Poèmes : Angoisse
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KAMEL
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Poèmes : Angoisse
Rappel du premier message :
Angoisse
Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser:
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:
Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M’a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité
Par un coeur que la dent d’aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
Stéphane Mallarmé
Angoisse
Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser:
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:
Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M’a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité
Par un coeur que la dent d’aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
Stéphane Mallarmé
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
C'est un petit vallon...
(A. Lamartine)
Mon coeur lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses voeux importuner le sort ; Prêtez-moi seulement le vallon de mon enfance Un asile d'un jour pour attendre la mort. |
Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée, Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée , Me couvrent tout entier de silence et de paix. |
Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure Tracent en serpentant les contours du vallon ; Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure, Et non loin de leur source ils se perdent sans nom. |
La source de mes jours comme eux s'est écoulée Elle a passé sans bruit, sans nom et sans retour. Mais leur onde est limpide et mon âme est troublée N'aura pas réfléchi les clartés d'un beau jour. |
La fraîcheur de leurs lits, l'ombre qui les couronne, M'enchaînent tout le jour sur les bords des ruisseaux ; Comme un enfant bercé par un chant monotone, Mon âme s'assoupit au murmure des eaux. |
Ah! c'est là qu'entouré d'un rempart de verdure, D'un horizon borné qui suffit à mes yeux, J'aime à fixer mes pas et seul dans la nature, A n'entendre que l'onde, à ne voir que les cieux. |
Repose-toi, mon âme en ce dernier asile, Ainsi qu'un voyageur, qui le coeur plein d'espoir S'assied avant d'entrer aux portes de la ville Et respire un moment l'air embaumé du soir. |
Comme lui, de nos pieds secouons la poussière ; L'homme par ce chemin ne repasse jamais : Comme lui, respirons au bout de la carrière Ce calme avant-coureur de l'éternelle paix. |
Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime ; Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours ; Quand tout change pour toi, la nature est la même, Et même le soleil se lève sur tes jours. |
Suis le jour dans le ciel, suis l'ombre sur la terre, Dans les plaines de l'air, vole avec l'Aquilon, Avec les doux rayons de l'astre du mystère Glisse à travers les bois, dans l'ombre du vallon. |
Dieu pour le concevoir, a fait l'intelligence ; Sous la nature enfin découvre son auteur ! Une voix à l'esprit parle dans son silence, Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur ? |
rayane- Nombre de messages : 1418
Date d'inscription : 23/09/2008
Honoré d' URFÉ: chanson
- (1567-1625)
Chanson
Dessus les bords d'une fontaine
D'humide mousse revêtus,
Dont l'onde à maints replis tortus
S'allait égarant dans la plaine,
Un berger se mirant en l'eau
Chantait ces vers au chalumeau :
Cessez un jour, cessez, la belle,
Avant ma mort d'être cruelle.
Se peut-il qu'un si grand supplice
Que pour vous je souffre en aimant,
Si les dieux sont faits de justice,
Soit enfin souffert vainement ?
Peut-il être qu'une amitié
N'émeuve jamais à pitié,
Même quand l'amour est extrême,
Comme est celle dont je vous aime ?
Ces yeux de qui les mignardises
M'ont souvent contraint d'espérer,
Encores que plein de feintises,
Veulent-ils bien se parjurer ?
Ils m'ont dit souvent que son coeur
Quitterait enfin sa rigueur,
Accordant à ce faux langage
Le reste de son beau visage.
Mais quoi ? les beaux yeux des bergères
Se trouveront aussi trompeurs
Que des cours les attraits pipeurs ?
Doncques ces beautés bocagères,
Quoique sans fard dessus le front,
Dedans le coeur se farderont
Et n'apprendront en leurs écoles
Qu'à ne donner que des paroles ?
C'est assez, il est temps, ma belle,
De finir cette cruauté,
Et croyez que toute beauté
Qui n'a la douceur avec elle,
C'est un oeil qui n'a point de jour,
Et qu'une belle sans amour,
Comme indigne de cette flamme,
Ressemble un corps qui n'a point d'âme.
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
Chanson de l'inconstant Hylas
- Honoré d' URFÉ (1567-1625)
Si l'on me dédaigne, je laisse
La cruelle avec son dédain,
Sans que j'attende au lendemain
De faire nouvelle maîtresse ;
C'est erreur de se consumer
À se faire par force aimer.
Le plus souvent ces tant discrètes
Qui vont nos amours méprisant
Ont au coeur un feu plus cuisant ;
Mais les flammes en sont secrètes,
Que pour d'autres nous allumons,
Cependant que nous les aimons.
Le trop fidèle opiniâtre,
Qui, déçu de sa loyauté,
Aime une cruelle beauté,
Ne semble-t-il point l'idolâtre,
Qui de quelque idole impuissant
Jamais le secours ne ressent ?
On dit que qui ne se lasse
De longuement importuner,
Par force enfin se fait donner ;
Mais c'est avoir mauvaise grâce,
Quoi qu'on puisse avoir de quelqu'un,
Que d'être toujours importun.
Voyez-les, ces amants fidèles,
Ils sont toujours pleins de douleurs.
Les soupirs, les regrets, les pleurs
Sont leurs contenances plus belles,
Et semble que pour être amants,
Il faille plaindre seulement.
Celui doit-il s'appeler homme
Qui, l'honneur de l'homme étouffant,
Pleure tout ainsi qu'un enfant
Pour la perte de quelque pomme ?
Ne faut-il plutôt le nommer
Un fol qui croit de bien aimer ?
Moi qui veux fuir ces sottises
Qui ne donnent que de l'ennui,
Sage par le malheur d'autrui
J'use toujours de mes franchises,
Et ne puis être mécontent
Que l'on m'en appelle inconstant.
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
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