Poésie:Odilon-Jean PÉRIER
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Poésie:Odilon-Jean PÉRIER
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
A la limite de la lumière et de l'ombre
A la limite de la lumière et de l'ombre
Je remue un trésor plus fuyant que le sable
Je cherche ma chanson parmi les bruits du monde
Je cherche mon amour au milieu des miracles
Un poème commence où la voix s'est brisée
Et je fais mon bonheur en dénouant tes mains
Quand nous nous rencontrons au bord d'une journée
Nouvelle, au bord de l'aube où le ciel nous rejoint
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
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Allusion aux poètes
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Allusion aux poètes
Désireux de tenir l'été dans ma demeure
je tue un lièvre gras et l'emporte au cellier.
Le goût de la saison s'y cache tout entier
avec l'odeur de l'herbe et ses voix les meilleures.
Sans doute, ce trésor sera bientôt pillé
et comme des raisins les mouches violentes
naîtront dans sa fourrure aujourd'hui rayonnante.
- Mais c'est une leçon qu'on ne peut oublier.
Car, mon ami, si tu implores les poètes,
ils vont te révéler de dangereuses fêtes :
puisant dans leur mémoire une vive beauté,
ils composent des vers où brille la souffrance
et montrent, orgueilleux de leur grande opulence,
quelque poème lourd comme un lièvre tué.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
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Amour, je ne viens pas dénouer vos cheveux
Amour, je ne viens pas dénouer vos cheveux
Amour, je ne viens pas dénouer vos cheveux.
Déserte, toute armée, inutile étrangère,
Je vous laisse debout dans un peu de lumière
Et je garde ce corps pur et mystérieux.
Mais pardonnerez-vous ce merveilleux ouvrage ?
Vous perdez un trésor à suivre mon conseil.
- Comme une eau solitaire où descend le soleil
Renonce pour tant d'or aux plus beaux paysages,
Ainsi les mouvements, les ruses de la vie,
Ces faiblesses, ces jeux, cette douce agonie,
Vous n'en connaîtrez pas le redoutable prix.
Toute pure à jamais mais toute prisonnière,
Vous resterez debout comme un peu de lumière,
Sans vivre, sans mourir, dans les vers que j'écris.
Amour, je ne viens pas dénouer vos cheveux.
Déserte, toute armée, inutile étrangère,
Je vous laisse debout dans un peu de lumière
Et je garde ce corps pur et mystérieux.
Mais pardonnerez-vous ce merveilleux ouvrage ?
Vous perdez un trésor à suivre mon conseil.
- Comme une eau solitaire où descend le soleil
Renonce pour tant d'or aux plus beaux paysages,
Ainsi les mouvements, les ruses de la vie,
Ces faiblesses, ces jeux, cette douce agonie,
Vous n'en connaîtrez pas le redoutable prix.
Toute pure à jamais mais toute prisonnière,
Vous resterez debout comme un peu de lumière,
Sans vivre, sans mourir, dans les vers que j'écris.
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Art poétique
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Art poétique
Je fis ce masque pour mes frères
Avec l'or que j'avais volé
(Dieu des chanteurs, ami sévère)
A ma vieille sincérité.
Que leurs dédains m'ont réjoui !
- Toute ma vie agenouillée.
Un dieu s'y est épanoui
Comme une rivière emportée.
On peut revivre ! On peut se taire...
Ô éternité sans recours
Selon ta flamme solitaire
Ma lyre a dit ce mot d'amour.
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Chaque jour un oiseau rencontre ce garçon
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Chaque jour un oiseau rencontre ce garçon
Chaque jour un oiseau rencontre ce garçon
Aux yeux baissés, qui se promène sous les arbres,
Vers la nuit, qui n'est pas plus gai que de raison
Ni triste, - mais l'oiseau l'écoute qui se parle :
Il ne regarde pas les hommes dans la rue,
Leurs yeux pâles (dit-il) ni les bêtes du soir,
Ni cet ange, ni cette femme de chair pure
Dont le visage aime à sourire sans miroir ;
Il est sage, - si fatigué que les passants
Aimeraient mieux le voir pleurer à leur manière,
Et lui font signe, et vont à lui le coeur battant,
Mais il s'éloigne seul.
Un reste de lumière
Au ciel, une couleur de l'air, le vent, la pluie
Lui font plus de plaisir que ces aimables gens,
Le mènent à penser plus de bien de sa vie
Et lui donnent le coeur de poursuivre son chant,
S'il chante, s'il se porte à la source des larmes
Pour s'étonner de ce mystérieux pouvoir
Et laisser, humblement, qu'on lui prenne ses armes
Des mains, - qu'il soit enfin poète, sans espoir.
Ce qu'il touche s'altère et s'en va dans un rêve ;
Les merveilles qu'il forme au gré de ses désirs
Je sais trop qu'il ne peut y trouver de plaisir
Et qu'un songe, aussitôt qu'il l'incline, s'achève.
- Ainsi passe cet homme, oublié, sans histoire,
Portant l'hostie en bouche et par elle émouvant,
Prisonnier de son dieu comme sont les avares,
Qui se perd sans bouger au milieu des vivants.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
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Comme parle et se tait une fille des hommes
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Comme parle et se tait une fille des hommes
Comme parle et se tait une fille des hommes
Comme de grands secrets sont formés par son corps
Quel étrange plaisir, à cette heure où nous sommes
Aussi libres de tout que les esprits des morts,
Aussi légers, abandonnés, sûrs de nous-mêmes,
Aussi loin de la vie aux doux yeux égarés,
Bien sages, sans vouloir connaître qui nous aime,
Comme de beaux miroirs souriants et brisés.
J'écoute sommeiller cette rose nombreuse,
Lointaine, en son langage espérant un baiser...
- Mais je retiens mon souffle auprès de l'amoureuse.
Et me garderais bien de la désaltérer.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Connaissance de l'ivresse
Connaissance de l'ivresse
Ô douleur chevelue adossée au comptoir
Du vieux cabaret où je fume
Belle dame dorée emprisonnant le soir
Dans cette lyre qui s'allume
Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
Les limonades, les liqueurs,
A l'aimable madère et aux honteuses menthes
Vos yeux empruntent des couleurs.
Madame ma douleur d'alcool auréolée
Lève de paresseuses mains
Reverrons-nous enfin ce corps dans la fumée ?
- Cependant qu'aux lueurs du vin
Une Muse déjà mortellement blessée
S'enivre et hurle comme un chien.
Ô douleur chevelue adossée au comptoir
Du vieux cabaret où je fume
Belle dame dorée emprisonnant le soir
Dans cette lyre qui s'allume
Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
Les limonades, les liqueurs,
A l'aimable madère et aux honteuses menthes
Vos yeux empruntent des couleurs.
Madame ma douleur d'alcool auréolée
Lève de paresseuses mains
Reverrons-nous enfin ce corps dans la fumée ?
- Cependant qu'aux lueurs du vin
Une Muse déjà mortellement blessée
S'enivre et hurle comme un chien.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Construction
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Construction
Sortons. J'ai entendu des Dryades profondes,
Lamentantes redire aux hommes de l'été
(Comme de grandes eaux amoureuses qui grondent)
Quel amour il faudrait à leur avidité.
Est-ce vous sur ce banc ma Muse vagabonde,
Coudes au corps, les mains ouvertes, l'air brisé ?
Je garde aux dents le goût de vos fourrures blondes,
Je me noue à vos bras, lierre, dieu naufragé.
Bruxelles réjouit d'un amour tendre et terne
Ses faubourgs bourdonnants ainsi que des citernes.
Moi je me crée une Ève avec solennité.
Cette épouse est debout et mes lampes s'enflamment !
Viens, toi que forme seule entre toutes les femmes
L'équilibre sans fin d'un poème achevé.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
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Découverte de l'évidence
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Découverte de l'évidence
La vie est simple. Je dis
Que nous ignorons sa grâce,
Masque transparent, visage
Ridicule, tu souris.
Toi, frère des champs, merci :
La vie est à ton image.
Parle donc, pour être un sage.
Soyons plus forts que l'ennui.
J'enferme les vieilles Muses,
Car ces filles ont des ruses
Terribles et sans beauté.
Vite en cage ! - Moi, j'existe
Et je vois avec fierté
Qu'on ne saurait être triste
Aux jardins que j'ai plantés.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
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Défaite
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Défaite
Je ne suis pas parti
ma chambre m'a vaincu.
Pourquoi si durement
aime-t-elle ce corps ?
Pourquoi clouer au mur
mes coudes prisonniers ?
Et pourquoi me garder
debout en face d'elle ?
C'est vrai, j'avais menti :
j'ai désiré la gloire,
- Ce besoin de m'enfuir
ne fut pas un essor -
mais au moins si ma voix
demeure belle et fraîche,
ah ! que l'on me soutienne
un peu sous les épaules !
- Appuyé aux fenêtres
(et derrière cela
à la nuit maritime
où les mouettes souffrent),
je médite un combat
léger et foudroyant
un vol inattendu
à l'immobilité...
J'avance ! Je nourris
une ardeur sans égale !
- Et transporté soudain
de colère et d'orgueil,
pour connaître les fruits
que porte mon malheur,
je secoue en criant
ce grand arbre nocturne !
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Écoutez-moi si vous m'aimez
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Écoutez-moi si vous m'aimez
Écoutez-moi si vous m'aimez :
Je suis sauvé lorsque je chante ;
Et toi, surtout, que j'ai formé
De ma plus douce voix vivante :
Tes beaux cheveux bien éclairés
Comme le feu dans la poussière
Te font pareil aux oliviers,
Tes mains connaissent un mystère
Dont il reste de l'or aux doigts...
Si tu es dieu, révèle-toi.
- Garde ton sang, bouche mordue,
J'y vois la trace de ton coeur :
Sur la voie que tu as perdue
Je t'ai suivi comme un chasseur.
Es-tu cette étoile sauvage ?
Je te salue, ô visiteur,
Dans la lumière et la douleur,
Visage doux comme une plage
Usée, habituée aux vagues...
Tu es l'amour aux mains profondes :
Partageons ce pain et ce sel...
- Salut, dans le milieu du monde,
Salut à mon ami mortel.
Puis-je mourir, quelle folie !
N'entends-tu pas ma poésie
Et ce coeur battre, ô bouche d'or ?
Je suis le berger de ces ombres
Et le principe de ces choses
Ayant fait oeuvre de mon corps
Je suis vainqueur, il se repose,
Et je retourne à mes trésors.
- Homme enfermé, l'orgueil t'égare
Libre et vivant, - devant un mur.
Accorde-moi ce corps avare,
Ne sois, enfin, qu'un esprit pur.
Amour, ce serait par faiblesse...
- Mais, par faiblesse, sois heureux.
Laisse ces ruses sans noblesse
J'ai vu la flamme dans tes yeux...
Alors, il me prend par la tête,
Porte la nuit dans mes fénêtres,
Porte sur moi son souffle ardent,
Par les genoux brise ma force
Et, comme un cheval qui s'emporte,
Jette ses cheveux dans le vent...
- Je suis seul. Je serre les dents.
Plus tard, un soir comme les autres,
La poésie monte et se pose,
L'eau merveilleuse monte en moi,
Le dieu se pose dans ma chambre,
Tout est changé, c'est que je chante :
Amour, entendez-vous ma voix ?
Mais le Démon n'écoute pas,
Il pleure dans ses mains profondes...
- Les poètes sont seuls au monde.
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Date d'inscription : 09/09/2008
Églogue désolée
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Églogue désolée
Amour dont je chéris la fourrure mouillée
quand remue à ton cou ce minable ornement,
laisse-moi du beau corps que tu meus sagement
peindre la vraie image austère et dépouillée.
Je t'emporte avec moi, masque de porcelaine,
silencieux esprit de la rue en été.
Quand, écoeurante enfin par trop de chasteté,
l'odeur des eaux pénètre une terre plus saine,
quand la ville mûrit comme un fruit altéré,
sous la pluie et le gaz favorable aux baisers,
je sais que ton oeil jaune a des feux indomptables.
- Mais, guerrière, ta voix qui m'enchante et m'accable
je la viens étouffer dans tes cheveux épais,
- et qu'un poème pur consacre notre paix.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Grande bête dorée, Amour couleur de femme
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Grande bête dorée, Amour couleur de femme
Grande bête dorée, Amour couleur de femme
Les bras ouverts, debout au milieu du chemin
Que faites-vous de moi dans cette blanche flamme ?
Soutiendrais-je longtemps son éclat inhumain ?
Laissez donc ma sagesse étendre un peu ses ailes,
Passer ce bel oiseau sur mes livres déserts ;
Laissez aller mon chant à des amis fidèles
Et battre ce coeur dur quand je forme un beau vers.
Je retrouve partout votre force pliante
Vos longues mains, partout vos mains toutes-puissantes,
Ces délices sur moi sans que j'ouvre les yeux
Hélas ! et ce plaisir où le corps se dénoue,
- Comme un soldat fuyard s'empêtre dans la boue
Tombe parmi les morts et se perd avec eux
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Date d'inscription : 09/09/2008
Guérison
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Guérison
Le gazon nourri des vertes banlieues,
Ma forêt d'amour aux chemins vernis,
Sont tout pénétrés d'une pâte bleue
- D'un azur solide où planter des nids.
Fuyons les pays que leur gloire encombre
(Quel désert superbe on ferait ici)
Nous irons au bois fouler le décombre
De tout ce laurier cher à mes amis
Il faut mettre au vert notre poétique.
Ne te grise plus de métaphysique,
Laisse épanouir ton corps triomphant.
Tout s'arrangera si tu es bien ivre !
Muse des taillis qui ris de mes livres,
Allons dans les bois te faire un enfant.
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Date d'inscription : 09/09/2008
Histoire d'une amitié
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Histoire d'une amitié
Le sable et les arbres jouaient
A m'égarer
Le vent et les oiseaux jouaient au plus léger
Plaisir des dunes
Une canne de jonc
Une cravate Un papillon
Écume de mer Pipe d'écume
Avec l'amitié pour enjeu
Ces jeunes gens ne sont pas sérieu
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même
" La terre montre au ciel ce qu'elle a de plus beau. "
Simon Senne.
A Robert De Geynst
Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même
Et tout ce que j'aimais, comme le sable fin
Sans peser sur la plage où les vents le dispersent
(Amour dont je traçais un émouvant dessin)
S'évanouit... La seule étendue inutile
Mais seule, mais unie, en pente vers la mer,
Me laisse par l'écume aller d'un pas tranquille
Qu'elle efface après moi. Toi, paysage amer,
Paysage marin, le seul où je sois libre,
Qui parle mieux qu'un homme, avec plus de grandeur,
Donne-moi, pour un soir, cette raison de vivre,
- Le secret de ta grâce au milieu du malheur :
Sans faiblesses, sans fleurs charmantes ni flétries
Mais tellement plus beau qu'aucun ouvrage humain,
La terre unie au ciel par la foudre ou la pluie
Et les quatre éléments tenus dans une main.
Vous faites ces beautés, lumières de l'orage,
Dunes, léger trésor, mouvement des éclairs,
- Mais il reste à traduire un si noble langage
Et vous n'aurez de sens que celui de mes vers
- Quand je n'avais plus rien à dire de moi-même
Ce paysage m'a répondu sagement :
Car la création est le jeu que je mène
Et jusqu'à mes ennuis doivent former un chant.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
J'ai bu du rhum
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
J'ai bu du rhum
Joie ardente, corps nouveau
Hors des vagues de la danse
Vive enfin ta violence
Ton orgueil et tes sursauts !
Ah, mon plaisir ! Il te faut
Adorer avec silence,
Tout cet été qui s'élance
Qui s'épuise dans les eaux !
C'est le rôle de ma vie :
Miracle ! Je simplifie
Jusqu'aux songes de l'Éther,
Et d'une cime enflammée
Voici ma terre sacrée
Belle comme un oeil ouvert !
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Je ne chanterai pas très haut ni très longtemps
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Je ne chanterai pas très haut ni très longtemps
Je ne chanterai pas très haut ni très longtemps.
C'est à mon plaisir seul, à vous que je m'attends
Égalité du coeur, honnête poésie.
Je n'ai rien de meilleur que cette humeur unie,
J'éprouve la couleur le grain de mon papier
Et l'incertain trésor que j'y viens gaspiller.
Toute pleine de moi, page sans bornes, vive
Étendue où respire une blanche captive,
Mon amour est sur toi comme un ciel éclairé.
Je me retrouve ici seul et désaltéré.
J'ai placé mon bonheur dans un calme langage :
J'aime, et jusqu'aux détours, la route où je m'engage.
Il est sur la cité cinq heures du matin
Dont les vapeurs de l'aube ont brouillé le dessin.
Déjà le boulanger quitte son four sonore,
La nuit aux marronniers, pâle, repose encore,
L'espace doucement a reçu les oiseaux
Et la sirène crie au milieu des bateaux.
Tout le gris éventail d'une ville éveillée
Ouvre son paysage au seuil de ma journée
Et parmi les couleurs de l'arrière-saison
Je dispose le monde autour de ma maison :
Ici d'humides toits glissent dans la lumière,
Se perd par la fumée une étoile dernière,
Un cerisier profond règne sur mon jardin
Et se charge de jour le gazon citadin.
Arbres, roses, pelouse, il n'est rien qui ressemble
A l'édifice pur que vous formez ensemble,
Mais combien difficile à ne point abîmer...
Le beau temps me baptise et fait son feu léger
Parcourir, éveiller un esprit sans faiblesse.
Le thé que je compose est philtre de sagesse,
L'eau tire de sa feuille une riche liqueur ;
J'en éprouve longtemps la pointe et la vigueur.
Ô Thé miraculeux dans cette porcelaine
Au prix d'un or si fin que la richesse est vaine !
Penché sur ton miroir comme les japonais
Respectueusement je respire la paix,
Je repose les mains sur une blanche table
Et le calme où je suis devient si délectable,
De si divine sorte et légèrement fait,
Que toute ma journée en sentira l'effet.
Cette chambre aux murs bleus ouvre dans le feuillage.
La vigne vierge y pousse une flamme sauvage,
Des meubles de bois sombre y luisent simplement
Et le corps est heureux de son embrassement,
Haute fenêtre d'or où ma ville s'appuie,
J'allume en votre honneur une pipe chérie :
Un feu doux et léger bouge au creux de la main,
Dont la chaleur me fait profondément humain.
J'écoute s'éveiller mille voix diligentes,
Battre les lourds tapis et chanter les servantes,
Bruxelles accomplir un rite matinal.
J'avance, l'air entier sonne comme un cristal
Et l'Automne guide mes pas aux avenues.
Pourtant il faut chanter les plus petites rues :
Du soleil s'abandonne à leur pâle pavé
Et le ciel alentour touchant et délavé.
Les marchandes de fleurs y cherchent un sourire ;
Elles ont la couleur des choses qu'on désire
Et, parmi le trésor le plus rafraîchissant
Vivantes, elles font un murmure glissant.
Dans sa robe d'argent comme une vieille amie
Voici pour mon repos la place Stéphanie,
Votre haute fontaine ô Porte de Namur,
Et les jardins du Roi pénétrés par l'azur.
Il est près de Midi. Je vois des hommes vivre.
Passe un cheval dansant, brillant comme le cuivre,
Une. petite fille aux magnifiques dents,
De célèbres messieurs, des cigares ardents.
Comme, au long des trottoirs, une bête docile,
Se range proprement la souple automobile ;
Des femmes sans couleur se tenant par la main
Avancent au milieu d'un silence inhumain.
Leurs cheveux sont ornés d'une rose glacée,
Cette blouse déteinte et leur lèvre blessée ;
Elles ne savent pas saluer le soleil.
Terrasse des cafés sous un lierre vermeil
D'où je vois s'agiter ma ville industrieuse,
Boulevard aussi beau par ta robe poudreuse
Qu'un fleuve déployé dans son vaste dessin,
Maisons de mes amis, la mienne, mon jardin,
Champs d'avoine et d'air pur qui faites la banlieue,
Nuages sur les toits et dans la pierre bleue,
Vous êtes le décor que je donne à ces vers.
Qui m'aime, aime ma ville et me suive au travers.
Dans le bois de la Cambre, un facile Dimanche,
Sous l'aile des pigeons cette île toute blanche,
Cette île, autour de quoi les feuillages et l'eau
Ferment dans le brouillard leur précieux anneau,
Ne vous est-elle pas, distraite citadine,
Comme, après le soleil, une pluie haute et fine
Nourriture du coeur et gage de santé ?
Mes rames dérangeant un trésor argenté,
La barque obéissante échappe à son sillage.
Vous êtes mon ami, sylvestre paysage,
Vous êtes la dernière et meilleure raison
De qui ne connaît plus le dieu de sa maison.
Mais déjà s'abandonne une image de rive
Au mouvement d'amour de cette onde attentive
Quand se répand sur elle et l'épouse le soir
Comme une jeune haleine obscurcit son miroir.
Déjà s'ouvrent, au fond d'un feuillage docile,
Les fleurs blêmes du gaz, les lampes de la ville ;
Une auréole tombe au pied d'arbres en feu,
Pâle et vaste, que j'aime, et qui m'égare un peu.
Adieu, domaine pur...
Bruxelles se déploie.
Une foire opulente alimente sa joie ;
Écumeuse comme elle et pleine de danger
Je regrette la mer, au moment d'y plonger.
Grosses roses de bois, carrousels de banlieue !
Un vertige saisit la fille en blouse bleue,
De tendres Grenadiers la soutiennent à point.
Un clown ouvre les bras, je lui souris de loin.
Je goûte ma faiblesse avec sollicitude,
Je me trouve, sans but et sans inquiétude,
A cette chaude foule un corps abandonné...
J'admire la souplesse et le bien-ordonné
D'une montagne russe au-dessus des feuillages :
Elle déroule un rail, visite les nuages,
Et chavire la foire ! et sombre ! et, mollement,
Berce, caresse, vide un corps convalescent...
Au front des promeneurs que cette foule mène
Au sommeil, aux plaisirs, goûtés sans trop de peine,
Le dangereux amour pose ses mains de feu ;
Et ses ruses feront la règle de mon jeu.
Je vous aime, Cité, domaine de la pluie,
Mais dont les habitants moquent la poésie.
Comme un grand violon de silence habité
Vous êtes l'instrument d'une divinité.
Laissez, laissez mûrir, se charger d'évidence
Cette chose sans nom, cette vaste espérance ;
Se composer un dieu par vos arbres blessés,
Par vos matins déserts et vos soleils brisés,
Par le visage d'or des nuits européennes.
A mes raisons d'amour chacun joigne les siennes.
Tant de silence frais, comme au petit matin,
Favorise le jeu d'un esprit citadin.
Quelle tranquillité fait ma fenêtre ouverte...
Bruxelles, arrosé comme une plante verte,
Bien nouveau, bien plaisant, se tait quand je le veux.
Ce n'est pas au hasard que je nomme ses dieux
Et ni distraitement que ce grand corps murmure.
Je sais où caresser ma belle sans-figure,
Ma ville habituée aux malices du ciel ;
Je ne souhaite pas de plaisir éternel :
Et les quatre saisons me gardent des surprises
Au filet du Printemps quand les branches sont prises
Et que de purs chemins traversent le gazon,
Comme un discours logique et nourri de raison
De beaux jardins me font une vertu nouvelle.
Mais, sous une toison brûlante et solennelle
Lorsque le mois de juin presse le boulevard,
Que des visages nus mélangent leur brouillard,
Autour de qui l'amour tourne comme une bête,
- Comment ne pas chérir cette rapide fête,
Comment ne pas se prendre aux pièges de l'Été ?
Octobre transparent a les couleurs du thé
Et cet intime accent qui fait d'un paysage
Aux hommes patients entendre le langage ;
La banlieue en Automne est un miroir secret
Qu'il faut longtemps polir et de mince reflet,
Mais qu'un peu d'amitié touche son eau fermée :
II n'est rien de si beau dans la plus belle année.
L'Hiver enfin m'enchante et le pavé sonnant ;
Bruxelles reformé dans un ordre émouvant,
Ses arbres dépouillés, sa menteuse logique,
Et le cruel éclat d'un ciel géométrique
Sur toutes nos maisons comme un couteau planté.
J'épuise ces trésors avec tranquillité.
Que n'importent des biens dont je n'ai plus envie
Si je n'en tire un miel qu'on nomme Poésie ?
Je compose ces vers pour me sentir vivant ;
Mais non pas au hasard, non pas distraitement.
Quel besoin de mentir, d'habiter un nuage ?
Il est assez de ruse en ce simple langage,
Les lecteurs que je veux ne s'y tromperont pas.
Yvonne aux gants de fil, dame des cinémas,
Perle et poudreuse rose à la faveur des ombres,
Voit Charlie au corps pur danser sur les décombres.
Les femmes n'aiment pas tant de légèreté.
Mais vous, plus attentive à la divinité,
Saisissez de ses jeux le périssable charme
Et comme un film usé me touche et me désarme,
Ainsi de vos cheveux, de votre froide main.
Mais Élise ! solide et comme le bon grain
Dorée, ouverte aux dieux, fondée en gymnastique,
Éprouve du talon la pelouse élastique
Touchée au petit jour par la grâce du sport.
D'où cette heureuse allure et ce paisible port.
De sommeillants bonheurs ne sauraient plus me plaire
Ni le goût de pain bis d'une enfant sédentaire ;
Mon Élise vivante a le coeur mieux placé,
Sous la douche reçoit un sacrement glacé
Et goûte ses plaisirs sans sourire ni plainte.
Mais toi, dont je chéris la fourrure déteinte
Quand remue à ton cou ce minable ornement,
Suzanne, à la clarté du gaz attendrissant,
Ivre, maigre, et m'ouvrant ta bouche apprivoisée,
Élève dans mes bras une chanson brisée
Ma ville et mon amie ont les mêmes yeux gris.
Sans doute est-il beaucoup de plus nobles pays,
De plus riches climats où déployer sa vie
(Et je ne sais, Paris, comme l'on vous oublie)
Paysages, lointains voyages, ciels changeants...
Mais trouverais-je ailleurs autant d'amis vivants ?
Ma patrie est où sont ces hommes délectables ;
C'est par eux que mes vers deviennent raisonnables,
Pour eux que je guéris d'un délire sacré ;
Ma ville obéissante est refaite à leur gré.
Heureux de parler clair, fondés en poésie,
Laissons-nous-y longtemps caresser par la vie :
Chaque jour de jeunesse est doré comme un pain ;
Poursuivons, sans vieillir, un dialogue humain.
Je termine à ces mots l'éloge de Bruxelles :
Poésie, Amitié, mes lois sont les plus belles,
Ornement du jardin, gloire de la maison,
Les précieux épis d'une riche saison.
Au terme aérien d'un jour sans aventure
Entre mes doigts s'achève un ouvrage d'eau pure
Et je baisse la voix, comme le soir se fait.
Que ma ville repose, elle a dit son secret :
Voici tout le dessin de son meilleur visage.
Comme la mer unit une facile plage,
Comme d'une amoureuse on lisse les cheveux,
Un instant sage encor, sage et silencieux,
Je contiens ma chanson, ma fortune ignorée...
Mais elle s'est de moi doucement détachée ;
Les mains vides, j'entends se perdre ses oiseaux...
Libre et seul, je connais le prix de mon repos :
Quelle paix sur ma ville et quel air d'innocence...
Mes vers portent en eux leur pure récompense.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Je vivais au milieu de choses mal unies
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Je vivais au milieu de choses mal unies
Je vivais au milieu de choses mal unies,
Demandant au hasard de diriger mes pas.
Je mettais à mon dieu le masque des folies
Et le meilleur ami ne me connaissait pas.
Il s'est fait un été plus divin que les autres,
Comment résisterais-je à son embrassement ?
Je marche, confondant mes biens avec les vôtres ;
Je respire au milieu d'un monde bien portant.
Beau jour sobre et profond comme un marbre sauvage,
Que vos angles dorés m'ont donné de secours !
Tant de perfection fait aimer son ouvrage
- Tant de limpidité détourne de l'amour.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
La blessure
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
La blessure
A René Purnal
Les mains dans le brouillard et mon orgueil en bouche
Comme une bête tient sa proie ou ses petits,
Je respire, je vais. Le monde me saisit,
Les couleurs de la vie autour de moi se couchent.
Bariolé de sang, chargé d'un picador,
Le cheval éventré trébuche dans sa traîne.
Ainsi je porte au dos mon brillant capitaine,
Je sens les éperons d'un ange chercheur d'or.
Mais la belle vivante aux mains immaculées,
De feuillage, de ciel, et de formes ailées
Couvre le champ désert où je plantais mon pic.
Filon d'or égaré sous l'herbe, qui scintille !
Faiblesses de l'amour dans un jardin public...
- L'ange que je portais saigne comme une fille.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
La Cène
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
La Cène
Tu ne t'es plus, Seigneur, assis à cette table.
Aussi impatient de passer que le sable,
parce que je suis seul je parle du bonheur.
Ayant mangé ces fruits, je goûte la liqueur.
Ma récompense fut la grandeur de l'attente.
L'orage peut noyer les routes éclatantes :
admirable tu vins dans ma jeune saison
par les portes d'Avril et le rude gazon.
- J'impose à mon plaisir cette cause pieuse.
Car ces mois sont pareils aux eaux tumultueuses
où l'arbre plein d'amour retombe convulsé.
Qu'ils coulent ! Je prévois l'abondance future,
et dans tous les vergers je ressens le murmure
d'une arche qui s'ébranle aux confins de l'été.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
La victoire
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
La victoire
L'oeil terrible d'un dieu s'est ouvert à mon front :
Que je vois bien la vie au fond de ma blessure !
Et comme un loup marqué de honteuses morsures,
Je porte, clair regard, le faix de tes rayons.
- J'ai cherché ma patrie avec sincérité
Dans ses villes, son ciel, ses champs et ses navires.
- Mais rien ne vaut la chambre où je fais de ma lyre
Le silence pleuvoir avec limpidité.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Le corps fermé comme une jeune rose
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Le corps fermé comme une jeune rose
Le corps fermé comme une jeune rose
Celle qu'Amour ne désunissait pas
Qui disposait pour nous entre les choses
L'oeuvre excellente et pure de ses pas
Dont les cheveux donnaient le goût de vivre
Et dont les mains faisaient le pain doré
- N'était-ce rien qu'un instant d'équilibre
Par un miracle au hasard préservé ?
Pour un sourire elle consent au monde
Elle s'accorde ou se rompt au plaisir,
Toute inclinée et mêlée à son ombre
Le corps défait par un pauvre désir
Mais qui l'avait de neige couronnée
Comme il la tient perdue entre ses bras
Ayant goûté sa bouche humiliée
Amèrement s'en détache et s'en va
Il s'en va seul, ruiné, regrettant son courage.
