Poésies:François MALAVAL
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Poésies:François MALAVAL
- François MALAVAL
(1627-1719)
Élévation en voyant une fontaine
Cette claire fontaine,
Coulant de veine en veine,
Vient du
sein de la mer,
Et par d'autres canaux rejoint son centre cher.
Et
d'où viens-tu, mon âme ?
Je me ravis, je pâme :
C'est de Dieu que tu
viens,
Abîme-toi dans Dieu, l'océan de tes biens.
Comme cette eau, tu
coules,
Comme cette eau, tu roules,
Mais par des sentiers faux.
Ainsi
tu cours toujours sans trouver ton repos.
Qui rend cette eau si claire ?
Qui la rend salutaire ?
C'est qu'elle ne prend rien
Ni d'âpre ni
d'amer des lieux dont elle vient.
Tel juste dans le monde
Est plus
pur que cette onde,
Il laisse tout couler :
Jamais avec la terre on ne le
voit mêler.
Va, belle eau, dans ta source,
Mais au bout de ta course,
Porte un tribut pour moi :
Rends à Dieu dans la mer l'hommage de ma
foi.
Dis-lui dans ton murmure
Qu'il m'envoie une eau pure,
Et
qu'au fort des travaux
Je me perde dans lui, comme toi dans ses
flots.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Élévation sur le zéphyr
- François MALAVAL
(1627-1719)
Élévation sur le zéphyr
Très doux zéphyr qui caresses les fleurs,
Viens modérer les
trop vives chaleurs
Que je souffre en mon coeur pour le Dieu qui t'anime
:
La douceur de sa paix en ta fraîcheur s'exprime.
Non, Dieu n'est
point dans un orage affreux
Qui brise un roc et le cèdre orgueilleux ;
Sans troubler son amour s'insinue en notre âme,
Et sans la travailler,
la parfume et l'enflamme.
Dis-moi, zéphyr, d'où vient ton mouvement ?
D'où vient l'odeur qui te rend si charmant ?
Tu parfumes les champs sans
connaître ta course ;
Et moi, de mes douceurs, je ne vois point la
source.
Va du Seigneur poursuivre les desseins,
Vent des amours,
n'emporte que des saints
Et fais sentir partout où ton souffle repose
Que
les charmes parfaits, c'est Dieu seul qui les cause.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
L'amour de son néant
- François MALAVAL
(1627-1719)
L'amour de son néant
Mon centre est le néant, c'est un vrai lieu de paix.
L'imposture et l'erreur ne s'y trouvent jamais.
Lorsque je ne veux rien,
l'ennemi se retire,
Il ne sait où me prendre, il ne sait que me dire.
Quand il veut raisonner, je ne l'écoute pas,
Quand il flatte mes sens,
je sais me tenir bas.
Que ce néant est beau ! qu'il est doux et tranquille.
Ce néant me fait voir que je suis inutile,
Que je n'ai rien de bon, et
que je ne puis rien ;
Que je n'ai de mon fonds ni force ni soutien ;
Que
tout mon être humain n'est qu'un flux d'inconstance.
Ainsi Dieu parait mieux
mon unique assistance.
C'est beaucoup de faveur qu'il me lance un regard.
S'il ne me donne rien, le néant est ma part ;
Souvent de l'oraison toute
l'heure est passée,
Que je ne sens en moi ni désir ni pensée ;
S'il m'en
vient, c'est un trait de sa bénignité,
Ainsi je vois sa grâce, et mon
indignité.
Lorsque je suis, stérile, une retraite entière,
Mon néant me
tient lieu d'attrait et de lumière,
Et je me réjouis par un élan de foi
Qu'en Dieu tout bien se trouve, et le néant en moi.
Laissez-moi mon
néant, jouissez de votre être,
Seigneur, tout mon repos est de me bien
connaître.
Vous n'êtes que grandeur, que gloire et que bonté,
Et moi
rien par nature, et rien de volonté.
À vous seul tout hommage, à vous seul
toute gloire,
Et moi de mon néant je chéris la mémoire.
Dieu, vivez dans
vous-même, et moi dans mon néant
Que je sois toujours bas, et mon Dieu
toujours grand. [...]
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
L'usage du temps
- François MALAVAL
(1627-1719)
L'usage du temps
L'homme n'a rien du temps que l'instant qu'il possède,
Quand
le temps est perdu, sa perte est sans remède :
Après tant d'embarras, tant de
peine et de bruit,
On se trouve à la fin et sans temps et sans fruit.
Chacun se donne en proie au siècle qui l'entraîne,
Au plaisir qui
l'amuse, au dessein qui le gêne,
Et comme s'il régnait une fatale loi,
Chacun fait ce qu'il peut pour n'être point à soi.
Homme trop partagé,
possède-toi toi-même,
Fais servir tout le temps à ton bonheur suprême
:
Chaque instant recueilli te vaut l'éternité.
Ne perds point tant de
biens après la vanité.
N'attends pas à demain ; prends pour toi la journée
:
Celle que l'on possède est la plus fortunée.
Le présent te regarde, et
non pas l'avenir
Ne laisse point couler ce que tu peux tenir.
L'avare ne
dit point : à demain la fortune ;
Il prend pour amasser la rencontre
opportune.
Il abandonne au temps son esprit et son corps.
Le temps est
son grand bien, le fond de ses trésors.
De notre illusion l'oubli du temps
dérive.
De nos sens enchantés la fausse perspective
Nous montre de bien
loin la mort et le tombeau ;
Et l'homme après un siècle à mourir est
nouveau.
Ainsi perdant les jours, et comptant par années,
Cent ans dans
son erreur ne sont que cent journées.
Le temps pousse le temps d'un
insensible effort :
Et vivre, c'est toujours s'approcher de la mort.
[...]
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Les leçons du miroir
- François MALAVAL
(1627-1719)
Les leçons du miroir
Que cette glace est belle,
Qu'elle est nette et fidèle
:
Elle exprime un visage, et ne le flatte point.
Mais je porte dans l'âme
Un cristal qui m'enflamme :
Dieu me sert de miroir, de juge et de
témoin.
Mon miroir quoiqu'utile
Est un miroir stérile :
Il ne me
fait rien voir que ce qu'il prend de moi.
Dieu, miroir très sublime,
En
m'exprimant s'imprime,
Me fait voir qui je suis, et ce qu'il est en
soi.
Mon miroir n'est que verre,
Et je ne suis que terre :
Le
miroir et l'objet ont tous deux même sort.
Mais cet objet suprême
Se
laisse voir lui-même,
Et je l'admirerai encore après ma mort.
La
transparence et l'ombre
Le rendent clair et sombre :
L'un reçoit mon
image, et l'autre le produit.
Seigneur, que je connaisse
Vos vertus, ma
faiblesse,
Qu'en moi tout est nuage, et qu'en vous tout reluit.
[...]
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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