Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
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Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Amour, tais-toi, mais prends ton arc
Amour, tais-toi, mais prends ton arc ;
Car ma biche belle et sauvage,
Soir et matin, sortant du parc,
Passe toujours par ce passage.
Voici sa piste, ô la voilà !
Droit à son coeur dresse ta vire,
Et ne faux point ce beau coup-là,
Afin qu'elle n'en puisse rire.
Hélas ! qu'aveugle tu es bien !
Cruel, tu m'as frappé pour elle.
Libre elle fuit, elle n'a rien ;
Mais las ! ma blessure est mortelle.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Déjà, venant hérissonné
Déjà, venant hérissonné
L'hiver, de froid environné,
S'en va la plaisante verdure
De l'été, qui si peu nous dure ;
Déjà les arbres tout honteux
Il dépouille de leurs cheveux,
Et dans la forêt effeuillée
Court mainte feuille éparpillée ;
Et déjà Zéphyre mollet,
Le mignard et doux ventelet,
Craignant la fureur de Borée,
S'en est allé ; Vénus dorée
Et de nos chants la volupté
Ont avecque lui tout quitté :
Et le suivent en autres places
Phoebus, les Muses et les Grâces,
Et, les oisillons sautelants
Avecque lui s'en vont volants.
Nous aussi donc troussons bagage,
Quittons la douceur du bocage,
Attendant que le printemps doux
Ici les ramènera tous,
Avec le gracieux Zéphyre
Qui de Borée ne craindra l'ire.
Allons, Phyllis, mignonne, allons,
Quittons désormais ces vallons,
Allons aux villes mieux garnies
Passer l'hiver aux compagnies.
Cependant adieu je vous dis,
Jardin, l'un de mes paradis.
Adieu, fontaine, adieu, rivages,
Adieu, de nos bois les ombrages ;
Adieu, Fresnaie, ore qui m'es
Plus chère que ne fut jamais
A roi sa maison sourcilleuse,
D'architecture merveilleuse.
Je m'en vais, mais je laisse en toi
Mon coeur, meilleure part de moi.
Najat- Nombre de messages : 1088
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Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Frêne hautain, forestier et champêtre...
Frêne hautain, forestier et champêtre
L'arbre premier de tant d'arbres divers,
L'arbre immortel au renom de mes vers,
L'arbre aux serpents toujours odieux maître ;
Le coudre rompt, mais tu te fais connaître
Propre à la guerre et jamais de travers
De toi tortu les monts ne sont couverts,
Ains haut et droit toujours as voulu naître ;
Je fais mes dards, pour tous mes arcs, de toi,
Les forestiers en font de même moi,
Et Panarèthe en fait les siens encore :
Phébus aussi en patronne ses traits,
Sa chaste soeur son carquois en décore,
Ainsi au bois as tous noms satisfaits.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Ici seul je me plains, Ô Fresnaie-au-Sauvage...
Ici seul je me plains, Ô Fresnaie-au-Sauvage,
A toi de mes ennuis ; et ce bois m'est témoin,
Ces champs et ces beaux prés, du lamentable soin
Qui souvent m'accompagne au bord de ce rivage.
Quand je me vois, Fresnaie, en ton bois, en l'ombrage,
Racontant ma tristesse en quelque sombre coin,
Je suis comme un rocher, hors du péril au loin,
Qui bien aise raconte un évité naufrage.
Je t'ai de mes aïeux : tandis que je serai,
Comme en lieu que plus j'aime, en toi je me plairai,
Si contraire ne m'est de Dieu la destinée,
Ulysse voyageant de même en divers lieux,
De Circe et Calipso refusa l'heur des dieux,
Pour revoir de plus près fumer sa cheminée.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Mon Du Pont Bellenger, ô que vous fûtes sage
Mon Du Pont Bellenger, ô que vous fûtes sage
D'avoir votre pays quitté pour quelque temps !
Depuis votre départ cent mille mal contents
Ont la France rempli d'une cruelle rage.
