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poèmes mer

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poèmes mer - Page 2 Empty poèmes mer

Message par sandrine jillou Ven 26 Mar - 9:33

Rappel du premier message :

Oceano Nox (Victor Hugo)



Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfoui ?

Combien de patrons morts avec leurs équipages ?
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée,
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh ! que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On demande " Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont' ils délaissés pour un bord plus fertile ? "
Puis, votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli

On s'entretient de vous parfois dans les veillées,
Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées,
Mêle encore quelque temps vos noms d'ombre couverts,
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encore de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous...
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poèmes mer - Page 2 Empty îles

Message par davidof Jeu 1 Avr - 7:07

Iles


Iles
Iles
lles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
bien aller jusqu’à vous
Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924

davidof

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poèmes mer - Page 2 Empty Ischia

Message par davidof Jeu 1 Avr - 7:08

Ischia


Le soleil va porter le jour à d’autres mondes;
Dans l’horizon désert Phébé monte sans bruit,
Et jette, en pénétrant les ténèbres profondes,
Un voile transparent sur le front de la nuit.
Voyez du haut des monts ses clartés ondoyantes
Comme un fleuve de flamme inonder les coteaux,
Dormir dans les vallons, ou glisser sur les pentes,
Ou rejaillir au loin du sein brillant des eaux.
La douteuse lueur, dans l’ombre répandue,
Teint d’un jour azuré la pâle obscurité,
Et fait nager au loin dans la vague étendue
Les horizons baignés par sa molle clarté!
L’Océan amoureux de ces rives tranquilles
Calme, en baisant leurs pieds, ses orageux transports,
Et pressant dans ses bras ces golfes et ces îles,
De son humide haleine en rafraîchit les bords.
Du flot qui tour à tour s’avance et se retire
L’oeil aime à suivre au loin le flexible contour :
On dirait un amant qui presse en son délire
La vierge qui résiste, et cède tour à tour!
Doux comme le soupir de l’enfant qui sommeille,
Un son vague et plaintif se répand dans les airs :
Est-ce un écho du ciel qui charme notre oreille?
Est-ce un soupir d’amour de la terre et des mers?
Il s’élève, il retombe, il renaît, il expire,
Comme un coeur oppressé d’un poids de volupté,
Il semble qu’en ces nuits la nature respire,
Et se plaint comme nous de sa félicité!
Mortel, ouvre ton âme à ces torrents de vie!
Reçois par tous les sens les charmes de la nuit,
A t’enivrer d’amour son ombre te convie;
Son astre dans le ciel se lève, et te conduit.
Vois-tu ce feu lointain trembler sur la colline?
Par la main de l’Amour c’est un phare allumé;
Là, comme un lis penché, l’amante qui s’incline
Prête une oreille avide aux pas du bien-aimé!
La vierge, dans le songe où son âme s’égare,
Soulève un oeil d’azur qui réfléchit les cieux,
Et ses doigts au hasard errant sur sa guitare
Jettent aux vents du soir des sons mystérieux!
” Viens ! l’amoureux silence occupe au loin l’espace;
Viens du soir près de moi respirer la fraîcheur!
C’est l’heure; à peine au loin la voile qui s’efface
Blanchit en ramenant le paisible pêcheur!
” Depuis l’heure où ta barque a fui loin de la rive,
J’ai suivi tout le jour ta voile sur les mers,
Ainsi que de son nid la colombe craintive
Suit l’aile du ramier qui blanchit dans les airs!
” Tandis qu’elle glissait sous l’ombre du rivage,
J’ai reconnu ta voix dans la voix des échos;
Et la brise du soir, en mourant sur la plage,
Me rapportait tes chants prolongés sur les flots.
” Quand la vague a grondé sur la côte écumante,
À l’étoile des mers j’ai murmuré ton nom,
J’ai rallumé sa lampe, et de ta seule amante
L’amoureuse prière a fait fuir l’aquilonl
” Maintenant sous le ciel tout repose, ou tout aime :
La vague en ondulant vient dormir sur le bord;
La fleur dort sur sa tige, et la nature même
Sous le dais de la nuit se recueille et s’endort.
” Voisl la mousse a pour nous tapissé la vallée,
Le pampre s’y recourbe en replis tortueux,
Et l’haleine de l’onde, à l’oranger mêlée,
De ses fleurs qu’elle effeuille embaume mes cheveux.
” A la molle clarté de la voûte sereine
Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin,
Jusqu’à l’heure où la lune, en glissant vers Misène,
Se perd en pâlissant dans les feux du matin. “
Elle chante; et sa voix par intervalle expire,
Et, des accords du luth plus faiblement frappés,
Les échos assoupis ne livrent au zéphire
Que des soupirs mourants, de silence coupésl
Celui qui, le coeur plein de délire et de flamme,
A cette heure d’amour, sous cet astre enchanté,
Sentirait tout à coup le rêve de son âme
S’animer sous les traits d’une chaste beauté;
Celui qui, sur la mousse, au pied du sycomore,
Au murmure des eaux, sous un dais de saphirs,
Assis à ses genoux, de l’une à l’autre aurore,
N’aurait pour lui parler que l’accent des soupirs;
Celui qui, respirant son haleine adorée,
Sentirait ses cheveux, soulevés par les vents,
Caresser en passant sa paupière effleurée,
Ou rouler sur son front leurs anneaux ondoyants;
Celui qui, suspendant les heures fugitives,
Fixant avec l’amour son âme en ce beau lieu,
Oublierait que le temps coule encor sur ces rives,
Serait-il un mortel, ou serait-il un dieu?…
Et nous, aux doux penchants de ces verts Elysées,
Sur ces bords où l’amour eût caché son Eden,
Au murmure plaintif des vagues apaisées,
Aux rayons endormis de l’astre élysien,
Sous ce ciel où la vie, où le bonheur abonde,
Sur ces rives que l’oeil se plaît à parcourir,
Nous avons respiré cet air d’un autre monde,
Elyse!,.. et cependant on dit qu’il faut mourir !
Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques
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poèmes mer - Page 2 Empty la lampe d'Héro

