Poèmes soleil
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Yonlihinza Amadou
Iness
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Poèmes soleil
Un coucher de soleil
Sur la côte d'un beau pays,
Par delà les flots Pacifiques,
Deux hauts palmiers épanouis
Bercent leurs palmes magnifiques.
À leur ombre, tel qu'un Nabab
Qui, vers midi, rêve et repose,
Dort un grand tigre du Pendj-Ab,
Allongé sur le sable rose ;
Et, le long des fûts lumineux,
Comme au paradis des genèses,
Deux serpents enroulent leurs nœuds
Dans une spirale de braises.
Auprès, un golfe de satin,
Où le feuillage se reflète,
Baigne un vieux palais byzantin
De brique rouge et violette.
Puis, des cygnes noirs, par milliers,
L'aile ouverte au vent qui s'y joue,
Ourlent, au bas des escaliers,
L'eau diaphane avec leur proue.
L'horizon est immense et pur ;
À peine voit-on, aux cieux calmes,
Descendre et monter dans l'azur
La palpitation des palmes.
Mais voici qu'au couchant vermeil
L'oiseau Rok s'enlève, écarlate :
Dans son bec il tient le soleil,
Et des foudres dans chaque patte.
Sur le poitrail du vieil oiseau,
Qui fume, pétille et s'embrase,
L'astre coule et fait un ruisseau
Couleur d'or, d'ambre et de topaze.
Niagara resplendissant,
Ce fleuve s'écroule aux nuées,
Et rejaillit en y laissant
Des écumes d'éclairs trouées.
Soudain le géant Orion,
Ou quelque sagittaire antique,
Du côté du septentrion
Dresse sa stature athlétique.
Le Chasseur tend son arc de fer
Tout rouge au sortir de la forge,
Et, faisant un pas sur la mer,
Transperce le Rok à la gorge.
D'un coup d'aile l'oiseau sanglant
S'enfonce à travers l'étendue ;
Et le soleil tombe en brûlant,
Et brise sa masse éperdue.
Alors des volutes de feu
Dévorent d'immenses prairies,
S'élancent, et, du zénith bleu,
Pleuvent en flots de pierreries.
Sur la face du ciel mouvant
Gisent de flamboyants décombres ;
Un dernier jet exhale au vent
Des tourbillons de pourpre et d'ombres ;
Et, se dilatant par bonds lourds,
Muette, sinistre, profonde,
La nuit traîne son noirs velours
Sur la solitude du monde
Sur la côte d'un beau pays,
Par delà les flots Pacifiques,
Deux hauts palmiers épanouis
Bercent leurs palmes magnifiques.
À leur ombre, tel qu'un Nabab
Qui, vers midi, rêve et repose,
Dort un grand tigre du Pendj-Ab,
Allongé sur le sable rose ;
Et, le long des fûts lumineux,
Comme au paradis des genèses,
Deux serpents enroulent leurs nœuds
Dans une spirale de braises.
Auprès, un golfe de satin,
Où le feuillage se reflète,
Baigne un vieux palais byzantin
De brique rouge et violette.
Puis, des cygnes noirs, par milliers,
L'aile ouverte au vent qui s'y joue,
Ourlent, au bas des escaliers,
L'eau diaphane avec leur proue.
L'horizon est immense et pur ;
À peine voit-on, aux cieux calmes,
Descendre et monter dans l'azur
La palpitation des palmes.
Mais voici qu'au couchant vermeil
L'oiseau Rok s'enlève, écarlate :
Dans son bec il tient le soleil,
Et des foudres dans chaque patte.
Sur le poitrail du vieil oiseau,
Qui fume, pétille et s'embrase,
L'astre coule et fait un ruisseau
Couleur d'or, d'ambre et de topaze.
Niagara resplendissant,
Ce fleuve s'écroule aux nuées,
Et rejaillit en y laissant
Des écumes d'éclairs trouées.
Soudain le géant Orion,
Ou quelque sagittaire antique,
Du côté du septentrion
Dresse sa stature athlétique.
Le Chasseur tend son arc de fer
Tout rouge au sortir de la forge,
Et, faisant un pas sur la mer,
Transperce le Rok à la gorge.
D'un coup d'aile l'oiseau sanglant
S'enfonce à travers l'étendue ;
Et le soleil tombe en brûlant,
Et brise sa masse éperdue.
Alors des volutes de feu
Dévorent d'immenses prairies,
S'élancent, et, du zénith bleu,
Pleuvent en flots de pierreries.
Sur la face du ciel mouvant
Gisent de flamboyants décombres ;
Un dernier jet exhale au vent
Des tourbillons de pourpre et d'ombres ;
Et, se dilatant par bonds lourds,
Muette, sinistre, profonde,
La nuit traîne son noirs velours
Sur la solitude du monde
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poèmes soleil
Coucher du soleil |
J'aime contempler le coucher de soleil Selon le jour ou la saison. Il se pare de ses plus beaux atours. Il est toujours unique. Couleur sable avec des touches parsemées d'or, D'un dégradé de bleu qui vire aux teintes violines. Il nous saisit Apparaissant parfois dans des nuances de jaune, orangé, rouge flamboyant. Il n'y a pas de mot pour décrire alors Ce qui se dévoile sous nos yeux. | |
MENIF VERONIQUE |
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
COUCHER DE SOLEIL À PORTICCIO
robert casanova
Quand le soleil le soir Sur les Îles Sanguinaires Veut nous dire au revoir C'est extraordinaire Suivez de Porticcio Sur une plage de sable clair Le beau golfe d'Ajaccio Qui s'embrase pour vous plaire Le soleil sous nos yeux Derrière ce rouge repaire Ensanglante les cieux bleus En plongeant dans la mer Dès qu'on ne le voit plus Toutes ses braises de lumières Irradient dans les nues Notre bonheur d'être sur terre AMPAZA le 27/07/05 |
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Un coucher de soleil, en Bretagne
Un coucher de soleil sur la côte bretonne
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume.
Au loin, brillante encore par sa barre d'écume,
La mer sans fin, commence où la terre finit !
A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ;
Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
José Maria de Hérédia 1842-1905
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume.
Au loin, brillante encore par sa barre d'écume,
La mer sans fin, commence où la terre finit !
A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ;
Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
José Maria de Hérédia 1842-1905
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poèmes soleil
Maria Tirenescu [Mioriþa Alba ]
À l’ombre du vieux poirier,
un enfant feuillette un livre.
Une feuille portée par le vent
tombe sur le livre ouvert.
L’enfant la prend,
la retourne,
la regarde pensivement
et s'écrie:
„Maman, viens voir!
Sur cette feuille, quelqu’un
a peint un coucher de soleil.
Mais, le ciel est vert...!”
À l’ombre du vieux poirier,
un enfant feuillette un livre.
Une feuille portée par le vent
tombe sur le livre ouvert.
L’enfant la prend,
la retourne,
la regarde pensivement
et s'écrie:
„Maman, viens voir!
Sur cette feuille, quelqu’un
a peint un coucher de soleil.
Mais, le ciel est vert...!”
