Charles GUÉRIN
Page 1 sur 1
Charles GUÉRIN
- Charles GUÉRIN
Ah ! ce bruit affreux de la vie !
Ah ! ce bruit affreux de la vie !
Et que dormir serait meilleur
Dans la terre où le caillou crie
Sous la bêche du fossoyeur !
Le soleil a toute ma haine ;
Je suis rassasié de voir
Sa lumière quotidienne
Se rire de mon désespoir.
Ah ! pouvoir donc enfin m'étendre
Dans le seul lit où l'on soit seul,
Et dans l'ombre attentive entendre
Les vers découdre mon linceul !
Et, quand en moi l'être qui pense
Sera dissous lui-même, alors,
Au coeur de l'éternel silence
N'être qu'un mort entre les morts !
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Ce soir après la pluie est doux..
Ce soir après la pluie est doux...
Ce soir après la pluie est doux ; soir de septembre
Si doux qu'on en voudrait pleurer, si plein d'abeilles
Qu'on fuit tout défaillant la pénombre des chambres.
C'est un soir de septembre un peu triste, et c'est veille
De dimanche, et c'est l'heure ou ceux de la maison
Viennent s'asseoir parmi les roses du perron.
C'est un soir de septembre et veille de dimanche.
On se tait ; la maison et les roses sont blanches.
L'automne, enlumineur silencieux et lent,
A déjà sur les murs rougi la vigne vierge.
La brise aux doigts furtifs fait trembler de l'argent
Sur la feuille, paupière agitée, et sur l'herbe ;
Avec l'angélus grave et résigné chemine
Le multiple retour, au lointain, des clarines ;
Des chariots de foin oscillent sur la route ;
Les peupliers d'or clair frémissent ; on écoute
Retomber le marteau sur le contre-heurtoir,
Et le plaintif appel des mendiants du soir.
Les fleurs lasses se font plus lourdes sur leurs tiges,
Une étrange langueur, souffle à souffle, voltige
De l'aïeule, songeuse à cause de la mort,
A la vierge, pensive à cause de l'amour.
Nul ne parle ; la chair s'inquiète ; le jour
Impalpable s'efface et fond, comme un accord
Expire... Et la nuit monte, hélas ! au coeur des hommes.
A cette heure indécise où rampent les ténèbres,
La prière en secret nous écarte les lèvres,
Comme la source entrouvre un sable amer ; nous sommes
Humbles, nous voudrions être pareils, mon Dieu,
A ce candide azur qui forme le ciel bleu
Et que nos reins, comme la chair des chastes veuves,
N'aient plus pour lit d'amour qu'une tombe où s'étendre.
Quand détacherons-nous notre coeur de la femme,
Pour employer à vous servir des forces neuves ?
Ô poignante douceur de ce soir de septembre !
A présent le silence est grand sur la campagne.
Il est tard, et voici que la nuit est venue
Et que nous frissonnons d'une angoisse inconnue.
Ô Seigneur, accablez notre âme et nos paupières
D'un sommeil plus pesant et plus lourd que la pierre ;
Faites autour de nous à travers l'ombre noire
Marcher à pas muets des heures sans mémoire,
Et que la paix des morts nous gagne, et qu'on oublie
Toute cette tristesse immense de la vie !
Ce soir après la pluie est doux ; soir de septembre
Si doux qu'on en voudrait pleurer, si plein d'abeilles
Qu'on fuit tout défaillant la pénombre des chambres.
C'est un soir de septembre un peu triste, et c'est veille
De dimanche, et c'est l'heure ou ceux de la maison
Viennent s'asseoir parmi les roses du perron.
C'est un soir de septembre et veille de dimanche.
On se tait ; la maison et les roses sont blanches.
L'automne, enlumineur silencieux et lent,
A déjà sur les murs rougi la vigne vierge.
La brise aux doigts furtifs fait trembler de l'argent
Sur la feuille, paupière agitée, et sur l'herbe ;
Avec l'angélus grave et résigné chemine
Le multiple retour, au lointain, des clarines ;
Des chariots de foin oscillent sur la route ;
Les peupliers d'or clair frémissent ; on écoute
Retomber le marteau sur le contre-heurtoir,
Et le plaintif appel des mendiants du soir.
Les fleurs lasses se font plus lourdes sur leurs tiges,
Une étrange langueur, souffle à souffle, voltige
De l'aïeule, songeuse à cause de la mort,
A la vierge, pensive à cause de l'amour.
Nul ne parle ; la chair s'inquiète ; le jour
Impalpable s'efface et fond, comme un accord
Expire... Et la nuit monte, hélas ! au coeur des hommes.
A cette heure indécise où rampent les ténèbres,
La prière en secret nous écarte les lèvres,
Comme la source entrouvre un sable amer ; nous sommes
Humbles, nous voudrions être pareils, mon Dieu,
A ce candide azur qui forme le ciel bleu
Et que nos reins, comme la chair des chastes veuves,
N'aient plus pour lit d'amour qu'une tombe où s'étendre.
Quand détacherons-nous notre coeur de la femme,
Pour employer à vous servir des forces neuves ?
Ô poignante douceur de ce soir de septembre !
A présent le silence est grand sur la campagne.
Il est tard, et voici que la nuit est venue
Et que nous frissonnons d'une angoisse inconnue.
Ô Seigneur, accablez notre âme et nos paupières
D'un sommeil plus pesant et plus lourd que la pierre ;
Faites autour de nous à travers l'ombre noire
Marcher à pas muets des heures sans mémoire,
Et que la paix des morts nous gagne, et qu'on oublie
Toute cette tristesse immense de la vie !
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
J'écris...
J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante
J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante.
Nous écoutons, muets encor de volupté,
Voleter un phalène aveugle dans la chambre.
Ton visage est rose de clarté.
Tu caresses les doigts que je te laisse et songes :
" Si vraiment il m'aimait ce soir, écrirait-il ? "
Tu soupires, tes mains tressaillent, et tes cils
Palpitent sous tes yeux en fines grilles d'ombre.
Je devine un chagrin secret, et je t'attire ;
Tu fais sous mon baiser un effort pour sourire,
Et voici que, longtemps, le coeur lourd de sanglots,
Silencieuse et sans vouloir être calmée,
Tu pleures, inquiète et jalouse des mots
Qui te parlent de notre amour, ma bien-aimée.
J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante.
Nous écoutons, muets encor de volupté,
Voleter un phalène aveugle dans la chambre.
Ton visage est rose de clarté.
Tu caresses les doigts que je te laisse et songes :
" Si vraiment il m'aimait ce soir, écrirait-il ? "
Tu soupires, tes mains tressaillent, et tes cils
Palpitent sous tes yeux en fines grilles d'ombre.
Je devine un chagrin secret, et je t'attire ;
Tu fais sous mon baiser un effort pour sourire,
Et voici que, longtemps, le coeur lourd de sanglots,
Silencieuse et sans vouloir être calmée,
Tu pleures, inquiète et jalouse des mots
Qui te parlent de notre amour, ma bien-aimée.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Le temps n'a point pâli ta souveraine image
Le temps n'a point pâli ta souveraine image
Le temps n'a point pâli ta souveraine image :
Telle qu'un jour d'été, jadis, tu m'apparus,
Debout, battant du linge au bord d'un sarcophage,
Je te revois, fille aux bras nus.
C'est dans une prairie où la chaleur frissonne,
Où, comme un brasier vert, l'herbe s'incline au vent.
Un platane robuste à la belle couronne
T'abrite du soleil brûlant.
Je t'observe à travers les branches d'une haie.
Sur l'auge de granit tu presses tes genoux ;
Du bruit de ton battoir l'écho prochain s'égaie,
Et l'eau rejaillit sous tes coups.
La palette de bois s'abat, et tu te penches ;
Ton bras monte, une part de ta gorge le suit,
Et dans ce mouvement ta chemise sans manches
Découvre l'aisselle qui luit.
Un rayon de soleil mystérieux se traîne
Sous le feuillage où flotte un tendre clair-obscur.
Les toiles que tes mains trempent dans la fontaine
Sortent ruisselantes d'azur.
Et moi, le front soumis à l'immense lumière,
J'assiste avec un plein transport de volupté
Aux gestes que tu fais dans l'ombre, lavandière
Ignorante de ta beauté.
Le temps n'a point pâli ta souveraine image :
Telle qu'un jour d'été, jadis, tu m'apparus,
Debout, battant du linge au bord d'un sarcophage,
Je te revois, fille aux bras nus.
C'est dans une prairie où la chaleur frissonne,
Où, comme un brasier vert, l'herbe s'incline au vent.
Un platane robuste à la belle couronne
T'abrite du soleil brûlant.
Je t'observe à travers les branches d'une haie.
Sur l'auge de granit tu presses tes genoux ;
Du bruit de ton battoir l'écho prochain s'égaie,
Et l'eau rejaillit sous tes coups.
La palette de bois s'abat, et tu te penches ;
Ton bras monte, une part de ta gorge le suit,
Et dans ce mouvement ta chemise sans manches
Découvre l'aisselle qui luit.
Un rayon de soleil mystérieux se traîne
Sous le feuillage où flotte un tendre clair-obscur.
Les toiles que tes mains trempent dans la fontaine
Sortent ruisselantes d'azur.
Et moi, le front soumis à l'immense lumière,
J'assiste avec un plein transport de volupté
Aux gestes que tu fais dans l'ombre, lavandière
Ignorante de ta beauté.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Sujets similaires
» Poèmes pluie
» poèmes classiques
» Charles GUÉRIN:Ce soir, sur le chemin sonore du coteau
» CHARLES BRONSONS
» Charles Cros
» poèmes classiques
» Charles GUÉRIN:Ce soir, sur le chemin sonore du coteau
» CHARLES BRONSONS
» Charles Cros
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum