poésie de Gaston COUTÉ
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poésie de Gaston COUTÉ
- Gaston COUTÉ (1880-1911)
Chanson de Messidor
Dame ! vois-tu les grands blés d'or
Sous les couchants de
Messidor
Saillir longs et droits de la glèbe.
Ils ne sont pas encor si
longs
Que les flots de tes cheveux blonds
Où je cache mon front
d'éphèbe.
Dame ! écoute la voix du vent
Dont l'aile caresse en rêvant
Une par une chaque tige.
Elle est moins vibrante d'émoi
Que ta
chanson qui fait en moi
Courir des frissons de vertige.
Dame !
regarde voltiger
Les abeilles en l'air léger
Et se reposer sur les
roses.
Leur miel plein d'arôme est moins doux
Que le baiser pris à
genoux
Sur tes lèvres fraîches écloses.
Dame ! en ton geste noble et
lent
Cueille un coquelicot sanglant
Pour l'épingler sur ta poitrine.
Il
est moins rouge que mon coeur
Quand ton rictus aigre et moqueur
Le met en
doute ou le chagrine...
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Dans vos yeux
Dans vos yeux
Dans vos yeux
J'ai lu l'aveu de votre âme
En caractères de
flamme
Et je m'en suis allé joyeux
Bornant alors mon espace
Au coin
d'horizon qui passe
Dans vos yeux.
Dans vos yeux
J'ai vu
s'amasser l'ivresse
Et d'une longue caresse
J'ai clos vos grands cils
soyeux.
Mais cette ivresse fut brève
Et s'envola comme un rêve
De
vos yeux.
Dans vos yeux
Profonds comme des abîmes
J'ai souvent
cherché des rimes
Aux lacs bleus et spacieux
Et comme en leurs eaux
sereines
J'ai souvent noyé mes peines
Dans vos yeux.
Dans vos
yeux
J'ai vu rouler bien des larmes
Qui m'ont mis dans les alarmes
Et m'ont rendu malheureux.
J'ai vu la trace des songes
Et tous vos
petits mensonges
Dans vos yeux.
Dans vos yeux
Je ne vois rien à
cette heure
Hors que l'Amour est un leurre
Et qu'il n'est plus sous les
cieux
D'amante qui soit fidèle
A sa promesse... éternelle
Dans vos
yeux.
Dans vos yeux
J'ai lu l'aveu de votre âme
En caractères de
flamme
Et je m'en suis allé joyeux
Bornant alors mon espace
Au coin
d'horizon qui passe
Dans vos yeux.
Dans vos yeux
J'ai vu
s'amasser l'ivresse
Et d'une longue caresse
J'ai clos vos grands cils
soyeux.
Mais cette ivresse fut brève
Et s'envola comme un rêve
De
vos yeux.
Dans vos yeux
Profonds comme des abîmes
J'ai souvent
cherché des rimes
Aux lacs bleus et spacieux
Et comme en leurs eaux
sereines
J'ai souvent noyé mes peines
Dans vos yeux.
Dans vos
yeux
J'ai vu rouler bien des larmes
Qui m'ont mis dans les alarmes
Et m'ont rendu malheureux.
J'ai vu la trace des songes
Et tous vos
petits mensonges
Dans vos yeux.
Dans vos yeux
Je ne vois rien à
cette heure
Hors que l'Amour est un leurre
Et qu'il n'est plus sous les
cieux
D'amante qui soit fidèle
A sa promesse... éternelle
Dans vos
yeux.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Gueux
- Gaston COUTÉ (1880-1911)
Gueux
Un soir d'hiver, quand de partout,
Les corbeaux s'enfuient en
déroute,
Dans un fossé de la grand'route,
Près d'une borne, n'importe où
Pleurant avec le vent qui blesse
Leurs petits corps chétifs et nus,
Pour souffrir des maux trop connus,
Les gueux naissent.
Pour
narguer le destin cruel,
Le Dieu d'en haut qui les protège
En haut de
leur berceau de neige
Accroche une étoile au ciel
Qui met en eux sa
chaleur vive,
Et, comme les oiseaux des champs,
Mangeant le pain des
bonnes gens
Les gueux vivent.
Puis vient l'âge où, sous les haillons,
Leur coeur bat et leur sang fermente,
Où dans leur pauvre âme
souffrante,
L'amour tinte ses carillons
Et dit son éternel poème ;
Alors blonde fille et gars brun,
Pour endolir leur chagrin
Les gueux
s'aiment !
Mais bientôt, et comme toujours,
- Que l'on soit riche ou
misérable -
L'amour devient intolérable
Et même un poison à leurs jours,
Et sous tous leurs pas creuse un gouffre :
Alors, quand ils se sont
quittés,
Pour les petits qui sont restés
Les gueux souffrent
!
Et, quand le temps les a fait vieux,
Courbant le dos, baissant la
tête
Sous le vent qui souffle en tempête,
Ils vont dormir un soir
pluvieux,
Par les fossés où gît le Rêve,
Dans les gazons aux ors
fanés,
Et - comme autrefois ils sont nés -
Les gueux crèvent
!...
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
L'aveu
L'aveu
(Sonnet)
A ma dame.
