François Tristan L'HERMITE
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François Tristan L'HERMITE
Rappel du premier message :
François Tristan L'HERMITE (1601-1655)
A des cimetières
Séjour mélancolique, où les ombres dolentes
Se plaignent
chaque nuit de leur adversité
Et murmurent toujours de la nécessité
Qui
les contraint d'errer par les tombes relantes,
Ossements entassés, et
vous, pierres parlantes
Qui conservez les noms à la postérité,
Représentant la vie et sa fragilité
Pour censurer l'orgueil des âmes
insolentes,
Tombeaux, pâles témoins de la rigueur du sort,
Où je
viens en secret entretenir la mort
D'une amour que je vois si mal
récompensée,
Vous donnez de la crainte et de l'horreur à tous,
Mais le
plus doux objet qui s'offre à ma pensée
Est beaucoup plus funeste et plus
triste que vous.
François Tristan L'HERMITE (1601-1655)
A des cimetières
Séjour mélancolique, où les ombres dolentes
Se plaignent
chaque nuit de leur adversité
Et murmurent toujours de la nécessité
Qui
les contraint d'errer par les tombes relantes,
Ossements entassés, et
vous, pierres parlantes
Qui conservez les noms à la postérité,
Représentant la vie et sa fragilité
Pour censurer l'orgueil des âmes
insolentes,
Tombeaux, pâles témoins de la rigueur du sort,
Où je
viens en secret entretenir la mort
D'une amour que je vois si mal
récompensée,
Vous donnez de la crainte et de l'horreur à tous,
Mais le
plus doux objet qui s'offre à ma pensée
Est beaucoup plus funeste et plus
triste que vous.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Polyphème en furie
Polyphème en furie
Je vous vois, couple infâme, enivré de plaisir,
Quand vos
secrets complots m'ont enivré de rage.
Est-ce ainsi qu'on trahit mon
amoureux désir,
Et que l'on ose encore irriter mon courage ?
Je vous
vois, ménagez votre peu de loisir,
Vous ne me ferez plus que ce dernier
outrage :
Ce morceau de rocher que je vais vous choisir
Vous presse de
bientôt achever votre ouvrage.
Maintenant je vous tiens, rien ne peut
détourner
Le juste châtiment que je vais vous donner,
Il faut que de ce
coup je vous réduise en poudre.
Ainsi dit le Cyclope à deux amants
transis.
Sa voix fut un tonnerre, et la pierre une foudre,
Qui meurtrit
Galatée, et fit mourir Acys.
Je vous vois, couple infâme, enivré de plaisir,
Quand vos
secrets complots m'ont enivré de rage.
Est-ce ainsi qu'on trahit mon
amoureux désir,
Et que l'on ose encore irriter mon courage ?
Je vous
vois, ménagez votre peu de loisir,
Vous ne me ferez plus que ce dernier
outrage :
Ce morceau de rocher que je vais vous choisir
Vous presse de
bientôt achever votre ouvrage.
Maintenant je vous tiens, rien ne peut
détourner
Le juste châtiment que je vais vous donner,
Il faut que de ce
coup je vous réduise en poudre.
Ainsi dit le Cyclope à deux amants
transis.
Sa voix fut un tonnerre, et la pierre une foudre,
Qui meurtrit
Galatée, et fit mourir Acys.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Pour une excellente Beauté qui se mirait
Pour une excellente Beauté qui se mirait
Amarille en se regardant
Pour se conseiller de sa grâce
Met
aujourd'hui des feux dans cette glace
Et d'un cristal commun fait un miroir
ardent.
Ainsi touché d'un soin pareil
Tous les matins l'astre du
monde
Lorsqu'il se lève en se mirant dans l'onde
Pense tout étonné voir un
autre soleil.
Ainsi l'ingrat chasseur dompté
Par les seuls traits de
son image,
Penché sur l'eau, fit le premier hommage
De ses nouveaux désirs
à sa propre beauté.
En ce lieu, deux hôtes des cieux
Se content un
sacré mystère ;
Si revêtus des robes de Cythère
Ce ne sont deux Amours qui
se font les doux yeux.
Ces doigts agençant ces cheveux,
Doux flots où
ma raison se noie,
Ne touchent pas un seul filet de soie
Qui ne soit le
sujet de plus de mille voeux.
