veux le peindre encore.
(extrait)
Vous que l'on vit toujours chéris de la fortune,
De succès en succès promener vos désirs,
Un moment, vains mortels, suspendez vos plaisirs :
Malheureux... ce mot seul déjà vous importune ?
On craint d'être forcé d'adoucir mes destins ?
Rassurez-vous, cruels ; environné d'alarmes,
J'appris à dédaigner vos bienfaits incertains,
Et je ne viens ici demander que des larmes.
Savez-vous quel trésor eût satisfait mon coeur
La gloire : mais la gloire est rebelle au malheur ;
Et le cours de mes maux remonte à ma naissance.
Avant que, dégagé des ombres de l'enfance,
Je pusse voir l'abîme où j'étais descendu,
Père, mère, fortune, oui, j'avais tout perdu.
Du moins l'homme éclairé, prévoyant sa misère,
Enrichit l'avenir de ses travaux présents ;
L'enfant croit qu'il vivra comme a vécu son père,
Et, tranquille, s'endort entre les bras du temps.
La raison luit enfin, quoique tardive à naître.
Surpris, il se réveille, et chargé de revers,
Il se voit, sans appui dans un monde pervers,
Forcé de haïr l'homme, avant de le connaître...
Le Poète languit dans la foule commune,
Et s'il fut en naissant chargé de l'infortune,
Si l'homme, pour lui seul avare de secours,
Refuse à ses travaux même un juste salaire ;
Que peut-il lui rester ?... Oh ! pardonnez, mon père,
Vous me l'aviez prédit. Je ne vous croyais pas.
Ce qui peut lui rester ? La honte et le trépas.
C'en est donc fait : déjà la perfide espérance
Laisse de mes longs jours vaciller le flambeau ;
A peine il luit encore, et la pâle indigence
M'entrouvre lentement les portes du tombeau.
Mon génie est vaincu : voyez ce mercenaire,
Qui, marchant à pas lourds dans un sentier scabreux,
Tombe sous son fardeau ; longtemps le malheureux
Se débat sous le poids, lutte, se désespère,
Cherchant au loin des yeux un bras compatissant :
Seul il soutient la masse à demi soulevée ;
Qu'on lui tende la main, et la vie est sauvée.
Nul ne vient, il succombe, il meurt en frémissant :
Tel est mon sort. Bientôt je rejoindrai ma mère,
Et l'ombre de l'oubli va tous deux nous couvrir.
Ô Rives de la Saône, où ma faible paupière
A la clarté des cieux commença de s'ouvrir,
Lieux où l'on sait au moins respecter l'innocence,
Vous ne me verrez plus ! Mon dernier jour s'avance,
Mes yeux se fermeront sous un ciel inhumain.
Amis !... vous me fuyez ?... cruels ! je vous implore,
Rendez-moi ces pinceaux échappés de ma main...
Je meurs... ce que je sens, je veux le peindre encore.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Exaltation:Maryse ABRAN-PENGRECH
Exaltation (ballade)
Un poète a laissé sa plume
Tomber dans
l'encrier des ans
Où la mémoire se consume
En pleurs et rires
inconstants ;
Il se souvient d'hymnes gitans
Nés de fervents
épithalames
Orchestrant les hivers du temps
A l'heure où
s'endorment les femmes
Qu'il aimait barbouiller d'écume
Les
vagues aux jeux trépidants
Où s'attardaient les soirs de brume
Des
filles aux corps impudents !
Bercé de désirs persistants
Source
de magiques sésames,
Il rêvait d'aveux fécondants
A l'heure où
s'endorment les femmes.
Sa chair inassouvie exhume
Le poids
des bonheurs décadents,
Son coeur balayé d'amertume
Chante au
maquis ses résistants,
Lorsqu'au nom d'espoirs transcendants
L'ombre
de mortes oriflammes
Réveille les buissons ardents
A l'heure où
s'endorment les femmes
ENVOI
Moissonneurs d'ultimes
instants,
Faut-il que vos guerres infâmes
Fauchent le fruit de
leurs printemps
A l'heure où s'endorment les femmes ?
Un poète a laissé sa plume
Tomber dans
l'encrier des ans
Où la mémoire se consume
En pleurs et rires
inconstants ;
Il se souvient d'hymnes gitans
Nés de fervents
épithalames
Orchestrant les hivers du temps
A l'heure où
s'endorment les femmes
Qu'il aimait barbouiller d'écume
Les
vagues aux jeux trépidants
Où s'attardaient les soirs de brume
Des
filles aux corps impudents !
