Poèmes et poésies d'Alice de Chambrier
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Poèmes et poésies d'Alice de Chambrier
Alice de Chambrier
Alice de Chambrier est née à Neuchâtel le 28 septembre 1861 et est décédée le 20 décembre 1882. Alice de Chambrier était une poétesse suisse romande.
Alice de Chambrier
Elle écrivit dés son plus jeune age, de très nombreuses poésies, jusqu'à sa mort à vingt et un ans, d'un coma diabétique.
Une sélection de poésies fut publié par Philippe Godet sous le titre
d'Au delà, cet expression revient fréquemment dans ses vers.
Poèmes et poésies d'Alice de Chambrier
Alice de Chambrier est née à Neuchâtel le 28 septembre 1861 et est décédée le 20 décembre 1882. Alice de Chambrier était une poétesse suisse romande.
Alice de Chambrier
Elle écrivit dés son plus jeune age, de très nombreuses poésies, jusqu'à sa mort à vingt et un ans, d'un coma diabétique.
Une sélection de poésies fut publié par Philippe Godet sous le titre
d'Au delà, cet expression revient fréquemment dans ses vers.
Poèmes et poésies d'Alice de Chambrier
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Lamartine devant l’émeute
Lamartine devant l’émeute |
Extrait
.... Alors j’ouïs le bruit d’un océan qui roule
Sous le fouet terrible des vents,
Et je vis s’agiter une innombrable foule
Toute pareille aux flots mouvants.
Et les cœurs frémissaient d’une horrible colère,
Pâmés en des transports ardents ;
Et, dans les rangs pressés, le tigre populaire
S’éveillait en grinçant des dents.
Hommes, femmes, enfants,... l’infernale cohorte
Faite des bourbes de Paris,
Se réveillait soudain, menaçante et plus forte,
Remplissant l’air d’horribles cris.
Forçats, monstres, démons, meute folle et sans maître,
Lâchée en un essor puissant,
Qui peut les retenir ? La Terreur va renaître,
Et la Seine rouler du sang.
Ainsi qu’aux jours affreux d’une époque lointaine,
La plus sombre d’un grand.passé,
Un souffle de malheur, de vengeance et de haine
Chasse le peuple courroucé.
Le drapeau rouge flotte et jette sur les têtes
Un reflet sinistre et sanglant ;
Il ondule.... on dirait qu’un souffle de tempêtes
Passe dans l’air étincelant.
Alors, sur les degrés d’un bâtiment de pierre
Où montait le flot dévorant,
Le front haut et serein et la démarche altière,
Parut un homme pâle et grand.
Comme, durant les jours de la splendeur romaine,
On voyait le gladiateur
Descendre calme et grave au milieu de l’arène
Parmi les fauves en fureur,
Dans ce pressant danger montrant sa force d’âme
Et sa puissante volonté,
Il avançait sans trouble, et son regard de flamme
Rayonnait d’intrépidité.
D’un geste impérieux il fit taire la foule,
Calma l’orage déchaîné,
Et sa parole, ainsi qu’un fleuve qui s’écoule,
Vibra sous l’espace étonné.
Ce fut une éloquence étrange et magnifique,
Ce fut un éblouissement,
Où l’on vit se dresser la jeune République,
Sereine en son blanc vêtement.
Et quand sa voix se tut, vers le ciel emportée,
Abaissant ses regards altiers,
Le tigre lui léchait les pieds.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Oh ! Laissez-moi chanter !
Oh ! Laissez-moi chanter ! |
Oh ! laissez-moi chanter ! La nature est si belle
Dans sa diversité toujours jeune et nouvelle
Que nul chef-d’œuvre humain ne pourrait supplanter !
De l’insecte à l’étoile, elle charme mon être ;
Avec le renouveau mon cœur se sent renaître :
La nature est si belle, ah ! laissez-moi chanter !
Ah ! laissez-moi songer ! La journée est si brève,
Et les plus beaux instants sont les instants du rêve
C’est alors que l’esprit se sent le plus léger ;
C’est alors qu’affranchi de tout lien funeste,
Il plane et va se perdre en l’espace céleste :
La journée est si brève, ah ! laissez moi songer !
Ah ! laissez-moi pleurer ! L’existence est si dure !
De tout ce que l’on aime ici-bas, rien ne dure !
Dans l’éternelle nuit, hélas ! tout doit sombrer ;
Il faut voir, dans la lutte inégale et suprême,
Le trépas engloutir tous les êtres qu’on aime :
L’existence est si dure, ah ! laissez-moi pleurer !
Ah ! laissez-moi prier ! l’espérance console ;
Au front de la douleur elle met l’auréole
Qui rend l’âme plus forte et lui fait oublier,
En lui montrant le ciel, les larmes de la terre ;
C’est l’étoile qui luit pour l’âme solitaire :
L’espérance console, ah ! laissez-moi prier !
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Amitié
Amitié |
Pour la mienne créée, et dont elle est la sœur :
Heureuse et fortunée, ou pauvre et solitaire,
Elle me comprendrait et lirait dans mon cœur.
Elle partagerait mes secrètes pensées,
Elle aurait mon amour, j’aurais toute sa foi ;
Sans cesse étroitement l’une à l’autre enlacées,
J’existerais pour elle, elle vivrait pour moi.
