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Juan Ramón Jiménez

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Message par lazhar Mar 30 Juil - 22:24

Juan Ramón Jiménez
reçut en 1956 le Prix Nobel de Littérature.
Inscrit dans le cycle du spiritualisme symboliste, selon l’expression de l’auteur, Pierre et Ciel (1919) témoigne d’un progrès décisif dans la conquête de la conscience par elle-même, entreprise déjà dans les recueils précédents : Été (1916), Sonnets spirituels (1917), Journal d’un poète jeune marié (1917), Éternités (1918).
“N’y touche plus ; / telle est la rose”. Par ce simple distique le poète définit son projet ou son aspiration. Dans cette coïncidence du nom et de la chose, l’écriture s’efforce, dans un équilibre fragile, d’exprimer aussi bien la sensation brutale – celle des choses ou de la pierre – que l’ivresse éperdue – celle du ciel ou de l’extase.

Je voudrais que mon livre
fût ainsi que le ciel, la nuit
toute vérité présente, sans histoire,
Qu’à chaque instant se donne, comme lui,
toute chose, avec ses étoiles…
lazhar
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Juan Ramón Jiménez Empty Juan Ramón Jiménez : Éternité

Message par lazhar Mar 30 Juil - 22:25

Juan Ramón Jiménez : Éternité

Beauté, connaissance, transcendance : le triple idéal qui oriente la vocation poétique de Juan Ramón Jiménez (1881-1958) est suggéré par la forme plurielle donnée à ce recueil, Éternités, publié en 1918. Après le Journal d’un poète nouveau marié et les Sonnets spirituels, parus en 1917, le poète a atteint la plénitude de sa puissance créatrice. Il s’y adonne avec ivresse : " Amour et poésie chaque jour ", telle est désormais sa devise. Ordonner le chaos de l’univers, tout en préservant la part de mystère inéluctable qui le constitue, chanter d’un même élan la femme, la nature ou l’idée, advenir à plus d’être ou à plus de conscience par le pouvoir d’une parole neuve et maîtrisée, proférée comme celle d’un dieu créateur, telle est l’ambition de l’auteur de ce livre : " Mon âme doit refaire/ le monde comme mon âme ". Loin de la conception formaliste de l’art, à laquelle Jiménez avait sacrifié dans sa première époque, l’écriture s’applique, comme une ascèse, à la " poésie nue ". Les émotions, les tourments ou les émerveillements de l’esprit devant le prodige des choses ou des êtres s’expriment ici selon divers registres, de la méditation à la divagation, de l’humour léger à l’extase comblée : " Je vis libre,/au centre/de moi-même/M’entoure un moment/infini, avec tout-sans les noms/encore ou déjà-. Éternel ! " Les échos multiples du monde extérieur, dans ces compositions, souvent d’une intense beauté, expriment ainsi, toujours, le même désir infini d’absolu : me mienne en douleur/ -éclats mystérieux !-/ de l’or dans l’ombre ! ". B.S.




Je ne sais avec quoi le dire
car ma parole
n'est pas encore faite.

Plénitude d'aujourd'hui
rameau en fleur de demain.
Mon âme s'apprête à refaire
le monde pareil à mon âme.





C'est tou un continent que l'œuvre de Juan Ramón Jiménez (...) c'est aussi, et il en avait pleinement conscience, un chemin à travers l'histoire de la poésie, un parcours du romantisme à la poésie pure, dont il était fier et dont néanmoins il a tenu curieusement à masquer les premiers pas. [...]
Sa trajectoire, il aurait aimé qu'on la lût comme une progression, une montée goethéenne vers la lumière. [...]
On perçoit fort bien ici, à travers l'heureuse traduction de Bernard Sesé, l'avancée de l'auteur vers une poésie dépouillée de tout ornement et la persistance néanmoins, dans la réitération de l'apostrophe, des charmants refrains de sa première manière.
Jacques Fressard, La Quinzaine Littéraire, 1/15 juillet 2000.


