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François Tristan L'HERMITE

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François Tristan L'HERMITE Empty François Tristan L'HERMITE

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:00

François Tristan L'HERMITE (1601-1655)
A des cimetières



Séjour mélancolique, où les ombres dolentes
Se plaignent
chaque nuit de leur adversité
Et murmurent toujours de la nécessité
Qui
les contraint d'errer par les tombes relantes,

Ossements entassés, et
vous, pierres parlantes
Qui conservez les noms à la postérité,

Représentant la vie et sa fragilité
Pour censurer l'orgueil des âmes
insolentes,

Tombeaux, pâles témoins de la rigueur du sort,
Où je
viens en secret entretenir la mort
D'une amour que je vois si mal
récompensée,

Vous donnez de la crainte et de l'horreur à tous,
Mais le
plus doux objet qui s'offre à ma pensée
Est beaucoup plus funeste et plus
triste que vous.
Najat
Najat

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François Tristan L'HERMITE Empty Aux conquérants ambitieux

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:01

Aux conquérants ambitieux



Vous que l'ambition dispose à des efforts
Que n'oserait tenter
un courage vulgaire
Et qui vous conduiriez jusqu'au séjour des morts

Afin d'y rencontrer de quoi vous satisfaire.

Voulez-vous butiner de
plus riches trésors
Que n'en ont tous les lieux que le soleil éclaire ?

Sans courir l'océan ni ravager ses bords,
Venez voir ma Princesse et
tâchez de lui plaire.

Vous pourriez conquérir, s'il plaisait au Destin,

Les terres du Couchant, les climats du Matin,
Et l'lle dont la Rose est
la Reine de l'onde.

Vous pourriez asservir l'État des fleurs de lis,

Vous pourriez imposer des lois à tout le monde,
Mais tout cela vaut
moins qu'un baiser de Philis.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty C'est fait de mes Destins...

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:01

C'est fait de mes Destins...



C'est fait de mes Destins ; je commence à sentir
Les
incommodités que la vieillesse apporte.
Déjà la pâle mort, pour me faire
partir,
D'un pied sec et tremblant vient frapper à ma porte.

Ainsi
que le soleil sur la fin de son cours
Paraît plutôt tomber que descendre
dans l'Onde ;
Lorsque l'homme a passé les plus beaux de ses jours
D'une
course rapide il passe en l'autre Monde.

Il faut éteindre en nous tous
frivoles désirs,
Il faut nous détacher des terrestres plaisirs
Où sans
discrétion notre appétit nous plonge.

Sortons de ces erreurs par un sage
Conseil ;
Et cessant d'embrasser les images d'un songe,
Pensons à nous
coucher pour le dernier sommeil.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Consolation à Idalie sur la mort d'un parent

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:02

Consolation à Idalie sur la mort d'un parent



Puisque votre Parent ne s'est peu dispensé
De servir de victime
au Démon de la guerre :
C'est, ô belle Idalie, une erreur de penser
Que
les plus beaux Lauriers soient exempts du tonnerre.

Si la Mort
connaissait le prix de la valeur
Ou se laissait surprendre aux plus aimables
charmes,
Sans doute que Daphnis garanti du malheur,
En conservant sa vie,
eût épargné vos larmes.

Mais la Parque sujette à la Fatalité,
Ayant
les yeux bandés et l'oreille fermée,
Ne sait pas discerner les traits de la
Beauté,
Et n'entend point le bruit que fait la Renommée.

Alexandre
n'est plus, lui dont Mars fut jaloux,
César est dans la tombe aussi bien
qu'un infâme :
Et la noble Camille aimable comme vous,
Est au fond du
cercueil ainsi qu'une autre femme.

Bien que vous méritiez des devoirs si
constants,
Et que vous paraissiez si charmante et si sage,
On ne vous
verra plus avant qu'il soit cent ans,
Si ce n'est dans mes vers qui vivront
davantage.

Par un ordre éternel qu'on voit en l'univers
Les plus
dignes objets sont frêles comme verre,
Et le Ciel embelli de tant d'Astres
divers
Dérobe tous les jours des Astres à la Terre.