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
toi le soleil
Charles Baudelaire
Toi le soleil
Dans l'éclatante lueur
De tes premières heures
Soleil face à face
Je crie voile toi la face
Ma terre se meurt
Sous tes rayons ardents
Tes étreintes d'amant
La plonge dans la moiteur
Sous tes caresses brûlantes
Elle se craquelle de douleur
Tu la laisses pantelante
Dénudée sans pudeur
Au plus profond de sa chair
Tes rayons dans ses entrailles
Cette soif qui la tenaille
Fait naître sa misère
Tu en as fait un désert
Trop aride pour pleurer
Souffre de n'être ensemencé
De son ventre naît l'enfer
Cette terre de poussière
S'éparpille dans le néant
Quand ton complice le vent
Lui crache sa colère
De l'autre coté de l'océan
Soleil tu es un doux amant
Je te crie voile toi la face
Pour que ma terre soit grasse
Toi le soleil
Dans l'éclatante lueur
De tes premières heures
Soleil face à face
Je crie voile toi la face
Ma terre se meurt
Sous tes rayons ardents
Tes étreintes d'amant
La plonge dans la moiteur
Sous tes caresses brûlantes
Elle se craquelle de douleur
Tu la laisses pantelante
Dénudée sans pudeur
Au plus profond de sa chair
Tes rayons dans ses entrailles
Cette soif qui la tenaille
Fait naître sa misère
Tu en as fait un désert
Trop aride pour pleurer
Souffre de n'être ensemencé
De son ventre naît l'enfer
Cette terre de poussière
S'éparpille dans le néant
Quand ton complice le vent
Lui crache sa colère
De l'autre coté de l'océan
Soleil tu es un doux amant
Je te crie voile toi la face
Pour que ma terre soit grasse
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Au soleil
je dessine de nuages sur fond de ciel déployé chaque trait de ton visage un léger vent l'effiloche l'étire et plisse à son gré glisse un sourire à ta bouche comme un souffle déposée sur mes paupières fermées persiennes closes si rouges ! que le soleil fait flamber...... Ecrit par Tanit Tous droits réservés |
Yonlihinza Amadou- Nombre de messages : 432
Date d'inscription : 26/06/2008
La haine du soleil
Jules BARBEY D'AUREVILLY (1807-1889) A Mademoiselle Louise Read. Un soir, j'étais debout, auprès d'une fenêtre... Contre la vitre en feu j'avais mon front songeur, Et je voyais, là-bas, lentement disparaître Un soleil embrumé qui mourait sans splendeur ! C'était un vieux soleil des derniers soirs d'automne, Globe d'un rouge épais, de chaleur épuisé, Qui ne faisait baisser le regard à personne, Et qu'un aigle aurait méprisé ! Alors, je me disais, en une joie amère : " Et toi, Soleil, aussi, j'aime à te voir sombrer ! Astre découronné comme un roi de la terre, Tête de roi tondu que la nuit va cloîtrer ! " Demain, je le sais bien, tu sortiras des ombres ! Tes cheveux d'or auront tout à coup repoussé ! Qu'importe ! j'aurai cru que tu meurs quand tu sombres ! Un moment je l'aurai pensé ! Un moment j'aurai dit : " C'en est fait, il succombe, Le monstre lumineux qu'ils disaient éternel ! Il pâlit comme nous, il se meurt, et sa tombe N'est qu'un brouillard sanglant dans quelque coin du ciel ! " Grimace de mourir ! grimace funéraire ! Qu'en un ciel ennuité chaque jour il fait voir... Eh bien, cela m'est doux de la sentir vulgaire, Sa façon de mourir ce soir ! Car je te hais, Soleil, oh ! oui, je te hais comme L'impassible témoin des douleurs d'ici-bas... Chose de feu, sans coeur, je te hais comme un homme ! L'être que nous aimons passe et tu ne meurs pas ! L'oeil bleu, le vrai soleil qui nous verse la vie, Un jour perdra son feu, son azur, sa beauté, Et tu l'éclaireras de ta lumière impie, Insultant d'immortalité. Et voilà, vieux Soleil, pourquoi mon coeur t'abhorre ! Voilà pourquoi je t'ai toujours haï, Soleil ! Pourquoi je dis, le soir, quand le jour s'évapore : " Ah ! si c'était sa mort et non plus son sommeil ! " Voilà pourquoi je dis, quand tu sors d'un ciel sombre : " ! ses six mille ans l'ont enfin achevé ! L'oeil du cyclope a donc enfin trouvé dans l'ombre La poutre qui l'aura crevé ! " Et que le sang en pleuve et sur nos fronts ruisselle, A la place où tombaient tes insolents rayons ! Et que la plaie aussi nous paraisse éternelle Et mette six mille ans à saigner sur nos fronts ! Nous n'aurons plus alors que la nuit et ses voiles, Plus de jour lumineux dans un ciel de saphir ! Mais n'est-ce pas assez que le feu des étoiles Pour voir ce qu'on aime mourir ? Pour voir la bouche en feu par nos lèvres usée Nous dire froidement : " C'est fini, laisse-moi ! " Et s'éteindre l'amour qui, dans notre pensée, Allumait un soleil plus éclatant que toi ! Pour voir errer parmi les spectres de la terre Le spectre aimé qui semble et vivant et joyeux, La nuit, la sombre nuit est encore trop claire... Et je l'arracherais des cieux ! |
Yonlihinza Amadou- Nombre de messages : 432
Date d'inscription : 26/06/2008
Soleils morts
Dans l’infini profond des cieux,
Loin de nos humaines atteintes,
Que d’étoiles se sont éteintes
Qui brillent encore à nos yeux.
Et dans la sphère silencieuse,
Vers nous n’ont pas glissé leurs plaintes;
Sans se trahir, leurs clartés peintes
Ont la douceur des autres feux.
Vous paraissez toujours vivantes
Et du noir Destin, triomphantes
Mais je devine votre effort,
Ames qui souffrez sans rien dire
Et dont bien souvent le sourire
Est le rayon d’un astre mort.
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
Re: Poèmes soleil
Dehors le soleil chante
Dehors le soleil chante
Un hymne au bonheur
Pendant que mon coeur
Charrie des pluies de larmes
Des larmes de pluie
Voilent la chanson du soleil
Des orages de soucis
Changent la couleur du ciel
Le soleil brille à l'extérieur
Mais mon coeur pleure
Des larmes sans douceur
Des années d'erreur
Le soleil chante à l'extérieur
Un hymne au bonheur
Mais mon coeur verse
Des larmes sans douceur
Dehors le soleil chante
Un hymne à la vie
Mais mes erreurs
Eraille cette jolie voix
Ecrit par Lauravanelcoytte
Dehors le soleil chante
Un hymne au bonheur
Pendant que mon coeur
Charrie des pluies de larmes
Des larmes de pluie
Voilent la chanson du soleil
Des orages de soucis
Changent la couleur du ciel
Le soleil brille à l'extérieur
Mais mon coeur pleure
Des larmes sans douceur
Des années d'erreur
Le soleil chante à l'extérieur
Un hymne au bonheur
Mais mon coeur verse
Des larmes sans douceur
Dehors le soleil chante
Un hymne à la vie
Mais mes erreurs
Eraille cette jolie voix
Ecrit par Lauravanelcoytte
davidof- Nombre de messages : 2697
loisirs : pêche, voyage, music...
