Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
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Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
Rappel du premier message :
Poème De L’Amour. (1924)Par Anna De Noailles. (1876-1933)
Anna, Princesse Brancovan, Comtesse Mathieu de Noailles.
"Il faut d’abord avoir soif...
Catherine de Sienne".
À l’amitié
Sentiment divin
par qui, selon la présence ou l’absence,
nous sommes vivants ou tués,
je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour,
passion cruelle et vaine.
A.N.
Poème De L’Amour. (1924)Par Anna De Noailles. (1876-1933)
Anna, Princesse Brancovan, Comtesse Mathieu de Noailles.
"Il faut d’abord avoir soif...
Catherine de Sienne".
À l’amitié
Sentiment divin
par qui, selon la présence ou l’absence,
nous sommes vivants ou tués,
je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour,
passion cruelle et vaine.
A.N.
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
LXXXIII
Tu vis, - moi je porte le faix
De ton étrange et dur destin,
Puisque le mal que tu me fais
Tu ne peux pas en être atteint!
LXXXIV
Il n'est pas vrai qu'on soit orgueilleux d'aimer tant,
Et que d'un oeil d'aigle on regarde
Les passants affairés, indifférents, contents,
Noyés de lumière blafarde.
Il n'est pas vrai qu'un grave et poignardant amour
Isole noblement le rêve;
Nul ne dit les combats dont l'assaille sans trêve
Le désir, conflit sombre et sourd!
Il n'est pas vrai que l'âme altière et transportée
Bénisse son cruel fardeau.
Même si l'on paraît éblouie et hantée,
L'on ne vit qu'en courbant le dos.
Comment se réjouir d'avoir livré sa chance
À l'étranger vague et secret
Qui, selon sa rieuse ou grave nonchalance,
Nous emmêle à son sort distrait?
- Ah! pouvoir n'aimer pas celui qu'on aime! N'être
Pas l'esclave d'un beau vivant!
Vivre libre, espérer, choisir, vouloir, connaître!
Fendre l'azur comme le vent!
Ne pas être liée avec de durs cordages,
Secs et fermés comme des poings,
Au charme inévitable et fortuit d'un visage,
Qu'on eût pu ne rencontrer point!
N'avoir pas transféré sa digne solitude,
Unique et nombreuse à la fois,
Dans un corps dont les yeux, la voix, la lassitude
Semblent sacrés ou bien narquois!
Ne pas être obligée à constater sans cesse
Que rien ne nous est plus soumis,
Et que, ne nous laissant qu'une atroce paresse,
Notre coeur bat dans l'ennemi!...
Tu vis, - moi je porte le faix
De ton étrange et dur destin,
Puisque le mal que tu me fais
Tu ne peux pas en être atteint!
LXXXIV
Il n'est pas vrai qu'on soit orgueilleux d'aimer tant,
Et que d'un oeil d'aigle on regarde
Les passants affairés, indifférents, contents,
Noyés de lumière blafarde.
Il n'est pas vrai qu'un grave et poignardant amour
Isole noblement le rêve;
Nul ne dit les combats dont l'assaille sans trêve
Le désir, conflit sombre et sourd!
Il n'est pas vrai que l'âme altière et transportée
Bénisse son cruel fardeau.
Même si l'on paraît éblouie et hantée,
L'on ne vit qu'en courbant le dos.
Comment se réjouir d'avoir livré sa chance
À l'étranger vague et secret
Qui, selon sa rieuse ou grave nonchalance,
Nous emmêle à son sort distrait?
- Ah! pouvoir n'aimer pas celui qu'on aime! N'être
Pas l'esclave d'un beau vivant!
Vivre libre, espérer, choisir, vouloir, connaître!
Fendre l'azur comme le vent!
Ne pas être liée avec de durs cordages,
Secs et fermés comme des poings,
Au charme inévitable et fortuit d'un visage,
Qu'on eût pu ne rencontrer point!
N'avoir pas transféré sa digne solitude,
Unique et nombreuse à la fois,
Dans un corps dont les yeux, la voix, la lassitude
Semblent sacrés ou bien narquois!
Ne pas être obligée à constater sans cesse
Que rien ne nous est plus soumis,
Et que, ne nous laissant qu'une atroce paresse,
Notre coeur bat dans l'ennemi!...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
LXXXV
Mon enfance, dans mon coeur,
Subsistait avec aisance.