Ô Dieux ! que de charmants appas,
Que
d'oeillets, de lys et de roses,
Que de clartés et que d'aimables
choses
Amarille détruit en s'écartant d'un pas !
Si par un magique
savoir
On les retenait dans ce verre,
Le plus grand roi qui soit dessus
la terre
Voudrait changer son sceptre avecque ce miroir.
Amarille en se regardant
Pour se conseiller de sa grâce
Met
aujourd'hui des feux dans cette glace
Et d'un cristal commun fait un miroir
ardent.
Ainsi touché d'un soin pareil
Tous les matins l'astre du
monde
Lorsqu'il se lève en se mirant dans l'onde
Pense tout étonné voir un
autre soleil.
Ainsi l'ingrat chasseur dompté
Par les seuls traits de
son image,
Penché sur l'eau, fit le premier hommage
De ses nouveaux désirs
à sa propre beauté.
En ce lieu, deux hôtes des cieux
Se content un
sacré mystère ;
Si revêtus des robes de Cythère
Ce ne sont deux Amours qui
se font les doux yeux.
Ces doigts agençant ces cheveux,
Doux flots où
ma raison se noie,
Ne touchent pas un seul filet de soie
Qui ne soit le
sujet de plus de mille voeux.
Ô Dieux ! que de charmants appas,
Que
d'oeillets, de lys et de roses,
Que de clartés et que d'aimables
choses
Amarille détruit en s'écartant d'un pas !
Si par un magique
savoir
On les retenait dans ce verre,
Le plus grand roi qui soit dessus
la terre
Voudrait changer son sceptre avecque ce miroir.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Pour une jalousie enragée dans un roman
Pour une jalousie enragée dans un roman
Destins, faites-moi voir une ville allumée,
Toute pleine
d'horreur, de carnage et de bruit,
Où l'inhumanité d'une orgueilleuse armée
Triomphe insolemment d'un empire détruit.
Faites-moi voir encore une
flotte abîmée
Par le plus fâcheux temps que l'orage ait produit,
Où de
cent mille voix, dans la plus noire nuit,
La clémence du Ciel soit en vain
réclamée.
Ouvrez-moi les enfers ; montrez-moi tout de rang
Cent
ravages de flammes et cent fleuves de sang,
Et pour me contenter lancez
partout la foudre.
Faites-moi voir partout l'image du trépas,
Mettez
la mer en feu, mettez la terre en poudre,
Et tout cela, Destins, ne me
suffira pas.
Destins, faites-moi voir une ville allumée,
Toute pleine
d'horreur, de carnage et de bruit,
Où l'inhumanité d'une orgueilleuse armée
Triomphe insolemment d'un empire détruit.
Faites-moi voir encore une
flotte abîmée
Par le plus fâcheux temps que l'orage ait produit,
Où de
cent mille voix, dans la plus noire nuit,
La clémence du Ciel soit en vain
réclamée.
Ouvrez-moi les enfers ; montrez-moi tout de rang
Cent
ravages de flammes et cent fleuves de sang,
Et pour me contenter lancez
partout la foudre.
Faites-moi voir partout l'image du trépas,
Mettez
la mer en feu, mettez la terre en poudre,
Et tout cela, Destins, ne me
suffira pas.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sujet de la comédie des fleurs
Sujet de la comédie des fleurs
L'auteur étant prié par des belles dames de leur faire promptement
une pièce de théâtre pour représenter à la campagne, et se voyant
pressé
de leur écrire le sujet qu'il avait choisi pour cette comédie,
à laquelle il
n'avait point pensé, leur envoya les vers qui suivent.
Puisqu'il vous
plaît que je vous die
Le sujet de la comédie
Que je médite pour vos
soeurs ;
Les images m'en sont présentes,
Les personnages sont des fleurs
Car vous êtes des fleurs naissantes.
Un lys, reconnu pour un prince,
Arrive dans une province ;
Mais, comme un prince de son sang,
Il est
beau sur toute autre chose ;
Et vient, vêtu de satin blanc,
Pour faire
l'amour à la rose.
Pour dire qu'elle est sa noblesse
A cette
charmante maîtresse
Qui s'habille de vermillon,
Le lys avec des présents
d'ambre
Délègue un jeune papillon,
Son gentilhomme de la
Chambre,
Ensuite le prince s'avance
Pour lui faire la révérence ;
Ils se troublent à leur aspect
Le sang leur descend et leur monte
:
L'un pâlit de trop de respect,
L'autre rougit d'honnête
honte.