Bercé de désirs persistants
Source
de magiques sésames,
Il rêvait d'aveux fécondants
A l'heure où
s'endorment les femmes.
Sa chair inassouvie exhume
Le poids
des bonheurs décadents,
Son coeur balayé d'amertume
Chante au
maquis ses résistants,
Lorsqu'au nom d'espoirs transcendants
L'ombre
de mortes oriflammes
Réveille les buissons ardents
A l'heure où
s'endorment les femmes
ENVOI
Moissonneurs d'ultimes
instants,
Faut-il que vos guerres infâmes
Fauchent le fruit de
leurs printemps
A l'heure où s'endorment les femmes ?
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
ELOGE AUX POETES
ELOGE AUX POETES
La Poésie pour nous
C'est quand on lit tes lignes
Où tous les mots qui chantent
Aux rêves qu'on invente
A tes mots accrochés
Grâce aux vers que tu offres
Rangés
Dans chaque strophe
La poésie pour nous
C'est d'aller regarder
Ta rime enchanteresse
Qui sent bon la liesse
Et le verbe d'antan
Qui renaît de ses cendres
Chantant
Comme une offrande
La Poésie pour nous
C'est quand on lit tes lignes
Où tous les mots qui chantent
Aux rêves qu'on invente
A tes mots accrochés
Grâce aux vers que tu offres
Rangés
Dans chaque strophe
La poésie pour nous
C'est d'aller regarder
Ta rime enchanteresse
Qui sent bon la liesse
Et le verbe d'antan
Qui renaît de ses cendres
Chantant
Comme une offrande
Aux jeunes poètes
Poème genre didactique
Pour faire un poème
Pardonnez moi ce pléonasme
Il suffit de ce promener
Quelque fois sans bouger
Regarder dehors et dedans
Avec toutes les cellules
De votre vous
Et voici que vous êtes riche
Mais n'en dites rien à personne
Pour aujourd'hui
Ne faites pas le nouveau-riche
Apprenez les bonnes manières
Car la fortune est peu de chose
à qui ne sait pas s'en servir
Vous voici fécondés
Travaillez façonnez polissez assemblez
Tous ces immatériels matériaux
Maintenant
Que vous avez reçu le monde en vous
Portez le monde qui va naître
Obéissez
Parfois aux lois des autres
Parfois aux vôtres
Parfois encore et surtout
à la Loi
Qui n'est ni des autres ni de vous
Et vous serez aimés
Des mots des sons des rythmes
Qui s'ordonneront pour vous plaire
Soyez triple comme un Dieu
Ou plutôt comme une mère
Et naîtra le poème
Mais j'aurais dû tout simplement vous dire
Copier copier
Religieusement
La vérité que vous êtes
Et vous ferez un poème
à condition que vous soyez poète
Pierre Albert-Birot
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
Pour un art poétique: Quenau
Pour un art poétique ( extrait )
1
Un poème c'est bien peu de chose
A peine plus qu'un cyclone aux Antilles
Q'un typhon dans la mer de Chine
Un tremblement de terre à Formose
Une inondation du Yang Tsé Kiang
ça vous noie cent mille Chinois d'un seul coup
Vlan
ça ne fait même pas le sujet d'un poème
Bien peu de chose
On s'amuse bien dans notre petit village
On va bâtir une nouvelle école
On va élir un nouveau maire et changer les jours de marché
On était au centre du monde on se trouve maintenant
Près du fleuve océan qui ronge l'horizon
Un poème c'est bien peu de chose
5
Bon dieu de bon dieu que j'ai envie d'écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
viens ici que je t'enfile
sur le collier de mes autres poèmes
viens ici que je t'entube
Dans le comprimé de mes oeuvres complètes
viens ici que je t'enpapouète
et que je t'enrime
et que je t'enrythme
et que je t'enlyre
et que je t'enpégase
et que je t'enverse
et que je t'enprose
la vache
il a foutu le camp
9
Ce soir
si j'écrivait un poème
pour la postérité ?