Ton âme avait alors la blancheur
des grands lys
Que berce la chanson des vents rasant la terre ;
L'Amour
était encor pour toi tout un mystère,
Et la sainte candeur te drapait dans
les plis
De sa robe... Ce fut par les bois reverdis,
A l'heure où
dans le ciel perce la lune austère.
Je te vis, je t'aimai, je ne pus te le
taire
Et tout naïvement alors je te le dis.
Tu fixas sur mes yeux tes
yeux de jeune vierge,
Brillants de la clarté douce et pure d'un cierge,
Ton front rougit... tu n'osas pas me repousser.
Et l'aveu
tremblotant, dans un soupir de fièvre,
S'exhala de ton coeur pour errer sur
ta lèvre,
Où je le recueillis dans un premier baiser.
(Sonnet)
A ma dame.
Ton âme avait alors la blancheur
des grands lys
Que berce la chanson des vents rasant la terre ;
L'Amour
était encor pour toi tout un mystère,
Et la sainte candeur te drapait dans
les plis
De sa robe... Ce fut par les bois reverdis,
A l'heure où
dans le ciel perce la lune austère.
Je te vis, je t'aimai, je ne pus te le
taire
Et tout naïvement alors je te le dis.
Tu fixas sur mes yeux tes
yeux de jeune vierge,
Brillants de la clarté douce et pure d'un cierge,
Ton front rougit... tu n'osas pas me repousser.
Et l'aveu
tremblotant, dans un soupir de fièvre,
S'exhala de ton coeur pour errer sur
ta lèvre,
Où je le recueillis dans un premier baiser.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
La chanson du gui
La chanson du gui
Le soir étend sur les grands bois
Son manteau d'ombre et de
mystère ;
Les vieux menhirs, dans la bruyère
Qui s'endort, veillent et
des voix
Semblent sortir de chaque pierre.
L'heure est muette comme aux
temps
Où, dans les forêts souveraines,
Les vierges blondes et sereines
Et les druides aux cheveux blancs
Allaient cueillir le gui des
chênes.
Réveillez-vous, ô fiers Gaulois,
Jetez an loin votre suaire
Gris de la funèbre poussière
De la tombe et, comme autrefois,
Poussez votre long cri de guerre
Qui fit trembler les plus vaillants,
Allons, debout ! brisez vos chaînes
Invisibles qui vous retiennent
Loin des bois depuis deux mille ans.
Allez cueillir le gui des
chênes.
Barde, fais vibrer sous tes doigts
Les fils d'or de la lyre
altière,
Et gonfle de ta voix de tonnerre
Pour chanter plus haut les
exploits
Des héros à fauve crinière
Qui, devant les flots triomphants
Et serrés des légions romaines
Donnèrent le sang de leurs veines
Pour sauver leurs dieux tout puissants
Et le gui sacré des grands
chênes.
Envoi :
Gaulois, pour vos petits-enfants,
Cueillez aux
rameaux verdoyants
Du chêne des bois frissonnants
Le gui aux feuilles
souveraines
Et dont les vertus surhumaines
Font des hommes forts et
vaillants.
Cueillez pour nous le gui des chênes.
Le soir étend sur les grands bois
Son manteau d'ombre et de
mystère ;
Les vieux menhirs, dans la bruyère
Qui s'endort, veillent et
des voix
Semblent sortir de chaque pierre.
L'heure est muette comme aux
temps
Où, dans les forêts souveraines,
Les vierges blondes et sereines
Et les druides aux cheveux blancs
Allaient cueillir le gui des
chênes.
Réveillez-vous, ô fiers Gaulois,
Jetez an loin votre suaire
Gris de la funèbre poussière
De la tombe et, comme autrefois,
Poussez votre long cri de guerre
Qui fit trembler les plus vaillants,
Allons, debout ! brisez vos chaînes
Invisibles qui vous retiennent
Loin des bois depuis deux mille ans.
Allez cueillir le gui des
chênes.
Barde, fais vibrer sous tes doigts
Les fils d'or de la lyre
altière,
Et gonfle de ta voix de tonnerre
Pour chanter plus haut les
exploits
Des héros à fauve crinière
Qui, devant les flots triomphants
Et serrés des légions romaines
Donnèrent le sang de leurs veines
Pour sauver leurs dieux tout puissants
Et le gui sacré des grands
chênes.
Envoi :
Gaulois, pour vos petits-enfants,
Cueillez aux
rameaux verdoyants
Du chêne des bois frissonnants
Le gui aux feuilles
souveraines
Et dont les vertus surhumaines
Font des hommes forts et
vaillants.
Cueillez pour nous le gui des chênes.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
La rose de l'absent
La rose de l'absent
(Légende du Moyen Age)
Le beau chevalier était à la
guerre...
Le beau chevalier avait dit adieu
A sa dame aimée, Anne de
Beaucaire
Aux yeux plus profonds que le grand ciel bleu.
Le beau
chevalier, à genoux près d'elle,
Avait soupiré, lui baisant la main :
" Je
suis tout à vous ! soyez-moi fidèle ;
A bientôt !... je vais me mettre en
chemin. "
Anne répondit avec un sourire :
" Toujours, sur le Christ !
je vous aimerai,
Emportez mon coeur ! allez, mon beau sire,
Il vous
appartient tant que je vivrai. "
Alors, le vaillant, tendant à sa dame
Une rose blanche en gage d'amour,
S'en était allé près de l'oriflamme
De son Suzerain, duc de Rocamour.