Message par davidof Jeu 1 Avr - 7:09

La lampe d’Héro


De son bonheur furtif lorsque malgré l’orage
L’amant d’Héro courait s’enivrer loin du jour,
Et dans la nuit tentait de gagner à la nage
Le bord où l’attendait l’Amour,
Une lampe envoyait, vigilante et fidèle ,
En ce péril vers lui son rayon vacillant;
On eût dit dans les deux quelque étoile immortelle
Qui dévoilait son front tremblant.
La mer a beau mugir et heurter ses rivages.
Les vents au sein des airs déchaîner leur effort,
Lés oiseaux effrayés pousser des cris sauvages .
En voyant approcher la Mort ,
Tant que du haut sommet de la tour solitaire
Brille le signe aimé sur l’abîme en fureur,
Il ne sentira point, le nageur téméraire,
Défaillir son bras ni son cœur.
Comme à l’heure sinistre où la mer en sa rage
Menaçait d’engloutir cet enfant d’Abydos,
Autour de nous dans l’ombre un éternel orage
Fait gronder et bondir les flots.
Remplissant l’air au loin de ses clameurs funèbres,
Chaque vague en passant nous entr’ouvre un tombeau ;
Dans les mêmes dangers et les mêmes ténèbres
Nous avons le même flambeau.
Le pâle et doux rayon tremble encor dans la brume.
Le vent l’assaille en vain, vainement les flots sourds
La dérobent parfois sous un voile d’écume,
La clarté reparaît toujours.
Et nous, les yeux levés vers la lueur lointaine.
Nous fendons pleins d’espoir les vagues en courroux ;
Au bord du gouffre ouvert la lumière incertaine
Semble d’en haut veiller sur nous.
O phare de l’Amour ! qui dans la nuit profonde
Nous guides à travers les écueils d’ici-bas,
Toi que nous voyons luire entre le ciel et l’onde.
Lampe d’Héro, ne t’éteins pas !
Louise Ackermann, Contes et poésies (1863)
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poèmes mer - Page 2 Empty Le Déluge

Message par davidof Jeu 1 Avr - 7:10

Le Déluge


À Victor Hugo
LE VIEUX MONDE
Dieu t’a dit : « Ne va pas plus loin, ô flot amer ! »
Mais quoi ! tu m’engloutis ! Au secours, Dieu ! La mer
Désobéit ! la mer envahit mon refuge !
LE poèmes mer - Page 2 482326
Tu me crois la marée, et je suis le déluge.
Épilogue de l’Année Terrible.
Tu l’as dit : C’en est fait ; ni fuite ni refuge
Devant l’assaut prochain et furibond des flots.
Ils avancent toujours. C’est sur ce mot, Déluge,
Poète de malheur, que ton livre s’est clos.
Mais comment osa-t-il échapper à ta bouche ?
Ah ! pour le prononcer, même au dernier moment,
Il fallait ton audace et ton ardeur farouche,
Tant il est plein d’horreur et d’épouvantement.
Vous êtes avertis : c’est une fin de monde
Que ces flux, ces rumeurs, ces agitations.
Nous n’en sommes encor qu’aux menaces de l’onde,
A demain les fureurs et les destructions.
Déjà depuis longtemps, saisis de terreurs vagues,
Nous regardions la mer qui soulevait son sein,
Et nous nous demandions : « Que veulent donc ces vagues ?
On dirait qu’elles ont quelque horrible dessein. »
Tu viens de le trahir ce secret lamentable ;
Grâce à toi, nous savons à quoi nous en tenir.
Oui, le Déluge est là, terrible, inévitable ;
Ce n’est pas l’appeler que de le voir venir.
Pourtant, nous l’avouerons, si toutes les colères
De ce vaste océan qui s’agite et qui bout,
N’allaient qu’à renverser quelques tours séculaires
Que nous nous étonnions de voir encor debout,
Monuments que le temps désagrège ou corrode,
Et qui nous inspiraient une secrète horreur :
Obstacles au progrès, missel usé, vieux code,
Où se réfugiaient l’injustice et l’erreur,
Des autels délabrés, des trônes en décembre