J'ai souffert de ta rigueur
Tu as tué mon enfance!
En son midi l'ample été
Voit ses roses qui renaissent,
Ainsi brillait ma beauté:
Tu as tué ma jeunesse!
Et pendant que tu détruis
Ma vie aux luisantes ailes,
Moi je t'offre un divin fruit:
La renommée éternelle...
Mon enfance, dans mon coeur,
Subsistait avec aisance.
J'ai souffert de ta rigueur
Tu as tué mon enfance!
En son midi l'ample été
Voit ses roses qui renaissent,
Ainsi brillait ma beauté:
Tu as tué ma jeunesse!
Et pendant que tu détruis
Ma vie aux luisantes ailes,
Moi je t'offre un divin fruit:
La renommée éternelle...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
LXXXVI
Aucun jour je ne me suis dit
Que tu pouvais être mortel.
Tu ressembles au paradis,
À tout ce qu'on croit éternel!
- Mais, ce soir, j'ai senti, dans l'air
Humide d'un parc triste et blême,
La terreuse odeur des asters
Et du languissant chrysanthème...
Quoi! tu peux mourir! - et je t'aime!
LXXXVII
Le plus hanté des deux amants
A moins besoin de son ivresse
Que de voir faiblir son tourment.
Il lui faut que cet excès cesse!
- Je ne veux pas mourir avant
De t'avoir trouvé moins charmant...
Aucun jour je ne me suis dit
Que tu pouvais être mortel.
Tu ressembles au paradis,
À tout ce qu'on croit éternel!
- Mais, ce soir, j'ai senti, dans l'air
Humide d'un parc triste et blême,
La terreuse odeur des asters
Et du languissant chrysanthème...
Quoi! tu peux mourir! - et je t'aime!
LXXXVII
Le plus hanté des deux amants
A moins besoin de son ivresse
Que de voir faiblir son tourment.
Il lui faut que cet excès cesse!
- Je ne veux pas mourir avant
De t'avoir trouvé moins charmant...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
LXXXVIII
Les vers que je t'écris ne sont pas d'Orient,
Je ne t'ai pas connu dans de beaux paysages,
Je ne t'ai vu mobile, anxieux ou riant,
Qu'en des lieux sans beauté qu'animait ton visage.
Tout le tragique humain je l'ai dit simplement,
Comme est simple ta voix, comme est simple ton geste,
Comme est simple, malgré son fastueux tourment,
Mon invincible esprit que ton oeil rend modeste.
Mon front méditatif, et qui porte le poids
De sentir s'emmêler à mes pensers les astres,
Te bénit pour avoir appris auprès de toi
Le rêve resserré et les humbles désastres.
Et si ton innocent et rayonnant aspect
Ne m'avait longuement imposé son mirage,
Je n'aurais pas la vive et misérable paix
Qui préserve mes jours des douleurs sans courage...
Les vers que je t'écris ne sont pas d'Orient,
Je ne t'ai pas connu dans de beaux paysages,
Je ne t'ai vu mobile, anxieux ou riant,
Qu'en des lieux sans beauté qu'animait ton visage.
Tout le tragique humain je l'ai dit simplement,
Comme est simple ta voix, comme est simple ton geste,
Comme est simple, malgré son fastueux tourment,
Mon invincible esprit que ton oeil rend modeste.
Mon front méditatif, et qui porte le poids
De sentir s'emmêler à mes pensers les astres,
Te bénit pour avoir appris auprès de toi
Le rêve resserré et les humbles désastres.
Et si ton innocent et rayonnant aspect
Ne m'avait longuement imposé son mirage,
Je n'aurais pas la vive et misérable paix
Qui préserve mes jours des douleurs sans courage...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
LXXXIX
Peut-être faut-il accepter,
Dans la détresse de l'amour,
Ces grandes douleurs sans contours
Pareilles à la sainteté.
- Je ne veux pas que l'on retire
À mon coeur, sans autre habitude
Désormais que ce doux martyre,
L'affligeante béatitude!
Peut-être faut-il accepter,
Dans la détresse de l'amour,
Ces grandes douleurs sans contours
Pareilles à la sainteté.