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: Poèmes soleil
Leur univers, leur soleil
La mère, pour le petit, avait des attentions charmantes
De doux mots murmurés, tout bas, de sa voix apaisante
Ses pensées voguent ailleurs, bien loin; on la sentait ravie
Qu'il soit son univers, son soleil, son amour, sa vie
Son ange lui sourit, bienheureux et l'appelle mamie
Ses bras réclament son aide, son corps s'ouvre auprès d'elle
Son coeur inconsciemment devine qu'il la tient sous tutelle
Qu'elle est son univers, son soleil, son amour, sa vie
Deux jeunes enlacés, corps à corps se couvrent de baisers
Leurs sens, excités à l'extrême, les rendent étrangers
Ils vivent leur univers, leur soleil, leur amour, leur vie
Assis aux alentours, les vieux contemplent et se souviennent
Du temps de leur jeunesse heureuse, de leurs fredaines anciennes
Ils étaient l'univers, le soleil, les amours, la vie
Ecrit par Cepyge X
La mère, pour le petit, avait des attentions charmantes
De doux mots murmurés, tout bas, de sa voix apaisante
Ses pensées voguent ailleurs, bien loin; on la sentait ravie
Qu'il soit son univers, son soleil, son amour, sa vie
Son ange lui sourit, bienheureux et l'appelle mamie
Ses bras réclament son aide, son corps s'ouvre auprès d'elle
Son coeur inconsciemment devine qu'il la tient sous tutelle
Qu'elle est son univers, son soleil, son amour, sa vie
Deux jeunes enlacés, corps à corps se couvrent de baisers
Leurs sens, excités à l'extrême, les rendent étrangers
Ils vivent leur univers, leur soleil, leur amour, leur vie
Assis aux alentours, les vieux contemplent et se souviennent
Du temps de leur jeunesse heureuse, de leurs fredaines anciennes
Ils étaient l'univers, le soleil, les amours, la vie
Ecrit par Cepyge X
davidof- Nombre de messages : 2697
loisirs : pêche, voyage, music...
Date d'inscription : 21/05/2008
Les Soleils de Juillet
A ELLE
Les voici revenus, les jours que vous aimez,
Les longs jours bleus et clairs sous des cieux sans nuage.
La vallée est en fleur, et les bois embaumés
Ouvrent sur les gazons leur balsamique ombrage.
Tandis que le soleil, roi du splendide été,
Verse tranquillement sa puissante clarté,
Au pied de ce grand chêne aux ramures superbes,
Amie, asseyons-nous dans la fraîcheur des herbes ;
Et là, nos longs regards perdus au bord des cieux,
Allant des prés fleuris dans l’éther spacieux,
Ensemble contemplons ces beaux coteaux, ces plaines
Où les vents de midi, sous leurs lentes haleines,
Font des blés mûrissants ondoyer les moissons.
Avec moi contemplez ces calmes horizons,
Ce transparent azur que la noire hirondelle
Emplit de cris joyeux et franchit d’un coup d’aile ;
Et là-bas ces grands bœufs ruminants et couchés,
Et plus loin ces hameaux d’où montent les clochers,
Et ce château désert, ces croulantes tourelles,
Qu’animent de leur vol les blanches tourterelles,
Et ce fleuve paisible au nonchalant détour,
Et ces ravins ombreux, frais abris du pâtour,
Et tout ce paysage, heureux et pacifique,
Où s’épanche à flots d’or un soleil magnifique !…
O soleils de juillet ! ô lumière ! ô splendeurs !
Radieux firmament ! sereines profondeurs !
Mois puissants qui versez tant de sèves brûlantes
Dans les veines de l’homme et les veines des plantes,
Mois créateurs ! beaux mois ! je vous aime et bénis.
Par vous les bois chargés de feuilles et de nids,
S’emplissent de chansons, de tiédeurs et d’arômes.
Les arbres, dans l’azur ouvrant leurs larges dômes,
Balancent sur nos fronts avec l’encens des fleurs
Les voix de la fauvette et des merles siffleurs.
Tout est heureux, tout chante, ô saison radieuse !
Car tout aspire et boit ta flamme glorieuse.
Par toi nous vient la vie, et ta chaude clarté
Mûrit pour le bonheur et pour la volupté
La vierge, cette fleur divine et qui s’ignore.
Dans les vallons d’Éden, sereine et pure encore,
Sous tes rayons rêvant son rêve maternel,
A l’ombre des palmiers Ève connût Abel.
Abel dans ses enfants en garde souvenance.
Aussi, quand brûle au ciel ta féconde puissance,
O mère des longs jours ! lumineuse saison !
Oubliant tout, Caïn, l’ombre, la trahison,
La race enfant d’Abel, fille de la lumière,
Race aimante et fidèle à sa bonté première,
Avec l’onde et la fleur, avec le rossignol,
Ce qui chante dans l’air ou fleurit sur le sol,
S’en va disant partout devant ta clarté blonde :
« Combien tous les bons cœurs sont heureux d’être au monde ! »
Et moi, je suis des leurs ! Épris d’azur et d’air,
Quand ton astre me luit dans le firmament clair,
Avant midi j’accours, sous l’arbre où tu m’accueilles,
Saluer en plein bois la jeunesse des feuilles !
Là, dans l’herbe caché, seul avec mes pensers,
J’ai bien vite oublié les mauvais jours passés.
Sous les rameaux lustrés où ta clarté ruisselle,
Je bois en paix ma part de vie universelle.
Les sens enveloppés de tes tièdes réseaux,
J’écoute autour de moi mes frères les oiseaux ;
Avec l’herbe et l’insecte, avec l’onde et la brise,
Sympathique rêveur, mon esprit fraternise.
Voilé d’ombre dorée et les yeux entr’ouverts,
L’âme pleine d’accords, je médite des vers.
Mais si, comme aujourd’hui, ma pâle bien-aimée
M’a voulu suivre au bois, sous la haute ramée,
Si ma charmante amie aux regards veloutés
A voulu tout un jour, pensive à mes côtés,
Oubliant et la ville et la vie et nos chaînes,
Boire avec moi la paix qui tombe des grands chênes ;
Sur les mousses assis, mon front sur ses genoux,
Plongeant mes longs regards dans ses regards si doux,
Ah ! je ne rêve plus de vers !… Sous son sourire
Chante au fond de mon âme une ineffable lyre ;
Et des arbres, des fleurs, des grâces de l’été,
Mon œil ne voit, mon cœur ne sent que sa beauté !
Et dans ses noirs cheveux glissant un doigt timide,
J’y pose en frémissant quelque beau lys humide ;
Et, muet à ses pieds, et sa main sur ma main,
J’effeuille vaguement des tiges de jasmin ;
Et leur vive senteur m’enivre, et sur notre âme
Comme un vent tiède passe une haleine de flamme !…
O flammes de juillet ! soleils de volupté !
Saveur des baisers pris dans le bois écarté !
O chevelure moite et sous des mains aimées
S’épandant sur mon front en grappes parfumées !
Des fleurs sous la forêt pénétrante senteur,
Arbres de feux baignés, heures de molle ardeur,
Heures où sur notre âme, ivre de solitude,
Le calme des grands bois règne avec plénitude ;
Tranquillité de l’air, soupirs mystérieux,
Dialogue muet des yeux parlant aux yeux ;
Longs silences coupés de paroles plus douces
Que les murmures frais de l’eau parmi les mousses ;
O souvenirs cueillis au pied des chênes verts,
Vous vivez dans mon cœur. Vous vivrez dans mes vers !
Auguste Lacaussade
Les voici revenus, les jours que vous aimez,
Les longs jours bleus et clairs sous des cieux sans nuage.
