poesie:Jacques TAHUREAU
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poesie:Jacques TAHUREAU
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
A Etienne Jodelle se jouant sur son nom retourné
Quand tu naquis en ces bas lieux
Tous les dieux et les demi dieux
Et les déesses plus bénines
Gravèrent de lettres divines
Dans ton astre bien fortuné
"Le Délien est né !"
Tout le Parnassien troupeau
Chantant autour de ton berceau,
Te prévoyant son prêtre en France,
Disait en l'heur de ta naissance
Sur ton front déjà couronné
"Le Délien est né !"
Les nymphes des bois et des eaux,
Faunes, chèvrepieds, satyreaux,
Les rocs, les antres, les montagnes,
Les prés, les bosquets, les campagnes,
Ont tous ensemble résonné
"Io le Délien est né !"
Dès la fleur de tes jeunes ans,
De nos poètes les mieux disants,
Ravis, comme d'un autre Ascrée,
De ta docte bouche sacrée,
Ont tous sur leur lyre entonné
"Io le Délien est né !"
Il me semble déjà que j'oi
Rire et chanter avecques moi
Toutes nos plus belles fillettes,
Ayant de gaies violettes
Leur chef épars environné
"Io le Délien est né !"
Ne craignez plus, divins esprits,
Que l'ignorant gagne le prix
Dessus votre gloire immortelle
Votre divin Jodelle
Qui vous était prédestiné,
"Io le Délien est né !"
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Ce n'est pas moy qui veut d'un feint ouvrage
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Ce n'est pas moy qui veut d'un feint ouvrage
Ce n'est pas moy qui veut d'un feint ouvrage
Par mille vers farder sa passion,
Ou en flatant plaire à l'affection
De l'amoureux inconstant et vollage :
Ce n'est pas moy, qui, surpris d'une rage,
Trouble, insensé, de sa conception
Le vif dessein, ny doit l'intention
Est de se prendre en un si doux naufrage.
Ce n'est pas moy qui tasche de complaire,
Ployant au vent du legier populaire,
Ne qui s'en veut de trop loing retirer.
Mais bien je vueil, sans contraindre ma lyre,
Chantant l'honneur de celle que j'admire,
Qu'en l'admirant l'on me puisse admirer.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Chanson
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Chanson
Quand ma nymphette jolie
Tourne devers moi ses yeux,
Hors de moi s'enfuit ma vie,
De moi navré furieux.
Si une fois ma cruelle
Détourne ses yeux de moi,
Blessé de rage nouvelle,
Je meurs en plus dur émôi.
Que ferais-je donc pour vivre ?
Quel jus reboirai-je, hélas ?
Faudrait-il point que délivre
Je me visse de ses lacs ?
Ce serait le vrai breuvage,
Ce serait ma guérison ;
Mais je me plais davantage
En cette douce prison.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Contre quelques-uns qui le blamaient de suivre la poésie
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Contre quelques-uns qui le blamaient de suivre la poésie
D'où vient cela que l'envieuse rage,
Qui les coeurs ronge, entreprend de blâmer
Mes ans oisifs, et les vers un ouvrage
D'un pauvre esprit et paresseux nommer,
En m'accusant que je ne suis la trace,
Étant dispos, de mes nobles aïeux,
Qui ont conquis par la poudreuse place
Et par le sang maint loyer vertueux ?
Ou bien pourquoi me reprend-elle d'être
Si peu soigneux d'étudier la loi,
Pour l'aller vendre au palais, qui fait naître
Un bruit confu et mercenaire aboi ?
Telle entreprise en vain tant estimée
Ne fuit de mort les accidents divers;
Mais j'aurai bien une autre renommée
Dont je vivrai sans fin en l'univers.
Pindare vit et du divin Horace
Encores n'est aboli le renom,
Et ne mourra jamais la haute grâce
Du Mantouan, célèbre par son nom.
Qui priserait d'Achille la vaillance,
Si le poète aveugle n'eût tranché
L'aile envieuse à l'endormi silence,
Dessous laquelle il fût sans lui caché?
Qui nous ferait admirer la sagesse
Le tant divin et prévoyant esprit
Du caut Ulysse, honoré par la Grèce,
S'il n'était vu dépeint au même écrit?