Nous ne nous ferions point de bruyante promesse,
Nous nous dirions beaucoup en nous parlant très peu ;
Un sourire, un regard, souvent une caresse,
Quelquefois un baiser, tendre et discret aveu.
Nous porterions ensemble et la joie et la peine,
La croix serait moins lourde et le bonheur plus pur,
Et nous achèverions notre carrière humaine.
Sûres de nous revoir au delà de l’azur.
Cette félicité n’est encore qu’un rêve
Déjà cent fois détruit, cent fois recommencé,
Et l’âme que j’espère et que j’attends sans trêve
Ne s’est point révélée à mon esprit lassé.
Peut-être que je l’ai déjà vue en ce monde,
Peut-être que mes yeux ont rencontré ses yeux,
Et dans le court espace, hélas ! d’une seconde,
Nos cœurs qui s’appelaient ont palpité joyeux.
Nous nous sommes trouvés bien près de nous connaître,
Nous avons été près de nous tendre la main...
Puis avec un soupir qui montait dans notre être,
Nous avons pris chacune un différent chemin.
Nous avons poursuivi la route solitaire,
Le cœur plein de tristesse et de vague regret,
Avec le sentiment que jamais, sur la terre,
Un semblable destin ne nous réunirait.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Vie fortunée
Vie fortunée |
Qui vit dans sa chaumière et cultive ses prés,
Qui jette avec espoir la semence en la terre
Et recueille la gerbe et les épis dorés.
Il sait qu’il ne dépend ici-bas de personne :
La pluie et le soleil lui sont donnés à tour ;
Si la récolte est forte et si l’année est bonne,
Il rend grâces au ciel, puis reprend son labour.
Il se lève avec l’aube, et, l’outil sur l’épaule,
Il s’en va dans les champs tout humides encor,
Où sur chaque brin d’herbe et sur chaque corolle
Tremble une goutte d’eau, perle de nacre et d’or ;
Et là, tout enivré des parfums de l’aurore,
Il se met à chanter en aiguisant sa faux....
Le ciel gris, lentement, bleuit et se colore ;
Dans le taillis voisin s’éveillent les oiseaux.
Autour de lui bientôt tombe l’herbe fleurie....
Il revient au village et soigne son bétail.
Les vaches, les bœufs roux rêvant dans l’écurie,
Patients compagnons de son rude travail.
Puis il lui faut planter, herser, passer sans trêve :
D’un labeur à quelqu’autre ;... il n’a jamais le temps
De se croiser les bras et d’ébaucher un rêve :
La réalité seule absorbe ses instants.
Il ne se forge point d’idéales chimères ;
Il vit au jour le jour, sans regrets, sans désirs,
Sans transports insensés, sans tristesses amères,
Sans mornes désespoirs, comme sans vifs plaisirs.
Il est heureux pourtant, heureux... et je l’envie,
Et quand les paysans, le soir, causent entre eux,
Je les entends de loin, et j’admire la vie
De ces hommes obscurs, mais forts et valeureux.
Dans leur franche rudesse et dans leur ignorance,
Dans la sainte fatigue infligée à leur corps,
Ils ne connaissent pas l’indicible souffrance
De l’esprit qui s’épuise en stériles efforts.
Asservis à la vie humble et matérielle,
Ils n’ont pas le désir d’échapper à ses lois ;
Ils ne se doutent pas que leur âme a son aile…
L’idéal les appelle, ils ignorent sa voix.
Ainsi les compagnons d’un héros de la Grèce,
Rendus sourds aux appels des nymphes de la mer,
Passèrent sans ouïr leur voix enchanteresse
Qui montait séduisante et divine dans l’air ;
Seul, Ulysse, attaché sur le pont du navire,
Entendit cet appel mystique et fugitif,
Sans parvenir, malgré son farouche délire,
A rompre les liens qui le tenaient captif.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Le Soir d’un jour de pluie
Le Soir d’un jour de pluie |
Les arbres rêvent tristement,
Et sur chaque feuille inclinée,
On voit trembler un diamant.
Mais au milieu du jour qui baisse,
Devant le grand ciel assombri,
Je sens une vague tristesse
Qui s’empare de mon esprit.
Au delà de la voûte grise,
Je voudrais, en un seul élan,
De lumière éclatante éprise,
Fuir dans le ciel étincelant ;
Comme le plongeur téméraire
Qui, d’un effort audacieux,
En frappant de son pied la terre
Remonte vers le jour des cieux,
Je voudrais, joyeuse et rapide,
Dans un semblable et noble effort,
Au delà du ciel gris et vide
Rejoindre enfin le soleil d’
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Les Victimes de la Jeannette
Les Victimes de la Jeannette |
Mes regards sont tombés sur ces mots : « La Jeannette. »
La Jeannette !... Et longtemps je suis resté songeur,
L’œil perdu dans le vague et la tristesse au cœur.
Mon esprit, emporté loin des lieux où nous sommes,
En un rapide essor avait rejoint ces hommes,
Ces marins égarés, faibles et chancelants
Dans la neige, au milieu des icebergs croulants.
Ainsi j’ai contemplé l’héroïque phalange,
Où tu parais, Delong, d’une grandeur étrange ;
Ces notes de ta main écrites jour par jour,
Alors que tu voyais s’éloigner le secours,
Lorsque, sachant déjà le salut impossible,
Tu devais, un à un, sur ce chemin terrible,
Voir tes meilleurs amis abattus par la mort,
Et que tu t’éloignais, non sans avoir encor
Mis sur l’isolement de leur heure dernière
Un suprême rayon d’amour et de prière !...
