Poésie:Charles VAN LERBERGHEp
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
Poésie:Charles VAN LERBERGHEp
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Ah ! combien d'heures blondes
Ah ! combien d'heures blondes
Contient la grappe d'or
De ce matin du monde
Où ma lumière dort.
Elles sont éternelles.
Dans mon joyeux été,
La plus brève d'entre elles
Vaut une éternité.
Regarde-moi, je penche
Mon rêve sur tes yeux :
Grappe et pampre, la branche
Se mêle à tes cheveux.
Chante ! et qu'il te souvienne
De ton premier rayon ;
Tu ne me vois qu'à peine,
Mais je brille à ton front.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Au bois dormant
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Au bois dormant
Un peu de jour, un peu d'amour,
Un peu de soleil, comme en rêve,
Et son front et ces lys autour,
C'était chose fragile et brève.
Mais c'était si doux à souffrir
Parmi ces eaux, ces fleurs, ces palmes,
Qu'elle n'en pouvait pas mourir ;
Alors elle a clos ses yeux calmes.
Elle s'est endormie au fond
De mon coeur, sur ses mains tranquilles,
Et lys et roses même sont
Dans des silences immobiles.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Au coeur solitaire du bonheur
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Au coeur solitaire du bonheur
Au coeur solitaire du bonheur,
Devenu mon coeur même,
Quelle paix divine en ce jour,
Et quelle plénitude suprême !
Ô le rire adorable d'amour
De tout ce qui m'environne !
Autour de mon bonheur en fleur
Une abeille éternelle bourdonne...
Elle se clôt doucement et s'apaise,
Mon âme heureuse ;
Elle se tait,
La rose qui chantait.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
C'est de leurs voix que j'ai redit
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
C'est de leurs voix que j'ai redit
C'est de leurs voix que j'ai redit
Leurs paroles, mais plus haut qu'elles,
Tu voles, ma chanson aux ailes
Bleues d'oiseau de Paradis !
Ô ma chanson, tu les dépasses,
Tu leur ouvres l'immense azur !
Et tu jettes leur rire obscur
En mille étoiles dans l'espace.
Leur pauvre coeur silencieux,
S'approfondit quand tu le touches ;
L'haleine qui naît de leurs bouches,
En toi devient souffle des cieux.
Monte chanson ! Et si ta route,
Là-haut se perd dans le néant,
Monte encore, le ciel t'écoute,
Et peut-être qu'un dieu t'entend
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
C'est en toi, bien-aimé, que j'écoute
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
C'est en toi, bien-aimé, que j'écoute
C'est en toi, bien-aimé, que j'écoute,
Et que mon âme voit.
Accueille mon silence et montre-moi la route,
Mes yeux fermés au monde se sont ouverts en toi.
C'est en toi que je ris, c'est en toi que je rêve,
Que je pleure tout bas.
En toi que mon sein se soulève,
En toi que mon coeur bat.
Ô toi, dont s'ensoleille
D'un tremblement d'ailes d'or
Mon souffle animé,
C'est en toi que je m'éveille,
Et c'est en toi que je m'endors,
Ô bien-aimé !
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
C'est le premier matin du monde
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
C'est le premier matin du monde
C'est le premier matin du monde.
Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
Un jardin bleu s'épanouit.
Tout s'y confond encore et tout s'y mêle,
Frissons de feuilles, chants d'oiseaux,
Glissements d'ailes,
Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux,
Murmure immense,
Et qui pourtant est du silence.
Ouvrant à la clarté ses doux et vagues yeux,
La jeune et divine Ève
S'est éveillée de Dieu.
Et le monde à ses pieds s'étend comme un beau rêve.
Or Dieu lui dit : Va, fille humaine,
Et donne à tous les êtres
Que j'ai créés, une parole de tes lèvres,
Un son pour les connaître.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Cachée en ce beau lit de branches...
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Cachée en ce beau lit de branches...
Cachée en ce beau lit de branches et de feuilles,
Sur cet autel de mousse où j'ai versé des roses,
De la myrrhe et du miel,
Tendrement je te porte, et doucement te pose,
Ô fille morte
De l'éternel soleil !
Et voici que je t'ouvre encore,
Comme autrefois la porte d'or,
Éclatante et sonore,
Et qu'à mon souffle tu renais,
Fille des primitives forêts,
Et que tu danses et t'enivres
De revoir la lumière et de vivre.