Pendant qu'amour d'une flèche dorée
De la jeunesse enflammera les coeurs,
Des amoureux la plume enamourée,
Vivra toujours entre cent mille honneurs.
Du vieil Ennie et de Vare sans cesse
Le grand renom immortel se dira,
Et les beaux vers de ce hautain Lucrèce
Lors périront quand ce tout périra.
Le style aussi du doux coulant Ovide,
Tout doucement par nombres mesuré,
Jamais de gloire et los ne sera vide,
Contre le heurt de tout temps assuré.
De quoi le Loir, de quoi s'enfle la Loire,
Sinon du bruit débordant en tous lieux
De son Ronsard et du Bellay, sa gloire,
Pour les porter d'ici là-haut aux cieux?
Doncques, pourquoi ne pourrai-je bien être
L'honneur du Maine et de Sarthe nommé,
Pour avoir un des premiers fait connaître
En ce lieu-là le luc bien animé?
Que tous les rois et leur gloire étoffée
Cèdent adonc aux hommes bien disants,
Dont les écrits leur haussent un trophée
Pour se venger du long oubli des ans.
Que l'ignorant prise la chose basse;
Mais le mari des Muses bien appris,
Aura toujours cette hautaine grâce
Qu'il ne voudra que celle de grand prix.
Quant est de moi, rien plus je ne souhaite
Que d'Apollon me voir favoriser,
Et pour me voir son excellent poète,
Pouvoir de l'eau d'Hélicon épuiser;
A celle fin qu'une belle couronne
Ceigne mon front de laurier couronné,
Et que l'honneur qu'aux beaux écrits on donne
Soit quelquefois à mon livre donné.
Pendant qu'on vit, la pâlissante envie
Des bons esprits aboie le renom :
Mais tôt après, se finissant la vie,
On leur voit rendre un perdurable nom.
J'espère bien, mêmes après l'audace
Et de la mort et du temps oublieux,
Que mes écrits gagneront quelque place,
Malgré l'aboi de ces chiens envieux.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Depuis le jour qu'il me convint distraire
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Depuis le jour qu'il me convint distraire
Depuis le jour qu'il me convint distraire,
Et d'avec moy, comme voeuf m'absenter,
Je n'ay cessé de plaindre et lamenter,
Traisnant ma vie amerement austere.
Me desrobant dans un bois solitaire,
Rien ne se vient à mes yeux presenter
Fors une horreur, qui faict espouvanter
Mon cerveau vuide en cent doubtes contraire.
Morne et , d'une face ternie,
Je pleure et fuys tout autre compagnie,
Ne me baignant qu'aux frayeurs de la mort.
La tourterelle au bois en ceste sorte,
Veufve, gemist dessus la branche morte,
S'adoulourant de son propre confort.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
En quel fleuve areneux jaunement s'écouloit
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
En quel fleuve areneux jaunement s'écouloit
En quel fleuve areneux jaunement s'écouloit
L'or, qui blondist si bien les cheveux de ma dame ?
Et du brillant esclat de sa jumelle flamme,
Tout astre surpassant, quel haut ciel s'emperloit ?
Mais quelle riche mer le coral receloit
De cette belle levre, où mon desir s'affame ?
Mais en quel beau jardin, la rose qui donne ame
A ce teint vermeillet, au matin s'estaloit ?
Quel blanc rocher de Pare, en etofe marbrine
A tant bien montagné ceste plaine divine ?
Quel parfum de Sabée a produit son odeur ?
O trop heureux le fleuve, heureux ciel, mer heureuse,
Le jardin, le rocher, la Sabée odoreuse,
Qui nous ont enlustré le beau de son honneur
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Muses, adieu, et votre chant jazard
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Muses, adieu, et votre chant jazard
Muses, adieu, et votre chant jazard !
Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
De mes amys, adieu tout jeu mignard !
Adieu guiterre, adieu luth babillard,
Toute harmonie et tout son de liesse,
Gemmes, parfums, et toute gentillesse,
Tout lieu hanté, tout ombrage à l'écart !