- Je ne veux pas que l'on retire
À mon coeur, sans autre habitude
Désormais que ce doux martyre,
L'affligeante béatitude!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XC
Tu es comme tu pouvais être,
Toi qui n'as pas su ma bonté!
- Apaisante Fatalité,
Dès que l'on sait te reconnaître
On contemple ces yeux, ces mains
Qui nous nuisent ou nous enchantent,
Comme on entend, la nuit, que chante
Un rossignol sur le chemin!...
XCI
Tu m'as retiré mon orgueil,
Puisque, riante et triomphante,
Je n'ai pas égayé ton oeil!
Tu m'as rendue humble et prudente
Puisque ton soucieux esprit
N'a pas quitté sa triste pente!
Mon front reste à jamais surpris
Puisque mon coeur aux voix ardentes,
En somme, tu ne l'as pas pris!
Tu es comme tu pouvais être,
Toi qui n'as pas su ma bonté!
- Apaisante Fatalité,
Dès que l'on sait te reconnaître
On contemple ces yeux, ces mains
Qui nous nuisent ou nous enchantent,
Comme on entend, la nuit, que chante
Un rossignol sur le chemin!...
XCI
Tu m'as retiré mon orgueil,
Puisque, riante et triomphante,
Je n'ai pas égayé ton oeil!
Tu m'as rendue humble et prudente
Puisque ton soucieux esprit
N'a pas quitté sa triste pente!
Mon front reste à jamais surpris
Puisque mon coeur aux voix ardentes,
En somme, tu ne l'as pas pris!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XCII
Amour, pourquoi toujours mêler ton nom divin
À la mort sombre et négative?
Toi seul es évident, tout autre espoir est vain,
Rien n'est rien, hormis ceux qui vivent.
Toi seul poses l'empreinte allègre de tes pas
Sur la cruelle et sourde terre.
Tout est brutal et froid. - Toi seul es un mystère,
Puisque la mort n'existe pas!...
XCIII
Crois-moi, ce n'est pas aisément
Que l'on supporte un beau visage:
Il peut dispenser le tourment
Que confère un clair paysage.
- Je sais la coalition,
L'alliance, la connivence
De ton regard sans passion
Et de ta lèvre qui s'avance.
Et pourtant nul ne dépérit,
Sauf moi, de cette grâce étrange
Où ton oeil triste se mélange
Avec ta bouche qui sourit...
Amour, pourquoi toujours mêler ton nom divin
À la mort sombre et négative?
Toi seul es évident, tout autre espoir est vain,
Rien n'est rien, hormis ceux qui vivent.
Toi seul poses l'empreinte allègre de tes pas
Sur la cruelle et sourde terre.
Tout est brutal et froid. - Toi seul es un mystère,
Puisque la mort n'existe pas!...
XCIII
Crois-moi, ce n'est pas aisément
Que l'on supporte un beau visage:
Il peut dispenser le tourment
Que confère un clair paysage.
- Je sais la coalition,
L'alliance, la connivence
De ton regard sans passion
Et de ta lèvre qui s'avance.
Et pourtant nul ne dépérit,
Sauf moi, de cette grâce étrange
Où ton oeil triste se mélange
Avec ta bouche qui sourit...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XCIV
Je t'aimais par les yeux, je puis
Me détourner de ton visage,
Te parler sans boire à ce puits
De ton regard vibrant et sage.
Je t'accosterai comme font
Les prêtres avec les abbesses;
Plus rien ne trouble et ne confond
Une paupière qui s'abaisse.
Si terrible que soit l'amour,
Si spontané, ferme, invincible,
Le coeur heureux l'aidait toujours...
Mais tu me seras invisible.
Grave, je porterai le deuil,
Que nul hormis toi ne soupçonne,
De dédaigner sur ta personne
L'injuste beauté de ton oeil.
Quand ta voix engageante et tiède
Voudra reprendre le chemin
De mon coeur, qui te vint en aide
Avec la douceur de mes mains,
J'aurai cet aspect d'infortune
Qui surprend et fait hésiter;
Tu pourras, sombre iniquité,
Croire enfin que tu m'importunes!
Comment me nuirait désormais
Ton fin et vivant paysage
Si mes yeux n'abordent jamais
Son délicat coloriage?
Si jamais je ne me repais
De la nourriture irritante
Par quoi je détruisais ma paix?