Le beau chevalier était à la
guerre...
Anne, la perfide aux yeux de velours,
Foulant son naÏf serment
de naguère,
Reniait celui qui l'aimait toujours ;
Et, sa blanche main
dans les boucles folles
D'un page mignard, elle murmurait
Doucement,
tout bas, de tendres paroles
A l'éphèbe blond qui
s'abandonnait.
Mais, soudain, voulant respirer la rose
Du fier
paladin oublié depuis,
Elle eut peur et vit perler quelque chose
De
brillant avec des tons de rubis.
Cela s'étendait en tache
rougeâtre
Sur la fleur soyeuse aux pétales blancs
Comme ceux des lis et
comme l'albâtre...
La rose échappa de ses doigts tremblants ;
La rose
roula tristement par terre...
Une voix alors sortit de son coeur ;
Cette
voix était la voix du mystère,
La voix du reproche et de la
douleur.
" Il est mort, méchante, il est mort en brave !
Et songeant à
toi, le beau chevalier ;
Son âme est au ciel, chez le bon Dieu grave
Et
doux, où jamais tu n'iras veiller ;
Où tu n'iras pas, même une
seconde,
Car ta lèvre doit éternellement
Souffrir et brûler, par dans
l'autre monde,
Au feu des baisers d'un démon méchant... "
Et la voix
se tut sous le coup du charme,
La fleur se flétrit, Anne, se baissant
N'aperçut plus rien, plus rien qu'une larme
Avec une goutte épaisse de
sang.
(Légende du Moyen Age)
Le beau chevalier était à la
guerre...
Le beau chevalier avait dit adieu
A sa dame aimée, Anne de
Beaucaire
Aux yeux plus profonds que le grand ciel bleu.
Le beau
chevalier, à genoux près d'elle,
Avait soupiré, lui baisant la main :
" Je
suis tout à vous ! soyez-moi fidèle ;
A bientôt !... je vais me mettre en
chemin. "
Anne répondit avec un sourire :
" Toujours, sur le Christ !
je vous aimerai,
Emportez mon coeur ! allez, mon beau sire,
Il vous
appartient tant que je vivrai. "
Alors, le vaillant, tendant à sa dame
Une rose blanche en gage d'amour,
S'en était allé près de l'oriflamme
De son Suzerain, duc de Rocamour.
Le beau chevalier était à la
guerre...
Anne, la perfide aux yeux de velours,
Foulant son naÏf serment
de naguère,
Reniait celui qui l'aimait toujours ;
Et, sa blanche main
dans les boucles folles
D'un page mignard, elle murmurait
Doucement,
tout bas, de tendres paroles
A l'éphèbe blond qui
s'abandonnait.
Mais, soudain, voulant respirer la rose
Du fier
paladin oublié depuis,
Elle eut peur et vit perler quelque chose
De
brillant avec des tons de rubis.
Cela s'étendait en tache
rougeâtre
Sur la fleur soyeuse aux pétales blancs
Comme ceux des lis et
comme l'albâtre...
La rose échappa de ses doigts tremblants ;
La rose
roula tristement par terre...
Une voix alors sortit de son coeur ;
Cette
voix était la voix du mystère,
La voix du reproche et de la
douleur.
" Il est mort, méchante, il est mort en brave !
Et songeant à
toi, le beau chevalier ;
Son âme est au ciel, chez le bon Dieu grave
Et
doux, où jamais tu n'iras veiller ;
Où tu n'iras pas, même une
seconde,
Car ta lèvre doit éternellement
Souffrir et brûler, par dans
l'autre monde,
Au feu des baisers d'un démon méchant... "
Et la voix
se tut sous le coup du charme,
La fleur se flétrit, Anne, se baissant
N'aperçut plus rien, plus rien qu'une larme
Avec une goutte épaisse de
sang.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Le deuil du moulin
Le deuil du moulin
Le vieux meunier dort, au fond d'un cercueil
De chêne et de
plomb, sous six pieds de terre,
Et, dans le val plein d'ombre et de mystère,
Le moulin repose en signe de deuil.
La nuit a drapé ses murs de longs
voiles
Crêpes aux plis noirs et silencieux,
Et sur le velours funèbre
des cieux
Roulent des pleurs d'or tombés des étoiles.
La voix du vent
dit, dans les roseaux roux,
Un hymne au bon Dieu pour la paix de l'âme
Du défunt, et l'onde égrène sa gamme,
Lente comme un glas, sur de gros
cailloux.
Les saules ont mis leurs branches en berne
Au bord du
ruisseau, dans l'obscurité,
Et le sentier même est comme attristé
Par
l'air douloureux et lourd qui le cerne.
Et le vieux moulin, le pauvre
moulin
Dont le maître est mort un matin d'automne,
Gît parmi les champs,
sous la lune atone,
Seul et délaissé comme un orphelin.
Le vieux meunier dort, au fond d'un cercueil
De chêne et de
plomb, sous six pieds de terre,
Et, dans le val plein d'ombre et de mystère,
Le moulin repose en signe de deuil.
La nuit a drapé ses murs de longs
voiles
Crêpes aux plis noirs et silencieux,
Et sur le velours funèbre
des cieux
Roulent des pleurs d'or tombés des étoiles.