La vallée est en fleur, et les bois embaumés
Ouvrent sur les gazons leur balsamique ombrage.
Tandis que le soleil, roi du splendide été,
Verse tranquillement sa puissante clarté,
Au pied de ce grand chêne aux ramures superbes,
Amie, asseyons-nous dans la fraîcheur des herbes ;
Et là, nos longs regards perdus au bord des cieux,
Allant des prés fleuris dans l’éther spacieux,
Ensemble contemplons ces beaux coteaux, ces plaines
Où les vents de midi, sous leurs lentes haleines,
Font des blés mûrissants ondoyer les moissons.
Avec moi contemplez ces calmes horizons,
Ce transparent azur que la noire hirondelle
Emplit de cris joyeux et franchit d’un coup d’aile ;
Et là-bas ces grands bœufs ruminants et couchés,
Et plus loin ces hameaux d’où montent les clochers,
Et ce château désert, ces croulantes tourelles,
Qu’animent de leur vol les blanches tourterelles,
Et ce fleuve paisible au nonchalant détour,
Et ces ravins ombreux, frais abris du pâtour,
Et tout ce paysage, heureux et pacifique,
Où s’épanche à flots d’or un soleil magnifique !…
O soleils de juillet ! ô lumière ! ô splendeurs !
Radieux firmament ! sereines profondeurs !
Mois puissants qui versez tant de sèves brûlantes
Dans les veines de l’homme et les veines des plantes,
Mois créateurs ! beaux mois ! je vous aime et bénis.
Par vous les bois chargés de feuilles et de nids,
S’emplissent de chansons, de tiédeurs et d’arômes.
Les arbres, dans l’azur ouvrant leurs larges dômes,
Balancent sur nos fronts avec l’encens des fleurs
Les voix de la fauvette et des merles siffleurs.
Tout est heureux, tout chante, ô saison radieuse !
Car tout aspire et boit ta flamme glorieuse.
Par toi nous vient la vie, et ta chaude clarté
Mûrit pour le bonheur et pour la volupté
La vierge, cette fleur divine et qui s’ignore.
Dans les vallons d’Éden, sereine et pure encore,
Sous tes rayons rêvant son rêve maternel,
A l’ombre des palmiers Ève connût Abel.
Abel dans ses enfants en garde souvenance.
Aussi, quand brûle au ciel ta féconde puissance,
O mère des longs jours ! lumineuse saison !
Oubliant tout, Caïn, l’ombre, la trahison,
La race enfant d’Abel, fille de la lumière,
Race aimante et fidèle à sa bonté première,
Avec l’onde et la fleur, avec le rossignol,
Ce qui chante dans l’air ou fleurit sur le sol,
S’en va disant partout devant ta clarté blonde :
« Combien tous les bons cœurs sont heureux d’être au monde ! »
Et moi, je suis des leurs ! Épris d’azur et d’air,
Quand ton astre me luit dans le firmament clair,
Avant midi j’accours, sous l’arbre où tu m’accueilles,
Saluer en plein bois la jeunesse des feuilles !
Là, dans l’herbe caché, seul avec mes pensers,
J’ai bien vite oublié les mauvais jours passés.
Sous les rameaux lustrés où ta clarté ruisselle,
Je bois en paix ma part de vie universelle.
Les sens enveloppés de tes tièdes réseaux,
J’écoute autour de moi mes frères les oiseaux ;
Avec l’herbe et l’insecte, avec l’onde et la brise,
Sympathique rêveur, mon esprit fraternise.
Voilé d’ombre dorée et les yeux entr’ouverts,
L’âme pleine d’accords, je médite des vers.
Mais si, comme aujourd’hui, ma pâle bien-aimée
M’a voulu suivre au bois, sous la haute ramée,
Si ma charmante amie aux regards veloutés
A voulu tout un jour, pensive à mes côtés,
Oubliant et la ville et la vie et nos chaînes,
Boire avec moi la paix qui tombe des grands chênes ;
Sur les mousses assis, mon front sur ses genoux,
Plongeant mes longs regards dans ses regards si doux,
Ah ! je ne rêve plus de vers !… Sous son sourire
Chante au fond de mon âme une ineffable lyre ;
Et des arbres, des fleurs, des grâces de l’été,
Mon œil ne voit, mon cœur ne sent que sa beauté !
Et dans ses noirs cheveux glissant un doigt timide,
J’y pose en frémissant quelque beau lys humide ;
Et, muet à ses pieds, et sa main sur ma main,
J’effeuille vaguement des tiges de jasmin ;
Et leur vive senteur m’enivre, et sur notre âme
Comme un vent tiède passe une haleine de flamme !…
O flammes de juillet ! soleils de volupté !
Saveur des baisers pris dans le bois écarté !
O chevelure moite et sous des mains aimées
S’épandant sur mon front en grappes parfumées !
Des fleurs sous la forêt pénétrante senteur,
Arbres de feux baignés, heures de molle ardeur,
Heures où sur notre âme, ivre de solitude,
Le calme des grands bois règne avec plénitude ;
Tranquillité de l’air, soupirs mystérieux,
Dialogue muet des yeux parlant aux yeux ;
Longs silences coupés de paroles plus douces
Que les murmures frais de l’eau parmi les mousses ;
O souvenirs cueillis au pied des chênes verts,
Vous vivez dans mon cœur. Vous vivrez dans mes vers !
Auguste Lacaussade
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
Les soleils disparus sont des mots éternels
Les soleils disparus sont des mots éternels
Dont la phrase arrondie à cette forme : extase
De terre musicienne et de verdure et d'or
De village pendu au balcon le plus rare
De prairie et de roc glaciaire entremêlés ;
Ô beauté de là-bas, songe de l'extrême heure,
Un furieux brasier d'Automne se formait
Aux vallées par-dessous les herbes potagères,
La descente faisait l'amour à la chaleur
Les masures de bois tourmentaient la lumière
Et la noblesse était défunte aux châtaigniers,
Et partant l'on sentait la perte d'espérence
Par gravitation de désirs insensés.
Pierre Jean Jouve
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Le soleil levant
Jeune déesse au teint vermeil,
Que l'Orient révère,
Aurore, fille du Soleil,
Qui nais devant ton père,
Viens soudain me rendre le jour,
Pour voir l'objet de mon amour.
Certes, la nuit a trop duré ;
Déjà les coqs t'appellent :
Remonte sur ton char doré,
Que les Heures attellent,
Et viens montrer à tous les yeux
De quel émail tu peins les cieux.
Mouille promptement les guérets
D'une fraîche rosée,
Afin que la soif de Cérès
En puisse être apaisée,
Et fais qu'on voie en cent façons
Pendre tes perles aux buissons.
Ha ! je te vois, douce clarté,
Tu sois la bien venue :
Je te vois, céleste beauté,
Paraître sur la nue,
Et ton étoile en arrivant
Blanchit les coteaux du levant.
Le silence et le morne roi
Des visions funèbres
Prennent la fuite devant toi
Avecque les ténèbres,
Et les hiboux qu'on oit gémir
S'en vont chercher place à dormir.
Mais, au contraire, les oiseaux
Qui charment les oreilles
Accordent au doux bruit des eaux
Leurs gorges non pareilles
Célébrant les divins appas
Du grand astre qui suit tes pas.
