Poésies:François de MALHERBE
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Poésies:François de MALHERBE
Rappel du premier message :
A la reine mère du roi pendant sa régence
Objet divin des âmes et des yeux,
Reine, le chef-d'oeuvre des
cieux :
Quels doctes vers me feront avouer
Digne de te louer ?
Les
monts fameux des vierges, que je sers
Ont-ils des fleurs en leurs
déserts,
Qui s'efforçant d'embellir ta couleur,
Ne ternissent la leur
?
Le Thermodon a su seoir autrefois,
Des reines au trône des rois
:
Mais que vit-il par qui soit débattu
Le prix à ta vertu ?
Certes
nos lis, quoique bien cultivés,
Ne s'étaient jamais élevés
Au point
heureux où les destins amis
Sous ta main les ont mis.
A leur odeur
l'Anglais se relâchant,
Notre amitié va recherchant :
Et l'Espagnol,
prodige merveilleux,
Cesse d'être orgueilleux.
De tous côtés nous
regorgeons de biens :
Et qui voit l'aise où tu nous tiens,
De ce vieux
siècle aux fables récité
Voit la félicité.
Quelque discord murmurant
bassement
Nous fit peur au commencement :
Mais sans effet presque il
s'évanouit,
Plutôt qu'on ne l'ouït.
Tu menaças l'orage paraissant
:
Et tout soudain obéissant,
Il disparut comme flots courroucés,
Que
Neptune a tancés.
Que puisses-tu, grand Soleil de nos jours,
Faire
sans fin le même cours :
Le soin du Ciel te gardant aussi bien,
Que nous
garde le tien.
Puisses-tu voir sous le bras de ton fils
Trébucher les
murs de Memphis :
Et de Marseille au rivage de Tyr
Son empire
aboutir.
Les voeux sont grands : mais avecque raison
Que ne peut
l'ardente oraison :
Et sans flatter ne sers-tu pas les dieux,
Assez pour
avoir mieux ?
- François de MALHERBE
(1555-1628)
A la reine mère du roi pendant sa régence
Objet divin des âmes et des yeux,
Reine, le chef-d'oeuvre des
cieux :
Quels doctes vers me feront avouer
Digne de te louer ?
Les
monts fameux des vierges, que je sers
Ont-ils des fleurs en leurs
déserts,
Qui s'efforçant d'embellir ta couleur,
Ne ternissent la leur
?
Le Thermodon a su seoir autrefois,
Des reines au trône des rois
:
Mais que vit-il par qui soit débattu
Le prix à ta vertu ?
Certes
nos lis, quoique bien cultivés,
Ne s'étaient jamais élevés
Au point
heureux où les destins amis
Sous ta main les ont mis.
A leur odeur
l'Anglais se relâchant,
Notre amitié va recherchant :
Et l'Espagnol,
prodige merveilleux,
Cesse d'être orgueilleux.
De tous côtés nous
regorgeons de biens :
Et qui voit l'aise où tu nous tiens,
De ce vieux
siècle aux fables récité
Voit la félicité.
Quelque discord murmurant
bassement
Nous fit peur au commencement :
Mais sans effet presque il
s'évanouit,
Plutôt qu'on ne l'ouït.
Tu menaças l'orage paraissant
:
Et tout soudain obéissant,
Il disparut comme flots courroucés,
Que
Neptune a tancés.
Que puisses-tu, grand Soleil de nos jours,
Faire
sans fin le même cours :
Le soin du Ciel te gardant aussi bien,
Que nous
garde le tien.
Puisses-tu voir sous le bras de ton fils
Trébucher les
murs de Memphis :
Et de Marseille au rivage de Tyr
Son empire
aboutir.
Les voeux sont grands : mais avecque raison
Que ne peut
l'ardente oraison :
Et sans flatter ne sers-tu pas les dieux,
Assez pour
avoir mieux ?
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Mes yeux, ...
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Mes yeux, ...
Mes yeux, vous m'êtes superflus ;
Cette beauté qui m'est
ravie,
Fut seule ma vue et ma vie,
Je ne vois plus, ni ne vis plus.
Qui
me croit absent, il a tort,
Je ne le suis point, je suis mort.
O qu'en
ce triste éloignement,
Où la nécessité me traîne,
Les dieux me témoignent
de haine,
Et m'affligent indignement.