Mais cette infante de mérite,
Dès cette première visite,
Lui lance des regards trop doux
Le souci qui brûle pour elle,
A même
temps en est jaloux,
Ce qui fait naître une querelle.
On arme pour
les deux cabales.
On n'entend plus rien que tymbales ;
Que trompettes et
que clairons ;
Car, avec tambour et trompette,
Les bourdons et les
moucherons
Sonnent la charge et la retraite.
Enfin le lys a la
victoire ;
Il revient couronné de gloire,
Attirant sur lui tous les yeux.
La rose, qui s'en pâme d'aise,
Embrasse le victorieux ;
Et le
victorieux la baise.
De cette agréable entrevue,
L'absinthe fait,
avec la rue,
Un discours de mauvaise odeur
Et la jeune épine-vinette,
Qui prend parti pour la pudeur
Y montre son humeur
aigrette.
D'autre côté, madame ortie,
Qui veut être de la partie
Avec son cousin le chardon,
Vient citer une médisance
D'une jeune
fleur de melon
A qui l'on voit enfler la panse.
Mais la rose enfin
les fait taire,
Par un secret bien salutaire,
Approuvé de tout
l'univers.
Et dissipant tout cet ombrage,
La buglose met les couverts
Pour le festin du mariage.
Tout contribue à cette fête.
Sur le
soir un ballet s'apprête,
Où l'on ouit des airs plus qu'humains
On y
danse, on s'y met à rire.
Le pavot vient, on se retire ;
Bonsoir, je
vous baise les mains.
L'auteur étant prié par des belles dames de leur faire promptement
une pièce de théâtre pour représenter à la campagne, et se voyant
pressé
de leur écrire le sujet qu'il avait choisi pour cette comédie,
à laquelle il
n'avait point pensé, leur envoya les vers qui suivent.
Puisqu'il vous
plaît que je vous die
Le sujet de la comédie
Que je médite pour vos
soeurs ;
Les images m'en sont présentes,
Les personnages sont des fleurs
Car vous êtes des fleurs naissantes.
Un lys, reconnu pour un prince,
Arrive dans une province ;
Mais, comme un prince de son sang,
Il est
beau sur toute autre chose ;
Et vient, vêtu de satin blanc,
Pour faire
l'amour à la rose.
Pour dire qu'elle est sa noblesse
A cette
charmante maîtresse
Qui s'habille de vermillon,
Le lys avec des présents
d'ambre
Délègue un jeune papillon,
Son gentilhomme de la
Chambre,
Ensuite le prince s'avance
Pour lui faire la révérence ;
Ils se troublent à leur aspect
Le sang leur descend et leur monte
:
L'un pâlit de trop de respect,
L'autre rougit d'honnête
honte.
Mais cette infante de mérite,
Dès cette première visite,
Lui lance des regards trop doux
Le souci qui brûle pour elle,
A même
temps en est jaloux,
Ce qui fait naître une querelle.
On arme pour
les deux cabales.
On n'entend plus rien que tymbales ;
Que trompettes et
que clairons ;
Car, avec tambour et trompette,
Les bourdons et les
moucherons
Sonnent la charge et la retraite.
Enfin le lys a la
victoire ;
Il revient couronné de gloire,
Attirant sur lui tous les yeux.
La rose, qui s'en pâme d'aise,
Embrasse le victorieux ;
Et le
victorieux la baise.
De cette agréable entrevue,
L'absinthe fait,
avec la rue,
Un discours de mauvaise odeur
Et la jeune épine-vinette,
Qui prend parti pour la pudeur
Y montre son humeur
aigrette.
D'autre côté, madame ortie,
Qui veut être de la partie
Avec son cousin le chardon,
Vient citer une médisance
D'une jeune
fleur de melon
A qui l'on voit enfler la panse.
Mais la rose enfin
les fait taire,
Par un secret bien salutaire,
Approuvé de tout
l'univers.
Et dissipant tout cet ombrage,
La buglose met les couverts
Pour le festin du mariage.
Tout contribue à cette fête.
Sur le
soir un ballet s'apprête,
Où l'on ouit des airs plus qu'humains
On y
danse, on s'y met à rire.