Le titre même, Éternités au pluriel, situe les enjeux de la poésie dans un dépassement du mysticisme religieux. Le sujet participe pleinement à la profondeur des choses en s’unissant à elles. Les poèmes ont pour sujet ces multiples rencontres avec le monde, avec l’Autre, dans lequel il perd un instant la conscience de son moi.
...C’est aussi une œuvre dont l’économie, la rigueur sans concession avec le beau style, sont d’une étonnante actualité. Le mérite de Bernard Sesé réside précisément dans la restitution de cette tension entre la fluidité du style et la brièveté, le laconisme de l’expression qui ne tombe jamais dans la sécheresse, grâce à la manière dont la phrase se développe sur deux, trois ou parfois quatre vers, de manière naturelle et souple.
Europe, avril 2001
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Message par lazhar Mar 30 Juil - 22:27

Les poèmes de Juan Ramón Jiménez qui suivent, écrit à partir de 1947, mais principalement de 1951 à 1954, ont pour constantes la sublimation de l’amour, le bonheur fragile, et surtout la mort et ce mystère : l’au-delà. Le titre du recueil, emprunté à un vers célèbre de Jorge Manrique, la suggère avec force. Certes, le thème n’est pas nouveau dans l’expression lyrique de Juan Ramón. Il correspondait à une terreur morbide née durant l’enfance, alors que fils heureux et choyé de riches viticulteurs, il perdit son père de mort subite, en 1900. Les conséquences furent un mal pulmonaire qui le conduisit durant cinq ans de sanatorium en sanatorium. La névrose d’une “mort imaginaire” est présente dès les premiers recueils et l’obséda toute sa vie, constituant l’un des pôles de sa poésie.
Mais ce qui avait été longtemps “imaginaire” devint avec les deuils ou leur menace et l’approche réelle de l’expérience entre le centre cruel de la recherche poétique. Pour cet homme qui n’avait vécu que pour et par la poésie, la mort ne devenait pas seulement une interrogation angoissée sur le destin d’un corps – le sien et celui des êtres chers – mais aussi sur l’avenir d’une œuvre élaborée avec soin, écrite patiemment, avec un regard extérieur et un regard intérieur sans cesse en éveil, comme une justification que l’on voudrait totale et indestructible de la vie.
Et pour se rassurer peut-être, le poète conçoit parfois que la mort, compagne de la vie, disparaît avec sa victime, et que c’est elle qui meurt vraiment, l’être humain renaissant, lui, dans les racines de la terre.
Le doute, avec sa petite lueur d’espoir clignotant de temps en temps dans l’obscurité du devenir, allait faire naître un livre qui est l’un des derniers chaînons d’une œuvre que son authenticité et les dons exceptionnels de son auteur placent au plus haut de la poésie universelle moderne.

Solitaire est la solitude
Seul la trouve qui, solitaire
trouve la vague solitaire
de l’océan où il se perd.


Maturité, maîtrise du langage poétique, n’altèrent ni n’apaisent l’élan premier, d’autant plus intact qu’il s’épure, trouve sa juste tonalité.
Extrait de Sur la terre comme au ciel par Patrick Kéchichian, Le Monde, 21 décembre 1990.
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Message par magda Mar 30 Juil - 22:58

أنا لست أنا.
أنا هذا
السائر بجانبي الذي لا أراه
الذي أكاد أحيانا أزوره
وفي أحيان أخرى أكاد أنساه.
هذا الذي يبقى صامتا عندما أتكلم
هذا الذي يُسامح عندما أحقد
هذا الذي يتنزه عندما أكون داخل البيت
هذا الذي سيبقى واقفا عندما أموت.
J’appelle poésie ce qui vous frappe comme un couteau au coeur. (après avoir lu le poème de Juan Ramón Jiménez: Yo no soy yo). Cioran

"Je ne suis pas moi.
Je suis celui
qui va à mes côtés sans le voir
que parfois je vais voir
et que parfois j’oublie.
Celui qui se tait serein quand je parle
celui qui doucement pardonne quand je hais
celui qui se promène où je ne suis pas
celui qui restera debout après ma mort."