Sitôt que notre
esprit raisonne tant soit peu
En l'Avril de nos ans, en l'âge le plus
tendre,
Nous rencontrons l'Amour qui met nos coeurs en feu,
Puis nous
trouvons la Mort qui met nos corps en cendre.

Le Temps qui, sans repos,
va d'un pas si léger,
Emporte avecque lui toutes les belles choses :
C'est
pour nous avertir de le bien ménager
Et faire des bouquets en la saison des
roses.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Inquiétudes

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:03

Inquiétudes



D'où vient qu'un penser indiscret
M'entretient toujours en
secret
D'un sujet qui m'est si contraire,
Et convaincu de trahison

Ne saurait jamais se distraire
De me présenter du poison ?

Quel
doux et cruel mouvement
Veut rendre ainsi de mon tourment
Mes volontés
mêmes complices ?
Et flattant de nouveaux désirs,
Sous l'apparence des
délices,
Me déguise les déplaisirs ?

Après tant de regrets conçus

Et tant d'aiguillons aperçus
Sous le trompeur éclat des roses,

Suis-je bien assez malheureux
Pour permettre aux plus belles choses

De me rendre encore amoureux ?

Après tant de vives douleurs,

Après tant de sang et de pleurs
Que j'ai versés dessus ma flamme,

Aurais-je l'indiscrétion
De livrer encore mon âme
Au pouvoir de ma
passion ?

Ô prudente et forte raison
Qui m'as tiré d'une prison

Où je répandais tant de larmes,
Je n'ai recours qu'à ta bonté,

Veuille encore prendre les armes
Pour défendre ma
liberté.

J'aperçois déjà mon trépas
Couvert des innocents appas

Que Philis sait mettre en usage,
Philis ce chef d'oeuvre des cieux,

Qui n'a de douceur qu'au visage
Ni d'amour que dans ses beaux
yeux.

Ô raison, céleste flambeau,
Achève un ouvrage si beau.
Mais
quoi, tu perds cette victoire,
Et malgré tes sages propos,
L'objet qui
règne en ma mémoire
Vient encore troubler mon repos.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Jalousie

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:03

Jalousie



Telle qu'était Diane, alors qu'imprudemment
L'infortuné
chasseur la voyait toute nue,
Telle dedans un bain Clorinde s'est tenue,

N'ayant le corps vêtu que d'un moite élément.

Quelque dieu dans ces
eaux caché secrètement
A vu tous les appas dont la belle est pourvue,

Mais s'il n'en avait eu seulement que la vue,
Je serais moins jaloux de
son contentement.

Le traître, l'insolent, n'étant qu'une eau versée,

L'a baisée en tous lieux, l'a toujours embrassée ;
J'enrage de colère à
m'en ressouvenir.

Cependant cet objet dont je suis idolâtre
Après
tous ces excès n'a fait pour le punir
Que donner à son onde une couleur
d'albâtre.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty L'absence de Phillis

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:04

L'absence de Phillis



Élégie pour un roman

Frêle Démon, morne prince des Songes,

Qui n'entretiens l'âme que de mensonges,
Si c'est de toi de qui je dois
tenir
Tout le bonheur qui me doit advenir,
Si ton pouvoir d'une erreur
favorable
Peut adoucir l'ennui d'un misérable,
Si la froideur et l'ombre
du sommeil
Ont la vertu de produire un soleil,
De cent pavots je te fais
sacrifice ;
Suspends bientôt mes sens de leur office,
Et de glaçons en
ta caverne pris,
Bouchant l'artère où passent mes esprits,
Pour
contenter mon amoureuse envie,
Dépouille-moi des marques de la vie,
Et
de la sorte, agréable trompeur,
Viens me former un bien d'une
vapeur.

Recueille-moi les plus aimables choses,
Mêle en un teint des
lys avec des roses,
Sous des flots d'or enflés par des Zéphyrs.
Mets un
éclat dans des yeux de saphirs
Dont la douceur à la rigueur s'assemble

Pour embraser et glacer tout ensemble.
Choisis encor deux des plus beaux
rubis
Qui le matin brillent sur les habits
Que prend l'Aurore en sortant
de sa couche,
Et les joignant, dépeins-moi cette bouche
Où la nature a
dedans et dehors
D'esprit de rose embaumé des trésors,
Et qui recèle un
nectar à qui cède
Cette boisson que verse Ganymède.