Qui me croit absent, il a
tort,
Je ne le suis point, je suis mort.
Quelles flèches a la
douleur
Dont mon âme ne soit percée ?
Et quelle tragique pensée
N'est
point en ma pâle couleur ?
Qui me croit absent, il a tort,
Je ne le suis
point, je suis mort.
Certes, où l'on peut m'écouter,
J'ai des respects
qui me font taire ;
Mais en un réduit solitaire,
Quels regrets ne fais-je
éclater ?
Qui me croit absent, il a tort,
Je ne le suis point, je suis
mort.
Quelle funeste liberté
Ne prennent mes pleurs et mes
plaintes,
Quand je puis trouver à mes craintes
Un séjour assez écarté
?
Qui me croit absent, il a tort,
Je ne le suis point, je suis
mort.
Si mes amis ont quelque soin
De ma pitoyable aventure,
Qu'ils
pensent à ma sépulture ;
C'est tout ce de quoi j'ai besoin.
Qui me croit
absent, il a tort,
Je ne le suis point, je suis mort.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
Date d'inscription : 08/10/2008
Paraphrase du psaume CXLV
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Paraphrase du psaume CXLV
N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;
Sa lumière
est un verre, et sa faveur une onde
Que toujours quelque vent empêche de
calmer.
Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre ;
C'est Dieu qui
nous fait vivre,
C'est Dieu qu'il faut aimer.
En vain, pour satisfaire
à nos lâches envies,
Nous passons près des rois tout le temps de nos
vies
A souffrir des mépris et ployer les genoux.
Ce qu'ils peuvent n'est
rien; ils sont comme nous sommes,
Véritablement hommes,
Et meurent comme
nous.
Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière
Que cette
majesté si pompeuse et si fière
Dont l'éclat orgueilleux étonne l'univers
;
Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines
Font encore les
vaines,
Ils sont mangés des vers.
Là se perdent ces noms de maîtres de
la terre,
D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre ;
Comme ils n'ont
plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs ;
Et tombent avec eux d'une
chute commune
Tous ceux que leur fortune
Faisait leurs
serviteurs.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
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Date d'inscription : 08/10/2008
Plainte
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Plainte
C'est faussement qu'on estime,
Qu'il ne soit point de
beautés,
Où ne se trouve le crime
De se plaire aux nouveautés.
Si
Madame avait envie,
De brûler de feux divers,
Serait-elle pas
suivie
Des yeux de tout l'univers ?
Est-il courage si brave
Qui ne
pense avoir raison,
De se rendre son esclave
Et languir en sa prison
?
Toutefois cette belle âme,
A qui l'honneur sert de loi,
Ne fuit
rien tant que le blâme,
D'aimer un autre que moi.
Tous les charmes de
langage,
Dont l'on s'offre à la servir
Me l'assurent davantage,
Au lieu
de me la ravir.
Aussi ma gloire est si grande
D'un acquêt si
précieux,
Que je ne sais quelle offrande
M'en peut acquitter aux
cieux.
Tout le soin qui me demeure,
N'est que d'obtenir du sort
Que
ce qu'elle est à cette heure,
Elle soit jusqu'à la mort.
Quant à moi
quoi qu'elle fasse,
L'astre d'où naissent les jours,
Courra dans un autre
espace,
Quand j'aurai d'autres amours.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
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Pour elle-même
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Pour elle-même
N'égalons point cette petite,
Aux déesses que nous
récite
L'histoire des siècles passés.
Tout cela n'est qu'une chimère
:
Il faut dire pour dire assez,
Elle est belle comme sa mère.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Pour la guérison de Chrysante
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Pour la guérison de Chrysante
Les destins sont vaincus, et le flux de mes larmes
De leur main
insolente a fait tomber les armes ;
Amour en ce combat a reconnu ma foi
;
Lauriers, couronnez-moi.
Quel penser agréable a soulagé mes
plaintes,
Quelle heure de repos a diverti mes craintes,
Tant que du cher
objet en mon âme adoré
Le péril a duré ?
J'ai toujours vu Madame avoir
toutes les marques
De n'être point sujette à l'outrage des Parques ;
Mais
quel espoir de bien en l'excès de ma peur
N'estimais-je trompeur
?