Qui nous rétrécissaient à dessein l’horizon,
Et dont les débris seuls projetaient assez d’ombre
Pour retarder longtemps l’humaine floraison,
Nous aurions à la mer déjà crié : « Courage !
Courage ! L’œuvre est bon que ton onde accomplit. »
Mais quoi ! ne renverser qu’un môle ou qu’un barrage ?
Ce n’est pas pour si peu qu’elle sort de son lit.
Ses flots, en s’élançant par-dessus toute cime,
N’obéissent, hélas ! qu’à d’aveugles instincts.
D’ailleurs, sachez-le bien, ces enfants de l’abîme,
Pour venir de plus bas, n’en sont que plus hautains.
Rien ne satisfera leur convoitise immense.
Dire : « Abattez ceci, mais respectez cela, »
N’amènerait en eux qu’un surcroît de démence ;
On ne fait point sa part à cet Océan-là.
Ce qu’il lui faut, c’est tout. Le même coup de houle
Balaiera sous les yeux de l’homme épouvanté
Le phare qui s’élève et le temple qui croule,
Ce qui voilait le jour ou donnait la clarté,
L’obscure sacristie et le laboratoire,
Le droit nouveau, le droit divin et ses décrets,
Le souterrain profond et le haut promontoire
D’où nous avions déjà salué le Progrès.
Tout cela ne fera qu’une ruine unique.
Avenir et passé s’y vont amonceler.
Oui, nous le proclamons, ton Déluge est inique :
Il ne renversera qu’afin de niveler.
Si nous devons bientôt, des bas-fonds en délire,
Le voir s’avancer, fier de tant d’écroulements,
Du moins nous n’aurons pas applaudi de la lyre
Au triomphe futur d’ignobles éléments.
Nous ne trouvons en nous que des accents funèbres,
Depuis que nous savons l’affreux secret des flots.
Nous voulions la lumière, ils feront les ténèbres ;
Nous rêvions l’harmonie, et voici le chaos.
Vieux monde, abîme-toi, disparais, noble arène
Où jusqu’au bout l’Idée envoya ses lutteurs,
Où le penseur lui-même, à sa voix souveraine,
Pour combattre au besoin, descendait des hauteurs.
Tu ne méritais pas, certe, un tel cataclysme,
Toi si fertile encore, ô vieux sol enchanté !
D’où pour faire jaillir des sources d’héroïsme,
Il suffisait d’un mot, Patrie ou Liberté !
Un océan fangeux va couvrir de ses lames
Tes sillons où germaient de sublimes amours,
Terrain cher et sacré, fait d’alluvions d’âmes,
Et qui ne demandais qu’a t’exhausser toujours.
Que penseront les cieux et que diront les astres,
Quand leurs rayons en vain chercheront tes sommets,
Et qu’ils assisteront d’en haut à tes désastres,
Eux qui croyaient pouvoir te sourire à jamais ?
De quel œil verront-ils, du fond des mers sans borne,
A la place où jadis s’étalaient tes splendeurs,
Émerger brusquement dans leur nudité morne,
Des continents nouveaux sans verdure et sans fleurs ?
Ah ! si l’attraction à la céleste voûte
Par de fermes liens ne las attachait pas,
Ils tomberaient du ciel ou changeraient de route,
Plutôt que d’éclairer un pareil ici-bas.
Nous que rien ne retient, nous, artistes qu’enivre
L’Idéal qu’ardemment poursuit notre désir,
Du moins nous n’aurons point la douleur de survivre
Au monde où nous avions espéré le saisir.
Nous serons les premiers que les vents et que l’onde
Emporteront brisés en balayant nos bords.
Dans les gouffres ouverts d’une mer furibonde,
N’ayant pu les sauver, nous suivrons nos trésors.
Après tout, quand viendra l’heure horrible et fatale.
En plein déchaînement d’aveugles appétits,
Sous ces flots gros de haine et de rage brutale,
Les moins à plaindre encor seront les engloutis.
Louise Ackermann, Poésies Philosophiques
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poèmes mer - Page 2 Empty le départ