Tu n’as pas exprimé tout ce que tu souffris ;
Il faut savoir le lire entre les mots écrits !...
Pourtant, ni la douleur, ni l’horreur infinie
De cette journalière et sinistre agonie
N’ont vaincu ton courage et fait trembler ta foi....
Ame vaillante et forte, honneur ! honneur à toi !
Ainsi tous, hier obscurs, mais aujourd’hui célèbres,
Ils demeurèrent grands dans ces heures funèbres ;
Et quand mon cœur les cherche en leur repos profond,
S’ils se montrent à moi, c’est l’auréole au front.
Oh ! voir comme ils ont vu la mort impitoyable
S’approcher, et garder l’espérance ineffable !
Rester seuls, sans secours, dans l’horreur d’un tel lieu,
Loin des siens, du pays, et croire encore en Dieu,
Sans plaintes, sans murmure !... Oh ! qu’ils furent sublimes !
Lutteurs, héros, martyrs, aimons-les, ces victimes,
Holocaustes de prix, s’immolant sans regrets
A ta cause divine, ô Lumière, ô Progrès !
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
sur la hauteur
J’ai pris l’étroit sentier qui contourne l’arête
Du grand mont incliné sur les flots clairs et bleus ;
Je suis, au bout d’une heure, arrivé sur la crête,
Et je me suis assis sur le sol onduleux.
Puis j’ai prêté l’oreille aux murmures étranges
Qui venaient lentement expirer jusqu’à moi,
Bourdonnements, sanglots, rires, vagues mélanges,
Auxquels l’âme répond sans s’expliquer pourquoi.
Elle tressaille et vibre, et semble reconnaître
Ce langage mystique et tout harmonieux ;
Une douleur intense envahit tout son être,
Elle cherche le sens des mots mystérieux.
C’est comme une chanson dès longtemps désapprise,
Qui tout â coup résonne à notre cœur charmé,
Et lui fait essayer, dans sa douce surprise,
D’unir encor sa voix à ce chant bien-aimé.
Mais l’air seul est venu troubler nos rêveries ;
Le sens à tout jamais pour nous s’est effacé :
Nous ne retrouvons plus les paroles chéries
Et les cherchons en vain dans l’ombre du passé.
Du grand mont incliné sur les flots clairs et bleus ;
Je suis, au bout d’une heure, arrivé sur la crête,
Et je me suis assis sur le sol onduleux.
Puis j’ai prêté l’oreille aux murmures étranges
Qui venaient lentement expirer jusqu’à moi,
Bourdonnements, sanglots, rires, vagues mélanges,
Auxquels l’âme répond sans s’expliquer pourquoi.
Elle tressaille et vibre, et semble reconnaître
Ce langage mystique et tout harmonieux ;
Une douleur intense envahit tout son être,
Elle cherche le sens des mots mystérieux.
C’est comme une chanson dès longtemps désapprise,
Qui tout â coup résonne à notre cœur charmé,
Et lui fait essayer, dans sa douce surprise,
D’unir encor sa voix à ce chant bien-aimé.
Mais l’air seul est venu troubler nos rêveries ;
Le sens à tout jamais pour nous s’est effacé :
Nous ne retrouvons plus les paroles chéries
Et les cherchons en vain dans l’ombre du passé.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Jour triste
Jour triste |
J’ai dit : « Dehors luit le soleil,
Mon âme a besoin à cette heure
De clartés et d’éclats vermeil ! »
Il faisait triste dans la plaine ;
J’ai dit : « Quittons l’obscurité ! »
Et sur la sommité lointaine
Avec espoir je suis monté.
La montagne était pleine d’ombre ;
J’ai dit : « Fuyons dans l’infini,
Loin de la terre grave et sombre,
Dans l’espace jamais terni ! »
Les espaces bleus étaient mornes,
Il n’y dansait point de rayons ;
En vain j’allai jusques aux bornes
Des insondables régions :
Je n’y trouvai point de lumière,
Le soleil semblait s’être éteint,
Les astres se cachaient derrière
Un brouillard pesant et lointain.
Mais après cet effort suprême,
L’âme lassée et sans vigueur,
Je dus m’avouer à moi-même
Que la nuit était dans mon cœu
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Pégase attelé
Pégase attelé |
De Pégase arrêté dans son essor divin
Et qui sent tressaillir son aile frémissante
Sous le harnais pesant qu’il veut briser en vain !
Son être est dévoré par un espoir immense.
Il voudrait s’élancer dans l’air étincelant ;
Mais sur le champ étroit que son maître ensemence
Il doit traîner le soc d’un pas égal et lent.
Et comme, malgré lui, sa passion l’anime,
Comme il cherche toujours à reprendre son vol,
Le paysan, craignant cette douleur sublime,
Cherche le sûr moyen de l’attacher au sol.
Il met le fier coursier entre deux bœufs tranquilles
Qui du matin au soir s’en vont indifférents,
Sans désirs insensés, sans rêves inutiles,
Ouvrant droit devant eux leurs yeux mornes et grands.
Que peuvent-ils savoir de la sauvage envie
Qui ronge ce captif vaincu par le destin !