La voix du vent
dit, dans les roseaux roux,
Un hymne au bon Dieu pour la paix de l'âme
Du défunt, et l'onde égrène sa gamme,
Lente comme un glas, sur de gros
cailloux.
Les saules ont mis leurs branches en berne
Au bord du
ruisseau, dans l'obscurité,
Et le sentier même est comme attristé
Par
l'air douloureux et lourd qui le cerne.
Et le vieux moulin, le pauvre
moulin
Dont le maître est mort un matin d'automne,
Gît parmi les champs,
sous la lune atone,
Seul et délaissé comme un orphelin.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Le pauvre gars
Le pauvre gars
Il était une fois un gars si laid, si laid
Et si bête !
qu'aucune fille ne voulait
Lui faire seulement l'aumône d'un sourire
;
Or, d'avoir trop longtemps souffert l'affreux martyre
De ne pas être
aimé lorsque chante l'amour,
Le pauvre gars s'en vint à mourir un beau
jour...
On l'emmena dormir au fond du cimetière,
Mais, son âme, un
Avril, s'échappa de la terre
Et devint une fleur sur sa tombe, une fleur
Qu'une fille cueillit et mit près de son coeur.
Il était une fois un gars si laid, si laid
Et si bête !
qu'aucune fille ne voulait
Lui faire seulement l'aumône d'un sourire
;
Or, d'avoir trop longtemps souffert l'affreux martyre
De ne pas être
aimé lorsque chante l'amour,
Le pauvre gars s'en vint à mourir un beau
jour...
On l'emmena dormir au fond du cimetière,
Mais, son âme, un
Avril, s'échappa de la terre
Et devint une fleur sur sa tombe, une fleur
Qu'une fille cueillit et mit près de son coeur.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Le vieux trouvère
Le vieux trouvère
(Chanson)
Dans ce temps-là, je n'avais rien,
Rien du
tout dans mon escarcelle,
Et ma lyre était tout mon bien ;
Dans ce
temps-là je n'avais rien
Que de grands trous à mon pourpoint
Et le coeur
de ma damoiselle.
Dans ce temps-là je n'avais rien,
Rien du tout dans
mon escarcelle.
J'allais chanter dans les manoirs
La geste du vieux
Charlemagne,
Et, gueux d'argent, riche d'espoirs,
J'allais chanter dans
les manoirs
Devant les dames aux yeux noirs
Dont les barons faisaient
compagne.
J'allais chanter dans les manoirs
La geste du vieux
Charlemagne.
On m'aimait... j'étais adoré
Car j'avais ce qu'il faut
pour plaire :
Le regard vif, l'air déluré ;
On m'aimait... j'étais adoré
Et m'étais toujours figuré
Qu'on vivait d'amour et d'eau claire
On
m'aimait... j'étais adoré
Car j'avais ce qu'il faut pour plaire.
Je
payais souvent un baiser
D'un rondel ou d'une ballade
Lorsqu'on voulait
bien me laisser,
Je payais souvent un baiser
Comme ça, sans jamais
toucher
A ma bourse toujours malade,
Je payais souvent un baiser
D'un
rondel ou d'une ballade.
Quand ma toute belle voulait
Un collier d'or
aux lueurs folles
Pour entourer son cou fluet,
Quand ma toute belle
voulait !...
Je lui faisais un chapelet
D'éblouissantes lucioles,
Quand ma toute belle voulait
Un collier d'or aux lueurs
folles.
L'avenir était devant moi
Comme un jardin couvert de roses
Et, plus riant que pour un roi,
L'avenir était devant moi...
Mais,
maintenant, au vieux beffroi
Vont sonner mes heures moroses.
L'avenir
était devant moi
Comme un jardin couvert de roses.
Riche et vieux
!... las ! m'ont dit adieu
Jeune pastoure et gente dame
Que mes cheveux
blancs tentaient peu.
Riche et vieux !... las ! m'ont dit adieu
Car je
n'attends qu'un mot de Dieu
Pour voir, vers lui, voler mon âme.
Riche et
vieux !... las ! m'ont dit adieu
Jeune pastoure et gente dame !...
(Chanson)
Dans ce temps-là, je n'avais rien,
Rien du
tout dans mon escarcelle,
Et ma lyre était tout mon bien ;
Dans ce
temps-là je n'avais rien
Que de grands trous à mon pourpoint
Et le coeur
de ma damoiselle.
Dans ce temps-là je n'avais rien,
Rien du tout dans
mon escarcelle.
J'allais chanter dans les manoirs
La geste du vieux
Charlemagne,
Et, gueux d'argent, riche d'espoirs,
J'allais chanter dans
les manoirs
Devant les dames aux yeux noirs
Dont les barons faisaient
compagne.
J'allais chanter dans les manoirs
La geste du vieux
Charlemagne.
On m'aimait... j'étais adoré
Car j'avais ce qu'il faut
pour plaire :
Le regard vif, l'air déluré ;
On m'aimait... j'étais adoré
Et m'étais toujours figuré
Qu'on vivait d'amour et d'eau claire
On
m'aimait... j'étais adoré
Car j'avais ce qu'il faut pour plaire.
Je
payais souvent un baiser
D'un rondel ou d'une ballade
Lorsqu'on voulait
bien me laisser,
Je payais souvent un baiser
Comme ça, sans jamais
toucher
A ma bourse toujours malade,
Je payais souvent un baiser
D'un
rondel ou d'une ballade.
