Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
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Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
Rappel du premier message :
Poème De L’Amour. (1924)Par Anna De Noailles. (1876-1933)
Anna, Princesse Brancovan, Comtesse Mathieu de Noailles.
"Il faut d’abord avoir soif...
Catherine de Sienne".
À l’amitié
Sentiment divin
par qui, selon la présence ou l’absence,
nous sommes vivants ou tués,
je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour,
passion cruelle et vaine.
A.N.
Poème De L’Amour. (1924)Par Anna De Noailles. (1876-1933)
Anna, Princesse Brancovan, Comtesse Mathieu de Noailles.
"Il faut d’abord avoir soif...
Catherine de Sienne".
À l’amitié
Sentiment divin
par qui, selon la présence ou l’absence,
nous sommes vivants ou tués,
je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour,
passion cruelle et vaine.
A.N.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CLXXI
Je ne puis comparer mon mal
À la douleur d'Yseult; ma tête
N'a pas sur son rêve animal
Cette blonde et molle tempête.
Mais forte, et prolongeant le temps
Que l'on met à périr d'ivresse,
Dans un chant qui renaît sans cesse,
Je meurs pour toi comme Tristan...
Je ne puis comparer mon mal
À la douleur d'Yseult; ma tête
N'a pas sur son rêve animal
Cette blonde et molle tempête.
Mais forte, et prolongeant le temps
Que l'on met à périr d'ivresse,
Dans un chant qui renaît sans cesse,
Je meurs pour toi comme Tristan...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CLXXII
Lorsque tu ne seras, dans quelque humble retraite,
Qu'un homme vieux et fatigué;
Lorsque sera terni le charme que te prête
Ton beau sourire triste et gai;
Quand ton oeil studieux dont la langueur observe,
Et même semble discuter,
N'aura plus sa rêveuse et vigilante verve,
Et son bleu calice éclaté,
Quand nul ne fera plus tinter à ton oreille
L'éloge que tu réclamais,
Songe, ô futur cadavre, éphémère merveille,
Avec quel excès je t'aimais!
Rappelle à ton orgueil, s'il souffre et s'inquiète,
Que c'est moi-même, et non pas toi,
Qui voulus, rapprochant sournoisement nos têtes,
Ce baiser tendre, humide et droit,
Cet unique baiser qui met en équilibre
Deux visages encore errants,
Et qui ne m'a jamais plus permis d'être libre,
En mon coeur vivace et mourant...
Lorsque tu ne seras, dans quelque humble retraite,
Qu'un homme vieux et fatigué;
Lorsque sera terni le charme que te prête
Ton beau sourire triste et gai;
Quand ton oeil studieux dont la langueur observe,
Et même semble discuter,
N'aura plus sa rêveuse et vigilante verve,
Et son bleu calice éclaté,
Quand nul ne fera plus tinter à ton oreille
L'éloge que tu réclamais,
Songe, ô futur cadavre, éphémère merveille,
Avec quel excès je t'aimais!
Rappelle à ton orgueil, s'il souffre et s'inquiète,
Que c'est moi-même, et non pas toi,
Qui voulus, rapprochant sournoisement nos têtes,
Ce baiser tendre, humide et droit,
Cet unique baiser qui met en équilibre
Deux visages encore errants,
Et qui ne m'a jamais plus permis d'être libre,
En mon coeur vivace et mourant...
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CLXXIII
Peut-être que ton corps charmant, qui me tourmente
Par la grâce des mains, des lèvres et de l'oeil,
Établit en moi seule une saison démente
Où l'instinctif élan est grave comme un deuil.
Je l'ai lu dans un juste et saisissant recueil:
« La beauté de l'amant n'est qu'au coeur de l'amante »
C'est donc moi qui te fais un excessif accueil!
- Alors, pourquoi ce rare et précis esclavage?
Mais mon mal est sacré puisque le sort le veut!
Et c'est mon besoin fol comme mon besoin sage
De préférer au monde un seul de tes cheveux!
Peut-être que ton corps charmant, qui me tourmente
Par la grâce des mains, des lèvres et de l'oeil,
Établit en moi seule une saison démente
Où l'instinctif élan est grave comme un deuil.
Je l'ai lu dans un juste et saisissant recueil:
« La beauté de l'amant n'est qu'au coeur de l'amante »
C'est donc moi qui te fais un excessif accueil!
- Alors, pourquoi ce rare et précis esclavage?
Mais mon mal est sacré puisque le sort le veut!
Et c'est mon besoin fol comme mon besoin sage
De préférer au monde un seul de tes cheveux!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CLXXIV
Le hasard et les jours passent d'un pied rapide,
On ne sait ce qui vient ni ce qui va cesser;
La place où bat mon coeur peut soudain être aride,
La chance est brève, hélas! et tu n'es pas pressé!
Et tu ne te dis pas, sous les cieux monotones
Où tout est triste, amer, médiocre, décevant:
« J'irai vers cette femme en ce matin d'automne,
« J'aborderai ces yeux plus larges que le vent!
« j'aborderai ce coeur qui n'a pas eu la crainte
« De confier ses voeux, ses plaintes et ses pleurs.
« Visage démuni sans réserve et sans feinte,
« Où le trop vif amour insinuait sa peur!