De lait de neige
ou d'albâtre vivant
Par intervalle à la fois se mouvant,
Fais éclater la
blancheur de deux pommes
A mettre en guerre et les Dieux et les
hommes.
Porte les yeux sur ces divinités
De qui Pâris régla les vanités ;

Observe bien cette troupe admirable
De taille auguste et de grâce
adorable,
Vois ses beautés, et d'un soin complaisant
Dérobe-les pour
m'en faire un présent.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty L'ambition tancée

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:05

L'ambition tancée



Aux rayons du soleil, le paon audacieux,
Cet avril animé, ce
firmament volage,
Étale avec orgueil en son riche plumage
Et les fleurs
du printemps, et les astres des cieux.

Mais comme il fait le vain sous
cet arc gracieux
Qui nous forme d'Iris une nouvelle image,
Il rabat tout
à coup sa plume et son courage
Sitôt que sur ses pieds il a porté les
yeux.

Homme, à qui tes désirs font sans cesse la guerre
Et qui veux
posséder tout le rond de la Terre :
Vois le peu qu'il en faut pour faire un
monument.

Tu n'es rien que l'idole agréable et fragile
Qu'un roi de
Babylone avait vue en dormant,
Ta tête est toute d'or, mais tes pieds sont
d'argile.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty L'extase d'un baiser

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:05

L'extase d'un baiser



Au point que j'expirais, tu m'as rendu le jour
Baiser, dont
jusqu'au coeur le sentiment me touche,
Enfant délicieux de la plus belle
bouche
Qui jamais prononça les Oracles d'Amour.

Mais tout mon sang
s'altère, une brûlante fièvre
Me ravit la couleur et m'ôte la raison ;

Cieux ! j'ai pris à la fois sur cette belle lèvre
D'un céleste Nectar et
d'un mortel poison.

Ah ! mon Ame s'envole en ce transport de joie !

Ce gage de salut, dans la tombe m'envoie ;
C'est fait ! je n'en puis
plus, Élise je me meurs.

Ce baiser est un sceau par qui ma vie est close
:
Et comme on peut trouver un serpent sous des fleurs,
J'ai rencontré ma
mort sur un bouton de rose.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty La belle en deuil

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:06

La belle en deuil



Que vous avez d'appas, belle Nuit animée !
Que vous nous
apportez de merveille et d'amour !
Il faut bien confesser que vous êtes
formée
Pour donner de l'envie et de la honte au jour.

La flamme éclate
moins à travers la fumée
Que ne font vos beaux yeux sous un si sombre
atour,
Et de tous les mortels, en ce sacré séjour,
Comme un céleste objet
vous êtes réclamée.

Mais ce n'est point ainsi que ces divinités
Qui
n'ont plus ni de voeux, ni de solennités
Et dont l'autel glacé ne reçoit
point de presse,

Car vous voyant si belle, on pense à votre abord
Que
par quelque gageure où Vénus s'intéresse,
L'Amour s'est déguisé sous l'habit
de la Mort.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty La belle Esclave maure

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:06

La belle Esclave maure



Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
Est noir au
dernier point, mais beau parfaitement :
Et l'Ebène poli qui te sert
d'ornement
Sur le plus blanc ivoire emporte l'avantage.

Ô merveille
divine, inconnue à notre âge !
Qu'un objet ténébreux luise si clairement
;
Et qu'un charbon éteint, brûle plus vivement
Que ceux qui de la flamme
entretiennent l'usage !

Entre ces noires mains je mets ma liberté
;
Moi qui fus invincible à toute autre Beauté,
Une Maure m'embrasse, une
Esclave me dompte.

Mais cache-toi, Soleil, toi qui viens de ces
lieux
D'où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte
La nuit sur son
visage, et le jour dans ses yeux.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty La belle gueuse

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:07

La belle gueuse



Ô que d'appas en ce visage
Plein de jeunesse et de
beauté,
Qui semble trahir son langage
Et démentir sa pauvreté !