Le vent dénoue ta chevelure
De mille étincelles, et ta ceinture
Immense de feu ;
Tu as des ailes
D'abeille blonde et d'oiseau bleu.
Que les airs embrasés gardent ta trace,
Et ta présence parfumée ;
Flamme, ne meurs pas tout entière
Toi dont je baise la cendre ardente,
Ame pure, âme claire,
Divinité future.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Ce soir, à travers le bonheur
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Ce soir, à travers le bonheur
Ce soir, à travers le bonheur,
Qui donc soupire, qu'est-ce qui pleure ?
Qu'est-ce qui vient palpiter sur mon coeur,
Comme un oiseau blessé ?
Est-ce une plainte de la terre,
Est-ce une voix future,
Une voix du passé ?
J'écoute, jusqu'à la souffrance,
Ce son dans le silence.
Ile d'oubli, ô Paradis !
Quel cri déchire, cette nuit,
Ta voix qui me berce ?
Quel cri traverse
Ta ceinture de fleurs,
Et ton beau voile d'allégresse ?
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Comme Dieu rayonne aujourd'hui
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Comme Dieu rayonne aujourd'hui
Comme Dieu rayonne aujourd'hui,
Comme il exulte, comme il fleurit,
Parmi ces roses et ces fruits !
Comme il murmure en cette fontaine !
Ah ! comme il chante en ces oiseaux...
Qu'elle est suave son haleine
Dans l'odorant printemps nouveau !
Comme il se baigne dans la lumière
Avec amour, mon jeune dieu !
Toutes les choses de la terre
Sont ses vêtements radieux.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Comme Dieu rayonne aujourd'hui
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Comme Dieu rayonne aujourd'hui
Comme Dieu rayonne aujourd'hui,
Comme il exulte, comme il fleurit,
Parmi ces roses et ces fruits !
Comme il murmure en cette fontaine !
Ah ! comme il chante en ces oiseaux...
Qu'elle est suave son haleine
Dans l'odorant printemps nouveau !
Comme il se baigne dans la lumière
Avec amour, mon jeune dieu !
Toutes les choses de la terre
Sont ses vêtements radieux.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Comme une branche d'aubépine
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Comme une branche d'aubépine
Comme une branche d'aubépine
Dans la fontaine des scintillements
Elle est tombée dans mes pensées,
Cette parole qu'en tressaillant
Sa bouche divine
A prononcée,
Et qu'à mon tour je te redis.
Comme une branche en fleur détachée
De la cime du paradis.
Et la voici, vierge encore, enchantée,
Sans qu'une fleur en ait péri,
Vivante, rajeunie, toute diamantée.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Crépuscule du matin
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Crépuscule du matin
La voix qui sous les feuilles profondes chantait là,
Cette nuit, qu'une inquiète et tendre âme exhala,
Voilant de son sourire sa frêle grâce atteinte,
S'en est allée avec cette âme qui s'est éteinte.
Son mystérieux frisson dans l'aurore a passé.
Elle parlait d'Enfance, d'Ailleurs et du Passé.
C'était une voix d'ombre : maintenant elle est morte,
Et voici que les brises amicales l'apportent
Jusqu'ici, dans ces jardins vaporeux et déserts,
Semblable au doux murmure des vagues de la mer,
Lorsqu'elle se meurt, au loin, sur le sable des plages...
Un souvenir de nuit divine qui se propage
Et qui traîne encore dans le crépuscule bleu...
Un écho des jours plus beaux et des temps plus heureux...
Pas même une chanson, mais une voix sans parole,
Qui ne parle de rien, ne sait rien, mais qui console...
Une ondulation des blés profonds et des eaux :
Le silence n'en est pas troublé, ni le repos ;
À peine la perçoit-on, tant elle est peu de chose ;
Elle ne pourrait pas faire trembler une rose,
Ni éveiller un oiseau. Pourtant, en cette voix
Vit tout un monde invisible, enchanté, d'autrefois ;
En ce souffle léger, où se mêlent des parfums,
Respirent et soupirent des coeurs longtemps défunts,
Et d'immortels visages, adorables et calmes,
Y sourient à travers des guirlandes et des palmes.
On entend bruire en elle, éclore, et puis mourir
Les ailes et les lèvres ardentes du Désir,
Et les douces paroles, heureuses et sacrées,
Qu'en ces ténébreux bosquets l'Amour a murmurées.
Sa résonance d'or emplit encore les cieux :
Il faut prêter l'oreille à son chant mystérieux.
