poésiede Victor Segalen
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poésiede Victor Segalen
Poésies de Victor Segalen
Victor Segalen
Victor Segalen est né 1878, Brest et mort en 1919, il fut un poète,
mais aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue français.
Il est né le 14 janvier 1878 à Brest (rue Massillon). Après
des études de médecine à l'université de Bordeaux,Victor Segalen est
engagé comme officier médecin et est affecté en Polynésie française.
Il n'aime pas la mer, ni naviguer mais débarquer et découvrir. Il
séjourne à Tahiti en 1903 et 1904. Lors d'une escale aux îles
Marquises, il a pu acheté les derniers croquis de Gauguin,
décédé trois mois avant son arrivée, qui seraient sans lui partis au
rebut. Il rapporte en métropole un roman, les Immémoriaux (1907), un
journal et des essais sur Gauguin et Rimbaud qui ne seront publiés qu'en 1978.
En 1908, il décide de partir en Chine où il soigne les victimes de
l'épidémie de peste de Mandchourie. En 1910, il décide de s'installer
en Chine avec sa femme et son fils. La première édition de Stèles voit
le jour à Pékin en 1912. Il entreprend en 1914 une mission
archéologique consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des
Han. Cette étude sur les sculptures chinoises ne sera publiée qu'en
1972 (Grande Statuaire chinois).A ce titre et en ce qui concerne la
littérature il renouvelle le genre de l'exotisme alors encore trop naïf
et ethnocentrique.
En Chine il rencontra un des rares européens qui s'y trouvaient alors, et qui le marqua beaucoup, le sinologue belge Charles Michel qui lui inspira le personnage de René Leys.
Il meurt le 21 mai 1919 dans la forêt de Huelgoat, Hamlet à la main.
Après coup, l'état français a inscrit son nom sur les murs du Panthéon
en tant qu'"écrivain mort pour la France pendant la guerre de
1914-1918".
L'université de médecine de Bordeaux où Victor Segalen fit ses études
porte son nom (Université Victor Segalen Bordeaux ). La faculté de
Lettres et Sciences sociales de Brest, sa ville natale, lui rend aussi
hommage en portant son nom. Le lycée LFI (Lycée Français International)
"Victor Segalen", à Hong Kong, porte également son nom.
Victor Segalen
Victor Segalen est né 1878, Brest et mort en 1919, il fut un poète,
mais aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue français.
Il est né le 14 janvier 1878 à Brest (rue Massillon). Après
des études de médecine à l'université de Bordeaux,Victor Segalen est
engagé comme officier médecin et est affecté en Polynésie française.
Il n'aime pas la mer, ni naviguer mais débarquer et découvrir. Il
séjourne à Tahiti en 1903 et 1904. Lors d'une escale aux îles
Marquises, il a pu acheté les derniers croquis de Gauguin,
décédé trois mois avant son arrivée, qui seraient sans lui partis au
rebut. Il rapporte en métropole un roman, les Immémoriaux (1907), un
journal et des essais sur Gauguin et Rimbaud qui ne seront publiés qu'en 1978.
En 1908, il décide de partir en Chine où il soigne les victimes de
l'épidémie de peste de Mandchourie. En 1910, il décide de s'installer
en Chine avec sa femme et son fils. La première édition de Stèles voit
le jour à Pékin en 1912. Il entreprend en 1914 une mission
archéologique consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des
Han. Cette étude sur les sculptures chinoises ne sera publiée qu'en
1972 (Grande Statuaire chinois).A ce titre et en ce qui concerne la
littérature il renouvelle le genre de l'exotisme alors encore trop naïf
et ethnocentrique.
En Chine il rencontra un des rares européens qui s'y trouvaient alors, et qui le marqua beaucoup, le sinologue belge Charles Michel qui lui inspira le personnage de René Leys.
Il meurt le 21 mai 1919 dans la forêt de Huelgoat, Hamlet à la main.
Après coup, l'état français a inscrit son nom sur les murs du Panthéon
en tant qu'"écrivain mort pour la France pendant la guerre de
1914-1918".
