Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
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Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
Rappel du premier message :
Veillées Poétiques Et Morales
Par Pierre Marie François Louis Baour-Lormian (1770-1854)
PREMIERE VEILLEE
L'astre des nuits se lève. à sa pâle lumière
Tout change, se confond dans la nature entière;
Et mon oeil, entouré de prestiges divers,
Voit dans l'ombre s'étendre un magique univers.
Ce rocher sourcilleux n'est plus un bloc informe;
C'est un monstre, un géant d'une stature énorme.
Ces chênes, ces sapins, confusément épars,
En dômes arrondis, élevés en remparts,
D'une ville aux cent tours me retracent l'image.
Que le souffle des vents agite le feuillage,
Il me semble aussitôt que de lointains accords
S'élèvent tristement sur la tombe des morts.
La superstition, qu'exalte le silence,
Sur le mortel crédule à minuit se balance.
L'enfant du nord, errant au sein des bois profonds,
Des esprits lumineux, des sylphes vagabonds,
Rois au sceptre de fleurs, à l'écharpe légère,
Voit descendre du ciel la foule mensongère.
Dans la coupe d'un lis tout le jour enfermés,
Et le soir, s'échappant par groupes embaumés,
Aux rayons de la lune ils viennent en cadence
Sur l'émail des gazons entrelacer leur danse;
Et de leurs blonds cheveux, dégagés de liens,
Les zéphyrs font rouler les flots aériens.
Ô surprise! Bientôt dans la forêt antique
S'élève, se prolonge un palais fantastique,
Immense, rayonnant du cristal le plus pur.
Tout le peuple lutin, sous ces parvis d'azur
Vient déposer des luths, des roses pour trophées;
Vient marier ses pas aux pas brillants des fées,
Et boire l'hydromel qui pétille dans l'or,
Jusqu'à l'heure où du jour l'éclat douteux encor,
Dissipant cette troupe inconstante et folâtre,
La ramène captive en sa prison d'albâtre.
Plus loin, au pied d'un mont obscurci de vapeurs,
Sous le chêne d'Odin, les trois fatales soeurs,
Monstres que le danois en frémissant adore,
Au fracas du torrent, aux feux du météore,
D'un breuvage fatal commencent les apprêts.
Quel est le roi puissant que menacent leurs traits?
Un poignard à la main, pâles, échevelées,
Elles chantent. Leur voix rugit dans les vallées;
Et les spectres, du fond des sombres monuments,
Accourent éveillés par leurs enchantements.
Que dis-je? Ah! Des tombeaux franchissant la barrière,
Si les morts, en effet, rendus à la lumière,
Reviennent quelquefois errer autour de nous,
Ô ma mère! ô ma soeur! Spectres charmants et doux,
À cette heure de paix quand ma voix vous appelle,
Pourquoi reposez-vous dans la nuit éternelle?
Mais du fatal sommeil qui s'endort une fois
De la tombe jamais ne soulève le poids.
Tout est calme. Zéphyr m'apporte sur son aile,
Avec l'esprit des fleurs, les sons de Philomèle:
Tandis que, par ses chants de tristesse et d'amour,
Les bois sont consolés de l'absence du jour,
Que fait l'homme, ce roi dont la force ou l'audace
De la terre et du ciel lui soumettaient l'espace?
Naguère à la clarté d'un soleil radieux,
Il étendait partout ses soins laborieux,
Du poids de ses vaisseaux chargeait l'onde inconstante,
Emprisonnait les vents dans la voile flottante,
Parcourait l'univers en monarque indompté,
Et semblait le remplir de son immensité.
Que fait l'homme? Au repos son ame s'abandonne;
Il abdique un moment sa brillante couronne;
Le sommeil sur son front épanche des pavots,
Et lui verse l'oubli de ses mâles travaux.
Mais quoi! Tous les mortels sans trouble, sans alarmes,
Du repos, à longs traits, savourent-ils les charmes?
Veillées Poétiques Et Morales
Par Pierre Marie François Louis Baour-Lormian (1770-1854)
PREMIERE VEILLEE
L'astre des nuits se lève. à sa pâle lumière
Tout change, se confond dans la nature entière;
Et mon oeil, entouré de prestiges divers,
Voit dans l'ombre s'étendre un magique univers.
Ce rocher sourcilleux n'est plus un bloc informe;
C'est un monstre, un géant d'une stature énorme.
Ces chênes, ces sapins, confusément épars,
En dômes arrondis, élevés en remparts,
D'une ville aux cent tours me retracent l'image.
Que le souffle des vents agite le feuillage,
Il me semble aussitôt que de lointains accords
S'élèvent tristement sur la tombe des morts.
La superstition, qu'exalte le silence,
Sur le mortel crédule à minuit se balance.
L'enfant du nord, errant au sein des bois profonds,
Des esprits lumineux, des sylphes vagabonds,
Rois au sceptre de fleurs, à l'écharpe légère,
Voit descendre du ciel la foule mensongère.
Dans la coupe d'un lis tout le jour enfermés,
Et le soir, s'échappant par groupes embaumés,
Aux rayons de la lune ils viennent en cadence
Sur l'émail des gazons entrelacer leur danse;
Et de leurs blonds cheveux, dégagés de liens,
Les zéphyrs font rouler les flots aériens.
Ô surprise! Bientôt dans la forêt antique
S'élève, se prolonge un palais fantastique,
Immense, rayonnant du cristal le plus pur.
Tout le peuple lutin, sous ces parvis d'azur
Vient déposer des luths, des roses pour trophées;
Vient marier ses pas aux pas brillants des fées,
Et boire l'hydromel qui pétille dans l'or,
Jusqu'à l'heure où du jour l'éclat douteux encor,
Dissipant cette troupe inconstante et folâtre,
La ramène captive en sa prison d'albâtre.
Plus loin, au pied d'un mont obscurci de vapeurs,
Sous le chêne d'Odin, les trois fatales soeurs,
Monstres que le danois en frémissant adore,
Au fracas du torrent, aux feux du météore,
D'un breuvage fatal commencent les apprêts.
Quel est le roi puissant que menacent leurs traits?
Un poignard à la main, pâles, échevelées,
Elles chantent. Leur voix rugit dans les vallées;
Et les spectres, du fond des sombres monuments,
Accourent éveillés par leurs enchantements.
Que dis-je? Ah! Des tombeaux franchissant la barrière,
Si les morts, en effet, rendus à la lumière,
Reviennent quelquefois errer autour de nous,
Ô ma mère! ô ma soeur! Spectres charmants et doux,
À cette heure de paix quand ma voix vous appelle,
Pourquoi reposez-vous dans la nuit éternelle?
Mais du fatal sommeil qui s'endort une fois
De la tombe jamais ne soulève le poids.
Tout est calme. Zéphyr m'apporte sur son aile,
Avec l'esprit des fleurs, les sons de Philomèle:
Tandis que, par ses chants de tristesse et d'amour,
Les bois sont consolés de l'absence du jour,
Que fait l'homme, ce roi dont la force ou l'audace
De la terre et du ciel lui soumettaient l'espace?
Naguère à la clarté d'un soleil radieux,
Il étendait partout ses soins laborieux,
Du poids de ses vaisseaux chargeait l'onde inconstante,
Emprisonnait les vents dans la voile flottante,
Parcourait l'univers en monarque indompté,
Et semblait le remplir de son immensité.
Que fait l'homme? Au repos son ame s'abandonne;
Il abdique un moment sa brillante couronne;
Le sommeil sur son front épanche des pavots,
Et lui verse l'oubli de ses mâles travaux.
Mais quoi! Tous les mortels sans trouble, sans alarmes,
Du repos, à longs traits, savourent-ils les charmes?
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
À ces mots, elle a fui mon regard alarmé....
Cependant, Orsano, je t'aurais tant aimé!...
-peux-tu croire, un moment, que ta mère chérie,
Abandonnant le ciel, sa nouvelle patrie,
Brise des noeuds par elle approuvés autrefois?
Non, je suis ton époux, et l'époux de son choix. "
Il se tait; et pourtant, près de l'objet qu'il aime,
D'une vague terreur il est frappé lui-même.
Mais, pour mieux célébrer ces instants solennels,
Retentissent les sons des joyeux ménestrels.
On dresse les banquets; les antiques bannières
Flottent sur le sommet des tours hospitalières:
Les filles des vassaux, d'une moisson de fleurs,
Pour l'hymen d'Amélie, ont tressé les couleurs;
" comme un songe riant leur éclat s'évapore,
Dit-elle;.... ce matin, elles vivaient encore. "
Le festin se termine, et déjà, moins ardent,
Le disque du soleil penche vers l'occident.
Dans la vieille forêt la fête est transportée.
La cime des hauts pins, doucement agitée,
Balance ses parfums aux derniers feux du jour;
Tout rit dans la nature: Amélie, à son tour,
D'un avenir plus doux ose entrevoir l'aurore;
Son beau teint, par degrés, s'anime, se colore;
Ses yeux remplis d'amour, de charme, de langueur,
Déjà vers son époux.... tout-à-coup, ô douleur!
Un bruit lugubre et sourd fait frémir le feuillage;
L'éclair serpente et luit sous un ciel sans nuage;
Nul souffle dans les airs: l'Etna sort du sommeil.
Quel sinistre murmure annonce son réveil!
Un épais tourbillon de cendre et de fumée
S'échappe, au même instant, de sa bouche enflammée;
Il rugit, et du fond de ses noirs soupiraux
Mille rochers ardents, mille foudres rivaux
Se heurtent en fureur; et la nuit ténébreuse
S'éclaire, devant eux, d'une lumière affreuse.
Aux lueurs de l'éclair et du mont courroucé,
Loin des jeunes époux tout a fui dispersé;
Ils restent seuls, perdus dans la forêt immense.
Ô Dieu, sur Orsano jette un oeil de clémence!
De sa tremblante épouse il raffermit les pas:
" eh bien! Dit-elle, eh bien! Tu ne m'en croyais pas!
Défends-moi maintenant de l'horrible tempête,
De ce ciel irrité qui menace ma tête.
Cher époux! Ton amour ne peut me secourir;
Ne songe qu'à toi-même, et laisse-moi mourir. "
Ses genoux, à l'instant, se dérobent sous elle:
Mais Orsano, qu'anime une force nouvelle,
L'enlève dans ses bras, et pâle, échevelé,
L'emporte au bruit du ciel par l'orage ébranlé.
Plus d'un sentier confus l'égare dans la route:
L'ange de l'infortune en eut pitié sans doute.
Le déplorable amant, après mille détours,
Du château d'Amélie a reconnu les tours.
Sous le parvis désert aussitôt il s'élance.
Cependant Amélie, en un morne silence,
Demeure encor plongée, et son époux en pleurs
S'efforce d'apaiser de trop justes frayeurs:
" toi que me disputait la fortune jalouse,
Il n'est plus de péril.... ô ma charmante épouse,
Renais sous mes baisers, ouvre enfin tes beaux yeux! "
Il dit. Un long éclair pénètre dans ces lieux,
Et, d'un bleuâtre éclat entourant la statue,
La dévoile aux regards d'Amélie abattue.
" ma mère! " à ce nom seul, à ce plaintif accent,
L'écho de ces vieux murs répond en gémissant.
L'orage alors redouble: au fracas du tonnerre,
Au choc des éléments, tremble et s'ouvre la terre;
De ses flancs déchirés mille feux ont jailli;
D'épouvante Orsano lui-même a tressailli.
Sur le sol chancelant, Amélie incertaine
Aux pieds de la statue avec effort se traîne,
Et les presse en criant.... ma mère, me voici!