Message par davidof Jeu 1 Avr - 7:11

Le Départ


A bord de la Madone.
Que la brise des mers te porte mes adieux,
O France, je te quitte; adieu, France chérie!
Adieu, doux ciel natal, terre où j’ouvris les yeux!
Adieu, patrie! adieu, patrie !
Il tombe, ce mistral, dont le souffle glacé
M’enchaînait dans le port de l’antique Marseille;
Mon brick napolitain, qui sommeillait la veille
Sur cette onde captive où les vents l’ont bercé,
Aux cris qui frappent mon oreille
Sous ses agrès tremblants s’émeut, frémit, s’éveille,
Et loin du port s’est élancé.
O toi, des Phocéens brillante colonie,
Adieu, Marseille, adieu! Je vois blanchir tes forts.
Puisses-tu féconder, par de constants efforts,
Les germes de vertu, de valeur, de génie,
Dont les Grecs tes aïeux vinrent semer tes bords.
Que la mer te soit douce, et que le ciel prospère
Regarde avec amour tes opulents remparts!
O fille de la Grèce, encore adieu, je pars;
Sois plus heureuse que ta mère!
Je les brave, tes flots, je ris de leur courroux;
J’aime à sentir dans l’air leur mordante amertume;
Ils viennent, et de loin soulevant leur écume,
A la proue élancés, ils bondissent vers nous.
Mais, tels que des lions dont la fureur avide
Sous une main connue expire en rugissant,
Je les vois caresser le voile blanchissant
De la Madone qui nous guide,
Lorsque son bras doré, sur leur dos s’abaissant,
Joue avec leur crinière humide.
Courage, mon vaisseau! double ce cap lointain;
Penche-toi sur les mers; que le beaupré s’incline
Sous le foc déployé qui s’enfle et le domine.
Mais ce cap, c’est la France; elle aura fui demain…
Je l’entends demander d’une voix douce et fière,
Sur quels bords, dans quels champs en lauriers plus féconds,
Ma muse va chercher des débris et des noms,
Et des siècles passés évoquer la poussière?
Elle étale au midi ses monuments romains,
Les colonnades de ses bains,
De ses cirques déserts la ruine éloquente,
Ce temple sans rival, dont la main d’Apollon,
Sur des appuis de marbre et des feuilles d’acanthe,
Suspendit l’élégant fronton;
Ses palais, ses tombeaux, ses théâtres antiques,
Et les deux monts unis où gronde le Gardon
Sous un triple rang de portiques.
Elle me montre au nord ses murs irréguliers
Et leurs clochers pieux sortant d’un noir feuillage,
Où j’entendis gémir durant les nuits d’orage
Et la muse des chevaliers,
Et les spectres du moyen âge;
Ses vieux donjons normands, bâtis par nos aïeux,
Et les créneaux brisés du château solitaire, ‘
Qui raconte leur gloire, en parlant à nos yeux
De ce bâtard victorieux
Dont le bras conquis l’Angleterre.
Je la vois, cette France, agiter les rameaux
Du chêne prophétique adoré des druides;
Elle couronne encor leurs ombres intrépides,
De la verveine des tombeaux,
Et chante les exploits prédits par leurs oracles,
Que, sous les trois couleurs, sous l’aigle ou sous les lis,
Vingt siècles rivaux de miracles
Par la victoire ont accomplis.
Puis, voilant sous des pleurs l’éclat dont son oeil brille,
Elle m’invite avec douceur
A reprendre ma place au foyer de famille,
Et murmure les noms d’un père et d’une soeur…
Arrête, mon vaisseau, tu m’emportes trop vite.
Pour mes derniers regards que la France a d’attraits!
Quel parfum de patrie apporte ce vent frais!
Que la patrie est belle au moment qu’on la quitte!
Famille, et vous, amis, recevez mes adieux!
Et toi, France, pardonne! Adieu, France chérie,
Adieu, doux ciel natal, terre où j’ouvris les yeux!
Adieu, patrie! adieu, patrie!…
Deux fois dans les flots purs, où tremblait sa clarté.
J’ai vu briller du ciel l’éblouissante image,
Et dans l’ombre deux fois la proue à son passage
Creuser en l’enflammant un sillon argenté.
Quels sont ces monts hardis, ces roches inconnues?
Leur pied se perd sous l’onde et leur front dans les nues.
C’est la Corse!… O destin! Faible enfant sur ce bord,
Sujet à sa naissance et captif à sa mort,
Il part du sein des mers, où plus tard il retombe,
Celui dont la grandeur eut, par un jeu du sort,
Une île pour berceau, pour asile et pour tombe.
Tel, du vaste Océan chaque jour nous voyons
Le globe du soleil s’élever sans rayons;
Il monte, il brille, il monte encore;
Sur le trône vacant de l’empire des cieux,
Il s’élance, et, monarque, il découvre à nos yeux
Sa couronne de feu dont l’éclat nous dévore;
Puis il descend, se décolore,
Et dans l’Océan, étonné
De le voir au déclin ce qu’il fut à l’aurore,
Rentrer pâle et découronné.
Où va-t-il, cet enfant qui s’ignore lui-même?
La main des vieux nochers passe sur ses cheveux
Qui porteront un diadème.
Ils lui montrent la France en riant de ses jeux…
Ses jeux seront un jour la conquête et la guerre;
Les bras de cet enfant ébranleront la terre.
O toi, rivage hospitalier,
Qui le reçois sans le connaître,
Et le rejetteras sans pouvoir l’oublier,
France, France, voilà ton maître;
Louis, voilà ton héritier.
Où va-t-il, ce vainqueur que l’Italie admire?
Il va du bruit de ses exploits
Réveiller les échos de Thèbe et de Palmire.
Il revient; tout tremble à sa voix;
Républicains trompés, courbez-vous sous l’empire!
Le midi de sa gloire alors le couronna
Des rayons d’Austerlitz, de Wagram, d’Iéna.
Esclaves et tyrans, sa gloire était la nôtre,
Et d’un de ses deux bras, qui nous donna des fers,
Appuyé sur la France, il enchaînait de l’autre
Ce qui restait de l’univers.
Non, rien n’ébranlera cette vaste puissance!…
L’île d’Elbe à mes yeux se montre et me répond;
C’est là qu’il languissait, l’oeil tourné vers la France.
Mais un brick fend ces mers : << Courbez-vous sur le pont!
<< A genoux! le jour vient d’éclore;
<< Couchez-vous sur cette arme inutile aujourd’hui!
<< Cachez ce lambeau tricolore… >>
C’est sa voix : il aborde, et la France est à lui.
Il la joue, il la perd; l’Europe est satisfaite,
Et l’aigle, qui, tombant aux pieds du léopard,
Change en grand capitaine un héros de hasard,
Illustre aussi vingt rois, dont la gloire muette
N’eut jamais retenti dans la postérité;
Et d’une part dans sa défaite,
Il fait à chacun d’eux une immortalité.
Il n’a régné qu’un jour; mais à travers l’orage
Il versait tant d’éclat sur son peuple séduit,
Que le jour qui suivit son rapide passage,
Terne et décoloré, ressemblait à la nuit.
La Liberté parut : son flambeau tutélaire,
Brûlant d’un feu nouveau, nous guide et nous éclaire.
Depuis l’heure où, donnant un maître à des héros,
Rome enfanta César, la nature épuisée
Pour créer son pareil s’est longtemps reposée.
La voilà derechef condamnée au repos.
Respirons sous les lois, et, mieux instruits que Rome,
Profitons, pour fonder leur pouvoir souverain,
Des siècles de répit promis au genre humain
Par l’enfantement d’un seul homme.
Défends ta liberté, ce sont là mes adieux!
France, préfère à tout ta liberté chérie;
Adieu, doux ciel natal, terre où j’ouvris les yeux!
Adieu, patrie! adieu, patrie!
Casimir Delavigne
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poèmes mer - Page 2 Empty le golfe de Baya