***

Juan Ramón Jiménez (1881-1958)
magda
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Message par salwa jaafar Mer 31 Juil - 0:29

Espace réunit les thèmes et les symboles auxquels la création de Juan Ramón Jiménez (Espagnol, 1881-1958) doit sa continuité et sa richesse. Il se présente comme une synthèse autobiographique, une fugue lyrique du moi libéré d’un rationalisme en désaccord avec la vie, mais fort d’une vitalité sur laquelle se fonde la raison. Considéré comme un renouvellement du poème en prose, il constitue “un chant à la vie éternelle de la substance”.
“Maintenant, il y a trois ans que j’ai sous la plume un poème que j’appelle Espace et que je sous-titre Strophe ; j’en ai déjà écrit environ 150 pages qui se suivent sans interruption. Mais sans sujet, en une suite naturelle. Je crois que dans l’écriture poétique, comme en peinture ou en musique, le sujet est rhétorique, et a "ce qui reste", poésie. Mon rêve a toujours été d’être de plus en plus le poète de "ce qui reste", pour finir un jour par ne plus écrire. l’écrire n’est qu’une préparation à ne pas écrire, à l’état de grâce poétique, intellectuel ou sensible. Devenir poésie et non poète”.





PREMIER FRAGMENT

“Les dieux n’ont pas eu d’autre substance que celle que j’ai moi-même”. J’ai, comme eux, la substance de tout ce qui a été vécu et de tout ce qui reste à vivre. Je ne suis pas seulement un présent, mais une fugue torrentielle, de bout en bout. Et ce que je vois, de part et d’autre, dans cette fugue (avec des roses, des ailes brisées, de l’ombre et de la lumière) n’appartient qu’à moi, souvenir et désirs bien à moi, pressentiment, oubli. Qui sait mieux que moi, qui, quel homme ou quel dieu peut, a pu, ou pourra me dire à moi ce que sont ma vie et ma mort, ce qu’elles ne sont pas ? Si quelqu’un le sait, je le sais mieux que lui, et si quelqu’un l’ignore, mieux que lui je l’ignore. Une lutte entre cette ignorance et ce savoir, voilà ma vie, sa vie, voilà la vie. Passent des vents comme des oiseaux, des oiseaux comme des fleurs, des fleurs soleils et lunes, des lunes soleils comme moi, comme des âmes comme des corps, des corps comme la mort et la résurrection ; comme des dieux. Et je suis un dieu sans épée, sans rien de ce que font les hommes avec leur science ; seulement avec ce qui est le fruit de la vie, ce qui change tout ; oui, de feu ou de lumière, de lumière. Pourquoi mangeons-nous et buvons-nous autre chose que lumière ou feu ? Si je suis né dans le soleil, et si de lui je suis venu ici dans l’ombre, suis-je fait de soleil et comme lui ai-je le pouvoir d’éclairer ? Ma nostalgie, comme celle de la lune, est d’avoir été soleil d’un soleil un jour et de le refléter, sans plus, maintenant. Passe l’iris en chantant comme moi. Adieu iris, iris, nous nous reverrons, car l’amour est un et seul et il revient chaque jour.




Extrait de La poésie nue de Juan Ramon Jimenez par Patrick Kéchichian, Le Monde, 18 août 1989.
Par son ampleur et sa diversité, par l'influence qu'elle a exercée sur plusieurs générations d'écrivains de langue espagnole, l'œuvre de Jimenez occupe une place centrale dans la littérature ibérique de ce siècle.
D'un accès plus difficile que [Sonnets spirituel] (traduction de Bernard Sesé, Aubier, 1989), Espace constitue, au dire même du poète lui-même, le témoignage d'une ivresse rhapsodique. Interminable et unique strophe divisée en trois parties rassemble et fait correspondre, dans une prose dense, “symphonique” – ainsi que l'écrit Gilbert Azam dans son indispensable préface – les thèmes majeurs de l'œuvre de Jiménez, les “trois normes de sa vocation : la Femme, l'Œuvre et la Mort.
Méditation lyrique et philosophique qui brasse en un flot sans césure apparente les temps et les lieux vécus, Espace est d'abord l'affirmation de cette vocation spirituelle. L'accomplissement de la “poésie nue” conduit le poète, à travers la “nudité” même de la vie, à sa propre dissolution.


salwa jaafar
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