Si plus rien en toi ne me tente?
- Et qu'étais-tu, toi que j'ai craint
Plus que toute mort et tout blâme,
Si ton charme succombe au frein
Du noble souci de mon âme?
Je t'aimais par les yeux, je puis
Me détourner de ton visage,
Te parler sans boire à ce puits
De ton regard vibrant et sage.
Je t'accosterai comme font
Les prêtres avec les abbesses;
Plus rien ne trouble et ne confond
Une paupière qui s'abaisse.
Si terrible que soit l'amour,
Si spontané, ferme, invincible,
Le coeur heureux l'aidait toujours...
Mais tu me seras invisible.
Grave, je porterai le deuil,
Que nul hormis toi ne soupçonne,
De dédaigner sur ta personne
L'injuste beauté de ton oeil.
Quand ta voix engageante et tiède
Voudra reprendre le chemin
De mon coeur, qui te vint en aide
Avec la douceur de mes mains,
J'aurai cet aspect d'infortune
Qui surprend et fait hésiter;
Tu pourras, sombre iniquité,
Croire enfin que tu m'importunes!
Comment me nuirait désormais
Ton fin et vivant paysage
Si mes yeux n'abordent jamais
Son délicat coloriage?
Si jamais je ne me repais
De la nourriture irritante
Par quoi je détruisais ma paix?
Si plus rien en toi ne me tente?
- Et qu'étais-tu, toi que j'ai craint
Plus que toute mort et tout blâme,
Si ton charme succombe au frein
Du noble souci de mon âme?
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XCV
Je ne fais pas cas de ta gratitude,
Bien que dans mon coeur mourant, étonné,
Grâce à toi l'air rentre avec plénitude;
Mais j'avais besoin de tout te donner!
XCVI
L'amour et ses élans pudiques
Ont, dans leurs songes réticents,
Les noblesses de la musique.
La passion aux cris puissants,
Par ses sommets et ses abîmes
Mêle à ses voeux des pleurs décents.
- Mais il est de secrètes cimes
Où s'élaborent sourdement
L'espoir, le but, le mouvement,
Où gît, ardent, supplicié,
Invincible, au destin lié,
Mais tremblant qu'on ne le bafoue,
Le désir! - que jamais l'on n'avoue...
Je ne fais pas cas de ta gratitude,
Bien que dans mon coeur mourant, étonné,
Grâce à toi l'air rentre avec plénitude;
Mais j'avais besoin de tout te donner!
XCVI
L'amour et ses élans pudiques
Ont, dans leurs songes réticents,
Les noblesses de la musique.
La passion aux cris puissants,
Par ses sommets et ses abîmes
Mêle à ses voeux des pleurs décents.
- Mais il est de secrètes cimes
Où s'élaborent sourdement
L'espoir, le but, le mouvement,
Où gît, ardent, supplicié,
Invincible, au destin lié,
Mais tremblant qu'on ne le bafoue,
Le désir! - que jamais l'on n'avoue...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XCVII
Tant aimer! Non, aucun orgueil
Ne me soulève cette fois!
Hermione aux cris de chevreuil,
Phèdre hantant les rocs, les bois,
Me sont de détestables soeurs!
La sérénité, la douceur,
Les calmes jours, leurs purs trésors,
Surpassent ces mortels transports!
- D'où nous viendrait cette fierté
D'avoir atrocement goûté
Au sombre suc de la Nature?
- Ô Raison! sache nous blâmer!
Réprouve les coeurs affamés,
Dis-le! pour que la créature
Renonce à l'humaine pâture!
Il est honteux de tant aimer!...
Tant aimer! Non, aucun orgueil
Ne me soulève cette fois!
Hermione aux cris de chevreuil,
Phèdre hantant les rocs, les bois,
Me sont de détestables soeurs!
La sérénité, la douceur,
Les calmes jours, leurs purs trésors,
Surpassent ces mortels transports!
- D'où nous viendrait cette fierté
D'avoir atrocement goûté
Au sombre suc de la Nature?
- Ô Raison! sache nous blâmer!
Réprouve les coeurs affamés,
Dis-le! pour que la créature
Renonce à l'humaine pâture!
Il est honteux de tant aimer!...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XCVIII
En ton absence je ne puis
Être plus ou moins seule. Aucune
Voix qui console, aucun appui
N'atténuerait mon infortune;
Il faudrait qu'un autre être soit,
Qu'il brille à mes yeux! qu'il s'oppose
À ton image, à tes exploits!
Mais pourquoi l'espérer? Pourquoi?
- Implacable métamorphose,
Dans mon esprit actif, adroit,
C'est toi seul qui redeviens toi!
En ton absence je ne puis
Être plus ou moins seule. Aucune
Voix qui console, aucun appui
N'atténuerait mon infortune;
Il faudrait qu'un autre être soit,
Qu'il brille à mes yeux! qu'il s'oppose
À ton image, à tes exploits!
Mais pourquoi l'espérer? Pourquoi?
- Implacable métamorphose,
Dans mon esprit actif, adroit,
C'est toi seul qui redeviens toi!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
XCIX
Un triste orgue de Barbarie
Enfonce dans l'air du matin,
Comme à coups de couteau qui crie,
Un vulgaire, un pointu refrain,
Et même cela, cela même,
Ce triste chant malade et maigre,
Dans la rue où souffle un vent aigre,
Me fait songer au bleu foyer
De ton regard droit et noyé,
Et m'indique combien je t'aime!
Un triste orgue de Barbarie
Enfonce dans l'air du matin,
Comme à coups de couteau qui crie,
Un vulgaire, un pointu refrain,
Et même cela, cela même,
Ce triste chant malade et maigre,
Dans la rue où souffle un vent aigre,
Me fait songer au bleu foyer
De ton regard droit et noyé,
Et m'indique combien je t'aime!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
C
À quoi veux-tu songer? À toi. Songeons à toi.
Non, je ne juge pas ton amer caractère;
Rien de ton coeur serré ne me parait étroit
Si sur toi j'ai plié mon amour de la terre,
Mon amour des humains, de l'infini, des cieux,
Ma facile allégresse à répandre ma vie,
À rejoindre d'un bond, par les ailes des yeux,
L'éther qui m'appartient et dont tous ont envie!
Qu'y a-t-il de plus sûr et de meilleur que toi,
Ou, du moins, que l'amour brisant que tu m'inspires?
- Le souci, les regrets, la mort sous tous les toits,
L'ambition qui râle et l'ennui qui soupire! -
Moi je suis à l'abri! Je n'ai, pour me tuer,
Pour me faire languir, pour créer ma détresse,
Que l'anxieux regard dans tes yeux situé,
Que l'accablant désert où souvent tu me laisses.
C'est assez! Ah! c'est trop! Ou bien c'est suffisant!
Ces suprêmes chagrins m'ont d'autres maux guérie;
Et quelquefois je sens se réjouir mon sang
Quand tu ris comme l'eau dans la fraîche prairie!
À quoi veux-tu songer? À toi. Songeons à toi.
Non, je ne juge pas ton amer caractère;
Rien de ton coeur serré ne me parait étroit
Si sur toi j'ai plié mon amour de la terre,
Mon amour des humains, de l'infini, des cieux,
Ma facile allégresse à répandre ma vie,
À rejoindre d'un bond, par les ailes des yeux,
L'éther qui m'appartient et dont tous ont envie!
Qu'y a-t-il de plus sûr et de meilleur que toi,
Ou, du moins, que l'amour brisant que tu m'inspires?
- Le souci, les regrets, la mort sous tous les toits,
L'ambition qui râle et l'ennui qui soupire! -
Moi je suis à l'abri! Je n'ai, pour me tuer,
Pour me faire languir, pour créer ma détresse,
Que l'anxieux regard dans tes yeux situé,
Que l'accablant désert où souvent tu me laisses.
C'est assez! Ah! c'est trop! Ou bien c'est suffisant!
Ces suprêmes chagrins m'ont d'autres maux guérie;
Et quelquefois je sens se réjouir mon sang
Quand tu ris comme l'eau dans la fraîche prairie!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CI
Dans les instants où je dors,
Jetée au fond des ténèbres,
Je ressens la paix funèbre
D'être une morte, et toi mort.
Mais, hélas! ô ma merveille,
Toi si débordant, si beau,
Comme brisant un tombeau
Tu revis quand je m'éveille!
Tout mon être en est blessé,
Et, baissant mon front hagard,
Je médite ton regard
Je recommence à penser...
- Au fond des bagnes, sans doute,
Le pauvre forçat écoute,
Sous le soleil dont il meurt,
Une sournoise rumeur...
Dans les instants où je dors,
Jetée au fond des ténèbres,
Je ressens la paix funèbre
D'être une morte, et toi mort.
Mais, hélas! ô ma merveille,
Toi si débordant, si beau,
Comme brisant un tombeau
Tu revis quand je m'éveille!
Tout mon être en est blessé,
Et, baissant mon front hagard,
Je médite ton regard
Je recommence à penser...
- Au fond des bagnes, sans doute,
Le pauvre forçat écoute,
Sous le soleil dont il meurt,
Une sournoise rumeur...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CII
Ce qu'on tolère mal dans un amour extrême
C'est qu'un être soit ce qu'il est;
Insidieusement on le détruit, - on aime
Plus âprement que l'on ne hait!
On voudrait adapter à son âme diverse
Cet humain subtil et puissant.
Qui peut se ressembler? Et même si l'on verse
Ensemble le trésor du sang!
Pourquoi ce harassant et douloureux effort?
Quel est le lien qu'on réclame,
Si l'un a l'ignorant sortilège du corps,
Et l'autre l'invincible flamme?...
Ce qu'on tolère mal dans un amour extrême
C'est qu'un être soit ce qu'il est;
Insidieusement on le détruit, - on aime
Plus âprement que l'on ne hait!
On voudrait adapter à son âme diverse
Cet humain subtil et puissant.
Qui peut se ressembler? Et même si l'on verse
Ensemble le trésor du sang!
Pourquoi ce harassant et douloureux effort?
Quel est le lien qu'on réclame,
Si l'un a l'ignorant sortilège du corps,
Et l'autre l'invincible flamme?...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CIII
il est doux d'aimer faiblement,
Quand, ayant vaincu sa puissance,
L'amour dès son commencement
Ressemble à la convalescence.
Quand on songe à ce qu'eût été
Cette tempête meurtrière,
Et qu'à présent, malgré l'été,
Malgré la chaleur, la lumière,
Malgré la musique, malgré
Ce point fascinant d'un visage,
On a doucement enterré,
Entre l'ardeur et le courage,
- Noirs cyprès d'un clair paysage
Le désir dans un tombeau sage...
il est doux d'aimer faiblement,
Quand, ayant vaincu sa puissance,
L'amour dès son commencement
Ressemble à la convalescence.
Quand on songe à ce qu'eût été
Cette tempête meurtrière,
Et qu'à présent, malgré l'été,
Malgré la chaleur, la lumière,
Malgré la musique, malgré
Ce point fascinant d'un visage,
On a doucement enterré,
Entre l'ardeur et le courage,
- Noirs cyprès d'un clair paysage
Le désir dans un tombeau sage...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CIV
Nous t'avons bien redouté,
Bien haï, bien rejeté,
D'un coeur résistant et sûr,
Par suave excès d'azur,
Par excès de volupté,
Néant sans maux ni défauts;
Mais nous voici bien en peine
Si tu nous rends notre haine.
- Vieille Mort avec ta faux
Viens moissonner les soupirs
De nos esprits sans plaisir...
- Plaignons les heureux, il faut
Qu'ils apprennent à mourir!
Nous t'avons bien redouté,
Bien haï, bien rejeté,
D'un coeur résistant et sûr,
Par suave excès d'azur,
Par excès de volupté,
Néant sans maux ni défauts;
Mais nous voici bien en peine
Si tu nous rends notre haine.
- Vieille Mort avec ta faux
Viens moissonner les soupirs
De nos esprits sans plaisir...
- Plaignons les heureux, il faut
Qu'ils apprennent à mourir!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CV
Sauf toi, tous les humains regards
Peuvent s'assurer de ma peine;
Loin de toi, je gis, l'oeil hagard,
Sans voix, et respirant à peine.
Que fais-tu, toi qui n'es aimé
Que de moi seule avec extase?
Saurai-je desceller le vase
De ton beau sourire fermé?
Se peut-il qu'il soit admissible
Quand tout dans l'amour est possible
Que je périsse de désir?