Message par davidof Jeu 1 Avr - 7:13

Le golfe de Baya


Vois-tu comme le flot paisible
Sur le rivage vient mourir !
Vois-tu le volage zéphyr
Rider, d’une haleine insensible,
L’onde qu’il aime à parcourir !
Montons sur la barque légère
Que ma main guide sans efforts,
Et de ce golfe solitaire
Rasons timidement les bords.
Loin de nous déjà fuit la rive.
Tandis que d’une main craintive
Tu tiens le docile aviron,
Courbé sur la rame bruyante
Au sein de l’onde frémissante
Je trace un rapide sillon.
Dieu ! quelle fraîcheur on respire !
Plongé dans le sein de Thétis,
Le soleil a cédé l’empire
A la pâle reine des nuits.
Le sein des fleurs demi-fermées
S’ouvre, et de vapeurs embaumées
En ce moment remplit les airs ;
Et du soir la brise légère
Des plus doux parfums de la terre
A son tour embaume les mers.
Quels chants sur ces flots retentissent ?
Quels chants éclatent sur ces bords ?
De ces deux concerts qui s’unissent
L’écho prolonge les accords.
N’osant se fier aux étoiles,
Le pêcheur, repliant ses voiles,
Salue, en chantant, son séjour.
Tandis qu’une folle jeunesse
Pousse au ciel des cris d’allégresse,
Et fête son heureux retour.
Mais déjà l’ombre plus épaisse
Tombe, et brunit les vastes mers ;
Le bord s’efface, le bruit cesse,
Le silence occupe les airs.
C’est l’heure où la mélancolie
S’assoit pensive et recueillie
Aux bords silencieux des mers,
Et, méditant sur les ruines,
Contemple au penchant des collines
Ce palais, ces temples déserts.
O de la liberté vieille et sainte patrie !
Terre autrefois féconde en sublimes vertus !
Sous d’indignes Césars maintenant asservie,
Ton empire est tombé ! tes héros ne sont plus !
Mais dans ton sein l’âme agrandie
Croit sur leurs monuments respirer leur génie,
Comme on respire encor dans un temple aboli
La majesté du dieu dont il était rempli.
Mais n’interrogeons pas vos cendres généreuses,
Vieux Romains ! fiers Catons ! mânes des deux Brutus !
Allons redemander à ces murs abattus
Des souvenirs plus doux, des ombres plus heureuses,
Horace, dans ce frais séjour,
Dans une retraite embellie
Par le plaisir et le génie,
Fuyait les pompes de la cour ;
Properce y visitait Cinthie,
Et sous les regards de Délie
Tibulle y modulait les soupirs de l’amour.
Plus loin, voici l’asile où vint chanter le Tasse,
Quand, victime à la fois du génie et du sort,
Errant dans l’univers, sans refuge et sans port,
La pitié recueillit son illustre disgrâce.
Non loin des mêmes bords, plus tard il vint mourir ;
La gloire l’appelait, il arrive, il succombe :
La palme qui l’attend devant lui semble fuir,
Et son laurier tardif n’ombrage que sa tombe.
Colline de Baya ! poétique séjour !
Voluptueux vallon qu’habita tour à tour
Tout ce qui fut grand dans le monde,
Tu ne retentis plus de gloire ni d’amour.
Pas une voix qui me réponde,
Que le bruit plaintif de cette onde,
Ou l’écho réveillé des débris d’alentour !
Ainsi tout change, ainsi tout passe ;
Ainsi nous-mêmes nous passons,
Hélas ! sans laisser plus de trace
Que cette barque où nous glissons
Sur cette mer où tout s’efface.
Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques
* Le golfe de Baya est près de Naples dans le sud de l’Italie
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poèmes mer - Page 2 Empty Pétales bleues...

Message par KAMEL Jeu 1 Avr - 7:25

Pétales bleues de la rose de l’aube


Pétales bleues de la rose de l’aube
acceptez les agissements de ma plume.
Si je cours si tôt, ce n’est pas pour vous remuer.
Apollon me tire de vos cotés, mais ne me donne guère de leçons.
Quand j’aurai fini, nous irons ensemble
sur les collines, au-dessus de la mer
où le vent d’automne caressera nos visages baignés de lumière.
C’est là-bas, pièce par pièce
que nous regarderons ce puzzle.
Et quand les bateaux quitteront le port,
nous partirons, nous aussi,
par le chemin de la falaise que nous connaissons si bien.
Mais maintenant, ma fleur, patience, dormez…
Jules Delavigne, 1999
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poèmes mer - Page 2 Empty SALUT

Message par KAMEL Jeu 1 Avr - 7:27

Salut


Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;
Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
À n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
Stéphane Mallarmé
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poèmes mer - Page 2 Empty Soirée en mer

