D’un autre corps céleste: Dunya Mikhail
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D’un autre corps céleste: Dunya Mikhail
Poésie à partager
D’un autre corps céleste: Dunya Mikhail (Iraq)
D’un autre corps céleste
Je roule vers l’infini
Et pars dans « une rivière sans retour »
Portant des filets invisibles
Je pêche tous les chiffres que je rencontre
Et les jette au seul zéro
Je m’assois sur la mort
Comme si j’étais nuage de fumée
Et pleure
Car l’orange dont l’écorce est faite de nos rires
N’est nullement le globe terrestre.
Les ruines du Chaldéen
Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui
sept jours et sept nuits, sans lui dire une parole,
car ils voyaient combien sa douleur était grande.
Le Livre de Job
Ascète
Il sort du sein de sa mère vers la tombe.
Ses jours ne se comptent guère sur le calendrier
Et il ne ramasse nulle miette des choses dispersées .
Jamais les séismes ne le secouent
Et n’indiquent la mort sans lui.
A-il vu le jour avant la poussière ou après son cri?
Du vent a soufflé
Et aucun arbre n’a tremblé.
Ils ont dit: Ce n'était pas du vent
Mais les soupirs
De ce Chaldéen ému.
Ce n'était pas un arbre
Mais les troncs de son village qui ont grandi.
Asséché
Il verse l'eau dans les plaines,
Puis hurle sur la colline
Se satisfaisant d’obscurité le jour.
Errant
L’exil l’oppresse
Et jette son écorce
aux gratte-ciel.
Dans l’attente
Il allume une bougie à la Vierge
Avec l’espoir qu’elle déplace les bornes dans sa direction
Alléluia ! Alléluia !
Il fête le retour de ses moutons
Et veille leurs sépultures jusqu' au point du jour
Embarrassé
Il retourne les montagnes dans ses mains
En quête d'une graine de patrie.
Loin de sa tente,
Il tire les cordes
Et sable, s’amoncelle
Dans les pays lointains.
Conservé en boite
Il écrit sur son front : Made in Ruins.
Il sent que le mot « ruines » suffit
Pour indiquer ce qui est arrivé ou va arriver.
Traduits de l’arabe par A. K. El Janabi et Mona HuertaD’un autre corps céleste: Dunya Mikhail (Iraq)
D’un autre corps céleste
Je roule vers l’infini
Et pars dans « une rivière sans retour »
Portant des filets invisibles
Je pêche tous les chiffres que je rencontre
Et les jette au seul zéro
Je m’assois sur la mort
Comme si j’étais nuage de fumée
Et pleure
Car l’orange dont l’écorce est faite de nos rires
N’est nullement le globe terrestre.
Les ruines du Chaldéen
Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui
sept jours et sept nuits, sans lui dire une parole,
car ils voyaient combien sa douleur était grande.
Le Livre de Job
Ascète
Il sort du sein de sa mère vers la tombe.
Ses jours ne se comptent guère sur le calendrier
Et il ne ramasse nulle miette des choses dispersées .
Jamais les séismes ne le secouent
Et n’indiquent la mort sans lui.
A-il vu le jour avant la poussière ou après son cri?
Du vent a soufflé
Et aucun arbre n’a tremblé.
Ils ont dit: Ce n'était pas du vent
Mais les soupirs
De ce Chaldéen ému.
Ce n'était pas un arbre
Mais les troncs de son village qui ont grandi.
Asséché
Il verse l'eau dans les plaines,
Puis hurle sur la colline
Se satisfaisant d’obscurité le jour.
Errant
L’exil l’oppresse
Et jette son écorce
aux gratte-ciel.
Dans l’attente
Il allume une bougie à la Vierge
Avec l’espoir qu’elle déplace les bornes dans sa direction
Alléluia ! Alléluia !
Il fête le retour de ses moutons
Et veille leurs sépultures jusqu' au point du jour
Embarrassé
Il retourne les montagnes dans ses mains
En quête d'une graine de patrie.
Loin de sa tente,
Il tire les cordes
Et sable, s’amoncelle
Dans les pays lointains.
Conservé en boite
Il écrit sur son front : Made in Ruins.