La Lune, qui le voit venir,
En est toute confuse ;
Sa lueur, prête à se ternir,
A nos yeux se refuse,
Et son visage, à cet abord,
Sent comme une espèce de mort.
Le chevreuil solitaire et doux,
Voyant sa clarté pure
Briller sur les feuilles des houx
Et dorer leur verdure,
Sans nulle crainte de veneur,
Tâche à lui faire quelque honneur
Le cygne, joyeux de revoir
Sa renaissante flamme,
De qui tout semble recevoir
Chaque jour nouvelle âme,
Voudrait, pour chanter ce plaisir,
Que la Parque le vînt saisir....
L'abeille, pour boire des pleurs,
Sort de sa ruche aimée,
Et va sucer l'âme des fleurs
Dont la plaine est semée ;
Puis de cet aliment du ciel
Elle fait la cire et le miel.
Le gentil papillon la suit
D'une aile trémoussante,
Et, voyant le soleil qui luit,
Vole de plante en plante,
Pour les avertir que le jour
En ce climat est de retour.
Là, dans nos jardins embellis
De mainte rare chose,
Il porte de la part du lys
Un baiser à la rose,
Et semble, en messager discret,
Lui dire un amoureux secret.
Au même temps, il semble à voir
Qu'en éveillant ses charmes,
Cette belle lui fait savoir,
Le teint baigné de larmes,
Quel ennui la va consumant
D'être si loin de son amant.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Le Lever du soleil
À Henri Schneider.
Le grand soleil, plongé dans un royal ennui,
Brûle au désert des cieux. Sous les traits qu’en silence
Il disperse et rappelle incessamment à lui,
Le chœur grave et lointain des sphères se balance.
Suspendu dans l’abîme il n’est ni haut ni bas ;
Il ne prend d’aucun feu le feu qu’il communique ;
Son regard ne s’élève et ne s’abaisse pas ;
Mais l’univers se dore à sa jeunesse antique.
Flamboyant, invisible à force de splendeur,
Il est père des blés, qui sont pères des races ;
Mais il ne peuple point son immense rondeur
D’un troupeau de mortels turbulents et voraces.
Parmi les globes noirs qu’il empourpre et conduit
Aux blêmes profondeurs que l’air léger fait bleues,
La terre lui soumet la courbe qu’elle suit,
Et cherche sa caresse à d’innombrables lieues.
Sur son axe qui vibre et tourne, elle offre au jour
Son épaisseur énorme et sa face vivante,
Et les champs et les mers y viennent tour à tour
Se teindre d’une aurore éternelle et mouvante.
Mais les hommes épars n’ont que des pas bornés,
Avec le sol natal ils émergent ou plongent :
Quand les uns du sommeil sortent illuminés,
Les autres dans la nuit s’enfoncent et s’allongent.
Ah ! les fils de l’Hellade, avec des yeux nouveaux
Admirant cette gloire à l’Orient éclose,
Criaient : Salut au dieu dont les quatre chevaux
Frappent d’un pied d’argent le ciel solide et rose !
Nous autres nous crions : Salut à l’Infini !
Au grand Tout, à la fois idole, temple et prêtre,
Qui tient fatalement l’homme à la terre uni,
Et la terre au soleil, et chaque être à chaque être !
Il est tombé pour nous, le rideau merveilleux
Où du vrai monde erraient les fausses apparences ;
La science a vaincu l’imposture des yeux,
L’homme a répudié les vaines espérances ;
Le ciel a fait l’aveu de son mensonge ancien,
Et, depuis qu’on a mis ses piliers à l’épreuve,
Il apparaît plus stable, affranchi de soutien,
Et l’univers entier vêt une beauté neuve.
daniel- Nombre de messages : 1002
loisirs : lecture,chasse,pêche,course
Humeur : humour
Date d'inscription : 12/06/2008
Soleil-
À Charles Derosne.
Toute haleine s'évanouit,
La terre brûle et voudrait boire,
L'ombre est courte, immobile et noire,
Et la grande route éblouit.
Seules les abeilles vibrantes
Élèvent leurs bourdonnements
Qui semblent, enflés par moments,
Des sons de lyres expirantes.
On les voit, ivres de chaleur,
D'un vol traînant toutes se rendre
Au même tilleul et s'y pendre :
Elles tombent de fleur en fleur.
Un milan sur ses larges ailes
S'arrête : il prend un bain de feu ;
On voit tournoyer dans l'air bleu
Une vapeur d'insectes grêles.
Le soleil semble s'attarder ;
Ses traits, blancs d'une ardeur féconde,
Criblent en silence le monde,
Qui n'ose pas le regarder.
Une aigrette de flamme irise
Le tranchant des cailloux aigus,
Et la lumière aux yeux vaincus
A force d'éclat parait grise.
Les bêtes, n'ayant plus de paix
Avec les taons qu'elles attirent,
Craignent la plaine, et se retirent
Sous la voûte des bois épais.
Couché, les paupières mi-closes,
Un homme étend ses membres las :
Il contemple, il ne pense pas,
Et son âme se mêle aux choses.
daniel- Nombre de messages : 1002
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Humeur : humour
Date d'inscription : 12/06/2008
Une Aurore
À Paul Colin.
Le phare sent mourir ses lueurs argentées,
Et du golfe arrondi les pentes enchantées
Vont se dorer dans l'aube où le regard les perd.
Les villages marins dorment. L'Océan vert,
Qui n'a pas de sommeil, fait sa grande descente.
Il réclame son lit, et de loin gémissante
L'onde écume ; elle accourt, s'écroule en s'étalant,
Couvre le fin tapis du sable étincelant,
Et, par un lent retour lavant la plage lisse,
Sous l'onde renaissante, à bout de force, glisse.
Sur la sphère liquide aux éclairs de métaux
Une invisible main fait pencher les bateaux.
Il passe des zéphyrs pleins de fraîcheurs salées.
Et voici que là-bas, par monts et par vallées,
Volent des hommes nus sur des chevaux sans mors ;
Leur galop vers la mer en laboure les bords,
Et de leur bain hardi les joyeuses tempêtes
Aux panaches des flots mêlent les crins des bêtes.
daniel- Nombre de messages : 1002
loisirs : lecture,chasse,pêche,course
Humeur : humour
Date d'inscription : 12/06/2008
Le soleil
Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !
Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Le soleil fixe au milieu des planètes:Charles-Louis de MALFI
- Charles-Louis de MALFILATRE
(1732-1767)
Le soleil fixe au milieu des planètes
L'homme a dit : "Les cieux m'environnent,
Les cieux ne roulent
que pour moi ;
De ces astres qui me couronnent
La nature me fit le roi
:
Pour moi seul le soleil se lève,
Pour moi seul le soleil achève
Son
cercle éclatant dans les airs ;
Et je vois, souverain tranquille,
Sur son
poids la terre immobile
Au centre de cet univers."
Fier mortel, bannis
ces fantômes,
Sur toi-même jette un coup d'oeil.
Que sommes-nous, faibles
atomes,
Pour porter si loin notre orgueil ?
Insensés ! nous parlons en
maîtres,
Nous qui dans l'océan des êtres
Nageons tristement confondus,
Nous dont l'existence légère,
Pareille à l'ombre passagère,
Commence, paraît, et n'est plus !
Mais quelles routes immortelles
Uranie entrouvre à mes yeux !
Déesse, est-ce toi qui m'appelles
Aux
voûtes brillantes des cieux ?