fichtre
la belle idée
Je me sens sûr de moi
j'y vas
et
à
la
postérité
j'y dis merde et remerde
et reremerde
Drôlement feintée
La postérité
qui attendait son poème
ah mais
Queneau Raymond
1
Un poème c'est bien peu de chose
A peine plus qu'un cyclone aux Antilles
Q'un typhon dans la mer de Chine
Un tremblement de terre à Formose
Une inondation du Yang Tsé Kiang
ça vous noie cent mille Chinois d'un seul coup
Vlan
ça ne fait même pas le sujet d'un poème
Bien peu de chose
On s'amuse bien dans notre petit village
On va bâtir une nouvelle école
On va élir un nouveau maire et changer les jours de marché
On était au centre du monde on se trouve maintenant
Près du fleuve océan qui ronge l'horizon
Un poème c'est bien peu de chose
5
Bon dieu de bon dieu que j'ai envie d'écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
viens ici que je t'enfile
sur le collier de mes autres poèmes
viens ici que je t'entube
Dans le comprimé de mes oeuvres complètes
viens ici que je t'enpapouète
et que je t'enrime
et que je t'enrythme
et que je t'enlyre
et que je t'enpégase
et que je t'enverse
et que je t'enprose
la vache
il a foutu le camp
9
Ce soir
si j'écrivait un poème
pour la postérité ?
fichtre
la belle idée
Je me sens sûr de moi
j'y vas
et
à
la
postérité
j'y dis merde et remerde
et reremerde
Drôlement feintée
La postérité
qui attendait son poème
ah mais
Queneau Raymond
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
Page d'écriture
Page d'écriture
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cour
il dit oui à ceux qu'il aime
il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur
Prévert Jacques
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cour
il dit oui à ceux qu'il aime
il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur
Prévert Jacques
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
Qui d'un poète...
- Jacques PELLETIER DU MANS (1517-1582)
Qui d'un poëte entend suivre la trace
Qui d'un poëte entend suivre la trace
En traduisant, et proprement rimer,
Ainsi qu'il faut la diction limer,
Et du françois garder la bonne grace,
Par un moyen luy conviendra qu'il face
Egale au vif la peinture estimer
L'art en tous pointz la Nature exprimer
Et d'un corps naistre un corps de mesme face :
Mais par sus tout met son honneur en gage,
Et de grand'peine emporte peu d'estime
Qui fait parler Petrarque autre langage,
Le translatant en vers rime pour rime :
Que pleust aux Dieux et Muses consentir
Qu'il en vinst un qui me peust dementir
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Le poète:Gilles Vigneault
Gilles Vigneault
Le
poète
Je prendrai dans
ma main gauche
Une poignée de mer
Et dans ma main droite
Une poignée de
terre
Puis je joindrai mes deux mains
Comme pour une prière
Et de cette
poignée de boue
Je lancerai dans le ciel
Une planète nouvelle
Vêtue de
quatre saisons
Et pourvue de gravité
Pour retenir la maison
Que j'y
rêve d'habiter.
Une ville. Un réverbère.
Un lac. Un poisson rouge.
Un
arbre et à peine
Un oiseau.
Car une telle planète
Ne tournera que le
temps
De donner à l'Univers
La pesanteur d'un
instant.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
la poésie
A Victor Gérurez
Quand j'entends disputer les hommes
Sur Dieu qu'ils ne pénètrent point,
Je me demande où nous en sommes :
Hélas ! toujours au même point.
Oui, j'entends d'admirables phrases,
Des sons par la bouche ennoblis ;
Mais les mots ressemblent aux vases :
Les plus beaux sont les moins remplis.
Alors, pour me sauver du doute,
J'ouvre un Euclide avec amour ;
Il propose, il prouve, et j'écoute,
Et je suis inondé de jour.
L'évidence, éclair de l'étude,
Jaillit, et me laisse enchanté !
Je savoure la certitude,
Mon seul vrai bonheur, ma santé !
Pareil à l'antique sorcière
Qui met, par le linéament
Qu'elle a tracé dans la poussière,
Un monde obscur en mouvement,
Je forme un triangle : ô merveille !
Le peuple des lois endormi
S'agite avec lenteur, s'éveille
Et se déroule à l'infini.
Avec trois lignes sur le sable
Je connais, je ne doute plus !
Un triangle est donc préférable
Aux mots sonores que j'ai lus ?
Non ! j'ai foi dans la Poésie :
Elle instruit par témérité ;
Elle allume sa fantaisie
Dans tes beaux yeux, ô Vérité !
Si le doigt des preuves détache
Ton voile aux plis multipliés,
Le vent des strophes te l'arrache,
D'un seul coup, de la tête aux pieds.
Et c'est pourquoi, toute ma vie,
Si j'étais poète vraiment,
Je regarderais sans envie
Képler toiser le firmament !
daniel- Nombre de messages : 1002
loisirs : lecture,chasse,pêche,course
Humeur : humour
Date d'inscription : 12/06/2008
« Je me croyais poète… »
À Louis Bertrand.