Le songe qui la pénètre laisse dans l'âme une ombre,
Et le bonheur, qui s'en éveille dans la pénombre,
Hésite et pâlit. Voyez : Déjà c'est l'avenir,
Les cimes éternelles commencent à bleuir,
Dans les airs doux et pâles les étoiles se fondent ;
Un jour nouveau se lève dans la splendeur du monde.
Celles qui sortent, en ce voluptueux matin
Qu'emplit encore l'étrange écho du soir lointain,
Joyeuses, mais tremblantes, craintives, elles toutes,
Sur la pointe des pieds, silencieuses, l'écoutent
Immobiles, et d'un doigt sur leurs lèvres posé
Retenant leurs doux souffles, ainsi que leurs baisers,
Elles l'écoutent mourir dans les fleurs matinales,
Dans l'éblouissement de leurs âmes virginales,
Mourir, la prestigieuse et souveraine voix
Qui chante dans l'aurore pour la dernière fois
Et meurt, souriante et lasse, à leurs songes pareille,
Parmi les fleurs qui s'ouvrent, qui tremblent, qui s'éveillent.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Dans ma prière du matin
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Dans ma prière du matin
Dans ma prière du matin
Il est un grand et beau jardin ;
Une haie d'aubépines blanches,
Autour d'un tremblement de branches.
Une petite porte d'or,
Toute close sur le dehors.
Une chanson de voix lointaines,
Un bleu murmure de fontaines.
Et de la terre jusqu'au ciel
Rien qu'une extase de soleil.
Ah ! que de toutes choses l'âme,
Comme un parfum suave émane,
En ce jardin clos et sacré
Qu'une âme en son rêve a créé.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Dans un parfum de roses blanches
Dans un parfum de roses blanches
Dans un parfum de roses blanches
Elle est assise et songe ;
Et l'ombre est belle comme s'il s'y mirait un ange.
Le soir descend, le bosquet dort ;
Entre ses feuilles et ses branches,
Sur le paradis bleu s'ouvre un paradis d'or.
Sur le rivage expire un dernier flot lointain.
Une voix qui chantait, tout à l'heure, murmure.
Un murmure s'exhale en haleine, et s'éteint.
Dans le silence il tombe des pétales.....
Dans un parfum de roses blanches
Elle est assise et songe ;
Et l'ombre est belle comme s'il s'y mirait un ange.
Le soir descend, le bosquet dort ;
Entre ses feuilles et ses branches,
Sur le paradis bleu s'ouvre un paradis d'or.
Sur le rivage expire un dernier flot lointain.
Une voix qui chantait, tout à l'heure, murmure.
Un murmure s'exhale en haleine, et s'éteint.
Dans le silence il tombe des pétales.....
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
De ces terrasses où, le soir, il flotte encor
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
De ces terrasses où, le soir, il flotte encor
De ces terrasses où, le soir, il flotte encor
Sur la terre assombrie un dernier voile d'or,
Nous regardons, tous deux, longuement, en silence,
Le monde qui s'efface et l'azur qui s'endort.
Il se tient près de moi. Ses grandes ailes blanches
Sont closes. Il songe ; et nul ne sait à quoi songent
Les Anges. Tendrement, près de lui je me penche
Sur l'Eden endormi.
Déjà, comme un baiser,
Tout un ciel frissonnant d'étoiles s'est posé
Sur ce sommeil heureux et ces rêves si calmes.
Pas un souffle ne vole à la cime des palmes.
Seuls, dans le soir encor, s'élèvent jusqu'à nous
Les haleines des fleurs mourantes, et les doux
Soupirs harmonieux des obscures fontaines ;
Pourtant leurs voix aussi se sont faites lointaines.
Ah ! vers quel grand silence et quel sommeil profond,
Voluptueusement, toutes les choses vont !
Ah ! comme tout s'apaise, et comme tout s'oublie !
Ce qui troublait ce bel Eden, c'était la vie...
Que je voudrais Lui dire, afin qu'il m'en console,
Par ce lent crépuscule, en de telles paroles,
Belles comme ce soir, lasses infiniment,
Ce qui oppresse ainsi mon âme, en ce moment !
Mais il est si divin, si calme est son sourire,
Que, près de lui, toute parole humaine expire
Sur les lèvres. Sans doute, il ne comprendrait pas.
Son âme flotte sur les choses d'ici-bas,
Ainsi qu'une clarté d'étoiles étrangères.
Elle contemple, et rêve, et ne sait de la terre
Que les soupirs d'amour et les pleurs du bonheur.