Je te suis. Mon âme agrandie,
S'élançant
d'une aile hardie,
De la terre a quitté les bords :
De ton flambeau la
clarté pure
Me guide au temple où la nature
Cache ses augustes
trésors.
Grand Dieu ! quel sublime spectacle
Confond mes sens, glace
ma voix !
Où suis-je ? Quel nouveau miracle
De l'Olympe a changé les lois
?
Au loin, dans l'étendue immense,
Je contemple seul en silence,
La
marche du grand univers ;
Et dans l'enceinte qu'elle embrasse,
Mon oeil
surpris voit sur la trace
Retourner les orbes divers.
Portés du
couchant à l'aurore
Par un mouvement éternel,
Sur leur axe ils tournent
encore
Dans les vastes plaines du ciel.
Quelle intelligence secrète
Règle en son cours chaque planète
Par d'imperceptibles ressorts ?
Le
soleil est-il le génie
Qui fait avec tant d'harmonie
Circuler les
célestes corps ?
Au milieu d'un vaste fluide
Que la main du Dieu
créateur
Versa dans l'abîme du vide,
Cet astre unique est leur moteur.
Sur lui-même agité sans cesse,
Il emporte, il balance, il presse
L'éther et les orbes errants ;
Sans cesse une force contraire
De
cette ondoyante matière
Vers lui repousse les torrents.
Ainsi se
forment les orbites
Que tracent ces globes connus :
Ainsi dans des bornes
prescrites
Volent et Mercure et Vénus.
La terre suit : Mars, moins
rapide,
D'un air sombre, s'avance et guide
Les pas tardifs de Jupiter ;
Et son père, le vieux Saturne,
Roule à peine son char nocturne
Sur
les bords glacés de l'éther.
Oui, notre sphère, épaisse masse,
Demande
au soleil ses présents,
A travers sa dure surface
Il darde ses feux
bienfaisants.
Le jour voit les heures légères
Présenter les deux
hémisphères
Tour à tour à ses doux rayons ;
Et sur les signes
inclinée,
La terre, promenant l'année,
Produit des fleurs et des
moissons.
Je te salue, âme du monde,
Sacré soleil, astre du feu,
De tous les biens source féconde,
Soleil, image de mon Dieu !
Aux
globes qui, dans leur carrière,
Rendent hommage à ta lumière,
Annonce
Dieu par ta splendeur :
Règne à jamais sur ses ouvrages,
Triomphe,
entretiens tous les âges
De son éternelle
grandeur.
ALLUSION
Du ciel, auguste souveraine,
C'est toi que
je peins sous ces traits ;
Le tourbillon qui nous entraîne,
Vierge, ne
t'ébranla jamais.
Enveloppés des vapeurs sombres,
Toujours errants parmi
les ombres,
Du jour nous cherchons la clarté.
Ton front seul, aurore
nouvelle,
Ton front sans nuage étincelle
Des feux de la divinité.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Petrus Borel- Hymne au Soleil
À André Borel.
—
Pauvre bougre !
Jules JANIS
Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
De mon clandestin mal,
Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
Appeler le sommeil,
Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
Je viens user mon écot de soleil !
Là-bas dans la cité, l’avarice sordide
Des chefs sur tout champart :
Au mouton-peuple on vend le soleil et le vide ;
J’ai payé, j’ai ma part !
Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste,
Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front d’un Sire auguste,
Qu’au sale front d’une gueuse en haillons.
—
Pauvre bougre !
Jules JANIS
Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
De mon clandestin mal,
Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
Appeler le sommeil,
Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
Je viens user mon écot de soleil !
Là-bas dans la cité, l’avarice sordide
Des chefs sur tout champart :
Au mouton-peuple on vend le soleil et le vide ;
J’ai payé, j’ai ma part !
Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste,
Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front d’un Sire auguste,
Qu’au sale front d’une gueuse en haillons.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Pierre BAOUR-LORMIAN
- (1770-1854)
Hymne au soleil
Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or,
Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
Abandonna l'espace à ton rapide essor,
Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ;
La lune devant toi fuit d'un pas inégal,
Et ses rayons douteux dans les flots s'engloutissent.
Sous les coups réunis de l'âge et des autans
Tombe du haut sapin la tête échevelée ;
Le mont même, le mont, assailli par le temps,
Du poids de ses débris écrase la vallée ;
Mais les siècles jaloux épargnent ta beauté :
Un printemps éternel embellit ta jeunesse,
Tu t'empares des cieux en monarque indompté,
Et les voeux de l'amour t'accompagnent sans cesse.
Quand la tempête éclate et rugit dans les airs,
Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs,
Le char retentissant qui porte le tonnerre,
Tu parais, tu souris, et consoles la terre.
Hélas ! depuis longtemps tes rayons glorieux
Ne viennent plus frapper ma débile paupière !
Je ne te verrai plus, soit que, dans ta carrière,
Tu verses sur la plaine un océan de feux,
Soit que, vers l'occident, le cortège des ombres
Accompagne tes pas, ou que les vagues sombres
T'enferment dans le sein d'une humide prison !
Mais, peut-être, ô soleil, tu n'as qu'une saison ;
Peut-être, succombant sous le fardeau des âges,
Un jour tu subiras notre commun destin ;
Tu seras insensible à la voix du matin,
Et tu t'endormiras au milieu des nuages.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Hymne au soleil
- Petrus BOREL (1809-1859)
À André Borel.
Pauvre bougre !
JULES JANIN.
Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
De mon clandestin mal,
Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
Appeler le sommeil.
Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
Je viens user mon écot de soleil !
Là-bas dans la cité, l'avarice sordide
Des chefs sur tout champart :
Au mouton-peuple on vend le soleil et le vide ;
J'ai payé, j'ai ma part !
Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste,
Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front d'un Sire auguste,
Qu'au sale front d'une gueuse en haillons.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Soleil couchant- Léon dierx
Soleil couchant
Aux bords retentissants des plages écumeuses
Pleines de longs soupirs mêlés de lourds sanglots,
Sous le déroulement monotone des flots;
Près des gouffres remplis des falaises brumeuses;
A l'heure où le soleil, ainsi qu'un roi cruel
Qui veut parer de draps sanglants ses funérailles,
Se déchire et secoue au dehors ses entrailles;
A l'heure où lentement l'ombre envahit le ciel;
Un homme se tenait silencieux. La côte
était déserte. Lui, debout, d'un oeil amer
Il regardait tomber l'astre rouge à la mer;
Et sa pensée aussi déferlait, sombre et haute.
Ah! Ce n'était pas l'homme au sortir de l'Eden,
Fils encore innocent d'une race nouvelle;
En qui la vie afflue, à qui Dieu se révèle,
Et qui pour tous les maux n'a qu'un mâle dédain;
L'homme essayant sa force au seuil des premiers âges,
Libre dans l'univers libre et grand comme lui;
Défiant l'avenir, et dont l'oeil ébloui
Reflète l'horizon des vierges paysages;
Plein d'un orgueil sans peur et d'un espoir sans fin;
Et dans sa beauté fière à qui tout se confie,
Sur la création odorante et ravie
Passant majestueux sous un signe divin;
C'était l'homme vieilli des races séculaires,
Fils de la lassitude et des labeurs déçus,
Et qui, désabusé des dons qu'il a reçus,
A des printemps plus froids que les hivers polaires;
Qui, remuant la cendre immense du passé,
Initié tout jeune au mensonge des rêves,
A vu la vanité de ses luttes sans trêves,
Et sans but désormais s'en va le front baissé;
Qui, ployant sous le poids d'insupportables chaînes,
Se connaît tout entier dans la joie ou les pleurs,
Rassasié du rire autant que des douleurs;
Sans élans pour le bien, et pour le mal sans haines;
C'était l'homme rongé par l'angoisse; vaincu
Sous l'énervant dégoût de sa propre impuissance;
Et fatal héritier d'une aride science,
Contempteur de la vie avant d'avoir vécu.