Il sent que le mot « ruines » suffit
Pour indiquer ce qui est arrivé ou va arriver.
***
Dunya Mikhail Auteur de divers recueils poétiques dont Le psaume de l’absence (1993) et La guerre s’applique avec constance (2001), Dunya Mikhaïl est née à Bagdad en 1965 et vit aujourd’hui aux états-Unis. Sans rhétorique et sans souci langagier, sa poésie capte l’invisible qui se cache derrière le feu et la souffrance
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: D’un autre corps céleste: Dunya Mikhail
The War Works Hard by Dunya Mikhail
Translated into French by Jean Migrenne
Translated into French by Jean Migrenne
La guerre fait florès
Voyez comme la guerre fait florès !
Quel abattage,
quelle efficacité !
Au petit matin
elle réveille les sirènes
envoie des ambulances
tous azimuts
catapulte des cadavres
pousse des brancards vers les blessés
fait tomber à verse
les larmes des mères,
labourant la terre
elle extirpe des décombres
tout ce qu'ils recouvraient
de matière inerte et luisante
ou bien pâle et palpitante
elle suscite toutes ces questions
dans l'esprit des enfants
divertit les dieux
à coup de feux d'artifice et fuse
jusqu'au firmament
semeuse de mines elle est
moissonneuse de trous et brûlures
elle exile les familles
elle est acolyte d'un clergé
qui maudit le démon
(quand les pauvres restent pris
la main dans la fournaise).
Inlassable, jour et nuit, la guerre
dicte aux tyrans
d'interminables discours
barde les généraux de médailles
souffle leurs thèmes aux poètes
fait tourner
les ateliers de prothèses
engraisse les mouches
grossit les manuels d'histoire
établit l'égalité
entre assassin
et assassiné
enseigne l'art des lettres d'amour
apprend aux jeunes femmes à attendre
emplit les journaux
d'articles et de photos
construit
de nouveaux orphelinats
stimule les fabricants de cercueils
et donne au fossoyeur éreinté
une tape amicale,
le dirigeant l'affiche en sourire.
Quelle ardeur hors pair!
Et dire que personne
ne chante sa louange.
Re: D’un autre corps céleste: Dunya Mikhail
Ahmad Fouad Najm vit dans la pauvreté matérielle mais brille de sa richesse et grandeur morales et intellectuelles.
voilà 3 de ses poèmes.
Quand le soleil se noie
Quand le soleil se noie dans une mer de brume,
Quand une vague de nuit déferle sur le monde,
Qaund la vue s’est éteinte dans les yeux et les coeurs,
Quand ton chemin se perd comme dans un labyrinthe,
Toi qui erres et qui cherches et qui comprends,
Tu n’as plus d’autre guide que les yeux des mots.
Élève tes palais
Tu peux élever tes palais sur nos champs
avec notre labeur et le travail de nos mains,
tu peux installer tes tripots près des usines
et des prisons à la place des jardins,
tu peux lâcher tes chiens dans les rues
et refermer sur nous tes prisons,
tu peux nous voler notre sommeil
nous avons dormi trop longtemps,
tu peux nous accabler de douleurs
nous avons été au bout de la souffrance.
A présent nous savons qui cause nos blessures,
nous nous sommes reconnus et nous sommes rassemblés,
ouvriers, paysans et étudiants ;
notre heure a sonné et nous nous sommes engagés
sur un chemin sans retour.
La victoire est à la portée de nos mains,
la victoire point à l’horizon de nos yeux.
Pater Nixon
T’es venu "Pater Nixon",
celui du Watergate,
ils t’ont fait de tas d’honneurs,
tous les exploiteurs du peuple,
ils t’ont pavoisé la voie la plus large,
de Ras-El-Tine(1) à La Mecque
et de là jusqu’à Acre.
Ils diront que t’as fait le pèlerinage.
Ce fut un cirque ambulant,
avec la bénédiction des parents du prophète.
A ton arrivée, tes espions ont préparé
une belle cérémonie d’exorcisme
où se trémoussent les putains
les pédés et les faux-jetons
et où Chambourèche(2) en personne
possédait la prêtresse ;
il y a de tas de processions
que suivent un cortège d’araignées
rampant en ordre hiérarchique
bien sûr.