Quand ma toute belle voulait
Un collier d'or
aux lueurs folles
Pour entourer son cou fluet,
Quand ma toute belle
voulait !...
Je lui faisais un chapelet
D'éblouissantes lucioles,
Quand ma toute belle voulait
Un collier d'or aux lueurs
folles.
L'avenir était devant moi
Comme un jardin couvert de roses
Et, plus riant que pour un roi,
L'avenir était devant moi...
Mais,
maintenant, au vieux beffroi
Vont sonner mes heures moroses.
L'avenir
était devant moi
Comme un jardin couvert de roses.
Riche et vieux
!... las ! m'ont dit adieu
Jeune pastoure et gente dame
Que mes cheveux
blancs tentaient peu.
Riche et vieux !... las ! m'ont dit adieu
Car je
n'attends qu'un mot de Dieu
Pour voir, vers lui, voler mon âme.
Riche et
vieux !... las ! m'ont dit adieu
Jeune pastoure et gente dame !...
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Les trois chansons du carillon
Les trois chansons du carillon
A M. Bertrand, pour le remercier de l'accueil tout...
évangélique qu'il m'a fait dans ses bureaux du Patriote.
Quand les
nouveau-nés, en leurs langes
Dorment sur les bras des marraines
Tels, de
doux et blonds petits anges
Tombés des étoiles sereines
Digue digue dig,
digue digue don !
Chante aux enfançons le grand carillon
Digue digue dig,
digue digue don !
Pour qu'on vous baptise
Casquez, casquez donc
!...
Quand sous les cieux des épousailles
Où le soleil d'amour
scintille,
S'envolent des coeurs, les grisailles
Et s'en va le gars vers
la fille.
Digue digue dig, digue digue don !
Chante aux amoureux le grand
carillon
Digue digue dig, digue digue don !
Pour qu'on vous
marie
Casquez, casquez donc ! ...
Quand s'éteignent comme des
cierges,
Les grands-pères et les grand'mères
Et que gisent, emmi les
serges
Des linceuls, leurs corps éphémères.
Digue digue dig, digue digue
don !
Chante aux trépassés le grand carillon
Digue digue dig, digue digue
don !
Pour qu'on vous enterre
Casquez, casquez donc !...
A M. Bertrand, pour le remercier de l'accueil tout...
évangélique qu'il m'a fait dans ses bureaux du Patriote.
Quand les
nouveau-nés, en leurs langes
Dorment sur les bras des marraines
Tels, de
doux et blonds petits anges
Tombés des étoiles sereines
Digue digue dig,
digue digue don !
Chante aux enfançons le grand carillon
Digue digue dig,
digue digue don !
Pour qu'on vous baptise
Casquez, casquez donc
!...
Quand sous les cieux des épousailles
Où le soleil d'amour
scintille,
S'envolent des coeurs, les grisailles
Et s'en va le gars vers
la fille.
Digue digue dig, digue digue don !
Chante aux amoureux le grand
carillon
Digue digue dig, digue digue don !
Pour qu'on vous
marie
Casquez, casquez donc ! ...
Quand s'éteignent comme des
cierges,
Les grands-pères et les grand'mères
Et que gisent, emmi les
serges
Des linceuls, leurs corps éphémères.
Digue digue dig, digue digue
don !
Chante aux trépassés le grand carillon
Digue digue dig, digue digue
don !
Pour qu'on vous enterre
Casquez, casquez donc !...
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Renouveau
Renouveau
Ben oui, notre amour était mort
Sous les faux des moissons
dernières,
(La javelle fut son suaire ...)
Ben oui, notre amour était
mort,
Mais voici que je t'aime encor !
Pan pan ! pan pan ! à grands
coups sourds,
Comme lorsqu'on cloue une bière,
J'ai battu les gerbes sur
l'aire ;
Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds
Sur le cercueil de
notre amour !
Et pan pan ! les fléaux rageurs
Ont écrasé, dessous
leur danse,
Le bluet gris des souvenances
(Et pan pan ! les fléaux
rageurs !)
Avec le ponceau qu'est mon coeur !
Dedans la tombe des
sillons
Quand ce fut le temps des emblaves,
Comme un fossoyeur lent et
grave,
Dedans la tombe des sillons
J'ai mis l'amour et la
moisson.
Des sillons noirs un bluet sort
Tandis qu'une autre moisson
bouge ;
Avec un beau ponceau tout rouge,
Des sillons noirs un bluet
sort,
Et voici que je t'aime encor !
Ben oui, notre amour était mort
Sous les faux des moissons
dernières,
(La javelle fut son suaire ...)
Ben oui, notre amour était
mort,
Mais voici que je t'aime encor !
Pan pan ! pan pan ! à grands
coups sourds,
Comme lorsqu'on cloue une bière,
J'ai battu les gerbes sur
l'aire ;
Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds
Sur le cercueil de
notre amour !
Et pan pan ! les fléaux rageurs
Ont écrasé, dessous
leur danse,
Le bluet gris des souvenances
(Et pan pan ! les fléaux
rageurs !)
Avec le ponceau qu'est mon coeur !
Dedans la tombe des
sillons
Quand ce fut le temps des emblaves,
Comme un fossoyeur lent et
grave,
Dedans la tombe des sillons
J'ai mis l'amour et la
moisson.