Le pavot vient, on se retire ;
Bonsoir, je
vous baise les mains.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sur la fin de son cours le Soleil sommeillait
Sur la fin de son cours le Soleil sommeillait
Sur la fin de son cours le Soleil sommeillait
Et déjà ses
coursiers abordaient la marine,
Quand Élise passa dans un char qui brillait
De la seule splendeur de sa beauté divine.
Mille appas éclatants qui
font un nouveau jour
Et qui sont couronnés d'une grâce immortelle,
Les
rayons de la gloire et les feux de l'amour
Éblouissaient la vue et brûlaient
avec elle.
Je regardais coucher le bel astre des cieux,
Lorsque ce
grand éclat me vint frapper les yeux,
Et de cet accident ma raison fut
surprise.
Mon désordre fut grand, je ne le cèle pas.
Voyant baisser
le jour et rencontrant Élise,
Je crus que le Soleil revenait sur ses
pas.
Sur la fin de son cours le Soleil sommeillait
Et déjà ses
coursiers abordaient la marine,
Quand Élise passa dans un char qui brillait
De la seule splendeur de sa beauté divine.
Mille appas éclatants qui
font un nouveau jour
Et qui sont couronnés d'une grâce immortelle,
Les
rayons de la gloire et les feux de l'amour
Éblouissaient la vue et brûlaient
avec elle.
Je regardais coucher le bel astre des cieux,
Lorsque ce
grand éclat me vint frapper les yeux,
Et de cet accident ma raison fut
surprise.
Mon désordre fut grand, je ne le cèle pas.
Voyant baisser
le jour et rencontrant Élise,
Je crus que le Soleil revenait sur ses
pas.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sur un Narcisse de marbre
Sur un Narcisse de marbre
fait en relief, de la main de Michel-Ange
Ce n'est ni
marbre, ni porphyre,
Que le corps de ce beau chasseur,
Dont l'haleine
d'un mol zéphyre
Évente les cheveux avec tant de douceur.
En cette
divine sculpture,
On voit tout ce que la nature
Put jamais achever de
mieux.
S'il n'entretient tout haut l'image ravissante
Que forme cette
onde innocente,
C'est qu'on ne parle que des yeux,
Pour se bien exprimer
sur une amour naissante.
fait en relief, de la main de Michel-Ange
Ce n'est ni
marbre, ni porphyre,
Que le corps de ce beau chasseur,
Dont l'haleine
d'un mol zéphyre
Évente les cheveux avec tant de douceur.
En cette
divine sculpture,
On voit tout ce que la nature
Put jamais achever de
mieux.
S'il n'entretient tout haut l'image ravissante
Que forme cette
onde innocente,
C'est qu'on ne parle que des yeux,
Pour se bien exprimer
sur une amour naissante.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sur un tombeau
Sur un tombeau
Celle dont la dépouille en ce marbre est enclose
Fut le digne
sujet de mes saintes amours.
Las ! depuis qu'elle y dort, jamais je ne
repose,
Et s'il faut en veillant que j'y songe toujours.
Ce fut une
si rare et si parfaite chose
Qu'on ne peut la dépeindre avec l'humain
discours ;
Elle passa pourtant de même qu'une rose,
Et sa beauté plus
vive eut des termes plus courts.
La Mort qui par mes pleurs ne fut point
divertie
Enleva de mes bras cette chère partie
D'un agréable tout
qu'avait fait l'amitié.
Mais, ô divin esprit qui gouvernais mon âme,
La Parque n'a coupé notre fil qu'à moitié,
Car je meurs en ta cendre et
tu vis dans ma flamme.
Celle dont la dépouille en ce marbre est enclose
Fut le digne
sujet de mes saintes amours.
Las ! depuis qu'elle y dort, jamais je ne
repose,
Et s'il faut en veillant que j'y songe toujours.
Ce fut une
si rare et si parfaite chose
Qu'on ne peut la dépeindre avec l'humain
discours ;
Elle passa pourtant de même qu'une rose,
Et sa beauté plus
vive eut des termes plus courts.
La Mort qui par mes pleurs ne fut point
divertie
Enleva de mes bras cette chère partie
D'un agréable tout
qu'avait fait l'amitié.
Mais, ô divin esprit qui gouvernais mon âme,
La Parque n'a coupé notre fil qu'à moitié,
Car je meurs en ta cendre et
tu vis dans ma flamme.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
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