L'université de médecine de Bordeaux où Victor Segalen fit ses études
porte son nom (Université Victor Segalen Bordeaux ). La faculté de
Lettres et Sciences sociales de Brest, sa ville natale, lui rend aussi
hommage en portant son nom. Le lycée LFI (Lycée Français International)
"Victor Segalen", à Hong Kong, porte également son nom.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Courtoisie
Courtoisie |
Si, vainqueur, tu le cèdes en dignité à ton vaincu,
présente-lui la coupe honorifique
(afin de marquer ta victoire décemment).
Vienne alors la bataille et le coup
et le geste après le coup :
je promets d'être cérémonieux.
Mais, emplissant la corne de vin tiède,
-- comme il boira,
-- je verserai,
dans le puits sans fond de mon âme,
Tous tes flots doux
d'un rire décemment cérémoni
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Serment sauvage
Serment sauvage |
clos entre nous. Vois ces lances,
ces os sculptés ; entends ces cris,
ces fers choqués ;
Tu me dois ce versant de la montagne,
vingt et vingt esclaves jaunes à longue queue
et douze femelles de cette espèce chinoise.
Ne compte sur aucun de ton clan pour régler
cette affaire :
toi ou moi ou tous les deux tués,
-- cela, je le jure :
Par ces deux grands chiens au poil
fauve crucifiés là-bas dos à dos !
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Hymne au Dragon couché
Hymne au Dragon couché |
la terre lourde, les nuées troubles ;
soleil et lune étouffant leur lumière :
le peuple porte le sceau d'un hiver qu'on n’explique pas.
Le Dragon bouge : le brouillard aussitôt
crève et le jour croît.
Une rosée nourrissante remplit la faim.
On s'extasie comme à l'orée d'un printemps inespérable.
Le Dragon s'ébroue et prend son vol :
à Lui l'horizon rouge, sa bannière,
le vent en avant-garde et la pluie drue pour escorte.
Riez d'espoir sous la crépitation de son fouet lancinant :
l'éclair.
o
Hé ! Las ! hé, Dragon couché ! Enspiralé !
Héros paresseux qui sommeille en l'un de nous,
inconnu, engourdi, irrévélé,
Voici des figues, voici du vin tiède,
voici du sang : mange et bois et flaire :
nos manches agitées t'appellent à grands coups d'ailes.
Lève-toi, révèle-toi, c'est le temps.
D'un seul bond saute hors de nous ;
et pour affirmer ton éclat,
Cingle-nous du serpent de ta queue,
fais-nous malades au clin de tes petits yeux,
mais brille hors de nous,
-- oh ! brille !
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Du bout du sabre
Du bout du sabre |
n'entendons rien aux semailles.
Mais toute terre labourable au trot,
qui se peut courir dans l'herbe,
Nous l'avons courue.
Nous ne daignons point bâtir murailles
ni temples, mais toute ville
qui se peut brûler avec ses murs et ses temples,
Nous l'avons brûlée.
Nous honorons précieusement
nos femmes qui sont toutes d'un très haut rang
Mais les autres qui se
peuvent renverser, écarter et prendre,
Nous les avons prises.
Notre sceau est un fer de lance :
notre habit de fête une cuirasse
où la rosée cristallise :
notre soie est tissée de crins.
L'autre, plus douce, qui se peut vendre,
Nous l'avons vendue.
o
Sans frontières, parfois sans nom,
nous ne régnons pas, nous allons.
Mais tout ce que l'on taille et fend,
ce que l'on cloue et qu'on divise...
Tout ce qui peut se faire, enfin,
du bout du sabre,
Nous l'avons fait.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Écrit avec du sang
Écrit avec du sang |
Nous avons mangé nos chevaux,
nos oiseaux, des rats et des femmes.
Et nous avons faim encore.
Les assaillants bouchent les créneaux.
Ils sont plus de quatre myriades ;
nous, moins de quatre cents.