" Que ce beau soir est plein de délices, ma Soeur. "
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
De mon mystérieux voyage
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
De mon mystérieux voyage
De mon mystérieux voyage
Je ne t'ai gardé qu'une image,
Et qu'une chanson, les voici :
Je ne t'apporte pas de roses,
Car je n'ai pas touché aux choses,
Elles aiment à vivre aussi.
Mais pour toi, de mes yeux ardents,
J'ai regardé dans l'air et l'onde,
Dans le feu clair et dans le vent,
Dans toutes les splendeurs du monde,
Afin d'apprendre à mieux te voir
Dans toutes les ombres du soir.
Afin d'apprendre à mieux t'entendre
J'ai mis l'oreille à tous les sons,
Ecouté toutes les chansons,
Tous les murmures, et la danse
De la clarté dans le silence.
Afin d'apprendre comme on touche
Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
Comme en un rêve, j'ai posé
Sur l'eau qui brille, et la lumière,
Ma main légère, et mon baiser.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Elle dort dans l'ombre des branches
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Elle dort dans l'ombre des branches
Elle dort dans l'ombre des branches,
Parmi les fleurs du bel été.
Une fleur au soleil se penche...
N'est-ce pas un cygne enchanté ?
Elle dort doucement et songe.
Son sein respire lentement.
Vers son sein nu la fleur allonge
Son long col frêle et vacillant.
Et sans qu'elle s'en effarouche,
La longue, pâle fleur a mis,
Silencieusement, sa bouche
Autour du beau sein endormi
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Elle s'avance, comme je viens
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Elle s'avance, comme je viens
Elle s'avance, comme je viens,
A petits pas, dans le silence,
La belle nuit bleue ; regarde-moi bien,
Elle s'avance comme je viens,
Très lasse et lente, et languissante.
Quel ange entend la fleur qui croît,
La branche et l'ombre qu'elle balance,
- Quel ange entend la nuit qui chante ? -
Regarde-moi bien : elle, c'est moi ;
Je suis la belle nuit qui danse.
Ainsi, très pure et dénouant
Ses voiles de rêve,
Et sa ceinture de diamant,
- Comme vos ailes, vos ailes d'argent,
Comme mes bras en pâle croissant, -
La lune se lève.
Et je l'adore, immobile, un moment,
Perdue en son rêve. [...]
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Ève pleurait
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Ève pleurait. Ses mains cachaient sa tête pâle
Ève pleurait. Ses mains cachaient sa tête pâle.
C'était le premier soir mortel.
Des êtres lumineux descendirent du ciel,
Et l'air s'emplit du chant de leur voix amicale.
Regarde, disaient-ils, si, dans ce soir d'été,
Tout devant nous pâlit et tremble,
C'est que le choeur entier des anges te ressemble,
C'est que Dieu ne nous fit que selon ta beauté.
Mais elle, tristement, levant vers leurs visages,
Ses yeux pâles et doux :
" Peut-être ai-je été belle, un jour, ainsi que vous,
Ce soir, je ne suis plus semblable à mon image.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Il luit dans l'ombre
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Il luit dans l'ombre
" Il luit dans l'ombre,
Le beau fruit d'or,
Il luit comme un trésor
Entre ces feuilles.
C'est pour toi qu'il a mûri,
Le beau fruit du paradis.
Quelles roses lui sont pareilles ?
Voilés de leurs ailes,
Les anges sommeillent...
Voici que la nuit vient,
Pas une étoile ne se lève.
Oh ! rien
Qu'un effleurement
De tes lèvres...
Qui peut savoir ?
Le souffle du soir le touche bien.
Écoute ma chanson ;
Elle murmure à ton oreille :
Approche et cueille.
Les anges sommeillent...
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Je l'ai cueilli ! je l'ai goûté
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Je l'ai cueilli ! je l'ai goûté
Je l'ai cueilli ! je l'ai goûté,
Le beau fruit qui enivre
D'orgueil, et je vis !
Je l'ai goûté de mes lèvres
Le fruit délicieux de vertige infini.
Mon âme chante, mes yeux s'ouvrent,
Je suis égale à Dieu !
Un autre monde de beauté
S'étend devant mes rêves ;
De toutes choses sur la terre se lèvent
De nouvelles clartés.
Ah ! tout n'était qu'illusion humaine,
Et songes décevants !
Pour la première fois je vois et je comprends,
Comme Dieu même.