Ce
rare honneur des orphelines,
Couvert de ces mauvais habits,
Nous découvre
des perles fines
Dans une boîte de rubis.

Ses yeux sont des saphirs
qui brillent,
Et ses cheveux qui s'éparpillent
Font montre d'une riche
trésor.

À quoi bon sa triste requête,
Si pour faire pleuvoir de
l'or,
Elle n'a qu'à baisser la tête !
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty La fortune de l'Hermaphrodite

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:08

La fortune de l'Hermaphrodite



Les dieux me faisaient naître, et l'on s'informa d'eux
Quelle
sorte de fruit accroîtrait la famille,
Jupiter dit un fils, et Vénus une
fille,
Mercure l'un et l'autre, et je fus tous les deux.

On leur
demande encor quel serait mon trépas
Saturne d'un lacet, Mars d'un fer me
menace,
Diane d'une eau trouble, et l'on ne croyait pas
Qu'un divers
pronostic marquât même disgrâce.

Je suis tombé d'un saule à côté d'un
étang,
Mon poignard dégainé m'a traversé le flanc,
J'ai le pied pris dans
l'arbre, et la tête dans l'onde.

Ô sort dont mon esprit est encore
effrayé !
Un poignard, une branche, une eau noire et profonde
M'ont en un
même temps meurtri, pendu, noyé.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty La négligence avantageuse

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:08

La négligence avantageuse



Je surpris l'autre jour la Nymphe que j'adore
Ayant sur une
jupe un peignoir seulement,
Et la voyant ainsi, l'on eût dit proprement

Qu'il sortait de son lit une nouvelle Aurore.

Ses yeux que le sommeil
abandonnait encore,
Ses cheveux autour d'elle errant confusément
Ne
lièrent mon coeur que plus étroitement,
Ne firent qu'augmenter le feu qui me
dévore.

Amour, si mon soleil brûle dès le matin,
Je ne puis espérer
en mon cruel destin
De voir diminuer l'ardeur qui me tourmente.

Dieux
! quelle est la beauté qui cause ma langueur ?
Plus elle est négligée et
plus elle est charmante,
Plus son poil est épars, plus il presse mon
coeur.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty La plainte écrite de sang

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:09

La plainte écrite de sang



Inhumaine beauté dont l'humeur insolente
En méprisant mes
voeux se rit de ma langueur,
Je veux convaincre ici ton ingrate rigueur

Par les vifs arguments d'une raison sanglante.

Ces vers sont de ma
flamme une preuve évidente,
Et tous ces traits de pourpre en font voir la
grandeur,
Cruelle, touche-les pour en sentir l'ardeur,
Cette écriture
fume, elle est encore ardente.

Vois nager dans le sang mes esprits
désolés :
Pour apaiser ta haine ils se sont immolés
D'une dévotion qui
n'eut jamais d'exemple.

Et si près de mon coeur il en est demeuré,

C'est afin seulement de conserver le temple
Où ton divin portrait est
toujours adoré.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Le désespoir

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:09

Le désespoir



Stances

Celle que j'ai placée entre les immortels,
Et
que ma passion maintient sur les autels,
La perfide a payé ma foi
d'ingratitude.
Aux traits de sa rigueur je sers toujours de blanc,
Et
son mépris n'ordonne à mon inquiétude
Que des soupirs de flamme et des
larmes de sang.

Encore que mes vers, déguisant son orgueil,
Par de si
beaux efforts la sauvent du cercueil,
La faisant adorer de l'un à l'autre
pôle,
L'inhumaine qu'elle est se rit de mon trépas
Et, me pouvant guérir
d'une seule parole,
Fait même vanité de ne la dire pas.

Puisque d'un
si beau joug je ne puis m'affranchir,
Et que tous mes devoirs ne peuvent la
fléchir,
Par un dernier effort contentons son envie :
Cessons d'être
l'objet de tant de cruauté,
Et sortant de ses fers en sortant de la vie,

Témoignons un courage égal à sa beauté.