Des sillons noirs un bluet sort
Tandis qu'une autre moisson
bouge ;
Avec un beau ponceau tout rouge,
Des sillons noirs un bluet
sort,
Et voici que je t'aime encor !
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Requiescat in pace
Requiescat in pace
Comme s'effeuille une rose
L'amante dolente aux
traits
Ravagés par la chlorose
Est morte au soir des regrets
Et sur le
bord de sa fosse
Le vieux prêtre au dos cassé
A glapi de sa voix
fausse
Requiescat in pace !...
Et maintenant pauvre chère
Elle git
loin du soleil
Sous le grand champ en jachère
Où tout est paix et
sommeil
Défunts tous les jours d'ivresse
Et les nuits de l'an
passé
Défunts comme ma maîtresse
Requiescat in pace !...
Plus n'ai
la force de vivre
Et par les tristes hivers
Sertis de larmes de
givre
J'erre en sanglotant mes vers
Dans le vent qui les emporte
Mon
pauvre coeur trépassé
Dort sur celui de la morte
Requiescat in pace
!...
Comme s'effeuille une rose
L'amante dolente aux
traits
Ravagés par la chlorose
Est morte au soir des regrets
Et sur le
bord de sa fosse
Le vieux prêtre au dos cassé
A glapi de sa voix
fausse
Requiescat in pace !...
Et maintenant pauvre chère
Elle git
loin du soleil
Sous le grand champ en jachère
Où tout est paix et
sommeil
Défunts tous les jours d'ivresse
Et les nuits de l'an
passé
Défunts comme ma maîtresse
Requiescat in pace !...
Plus n'ai
la force de vivre
Et par les tristes hivers
Sertis de larmes de
givre
J'erre en sanglotant mes vers
Dans le vent qui les emporte
Mon
pauvre coeur trépassé
Dort sur celui de la morte
Requiescat in pace
!...
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Stances à la châtelaine
Stances à la châtelaine
Madame, c'est moi qui viens.
Moi, cela ne vous dit rien !
Je
viens vous chanter quand même
Ce que mon coeur a rimé
Et si vous voulez
m'aimer ?
Moi : c'en est un qui vous aime !
Oh ! vos mains, dont les
pâleurs
Bougent, en gestes de fleurs
Qu'un peu de brise caresse !
Oh !
vos beaux yeux impérieux !
Un seul regard de ces yeux
Dit assez votre
noblesse !
Vos aïeules ont été,
Sous le grand chapeau d'été
Fleuri
comme un jour de Pâques,
Marquises de Trianon,
Et moi, fils de gens sans
nom,
J'ai des goûts à la Jean-Jacques !
Votre parc est doux et noir
:
Il y ferait bon ce soir
Pour achever ce poème
Que mon coeur seul a
rimé.
Donc, si vous voulez m'aimer,
J'y serai, moi qui vous aime
!
- Je chantais cela tantôt,
Aux grilles de son château.
A la
fin, compatissante,
Elle dit à son larbin :
" Joseph, portez donc du
pain
Au pauvre mendiant qui chante ! "
Madame, c'est moi qui viens.
Moi, cela ne vous dit rien !
Je
viens vous chanter quand même
Ce que mon coeur a rimé
Et si vous voulez
m'aimer ?
Moi : c'en est un qui vous aime !
Oh ! vos mains, dont les
pâleurs
Bougent, en gestes de fleurs
Qu'un peu de brise caresse !
Oh !
vos beaux yeux impérieux !
Un seul regard de ces yeux
Dit assez votre
noblesse !
Vos aïeules ont été,
Sous le grand chapeau d'été
Fleuri
comme un jour de Pâques,
Marquises de Trianon,
Et moi, fils de gens sans
nom,
J'ai des goûts à la Jean-Jacques !
Votre parc est doux et noir
:
Il y ferait bon ce soir
Pour achever ce poème
Que mon coeur seul a
rimé.
Donc, si vous voulez m'aimer,
J'y serai, moi qui vous aime
!
- Je chantais cela tantôt,
Aux grilles de son château.
A la
fin, compatissante,
Elle dit à son larbin :
" Joseph, portez donc du
pain
Au pauvre mendiant qui chante ! "
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sur la grand'route
Sur la grand'route
Nous sommes les crève-de-faim
Les va-nu-pieds du grand chemin
Ceux qu'on nomme les sans-patrie
Et qui vont traînant leur boulet
D'infortunes toute la vie,
Ceux dont on médit sans pitié
Et que sans
connaître on redoute
Sur la grand'route.
Nous sommes nés on ne sait
où
Dans le fossé, un peu partout,
Nous n'avons ni père, ni mère,
Notre seul frère est le chagrin
Notre maîtresse est la misère
Qui,
jalouse jusqu'à la fin
Nous suit, nous guette et nous écoute
Sur la
grand'route.
Nous ne connaissons point les pleurs
Nos âmes sont
vides, nos coeurs
Sont secs comme les feuilles mortes.
Nous allons
mendier notre pain
C'est dur d'aller (nous refroidir) aux portes.
Mais
hélas ! lorsque l'on a faim
Il faut manger, coûte que coûte,
Sur la
grand'route.
L'hiver, d'aucuns de nous iront
Dormir dans le fossé
profond
Sous la pluie de neige qui tombe.