Marcher paisiblement sur la route suivie,
Puis la nuit, au bercail, dormir jusqu’au matin ;
Voir chaque jour passer, lent, calme et monotone,
Sans que nul incident n’en traverse le cours ;
Toujours du même point voir l’astre qui rayonne
Marquer également les heures et les jours :
Voilà leur existence invariable et douce,
Qui suffit à leurs goûts, et n’a pour excitant
Que l’aiguillon du maître et les gros mots qu’il pousse
Quand leurs pas ralentis s’attardent un instant....
Et le noble coursier, dont le vol magnifique
Effleurait en passant les astres radieux,
Doit remplir, enchaîné, ce travail prosaïque,
Et, triste, se courber sous un joug odieux.
Ah ! n’est-ce donc pas là ton image, ô génie,
Toi que ton aile d’or veut emporter au ciel,
Parmi ces régions d’où la sainte harmonie
Te jette les accents de son mystique appel !
Tu ne peux lui répondre et t’élancer vers elle,
Tu ne peux t’abîmer dans l’azur étoilé,
Tu ne peux, indomptable et sauvage rebelle,
Poursuivre ton désir et ton rêve envolé !
Ô malheureux captif en des chaînes cruelles,
Qui d’air et de clarté seras toujours épris,
Comme Pégase aussi tu sens frémir tes ailes,
Et sur le sol obscur tu restes incompris !
Sur la route uniforme et par chacun suivie,
Sombre tu dois marcher, et ta pensée, hélas !
Devant les vérités amères de la vie,
Se courbe sous un joug qui ne se brise pas.
Et la réalité, ce laboureur austère,
T’attelle, dédaignant tes plus nobles élans,
Entre l’indifférence et la rude misère,
Ces bœufs puissants et lourds qui s’en vont à pas lents.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Désir
Je voudrais dans un chant mettre toute mon âme,
Le rayon du ciel bleu, le parfum des grands bois,
La force du soleil, la chaleur de la flamme,
Et toutes les beautés comme toutes les voix...
Mais il faudrait un luth aux cordes plus puissantes :
Devant ce grand désir le mien pleure attristé ;
Tel l’oiseau qui, malgré ses ailes frémissantes,
Doit s’arrêter vaincu devant l’immensité.
Il aura beau franchir les mornes étendues,
S’égarer au milieu des univers nouveaux,
Effleurer en passant les sphères suspendues
Dans l’éternelle nuit où tremblent leurs flambeaux :
Si loin qu’il puisse aller en sa course rapide,
Il ne verra jamais les bornes de l’azur ;
Jamais son vol hardi n’atteindra dans le vide
La limite inconnue où finit le ciel pur.
Le rayon du ciel bleu, le parfum des grands bois,
La force du soleil, la chaleur de la flamme,
Et toutes les beautés comme toutes les voix...
Mais il faudrait un luth aux cordes plus puissantes :
Devant ce grand désir le mien pleure attristé ;
Tel l’oiseau qui, malgré ses ailes frémissantes,
Doit s’arrêter vaincu devant l’immensité.
Il aura beau franchir les mornes étendues,
S’égarer au milieu des univers nouveaux,
Effleurer en passant les sphères suspendues
Dans l’éternelle nuit où tremblent leurs flambeaux :
Si loin qu’il puisse aller en sa course rapide,
Il ne verra jamais les bornes de l’azur ;
Jamais son vol hardi n’atteindra dans le vide
La limite inconnue où finit le ciel pur.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Plaisir d’enfant
Plaisir d’enfant |
J’allais au bord du lac achever ma journée
Et rire avec le flot qui bondissait joyeux ;
Et sur le sable d’or de la riante grève,
Je m’endormais parfois pour écouter en rêve
La sereine chanson du lac harmonieux.
Ou bien je regardais passer les longs nuages
Semblant un vol puissant de beaux cygnes sauvages
Guidés par le hasard vers un but inconnu,
Tandis qu’autour de moi les grandes sauterelles,
En étoilant le sol du reflet de leurs ailes,
Volaient avec un bruit étrange et continu.
Puis, lasse de songer si longtemps sans rien faire,
Je cherchais quelque jeu qui pût me satisfaire :
Sur les flots clairs et purs comme des cristaux bleus,
Je faisais naviguer une flotte tremblante
De barques en papier, et l’onde scintillante
Les portait doucement au loin vers d’autres lieux.
Et, souvent, sur le pont du navire fragile
J’écrivais, d’une main encor bien inhabile,
Quelques mots enfantins, et posais quelques fleurs
Sur l’arrière incliné des mignonnes nacelles,
— Pesantes cargaisons pour leurs coques si frêles —
Puis, les voyant partir, j’essuyais quelques pleurs.
Mes regards les suivaient sur l’ondoyante plaine :
Je pensais que bien loin, sur la terre lointaine
Où mes pauvres bateaux aborderaient un jour,
Ils trouveraient quelqu’un sur le nouveau rivage,
Qui se demanderait d’où venait ce message,
Et, qui sait ? m’enverrait une flotte à son tour !
Quel était l’inconnu qui ferait cette chose ?
Je ne le savais pas, mais pourtant je suppose
Que je parais son front d’un nimbe radieux :
Ce serait un seigneur, une fée adorable,
Une belle princesse assise sur le sable...
Et je sentais mon cœur tressaillir anxieux.
Et tous les jours suivants, pleine de confiance,
J’attendais la réponse avec impatience...