Nous ne pouvons plus bander l'arc
ni crier des injures sur eux ;
seulement grincer des mâchoires
par envie de les mordre.
oNous sommes vraiment à bout. Que l'Empereur,
s'il daigne lire ceci de notre sang,
n'ait point de reproches pour nos cadavres,
Mais qu’Il n'évoque point nos esprits :
nous voulons devenir démons,
et de la pire espèce :
Par envie de toujours mordre
et de dévorer ces gens-là.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Libation Mongole
Libation Mongole |
Comme il se battait bien nous lui offrîmes du service :
il préféra servir son Prince dans la mort.
Nous avons coupé ses jarrets :
il agitait les bras pour témoigner son zèle.
Nous avons coupé ses bras :
il hurlait de dévouement pour Lui.
Nous avons fendu sa bouche d'une oreille à l'autre :
il a fait signe, des yeux,
qu'il restait toujours fidèle.
o
Ne crevons pas ses yeux comme au lâche ;
mais tranchant sa tête avec respect,
versons le koumys des braves,
et cette libation :
Quand tu renaîtras, Tch'en Houo-chang fais-nous
l'honneur de renaître chez nous.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Par respect
Par respect |
nul ne devra plus divulguer
le mot GLOIRE ni commettre
le caractère BONHEUR.
Même qu'on les oublie de toutes les mémoires :
tels sont les signes que le Prince
a choisis pour dénommer son règne,
Qu'ils n'existent plus désormais.
o
Silence, le plus digne hommage !
Quel tumulte d'amour emplit jamais
le très profond silence ?
Quel éclat de pinceau oserait donc
le geste qu'elle ingénument dessine ?
o
Non ! que son règne en moi soit secret.
Que jamais il ne m'advienne.
Même que j'oublie :
que jamais plus au plus profond
de moi n'éclose désormais son nom,
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Stèle au désir
Stèle au désir |
Même si tu ne peux l'atteindre,
que le dépit ne t'émeuve :
Ne l'as-tu point pesée de ton regard ?
La route souple s'étale sous ta marche.
Même si tu n'en comptes point les pas, les ponts,
les tours, les étapes,
-- tu la piétines de ton envie.
La fille pure attire ton amour.
Même si tu ne l'as jamais vue nue,
sans voix, sans défense,
-- contemple-la de ton désir.
o
Dresse donc ceci au Désir-Imaginant ;
qui, malgré toutes, t'a livré la montagne,
plus haut que toi, la route plus loin que toi,
Et couché, qu'elle veuille
ou non la fille pure sous ta bouche.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Éloge à la jeune fille
Éloge à la jeune fille |
Enjambez les routes avec la louange des veuves obstinées.
Usez du ciment, du faux marbre et de la boue séchée
pour dresser les mérites de ces dames respectables,
— c'est votre emploi.
Je garde le mien qui est d'offrir à une autre
un léger tribut de paroles, une arche de buée dans les yeux,
un palais trouble dansant au son du cœur de la mer.
o
Ceci est réservé à la seule Jeune Fille.
A celle à qui tous les maris du monde sont promis,
— mais qui n'en tient pas encore.
À celle dont les cheveux libres tombent en arrière,
sans emplois, sans fidélité,
et les sourcils ont l'odeur de la mousse.
À celle qui a des seins et qui n'allaite pas ;
un cœur et n'aime pas ; un ventre pour les fécondités,
mais décemment demeure stérile.
À celle riche de tout ce qui viendra ;
qui va tout choisir, tout recevoir, tout enfanter peut-être.
À celle qui, prête à donner
ses lèvres à la tasse des épousailles,
tremble un peu, ne sait que dire, consent à boire,
— et n'a pas encore bu.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Stèle provisoire
Stèle provisoire |
que ceci aimerait à pénétrer ;
ce n'est point vers l'aube fade, informe
et crépusculaire, que ceci, laissé libre,
voudrait s'orienter ;
Ce n'est pas pour un lecteur littéraire,
même en faveur d'un calligraphe,
que ceci a tant de plaisir à être dit :
Mais pour Elle.
o
Vienne un jour Elle passe par ici.