Ce fossé-là leur servira
D'auberge, de lit et de tombe
Car au jour on les trouvera
Tout bleus
de froid et morts sans doute
Sur la grand'route.
Nous sommes les crève-de-faim
Les va-nu-pieds du grand chemin
Ceux qu'on nomme les sans-patrie
Et qui vont traînant leur boulet
D'infortunes toute la vie,
Ceux dont on médit sans pitié
Et que sans
connaître on redoute
Sur la grand'route.
Nous sommes nés on ne sait
où
Dans le fossé, un peu partout,
Nous n'avons ni père, ni mère,
Notre seul frère est le chagrin
Notre maîtresse est la misère
Qui,
jalouse jusqu'à la fin
Nous suit, nous guette et nous écoute
Sur la
grand'route.
Nous ne connaissons point les pleurs
Nos âmes sont
vides, nos coeurs
Sont secs comme les feuilles mortes.
Nous allons
mendier notre pain
C'est dur d'aller (nous refroidir) aux portes.
Mais
hélas ! lorsque l'on a faim
Il faut manger, coûte que coûte,
Sur la
grand'route.
L'hiver, d'aucuns de nous iront
Dormir dans le fossé
profond
Sous la pluie de neige qui tombe.
Ce fossé-là leur servira
D'auberge, de lit et de tombe
Car au jour on les trouvera
Tout bleus
de froid et morts sans doute
Sur la grand'route.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sur le pressoir
Sur le pressoir
Sous les étoiles de septembre
Notre cour a l'air d'une chambre
Et le pressoir d'un lit ancien ;
Grisé par l'odeur des vendanges
Je
suis pris d'un désir
Né du souvenir des païens.
Couchons ce soir
Tous les deux, sur le pressoir !
Dis, faisons cette folie ?...
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir,
Margot, Margot, ma
jolie !
Parmi les grappes qui s'étalent
Comme une jonchée de pétales,
Ô ma bacchante ! roulons-nous.
J'aurai l'étreinte rude et franche
Et
les tressauts de ta chair blanche
Ecraseront les raisins doux.
Sous
les baisers et les morsures,
Nos bouches et les grappes mûres
Mêleront
leur sang généreux ;
Et le vin nouveau de l'Automne
Ruissellera jusqu'en
la tonne,
D'autant plus qu'on s'aimera mieux !
Au petit jour, dans la
cour close,
Nous boirons la part de vin rose
Oeuvrée de nuit par notre
amour ;
Et, dans ce cas, tu peux m'en croire,
Nous aurons pleine tonne à
boire
Lorsque viendra le petit jour.
Sous les étoiles de septembre
Notre cour a l'air d'une chambre
Et le pressoir d'un lit ancien ;
Grisé par l'odeur des vendanges
Je
suis pris d'un désir
Né du souvenir des païens.
Couchons ce soir
Tous les deux, sur le pressoir !
Dis, faisons cette folie ?...
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir,
Margot, Margot, ma
jolie !
Parmi les grappes qui s'étalent
Comme une jonchée de pétales,
Ô ma bacchante ! roulons-nous.
J'aurai l'étreinte rude et franche
Et
les tressauts de ta chair blanche
Ecraseront les raisins doux.
Sous
les baisers et les morsures,
Nos bouches et les grappes mûres
Mêleront
leur sang généreux ;
Et le vin nouveau de l'Automne
Ruissellera jusqu'en
la tonne,
D'autant plus qu'on s'aimera mieux !
Au petit jour, dans la
cour close,
Nous boirons la part de vin rose
Oeuvrée de nuit par notre
amour ;
Et, dans ce cas, tu peux m'en croire,
Nous aurons pleine tonne à
boire
Lorsque viendra le petit jour.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Un crêpe au bras
Un crêpe au bras
L'an dernier, je les vis encor
Le petit frère aimable et
rose
Dans sa tunique à boutons d'or
Avec sa soeur que la
chlorose
Emportait - oh ! bien doucement -
Vers la tombe muette et
blanche.
Je les vis en me promenant
Sur le boulevard, le
dimanche
Suivis de leur père, un monsieur
A barbiche, un vieux
militaire,
Qui portait la légion d'honneur
En ruban à la
boutonnière.
Ils s'en allaient à petits pas
Tous les deux, dans
l'allée ombreuse,
La fillette appuyant son bras
Maigriot et sa main
fièvreuse
Sur le bras droit du garçonnet
Qui, tirant deux sous de sa
poche,
Allait lui chercher un bouquet
A la marchande la plus
proche.
Et le père aux cheveux tout gris
Fumait tristement son
cigare
Sous les grands marronniers fleuris
Ecoutant le concert
bizarre
Des petits pierrots batailleurs
Quand la petite était trop
lasse
Vite, il prenait un des meilleurs
Bancs pour elle, sur la
grand'place
Et pas trop tard, avant la nuit,
Tous regagnaient leur
domicile
Sans étalage, ni sans bruit,
Au travers du bruit de la
ville.
Maintenant on peut les revoir
Ils sont deux. Dans la tombe
blanche
La soeur dort. Un long crêpe noir
Un crêpe est cousu sur la
manche
De la tunique à boutons d'or
Du petit frère aimable et rose
Et le père est plus triste encor
Dans sa redingote morose.