Message par KAMEL Jeu 1 Avr - 7:28

Soirée en mer


Près du pêcheur qui ruisselle,
Quand tous deux, au jour baissant,
Nous errons dans la nacelle,
Laissant chanter l’homme frêle
Et gémir le flot puissant ;
Sous l’abri que font les voiles
Lorsque nous nous asseyons,
Dans cette ombre où tu te voiles
Quand ton regard aux étoiles
Semble cueillir des rayons ;
Quand tous deux nous croyons lire
Ce que la nature écrit,
Réponds, ô toi que j’admire,
D’où vient que mon cœur soupire ?
D’où vient que ton front sourit ?
Dis ? d’où vient qu’à chaque lame,
Comme une coupe de fiel,
La pensée emplit mon âme ?
C’est que moi je vois la rame
Tandis que tu vois le ciel !
C’est que je vois les flots sombres,
Toi, les astres enchantés !
C’est que, perdu dans leurs nombres,
Hélas, je compte les ombres
Quand tu comptes les clartés !
Chacun, c’est la loi suprême,
Rame, hélas ! jusqu’à la fin.
Pas d’homme, ô fatal problème !
Qui ne laboure ou ne sème
Sur quelque chose de vain !
L’homme est sur un flot qui gronde.
L’ouragan tord son manteau.
Il rame en la nuit profonde,
Et l’espoir s’en va dans l’onde
Par les fentes du bateau.
Sa voile que le vent troue
Se déchire à tout moment,
De sa route l’eau se joue,
Les obstacles sur sa proue
Écument incessamment !
Hélas ! hélas ! tout travaille
Sous tes yeux, ô Jéhovah !
De quelque côté qu’on aille,
Partout un flot qui tressaille,
Partout un homme qui va !
Où vas-tu ? - Vers la nuit noire.
Où vas-tu ? - Vers le grand jour.
Toi ? - Je cherche s’il faut croire.
Et toi ? - Je vais à la gloire.
Et toi ? - Je vais à l’amour.
Vous allez tous à la tombe !
Vous allez à l’inconnu !
Aigle, vautour, ou colombe,
Vous allez où tout retombe
Et d’où rien n’est revenu !
Vous allez où vont encore
Ceux qui font le plus de bruit !
Où va la fleur qu’avril dore !
Vous allez où va l’aurore !
Vous allez où va la nuit !
À quoi bon toutes ces peines ?
Pourquoi tant de soins jaloux ?
Buvez l’onde des fontaines,
Secouez le gland des chênes,
Aimez, et rendormez-vous !
Lorsque ainsi que des abeilles
On a travaillé toujours ;
Qu’on a rêvé des merveilles ;
Lorsqu’on a sur bien des veilles
Amoncelé bien des jours ;
Sur votre plus belle rose,
Sur votre lys le plus beau,
Savez-vous ce qui se pose ?
C’est l’oubli pour toute chose,
Pour tout homme le tombeau !
Car le Seigneur nous retire
Les fruits à peine cueillis.
Il dit : Échoue ! au navire.
Il dit à la flamme : Expire !
Il dit à la fleur : Pâlis !
Il dit au guerrier qui fonde :
- Je garde le dernier mot.
Monte, monte, ô roi du monde !
La chute la plus profonde
Pend au sommet le plus haut. -
Il a dit à la mortelle :
- Vite ! éblouis ton amant.
Avant de mourir sois belle.
Sois un instant étincelle,
Puis cendre éternellement ! -
Cet ordre auquel tu t’opposes
T’enveloppe et t’engloutit.
Mortel, plains-toi, si tu l’oses,
Au Dieu qui fit ces deux choses,
Le ciel grand, l’homme petit !
Chacun, qu’il doute ou qu’il nie,
Lutte en frayant son chemin ;
Et l’éternelle harmonie
Pèse comme une ironie
Sur tout ce tumulte humain !
Tous ces faux biens qu’on envie
Passent comme un soir de mai.
Vers l’ombre, hélas ! tout dévie.
Que reste-t-il de la vie,
Excepté d’avoir aimé !
¯¯¯¯¯¯¯¯
Ainsi je courbe ma tête
Quand tu redresses ton front.
Ainsi, sur l’onde inquiète,
J’écoute, sombre poète,
Ce que les flots me diront.
Ainsi, pour qu’on me réponde,
J’interroge avec effroi ;
Et dans ce gouffre où je sonde
La fange se mêle à l’onde… -
Oh ! ne fais pas comme moi !
Que sur la vague troublée
J’abaisse un sourcil hagard ;
Mais toi, belle âme voilée,
Vers l’espérance étoilée
Lève un tranquille regard !
Tu fais bien. Vois les cieux luire.
Vois les astres s’y mirer.
Un instinct là-haut t’attire.
Tu regardes Dieu sourire ;
Moi, je vois l’homme pleurer !
Victor Hugo
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poèmes mer - Page 2 Empty Trouées

Message par KAMEL Jeu 1 Avr - 7:29

Trouées


Echappées sur la mer
Chutes d’eau
Arbres chevelus moussus
Lourdes feuilles caoutchoutées luisantes
Un vernis de soleil
Une chaleur bien astiquée
Reluisance
Je n’écoute plus la conversation animée de mes amis qui se partagent les nouvelles que j’ai apportées de Paris
Des deux côtés du train toute proche ou alors de l’autre côté de la vallée lointaine
La forêt est là et me regarde et m’inquiète et m’attire comme le masque d’une momie
Je regarde
Pas l’ombre d’un œil
Blaise Cendrars
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poèmes mer - Page 2 Empty la mer & l'amour

Message par Rita-kazem Ven 2 Avr - 21:56

La mer et l'amour




Et la mer et l'amour ont la mer pour partage
Et la mer est amère, et l'amour est amer.
L'on s'abîme en la mer aussi bien qu'en l'amour,
Car l'amour et la mer ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage.
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer
qu'il ne se laisse pas par l'amour emporter
Car tous deux ils seraient sans hasard de naufrage
La mer de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau.
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes...

Pierre de Marbeuf
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poèmes mer - Page 2 Empty Tempête en mer

Message par samuel samhoun Mer 7 Avr - 20:47

Comme il pleut ce soir,

N'est-ce pas mon hôte?

Là-bas à la côte,

Le ciel est bien noir,

La mer est bien haute!

On dirait l'hiver;

Parfois on s'y trompe...

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

Oh! marins perdus

Au, loin dans cette ombre'

Sur la nef qui sombre

Que de bras tendus

Vers la terre sombre!

Pas d'ancre de fer

Que le flot ne rompe.

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe!







Victor HUGO
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poèmes mer - Page 2 Empty le pêcheur

Message par samuel samhoun Mer 7 Avr - 20:48

Le pêcheur



L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot,

Il livre au hasard sombre une rude bataille.

Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille,

Car les petits enfants ont faim. Il part le soir,

Quand l’eau profonde monte aux marches du musoir.

Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles.

La femme est au logis, cousant les vieilles toiles,

Remaillant les filets, préparant l’hameçon,

Surveillant l’âtre où bout la soupe de poisson,

Puis priant Dieu sitôt que les cinq enfants dorment.

Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment,

Il s’en va dans l’abîme et s’en va dans la nuit.

Dur labeur ! tout est noir, tout est froid ; rien ne luit.



Victor Hugo
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poèmes mer - Page 2 Empty poisson-scie et sa cousine

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:07

poisson-scie
et sa cousine


Un poisson-scie
s'encolérait


d'avoir perdu chez les
sardines


une cousine qu'il
aimait..