Affreuse Déité, démon pâle
et défait,
Qu'on n'invoque jamais qu'en un tragique effet,
Où l'unique
salut est de n'en point attendre,
Désespoir, je t'invoque au fort de mes
malheurs ;
Par ton secours fatal viens maintenant m'apprendre
Comment on
doit guérir d'incurables douleurs.

Avance-toi, de grâce, ô fantôme
inhumain !
Fais un trait de pitié d'une barbare main
Et produis mon
repos en finissant ma vie.
Je ne redoute point ce funeste appareil,
Car
ne pouvant plus voir les beaux yeux de Sylvie,
Je ne veux jamais voir la
clarté du soleil.

Ah ! je te vois venir accompagné d'horreur ;
La
tristesse, l'ennui, la rage et la fureur
N'environnent ton corps que de fer
et de flamme.
Tu tiens de l'aconit et portes au côté
Le poignard qui
finit les regrets de Pirame
Et celui dont Caton sauva sa liberté.


Sur un ruisseau de sang qui coule sous tes pas,
L'image du dépit et
celle du trépas
Bravent le sort injuste et la rigueur indigne ;
Et me
montrant les maux que je dois éprouver,
La honte et la colère à l'envi me
font signe
Qu'il faut que je me perde afin de me sauver.

Mourons
pour satisfaire à l'inhumanité
De ce cruel esprit qui tire à vanité
De
trahir mon amour et ma persévérance ;
Montrons à cette ingrate, en forçant
ma prison,
Qu'en des extrémités où manque l'espérance,
On ne manque
jamais de fer ou de poison.

Ainsi disait Tersandre en regardant les
cieux.
Mille tristes hiboux passaient devant ses yeux,
Faisant autour de
lui mille plaintes funèbres.
Il tenait un poignard pour ouvrir son cercueil,

Et la nuit, déployant sa robe de ténèbres,
N'attendait que sa mort pour
en prendre le deuil.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Le navire

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:10

Le navire



Je fus, Plante superbe, en Vaisseau transformée.
Si je crus sur
un Mont, je cours dessus les eaux :
Et porte de Soldats une nombreuse
armée,
Après avoir logé des Escadrons d'Oiseaux.

En rames, mes rameaux
se trouvent convertis ;
Et mes feuillages verts, en orgueilleuses voiles
:
J'ornai jadis Cybèle, et j'honore Thétis
Portant toujours le front
jusqu'auprès des Étoiles.

Mais l'aveugle Fortune a de bizarres lois
:
Je suis comme un jouet en ses volages doigts,
Et les quatre Éléments me
font toujours la guerre.

Souvent l'Air orageux traverse mon
dessein,
L'Onde s'enfle à tous coups pour me crever le sein
Je dois
craindre le Feu, mais beaucoup plus la Terre.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Le promenoir des deux amants

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:10

Le promenoir des deux amants



Auprès de cette grotte sombre
Où l'on respire un air si doux

L'onde lutte avec les cailloux
Et la lumière avecque l'ombre.

Ces
flots lassés de l'exercice
Qu'ils ont fait dessus ce gravier
Se reposent
dans ce vivier
Où mourut autrefois Narcisse.

C'est un des miroirs où
le faune
Vient voir si son teint cramoisi
Depuis'que l'Amour l'a saisi

Ne serait point devenu jaune.

L'ombre de cette fleur vermeille
Et
celle de ces joncs pendants
Paraissent être là-dedans
Les songes de
l'eau qui sommeille.

Les plus aimables influences
Qui rajeunissent
l'univers,
Ont relevé ces tapis verts
De fleurs de toutes les
nuances.

Dans ce bois ni dans ces montagnes
Jamais chasseur ne vint
encor ;
Si quelqu'un y sonne du cor,
C'est Diane avec ses
compagnes.

Ce vieux chêne a des marques saintes ;
Sans doute qui le
couperait
Le sang chaud en découlerait
Et l'arbre pousserait des
plaintes.

Ce rossignol mélancolique
Du souvenir de son malheur

Tâche de charmer sa douleur
Mettant son histoire en musique.

Il
reprend sa note première
Pour chanter d'un art sans pareil
Sous ce
rameau que le soleil
A doré d'un trait de lumière.

Sur ce frêne deux
tourterelles
S'entretiennent de leurs tourments,
Et font les doux
appointements
De leurs amoureuses querelles...
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Le soupir ambigu

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:11

Le soupir ambigu



Soupir, subtil esprit de flamme
Qui sors du beau sein de
Madame,
Que fait son coeur, apprends-le-moi ?
Me conserve-t-il bien la
foi ?
Ne serais-tu pas l'interprète
D'une autre passion secrète
Ô
cieux ! qui d'un si rare effort
Mites tant de vertus en elle,
Détournez
un si mauvais sort
Qu'elle ne soit point infidèle,
Et faites plutôt que
la belle
Vienne à soupirer de ma mort,
Que non pas d'une amour
nouvelle.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Les songes funestes

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:12

Les songes funestes



Cette nuit en dormant d'un somme inquiété,
J'ai toujours
combattu de tristes rêveries,
La clarté d'un tison dans une obscurité

M'a fait à l'impourvu paraître des Furies.

Près de moi la Discorde,
et l'Infidélité
Montraient leur violence en mille barbaries,
Et de sang
épandu, partout leur cruauté
Souillait l'argent de l'onde, et l'émail des
prairies.

Troublé de ces horreurs je ne sais que penser,
Si ce n'est
que le ciel me veuille menacer
De quelque changement en l'âme de
Silvie.

Songe, fantôme affreux, noir ennemi du jour,
Parle-moi si tu
veux de la fin de ma vie,
Mais ne m'annonce point la fin de son amour !
Najat
Najat

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François Tristan L'HERMITE Empty Les vains efforts

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:13

Les vains efforts



Mon âme, défends-toi du désir aveuglé
Qui d'un mouvement
déréglé
Sous des fers éclatants te veut rendre asservie,
Et d'un sage
conseil rejette le poison
Qui pourrait nous ôter la vie,
Nous ayant ôté
la raison.

Considère qu'Amour avecque des appas
Nous veut déguiser
mon trépas
En t'offrant en victime aux plus beaux yeux du monde,
Et
qu'entrer au dédale où tu vas t'égarant
Est vouloir s'embarquer sur l'onde

Quand le naufrage est apparent.

Celle qui tient ma vie et ma mort en
ses mains
Rebute les voeux des humains
Comme indignes devoirs dont sa
grandeur s'irrite,
Et l'on ne peut sans crime aimer en si haut lieu,
Si
ce n'est qu'avec le mérite
On ait la naissance d'un dieu.

Bornons
donc nos désirs, et croyons sagement
Tout ce que notre jugement
Peut
apporter d'utile au soin qui nous possède.
Étouffons au berceau ces pensers
amoureux,
Et par un si cruel remède
Évitons un mal
dangereux.

Mais, ô lâche conseil, de qui la trahison
Me veut tirer
d'une prison
Que mon ambition préfère à cent couronnes,
En vain par la
terreur tu m'en crois dégager.
Va-t-en glacer d'autres personnes
Qui
s'étonnent pour le danger.

De moi, nulle raison ne saurait m'empêcher

De servir un objet si cher :
Le péril qui s'y trouve augmente mon
courage,
Et si dans ce dessein je trouve mon cercueil,
Ma vie au moins en
ce naufrage
Fera bris contre un bel écueil.

Encore que mes soins
m'attirent son mépris,
Ma foi ne sera pas sans prix,
Et j'aurai de la
gloire avec de la disgrâce,
Car on dira toujours en parlant de mon sort
:
Daphnis eut une belle audace,
Et mourut d'une belle mort.
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Misère de l'homme du monde

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:13

Misère de l'homme du monde



Venir à la clarté sans force et sans adresse,
Et n'ayant fait
longtemps que dormir et manger,
Souffrir mille rigueurs d'un secours
étranger
Pour quitter l'ignorance en quittant la faiblesse :

Après,
servir longtemps une ingrate Maîtresse
Qu'on ne peut acquérir, qu'on ne peut
obliger ;
Ou qui d'un naturel inconstant et léger,
Donne fort peu de joie
et beaucoup de tristesse.