L'an dernier, je les vis encor
Le petit frère aimable et
rose
Dans sa tunique à boutons d'or
Avec sa soeur que la
chlorose
Emportait - oh ! bien doucement -
Vers la tombe muette et
blanche.
Je les vis en me promenant
Sur le boulevard, le
dimanche
Suivis de leur père, un monsieur
A barbiche, un vieux
militaire,
Qui portait la légion d'honneur
En ruban à la
boutonnière.
Ils s'en allaient à petits pas
Tous les deux, dans
l'allée ombreuse,
La fillette appuyant son bras
Maigriot et sa main
fièvreuse
Sur le bras droit du garçonnet
Qui, tirant deux sous de sa
poche,
Allait lui chercher un bouquet
A la marchande la plus
proche.
Et le père aux cheveux tout gris
Fumait tristement son
cigare
Sous les grands marronniers fleuris
Ecoutant le concert
bizarre
Des petits pierrots batailleurs
Quand la petite était trop
lasse
Vite, il prenait un des meilleurs
Bancs pour elle, sur la
grand'place
Et pas trop tard, avant la nuit,
Tous regagnaient leur
domicile
Sans étalage, ni sans bruit,
Au travers du bruit de la
ville.
Maintenant on peut les revoir
Ils sont deux. Dans la tombe
blanche
La soeur dort. Un long crêpe noir
Un crêpe est cousu sur la
manche
De la tunique à boutons d'or
Du petit frère aimable et rose
Et le père est plus triste encor
Dans sa redingote morose.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Valse mystique
Valse mystique
A mon ami Abel Renault.
Le soir, quand paraît la première
étoile,
Les coeurs de tous ceux qui sont morts d'amour
Viennent vers la
terre et fendent le voile
Qui les cache aux yeux des vivants, le jour.
Alors, dans la nuit brune et fantastique,
Leur sang meurtri pleut et
retombe en pleurs
Sur l'herbe, troublant la mélancolique
Chanson de
sanglots du vent dans les fleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres
coeurs
Dansent dans les airs la valse mystique !...
Ils accourent tous
!... le coeur du poète
Et de son amante aux yeux langoureux,
Le coeur de
l'éphèbe à la blonde tête,
Le coeur torturé des vieux amoureux,
Le coeur
de la vierge aimante et pudique,
Le coeur de la femme aux baisers trompeurs,
Ils accourent tous !... pris d'un nostalgique
Besoin de revoir le val
des douleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent
dans les airs la valse mystique ! ...
Ils tournent noyés dans des flots
d'extase,
Parmi des parfums lourds et capiteux
Tandis que la lune au
front de topaze
Etincelle au fond du ciel nébuleux ;
Et leur tourbillon
noir et magnétique
Poursuit son chemin, semant des lueurs
D'or en fusion
dans la magnifique
Splendeur de l'espace aux vagues pâleurs.
Et les
coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent dans les airs la valse
mystique !...
Mais, sitôt que perce un clair rayon d'aube
Et qu'un
chant d'oiseau bruit dans le vallon,
Leur essaim léger au loin se dérobe
Et plus rien !... alors, plaintifs, ils s'en vont,
Pour rentrer, passer
sous le grand portique
D'azur diaphane enlacé de fleurs
D'opale où le
Dieu calme et pacifique
Dénombre, un par un, le troupeau des
coeurs.
Et le lendemain, tous les pauvres coeurs
Reviennent danser la
valse mystique.
A mon ami Abel Renault.
Le soir, quand paraît la première
étoile,
Les coeurs de tous ceux qui sont morts d'amour
Viennent vers la
terre et fendent le voile
Qui les cache aux yeux des vivants, le jour.
Alors, dans la nuit brune et fantastique,
Leur sang meurtri pleut et
retombe en pleurs
Sur l'herbe, troublant la mélancolique
Chanson de
sanglots du vent dans les fleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres
coeurs
Dansent dans les airs la valse mystique !...
Ils accourent tous
!... le coeur du poète
Et de son amante aux yeux langoureux,
Le coeur de
l'éphèbe à la blonde tête,
Le coeur torturé des vieux amoureux,
Le coeur
de la vierge aimante et pudique,
Le coeur de la femme aux baisers trompeurs,
Ils accourent tous !... pris d'un nostalgique
Besoin de revoir le val
des douleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent
dans les airs la valse mystique ! ...
Ils tournent noyés dans des flots
d'extase,
Parmi des parfums lourds et capiteux
Tandis que la lune au
front de topaze
Etincelle au fond du ciel nébuleux ;
Et leur tourbillon
noir et magnétique
Poursuit son chemin, semant des lueurs
D'or en fusion
dans la magnifique
Splendeur de l'espace aux vagues pâleurs.
Et les
coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent dans les airs la valse
mystique !...
Mais, sitôt que perce un clair rayon d'aube
Et qu'un
chant d'oiseau bruit dans le vallon,
Leur essaim léger au loin se dérobe
Et plus rien !... alors, plaintifs, ils s'en vont,
Pour rentrer, passer
sous le grand portique
D'azur diaphane enlacé de fleurs
D'opale où le
Dieu calme et pacifique
Dénombre, un par un, le troupeau des
coeurs.
Et le lendemain, tous les pauvres coeurs
Reviennent danser la
valse mystique.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
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