Aujourd'hui c'en est fait, elle est toute guérie,
Et les soleils
d'avril peignant une prairie,
En leurs tapis de fleurs n'ont jamais
égalé
Son teint renouvelé.
Je ne la vis jamais si fraîche, ni si belle
;
Jamais de si bon coeur je ne brûlai pour elle,
Et ne pense jamais avoir
tant de raison
De bénir ma prison.
Dieux, dont la providence et les
mains souveraines,
Terminant sa langueur, ont mis fin à mes peines,
Vous
saurais-je payer avec assez d'encens
L'aise que je ressens ?
Après une
faveur si visible et si grande,
Je n'ai plus à vous faire aucune autre
demande ;
Vous m'avez tout donné redonnant à mes yeux
Ce chef-d'oeuvre des
cieux.
Certes vous êtes bons, et combien de nos crimes
Vous donnent
quelquefois des courroux légitimes,
Quand des coeurs bien touchés vous
demandent secours,
Ils l'obtiennent toujours.
Continuez, grands dieux,
et ne faites pas dire,
Ou que rien ici-bas ne connaît votre empire,
Ou
qu'aux occasions les plus dignes de soins,
Vous en avez le
moins.
Donnez-nous tous les ans des moissons redoublées,
Soient
toujours de nectar nos riviêres comblées ;
Si Chrysante ne vit, et ne se
porte bien,
Nous ne vous devons rien.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Pour le premier ballet de monseigneur...
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Pour le premier ballet de monseigneur le Dauphin. Au roi Henri le grand
Voici de ton Etat la plus grande merveille,
Ce fils où ta vertu
reluit si vivement ;
Approche-toi, mon prince, et vois le mouvement
Qu'en
ce jeune Dauphin la musique réveille.
Qui témoigna jamais une si juste
oreille
A remarquer des tons le divers changement ?
Qui jamais à les
suivre eut tant de jugement,
Ou mesura ses pas d'une grâce pareille
?
Les esprits de la cour s'attachant par les yeux
A voir en cet objet
un chef-d'oeuvre des cieux,
Disent tous que la France est moins qu'il ne
mérite ;
Mais moi que du futur Apollon avertit,
Je dis que sa grandeur
n'aura point de limite,
Et que tout l'univers lui sera trop petit.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
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Date d'inscription : 08/10/2008
Pour les pairs de France
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Pour les pairs de France, assaillants au combat de barrière
Et quoi donc ? la France féconde
En incomparables
guerriers,
Aura jusqu'aux deux bouts du monde
Planté des forêts de
lauriers,
Et fait gagner à ses armées
Des batailles si renommées,
Afin
d'avoir cette douleur
D'ouïr démentir ses victoires,
Et nier ce que les
histoires
Ont publié de sa valeur ?
Tant de fois le Rhin et la
Meuse,
Par nos redoutables efforts
Auront vu leur onde
écumeuse
Regorger de sang et de morts ;
Et tant de fois nos
destinées
Des Alpes et des Pyrénées
Les sommets auront fait
branler,
Afin que je ne sais quels Scythes,
Bas de fortune et de
mérites,
Présument de nous égaler ?
Non, non, s'il est vrai que nous
sommes
Issus de ces nobles aïeux,
Que la voix commune des hommes
A fait
asseoir entre les dieux ;
Ces arrogants, à leur dommage,
Apprendront un
autre langage ;
Et dans leur honte ensevelis
Feront voir à toute la
terre,
Qu'on est brisé comme du verre
Quand on choque les fleurs de
lis.
Henri, l'exemple des monarques,
Les plus vaillants et les
meilleurs,
Plein de mérites et de marques,
Qui jamais ne furent ailleurs
;
Bel astre vraiment adorable,
De qui l'ascendant favorable
En tous
lieux nous sert de rempart,
Si vous aimez votre louange,
Désirez-vous pas
qu'on la venge
D'une injure où vous avez part ?
Ces arrogants, qui se
défient
De n'avoir pas de lustre assez,
Impudemment se glorifient
Aux
fables des siècles passés ;
Et d'une audace ridicule,
Nous content qu'ils
sont fils d'Hercule,
Sans toutefois en faire foi ;
Mais qu'importe-t-il
qui puisse être
Ni leur père ni leur ancêtre,
Puisque vous êtes notre Roi
?