La foudre éclate alors dans le ciel obscurci:
Tout tremble; la statue, à sa base arrachée,
Sur la triste Amélie, à l'instant, s'est penchée,
Semble étendre les bras, tombe enfin; et son poids
La renverse sanglante, et meurtrie, et sans voix.
Un moment de sa force elle a repris l'usage:
" adieu, cher Orsano; rappelle ton courage;
Tu vois.... " le lendemain, immobiles, glacés,
On les trouva tous deux se tenant embrassés.
Cependant, Orsano, je t'aurais tant aimé!...
-peux-tu croire, un moment, que ta mère chérie,
Abandonnant le ciel, sa nouvelle patrie,
Brise des noeuds par elle approuvés autrefois?
Non, je suis ton époux, et l'époux de son choix. "
Il se tait; et pourtant, près de l'objet qu'il aime,
D'une vague terreur il est frappé lui-même.
Mais, pour mieux célébrer ces instants solennels,
Retentissent les sons des joyeux ménestrels.
On dresse les banquets; les antiques bannières
Flottent sur le sommet des tours hospitalières:
Les filles des vassaux, d'une moisson de fleurs,
Pour l'hymen d'Amélie, ont tressé les couleurs;
" comme un songe riant leur éclat s'évapore,
Dit-elle;.... ce matin, elles vivaient encore. "
Le festin se termine, et déjà, moins ardent,
Le disque du soleil penche vers l'occident.
Dans la vieille forêt la fête est transportée.
La cime des hauts pins, doucement agitée,
Balance ses parfums aux derniers feux du jour;
Tout rit dans la nature: Amélie, à son tour,
D'un avenir plus doux ose entrevoir l'aurore;
Son beau teint, par degrés, s'anime, se colore;
Ses yeux remplis d'amour, de charme, de langueur,
Déjà vers son époux.... tout-à-coup, ô douleur!
Un bruit lugubre et sourd fait frémir le feuillage;
L'éclair serpente et luit sous un ciel sans nuage;
Nul souffle dans les airs: l'Etna sort du sommeil.
Quel sinistre murmure annonce son réveil!
Un épais tourbillon de cendre et de fumée
S'échappe, au même instant, de sa bouche enflammée;
Il rugit, et du fond de ses noirs soupiraux
Mille rochers ardents, mille foudres rivaux
Se heurtent en fureur; et la nuit ténébreuse
S'éclaire, devant eux, d'une lumière affreuse.
Aux lueurs de l'éclair et du mont courroucé,
Loin des jeunes époux tout a fui dispersé;
Ils restent seuls, perdus dans la forêt immense.
Ô Dieu, sur Orsano jette un oeil de clémence!
De sa tremblante épouse il raffermit les pas:
" eh bien! Dit-elle, eh bien! Tu ne m'en croyais pas!
Défends-moi maintenant de l'horrible tempête,
De ce ciel irrité qui menace ma tête.
Cher époux! Ton amour ne peut me secourir;
Ne songe qu'à toi-même, et laisse-moi mourir. "
Ses genoux, à l'instant, se dérobent sous elle:
Mais Orsano, qu'anime une force nouvelle,
L'enlève dans ses bras, et pâle, échevelé,
L'emporte au bruit du ciel par l'orage ébranlé.
Plus d'un sentier confus l'égare dans la route:
L'ange de l'infortune en eut pitié sans doute.
Le déplorable amant, après mille détours,
Du château d'Amélie a reconnu les tours.
Sous le parvis désert aussitôt il s'élance.
Cependant Amélie, en un morne silence,
Demeure encor plongée, et son époux en pleurs
S'efforce d'apaiser de trop justes frayeurs:
" toi que me disputait la fortune jalouse,
Il n'est plus de péril.... ô ma charmante épouse,
Renais sous mes baisers, ouvre enfin tes beaux yeux! "
Il dit. Un long éclair pénètre dans ces lieux,
Et, d'un bleuâtre éclat entourant la statue,
La dévoile aux regards d'Amélie abattue.
" ma mère! " à ce nom seul, à ce plaintif accent,
L'écho de ces vieux murs répond en gémissant.
L'orage alors redouble: au fracas du tonnerre,
Au choc des éléments, tremble et s'ouvre la terre;
De ses flancs déchirés mille feux ont jailli;
D'épouvante Orsano lui-même a tressailli.
Sur le sol chancelant, Amélie incertaine
Aux pieds de la statue avec effort se traîne,
Et les presse en criant.... ma mère, me voici!
La foudre éclate alors dans le ciel obscurci:
Tout tremble; la statue, à sa base arrachée,
Sur la triste Amélie, à l'instant, s'est penchée,
Semble étendre les bras, tombe enfin; et son poids
La renverse sanglante, et meurtrie, et sans voix.
Un moment de sa force elle a repris l'usage:
" adieu, cher Orsano; rappelle ton courage;
Tu vois.... " le lendemain, immobiles, glacés,
On les trouva tous deux se tenant embrassés.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
SIXIEME VEILLEE
Édouard n'était plus: sa volonté suprême
À la jeune Suffolk léguait le diadême;
Mais la soeur d'édouard, en faveur de ses droits,
Arme les bataillons de la sombre Tamise:
Tout fléchit devant elle, et dans Londres soumise
Ses mains ont ressaisi l'héritage des rois.
Ô fortune! ô revers! Ophélie étonnée
N'ose s'abandonner à de justes douleurs,
Et ne murmure point contre la destinée.
Mais toi, son jeune époux, tu fais couler ses pleurs,
Toi, Gilfort... dans ses bras elle tombe, et s'écrie:
" c'en est fait: la victoire a couronné Marie!
Ô charme de mes jours! Cesse de t'alarmer:
Je suis épouse encor si je ne suis plus reine.
Loin de moi, sans retour, la grandeur souveraine!
Il m'est plus doux cent fois d'obéir et d'aimer.
Fuyons une rivale injuste et criminelle;
Mettons entr'elle et nous l'immensité des mers.
Cher Gilfort, Ophélie attentive et fidèle
Dans les noires forêts, au milieu des déserts
Pourra de son époux alléger la souffrance,
Et lui rendre en amour ce qu'il perd en puissance. "
Édouard n'était plus: sa volonté suprême
À la jeune Suffolk léguait le diadême;
Mais la soeur d'édouard, en faveur de ses droits,
Arme les bataillons de la sombre Tamise:
Tout fléchit devant elle, et dans Londres soumise
Ses mains ont ressaisi l'héritage des rois.
Ô fortune! ô revers! Ophélie étonnée
N'ose s'abandonner à de justes douleurs,
Et ne murmure point contre la destinée.
Mais toi, son jeune époux, tu fais couler ses pleurs,
Toi, Gilfort... dans ses bras elle tombe, et s'écrie:
" c'en est fait: la victoire a couronné Marie!
Ô charme de mes jours! Cesse de t'alarmer:
Je suis épouse encor si je ne suis plus reine.
Loin de moi, sans retour, la grandeur souveraine!
Il m'est plus doux cent fois d'obéir et d'aimer.
Fuyons une rivale injuste et criminelle;
Mettons entr'elle et nous l'immensité des mers.
Cher Gilfort, Ophélie attentive et fidèle
Dans les noires forêts, au milieu des déserts
Pourra de son époux alléger la souffrance,
Et lui rendre en amour ce qu'il perd en puissance. "
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
Elle se tait; et belle et les cheveux épars,
Elle enflamme Gilfort de l'espoir qui l'anime....
De farouches soldats entrent de toutes parts,
Et traînent dans les fers l'héroïque victime.
Gilfort est resté seul.... seul avec son malheur.
Dans ce palais brillant d'une splendeur fatale
Il s'égare, et devant la couche nuptiale
De ses plaisirs détruits il repaît sa douleur.
Qu'elle fut courte, hélas! Cette nuit fortunée
Qui prêta son mystère aux plus tendres amours!
La lune, dans le ciel, recommençait son cours,
Et ses feux argentaient la couche d'hyménée;
Maintenant sa clarté, mourante au haut des cieux,
D'un bonheur aussi doux n'est plus dépositaire;
Elle luit tristement sur ce lit solitaire
Qu'amour n'enchante plus de ses folâtres jeux.
Cependant Ophélie, au désespoir livrée,
D'un père, d'un époux à la fois séparée,
S'entretient de ses maux dans le fond d'une tour
Que n'éclaira jamais l'oeil consolant du jour.
Au lieu de cette foule à lui plaire assidue,
D'un trône et des honneurs sous ses pas déployés,
Une ombre impénétrable, en ces murs répandue,
N'offre que son horreur à ses yeux effrayés.
Nul bruit ne vient frapper son oreille attentive.
C'est en vain que l'aurore, au visage riant,
De rubis et de fleurs parsème l'orient,
Et que du rossignol la romance plaintive
Se mêle aux doux accords des zéphyrs et des eaux:
Tout est sombre, muet pour l'aimable captive;
Tout dort, à ses côtés, du sommeil des tombeaux.
Elle enflamme Gilfort de l'espoir qui l'anime....
De farouches soldats entrent de toutes parts,
Et traînent dans les fers l'héroïque victime.
Gilfort est resté seul.... seul avec son malheur.
Dans ce palais brillant d'une splendeur fatale
Il s'égare, et devant la couche nuptiale
De ses plaisirs détruits il repaît sa douleur.
Qu'elle fut courte, hélas! Cette nuit fortunée
Qui prêta son mystère aux plus tendres amours!
La lune, dans le ciel, recommençait son cours,
Et ses feux argentaient la couche d'hyménée;
Maintenant sa clarté, mourante au haut des cieux,
D'un bonheur aussi doux n'est plus dépositaire;
Elle luit tristement sur ce lit solitaire
Qu'amour n'enchante plus de ses folâtres jeux.
Cependant Ophélie, au désespoir livrée,
D'un père, d'un époux à la fois séparée,
S'entretient de ses maux dans le fond d'une tour
Que n'éclaira jamais l'oeil consolant du jour.
Au lieu de cette foule à lui plaire assidue,
D'un trône et des honneurs sous ses pas déployés,
Une ombre impénétrable, en ces murs répandue,
N'offre que son horreur à ses yeux effrayés.
Nul bruit ne vient frapper son oreille attentive.
C'est en vain que l'aurore, au visage riant,
De rubis et de fleurs parsème l'orient,
Et que du rossignol la romance plaintive
Se mêle aux doux accords des zéphyrs et des eaux:
Tout est sombre, muet pour l'aimable captive;
Tout dort, à ses côtés, du sommeil des tombeaux.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
Ainsi donc cette fleur, naguère épanouie,
Le parfum du bocage, et l'orgueil du printemps,
Qui, dès l'aube du jour, sur les flots inconstants,
Aimait à balancer sa tête réjouie,
Cette fleur, qu'épargnait le courroux des autans,
Dont le sein amoureux s'abreuvait de rosée,
Va bientôt se flétrir sur sa tige brisée!...
Ô ciel! Qu'il est affreux, dans l'âge des plaisirs,
Quand la beauté naissante éveille les désirs,
D'entrevoir, un moment, la pompe nuptiale,
Et de fuir un époux dans la tombe fatale!
Ophélie, ah! Du moins si le destin jaloux
Avait permis qu'un fruit de ton doux hyménée,
Qu'un rejeton d'amour, bercé sur tes genoux,
Consolât de Gilfort la vie infortunée!
Mais tu descends entière auprès de tes aïeux:
Un fils n'ira jamais, à côté de son père,
Arroser ton cercueil de pleurs religieux,
Et demander au ciel le bonheur d'une mère!...