Ainsy la mort, par une blanche voye,
Droit me conduise en l'eternelle joye,
Entre les dieux, au beau sejour du ciel.
Ainsy ma foy chascun amant contemple,
Et tendrement gemissant prenne exemple
De ne tremper ses douceurs dans le fiel.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Ode
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Ode
Si en un lieu solitaire
Les ennuis me font retraire
Pour me plaindre tout seulet,
Si je cherche les montagnes,
Ou des plus vertes campagnes
Le murmurant ruisselet ;
Lors ces choses tant secrètes,
Bien qu'aux autres soient muettes,
Me voyant en tel émoi,
Toutes d'un chant pitoyable,
Mais, hélas ! peu secourable,
Gémissent avecque moi.
En quelque part que je tourne,
Toujours le deuil y séjourne ;
Le cours même du ruisseau
S'enfle aux pleurs de ma complainte ;
Sa fleur tombante à ma plainte
Y pleure maint arbrisseau.
Les poissons viennent en tourbe ;
Le plus fort chêne se courbe
Au son de mes piteux cris ;
Et le Satyre folâtre
Tout coi délaisse à s'ébattre
Pour déplorer mes écrits.
Je vois l'oiseau qui se penche
Tout dessus la branche,
Puis en douloureux accents
Dégoise en son doux ramage,
Qui au plus félon courage
Pourrait chatouiller les sens.
Je vois le troupeau champêtre,
Qui oublie à se repaître
Pour entendre ma chanson ;
J'entr'ois les cavernes basses,
Par leurs voix rauques et lasses,
Lamenter mon triste son.
Mais que me sert faire entendre
Mon chant pitoyable et tendre,
Si une, hélas ! n'en croit rien,
Que sur toute autre j'admire,
Et que seule je désire
Se convertir à mon bien ?
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Si en un lieu solitaire
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Si en un lieu solitaire
Ode
Si en un lieu solitaire
Les ennuis me font retraire
Pour me plaindre tout seulet,
Si je cherche les montagnes,
Ou des plus vertes campagnes
Le murmurant ruisselet;
Lors ces choses tant secrètes,
Bien qu'aux autres soient muettes,
Me voyant en tel émoi,
Toutes d'un chant pitoyable
Mais, hélas ! peu secourable,
Gémissent aveque moi.
En quelque part que je tourne,
Toujours le deuil y séjourne;
Le cours même du ruisseau
S'enfle aux pleurs de ma complainte;
Sa fleur tombante à ma plainte
Y pleure maint arbrisseau.
Les poissons viennent en tourbe;
Le plus fort chêne se courbe
Au son de mes piteux cris;
Et le Satyre folâtre
Tout coi délaisse à sébattre
Pour déplorer mes écrits.
Je vois l'oiseau qui se penche
Tout dessus la branche,
Puis en douloureux accents
Dégoise en son doux ramage,
Qui au plus félon courage
Pourrait chatouiller les sens.
Je vois le troupeau champêtre,
Qui oublie à se repaître
Pour entendre ma chanson;
J'entr'ois les cavernes basses,
Par leurs voix rauques et lasses,
Lamenter mon triste son.
Mais que me sert faire entendre
Mon chant pitoyable et tendre,
Si une, hélas ! n'en croit rien,
Que sur toute autre j'admire,
Et que seule je désire
Se convertir à mon bien ?
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Soit qu'esgaré par l'espesseur d'un bois
- Jacques TAHUREAU (1527-1555)
Soit qu'esgaré par l'espesseur d'un bois
Soit qu'esgaré par l'espesseur d'un bois,
Ou par l'horreur de quelque antre sauvage,
Ou soit qu'auprès d'un trepillant rivage,
Je tranche l'air des souspirs de ma voix ;
Soit qu'en resvant aux amoureuses loix,
Du rossignol j'escoute le ramage,
Ou qu'en pensant ramollir mon courage,
Mon luth j'anime au passer de mes doigts ;
Vers quelque part que mes pas j'achemine,
Toujours me suit ton idole divine,
Tant que parfois j'allonge bras et mains
Pour te taster, mais las ! ce n'est qu'un songe,
Où jour et nuit tourmenté je me plonge
Dedans la mer de mes pleurs inhumains.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
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