France, qui devient or' comme un désert sauvage
Par la barbare main de tant de combattants,
Les frères en leur sang leurs mains ensanglantant,
Contre leur mère encor exercent leur outrage.
Ô Saint Louis, reviens cette honte venger ;
Puisqu'on n'empêche point les Grands de l'outrager,
Rappelons les esprits de nos grands Charlemagnes !
Mais qu'en est-il besoin ? Ô France, il suffira,
Quand ton roi, pour vengeurs, les siens appellera,
Les siens qui peuvent plus que toutes les Espagnes.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Ô Vent plaisant, qui d'haleine odorante...
Ô Vent plaisant, qui d'haleine odorante
Embaumez l'air du baume de ces fleurs !
Ô Pré joyeux, où versèrent leurs pleurs
Le bon Damoete et la belle Amaranthe !
Ô Bois ombreux, ô Rivière courante,
Qui vis en bien échanger leurs malheurs,
Qui vis en joie échanger leurs douleurs,
Et l'une en l'autre une âme respirante !
L'âge or'leur fait quitter l'humain plaisir;
Mais, bien qu'ils soient touchés d'un saint désir
De rejeter tout amour en arrière,
Toujours pourtant un remord gracieux
Leur fait aimer, en voyant ces beaux lieux,
Ce Vent, ce Pré, ce Bois, cette Rivière.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Philis, quand je regarde au teins promt et leger
Philis, quand je regarde au tems promt et leger
Qui derobe soudain nos coulantes années,
Je commence à conter les saisons retournées,
Qui viennent tous les jours nos beaux jours abreger.
Car ja quarante fois nous avons veu loger
Le soleil au Lion des plus longues journées,
Depuis que nous avons nos amours demenées
Soubz la foy qui nous fist l'un à l'autre engager.
Et puis ainsi je dis : "O Dieu, qui tiens unie
De si ferme union nostre amitié benie,
Permets que jeune en nous ne vieillisse l'Amour ;
Permets qu'en t'invoquant, comme jusqu'à cet heure,
Augmente nostre Amour d'amour tousjour meilleure,
Et telle qu'au premier, soit-elle au dernier jour !"
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge
Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge,
D'amasser sur mon chef péchés dessus péchés ;
Des dons que tu m'avais dedans l'âme cachés,
Plaisant, je m'en servais à mon désavantage.
Maintenant que la neige a couvert mon visage,
Que mes prés les plus beaux sont fanés et fauchés,
Et que déjà tant d'ans ont mes nerfs desséchés,
Me ramentai le mal de mon âge volage.
Ne m'abandonne point : en ses ans les plus vieux,
Le sage roi des Juifs adora de faux dieux,
Pour complaire au désir des femmes étrangères.
Las ! fais qu'à ton honneur je puisse ménager
Le reste de mes ans, sans de toi m'étranger,
Et sans prendre plaisir aux fables mensongères.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE
- Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1535-1607)
Une belle Vestale habite au beau rivage
Une belle Vestale habite au beau rivage
D'Orne, où c'est qu'elle vit comme en un hermitage.
Quelquefois en son parc elle se sied au bois,
Gaillarde sur les eaux elle sort quelquefois,
Et quelquefois cueillant des fleurs toute pensive,
EIle en orne son sein, assise sur la rive.
Maintenant elle semble une Nymphe des eaux,
Maintenant des forests : et parmi les troupeaux
Bergere on la diroit, n'estoit que trop hautaine
Elle oit de nos flageols les chansons à grand'peine.
Jamais aviendra-t-il qu'elle change son coeur ?
Et que je puisse un jour, comme Arion vainqueur
Attira le daufin au doux son de sa lyre,
Qu'au son de ma musette à la fin je l'attire ?
Et qu'autre Orfé je face encor' marcher apres
(Pour cacher nos amours) les ombreuses forests.
Najat- Nombre de messages : 1088
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