Droite et grande et face à toi,
qu'elle lise de ses yeux mouvants et vivants,
protégés de cils dont je sais l'ombre ;
Qu'elle mesure ces mots avec des lèvres tissées de chair
(dont je n'ai pas perdu le goût)
avec sa langue nourrie de baisers,
avec ses dents dont voici toujours la trace,
Qu'elle tremble à fleur d'haleine,
-- moisson souple sous le vent tiède,
-- propageant des seins aux genoux le rythme propre de ses flancs
-- que je connais,
o
Alors, ce déduit, enjambant l'espace et dansant sur ses cadences ;
ce poème, ce don et ce désir,
Tout d'un coup s'écorchera de ta pierre morte, oh !
précaire et provisoire,
-- pour s'abandonner à sa vie,
Pour s'en aller vivre autour d'Elle.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Sœur équivoque
Sœur équivoque |
de quelle tendresse ?
Sœur cadette non choisie,
sage complice d'ignorances,
Te dirai-je mon amante ? Non point,
tu ne le permettrais pas. Ma parente ?
Ce lien pouvait exister entre nous. Mon aimée ?
Toi ni moi ne savions aimer encore.
o
Sœur équivoque, et de quel sang inconnu !
-- Maintenant, sois satisfaite :
ni sœur ni amie ni maîtresse ni aimée,
chère indécise d'autrefois,
Te voici désormais fixée, dénommée,
par coutume et rite et sort
(ayant perdu le nom de ta jeunesse),
Sois satisfaite : te voici mariée.
Tu es emplie de joie permise,
Tu es femme.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Supplique
Supplique |
de regards et de certains abandons,
et d'offrandes que tu repousses
par principe, jeune fille encore ;
Tu seras implorée de dire quoi tu veux,
ce dont tu as soif, les parures à ton gré,
-- rouges linges nuptiaux, poèmes,
chants et sacrifices...
o
Cet homme indigne, -- moi,
-- indigne de mendier, ne supplie de toi que l'apparence,
la forme qui te hante, le geste où tu te poses,
oiseau dansant.
Ou bien ta voix non modulée, ou bien ce reflet,
bleu dans tes cheveux. Mais ton âme,
lourde dix mille fois aux yeux du Sage,
Cache bien ton âme au fond d'elle,
déconcertante,
Belle jeune fille, tais-toi.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Pierre musicale
Pierre musicale |
les amants amoureux de la flûte inégale ;
Voici la table où ils se réjouirent
l'époux habile et la fille enivrée ;
Voici l'estrade où ils s'aimaient
par les tons essentiels,
Au travers du métal des cloches,
de la peau dure des silex tintants,
À travers les cheveux du luth,
dans la rumeur des tambours,
sur le dos du tigre de bois creux,
Parmi l'enchantement des paons au cri clair,
des grues à l'appel bref,
du phénix au parler inouï.
Voici le faîte du palais sonnant que Mou-Koung,
le père, dressa pour eux comme un socle,
Et voilà, -- d'un envol plus suave que phénix,
oiselles et paons,
-- voilà l'espace où ils ont pris essor.
o
Qu'on me touche :
toutes ces voix vivent
dans ma pierre musicale.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Mon amante a les vertus de l'eau
Mon amante a les vertus de l'eau |
un sourire clair, des gestes coulants,
une voix pure et chantant goutte à goutte.
Et quand parfois, -- malgré moi
-- du feu passe dans mon regard,
elle sait comment on l'attise en frémissant :
eau jetée sur les charbons rouges.
o
Mon eau vive, la voici répandue, toute, sur la terre !
Elle glisse, elle me fuit ;
-- et j'ai soif, et je cours après elle.
De mes mains je fais une coupe.
De mes deux mains je l'étanche avec ivresse,
je l'étreins, je la porte à mes lèvres :
Et j'avale une poignée de boue.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
On me dit
On me dit : Vous ne devez pas l'épouser.
Tous les présages sont d'accord, et néfastes :
remarquez bien, dans son nom, l'EAU,
jetée au sort, se remplace par le VENT.
Or, le vent renverse, c'est péremptoire.
Ne prenez donc pas cette femme.
Et puis il y a le commentaire : écoutez : "Il se heurte aux rochers.
Il entre dans les ronces.
Il se vêt de poil épineux..."
et autres gloses qu'il vaut mieux ne pas tirer.
o
Je réponds : Certes, ce sont là présages douteux.
Mais ne donnons pas trop d'importance.
Et puis, elle est veuve et
tout cela regarde le premier mari.
Préparez la chaise pour les noces.
Tous les présages sont d'accord, et néfastes :
remarquez bien, dans son nom, l'EAU,
jetée au sort, se remplace par le VENT.
Or, le vent renverse, c'est péremptoire.
Ne prenez donc pas cette femme.
Et puis il y a le commentaire : écoutez : "Il se heurte aux rochers.
Il entre dans les ronces.
Il se vêt de poil épineux..."
et autres gloses qu'il vaut mieux ne pas tirer.
o
Je réponds : Certes, ce sont là présages douteux.
Mais ne donnons pas trop d'importance.
Et puis, elle est veuve et
tout cela regarde le premier mari.
Préparez la chaise pour les noces.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Visage dans les yeux
Visage dans les yeux |
au fond de ses yeux jetant
le panier tressé de mon désir,
je n'ai pas obtenu le jappement de l'eau pure et profonde.
Main sur main, pesant la corde écailleuse,
me déchirant les paumes,
je n'ai levé pas même une goutte de l'eau pure et profonde :
Ou que le panier fut lâchement tressé,
ou la corde brève ;
ou s'il n'y avait rien au fond.
o
Inabreuvé, toujours penché, j'ai vu,
oh ! soudain, un visage :
monstrueux comme chien de Fô au mufle rond aux yeux de boules.
Inabreuvé, je m'en suis allé ;
sans colère ni rancune, mais anxieux
de savoir d'où vient
la fausse image et le mensonge :
De ses yeux ? -- Des miens ?
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Pour lui complaire
Pour lui complaire |
Touchant au bout extrême de mes forces,
je cherche encore à imaginer quoi pour lui complaire :
Elle aime à déchirer la soie :
je lui donnerai cent pieds de tissu sonore.
Mais ce cri n'est plus assez neuf.
Elle aime à voir couler
le vin et des gens qui s'enivrent :
mais le vin n'est pas assez âcre
et ces vapeurs ne l'étourdissent plus.
o
Pour lui complaire je tendrai mon âme usée :
déchirée, elle crissera sous ses doigts.
Et je répandrai mon sang
comme une boisson dans une outre :
Un sourire, alors, sur moi se penchera.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Les cinq relations
Les cinq relations |
Du Prince au sujet, la justice.
Du frère cadet à l'aîné, la subordination.
D'un ami à son ami, toute la confiance,
l'abandon, la similitude.
o
Mais pour elle, -- de moi vers elle,
-- oserai-je dire et observer !
Elle, qui retentit plus que tout ami en moi ;
que j'appelle sœur aînée délicieuse ;
que je sers comme Princesse,
-- ô mère de tous les élans de mon âme,
Je lui dois par nature et destinée
la stricte relation de distance,
d'extrême et de diversité.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Vampire
Vampire |
au beau vernis rouge qui m'a coûté beaucoup d'argent ;
J'ai conduit ton âme, par son nom familier,
sur la tablette que voici que j'entoure de mes soins ;
Mais plus ne dois m'occuper de ta personne
: « Traiter ce qui vit comme mort, quelle faute d'humanité !
Traiter ce qui est mort comme vivant,
quelle absence de discrétion !
Quel risque de former un être équivoque ! »
o
Ami, ami, malgré les principes,
je ne puis te délaisser.
Je formerai donc un être équivoque :
ni génie, ni mort ni vivant. Entends moi :
S'il te plaît de sucer encore
la vie au goût sucré, aux âcres épices ;
S'il te plaît de battre des paupières,
d'aspirer dans ta poitrine et de frissonner
sous ta peau, entends moi :
Deviens mon Vampire, ami, et chaque nuit,
sans trouble et sans hâte, gonfle toi de
la chaude boisson de mon cœur.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Sans méprise
Sans méprise |
préserve des faux pas et des heurts,
— que ceci, non équivoque,
fixe l'Orient pur.