Rendez-la-moi! sales
gamines!


leur criait-il d'un air
mauvais,


ou je vous ferai
orphelines!



Foutriquet! dit une
bambine,


ne vois-tu pas que ta
cousine


est dans ce filet
prisonnière


comme tout le peuple des
sardines?



L'énervé dut scier les
rets


d'où s'échappèrent les
sardines


mais Lui resta dans le
filet.



Il s'était trompé de
cousine.


PIERRE BEARN
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poèmes mer - Page 2 Empty Mer

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:11

Mer



La mer écrit un
poisson bleu,


efface un poisson
gris.


La mer écrit un
croiseur qui prend feu,


efface un croiseur mal
écrit.


Poète plus que les
poètes,


musicienne plus que
les musiciennes,


elle est mon
interprète,


la mer
ancienne,


la mer
future,


porteuse de
pétales,


porteuse de
fourrure.


Elle
s’installe


au fond de
moi


La mer écrit un soleil
vert,


efface un soleil
mauve.


La mer écrit un soleil
entrouvert


sur mille requins qui
se sauvent.





Alain
Bosquet
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poèmes mer - Page 2 Empty Le mousse

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:13

Le mousse



- Mousse : il est donc marin, ton père ?
- Pêcheur.
Perdu depuis longtemps.
En découchant d'avec ma mère,
Il a couché dans les
brisants...

Maman lui garde au cimetière
Une tombe - et rien
dedans -
C'est moi son mari sur la terre,
Pour gagner du pain aux
enfants.

Deux petits. - Alors, sur la plage,
Rien n'est revenu
du naufrage ?...
- Son garde-pipe et son sabot...

La mère
pleure, le dimanche,
Pour repos... Moi, j'ai ma revanche
Quand je serai
grand - matelot ! -



Tristan Corbière(1845-1875)
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poèmes mer - Page 2 Empty Vert de mer

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:14

Vert de mer



Un poisson connaissait par cœur

les noms de tous les autres
poissons.


Il connaissait les algues, les
courants,


les sédiments, les coquillages.

C’était un érudit.

Il exigeait d’ailleurs qu’on
l’appelât


« maître » !

Il savait tout de la mer

Mais il ignorait tout de l’homme.

Et un jour il se laissa prendre au
bout


d’un tout petit hameçon.




Madeleine Le
Floch
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poèmes mer - Page 2 Empty BÂBORD POUR TOUS

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:15

BÂBORD
POUR TOUS





Bâbord détachez mon cerveau bleu


Bâbord
éloignez mon voisin de gauche


Bâbord
donnez-moi de l'eau potable


Bâbord
prenez garde aux montagnes


Bâbord
songez à l'arsenic


Bâbord
changez l'encre qui est jaune


Bâbord
protégez-moi des courants d'air


Bâbord
souvenez-vous de l'année dernière


Bâbord
souvenez-vous de la chaleur


Bâbord
souvenez-vous des promeneurs de cactus


car
nous passons


nous
passons et les hirondelles passent avec nous


mais
nous crachons en l'air


et les
hirondelles crachent sur nous
Benjamin PERET
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poèmes mer - Page 2 Empty Le gardien de phare aime trop les oiseaux

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:21

Le
gardien de phare aime trop les oiseaux

Des oiseaux par milliers volent vers les
feux

Par milliers
ils tombent par milliers ils se cognent

Par milliers aveuglés par milliers
assommés

Par
milliers ils meurent.

Le gardien ne peut supporter des choses
pareilles

Les
oiseaux ils les aiment trop

Alors il dit tant pis je m'en
fous

Et il éteint
tout


Au
loin un cargo fait naufrage

Un cargo venant des
îles

Un cargo
chargé d'oiseaux

Des milliers d'oiseaux des îles


Des
milliers d’oiseaux noyés


Jacques Prévert
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poèmes mer - Page 2 Empty La pêche à la baleine

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:21

La pêche à la baleineÀ la pêche à la baleine, à la pêche à la
baleine,
Disait le père d'une voix courroucée
À son fils Prosper, sous
l'armoire allongé,
À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne
veux pas aller,
Et pourquoi donc?
Et pourquoi donc que j'irais pêcher une
bête
Qui ne m'a rien fait, papa,
Va la pêpé, va la pêcher
toi-même,
Puisque ça te plaît,
J'aime mieux rester à la maison avec ma
pauvre mère
Et le cousin Gaston.
Alors dans sa baleinière le père tout
seul s'en est allé
Sur la mer démontée...
Voilà le père sur la
mer,
Voilà le fils à la maison,
Voilà la baleine en colère,
Et voilà le
cousin Gaston qui renverse la soupière,
La soupière au bouillon.
La mer
était mauvaise,
La soupe était bonne.
Et voilà sur sa chaise Prosper qui
se désole :
À la pêche à la baleine, je ne suis pas allé,
Et pourquoi donc
que j'y ai pas été?
Peut-être qu'on l'aurait attrapée,
Alors j'aurais pu
en manger.
Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eau
Le père
apparaît hors d'haleine,
Tenant la baleine sur son dos.
Il jette l'animal
sur la table,
une belle baleine aux yeux bleus,
Une bête comme on en voit
peu,
Et dit d'une voix lamentable :
Dépêchez-vous de la dépecer,
J'ai
faim, j'ai soif, je veux manger.
Mais voilà Prosper qui se lève,
Regardant
son père dans le blanc des yeux,
Dans le blanc des yeux bleus de son
père,
Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus :
Et pourquoi donc je
dépècerais une pauvre bête qui m'a rien fait?
Tant pis, j'abandonne ma
part.
Puis il jette le couteau par terre,
Mais la baleine s'en empare, et
se précipitant sur le père
Elle le transperce de père en part.
Ah, ah, dit
le cousin Gaston,
On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons.
Et
voilà
Voilà Prosper qui prépare les faire-part,
La mère qui prend le deuil
de son pauvre mari
Et la baleine, la larme à l'oeil contemplant le foyer
détruit.
Soudain elle s'écrie :
Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre
imbécile,
Maintenant les autres vont me pourchasser en moto-godille
Et
puis ils vont exterminer toute ma petite famille.
Alors éclatant d'un rire
inquiétant,
Elle se dirige vers la porte et dit
À la veuve en passant
:
Madame, si quelqu'un vient me demander,
Soyez aimable et répondez
:
La baleine est sortie,
Asseyez-vous,
Attendez là,
Dans une
quinzaine d'années, sans doute elle reviendra...