Cabaler dans la Cour ; puis devenu
grison,
Se retirant du bruit, attendre en sa maison
Ce qu'ont nos derniers
ans de maux inévitables,

C'est l'heureux sort de l'homme. Ô misérable
sort !
Tous ces attachements sont-ils considérables,
Pour aimer tant la
vie et craindre tant la mort ?
Najat
Najat

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François Tristan L'HERMITE Empty Misère de l'homme du monde

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:14

Misère de l'homme du monde



Venir à la clarté sans force et sans adresse,
Et n'ayant fait
longtemps que dormir et manger,
Souffrir mille rigueurs d'un secours
étranger
Pour quitter l'ignorance en quittant la faiblesse :

Après,
servir longtemps une ingrate Maîtresse
Qu'on ne peut acquérir, qu'on ne peut
obliger ;
Ou qui d'un naturel inconstant et léger,
Donne fort peu de joie
et beaucoup de tristesse.

Cabaler dans la Cour ; puis devenu
grison,
Se retirant du bruit, attendre en sa maison
Ce qu'ont nos derniers
ans de maux inévitables,

C'est l'heureux sort de l'homme. Ô misérable
sort !
Tous ces attachements sont-ils considérables,
Pour aimer tant la
vie et craindre tant la mort ?
Najat
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François Tristan L'HERMITE Empty Orphée

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:14

Orphée



(Orphée à Pluton)

" Monarque redouté qui regnes sur les
Ombres,
Je ne suis pas venu dessus ces rives sombres
Pour enlever ton
Septre et me faire Empereur
De ces lieux plains d'horreur.

En mon
pieux dessein je n'ay point d'autres armes
Que les gemissemens, les souspirs
et les larmes,
Avec tous les ennuys dont peut estre chargé
Un Amant
affligé.

... Amour importuné de mes plaintes funebres
M'esclairant de
sa flame à travers des tenebres,
Par ton secret avis m'a fait venir icy

Te conter mon soucy.

Tu cognois le pouvoir de sa secrette flame ;

Si le bruit n'est menteur, elle embrasa ton ame
Lorsque dans la Sicile,
un Miracle des Cieux
Parut devant tes yeux.

On dit qu'en observant sa
grace nompareille,
Tu frémis dans ton char d'amour et de merveille
Et
que tu n'as ravy cette jeune Beauté
Qu'apres l'avoir esté.

S'il te
souvient encor de ces douces atteintes,
Pren pitié de mes maux, pren pitié
de mes plaintes
Et fay bien tost cesser avecque mes douleurs,
Mes
soûpirs et mes pleurs.

Je t'en viens conjurer par ton Palais qui fume

Par le nytre embrasé, le souffre et le bitume
De ces fleuves bruslans et
de ces noirs Palus
Qu'on ne repasse plus.

Par les trois noires
Soeurs, ces Compagnes cruelles
Qui portent l'espouvente et l'horreur avec
elles ;
Et qui tiennent tousjours leurs cheveux herissez
D'Aspics
entrelacez.

Par l'auguste longueur de ton poil qui grisonne,
Par
l'esclat incertain de ta rouge Couronne
Et par la Majesté du vieux Sceptre
de fer
Dont tu regis l'Enfer... "
Najat
Najat

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François Tristan L'HERMITE Empty Polyphème en furie

Message par Najat Mar 13 Avr - 11:15

Polyphème en furie



Je vous vois, couple infâme, enivré de plaisir,
Quand vos
secrets complots m'ont enivré de rage.
Est-ce ainsi qu'on trahit mon
amoureux désir,
Et que l'on ose encore irriter mon courage ?

Je vous
vois, ménagez votre peu de loisir,
Vous ne me ferez plus que ce dernier
outrage :
Ce morceau de rocher que je vais vous choisir
Vous presse de
bientôt achever votre ouvrage.

Maintenant je vous tiens, rien ne peut
détourner
Le juste châtiment que je vais vous donner,
Il faut que de ce
coup je vous réduise en poudre.

Ainsi dit le Cyclope à deux amants
transis.
Sa voix fut un tonnerre, et la pierre une foudre,
Qui meurtrit
Galatée, et fit mourir Acys.
Najat
Najat

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