En vain il proclamait son génie et sa gloire!
L'ennui met sur ses bras le plomb du châtiment;
Et son âme qu'il raille, hélas! Plus tristement
Se rendort à ces bruits de pompe dérisoire.
Stupide et vil, trempé d'inutiles sueurs,
En vain il rit des dieu qu'ont adorés ses pères,
Et s'élance aux profits du fond de ses repaies,
Les doigts crispés, les yeux pleins d'obliques lueurs.
Car le veau d'or, ce dieu comme un autre implacable,
A l'enfer de Midas le regarde marcher;
honneur, amour, vertu, tout ce qu'il veut toucher,
Se change sous ses mains en cet or qui l'accable.
Oui, ce dieu, son premier délire, et son dernier,
Le plus riche en autels, le plus riche en apôtres,
Le plus vieux, qui vit naître et mourir tous les autres,
Avant le chant du coq il va le renier.
Il va le renier comme eux tous. Dans les nues
Il l'enverra siéger, livide, avec les dieux
Morts maintenant, jadis beaux, fiers et radieux,
Qui sur les monts sacrés vivaient en troupes nues;
Près des spectres blafards abandonnés du jour,
Qui planent en lambeaux sur les glaces du pôle,
Et qu'un souffle inconnu, les poussant par l'épaule,
Promène dans l'horreur des exils sans retour.
Pas un ne reviendra! Le vent de l'ironie
A balayé partout l'ambition du beau.
Sur le dernier autel plus désert qu'un tombeau
L'herbe croît. Il n'est plus de divine agonie!
Plus d'esprits enivrés! Plus d'hymnes, plus d'encens!
Plus de convives ceints de verveine et de roses!
Plus d'apôtre en extase, et plus d'apothéoses!
Plus de soupirs poussés hors du monde des sens!
Sur la montagne en feu nul ne se transfigure,
Et pour quelque dépouille aux fétides odeurs,
L'homme consumera ses dernières ardeurs
Sous un ciel qui n'a plus la sublime envergure.
Dans un air sans échos sa voix s'éteint. Voilà
Qu'il méprise à la fin sa chair comme son âme,
Et que, toujours brûlé d'une invisible flamme,
Il retourne aux abris chantants qu'il dépeupla.
Mais les transports qui font la jeunesse si belle
Reviennent-ils jamais gonfler les coeurs flétris!
Les pleurs, les repentirs, les plaintes et les cris
Ont-ils jamais ému l'impassible Cybèle!
Nature indifférente, au secret douloureux,
Prés aux vertes senteurs, forêts aux noirs mystères,
Monts couronnés de pins ou de neiges austères,
Vous êtes sans pitié, comme tous les heureux!
L'homme a levé sur vous sa hache sacrilège;
Sur vous il s'est rué follement, et sa voix
A maudit le silence injurieux des bois
Où meurt le vain appel du désir qui l'assiège :
A jamais il a fui tout ce monde enchanté
Qu'aux rayons de la lune, au fond des solitudes,
On voyait s'essayer aux molles attitudes
Sous l'oeil ardent d'un faune ivre de volupté.
Quand Pan mourut, un cri monta de rive en rive;
Dans la foi du poète il retentit encor.
Comme un chasseur perdu qui sonne en vain du cor,
L'homme court sans qu'un son en réponse n'arrive.
Las de lui-même aussi, voilà que haletant,
Comme Sisyphe sous le rocher qui l'écrase,
Il s'arrête, et qu'à l'heure où l'occident s'embrase,
Il sent les maux soufferts revivre en un instant.
C'est une heure sinistre et pleine de vertiges.
Depuis les premiers jours, sa magique splendeur
Nous étreint, et nous fait sonder la profondeur
D'un passé qui tressaille en fulgurants vestiges.
Comme l'astre qui fond en longs fleuves pourprés
Dont les reflets au loin baignent les nobles cimes,
Le coeur de l'homme saigne en plongeant aux abîmes
Où ses regrets encor hurlent désespérés.
Mais aujourd'hui, devant la chute glorieuse
Du globe dont l'éclat brillait sur son berceau,
Ce n'est plus vers l'éden dont il gardait le sceau
Qu'il se reporte au bout d'une ardeur furieuse.
Ce n'est plus son enfance au cantique lointain
Dont le ressouvenir en ses fêtes s'exhale;
Ni la branche arborée en palme triomphale
Qu'il pleure, en gémissant sur sa part du destin.
Ce n'est plus un saint nom qu'il invoque ou qu'il prie,
hélas! Et ce n'est plus, même quand vient le soir,
La mort, son épouvante et son dernier espoir,
Qu'il appelle, sentant toute source tarie.
Sous la dent sans pitié du démon qui le mord
Rien ne ranime plus sa force ou son courage;
Et voilà qu'il se tait sans un reste de rage,
Car il ne peut plus croire à ta promesse, ô mort!
Tu ne peux rien sur l'âme; et l'impossible envie
Toujours l'assoiffera de bonheur, n'importe où;
Tu ne peux l'engloutir aussi dans quelque trou;
Ce n'est pas le repos qui par toi nous convie!
-Et le soleil, jetant sa suprême clarté,
Laissa l'homme, le front plus bas, les yeux plus mornes;
Et l'esprit descendu dans une nuit sans bornes
Sous l'effrayant fardeau de son éternité.
Aux bords retentissants des plages écumeuses
Pleines de longs soupirs mêlés de lourds sanglots,
Sous le déroulement monotone des flots;
Près des gouffres remplis des falaises brumeuses;
A l'heure où le soleil, ainsi qu'un roi cruel
Qui veut parer de draps sanglants ses funérailles,
Se déchire et secoue au dehors ses entrailles;
A l'heure où lentement l'ombre envahit le ciel;
Un homme se tenait silencieux. La côte
était déserte. Lui, debout, d'un oeil amer
Il regardait tomber l'astre rouge à la mer;
Et sa pensée aussi déferlait, sombre et haute.
Ah! Ce n'était pas l'homme au sortir de l'Eden,
Fils encore innocent d'une race nouvelle;
En qui la vie afflue, à qui Dieu se révèle,
Et qui pour tous les maux n'a qu'un mâle dédain;
L'homme essayant sa force au seuil des premiers âges,
Libre dans l'univers libre et grand comme lui;
Défiant l'avenir, et dont l'oeil ébloui
Reflète l'horizon des vierges paysages;
Plein d'un orgueil sans peur et d'un espoir sans fin;
Et dans sa beauté fière à qui tout se confie,
Sur la création odorante et ravie
Passant majestueux sous un signe divin;
C'était l'homme vieilli des races séculaires,
Fils de la lassitude et des labeurs déçus,
Et qui, désabusé des dons qu'il a reçus,
A des printemps plus froids que les hivers polaires;
Qui, remuant la cendre immense du passé,
Initié tout jeune au mensonge des rêves,
A vu la vanité de ses luttes sans trêves,
Et sans but désormais s'en va le front baissé;
Qui, ployant sous le poids d'insupportables chaînes,
Se connaît tout entier dans la joie ou les pleurs,
Rassasié du rire autant que des douleurs;
Sans élans pour le bien, et pour le mal sans haines;
C'était l'homme rongé par l'angoisse; vaincu
Sous l'énervant dégoût de sa propre impuissance;
Et fatal héritier d'une aride science,
Contempteur de la vie avant d'avoir vécu.