Contre l'aventure funeste
Que leur garde notre courroux,
Si
quelque espérance leur reste,
C'est d'obtenir grâce de vous ;
Et confesser
que nos épées,
Si fortes et si bien trempées
Qu'il faut leur céder, ou
mourir,
Donneront à votre couronne
Tout ce que le Ciel environne,
Quand
vous le voudrez acquérir.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Prosopopée D'ostende
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Prosopopée D'ostende
Trois ans déjà passés, théâtre de la guerre,
J'exerce de deux
chefs les funestes combats,
Et fais émerveiller tous les yeux de la
terre,
De voir que le malheur ne m'ose mettre à bas.
A la merci du
Ciel en ces rives je reste,
Où je souffre l'hiver froid à
l'extrémité,
Lors que l'été revient, il m'apporte la peste,
Et le glaive
est le moins de ma calamité.
Tout ce dont la fortune afflige cette
vie
Pêle-mêle assemblé, me presse tellement,
Que c'est parmi les miens
être digne d'envie,
Que de pouvoir mourir d'une mort seulement.
Que
tardez-vous, Destins, ceci n'est pas matière,
Qu'avecque tant de doute il
faille décider :
Toute la question n'est que d'un cimetière,
Prononcez
librement qui le doit posséder.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Quel astre malheureux
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Quel astre malheureux ...
Quel astre malheureux ma fortune a bâtie ?
A quelles dures lois
m'a le Ciel attaché,
Que l'extrême regret ne m'ait point empêché
De me
laisser résoudre à cette départie ?
Quelle sorte d'ennuis fut jamais
ressentie
Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ?
Qui jamais vit
coupable expier son péché,
D'une douleur si forte, et si peu divertie
?
On doute en quelle part est le funeste lieu
Que réserve aux damnés
la justice de Dieu,
Et de beaucoup d'avis la dispute en est pleine
:
Mais sans être savant, et sans philosopher,
Amour en soit loué, je
n'en suis point en peine :
Où Caliste n'est point, c'est là qu'est mon
enfer.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Quelques louanges nonpareiIles
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Quelques louanges nonpareiIles
Quelques louanges nonpareiIles
Qu'ait Apelle encor
aujourd'hui,
Cet ouvrage plein de merveilles
Met Rabel au-dessus de
lui.
L'art y surmonte la nature,
Et si mon jugement n'est vain,
Flore lui conduisait la main
Quand il faisait cette
peinture.
Certes il a privé mes yeux
De l'objet qu'ils aiment le
mieux,
N'y mettant point de marguerite
Mais pouvait-il être ignorant
Qu'une fleur de tant de mérite
Aurait terni le demeurant.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Quoi donc c'est un arrêt ...
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Quoi donc c'est un arrêt ...
Quoi donc c'est un arrêt qui n'épargne personne
Que rien n'est
ici-bas heureux parfaitement,
Et qu'on ne peut au monde avoir
contentement,
Qu'un funeste malheur aussitôt n'empoisonne.
La santé de
mon prince en la guerre était bonne :
Il vivait aux combats comme en son
élément :
Depuis que dans la paix il règne absolument
Tous les jours la
douleur quelque atteinte lui donne.
Dieu ! à qui nous devons ce miracle
des rois,
Qui du bruit de sa gloire, et de ses justes lois
Invite à
l'adorer tous les yeux de la terre,
Puisque seul après vous il est notre
soutien,
Quelques malheureux fruits que produise la guerre,
N'ayons jamais
la paix, et qu'il se porte bien.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Quoi donc, ma lâcheté...
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Quoi donc, ma lâcheté..
Quoi donc, ma lâcheté sera si criminelle ?
Et les voeux que
j'ai faits pourront si peu sur moi,
Que je quitte Madame, et démente la
foi
Dont je lui promettais une amour éternelle ?
Que ferons-nous, mon
coeur, avec quelle science,
Vaincrons-nous les malheurs qui nous sont
préparés ?
Courrons-nous le hasard comme désespérés ?
Ou nous
résoudrons-nous à prendre patience ?
Non, non, quelques assauts que me
donne l'envie
Et quelques vains respects qu'allègue mon devoir,
Je ne
céderai point, que de même pouvoir
Dont on m'ôte Madame, on ne m'ôte la
vie.