Il voit de grosses mains se poser sur ses dieux
Les dames se repeindre et rire les messieurs
L'or aux dents, le soleil au milieu du visage
Il voit de beaux enfants rayonnants de jeunesse
Tendrement sous les bras saisissant une chair
Donner de leur substance à des femmes ouvertes
Et chercher de l'amour dans ces ventres déserts
Il voit briller l'éclair sur les maisons du monde,
Les morts en habit noir dans les fêtes de nuit,
Les lâches, les tricheurs, enfermés par la honte,
Que le jour du seigneur trouve nus dans leur lit
Il voit se dénouer le choeur des jeunes filles
Celle-ci recevoir un baiser triste et bas,
Celle-là prisonnière aux genoux d'une amie,
Cette autre douce-ardente, et seule, dans ses bras.
Il voit le peuple humain s'enivrer de soi-même.
- Qu'il montre sa blessure, on y met un baiser -
Mais comment pourrait-il accepter ce qu'ils aiment ?
Il veut pour sa patrie un sol immaculé
Les arbres parlent seuls dans le vent de la ville
Ils gardent leurs secrets, ils perdent leurs oiseaux
- Mais on fait ce qu'on veut de leur force immobile
Et leurs maîtres les ont plantés sur des tombeaux
La mer toute-puissante, aujourd'hui blanche et noire
Laisse trop de vivants parcourir sa beauté ;
Ils font leurs pauvres tours au milieu de sa gloire
Elle brille, s'élance - et se couche à leurs pieds
Le ciel même se voit expliquer par la terre :
Ses étoiles ne sont que des mondes mortels
Le visage de l'homme arrête la lumière
Il regarde en riant l'équilibre du ciel
Partout tombe, s'agite, et parle cette bande.
Celui qui se refuse et veut se passer d'eux
Comme un joueur ruiné prisonnier dans sa chambre
N'a plus qu'à se remettre entre les mains de Dieu
- Il compose des vers mystérieux et sages,
Lentement, pleins de sens et de sérénité
- Puis se couche et s'endort, ayant fait son ouvrage
Et repris dans son corps le pouvoir de chanter.
- Beaucoup plus tard, un jour sans tache, un jour sans ombre
- Beaucoup plus tard un air d'eau neuve, un oiseau blanc...
L'homme s'éveille, et s'émerveille, et vient au monde,
Et laisse aller en liberté son coeur battant...
Que de beauté ! Les arbres font leur grand murmure,
La mer et le soleil du matin sont unis...
Voici le ciel dans les chemins de l'aventure
Voici cet homme - et son amour est devant lui
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Pour veiller ce soir d'hiver
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Pour veiller ce soir d'hiver
A Eric de Haulleville
Pour veiller ce soir d'hiver
Verse le thé, plus amer
Et violent que le fer,
Où est le plaisir des sages.
Tu te penches sur ce thé
Tu y cherches la santé
Les vertus, la vérité
D'une eau vive et sans nuages.
Or un visage sans prix
Comme de l'or dépoli
Apparaît et te sourit
Dans la liqueur agitée
- Ce ne sont pas là tes yeux
Mais d'un messager des dieux
Le silence sérieux
L'ombre à peine dessinée...
Une confidence pure
De l'adorable figure
S'élève, dans un murmure
Que tu ne veux écouter,
- Et, sans plus d'inquiétude,
Pour une moins fine étude
Tu reprends ta solitude,
- Tu bois le reste du thé.
Va ! Détourne ton regard
Des merveilles du hasard
Mais tu pleureras plus tard,
Homme vaniteux et vide,
Ce visage qui chantait
Sans le dire, le secret
D'un si étrange reflet
Dans ce peu de thé limpide.
- Oui, tu empoignes la lyre !
Mais tu ne sais plus sourire,
Et ce sonore délire
Stupide nous touche peu.
A ta chanson toute prête
Manque une vertu secrète
Pour être vraiment poète
Il faut compter avec Dieu.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
Prière pour être sage
- Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928)
Prière pour être sage
Ah ! ne me soyez plus, orgueil, d'aucun secours.
Cet hiver épuisant me laisse trop sincère
et j'ordonne avant tout une force sévère
à mon coeur fatigué d'inutiles détours.
Il ne me reste plus qu'un misérable amour
et le secret de l'Ange égaré sur la terre ;
mais écoute ! je sais une route légère,
j'imite Dieu avec ce rire de velours...
Que ferais-je à présent de votre lourde vie ?
Montrez-moi le chemin des vagues endormies,
laissez-moi découvrir un rivage inconnu ;
et que m'agenouillant sur ces plages parfaites
par le bruit d'un poème et des eaux satisfaites
la grâce de la mer augmente ma vertu.
nisrine nacer- Nombre de messages : 1044
Date d'inscription : 09/09/2008
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