Je me croyais poète et j'ai pu me méprendre,
D'autres ont fait la lyre et je subis leur loi ;
Mais si mon âme est juste, impétueuse et tendre,
Qui le sait mieux que moi ?
Oui, je suis mal servi par des cordes nouvelles
Qui ne vibrent jamais au rhythme de mon cœur ;
Mon rêve de sa lutte avec les mots rebelles
Ne sort jamais vainqueur !
Mais quoi ! le statuaire, au moment où l'argile
Refuse au sentiment le contour désiré,
Parce qu'il trouve alors une fange indocile
Est-il moins inspiré ?
Si mon dessein secret demeure obscur aux hommes
A cause de l'outil qui tremble dans ma main,
Dieu, qui sans interprète aperçoit qui nous sommes,
Juge l'œuvre en mon sein.
Quand j'ai changé mon âme en un bruit pour l'oreille,
Les hommes ont-ils vu ma joie et ma douleur ?
ils n'ont qu'un mot : l'amour, expression pareille
De mon trouble et du leur.
Heureux qui de son cœur voit l'image apparaître
Au flot d'un verbe pur comme en un ruisseau clair,
Et peut manifester comment frémit son être
En faisant frémir l'air !
Hélas ! A mes pensers le signe se dérobe,
Mon âme a plus d'élan que mon cri n'a d'essor,
Je sens que je suis riche, et ma sordide robe
Cache aux yeux mon trésor.
L'airain sans l'effigie est un bien illusoire,
Et j'en porte un lingot qu'il faudrait monnayer ;
J'ai de ce fort métal dont s'achète la gloire,
Et ne la puis payer.
La gloire ! oh ! surnager sur cette immense houle
Qui, dans son flux hautain noyant les noms obscurs,
Des brumes du passé se précipite et roule
Aux horizons futurs !
Voir mon œuvre flotter sur cette mer humaine,
D'un bout du monde à l'autre et par delà ma mort,
Comme un fier pavillon que la vague ramène
Seul, mais vainqueur, au port !
Ce rêve ambitieux remplira ma jeunesse,
Mais, si l'air ne s'est point de ma vie animé,
Que dans un autre cœur mon poème renaisse,
Qu'il vibre et soit aimé !
daniel- Nombre de messages : 1002
loisirs : lecture,chasse,pêche,course
Humeur : humour
Date d'inscription : 12/06/2008
j'écrit...Millet
J'écris pour que mes mots...
J'écris pour que mes mots sur tous vos maux s'épanchent,
Afin d'en soulager la sublime douleur,
Qui sommeille dans chaque recoins de vos coeurs,
Si prompt à enfermer tous vos fruits de revanche.
Voici donc une lettre où mon être se donne
A vous très chers amis lointains mais pourtant proche,
Puisque toutes nos âmes ensemble se raccrochent,
A une même danse que dansent nos personnes.
Benoist Millet
J'écris pour que mes mots sur tous vos maux s'épanchent,
Afin d'en soulager la sublime douleur,
Qui sommeille dans chaque recoins de vos coeurs,
Si prompt à enfermer tous vos fruits de revanche.
Voici donc une lettre où mon être se donne
A vous très chers amis lointains mais pourtant proche,
Puisque toutes nos âmes ensemble se raccrochent,
A une même danse que dansent nos personnes.
Benoist Millet
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Un poème?
|
Un poème?
Sortilège du coeur qui envoûte l'esprit
De flots d'incantations dont les sonorités
Répandent à la surface des réalités
Une harmonie mélodieuse pour habit
Douce saveur d'un plaisir que notre raison
Savoure sur les langues du temps élancé
Contre les frontières feutrées de l'émotion
Récoltant l'instant semé de germes d'idées
Le poème avalé n'a plus d'identité
Les Terres labourées aux quatre horizons
Dont chacun est vêtu recueille le sonnet
Les joies enivrantes de l'imagination
Multiplie ses possibles réapparitions
En mosaïques de couleurs qui font danser
Millet Benoist
Sortilège du coeur qui envoûte l'esprit
De flots d'incantations dont les sonorités
Répandent à la surface des réalités
Une harmonie mélodieuse pour habit
Douce saveur d'un plaisir que notre raison
Savoure sur les langues du temps élancé
Contre les frontières feutrées de l'émotion
Récoltant l'instant semé de germes d'idées
Le poème avalé n'a plus d'identité
Les Terres labourées aux quatre horizons
Dont chacun est vêtu recueille le sonnet
Les joies enivrantes de l'imagination
Multiplie ses possibles réapparitions
En mosaïques de couleurs qui font danser
Millet Benoist
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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