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poesie:Pierre QUILLARD

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Message par fayssal morad Sam 24 Avr - 15:26


  • Pierre QUILLARD (1864-1912)

Chambre d'amour



La nuit tiède est clémente à la ville qui dort ;
Des lys impérieux triomphent dans la chambre
Et cependant nos coeurs sont froids comme Décembre
Et nos baisers d'amour amers comme la mort.

Ta douce bouche s'ouvre à des chansons mièvres
Et tes seins bienveillants accueillent mon front las ;
Mais, ô ma douloureuse enfant, je ne sais pas
Pourquoi les dieux mauvais empoisonnent nos lèvres.

Qu'importe ? viens vers moi, triste soeur ; aimons-nous,
Sans craindre la saveur glorieuse des larmes,
Tels des héros blessés avec leurs propres armes
Et dont le glaive d'or a rompu les genoux.

Viens ! nous aurons l'orgueil des âmes taciturnes
En cette chambre morne et veuve de flambeaux,
Où, semblable à l'odeur des antiques tombeaux,
Un parfum sépulcral monte des lys nocturnes.
fayssal morad
fayssal morad

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Message par fayssal morad Sam 24 Avr - 15:26


  • Pierre QUILLARD (1864-1912)

L'automne a dénudé...



L'automne a dénudé les glèbes et le soir.
Un soir d'exil et de mains désunies,
S'approche à l'horizon des plaines infinies,
Roi dévêtu de pourpre et spolié d'espoir.

Ô marcheur aux pieds nus et las qui viens t'asseoir
Sans compagnon, parmi les landes défleuries,
Près des eaux mornes, quelles mêmes agonies
Alourdissent ton front vers ce triste miroir ?

Je le sais, tout se meurt dans ton âme d'automne.
Laisse la nuit prendre les fleurs qu'elle moissonne
Et l'amour défaillant d'un coeur ensanglanté,

Pour qu'après le sommeil et les ombres fidèles
Les clairons triomphaux de l'aube et de l'été
Fassent surgir enfin les roses immortelles.
fayssal morad
fayssal morad

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Message par fayssal morad Sam 24 Avr - 15:27


  • Pierre QUILLARD (1864-1912)

Pour une absente



Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir,
Immobile, oublieux des rafales d'automne
Qui font les frondaisons se rouiller et jaunir
Et de la mer roulant sa plainte monotone ;
Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir.

Le demi-jour filtrant des étoffes tendues
Sera doux et propice à mon coeur nonchalant,
Quand je l'évoquerai du fond des étendues,
Et sa voix emplira d'un hymne grave et lent
Le demi-jour filtrant des étoffes tendues.

J'aurai la vision chère devant les yeux :
Le souffle parfumé de l'ineffable Absente
Flottera pour moi seul dans l'air silencieux
Subtil comme une odeur de fraise dans la sente ;
J'aurai la vision chère devant les yeux.

Et je dirai tout bas ma tendresse latente ;
Ô coeur lâche, tremblant et révolté, je veux
Que ton intime amour se révèle et la tente :
Tu te résigneras à l'effroi des aveux
Et je dirai tout bas ma tendresse latente.
fayssal morad
fayssal morad

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poesie:Pierre QUILLARD Empty Ruines

Message par fayssal morad Sam 24 Avr - 15:27


  • Pierre QUILLARD (1864-1912)

Ruines



À Maurice Nicolle.

L'illustre ville meurt à l'ombre de ses murs ;
L'herbe victorieuse a reconquis la plaine ;
Les chapiteaux brisés saignent de raisins mûrs.

Le barbare enroulé dans sa cape de laine
Qui paît de l'aube au soir ses chevreaux outrageux,
Foule sans frissonner l'orgueil du sol Hellène.

Ni le soleil oblique au flanc des monts neigeux,
Ni l'aurore dorant les cimes embrumées
Ne réveillent en lui la mémoire des dieux.

Ils dorment à jamais dans leurs urnes fermées,
Et quand le buffle vil insulte insolemment
La porte triomphale où passaient des armées,

Nul glaive de héros apparu ne défend
Le porche dévasté par l'hiver et l'automne
Dans le tragique deuil de son écroulement.

Le sombre lierre a clos la gueule de Gorgone.
fayssal morad
fayssal morad

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