Mais, hélas ! mon bateau n’est jamais revenu,
Et je cherchais en vain, dans l’éloignement vague,
Espérant chaque jour voir enfin sur la vague,
Mes vaisseaux revenant du pays inconnu !
Jeux naïfs de l’enfance !... Il se peut qu’on en rie !
Mais j’aime l’infini, j’aime la rêverie
Qui mêle au terre à terre un peu de merveilleux ;
J’aime à quitter souvent l’existence réelle,
Fût-ce, comme autrefois, pour suivre une nacelle
Qui vacille et se perd sur le flot onduleux.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Les Magots
Les Magots |
Pleine de mille bibelots,
Les doigts blancs de la châtelaine
Avaient posé les deux magots.
Elle était joyeuse et folâtre :
Ses boucles d’or aux tons soyeux
Sur son front pur comme l’albâtre
Mettaient un nimbe radieux.
Et les magots branlaient la tête,
Ecarquillaient leurs gros yeux vairs,
Avaient l’air profondément bête
Sous leurs amples vêtements clairs.
Leur bouche allait jusqu’aux oreilles.
Tant ils riaient fort tous les deux ;
Et l’enfant aux tresses vermeilles,
En passant, riait avec eux.
Le manoir était en liesse,
Plein d’hôtes joyeux et charmants,
D’aimable et superbe jeunesse
Mêlant les fleurs aux diamants.
Chaque soir, le long des charmilles,
On voyait sous le dôme ombreux
Beaux cavaliers et jeunes filles
S’en aller couples amoureux.
Et pendant les fêtes splendides,
Devant les danses, les bijoux,
Les nains aux visages stupides
Riaient toujours comme des fous.
Mais, hélas ! un jour sonna l’heure
Où tout le pays fut en deuil :
La mort entrant dans la demeure
Mit la châtelaine au cercueil.
Sa blanche paupière abaissée
Voila pour toujours ses beaux yeux ;
On la porta, calme et glacée,
Dans le tombeau de ses aïeux.
Le manoir resta solitaire,
Les grands volets furent bien clos,
Et les arbres avec mystère
Se couvrirent de leurs rameaux…
Pourtant, sur la haute console,
Laissant fuir les nuits et les jours,
Enivrés d’une gaité folle
Les deux magots riaient toujours.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Sentier perdu
Sentier perdu |
Sur la montagne étrange et sombre
Il est un sentier attrayant,
Que l’on voit serpenter dans l’ombre
Sous le feuillage verdoyant ;
Les pins aux aiguilles légères
Lui font un dôme immense et frais ;
Sur ses bords croissent les fougères,
Ces dentelles de nos forêts.
Mais parfois sa trace est couverte
De brindilles et de rameaux ;
Les mûriers et l’épine verte
S’y déroulent en longs anneaux ;
Les branchages touffus des chênes
Y tamisent un jour moelleux,
Et les glands roux mêlés aux faines
Germent sur le sol onduleux.
Bientôt il devient plus sauvage.
L’herbe y croît dans un jet plus fort,
De grands troncs barrent le passage,
L’on n’y marche qu’avec effort,
Et, sous un dédale de ronce,
D’aubépines aux fourrés épais,
On le voit soudain qui s’enfonce
Pour ne reparaître jamais.
Au delà, la haute ramure
Etroitement se réunit :
Rien ne frémit, rien ne murmure
Sous cette ombre au calme infini.
Hélas ! que d’êtres sur la terre,
— Ils n’ont jamais été nombrés ―
Comme le sentier solitaire,
Se sont dans le monde égarés !
Que d’êtres au cœur plein de joie,
De tendresse et de noble essor,
Ont vu soudain finir leur voie
Dans le grand calme de la mort !
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
La Plume
La Plume |
J’ai vu dans la fange jaunâtre,
Au bord du trottoir ruisselant,
Une plume au reflet d’albâtre
Qu’avait perdue un pigeon blanc.
L’oiseau, dans un essor rapide,
Avait passé devant mes yeux,
Laissant après lui dans le vide
Cette plume au reflet soyeux.
Pendant une courte minute,
Dans l’air elle avait palpité,
Puis avait commencé sa chute
Vers la boue et l’humidité.
Dans sa marche incertaine et lente,
Elle semblait encor chercher
Une protection absente,
Un point auquel se raccrocher...
Mais en vain !... Sur l’ornière impure,
Dans un vague frémissement,
Intacte encore et sans souillure,
Elle se posa tristement....
Le cœur s’attendrit et s’épanche
Souvent sans qu’on sache pourquoi :
L’aspect de cette plume blanche
Me mit dans l’être un vague émoi ;
Elle me fit penser aux âmes
Qu’un sort triste et mystérieux
Abandonne aux chemins infâmes
Où rampe le vice odieux.
Qui pourrait calculer leur nombre ?
Jusqu’ici, nul ne l’a tenté....
Et l’on s’étonne si dans l’ombre
On voit sombrer leur pureté !
C’est comme un ange aux grandes ailes
Qui les laisserait en passant
Tomber, hélas ! blanches et frêles,
Sur notre sol noir et glissant ;
Pour les sauver il n’est personne,
Nul ne les tire du bourbier ;
La nuit partout les environne
Et l’orgueil les foule du pied !
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
La Lumière inconnue
La Lumière inconnue |
Je vois soudain briller sur la hauteur lointaine
Un feu que l’on prendrait pour une étoile d’or.
Chaque soir, sans jamais y manquer, il s’allume
A l’heure où les coteaux s’effacent dans la brume
Qui voile avec lenteur la terre qui s’endort.
Je contemple souvent ce rayon solitaire
Qui jusqu’à moi descend plein d’un vague mystère ;
Il me semble parfois qu’il m’appelle vers lui,
Et mon être ressent mille étranges envies :
Je voudrais m’élancer hors des routes suivies,
Jusqu’à cette clarté qui rayonne et qui luit.
Je laisse aller mon cœur au gré de mes pensées,
Et mille visions, aussitôt effacées,
S’en viennent tour à tour flotter devant mes yeux.
.... C’est une jeune fille avec des tresses blondes,
Avec de grands yeux bleus pleins de clartés profondes,
Si sereins et si purs qu’ils fout songer aux cieux.
Pensive et diligente, elle coud sans relâche,
Elle veut achever, le soir même, sa tâche ;
Mais parfois ses regards s’en vont, doux et brillants,
Vers le large fauteuil où son aïeul sommeille,
Et la lampe répand une clarté vermeille
Sur ce front de vieillard aux nobles cheveux blancs.
Ou bien c’est un joyeux berger des pâturages
Qui, pour se reposer de ses rudes ouvrages,
Vient trouver sa promise et près d’elle s’assied ;
Il est robuste et fort, elle est active et belle,
Et près d’eux un chien-loup, leur compagnon fidèle,
Dort la tête appuyée aux briques du foyer.
Ils se disent tout bas de ravissantes choses ;
Ils comptent s’épouser dans la saison des roses,
Au temps où les oiseaux travaillent à leur nid ;
Puis de rire !... Le chien redresse un peu l’oreille
Et, comme un sûr et vieux ami qui les surveille,
Il entr’ouvre à moitié son grand œil endormi.
C’est peut-être un savant, un rêveur, un artiste,
Qui recherche le calme et que la foule attriste,
Et qui donne au travail les veilles de la nuit.
Il se croit oublié dans sa retraire austère,
Sans songer que, perçant les brumes de la terre,
Mon âme le devine, et mon regard le suit.
Ou, retrouvant encore au fond de ma mémoire
Les lambeaux oubliés d’une très vieille histoire,
Je pense à quelque gnome assis près d’un tombeau
Où dort une princesse aux longs cheveux d’ébène,
A la figure pâle étrangement sereine,
Et que doit éveiller un prince jeune et beau....
Hélas ! et c’est ainsi que je garde mon rêve !
Je le poursuis toujours sans fatigue et sans trêve ;
Plus d’une fois déjà je me suis dit : « Demain,
Dès la pointe du jour, je m’en irai moi-même
Chercher le dernier mot de ce lointain problème... »
Jamais l’aube qui suit ne me trouve en chemin.
J’ai peur de voir crouler mon palais de chimères :
Les douces visions de mon cœur me sont chères,
J’aime tant rêver, seul, dans l’obscurité.
En te voyant de près, ô lumière discrète,
Je me dirais sans doute : « Hélas ! pauvre poète,
Tes songes valaient mieux que la réalité ! »
KAMEL- Nombre de messages : 605
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Humeur : d'arc-en-ciel
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L’Inaccessible
L’Inaccessible |
L’homme n’atteint jamais à l’idéal qu’il rêve :
C’est en vain qu’ici-bas il cherche à le saisir ;
Il ne peut y toucher, malgré tout son désir,
Et devant lui, toujours, il le voit qui s’élève.
Ainsi que Prométhée, à la terre fixé,
Rongé par le désir qui le poursuit sans cesse,
Il voit, le cœur rempli d’une immense tristesse,
Flotter devant ses veux son rêve inexaucé.
Il ne peut le rejoindre et briser son entrave,
Il ne peut échapper au châtiment cruel,
Et, se sentant créé pour l’espace du ciel,
Il se trouve ici-bas lié comme un esclave.
Et le jour suit la nuit, la nuit succède au jour,
Le temps, d’un pas léger, fuit sans laisser de trace…
Mais jamais l’homme encore, oubliant sa disgrâce,
N’a rompu ses liens et chassé le vautour.
Il n’a pu s’affranchir des tristesses amères,
Il n’a pu s’élever jusqu’au vague infini,
Et ne rejoint jamais, hélas ! pauvre banni,
Le vol capricieux et doux de ses chimères
KAMEL- Nombre de messages : 605
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Humeur : d'arc-en-ciel
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Lorsque le soir descend
Lorsque le soir descend |
Expirer sur la grève avec des sanglots vagues,
Tandis qu’un rayon pâle égaré dans les cieux
Mêle son reflet clair au bleu triste des ondes
Et brode un ourlet d’or sur les nappes profondes
Qui jettent leur chanson dans l’air silencieux.
J’aime entendre le vent qui s’irrite ou qui pleure
Et qui parle dans l’ombre aux branches qu’il effleure
D’un baiser qui les fait frémir et s’agiter ;
J’aime écouter, , la voix subtile et douce
D’un insecte azuré qui dit aux brins de mousse
Ce que nul être humain ne saurait répéter.
J’aime entendre le chant limpide de la source
Qui sur un lit de sable accélère sa course
Et s’enfuit vers un but qu’elle ne connaît pas.
J’aime entendre le bruit superbe du tonnerre,
Lorsque du haut du ciel il s’adresse à la terre
Qui l’écoute soumise et tremble à ses éclats.
J’aime écouter, la nuit, tout seul devant l’espace,
Le doux bruissement du silence qui passe
Et la vague chanson qui s’échappe du ciel,
Mystiques entretiens des sphères suspendues,
Comme des lampes d’or, aux mornes étendues
Où le froid et la nuit ont leur règne éternel.
Oh ! que l’homme apprendrait de choses merveilleuses
S’il percevait le sens des voix mystérieuses
Qu’il entend s’élever à chacun de ses pas !
Mais cet hymne sacré que chante la nature
Est pour l’esprit humain d’une essence trop pure ;
Il peut le pressentir, il ne le comprend pas.
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Humeur : d'arc-en-ciel
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L’Énigme
L’Énigme |
Qui vole dans les airs comme un cygne sauvage
Regagnant vers le soir son nid dans les ajoncs ;
Mon regard l’accompagne et je vais sur sa trace
Jusqu’à ce qu’il s’arrête et lentement s’efface
Dans le rayonnement des vastes horizons.
Je contemple l’étoile vagabonde
Qui d’un cours inconstant s’en va de monde en monde
Et passe tour à tour du nadir au zénith ;
Je pense que bien loin, au delà de la nue,
Dans une sphère étrange, à la terre inconnue,
Il est peut-être un point où l’univers finit.
Ce mystère du ciel me tourmente sans trêve,
Et, de ces régions où mon regard s’élève,
Mon cœur voudrait toujours sonder l’immensité ;
Il cherche le secret que dérobe l’espace....
Mais qu’il suive dans l’ombre un astre d’or qui passe
Ou se perde rêveur parmi l’obscurité,
Il ne déchiffre point ce problème insondable ;
L’énigme qu’il poursuit demeure insaisissable
Et la voûte d’azur ne se déchire pas ;
Et le grand infini, sphinx couronné d’étoiles,
Reste couvert toujours d’impénétrables voiles
Et ne rencontre point d’Œdipes ici-bas.
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David
David |
Pour lutter contre le géant ;
Mais au fond de son cœur d’enfant
Habitait une foi profonde :
Il savait bien que l’Éternel
Combattrait avec lui pour sauver Israël.
Il avançait ferme et tranquille
Contre le Philistin puissant,
Qui, l’œil hautain et méprisant,
Riait de son air juvénile
Et se moquait de l’Éternel
Qui choisissait David pour sauver Israël.
Mais, sans trembler, d’une main sûre,
L’enfant que son Dieu dirigeait,
Fit au colosse, d’un seul jet,
Une inguérissable blessure.
Et c’est ainsi que l’Éternel,
Selon son bon plaisir, délivrait Israël.
Comme David, tu nous appelles
A de grands combats, ô Seigneur !
Pour en sortir à ton honneur,
Comme David rends-nous fidèles,
Et l’on verra que l’Eternel
Se tient auprès de nous comme auprès d’Israël !
Et si le mal nous environne,
Et s’il devient plus fort que nous,
Nous t’implorerons à genoux,
Toi qui ne rejettes personne !
Et répondant à notre appel,
Tu lutteras pour nous, ô Sauveur éternel !
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Heure sainte du soir
Heure sainte du soir |
Où l’on sent palpiter quelque chose d’austère,
Quelque chose qui touche à la divinité !
La terre est près du ciel, dans ces heures dernières,
A ce moment auguste où les grandes lumières
Se fondent au couchant avec l’obscurité.
La nacre, le carmin, le violet, l’orange,
Se mêlent lentement à l’air d’un gris étrange
Et couvrent l’horizon de reflets chatoyants.
Puis, comme un oiseau gris entr’ouvrant sa grande aile,
Le crépuscule monte au ciel qui se constelle
Et semble un dais énorme émaillé de brillants.
Et dans cette ombre claire encor, la lune étale
La tranquille splendeur de son fin croissant pâle
Dont un fil d’or rejoint les deux extrémités :
Tel un anneau tombé d’une main inconnue
Et qui, fixé soudain par un point dans la nue,
Se balance en jetant mille éclats argentés.
Et ces éclats s’en vont jusqu’au lac qui repose
Danser en se jouant sur le gouffre morose,
Tandis que les grands flots noirs et silencieux,
Inquiets de les voir troubler la nuit livide,
S’efforcent, mais en vain, dans une étreinte humide,
D’éteindre ces rayons qui descendent des cieux
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Les Ignorés
Les Ignorés |
Ce sont ceux qui dans l’ombre accomplissent leur tâche ;
Qui, sans murmures vains, travaillent sans relâche,
Puis rentrent dans la nuit dont ils étaient venus.
Nul n’en connaît le nombre, intrépide phalange
Prête à chaque péril, à chaque dévoûment,
Et que l’on voit parfois briller obscurément,
Comme un joyau de prix égaré dans la fange !
Admirables lutteurs, qui, sans même savoir
Que leur conduite est noble et que leur âme est grande,
Donnent toute leur vie et leur joie en offrande
A cet austère maître appelé le devoir !
Ah ! certes, parmi ceux qu’ici-bas l’on encense,
Artistes, conquérants redoutés et puissants,
Beaucoup ne valent pas ces humbles combattants
Qui passent sans éclat, sans beauté, sans science.