Mais la religion lui prête son secours;
Elle voit sans regret, à la fleur de ses jours,
S'évanouir l'éclat de la grandeur suprême.
La foudre a, sur son front, brisé le diadême;
Des fers chargent ses mains: amour, gloire, trésors,
Elle perd tout: eh bien! Son courage est le même,
Et son coeur est heureux puisqu'il est sans remords.
Le parfum du bocage, et l'orgueil du printemps,
Qui, dès l'aube du jour, sur les flots inconstants,
Aimait à balancer sa tête réjouie,
Cette fleur, qu'épargnait le courroux des autans,
Dont le sein amoureux s'abreuvait de rosée,
Va bientôt se flétrir sur sa tige brisée!...
Ô ciel! Qu'il est affreux, dans l'âge des plaisirs,
Quand la beauté naissante éveille les désirs,
D'entrevoir, un moment, la pompe nuptiale,
Et de fuir un époux dans la tombe fatale!
Ophélie, ah! Du moins si le destin jaloux
Avait permis qu'un fruit de ton doux hyménée,
Qu'un rejeton d'amour, bercé sur tes genoux,
Consolât de Gilfort la vie infortunée!
Mais tu descends entière auprès de tes aïeux:
Un fils n'ira jamais, à côté de son père,
Arroser ton cercueil de pleurs religieux,
Et demander au ciel le bonheur d'une mère!...
Mais la religion lui prête son secours;
Elle voit sans regret, à la fleur de ses jours,
S'évanouir l'éclat de la grandeur suprême.
La foudre a, sur son front, brisé le diadême;
Des fers chargent ses mains: amour, gloire, trésors,
Elle perd tout: eh bien! Son courage est le même,
Et son coeur est heureux puisqu'il est sans remords.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
Au fond d'un noir cachot, vers le ciel qu'elle implore
Élevant ses beaux yeux, où brille la ferveur,
Elle tombe à genoux: " Dieu clément, que j'adore,
Dit-elle, à ta bonté s'adresse ma douleur.
C'est toi qui fais passer de l'ombre à la lumière,
De la vie à la mort, du trône à la chaumière;
Tu peux tout, et je sais que le sort des humains,
Leurs peines, leurs plaisirs reposent dans tes mains:
Ne m'abandonne pas au jour de l'infortune;
Arbitre des mortels, ne crains pas que mon coeur,
Élevant jusqu'à toi sa prière importune,
Te redemande encor le sceptre et le bonheur:
Frappe, je te bénis; mais épargne mon père,
Mais d'un époux chéri détourne ta colère. "
Elle dit: vers les cieux prenant un libre essor,
L'ange de l'espérance emporte sa prière.
Le sommeil tout-à-coup vient fermer sa paupière,
Et l'asseoir sous un dais brillant de pourpre et d'or;
D'un cortége pompeux elle est environnée;
Un peuple adorateur se presse sur ses pas,
Et sa fière rivale, à ses pieds amenée,
Attend, en frémissant, l'arrêt de son trépas:
Mais la jeune beauté ne connaît point la haine,
Et veut, par des bienfaits enchaîner tous les coeurs.
Elle presse Marie entre ses bras vainqueurs,
Dans son abaissement voit encore une reine,
Et lui fait partager les suprêmes honneurs.
Élevant ses beaux yeux, où brille la ferveur,
Elle tombe à genoux: " Dieu clément, que j'adore,
Dit-elle, à ta bonté s'adresse ma douleur.
C'est toi qui fais passer de l'ombre à la lumière,
De la vie à la mort, du trône à la chaumière;
Tu peux tout, et je sais que le sort des humains,
Leurs peines, leurs plaisirs reposent dans tes mains:
Ne m'abandonne pas au jour de l'infortune;
Arbitre des mortels, ne crains pas que mon coeur,
Élevant jusqu'à toi sa prière importune,
Te redemande encor le sceptre et le bonheur:
Frappe, je te bénis; mais épargne mon père,
Mais d'un époux chéri détourne ta colère. "
Elle dit: vers les cieux prenant un libre essor,
L'ange de l'espérance emporte sa prière.
Le sommeil tout-à-coup vient fermer sa paupière,
Et l'asseoir sous un dais brillant de pourpre et d'or;
D'un cortége pompeux elle est environnée;
Un peuple adorateur se presse sur ses pas,
Et sa fière rivale, à ses pieds amenée,
Attend, en frémissant, l'arrêt de son trépas:
Mais la jeune beauté ne connaît point la haine,
Et veut, par des bienfaits enchaîner tous les coeurs.
Elle presse Marie entre ses bras vainqueurs,
Dans son abaissement voit encore une reine,
Et lui fait partager les suprêmes honneurs.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
L'aube alors s'avançait de roses couronnée;
Ophélie, en ces lieux, consacrés à la mort,
Comme aux jours de bonheur, se tourne vers Gilfort:
Mais du songe charmant elle est abandonnée;
Des fers et l'échafaud, voilà quel est son sort.
Tout-à-coup, ô vengeance! ô terreur imprévue!
Son cachot s'est ouvert. Ceinte de cheveux blancs,
Une tête hideuse épouvante sa vue,
Tombe, bondit, et roule à ses pieds chancelants.
Ah! Ce fatal aspect accable son courage:
Voilà de son aïeul le front majestueux!
Quoi! Marie a donc pu, dans l'excès de sa rage,
Tremper ses mains au sang d'un vieillard vertueux!...
Ô ciel! Et si l'objet de sa flamme constante,
Si Gilfort, maintenant sous le glaive assassin....
Une invincible horreur fait palpiter son sein.
Tandis que dans les pleurs, le deuil et l'épouvante
Elle attend... tel qu'une ombre échappée au cercueil,
Muet, pâle, couvert de longs habits de deuil,
Devant elle Gilfort à l'instant se présente.
" Gilfort! Ah! Cher époux, enfin je te revois;
La fureur de Marie.... " elle dit, et sans voix,
Sans haleine, à ses pieds elle tombe expirante.
Gilfort tremble, pâlit et chancelle à son tour.
Il presse dans ses bras son épouse chérie,
Et bientôt soulevant sa tête appesantie,
À travers un nuage et de pleurs et d'amour,
Il voit briller encor les beaux yeux d'Ophélie.
Elle a revu déjà la lumière et Gilfort;
Mais, en le retrouvant dans ces lieux pleins d'alarmes,
Un noir pressentiment l'avertit de son sort.
" ah! Ce n'est que sur toi que je verse des larmes!
Quel crime as-tu commis pour demander la mort?
As-tu dicté des lois à la fière Tamise?
D'une reine superbe as-tu bravé l'effort,
Et porté la couronne à son orgueil promise?
C'est moi, c'est mon amour qui t'entraîne au tombeau!
Sans ce fatal hymen, dont le courroux céleste
À la voix de ton père alluma le flambeau,
Libre, heureux, étranger à mon destin funeste,
Rien de ton avenir n'aurait troublé le cours;
Un bonheur éternel eût embelli tes jours...
Mais que dis-je? Mon sang doit suffire à la reine.
Jure de me survivre, et qu'au moins cet espoir,
À mon dernier moment, adoucisse ma peine...
Ma bouche te l'ordonne et t'en fait un devoir. "
Mais leur malheur bientôt passera leur attente,
Et le ciel les réserve à des tourments nouveaux.
Un prêtre tout-à-coup devant eux se présente;
Il est accompagné de féroces bourreaux.
" j'exécute à regret les ordres de la reine:
Madame, il faut mourir; mais tremblez... votre époux
Sous le fer suspendu doit périr avant vous...
Ah! De vos jours si beaux ne rompez pas la chaîne;
Abjurez les erreurs de vos faibles aïeux,
Et d'une grande reine embrassez la croyance;
Elle daigne à ce prix vous pardonner tous deux,
Et vous combler des dons de sa magnificence.
Dites un mot, le sort va sourire à vos voeux. "
Ô puissances du ciel, soutenez Ophélie!
Relevez sa constance un moment affaiblie!
Ophélie, en ces lieux, consacrés à la mort,
Comme aux jours de bonheur, se tourne vers Gilfort:
Mais du songe charmant elle est abandonnée;
Des fers et l'échafaud, voilà quel est son sort.
Tout-à-coup, ô vengeance! ô terreur imprévue!
Son cachot s'est ouvert. Ceinte de cheveux blancs,
Une tête hideuse épouvante sa vue,
Tombe, bondit, et roule à ses pieds chancelants.
Ah! Ce fatal aspect accable son courage:
Voilà de son aïeul le front majestueux!
Quoi! Marie a donc pu, dans l'excès de sa rage,
Tremper ses mains au sang d'un vieillard vertueux!...
Ô ciel! Et si l'objet de sa flamme constante,
Si Gilfort, maintenant sous le glaive assassin....
Une invincible horreur fait palpiter son sein.
Tandis que dans les pleurs, le deuil et l'épouvante
Elle attend... tel qu'une ombre échappée au cercueil,
Muet, pâle, couvert de longs habits de deuil,
Devant elle Gilfort à l'instant se présente.
" Gilfort! Ah! Cher époux, enfin je te revois;
La fureur de Marie.... " elle dit, et sans voix,
Sans haleine, à ses pieds elle tombe expirante.
Gilfort tremble, pâlit et chancelle à son tour.
Il presse dans ses bras son épouse chérie,
Et bientôt soulevant sa tête appesantie,
À travers un nuage et de pleurs et d'amour,
Il voit briller encor les beaux yeux d'Ophélie.
Elle a revu déjà la lumière et Gilfort;
Mais, en le retrouvant dans ces lieux pleins d'alarmes,
Un noir pressentiment l'avertit de son sort.
" ah! Ce n'est que sur toi que je verse des larmes!
Quel crime as-tu commis pour demander la mort?
As-tu dicté des lois à la fière Tamise?
D'une reine superbe as-tu bravé l'effort,
Et porté la couronne à son orgueil promise?
C'est moi, c'est mon amour qui t'entraîne au tombeau!
Sans ce fatal hymen, dont le courroux céleste
À la voix de ton père alluma le flambeau,
Libre, heureux, étranger à mon destin funeste,
Rien de ton avenir n'aurait troublé le cours;
Un bonheur éternel eût embelli tes jours...
Mais que dis-je? Mon sang doit suffire à la reine.
Jure de me survivre, et qu'au moins cet espoir,
À mon dernier moment, adoucisse ma peine...
Ma bouche te l'ordonne et t'en fait un devoir. "
Mais leur malheur bientôt passera leur attente,
Et le ciel les réserve à des tourments nouveaux.
Un prêtre tout-à-coup devant eux se présente;
Il est accompagné de féroces bourreaux.
" j'exécute à regret les ordres de la reine:
Madame, il faut mourir; mais tremblez... votre époux
Sous le fer suspendu doit périr avant vous...
Ah! De vos jours si beaux ne rompez pas la chaîne;
Abjurez les erreurs de vos faibles aïeux,
Et d'une grande reine embrassez la croyance;
Elle daigne à ce prix vous pardonner tous deux,
Et vous combler des dons de sa magnificence.
Dites un mot, le sort va sourire à vos voeux. "
Ô puissances du ciel, soutenez Ophélie!
Relevez sa constance un moment affaiblie!
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
À genoux, et les bras vers le ciel étendus,
Elle prie. ô bonheur! Ses voeux sont entendus.
Son oeil majestueux d'un feu pur étincelle;
Dans tous ses traits éclate une noble fierté;
Elle semble s'unir à la divinité,
Et commencer déjà sa carrière immortelle.
C'en est fait, dans son coeur il n'est plus de combats;
Calme et s'abandonnant au zèle qui l'anime:
" si ce n'est qu'à ce prix qu'on sauve la victime,
Et si le déshonneur ".... elle n'achève pas.
Gilfort désespéré s'élance dans ses bras,
Et brûle d'étouffer son dessein magnanime.
" cruelle! Lui dit-il, ah! Si je te fus cher,
Si tu m'aimas jamais, arme-toi, prends ce fer,
Plonge-le dans mon sein: épargne à ma tendresse
L'aspect du coup fatal qui doit trancher tes jours!
Au nom de notre hymen, par nos jeunes amours,
Qu'à ton propre destin la pitié t'intéresse!
Si rien ne peut fléchir ton courage insensé,
Songe, songe du moins à ton malheureux père,
Et qu'un reste de sang, dans ses veines glacé,
Ne vienne point rougir la hache meurtrière.
Mais pourquoi te parler d'un père, d'un époux?
Ton insensible coeur à leurs voeux se refuse.
Ophélie, ah! Reviens de l'erreur qui t'abuse!
Elle prie. ô bonheur! Ses voeux sont entendus.
Son oeil majestueux d'un feu pur étincelle;
Dans tous ses traits éclate une noble fierté;
Elle semble s'unir à la divinité,
Et commencer déjà sa carrière immortelle.
C'en est fait, dans son coeur il n'est plus de combats;
Calme et s'abandonnant au zèle qui l'anime:
" si ce n'est qu'à ce prix qu'on sauve la victime,
Et si le déshonneur ".... elle n'achève pas.
Gilfort désespéré s'élance dans ses bras,
Et brûle d'étouffer son dessein magnanime.
" cruelle! Lui dit-il, ah! Si je te fus cher,
Si tu m'aimas jamais, arme-toi, prends ce fer,
Plonge-le dans mon sein: épargne à ma tendresse
L'aspect du coup fatal qui doit trancher tes jours!
Au nom de notre hymen, par nos jeunes amours,
Qu'à ton propre destin la pitié t'intéresse!
Si rien ne peut fléchir ton courage insensé,
Songe, songe du moins à ton malheureux père,
Et qu'un reste de sang, dans ses veines glacé,
Ne vienne point rougir la hache meurtrière.
Mais pourquoi te parler d'un père, d'un époux?
Ton insensible coeur à leurs voeux se refuse.
Ophélie, ah! Reviens de l'erreur qui t'abuse!
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Pierre Marie François Louis Baour-Lormian
Sauve ton père et toi; mon sort sera trop doux. "
Il achevait ces mots: chancelant, hors d'haleine,
S'avance, l'oeil en pleurs, un débile vieillard;
Chargé d'ans et de maux, il se soutient à peine.
Il jette sur sa fille un douloureux regard,
Et d'une voix tremblante: " ô fille infortunée!
Ce n'est point pour sauver quelques jours languissants
Que ma vieillesse en deuil, vers la tombe entraînée,
Au milieu des sanglots, t'adresse ces accents;
Mais laisse-toi fléchir; prends pitié de toi-même:
Par ces cheveux blanchis, ces regrets paternels,
Au nom d'un peuple entier qui gémit et qui t'aime,
N'appelle plus la mort par tes voeux criminels! "
Il dit, et dans ses pleurs sa faible voix expire.
Ophélie à ses pleurs oppose un front serein;
Le calme est sur ses traits quand son coeur se déchire.
Mais le dieu qu'elle implore affermit son dessein,
Et lui montre déjà les palmes du martyre.
" cessez de m'arrêter sur les bords du tombeau,
Dit-elle; l'heure sonne, il faut quitter la vie.
Osez me plaindre encor, lorsque pour Ophélie
De l'immortalité s'allume le flambeau!
Adieu, ne pleurez pas celle qui vous fut chère.
Dans un monde nouveau j'emporte votre amour;
Cet espoir me soutient au bout de ma carrière,
Et la mort est pour moi l'aurore d'un beau jour.
Mon sang doit apaiser ma superbe ennemie.
Ô vous de ses fureurs ministres rigoureux,
Dites-lui que mon nom échappe à l'infamie,
Et que j'ai su garder la foi de mes aïeux;
Qu'elle jouisse en paix des fruits de sa conquête;
Je bénis son courroux; il avance pour moi
Le moment de m'unir à mon souverain roi.
Faites briller le fer... frappez; voilà ma tête. "
Il achevait ces mots: chancelant, hors d'haleine,
S'avance, l'oeil en pleurs, un débile vieillard;
Chargé d'ans et de maux, il se soutient à peine.
Il jette sur sa fille un douloureux regard,
Et d'une voix tremblante: " ô fille infortunée!
Ce n'est point pour sauver quelques jours languissants
Que ma vieillesse en deuil, vers la tombe entraînée,
Au milieu des sanglots, t'adresse ces accents;
Mais laisse-toi fléchir; prends pitié de toi-même:
Par ces cheveux blanchis, ces regrets paternels,
Au nom d'un peuple entier qui gémit et qui t'aime,
N'appelle plus la mort par tes voeux criminels! "
Il dit, et dans ses pleurs sa faible voix expire.
Ophélie à ses pleurs oppose un front serein;
Le calme est sur ses traits quand son coeur se déchire.
Mais le dieu qu'elle implore affermit son dessein,
Et lui montre déjà les palmes du martyre.
" cessez de m'arrêter sur les bords du tombeau,
Dit-elle; l'heure sonne, il faut quitter la vie.
Osez me plaindre encor, lorsque pour Ophélie
De l'immortalité s'allume le flambeau!
Adieu, ne pleurez pas celle qui vous fut chère.
Dans un monde nouveau j'emporte votre amour;
Cet espoir me soutient au bout de ma carrière,
Et la mort est pour moi l'aurore d'un beau jour.
Mon sang doit apaiser ma superbe ennemie.
Ô vous de ses fureurs ministres rigoureux,
Dites-lui que mon nom échappe à l'infamie,
Et que j'ai su garder la foi de mes aïeux;
Qu'elle jouisse en paix des fruits de sa conquête;
Je bénis son courroux; il avance pour moi
Le moment de m'unir à mon souverain roi.
Faites briller le fer... frappez; voilà ma tête. "
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
VUE D'UN CIMETIERE DE CAMPAGNE
VUE D'UN CIMETIERE DE CAMPAGNE
Au mois de mai.
Le mois voluptueux, par nos champs attendu,
Sur l'aile des zéphyrs du ciel est descendu:
Il s'avance, il sourit à la nature entière:
Ses longs cheveux, tressés de fleurs et de lumière,
Exhalent, dans les airs, les parfums les plus doux,
La terre, avec transport, reçoit son jeune époux,
Et laisse au loin flotter, sur le lit d'Hyménée,
Sa robe d'émeraude aux vents abandonnée.
Les arbres, entourés de festons éclatants,
Balancent à la fois leurs panaches flottants:
Tout s'éveille, tout rit d'amour et d'allégresse,
Et pourtant je ne sais quelle vague tristesse
De ces riants berceaux semble éloigner mes pas;
Mes yeux sont satisfaits et mon coeur ne l'est pas.
Le jour fuit..... approchons de ce temple rustique,
Dont la mousse et les ans ont noirci le portique.
Le soleil qui s'éteint, sur les sombres vitraux,
Verse la pourpre et l'or de ses feux inégaux.
Quel silence! Observons cette enceinte profonde,
Seul avec ma pensée et le maître du monde.
C'est là que des étés redoutant la fureur,
À genoux et priant, le pauvre laboureur
Au sort de ses moissons intéresse Dieu même;
Et ses voeux écoutés par le juge suprême,
Montent, comme l'encens, au palais éternel.
Quand du septième jour le repos solennel,
Proclamé par l'airain, règne dans ces campagnes,
Suivis de leurs enfants, suivis de leurs compagnes,
Tous ces bons villageois, la paix au fond du coeur,
Viennent prêter l'oreille au discours du pasteur,
Qui des simples vertus leur retraçant l'image,
À d'un ange du ciel la voix et le langage;
Sa parole nourrit la veuve et l'orphelin.
Mais bientôt, revêtu de son habit de lin,
Il unit, par les noeuds d'une propice chaîne,
Le couple qu'à ses pieds un chaste amour amène;
Une pompe charmante alors pare ces lieux;
Des festons enlacés par un zèle pieux
Serpentent sur les murs du champêtre édifice.
Belle de ses quinze ans, fraîche sans artifice,
Et baissant vers la terre un front plein de candeur,
La jeune amante espère et rougit de pudeur;
Un bandeau fastueux n'entoure point sa tête;
Elle n'apporte pas à cette simple fête
Un trésor bien souvent par le crime obtenu,
Sans richesse, elle a tout: sa dot est la vertu.
Au mois de mai.
Le mois voluptueux, par nos champs attendu,
Sur l'aile des zéphyrs du ciel est descendu:
Il s'avance, il sourit à la nature entière:
Ses longs cheveux, tressés de fleurs et de lumière,
Exhalent, dans les airs, les parfums les plus doux,
La terre, avec transport, reçoit son jeune époux,
Et laisse au loin flotter, sur le lit d'Hyménée,
Sa robe d'émeraude aux vents abandonnée.
Les arbres, entourés de festons éclatants,
Balancent à la fois leurs panaches flottants:
Tout s'éveille, tout rit d'amour et d'allégresse,
Et pourtant je ne sais quelle vague tristesse
De ces riants berceaux semble éloigner mes pas;
Mes yeux sont satisfaits et mon coeur ne l'est pas.
Le jour fuit..... approchons de ce temple rustique,
Dont la mousse et les ans ont noirci le portique.
Le soleil qui s'éteint, sur les sombres vitraux,
Verse la pourpre et l'or de ses feux inégaux.
Quel silence! Observons cette enceinte profonde,
Seul avec ma pensée et le maître du monde.
C'est là que des étés redoutant la fureur,
À genoux et priant, le pauvre laboureur
Au sort de ses moissons intéresse Dieu même;
Et ses voeux écoutés par le juge suprême,
Montent, comme l'encens, au palais éternel.
Quand du septième jour le repos solennel,
Proclamé par l'airain, règne dans ces campagnes,
Suivis de leurs enfants, suivis de leurs compagnes,
Tous ces bons villageois, la paix au fond du coeur,
Viennent prêter l'oreille au discours du pasteur,
Qui des simples vertus leur retraçant l'image,
À d'un ange du ciel la voix et le langage;
Sa parole nourrit la veuve et l'orphelin.
Mais bientôt, revêtu de son habit de lin,
Il unit, par les noeuds d'une propice chaîne,
Le couple qu'à ses pieds un chaste amour amène;
Une pompe charmante alors pare ces lieux;
Des festons enlacés par un zèle pieux
Serpentent sur les murs du champêtre édifice.
Belle de ses quinze ans, fraîche sans artifice,
Et baissant vers la terre un front plein de candeur,
La jeune amante espère et rougit de pudeur;
Un bandeau fastueux n'entoure point sa tête;
Elle n'apporte pas à cette simple fête
Un trésor bien souvent par le crime obtenu,
Sans richesse, elle a tout: sa dot est la vertu.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
VUE D'UN CIMETIERE DE CAMPAGNE
Allez, heureux amants, couple toujours fidèle,
D'un hymen sans nuage offrez-nous le modèle.
Que l'ange du seigneur, vous prenant par la main,
Puisse de votre vie aplanir le chemin,
Jusqu'à l'heure où la mort.... mais, triste et solitaire,
D'où peut venir en moi ce trouble involontaire?
La mort!... son vaste enclos près du temple s'étend;
Je veux à mes regrets m'y livrer un instant.
L'if et le pin funèbre, associant leurs ombres,
Jusqu'au pied des tombeaux m'ouvrent des routes sombres.
Non loin de moi, des fleurs, des arbres, des ruisseaux
Confondent leurs parfums, leurs feuillages, leurs eaux;
Des chantres du printemps la foule réunie
Anime les bosquets d'une douce harmonie;
La sève de la vie, en rapides torrents,
Court inonder les bois, les vallons odorants;
La colombe gémit sous la verte ramée.
Entendez-vous au loin, dans la plaine embaumée;
Les génisses beugler, et mugir les troupeaux?...
Là tout est mouvement, ici tout est repos.
À peine un vent léger ride, par intervalle,
L'herbe haute couvrant la pierre sépulcrale.
Tout se tait, rien ne veille, et mon souffle et mes pas
Troublent seuls le silence et le deuil du trépas.
Habitants de ces lieux, quel sommeil vous enchaîne!
Hélas! En ce moment, et le mont et la plaine,
Et ces bois que l'hiver naguère, en son courroux,
Avait sous les frimas endormis comme vous,
Et ces fleurs dont l'éclat venait de disparaître,
Tout s'éveille, se pare, et prend un nouvel être.
Et vous jadis les rois de ce vaste univers,
Vous ne partagez plus tant de bienfaits divers;
Vous ne soulevez pas cette pierre immobile,
Qui presse de son poids votre couche d'argile.
Homme, songe de gloire et de félicité,
C'est donc là que finit ta vaine autorité?
Du moins ceux qu'à mes pieds le sommeil environne,
N'ont pas à regretter l'éclat d'une couronne.
Un pain noir et grossier composait leur festin,
Et leur trépas sans doute embellit leur destin:
La paix est avec eux; les remords, les alarmes
De leurs derniers moments n'ont pas troublé les charmes.
Illustres inconnus, bénissez votre sort;
Heureux qui, comme vous, obscurément s'endort;
De vos humbles vertus la récompense est prête.
Le ciseau du sculpteur, la lyre du poëte,
De vos jours disparus fêtant le souvenir,
N'ont pas à votre gloire attaché l'avenir.
Mais vous vivez au coeur d'une épouse éplorée;
Comme celle des rois votre cendre est sacrée;
Vous n'avez point péri sur des bords étrangers.
C'est au sein de vos champs, non loin de vos vergers,
Et du toit où votre oeil s'ouvrit à la lumière,
Que repose aujourd'hui votre froide poussière.
D'un hymen sans nuage offrez-nous le modèle.
Que l'ange du seigneur, vous prenant par la main,
Puisse de votre vie aplanir le chemin,
Jusqu'à l'heure où la mort.... mais, triste et solitaire,
D'où peut venir en moi ce trouble involontaire?
La mort!... son vaste enclos près du temple s'étend;
Je veux à mes regrets m'y livrer un instant.
L'if et le pin funèbre, associant leurs ombres,
Jusqu'au pied des tombeaux m'ouvrent des routes sombres.
Non loin de moi, des fleurs, des arbres, des ruisseaux
Confondent leurs parfums, leurs feuillages, leurs eaux;
Des chantres du printemps la foule réunie
Anime les bosquets d'une douce harmonie;
La sève de la vie, en rapides torrents,
Court inonder les bois, les vallons odorants;
La colombe gémit sous la verte ramée.
Entendez-vous au loin, dans la plaine embaumée;
Les génisses beugler, et mugir les troupeaux?...
Là tout est mouvement, ici tout est repos.
À peine un vent léger ride, par intervalle,
L'herbe haute couvrant la pierre sépulcrale.
Tout se tait, rien ne veille, et mon souffle et mes pas
Troublent seuls le silence et le deuil du trépas.
Habitants de ces lieux, quel sommeil vous enchaîne!
Hélas! En ce moment, et le mont et la plaine,
Et ces bois que l'hiver naguère, en son courroux,
Avait sous les frimas endormis comme vous,
Et ces fleurs dont l'éclat venait de disparaître,
Tout s'éveille, se pare, et prend un nouvel être.
Et vous jadis les rois de ce vaste univers,
Vous ne partagez plus tant de bienfaits divers;
Vous ne soulevez pas cette pierre immobile,
Qui presse de son poids votre couche d'argile.
Homme, songe de gloire et de félicité,
C'est donc là que finit ta vaine autorité?
Du moins ceux qu'à mes pieds le sommeil environne,
N'ont pas à regretter l'éclat d'une couronne.
Un pain noir et grossier composait leur festin,
Et leur trépas sans doute embellit leur destin:
La paix est avec eux; les remords, les alarmes
De leurs derniers moments n'ont pas troublé les charmes.
Illustres inconnus, bénissez votre sort;
Heureux qui, comme vous, obscurément s'endort;
De vos humbles vertus la récompense est prête.
Le ciseau du sculpteur, la lyre du poëte,
De vos jours disparus fêtant le souvenir,
N'ont pas à votre gloire attaché l'avenir.
Mais vous vivez au coeur d'une épouse éplorée;
Comme celle des rois votre cendre est sacrée;
Vous n'avez point péri sur des bords étrangers.
C'est au sein de vos champs, non loin de vos vergers,
Et du toit où votre oeil s'ouvrit à la lumière,
Que repose aujourd'hui votre froide poussière.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
VUE D'UN CIMETIERE DE CAMPAGNE
Vos membres, pour jamais de douleurs affranchis,
Pressent de vos aïeux les ossements blanchis.
Tous les ans, quand l'automne et l'humide froidure
Dépouillent les coteaux d'un reste de verdure,
Vos enfants, vos amis, penchés sur vos tombeaux,
Vous apportent des pleurs et des regrets nouveaux;
Leur foi pure et sincère est sans doute exaucée....
Plein de ces grands objets, ma rêveuse pensée
Au départ du soleil ne songe point encor.
Son disque, enseveli dans un nuage d'or,
De ses derniers rayons a salué la plaine:
De la mort, à mon tour, saluons le domaine.
Pressent de vos aïeux les ossements blanchis.
Tous les ans, quand l'automne et l'humide froidure
Dépouillent les coteaux d'un reste de verdure,
Vos enfants, vos amis, penchés sur vos tombeaux,
Vous apportent des pleurs et des regrets nouveaux;
Leur foi pure et sincère est sans doute exaucée....
Plein de ces grands objets, ma rêveuse pensée
Au départ du soleil ne songe point encor.
Son disque, enseveli dans un nuage d'or,
De ses derniers rayons a salué la plaine:
De la mort, à mon tour, saluons le domaine.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
JOB, POËME LYRIQUE
JOB, POËME LYRIQUE
Long-temps monarque heureux, père, époux adoré,
De l'orient soumis Job reçut les hommages:
Nul monarque jamais, de sa gloire entouré,
Ne vit autant de jours se lever sans nuages.
L'infortune eut son tour: mille fléaux divers
Au sein de ses états confondent leurs ravages;
La guerre, au vol sanglant, plane sur ses rivages;
La famine la suit; les cieux toujours ouverts
Vomissent la tempête, et la grêle, et la foudre.
Le roi de l'Orient, accablé de revers,
Sous les feux éternels voit ses cités en poudre.
Des sables de Lybie accourt un vent mortel:
Tout tombe, se flétrit sous son impure haleine;
La mort couvre de deuil et le mont et la plaine....
L'homme n'a plus d'asile, et Dieu n'a plus d'autel.
Du fléau dévorant Job est atteint lui-même.
Long-temps monarque heureux, père, époux adoré,
De l'orient soumis Job reçut les hommages:
Nul monarque jamais, de sa gloire entouré,
Ne vit autant de jours se lever sans nuages.
L'infortune eut son tour: mille fléaux divers
Au sein de ses états confondent leurs ravages;
La guerre, au vol sanglant, plane sur ses rivages;
La famine la suit; les cieux toujours ouverts
Vomissent la tempête, et la grêle, et la foudre.
Le roi de l'Orient, accablé de revers,
Sous les feux éternels voit ses cités en poudre.
Des sables de Lybie accourt un vent mortel:
Tout tombe, se flétrit sous son impure haleine;
La mort couvre de deuil et le mont et la plaine....
L'homme n'a plus d'asile, et Dieu n'a plus d'autel.
Du fléau dévorant Job est atteint lui-même.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
JOB, POËME LYRIQUE
Une lèpre hideuse enveloppe son corps;
Le mal de son courage a brisé les ressorts;
Contre le roi des rois il s'emporte et blasphême.
Seul, en cris furieux exhalant ses douleurs,
Il se traîne, il s'assied sur un fumier immonde,
Et, tournant vers les cieux son oeil mouillé de pleurs,
Il insulte, en ces mots, à l'arbitre du monde:
" l'épouvante et la mort environnent mes pas;
Pour jamais l'espérance à mon coeur est ravie:
Impitoyable Dieu, que je ne connais pas,
T'avais-je demandé le présent de la vie? "
Il achevait ces mots; un éclair pâlissant
Vient luire, tout-à-coup, à sa vue alarmée;
Il entend une voix; la voix du tout-puissant
Tonne et sort en courroux de la nue enflammée.
Qui blâme insolemment ma justice et ma loi?
D'où partent ces clameurs? Quel mortel téméraire
Du sein de son néant s'élève jusqu'à moi,
Et de mes volontés veut sonder le mystère?
Toi qui me condamnais, ose m'envisager;
Soutiens, si tu le peux, l'éclat qui m'environne;
Prête l'oreille, Job, Dieu va t'interroger;
Et, si tu me réponds, ma bonté te pardonne.
Que faisais-tu le jour où naquit l'univers?
Est-ce toi qui, porté sur un trône d'éclairs,
Des ombres du chaos où sommeillaient les mondes,
Fis jaillir la lumière, et les vents et les ondes;
Dont la main suspendit à la voûte des cieux
Ces lustres d'or flottants, ces anneaux radieux;
Toi qui dis à la mer: respecte tes limites;
Aux astres de la nuit: roulez dans vos orbites;
Au printemps: couvre-toi de fleurs et de festons;
À l'été: fais éclore et mûrir les moissons;
À l'automne: de fruits compose ta ceinture;
À l'hiver: dors en paix sur un lit de froidure?
Le mal de son courage a brisé les ressorts;
Contre le roi des rois il s'emporte et blasphême.
Seul, en cris furieux exhalant ses douleurs,
Il se traîne, il s'assied sur un fumier immonde,
Et, tournant vers les cieux son oeil mouillé de pleurs,
Il insulte, en ces mots, à l'arbitre du monde:
" l'épouvante et la mort environnent mes pas;
Pour jamais l'espérance à mon coeur est ravie:
Impitoyable Dieu, que je ne connais pas,
T'avais-je demandé le présent de la vie? "
Il achevait ces mots; un éclair pâlissant
Vient luire, tout-à-coup, à sa vue alarmée;
Il entend une voix; la voix du tout-puissant
Tonne et sort en courroux de la nue enflammée.
Qui blâme insolemment ma justice et ma loi?
D'où partent ces clameurs? Quel mortel téméraire
Du sein de son néant s'élève jusqu'à moi,
Et de mes volontés veut sonder le mystère?
Toi qui me condamnais, ose m'envisager;
Soutiens, si tu le peux, l'éclat qui m'environne;
Prête l'oreille, Job, Dieu va t'interroger;
Et, si tu me réponds, ma bonté te pardonne.
Que faisais-tu le jour où naquit l'univers?
Est-ce toi qui, porté sur un trône d'éclairs,
Des ombres du chaos où sommeillaient les mondes,
Fis jaillir la lumière, et les vents et les ondes;
Dont la main suspendit à la voûte des cieux
Ces lustres d'or flottants, ces anneaux radieux;
Toi qui dis à la mer: respecte tes limites;
Aux astres de la nuit: roulez dans vos orbites;
Au printemps: couvre-toi de fleurs et de festons;
À l'été: fais éclore et mûrir les moissons;
À l'automne: de fruits compose ta ceinture;
À l'hiver: dors en paix sur un lit de froidure?
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
JOB, POËME LYRIQUE
Es-tu maître des cieux? à l'horizon vermeil,
Au bord du firmament qu'un éclat pur colore,
Sur un trône d'opale assieds-tu le soleil,
Et dans son lit de pourpre éveilles-tu l'aurore?
Es-tu l'artisan des chaleurs?
Sur la terre fertilisée
Fais-tu descendre les vapeurs
Et les perles de la rosée?
Échappé tout-à-coup de l'antre des hivers,
Ton souffle d'un voile de glace
Enveloppe-t-il la surface
Des ruisseaux vagabonds et des bruyantes mers?
Montes-tu sur les vents? Peux-tu dans les nuages
Cacher ton front majestueux?
Au seul bruit de ta voix le nord impétueux
Ouvre-t-il, en grondant, l'arsenal des orages?
Devant les pâles matelots
Fais-tu reculer la tempête?
Tes pieds marchent-ils sous les flots,
Quand les flots grondent sur ta tête?
Ton oeil connaît-il les trésors
Que la mer couvre de ses ombres?
Au bord du firmament qu'un éclat pur colore,
Sur un trône d'opale assieds-tu le soleil,
Et dans son lit de pourpre éveilles-tu l'aurore?
Es-tu l'artisan des chaleurs?
Sur la terre fertilisée
Fais-tu descendre les vapeurs
Et les perles de la rosée?
Échappé tout-à-coup de l'antre des hivers,
Ton souffle d'un voile de glace
Enveloppe-t-il la surface
Des ruisseaux vagabonds et des bruyantes mers?
Montes-tu sur les vents? Peux-tu dans les nuages
Cacher ton front majestueux?
Au seul bruit de ta voix le nord impétueux
Ouvre-t-il, en grondant, l'arsenal des orages?
Devant les pâles matelots
Fais-tu reculer la tempête?
Tes pieds marchent-ils sous les flots,
Quand les flots grondent sur ta tête?
Ton oeil connaît-il les trésors
Que la mer couvre de ses ombres?
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JOB, POËME LYRIQUE
Vivant, de l'empire des morts
As-tu franchi les routes sombres?
Si l'homme, à mes pas attaché,
A vu s'animer la matière,
Et dans les champs de la lumière
Resplendir le monde ébauché,
Il doit savoir en quelles plaines
L'obscurité tient son séjour,
Et sur quelles rives lointaines
Est assi le berceau du jour.
Quelle main forge le tonnerre,
Sur des ailes de feu balance les éclairs,
Et sous les éléments, divisés par la guerre,
Fait frémir et trembler les airs?
Au milieu d'une nuit profonde
Qui hérissa les cheveux flamboyants
De la comète vagabonde?
Qui déploya sa queue en replis ondoyants,
De ton pouvoir fatale messagère,
Ceinte d'épouvante et d'horreur,
Va-t-elle aux nations parler de ta colère,
Et sur le front des rois secouer la terreur,
Mais peut-être c'est toi qui rafraîchis les plaines,
Qui verses les torrents de la fertilité;
En gerbes de cristal fais jaillir les fontaines,
Tempères au midi les ardeurs de l'été;
Toi qui, de mes secrets heureux dépositaire,
Dans un désert aride, inconnu des humains,
Sur le sommet d'un roc fécondé par tes mains,
Offres à l'oeil du jour la rose solitaire?
Nomme celui dont le savoir
Enseigne aux oiseaux leur langage;
Dont le mystérieux pouvoir,
Du paon étoile le plumage,
Le nuance d'or et d'azur,
Et sur sa tête triomphante
Place une aigrette éblouissante
Qui rayonne aux feux d'un jour pur.
Lève-toi dans ta force, et commande aux étoiles
D'illuminer le firmament.
Homme insensé! Fantôme d'un moment!
Dis à la sombre nuit de déployer ses voiles;
Ou, contre l'univers justement irrité,
Fais mugir les volcans, soulève les tempêtes,
Tonne sur les pervers, et fais pencher leurs têtes
Comme l'épi par les vents agité.
Suis dans son vol l'aigle superbe:
Elle ffront l'éclat d'un soleil radieux,
Plane dans ses rayons, et, du sommet des cieux,
Démêle un ver rampant sous l'herbe.
As-tu franchi les routes sombres?
Si l'homme, à mes pas attaché,
A vu s'animer la matière,
Et dans les champs de la lumière
Resplendir le monde ébauché,
Il doit savoir en quelles plaines
L'obscurité tient son séjour,
Et sur quelles rives lointaines
Est assi le berceau du jour.
Quelle main forge le tonnerre,
Sur des ailes de feu balance les éclairs,
Et sous les éléments, divisés par la guerre,
Fait frémir et trembler les airs?
Au milieu d'une nuit profonde
Qui hérissa les cheveux flamboyants
De la comète vagabonde?
Qui déploya sa queue en replis ondoyants,
De ton pouvoir fatale messagère,
Ceinte d'épouvante et d'horreur,
Va-t-elle aux nations parler de ta colère,
Et sur le front des rois secouer la terreur,
Mais peut-être c'est toi qui rafraîchis les plaines,
Qui verses les torrents de la fertilité;
En gerbes de cristal fais jaillir les fontaines,
Tempères au midi les ardeurs de l'été;
Toi qui, de mes secrets heureux dépositaire,
Dans un désert aride, inconnu des humains,
Sur le sommet d'un roc fécondé par tes mains,
Offres à l'oeil du jour la rose solitaire?
Nomme celui dont le savoir
Enseigne aux oiseaux leur langage;
Dont le mystérieux pouvoir,
Du paon étoile le plumage,
Le nuance d'or et d'azur,
Et sur sa tête triomphante
Place une aigrette éblouissante
Qui rayonne aux feux d'un jour pur.
Lève-toi dans ta force, et commande aux étoiles
D'illuminer le firmament.
Homme insensé! Fantôme d'un moment!
Dis à la sombre nuit de déployer ses voiles;
Ou, contre l'univers justement irrité,
Fais mugir les volcans, soulève les tempêtes,
Tonne sur les pervers, et fais pencher leurs têtes
Comme l'épi par les vents agité.
Suis dans son vol l'aigle superbe:
Elle ffront l'éclat d'un soleil radieux,
Plane dans ses rayons, et, du sommet des cieux,
Démêle un ver rampant sous l'herbe.
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Date d'inscription : 18/02/2010
JOB, POËME LYRIQUE
Quand les nuages pluvieux
Attristent le front de l'année,
À l'hirondelle fortunée
Permets-tu de changer de lieux?
Elle vole en d'autres contrées
Où les zéphires caressants
De leurs haleines tempérées
Parfument les gazons naissants;
La paix escorte ses voyages,
Et dans mille climats nouveaux
Pour elle croissent des feuillages,
Et murmurent de clairs ruisseaux.
Vois le cheval guerrier: le clairon du carnage
Frappe-t-il l'air d'un bruit qui plaît à son courage,
Le feu roule et jaillit de ses nazeaux fumants;
L'écho lointain répond à ses hennissements:
Vois son oeil réfléchir les éclairs de ta lance.
Sous ta main qui le guide il frémit, il s'élance;
Il court, les crins épars; la poudre des sillons
Sous ses pieds belliqueux s'envole en tourbillons:
Insensible au trépas qui partout le menace,
Il perd des flots de sang sans perdre son audace;
Il cède, il tombe enfin, mais sans se démentir;
Et son soupir de mort est son premier soupir.
As-tu réglé dans ta sagesse
Quel nombre de jours et de mois
La biche, malgré sa faiblesse,
Du fardeau maternel peut supporter le poids?
Attristent le front de l'année,
À l'hirondelle fortunée
Permets-tu de changer de lieux?
Elle vole en d'autres contrées
Où les zéphires caressants
De leurs haleines tempérées
Parfument les gazons naissants;
La paix escorte ses voyages,
Et dans mille climats nouveaux
Pour elle croissent des feuillages,
Et murmurent de clairs ruisseaux.
Vois le cheval guerrier: le clairon du carnage
Frappe-t-il l'air d'un bruit qui plaît à son courage,
Le feu roule et jaillit de ses nazeaux fumants;
L'écho lointain répond à ses hennissements:
Vois son oeil réfléchir les éclairs de ta lance.
Sous ta main qui le guide il frémit, il s'élance;
Il court, les crins épars; la poudre des sillons
Sous ses pieds belliqueux s'envole en tourbillons:
Insensible au trépas qui partout le menace,
Il perd des flots de sang sans perdre son audace;
Il cède, il tombe enfin, mais sans se démentir;
Et son soupir de mort est son premier soupir.
As-tu réglé dans ta sagesse
Quel nombre de jours et de mois
La biche, malgré sa faiblesse,
Du fardeau maternel peut supporter le poids?
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
JOB, POËME LYRIQUE
Exempts des misères humaines,
À peine leurs yeux sont ouverts,
Ses petits vont bondir sous les ombrages verts,
Ou se désaltérer dans les sources prochaines.
Va sur les bords du Nil qu'entourent les roseaux;
Suspends à la ligne mordante
L'énorme crocodile habitant de ses eaux.
Sur le sable, à tes pieds, vois sa rage expirante.
Fuis plutôt si tu crains la mort....
Le héros devant lui sent fléchir son audace;
Il n'ose réveiller le monstre qui s'endort,
Et du fleuve sacré couvre au loin la surface:
Mais s'il se dresse sur les flots,
Quel guerrier de Memphis, nourri dans les batailles,
Put jamais de son sang teindre ses javelots,
Et porter en triomphe une de ses écailles?
Rempart impénétrable, il brave le trépas;
Sur ses membres d'acier le fer vole en éclats,
La flèche rejaillit... lorsque la foudre gronde
Son oreille en aime le bruit:
La tempête le réjouit,
Et d'un cri d'allégresse il fait retentir l'onde.
Dans l'univers cherche mon bienfaiteur:
Qu'il se montre celui dont la main souveraine
M'offre dans l'esclavage un appui protecteur,
Et sans effort brise ma chaîne.
À peine leurs yeux sont ouverts,
Ses petits vont bondir sous les ombrages verts,
Ou se désaltérer dans les sources prochaines.
Va sur les bords du Nil qu'entourent les roseaux;
Suspends à la ligne mordante
L'énorme crocodile habitant de ses eaux.
Sur le sable, à tes pieds, vois sa rage expirante.
Fuis plutôt si tu crains la mort....
Le héros devant lui sent fléchir son audace;
Il n'ose réveiller le monstre qui s'endort,
Et du fleuve sacré couvre au loin la surface:
Mais s'il se dresse sur les flots,
Quel guerrier de Memphis, nourri dans les batailles,
Put jamais de son sang teindre ses javelots,
Et porter en triomphe une de ses écailles?
Rempart impénétrable, il brave le trépas;
Sur ses membres d'acier le fer vole en éclats,
La flèche rejaillit... lorsque la foudre gronde
Son oreille en aime le bruit:
La tempête le réjouit,
Et d'un cri d'allégresse il fait retentir l'onde.
Dans l'univers cherche mon bienfaiteur:
Qu'il se montre celui dont la main souveraine
M'offre dans l'esclavage un appui protecteur,
Et sans effort brise ma chaîne.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
JOB, POËME LYRIQUE
Jette les yeux autour de toi;
Les fleuves, les vallons, les ruisseaux, les prairies,
Les bois épais, les collines fleuries,
Tout m'appartient; le jour et la nuit sont à moi.
Debout, au sein de la lumière,
Je règne sur tous les climats;
Et les astres sont la poussière
Qu'avec dédain foulent mes pas,
Je suis l'auteur de la nature;
Le destin est ma volonté;
L'espace me sert de ceinture,
Et mon âge est l'éternité.
Mortel, que je viens de confondre,
Toi qui blasphêmais ma bonté,
Maintenant ose me répondre! "
Dieu se tait, et les cieux frémissent à sa voix.
Job reconnut sa faute, et des larmes amères
S'échappant de ses yeux, attestent à la fois
Sa honte et ses regrets sincères.
" ô Dieu que j'offensais, pardonne à mon erreur;
De mon coupable orgueil je vois trop la démence.
Mais quand ta seule voix me glace de terreur,
Fais jusqu'à mon néant descendre ta clémence.
Dans le deuil et les pleurs, soumis à mon devoir,
Je nourrirai sans cesse un remords salutaire;
Est-ce au faible mortel à sonder ton pouvoir?
Il doit t'adorer et se taire. "
Les fleuves, les vallons, les ruisseaux, les prairies,
Les bois épais, les collines fleuries,
Tout m'appartient; le jour et la nuit sont à moi.
Debout, au sein de la lumière,
Je règne sur tous les climats;
Et les astres sont la poussière
Qu'avec dédain foulent mes pas,
Je suis l'auteur de la nature;
Le destin est ma volonté;
L'espace me sert de ceinture,
Et mon âge est l'éternité.
Mortel, que je viens de confondre,
Toi qui blasphêmais ma bonté,
Maintenant ose me répondre! "
Dieu se tait, et les cieux frémissent à sa voix.
Job reconnut sa faute, et des larmes amères
S'échappant de ses yeux, attestent à la fois
Sa honte et ses regrets sincères.
" ô Dieu que j'offensais, pardonne à mon erreur;
De mon coupable orgueil je vois trop la démence.
Mais quand ta seule voix me glace de terreur,
Fais jusqu'à mon néant descendre ta clémence.
Dans le deuil et les pleurs, soumis à mon devoir,
Je nourrirai sans cesse un remords salutaire;
Est-ce au faible mortel à sonder ton pouvoir?
Il doit t'adorer et se taire. "
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
NOTES DE L'AUTEUR:PREMIERE VEILLEE (Note)
NOTES DE L'AUTEUR
PREMIERE VEILLEE (Note)
Les peuples du nord croient en effet à l'existence de
ces êtres fantastiques qu'ils appellent sylphes ou
génies. le retour de la nuit est le signal de leurs
travaux et de leurs plaisirs. Les uns s'occupent à
faire circuler des veines d'or dans le sein des
montagnes; les autres plongent au fond des mers pour
y répandre avec profusion les perles et les coraux.
Tous se rassemblent au milieu de la nuit dans un palais
brillant de lumière, et qu'ombragent des cèdres et
des citronniers. C'est là qu'ils se livrent au charme
des banquets et des concerts jusqu'à l'approche du
crépuscule: ils se séparent alors, et vont se cacher
dans le calice des fleurs. Le chef de ces bienfaisants
génies se nomme Oberon. Titania, son épouse,
toujours éclatante de fraîcheur et de beauté, tient
en main une baguette de lis, et porte sur sa tête un
diadème de roses. Cette charmante fée est accessible
aux prières des amans malheureux. Pour les secourir,
elle descend sur un rayon de la lune, et les esprits
qui composent son cortége, font retentir les airs
d'une musique tendre et harmonieuse.
Feu Millevoye, dans son poëme de Charlemagne, s'est
emparé de cette riante mythologie. Elle constitue le
merveilleux de son ouvrage, écrit avec une grace et
une élégance peu communes. Nous croyons faire plaisir
à nos lecteurs en remettant sous leurs yeux le morceau
suivant, que tous les amis des bons vers avaient déjà
remarqué.
Dès que le soir élève ses vapeurs,
La belle fée, en sa grotte profonde,
Des blancs lutins et des sylphes trompeurs
Fixe un moment la foule vagabonde.
" vous tous, dit-elle, ornement de ma cour,
Sylphes brillants, aimables infidèles,
Illusions, compagnes de l'amour,
Prenez vos luths, et parfumez vos ailes.
Si, tant de fois, votre invisible essaim,
Glissant dans l'ombre aux heures du mystère,
Fit soupirer la vierge solitaire
Et souleva l'albâtre de son sein;
Si, par vos soins, le miroir de la nue
Qui se colore aux flammes du matin
Lui présenta, dans un riant lointain,
Du jeune amant l'apparence inconnue;
À la lueur du magique flambeau,
Accompagnez mon nocturne voyage:
Je vous prépare un triomphe nouveau. "
Elle se tut. Dans la troupe volage
Un bruit flatteur doucement circula,
Comme le bruit du mobile feuillage,
Ou de l'abeille aux montagnes d'Hybla.
De ses jardins, odorant labyrinthe,
La fée alors gagne la vaste enceinte.
Là, croît pour elle un arbuste enchanté,
Qui de ses mains autrefois fut planté.
Un charme pur de sa tige s'exhale;
Un prisme éclate au milieu de ses fleurs,
Et mollement la brise orientale
En fait mouvoir les changeantes couleurs:
Pour l'arroser, de vingt jeunes sylphides
Les urnes d'or se plongent tour-à-tour
Dans le cristal des fontaines limpides.
L'arbre inconnu se nomme arbre d'amour;
Tout est soumis à son magique empire;
L'hôte des airs sur sa branche arrêté,
Charmé soudain, frémit de volupté;
Plus tendrement la palombe y soupire;
L'indifférent, qui sous l'ombrage heureux
S'est endormi, se réveille amoureux;
Même on a vu les sylphides charmantes,
Abandonnant leurs urnes éclatantes,
Faibles, céder aux langueurs du désir,
Et l'oeil fermé, la bouche demi-close,
En murmurant les accens du plaisir,
Tomber d'amour sur des tapis de rose.
Morgane approche: elle invoque la nuit,
Divinité favorable au prestige;
Cueille un rameau qui verdit sur la tige;
Et des jardins rapidement s'enfuit.
À l'escorter sa cour est préparée:
Quatre lutins, à l'aile diaprée,
Sont les coursiers de son char nébuleux;
Et, dans sa main, la branche balancée,
Sceptre léger, ressemble au caducée
Qui mène au styx les mânes fabuleux.
PREMIERE VEILLEE (Note)
Les peuples du nord croient en effet à l'existence de
ces êtres fantastiques qu'ils appellent sylphes ou
génies. le retour de la nuit est le signal de leurs
travaux et de leurs plaisirs. Les uns s'occupent à
faire circuler des veines d'or dans le sein des
montagnes; les autres plongent au fond des mers pour
y répandre avec profusion les perles et les coraux.
Tous se rassemblent au milieu de la nuit dans un palais
brillant de lumière, et qu'ombragent des cèdres et
des citronniers. C'est là qu'ils se livrent au charme
des banquets et des concerts jusqu'à l'approche du
crépuscule: ils se séparent alors, et vont se cacher
dans le calice des fleurs. Le chef de ces bienfaisants
génies se nomme Oberon. Titania, son épouse,
toujours éclatante de fraîcheur et de beauté, tient
en main une baguette de lis, et porte sur sa tête un
diadème de roses. Cette charmante fée est accessible
aux prières des amans malheureux. Pour les secourir,
elle descend sur un rayon de la lune, et les esprits
qui composent son cortége, font retentir les airs
d'une musique tendre et harmonieuse.
Feu Millevoye, dans son poëme de Charlemagne, s'est
emparé de cette riante mythologie. Elle constitue le
merveilleux de son ouvrage, écrit avec une grace et
une élégance peu communes. Nous croyons faire plaisir
à nos lecteurs en remettant sous leurs yeux le morceau
suivant, que tous les amis des bons vers avaient déjà
remarqué.
Dès que le soir élève ses vapeurs,
La belle fée, en sa grotte profonde,
Des blancs lutins et des sylphes trompeurs
Fixe un moment la foule vagabonde.
" vous tous, dit-elle, ornement de ma cour,
Sylphes brillants, aimables infidèles,
Illusions, compagnes de l'amour,
Prenez vos luths, et parfumez vos ailes.
Si, tant de fois, votre invisible essaim,
Glissant dans l'ombre aux heures du mystère,
Fit soupirer la vierge solitaire
Et souleva l'albâtre de son sein;
Si, par vos soins, le miroir de la nue
Qui se colore aux flammes du matin
Lui présenta, dans un riant lointain,
Du jeune amant l'apparence inconnue;
À la lueur du magique flambeau,
Accompagnez mon nocturne voyage:
Je vous prépare un triomphe nouveau. "
Elle se tut. Dans la troupe volage
Un bruit flatteur doucement circula,
Comme le bruit du mobile feuillage,
Ou de l'abeille aux montagnes d'Hybla.
De ses jardins, odorant labyrinthe,
La fée alors gagne la vaste enceinte.
Là, croît pour elle un arbuste enchanté,
Qui de ses mains autrefois fut planté.
Un charme pur de sa tige s'exhale;
Un prisme éclate au milieu de ses fleurs,
Et mollement la brise orientale
En fait mouvoir les changeantes couleurs:
Pour l'arroser, de vingt jeunes sylphides
Les urnes d'or se plongent tour-à-tour
Dans le cristal des fontaines limpides.
L'arbre inconnu se nomme arbre d'amour;
Tout est soumis à son magique empire;
L'hôte des airs sur sa branche arrêté,
Charmé soudain, frémit de volupté;
Plus tendrement la palombe y soupire;
L'indifférent, qui sous l'ombrage heureux
S'est endormi, se réveille amoureux;
Même on a vu les sylphides charmantes,
Abandonnant leurs urnes éclatantes,
Faibles, céder aux langueurs du désir,
Et l'oeil fermé, la bouche demi-close,
En murmurant les accens du plaisir,
Tomber d'amour sur des tapis de rose.
Morgane approche: elle invoque la nuit,
Divinité favorable au prestige;
Cueille un rameau qui verdit sur la tige;
Et des jardins rapidement s'enfuit.
À l'escorter sa cour est préparée:
Quatre lutins, à l'aile diaprée,
Sont les coursiers de son char nébuleux;
Et, dans sa main, la branche balancée,
Sceptre léger, ressemble au caducée
Qui mène au styx les mânes fabuleux.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
SECONDE VEILLEE (Note)
SECONDE VEILLEE (Note)
Young a traité le même sujet. De toutes les nuits
qu'il a composées, il n'en est point où il ait répandu
des couleurs plus sombres, mais en même temps plus de
désordre et de mauvais goût. L'oubli de la mort
est un chaos informe, où l'on remarque néanmoins des
pensées neuves et hardies. J'ai profité de quelques-unes.
Young a traité le même sujet. De toutes les nuits
qu'il a composées, il n'en est point où il ait répandu
des couleurs plus sombres, mais en même temps plus de
désordre et de mauvais goût. L'oubli de la mort
est un chaos informe, où l'on remarque néanmoins des
pensées neuves et hardies. J'ai profité de quelques-unes.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
TROISIEME VEILLEE (Note)
TROISIEME VEILLEE (Note)
Plusieurs écrivains distingués ont déjà traité le même
sujet. Je croirai faire un véritable plaisir à mes
lecteurs en remettant sous leurs yeux un fragment du
génie de l'homme, par M Chênedollé. Son poëme,
rempli de beautés du premier ordre, est loin encore
d'occuper le rang qu'il mérite.
Mais quel astre, étalant son écharpe d'albâtre,
Blanchit des vastes cieux le pavillon bleuâtre?
Laissez-moi contempler, du front de ces coteaux,
Ce disque réfléchi qui tremble sur les eaux.
Liée à nos destins par droit de voisinage,
La lune nous échut à titre d'apanage
Et l'éternel contrat qui l'enchaîne à nos lois,
D'un vassal, envers nous, lui prescrit les emplois:
Par elle nous goûtons les douceurs de l'empire.
Des traits brûlants du jour quand le monde respire,
Tributaire fidèle, en reflets amoureux,
Elle vient du soleil nous adoucir les feux;
Tantôt brille en croissant, tantôt lui tout entière,
Et commerce, avec nous, et d'ombre et de lumière.
Cet astre au front mobile, en voyageant dans l'air,
Obéit à la terre, et commande à la mer;
Ramène de Thétis la fièvre régulière,
Et balance ses flots sur leur double barrière.
Dans un cercle inégal mesurant chaque mois,
La lune, autour de nous, marche et luit douze fois;
Et son pas suit de près les pas de notre année.
Satellite paisible, elle nous fut donnée
Pour dissiper des nuits la ténébreuse horreur,
Et cette obscurité, mère de la terreur.
Tandis que le soleil, éclairant d'autres mondes,
Ne laisse sur ses pas que des ombres profondes,
Ô Phébé! Dévoilant ton char silencieux,
Vers les monts opposés lève-toi dans les cieux;
Sur le dôme étoilé que ton éclat décore,
Le soir, fais luire aux yeux une plus douce aurore;
Et, remplaçant le jour qui par degrés s'enfuit,
Prends, de tes doigts d'argent, le sceptre de la nuit;
De tes tendres clartés caresse la nature,
Rends leur émail aux champs, aux arbres leur verdure.
À travers la forêt, que ton pâle flambeau
Se glisse, et du feuillage éclairant le rideau,
À l'âme, en ses pensers doucement recueillie,
Révèle le secret de la mélancolie!
Quel demi-jour charmant! Quel calme! Quels effets!
Poursuis, reine des nuits, le cours de tes bienfaits;
Protège de tes feux, et rends à son amante
Le jeune homme égaré sur la vague écumante;
Au voyageur perdu dans de lointains climats
Prête un rayon ami qui dirige ses pas:
Tandis que le sommeil, les songes, le silence,
Doux et paisible essaim qui dans l'air se balance,
Planent près de ton char, et composent ta cour.
Centre de l'univers et monarque du jour,
Le soleil, cependant, immense, solitaire,
Dans son orbe lointain voit rouler notre terre.
Il échauffe, il nourrit de ses jets éclatants
Ces globes, loin de lui, dans le vide flottants,
Et les animant tous de ses clartés fécondes,
De ses rênes de feu guide et retient les mondes.
Lui seul, de l'univers supportant le fardeau,
Il en est le foyer, et l'axe, et le flambeau;
En tournant sur lui-même il échauffe sa masse,
Et dispense ses feux jusqu'aux bords de l'espace;
Ardent, inépuisable en sa fécondité,
Inébranlable, et fixe en sa mobilité.
Soleil! Astre sacré, contemple ton empire!
Tout vit par tes regards, tout brille, tout respire:
Souverain des saisons, le monde est ton palais,
Les globes sont ta cour, et le ciel est ton dais.
Notre terre, à tes yeux, sans fin se renouvelle,
Et roulant nos débris sur sa route éternelle,
Le temps emporte tout, mais il ne'atteint pas.
Les révolutions, longs tourments des états,
Ébranlent notre globe et te sont étrangères;
Tu n'es jamais troublé du bruit de nos misères;
Et ton front, toujours calme, éclaire les tombeaux
Des peuples dont tu vis s'élever les berceaux.
Qui pourrait s'égaler à ta vaste puissance?
Ta présence est le jour, la nuit est ton absence.
La nature sans toi, c'est l'univers sans dieu.
Père de la lumière, et des vents, et du feu,
Renfermant, dans les plis de ta robe éclatante,
Le rubis, l'émeraude, et l'opale inconstante,
D'une pluie à jets d'or inonde l'univers;
Et, la décomposant dans le prisme des airs,
Nuance des saisons la mobile ceinture;
Suspends, au front des bois, un réseau de verdure;
Et, prodiguant partout un luxe de couleurs,
Dore, argente ou rougis le panache des fleurs;
Donne un habit de neige au lis qui vient d'éclore,
Et l'arc-en-ciel au paon, et la pourpre à l'aurore;
Et garde pour les cieux ce pavillon d'azur,
Ce manteau de saphir d'où s'échappe un jour pur,
Et que la vaste mer réfléchit dans son onde:
Voilà comme, par toi, se décore le monde.
Oh! De quel saint transport mon coeur est agité!
Grand astre! Quand tes feux dans l'air ont éclaté,
Soleil, quelle est ta pompe! Oui, lorsque ta lumière,
Symbole radieux de ta beauté première,
Enflamme les forêts, les monts et les déserts,
Brille, et se multiplie en flottant sur les mers,
Je crois voir, de Dieu même, au sein de son ouvrage,
Partout se réfléchir la glorieuse image;
Et, dans l'ombre du soir, ton globe moins ardent
Vient-il à se pencher aux bords de l'occident;
Qu'avec respect encor j'y retrouve l'emblème
Du souverain moteur, lorsqu'il fixa lui-même
À la création un terme limité,
Et rentra dans la nuit de son éternité.
Source: http://www.poesies.net
Plusieurs écrivains distingués ont déjà traité le même
sujet. Je croirai faire un véritable plaisir à mes
lecteurs en remettant sous leurs yeux un fragment du
génie de l'homme, par M Chênedollé. Son poëme,
rempli de beautés du premier ordre, est loin encore
d'occuper le rang qu'il mérite.
Mais quel astre, étalant son écharpe d'albâtre,
Blanchit des vastes cieux le pavillon bleuâtre?
Laissez-moi contempler, du front de ces coteaux,
Ce disque réfléchi qui tremble sur les eaux.
Liée à nos destins par droit de voisinage,
La lune nous échut à titre d'apanage
Et l'éternel contrat qui l'enchaîne à nos lois,
D'un vassal, envers nous, lui prescrit les emplois:
Par elle nous goûtons les douceurs de l'empire.
Des traits brûlants du jour quand le monde respire,
Tributaire fidèle, en reflets amoureux,
Elle vient du soleil nous adoucir les feux;
Tantôt brille en croissant, tantôt lui tout entière,
Et commerce, avec nous, et d'ombre et de lumière.
Cet astre au front mobile, en voyageant dans l'air,
Obéit à la terre, et commande à la mer;
Ramène de Thétis la fièvre régulière,
Et balance ses flots sur leur double barrière.
Dans un cercle inégal mesurant chaque mois,
La lune, autour de nous, marche et luit douze fois;
Et son pas suit de près les pas de notre année.
Satellite paisible, elle nous fut donnée
Pour dissiper des nuits la ténébreuse horreur,
Et cette obscurité, mère de la terreur.
Tandis que le soleil, éclairant d'autres mondes,
Ne laisse sur ses pas que des ombres profondes,
Ô Phébé! Dévoilant ton char silencieux,
Vers les monts opposés lève-toi dans les cieux;
Sur le dôme étoilé que ton éclat décore,
Le soir, fais luire aux yeux une plus douce aurore;
Et, remplaçant le jour qui par degrés s'enfuit,
Prends, de tes doigts d'argent, le sceptre de la nuit;
De tes tendres clartés caresse la nature,
Rends leur émail aux champs, aux arbres leur verdure.
À travers la forêt, que ton pâle flambeau
Se glisse, et du feuillage éclairant le rideau,
À l'âme, en ses pensers doucement recueillie,
Révèle le secret de la mélancolie!
Quel demi-jour charmant! Quel calme! Quels effets!
Poursuis, reine des nuits, le cours de tes bienfaits;
Protège de tes feux, et rends à son amante
Le jeune homme égaré sur la vague écumante;
Au voyageur perdu dans de lointains climats
Prête un rayon ami qui dirige ses pas:
Tandis que le sommeil, les songes, le silence,
Doux et paisible essaim qui dans l'air se balance,
Planent près de ton char, et composent ta cour.
Centre de l'univers et monarque du jour,
Le soleil, cependant, immense, solitaire,
Dans son orbe lointain voit rouler notre terre.
Il échauffe, il nourrit de ses jets éclatants
Ces globes, loin de lui, dans le vide flottants,
Et les animant tous de ses clartés fécondes,
De ses rênes de feu guide et retient les mondes.
Lui seul, de l'univers supportant le fardeau,
Il en est le foyer, et l'axe, et le flambeau;
En tournant sur lui-même il échauffe sa masse,
Et dispense ses feux jusqu'aux bords de l'espace;
Ardent, inépuisable en sa fécondité,
Inébranlable, et fixe en sa mobilité.
Soleil! Astre sacré, contemple ton empire!
Tout vit par tes regards, tout brille, tout respire:
Souverain des saisons, le monde est ton palais,
Les globes sont ta cour, et le ciel est ton dais.
Notre terre, à tes yeux, sans fin se renouvelle,
Et roulant nos débris sur sa route éternelle,
Le temps emporte tout, mais il ne'atteint pas.
Les révolutions, longs tourments des états,
Ébranlent notre globe et te sont étrangères;
Tu n'es jamais troublé du bruit de nos misères;
Et ton front, toujours calme, éclaire les tombeaux
Des peuples dont tu vis s'élever les berceaux.
Qui pourrait s'égaler à ta vaste puissance?
Ta présence est le jour, la nuit est ton absence.
La nature sans toi, c'est l'univers sans dieu.
Père de la lumière, et des vents, et du feu,
Renfermant, dans les plis de ta robe éclatante,
Le rubis, l'émeraude, et l'opale inconstante,
D'une pluie à jets d'or inonde l'univers;
Et, la décomposant dans le prisme des airs,
Nuance des saisons la mobile ceinture;
Suspends, au front des bois, un réseau de verdure;
Et, prodiguant partout un luxe de couleurs,
Dore, argente ou rougis le panache des fleurs;
Donne un habit de neige au lis qui vient d'éclore,
Et l'arc-en-ciel au paon, et la pourpre à l'aurore;
Et garde pour les cieux ce pavillon d'azur,
Ce manteau de saphir d'où s'échappe un jour pur,
Et que la vaste mer réfléchit dans son onde:
Voilà comme, par toi, se décore le monde.
Oh! De quel saint transport mon coeur est agité!
Grand astre! Quand tes feux dans l'air ont éclaté,
Soleil, quelle est ta pompe! Oui, lorsque ta lumière,
Symbole radieux de ta beauté première,
Enflamme les forêts, les monts et les déserts,
Brille, et se multiplie en flottant sur les mers,
Je crois voir, de Dieu même, au sein de son ouvrage,
Partout se réfléchir la glorieuse image;
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Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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