Bien sera-ce à jamais renoncer à la joie,
D'être sans la beauté
dont l'objet m'est si doux
Mais qui m'empêchera qu'en dépit des
jaloux
Avecque le penser mon âme ne la voie ?
Le temps qui toujours
vole, et sous qui tout succombe
Fléchira cependant l'injustice du sort,
Ou
d'un pas insensible avancera la mort,
Qui bornera ma peine au repos de la
tombe.
La fortune en tous lieux, à l'homme est dangereuse ;
Quelque
chemin qu'il tienne il trouve des combats ;
Mais des conditions où l'on vit
ici-bas,
Certes celle d'aimer est la plus malheureuse.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Sur la mort d'un gentilhomme
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Sur la mort d'un gentilhomme qui fut assassiné
Belle âme, aux beaux travaux sans repos adonnée,
Si parmi tant
de gloire et de contentement
Rien te fâche là-bas, c'est l'ennui
seulement
Qu'un indigne trépas ait clos ta destinée.
Tu penses que
d'Yvry la fatale journée,
Où ta belle vertu parut si clairement,
Avecque
plus d'honneur et plus heureusement
Aurait de tes beaux jours la carrière
bornée.
Toutefois, bel esprit, console ta douleur ;
Il faut par la
raison adoucir le malheur,
Et telle qu'elle vient prendre son
aventure.
Il ne se fit jamais un acte si cruel ;
Mais c'est un
témoignage à la race future,
Qu'on ne t'aurait su vaincre en un juste duel.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Sur le mariage du roi et de la reine
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Sur le mariage du roi et de la reine
Mopse, entre les devins l'Apollon de cet âge
Avait toujours
fait espérer
Qu'un soleil qui naîtrait sur les rives du Tage,
En la terre
du lis nous viendrait éclairer.
Cette prédiction semblait une
aventure
Contre le sens et le discours,
N'étant pas convenable aux règles
de nature
Qu'un soleil se levât où se couchent les jours.
Anne qui de
Madrid fut l'unique miracle,
Maintenant l'aise de nos yeux,
Au sein de
notre Mars satisfait à l'oracle,
Et dégage envers nous la promesse des
cieux.
Bien est-elle un soleil : et ses yeux adorables,
Déjà vus de
tout l'horizon
Font croire que nos maux seront maux incurables,
Si d'un si
beau remède ils n'ont leur guérison.
Quoi que l'esprit y cherche il n'y
voit que des chaînes
Qui le captivent à ses lois :
Certes c'est à
l'Espagne à produire des reines,
Comme c'est à la France à produire des
rois.
Heureux couple d'amants, notre grande Marie
A pour vous combattu
le sort :
Elle a forcé les vents, et dompté leur furie ;
C'est à vous de
goûter les délices du port.
Goûtez-le, beaux esprits, et donnez
connaissance,
En l'excès de votre plaisir,
Qu'à des coeurs bien touchés
tarder la jouissance,
C'est infailliblement leur croître le désir.
Les
fleurs de votre amour dignes de leur racine,
Montrent un grand
commencement,
Mais il faut passer outre, et des fruits de Lucine,
Faire
avoir à nos voeux leur accomplissement.
Réservez le repos à ces vieilles
années
Par qui le sang est refroidi :
Tout le plaisir des jours est en
leurs matinées :
La nuit est déjà proche à qui passe midi.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
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Date d'inscription : 08/10/2008
Vers funèbres
- François de MALHERBE
(1555-1628)
Vers funèbres sur la mort de Henri le Grand
Enfin l'ire du ciel et sa fatale envie,
Dont j'avais repoussé
tant d'injustes efforts,
Ont détruit ma fortune, et, sans m'ôter la vie,
M'ont mis entre les morts.
Henri, ce grand Henri, que les soins de
nature
Avaient fait un miracle aux yeux de l'univers
Comme un homme
vulgaire est dans la sépulture
A la merci des vers !
Belle âme, beau
patron des célestes ouvrages,
Qui fus de mon espoir l'infaillible recours,
Quelle nuit fut pareille aux funestes ombrages
Où tu laisses mes jours
!
C'est bien à tout le monde une commune plaie,
Et le malheur que
j'ai, chacun l'estime sien ;
Mais en quel autre coeur est la douleur si
vraie
Comme elle est dans le mien ?...
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
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