En vain il proclamait son génie et sa gloire!
L'ennui met sur ses bras le plomb du châtiment;
Et son âme qu'il raille, hélas! Plus tristement
Se rendort à ces bruits de pompe dérisoire.
Stupide et vil, trempé d'inutiles sueurs,
En vain il rit des dieu qu'ont adorés ses pères,
Et s'élance aux profits du fond de ses repaies,
Les doigts crispés, les yeux pleins d'obliques lueurs.
Car le veau d'or, ce dieu comme un autre implacable,
A l'enfer de Midas le regarde marcher;
honneur, amour, vertu, tout ce qu'il veut toucher,
Se change sous ses mains en cet or qui l'accable.
Oui, ce dieu, son premier délire, et son dernier,
Le plus riche en autels, le plus riche en apôtres,
Le plus vieux, qui vit naître et mourir tous les autres,
Avant le chant du coq il va le renier.
Il va le renier comme eux tous. Dans les nues
Il l'enverra siéger, livide, avec les dieux
Morts maintenant, jadis beaux, fiers et radieux,
Qui sur les monts sacrés vivaient en troupes nues;
Près des spectres blafards abandonnés du jour,
Qui planent en lambeaux sur les glaces du pôle,
Et qu'un souffle inconnu, les poussant par l'épaule,
Promène dans l'horreur des exils sans retour.
Pas un ne reviendra! Le vent de l'ironie
A balayé partout l'ambition du beau.
Sur le dernier autel plus désert qu'un tombeau
L'herbe croît. Il n'est plus de divine agonie!
Plus d'esprits enivrés! Plus d'hymnes, plus d'encens!
Plus de convives ceints de verveine et de roses!
Plus d'apôtre en extase, et plus d'apothéoses!
Plus de soupirs poussés hors du monde des sens!
Sur la montagne en feu nul ne se transfigure,
Et pour quelque dépouille aux fétides odeurs,
L'homme consumera ses dernières ardeurs
Sous un ciel qui n'a plus la sublime envergure.
Dans un air sans échos sa voix s'éteint. Voilà
Qu'il méprise à la fin sa chair comme son âme,
Et que, toujours brûlé d'une invisible flamme,
Il retourne aux abris chantants qu'il dépeupla.
Mais les transports qui font la jeunesse si belle
Reviennent-ils jamais gonfler les coeurs flétris!
Les pleurs, les repentirs, les plaintes et les cris
Ont-ils jamais ému l'impassible Cybèle!
Nature indifférente, au secret douloureux,
Prés aux vertes senteurs, forêts aux noirs mystères,
Monts couronnés de pins ou de neiges austères,
Vous êtes sans pitié, comme tous les heureux!
L'homme a levé sur vous sa hache sacrilège;
Sur vous il s'est rué follement, et sa voix
A maudit le silence injurieux des bois
Où meurt le vain appel du désir qui l'assiège :
A jamais il a fui tout ce monde enchanté
Qu'aux rayons de la lune, au fond des solitudes,
On voyait s'essayer aux molles attitudes
Sous l'oeil ardent d'un faune ivre de volupté.
Quand Pan mourut, un cri monta de rive en rive;
Dans la foi du poète il retentit encor.
Comme un chasseur perdu qui sonne en vain du cor,
L'homme court sans qu'un son en réponse n'arrive.
Las de lui-même aussi, voilà que haletant,
Comme Sisyphe sous le rocher qui l'écrase,
Il s'arrête, et qu'à l'heure où l'occident s'embrase,
Il sent les maux soufferts revivre en un instant.
C'est une heure sinistre et pleine de vertiges.
Depuis les premiers jours, sa magique splendeur
Nous étreint, et nous fait sonder la profondeur
D'un passé qui tressaille en fulgurants vestiges.
Comme l'astre qui fond en longs fleuves pourprés
Dont les reflets au loin baignent les nobles cimes,
Le coeur de l'homme saigne en plongeant aux abîmes
Où ses regrets encor hurlent désespérés.
Mais aujourd'hui, devant la chute glorieuse
Du globe dont l'éclat brillait sur son berceau,
Ce n'est plus vers l'éden dont il gardait le sceau
Qu'il se reporte au bout d'une ardeur furieuse.
Ce n'est plus son enfance au cantique lointain
Dont le ressouvenir en ses fêtes s'exhale;
Ni la branche arborée en palme triomphale
Qu'il pleure, en gémissant sur sa part du destin.
Ce n'est plus un saint nom qu'il invoque ou qu'il prie,
hélas! Et ce n'est plus, même quand vient le soir,
La mort, son épouvante et son dernier espoir,
Qu'il appelle, sentant toute source tarie.
Sous la dent sans pitié du démon qui le mord
Rien ne ranime plus sa force ou son courage;
Et voilà qu'il se tait sans un reste de rage,
Car il ne peut plus croire à ta promesse, ô mort!
Tu ne peux rien sur l'âme; et l'impossible envie
Toujours l'assoiffera de bonheur, n'importe où;
Tu ne peux l'engloutir aussi dans quelque trou;
Ce n'est pas le repos qui par toi nous convie!
-Et le soleil, jetant sa suprême clarté,
Laissa l'homme, le front plus bas, les yeux plus mornes;
Et l'esprit descendu dans une nuit sans bornes
Sous l'effrayant fardeau de son éternité.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Pierre BAOUR-LORMIAN
- Pierre BAOUR-LORMIAN (1770-1854)
Hymne au soleil
Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or,
Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
Abandonna l'espace à ton rapide essor,
Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ;
La lune devant toi fuit d'un pas inégal,
Et ses rayons douteux dans les flots s'engloutissent.
Sous les coups réunis de l'âge et des autans
Tombe du haut sapin la tête échevelée ;
Le mont même, le mont, assailli par le temps,
Du poids de ses débris écrase la vallée ;
Mais les siècles jaloux épargnent ta beauté :
Un printemps éternel embellit ta jeunesse,
Tu t'empares des cieux en monarque indompté,
Et les voeux de l'amour t'accompagnent sans cesse.
Quand la tempête éclate et rugit dans les airs,
Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs,
Le char retentissant qui porte le tonnerre,
Tu parais, tu souris, et consoles la terre.
Hélas ! depuis longtemps tes rayons glorieux
Ne viennent plus frapper ma débile paupière !
Je ne te verrai plus, soit que, dans ta carrière,
Tu verses sur la plaine un océan de feux,
Soit que, vers l'occident, le cortège des ombres
Accompagne tes pas, ou que les vagues sombres
T'enferment dans le sein d'une humide prison !
Mais, peut-être, ô soleil, tu n'as qu'une saison ;
Peut-être, succombant sous le fardeau des âges,
Un jour tu subiras notre commun destin ;
Tu seras insensible à la voix du matin,
Et tu t'endormiras au milieu des nuages.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
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