Ce sont eux qu’il faudrait pouvoir rendre immortels,
Eux qui mériteraient un temple à leur mémoire,
Comme Athène autrefois, dans les jours de sa gloire,
Pour les dieux inconnus élevait des autels.
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Humeur : d'arc-en-ciel
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Le Progrès
Le Progrès |
Nous n’atteignons jamais à tes magnificences,
O nature, si grande et si simple à la fois !
Nous demeurons vaincus par tes divins modèles ;
Nos temples, nos palais, nos œuvres immortelles
Ne valent pas le dôme immense de tes bois.
Les plus belles couleurs par l’homme préparées
Pâlissent à côté des profondeurs nacrées
De quelques gouttes d’eau reflétant le ciel pur ;
La moire qui chatoie et les fines dentelles,
La gaze, le satin n’égalent pas les ailes
D’un papillon brillant qui se perd sous l’azur.
La vapeur que l’on voit dans une course ardente
S’élancer en jetant dans l’air sa voix stridente,
Coursier nourri de flamme et d’un geste dompté,
Ne peut suivre l’oiseau dont le vol se balance
Et qui, sans déchirer l’harmonieux silence,
Traverse en un instant la bleue immensité.
Les milliers de flambeaux à la clarté sereine
Que l’électricité, cette nouvelle reine,
Prête au génie humain pour combattre la nuit,
Valent-ils un rayon de soleil qui s’épanche
Sur un ruisseau qu’il dore à travers une branche
La lune des beaux soirs et l’étoile qui luit ?
Tous les dogmes hardis, les ténébreux systèmes
Inventés à plaisir par les hommes eux-mêmes
Et qu’on voit, ici-bas, dominer tour à tour,
Peuvent-ils égaler cette croyance auguste
D’un Dieu qui doit punir, car il est saint et juste,
Mais qui sait pardonner parce qu’il est amour !
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Le Progrès
Le Progrès |
Nous n’atteignons jamais à tes magnificences,
O nature, si grande et si simple à la fois !
Nous demeurons vaincus par tes divins modèles ;
Nos temples, nos palais, nos œuvres immortelles
Ne valent pas le dôme immense de tes bois.
Les plus belles couleurs par l’homme préparées
Pâlissent à côté des profondeurs nacrées
De quelques gouttes d’eau reflétant le ciel pur ;
La moire qui chatoie et les fines dentelles,
La gaze, le satin n’égalent pas les ailes
D’un papillon brillant qui se perd sous l’azur.
La vapeur que l’on voit dans une course ardente
S’élancer en jetant dans l’air sa voix stridente,
Coursier nourri de flamme et d’un geste dompté,
Ne peut suivre l’oiseau dont le vol se balance
Et qui, sans déchirer l’harmonieux silence,
Traverse en un instant la bleue immensité.
Les milliers de flambeaux à la clarté sereine
Que l’électricité, cette nouvelle reine,
Prête au génie humain pour combattre la nuit,
Valent-ils un rayon de soleil qui s’épanche
Sur un ruisseau qu’il dore à travers une branche
La lune des beaux soirs et l’étoile qui luit ?
Tous les dogmes hardis, les ténébreux systèmes
Inventés à plaisir par les hommes eux-mêmes
Et qu’on voit, ici-bas, dominer tour à tour,
Peuvent-ils égaler cette croyance auguste
D’un Dieu qui doit punir, car il est saint et juste,
Mais qui sait pardonner parce qu’il est amour !
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L’Inconnu
L’Inconnu |
Chaque jour qui s’enfuit n’est jamais racheté,
Et le temps qui s’en va sans laisser nulle trace
Nous porte lentement jusqu’à l’éternité.
Mais nul ne connaît l’heure où la course s’achève.
Alcyons fugitifs sur l’écume des flots,
Nous allons, poursuivis par un semblable rêve,
Mêlant la joie aux pleurs et le rire aux sanglots.
L’avenir devant nous parait riant ou sombre,
Mais le but qu’il présente est le même pour tous ;
Dans les clartés du jour ou dans l’horreur de l’ombre,
Le trépas se tient là, prêt à fondre sur nous.
Il ne faut qu’un signal pour ouvrir une tombe,
Il ne faut qu’un instant pour fermer un cercueil ;
Par un ordre inconnu l’étoile oscille et tombe :
Un mot venu du ciel met un pays eu deuil.
Atome intelligent dans l’immense matière,
Grain de sable perdu sous l’espace du ciel,
Être étrange et divers, fait d’ombre et de lumière,
L’homme est né pour mourir et se sent immortel.
Il se demeure, hélas ! une énigme à lui-même,
Et, quel que soit le Dieu que son âme invoqua,
Il n’a pu jusqu’ici, sondant le grand problème,
Triomphant et joyeux s’écrier : Euréka !
Où donc la vie humaine a-t-elle pris sa source ?
Vers quel but inconnu son cours est-il poussé ?
Vers d’autres univers portons-nous notre course ?
L'avenir sera-t-il l'image du passé ?
Mystère de la vie, ô grand pourquoi des choses !
Arche immense d’un pont sur les siècles construit,
Et dont les deux piliers, les effets et les causes,
Plongent l’un dans le vague et l’autre dans la nuit.
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Humeur : d'arc-en-ciel
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