Empressés autour d'elle, si mes pas ont si vite accompagné ses pas,
— Échangés avec elle, si
mes yeux ont trop souvent cherché
le scintillant ou l'ombre de ses yeux,
Si ma main touchant sa main,
si tout en moi rapproché d'elle a
parfois composé la forme du désir implorant,
Ce n'est point, — hélas, et vraiment,
— pour l'amour injurieux et vain de moi vers elle,
mais par respect, par grâce, par amour
De l'amour qui est en elle vers un autre, — lui.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Trahison fidèle
Trahison fidèle |
fidèle à l'écho de ta voix,
taciturne, inexprimé.
" Je sais ton âme tendue juste
au gré des soies chantantes de mon luth :
C'est pour toi seul que je joue.
Écoute en abandon et le son et
l'ombre du son dans la conque de
la mer où tout plonge.
Ne dis pas qu'il se pourrait qu'un jour
tu entendisses moins délicatement !
Ne le dis pas. Car j'affirme alors,
détourné de toi, chercher ailleurs
qu'en toi-même le répons révélé par toi.
Et j'irai, criant aux quatre espaces :
Tu m'as entendu, tu m'as connu,
je ne puis pas vivre dans le silence.
Même auprès de cet autre que voici,
c'est encore,
C'est pour toi seul que je joue.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
À celui-là
À celui-là |
malgré les détours et les faux pas ;
au compagnon qui me livre ses yeux,
— que livrer en échange de ce compagnonnage ?
Non pas le dévouement : le Prince est là :
je suis tout entier pour le Prince.
La servitude glorieuse pèse sur
chacun de mes gestes comme le sceau
sur l'acte impérial et le tribut.
Non pas ma tendresse et de faibles émois :
sachez qu'elle les garde et boit jalousement
toutes les fraîches gouttes écloses de mon âme.
Non pas enfin l'ardeur d'une mort filiale :
cela ne m'appartient pas
car le père de mes jours est vivant.
o
A celui qui me dévisage et m'observe ;
à celui comme une caverne et qui retentit mon aboi,
Je propose ma vie singulière :
seule ma vie est à moi.
— Qu'il vienne plus avant.
Qu'il écoute plus profondément :
Là même où ni père ni amante ni
le Prince lui-même ne
pourront accéder jamais.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Des lointains
Des lointains |
ami, vers toi, le plus cher.
Mes pas ont dépecé l'horrible espace entre nous.
De longtemps nos pensers n'habitaient pas
le même instant du monde :
les voici à nouveau sous les mêmes influx,
pénetrés des mêmes rayons.
o
Tu ne réponds pas. Tu observes.
Qu'ai-je déjà commis d'inopportun ?
Sommes-nous bien réunis :
est-ce bien toi, le plus cher ?
Nos yeux se sont manqués. Nos gestes n'ont plus de symétrie.
Nous nous épions à la dérobée
comme des inconnus ou des chiens qui vont mordre.
Quelque chose nous sépare. Notre vieille amitié
se tient entre nous comme un mort étranglé par nous.
Nous la portons d'un commun fardeau, lourde et froide.
o
Ha ! Hardiment retuons-la !
Et pour les heures naissantes, prudemment
composons une vivace et nouvelle amitié.
Le voulez-vous, ô mon nouvel ami,
frère de mon âme future ?
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Jade faux
Jade faux |
Sonorités sournoises d'un double écho
de l'un à l'autre cœur !
Nous aimions, nous décidions en même confiance :
de l'un à l'autre fidèle en termes plus
clairs que le grand ciel sec de l'hiver.
Las ! le mauvais printemps est venu,
et le vent trouble et le sable en tourmente jaune.
J'avais promis,
Je n'ai pas tenu. L'écho s'étouffe.
C'est fini. -- Ce jour glorieux d'abandon,
ah ! que n'ai-je été dur et sourd et sans paroles !
O générosité fourbe, jade faux blessant
au cœur plus que l'indifférence
au cœur de porcelaine !
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
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