Tes hôtes t’invitent
à croquer des bonbons et des douceurs
étant quelque peu naïf
t’as cru que nous étions une proie facile.
effondré(3), ils t’ont soutenu.
Invité indésirable
je te crache à la face
en guise de bienvenue.
Écoute et retiens ceci,
bien que t’en aies plus pour longtemps :
" Je ne te souhaite rien du tout,
ni de venir, ni de partir,
saches que la chair égyptienne
est corrosive là où elle passe
tant elle est nourrie de kochari(4)
de fèves à l’huile et aux charançons.
C’est un vrai cirque ambulant,
avec la bénédiction des parents du prophète.
***
(1) Ancien palais royal d’Alexandrie qui dépend actuellement de la Présidence de la République
(2) Allusion à la cérémonie d’exorcisme du "Zar" au cours de laquelle une exorciste, la "kodia", doit attirer en elle le démon qui envoûte la personne à guérir. Chambourèche étant le chef des démons.
(3) Allusion au scandale du Watergate.
(4) Mélange de pâtes, de lentilles et de riz. C’est le plat des pauvres
Source des poèmes traduits en français Al-Oufok
voilà 3 de ses poèmes.
Quand le soleil se noie
Quand le soleil se noie dans une mer de brume,
Quand une vague de nuit déferle sur le monde,
Qaund la vue s’est éteinte dans les yeux et les coeurs,
Quand ton chemin se perd comme dans un labyrinthe,
Toi qui erres et qui cherches et qui comprends,
Tu n’as plus d’autre guide que les yeux des mots.
Élève tes palais
Tu peux élever tes palais sur nos champs
avec notre labeur et le travail de nos mains,
tu peux installer tes tripots près des usines
et des prisons à la place des jardins,
tu peux lâcher tes chiens dans les rues
et refermer sur nous tes prisons,
tu peux nous voler notre sommeil
nous avons dormi trop longtemps,
tu peux nous accabler de douleurs
nous avons été au bout de la souffrance.
A présent nous savons qui cause nos blessures,
nous nous sommes reconnus et nous sommes rassemblés,
ouvriers, paysans et étudiants ;
notre heure a sonné et nous nous sommes engagés
sur un chemin sans retour.
La victoire est à la portée de nos mains,
la victoire point à l’horizon de nos yeux.
Pater Nixon
T’es venu "Pater Nixon",
celui du Watergate,
ils t’ont fait de tas d’honneurs,
tous les exploiteurs du peuple,
ils t’ont pavoisé la voie la plus large,
de Ras-El-Tine(1) à La Mecque
et de là jusqu’à Acre.
Ils diront que t’as fait le pèlerinage.
Ce fut un cirque ambulant,
avec la bénédiction des parents du prophète.
A ton arrivée, tes espions ont préparé
une belle cérémonie d’exorcisme
où se trémoussent les putains
les pédés et les faux-jetons
et où Chambourèche(2) en personne
possédait la prêtresse ;
il y a de tas de processions
que suivent un cortège d’araignées
rampant en ordre hiérarchique
bien sûr.
Tes hôtes t’invitent
à croquer des bonbons et des douceurs
étant quelque peu naïf
t’as cru que nous étions une proie facile.
effondré(3), ils t’ont soutenu.
Invité indésirable
je te crache à la face
en guise de bienvenue.
Écoute et retiens ceci,
bien que t’en aies plus pour longtemps :
" Je ne te souhaite rien du tout,
ni de venir, ni de partir,
saches que la chair égyptienne
est corrosive là où elle passe
tant elle est nourrie de kochari(4)
de fèves à l’huile et aux charançons.
C’est un vrai cirque ambulant,
avec la bénédiction des parents du prophète.
***
(1) Ancien palais royal d’Alexandrie qui dépend actuellement de la Présidence de la République
(2) Allusion à la cérémonie d’exorcisme du "Zar" au cours de laquelle une exorciste, la "kodia", doit attirer en elle le démon qui envoûte la personne à guérir. Chambourèche étant le chef des démons.
(3) Allusion au scandale du Watergate.
(4) Mélange de pâtes, de lentilles et de riz. C’est le plat des pauvres
Source des poèmes traduits en français Al-Oufok
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
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