- Bel être qu'on ne peut saisir,
Âme ferme, calme, têtue,
Confiante en des lendemains,
Lorsque, moi, chaque heure me tue,
Pourquoi ne pas tendre ta main
À ma main qui, rien qu'en touchant
Ton poignet nonchalant et triste,
M'indiquerait pourquoi j'existe,
Et me restituerait mon chant!...
Sauf toi, tous les humains regards
Peuvent s'assurer de ma peine;
Loin de toi, je gis, l'oeil hagard,
Sans voix, et respirant à peine.
Que fais-tu, toi qui n'es aimé
Que de moi seule avec extase?
Saurai-je desceller le vase
De ton beau sourire fermé?
Se peut-il qu'il soit admissible
Quand tout dans l'amour est possible
Que je périsse de désir?
- Bel être qu'on ne peut saisir,
Âme ferme, calme, têtue,
Confiante en des lendemains,
Lorsque, moi, chaque heure me tue,
Pourquoi ne pas tendre ta main
À ma main qui, rien qu'en touchant
Ton poignet nonchalant et triste,
M'indiquerait pourquoi j'existe,
Et me restituerait mon chant!...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CVI
Que m'importe que l'on te juge,
Qu'ignorant quel fut ton tourment
L'on parle maladroitement
De ton coeur, qui fut sans refuge?
- Moi je n'oublierai pas le jour
Où j'ai vu, dans la triste chambre
Qu'un chaud soleil colorait d'ambre,
Dédaignant tout humain amour
Ton oeil appeler au secours...
Que m'importe que l'on te juge,
Qu'ignorant quel fut ton tourment
L'on parle maladroitement
De ton coeur, qui fut sans refuge?
- Moi je n'oublierai pas le jour
Où j'ai vu, dans la triste chambre
Qu'un chaud soleil colorait d'ambre,
Dédaignant tout humain amour
Ton oeil appeler au secours...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CVII
Vivre, c'est désirer encor;
Le courage, c'est l'espérance;
Quand l'esprit se meurt de souffrance,
On sent parfois rêver le corps.
- La triste enfance, que harasse
L'énigme oppressante des jours,
A hâte d'appuyer sa face
Au dur visage de l'amour.
Le songeur poursuit dans l'espace
Que parfument les bleus étés
D'aériennes voluptés.
Le désir et l'anxiété
Cherchent un sort qui les délasse.
- Moi, j'attends que ta beauté passe...
Vivre, c'est désirer encor;
Le courage, c'est l'espérance;
Quand l'esprit se meurt de souffrance,
On sent parfois rêver le corps.
- La triste enfance, que harasse
L'énigme oppressante des jours,
A hâte d'appuyer sa face
Au dur visage de l'amour.
Le songeur poursuit dans l'espace
Que parfument les bleus étés
D'aériennes voluptés.
Le désir et l'anxiété
Cherchent un sort qui les délasse.
- Moi, j'attends que ta beauté passe...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CVIII
Ce n'est pas cet excès qui m'enivre et m'accable
Qui te rend si cher à mon coeur;
La passion déçoit, tant le sort est instable;
L'on souhaite en être vainqueur;
Mais il est des moments oisifs comme des palmes
Qui rendent légers et contents,
Et je m'attache à toi par ces jours lents et calmes
Où je ne t'aime pas autant...
Ce n'est pas cet excès qui m'enivre et m'accable
Qui te rend si cher à mon coeur;
La passion déçoit, tant le sort est instable;
L'on souhaite en être vainqueur;
Mais il est des moments oisifs comme des palmes
Qui rendent légers et contents,
Et je m'attache à toi par ces jours lents et calmes
Où je ne t'aime pas autant...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CIX
Oui, la douceur est toujours feinte
En amour. - Croirais-tu vraiment
Que ce brillant contentement
Ne masquât pas d'amères plaintes?
Certes tout mon être bénit
Ta vie où j'ai mis l'infini,
Mais, corps charmant, ô coeur de roche,
Toi que j'aime! un constant reproche
Émane de mes yeux séduits.
Quoi! toujours t'admirer, et puis
Toujours, en silence, surprendre
Tes défauts, - et, d'un coeur plus tendre,
Mêlé de louanges, de pleurs,
Te voiler mon humble colère
Ah! réclamais-je ces douleurs?
- Et de quel droit viens-tu me plaire?...
Oui, la douceur est toujours feinte
En amour. - Croirais-tu vraiment
Que ce brillant contentement
Ne masquât pas d'amères plaintes?