Jacques
Prévert
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poèmes mer - Page 2 Empty Le pirate

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:23

Le pirate



Et lui dort-il sous les voiles

il écoute le vent son complice

il regarde la terre ferme son ennemie sans
envie


et la boussole est près de son cœur
immobile


Il court sur les mers

à la recherche de l’axe invisible du
monde


Il n’y a pas de cris

pas de bruit

des chiffres s’envolent

et la nuit les efface

Ce sont les étoiles sur l’ardoise du
ciel


Elles surveillent les rivières qui coulent dans
l’ombre


et les amis du silence les poissons

mais ses yeux fixent une autre
étoile


perdue dans la foule

tandis que les nuages passent

doucement plus fort que lui

lui

lui



Philippe Soupault
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poèmes mer - Page 2 Empty Le long du quai

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:23

Le long du
quai




Le long des quais les
grands vaisseaux,
Que la houle incline en silence,
Ne prennent pas garde
aux berceaux
Que la main des femmes balance.

Mais viendra le jour des
adieux ;
Car il faut que les femmes pleurent
Et que les hommes
curieux
Tentent les horizons qui leurrent.

Et ce jour-là les grands
vaisseaux,
Fuyant le port qui diminue,
Sentent leur masse retenue
Par
l'âme des lointains berceaux
René-François SULLY PRUDHOMME
(1839-1907) poèmes mer - Page 2 S.htm3

(Recueil : Stances et poèmes)
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poèmes mer - Page 2 Empty Le Berger et la Mer

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:24

Le Berger et la Mer





Du rapport d'un
troupeau, dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin
d'Amphitrite :
Si sa fortune était petite,
Elle était sûre tout au
moins.
A la fin, les trésors déchargés sur la plage
Le tentèrent si bien
qu'il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur
l'eau.
Cet argent périt par naufrage.
Son maître fut réduit à garder les
Brebis,
Non plus Berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres
Moutons paissaient sur le rivage :
Celui qui s'était vu Coridon ou
Tircis
Fut Pierrot, et rien davantage.
Au bout de quelque temps il fit
quelques profits,
Racheta des bêtes à laine ;
Et comme un jour les vents,
retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux
:
"Vous voulez de l'argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il ; adressez-vous,
je vous prie, à quelque autre :
Ma foi! vous n'aurez pas le nôtre.
"

Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la
vérité
Pour montrer, par expérience,
Qu'un sou, quand il est
assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance ;
Qu'il se faut contenter de sa
condition ;
Qu'aux conseils de la Mer et de l'Ambition
Nous devons fermer
les oreilles.
Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
La Mer
promet monts et merveilles ;
Fiez-vous-y, les vents et les voleurs
viendront.



Jean de La Fontaine
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poèmes mer - Page 2 Empty La mer-Paul Fort

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 9:31

La mer


La mer brille comme une coquille
On a envie
de la pêcher
La mer est verte
La mer est grise
Elle est d'azur
Elle
est d'argent et de dentelle

Paul
Fort
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poèmes mer - Page 2 Empty Charles Baudelaire [ Les Phares ]

Message par Rita-kazem Jeu 8 Avr - 9:51

Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse,
Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer,
Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse,
Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer ;

Léonard de Vinci, miroir profond et sombre,
des anges charmants, avec un doux souris
Tout chargé de mystère, apparaissent à l'ombre
Des glaciers et des pins qui ferment leur pays ;

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d'un grand crucifix décoré seulement,
la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement ;

Michel-Ange, lieu vague où l'on voit des hercules
Se mêler à des Christs, et se lever tout droits
Des fantômes puissants qui dans les crépuscules
Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts ;

Colères de boxeur, impudences de faune,
Toi qui sus ramasser la beauté des goujats,
Grand cœur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune,
Puget, mélancolique empereur des forçats ;

Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres,
Comme des papillons, errent en flamboyant,
Décors frais et légers éclairés par des lustres
Qui versent la folie à ce bal tournoyant ;

Goya, cauchemar plein de choses inconnues,
De fœtus qu'on fait cuire au milieu des sabbats,
De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues,
Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas ;

Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges,
Ombragé par un bois de sapins toujours vert,
sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
Passent, comme un soupir étouffé de Weber ;

Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes,
Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum,
Sont un écho redit par mille labyrinthes ;
C'est pour les cœurs mortels un divin opium !

C'est un cri répété par mille sentinelles,
Un ordre renvoyé par mille porte-voix ;
C'est un phare allumé sur mille citadelles,
Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois !

Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité !
Rita-kazem
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poèmes mer - Page 2 Empty Katherine Mansfield

Message par magda Mar 13 Avr - 21:06

Tout au fond de l'océan
Gît un coquillage arc-en-ciel.
Il est là, toujours, brillant paisiblement
Sous les plus hautes vagues des tempêtes
Comme sous les bienheureuses vaguelettes
Que le vieux Grec appelait rides de rire.
Ecoute - tout au fond de l'océan
Le coquillage arc-en-ciel chante.
Il est là, toujours, chantant silencieusement.
Katherine Mansfield
(Nouvelle-Zélande)
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