« Puisqu'elle m'a tout dit, bien qu'étant grave et fière,
« Je pourrai demeurer simple et silencieux;
« Et faire un don naïf, à cette âme plénière,
« Des secrètes beautés qu'elle voit dans mes yeux;
« Je la devine bien, et je n'ai pas eu même
« À chercher quel était son épuisant souci:
« Sa voix m'a tristement annoncé qu'elle m'aime,
« Comme on dit que l'on meurt et que c'est bien ainsi!
« Jamais le coeur puissant qui pâlit son visage
« N'a tenté de goûter sur le mien son repos;
« M'aimant, elle s'éloigne, et son front net et sage
« Renferme le courage isolé des héros!
« Puissante et délicate, usant de tendre ruse,
« Elle va sans faiblir vers un but périlleux;
« Malgré son pas joyeux, jamais rien ne l'amuse
« Que le tragique espoir que l'on a d'être heureux! »
- Non tu ne te dis pas: j'allégerai sa peine,
Je ne laisserai pas languir ce coeur de feu,
J'apporterai le lot de ma tendresse humaine
À ce doux corps surpris de ne pas être deux.
Non tu ne te dis pas: que puis-je craindre, en somme,
Puisque rien ne me nuit en son plaintif désir?
Cette compagne insigne et songeuse des hommes,
Serai-je la seule âme à ne pas l'accueillir?
Sur le globe sans joie où deux races existent,
Celle des morts, hélas! et celle des vivants,
As-tu vraiment voulu rendre toujours plus triste
Le coeur le plus rêveur et le moins décevant?
Viens, parfum! viens, chaleur! azur! air! nourriture!
Amour, répands sur moi l'unique illusion,
Puisque l'indifférente et moqueuse Nature
Protège les humains pendant la passion!
Le hasard et les jours passent d'un pied rapide,
On ne sait ce qui vient ni ce qui va cesser;
La place où bat mon coeur peut soudain être aride,
La chance est brève, hélas! et tu n'es pas pressé!
Et tu ne te dis pas, sous les cieux monotones
Où tout est triste, amer, médiocre, décevant:
« J'irai vers cette femme en ce matin d'automne,
« J'aborderai ces yeux plus larges que le vent!
« j'aborderai ce coeur qui n'a pas eu la crainte
« De confier ses voeux, ses plaintes et ses pleurs.
« Visage démuni sans réserve et sans feinte,
« Où le trop vif amour insinuait sa peur!
« Puisqu'elle m'a tout dit, bien qu'étant grave et fière,
« Je pourrai demeurer simple et silencieux;
« Et faire un don naïf, à cette âme plénière,
« Des secrètes beautés qu'elle voit dans mes yeux;
« Je la devine bien, et je n'ai pas eu même
« À chercher quel était son épuisant souci:
« Sa voix m'a tristement annoncé qu'elle m'aime,
« Comme on dit que l'on meurt et que c'est bien ainsi!
« Jamais le coeur puissant qui pâlit son visage
« N'a tenté de goûter sur le mien son repos;
« M'aimant, elle s'éloigne, et son front net et sage
« Renferme le courage isolé des héros!
« Puissante et délicate, usant de tendre ruse,
« Elle va sans faiblir vers un but périlleux;
« Malgré son pas joyeux, jamais rien ne l'amuse
« Que le tragique espoir que l'on a d'être heureux! »
- Non tu ne te dis pas: j'allégerai sa peine,
Je ne laisserai pas languir ce coeur de feu,
J'apporterai le lot de ma tendresse humaine
À ce doux corps surpris de ne pas être deux.
Non tu ne te dis pas: que puis-je craindre, en somme,
Puisque rien ne me nuit en son plaintif désir?
Cette compagne insigne et songeuse des hommes,
Serai-je la seule âme à ne pas l'accueillir?
Sur le globe sans joie où deux races existent,
Celle des morts, hélas! et celle des vivants,
As-tu vraiment voulu rendre toujours plus triste
Le coeur le plus rêveur et le moins décevant?
Viens, parfum! viens, chaleur! azur! air! nourriture!
Amour, répands sur moi l'unique illusion,
Puisque l'indifférente et moqueuse Nature
Protège les humains pendant la passion!
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Re: Anna De Noailles:Poème De L’Amour.
CLXXV
Rien; l'univers n'est rien. Nulle énigme pour l'homme
Dont l'esprit et les sens ont perçu le néant.
- La turbulente vie hasardeuse, et le somme
À jamais, dans le sol maussade et dévorant!
Rien! Partout l'éphémère et partout le risible,
Partout l'insulte au coeur, partout la surdité
Du Destin, qui choisit pour délicate cible
La noblesse de l'homme et sa sécurité.
- Et parmi cette affreuse et poignardante injure,
Seulement toi, visage au masque de velours,
Divinité maligne, enivrante, âpre et pure,
Consolateur cruel, doux et terrible Amour!
Source: http://www.poesies.net
Rien; l'univers n'est rien. Nulle énigme pour l'homme
Dont l'esprit et les sens ont perçu le néant.
- La turbulente vie hasardeuse, et le somme
À jamais, dans le sol maussade et dévorant!
Rien! Partout l'éphémère et partout le risible,
Partout l'insulte au coeur, partout la surdité
Du Destin, qui choisit pour délicate cible
La noblesse de l'homme et sa sécurité.
- Et parmi cette affreuse et poignardante injure,
Seulement toi, visage au masque de velours,
Divinité maligne, enivrante, âpre et pure,
Consolateur cruel, doux et terrible Amour!
Source: http://www.poesies.net
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