Certes tout mon être bénit
Ta vie où j'ai mis l'infini,
Mais, corps charmant, ô coeur de roche,
Toi que j'aime! un constant reproche
Émane de mes yeux séduits.
Quoi! toujours t'admirer, et puis
Toujours, en silence, surprendre
Tes défauts, - et, d'un coeur plus tendre,
Mêlé de louanges, de pleurs,
Te voiler mon humble colère
Ah! réclamais-je ces douleurs?
- Et de quel droit viens-tu me plaire?...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CX
Sans doute ma vie est plus morne,
Et plus stable aussi qu'autrefois.
Ce n'est plus l'espace sans borne
Que je poursuis; j'assiste à toi.
Mais tandis que mes pas s'arrêtent
Auprès de ton coeur grave et sûr,
Des dieux offensés me regrettent
À quelque banquet de l'azur!
Sans doute ma vie est plus morne,
Et plus stable aussi qu'autrefois.
Ce n'est plus l'espace sans borne
Que je poursuis; j'assiste à toi.
Mais tandis que mes pas s'arrêtent
Auprès de ton coeur grave et sûr,
Des dieux offensés me regrettent
À quelque banquet de l'azur!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CXI
Je ne veux pas ta vérité,
Ta franchise, tes confidences;
L'enchantement de t'écouter
Est combattu par ma prudence;
Car, si je connaissais vraiment
Le charme profond qui t'isole,
Je saurais les jours où tu mens,
J'épierais le son des paroles,
J'aurais cet exigeant instinct
De te vouloir exact et probe,
Je t'aimerais sans ce dédain
Dont ma défiance s'enrobe,
Je saurais ton signe sacré,
Et qu'il est juste que je t'aime,
Tandis que ton coeur ignoré
Ne relève que de moi-même;
Je ne veux pas, ô toi qui passes,
M'attacher à tes purs loisirs,
Ni te situer dans l'espace
Autrement que par mon désir!
Je ne veux pas ta vérité,
Ta franchise, tes confidences;
L'enchantement de t'écouter
Est combattu par ma prudence;
Car, si je connaissais vraiment
Le charme profond qui t'isole,
Je saurais les jours où tu mens,
J'épierais le son des paroles,
J'aurais cet exigeant instinct
De te vouloir exact et probe,
Je t'aimerais sans ce dédain
Dont ma défiance s'enrobe,
Je saurais ton signe sacré,
Et qu'il est juste que je t'aime,
Tandis que ton coeur ignoré
Ne relève que de moi-même;
Je ne veux pas, ô toi qui passes,
M'attacher à tes purs loisirs,
Ni te situer dans l'espace
Autrement que par mon désir!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CXII
Lorsque l'on n'aime pas, l'on devine, l'on sait
Les mérites d'un autre coeur,
L'on juge exactement, et, si l'on haïssait,
L'on rendrait encor quelque honneur.
Mais l'amour, recherchant l'extrême ressemblance,
Ne peut jamais se satisfaire,
Il tient en vacillant la secrète balance
Où se nuit un double mystère...
Lorsque l'on n'aime pas, l'on devine, l'on sait
Les mérites d'un autre coeur,
L'on juge exactement, et, si l'on haïssait,
L'on rendrait encor quelque honneur.
Mais l'amour, recherchant l'extrême ressemblance,
Ne peut jamais se satisfaire,
Il tient en vacillant la secrète balance
Où se nuit un double mystère...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CXIII
Ce n'est pas une tendre chose
D'aimer! L'instinct dévorateur
Pille l'âme, les yeux, l'odeur,
Et puis, lassé, il se repose.
- Et l'on regarde doucement
Ce qui causa tant de souffrance!
Et l'on est bon, l'on rit, l'on ment,
L'on évite tous les tourments
À ce faible et fragile amant,
À cause de l'indifférence...
Ce n'est pas une tendre chose
D'aimer! L'instinct dévorateur
Pille l'âme, les yeux, l'odeur,
Et puis, lassé, il se repose.
- Et l'on regarde doucement
Ce qui causa tant de souffrance!
Et l'on est bon, l'on rit, l'on ment,
L'on évite tous les tourments
À ce faible et fragile amant,
À cause de l'indifférence...
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