Ah ! qu'en la paix de l'Eden il repose,
L'arbre miraculeux de lumière et de vie,
Où je devais trouver la mort !
Pas un frisson dans ses feuilles ravies.
Avec quel sourire de calme bonheur,
Il respire l'air empourpré du soir !
Et voici qu'à la place où furent ces fruits d'or,
Les rameaux innocents se sont couverts de roses.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Je l'ai prise dans mes bras
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Je l'ai prise dans mes bras
Je l'ai prise dans mes bras,
La petite sirène
Aux yeux éblouis.
Et voici qu'en chantant, ce soir, je la promène
En mon beau paradis.
Comme la lune sur la mer,
Sa longue chevelure bleue
Se mêle à la mienne,
Qui est d'or.
Sa belle queue
Traîne
Parmi les fleurs.
Comme elle a peur,
Comme son coeur bat sur mon coeur !
Je ne sais pas ce qu'elle pense.
Elle me regarde en silence,
De ses pâles yeux pleins d'effroi,
Où quelque étrange songe sommeille.
De la terre ils ne veulent
Rien voir que moi ;
Pour Elle, j'en suis la grande merveille,
Et le mystère.
Mais, parfois,
Elle étend les doigts,
Et touche l'air illuminé qui tremble,
Car la lumière et l'air ressemblent à la mer.
Et elle est triste, et parfois pleure.
Je veux la déposer, doucement, dans le fleuve,
Mon beau fleuve d'Eden, dont les divines eaux
S'en retournent parmi la chanson des roseaux
Vers la mer infinie, afin qu'il la ramène,
Heureuse et consolée, à ses soeurs les sirènes,
Et qu'elle joue encor, devant son miroir bleu,
A peigner en chantant ses longs et beaux cheveux,
Qu'ont effleurés, ce soir, quelques roses mortelles,
Et ces baisers humains que mes lèvres y mêlent.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Je l'ai tué, je l'ai tué
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Je l'ai tué, je l'ai tué
Je l'ai tué, je l'ai tué !
Il tombe.
Ecoute. Une voix dans le soir a crié
Sur la mer sombre : Tu l'as tué !
Comment l'ai-je tué, mon dieu, de ces mains blanches
Qui n'auraient pas blessé une colombe
Ni tué une fleur ?
Ah ! rien ne savait qu'il vivait,
Et tout ignore qu'il n'est plus
Et l'aurore se lève encore.
Rien ne le pleure.
Pas un sourire de la terre
Ne s'est effacé ;
Pas une fleur, pas un rayon,
Pas une étoile de ma chanson.
Sans que j'y pense,
Il s'est éteint dans le silence.
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
L'adieu
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
L'adieu
Le soir fraîchissait dans les roses.
Inquiets de troubler ce charme défaillant,
Des êtres inconnus, voluptueusement,
Atténuaient les choses
De voiles hyacinthes, semblables à des mers.
Tout s'effaçait en un calme silence,
Et devenait l'imperceptible hier.
Des choses qui mouraient paraissaient immortelles,
D'autres, languissamment, s'exhalaient dans le ciel,
Et pour qu'aucun regret n'en fût en nos pensées,
Tout en nous oubliant, semblaient comme oubliées.
Mais, à cette heure suprême
Nos visages encor tournés vers le bonheur,
Attardés dans le soir, dans l'adieu, dans les pleurs,
Attardés en nous-mêmes ;
Nous voulions, malgré que tout espoir fût vain,
Revivre ce beau jour, et seuls, le soir atteint,
Seuls, nous ne savions nous détacher des choses,
À l'heure où les parfums se détachaient des roses,
Et la lumière de notre seuil
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
L'ange de l'étoile du matin
- Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
L'ange de l'étoile du matin
L'ange de l'étoile du matin
Descendit en son jardin
Et s'approchant d'Elle :
" Viens, lui dit-il, je te montrerai
Les beaux vallons et les bois secrets
Où vivent encore, en d'autres rêves,
Les esprits subtils
De la terre. "
Elle étendit le bras, et rit,
Regardant entre ses cils
L'ange en flamme dans le soleil,
Et le suivit en silence.
Et l'ange, tandis qu'ils allaient
Vers les ombreux bosquets,
L'enlaçait, et posait
Dans ses clairs cheveux plus longs que ses ailes,
Des fleurs qu'il cueillait
Aux branches au-dessus d'Elle
magda- Nombre de messages : 1253
Date d'inscription : 28/03/2010
Page 1 sur 2 • 1, 2
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum