Charles Cros
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Charles Cros
Rappel du premier message :
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c'est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête!»
En somme, je suis mal coté.
J'allume du feu dans l'été.
Dans l'usine je suis poète;
Pour les pitres je fais la quête,
Qu'importe ! J'aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flames,
Beauté du bien, beauté du mal.
J'ai trop étudié les choses;
Le temps marche d'un pas normal:
Des roses, des roses, des roses!
VENT D'ÉTÉ…
À Ulysse Rocq, peintre.
Vent d'été, tu fais les femmes plus belles
En corsage clair, que les seins rebelles
Gonflent. Vent d'été, vent des fleurs, doux rêve
Caresse un tissu qu'un beau sein soulève.
Dans les bois, les champs, corolles, ombelles
Entourent la femme ; en haut, les querelles
Des oiseaux, dont la romance est trop brève,
Tombent dans l'air chaud. Un moment de trêve.
Et l'épine rose a des odeurs vagues,
La rose de mai tombe de sa tige,
Tout frémit dans l'air, chant d'un doux vertige.
Quittez votre robe et mettez des bagues ;
Et montrez vos seins, éternel prodige.
Baisons-nous, avant que mon sang se fige.
Moi, je vis la vie à côté
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c'est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête!»
En somme, je suis mal coté.
J'allume du feu dans l'été.
Dans l'usine je suis poète;
Pour les pitres je fais la quête,
Qu'importe ! J'aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flames,
Beauté du bien, beauté du mal.
J'ai trop étudié les choses;
Le temps marche d'un pas normal:
Des roses, des roses, des roses!
VENT D'ÉTÉ…
À Ulysse Rocq, peintre.
Vent d'été, tu fais les femmes plus belles
En corsage clair, que les seins rebelles
Gonflent. Vent d'été, vent des fleurs, doux rêve
Caresse un tissu qu'un beau sein soulève.
Dans les bois, les champs, corolles, ombelles
Entourent la femme ; en haut, les querelles
Des oiseaux, dont la romance est trop brève,
Tombent dans l'air chaud. Un moment de trêve.
Et l'épine rose a des odeurs vagues,
La rose de mai tombe de sa tige,
Tout frémit dans l'air, chant d'un doux vertige.
Quittez votre robe et mettez des bagues ;
Et montrez vos seins, éternel prodige.
Baisons-nous, avant que mon sang se fige.
karim safriwi- Nombre de messages : 615
Date d'inscription : 03/07/2008
En cour d'assises
(A Édouard Dubus)
Je suis l'expulsé des vieilles pagodes
Ayant un peu ri pendant le Mystère ;
Les anciens ont dit : Il fallait se taire
Quand nous récitions, solennels, nos odes.
Assis sur mon banc, j'écoute les codes
Et ce magistrat, sous sa toge, austère,
Qui guigne la dame aux yeux de panthère,
Au corsage orné comme les géodes.
Il y a du monde en cette audience,
Il y a des gens remplis de science,
Ça ne manque pas de l'élément femme.
Flétri, condamné, traité de poète,
Sous le couperet je mettrai ma tête
Que l'opinion publique réclame !
Je suis l'expulsé des vieilles pagodes
Ayant un peu ri pendant le Mystère ;
Les anciens ont dit : Il fallait se taire
Quand nous récitions, solennels, nos odes.
Assis sur mon banc, j'écoute les codes
Et ce magistrat, sous sa toge, austère,
Qui guigne la dame aux yeux de panthère,
Au corsage orné comme les géodes.
Il y a du monde en cette audience,
Il y a des gens remplis de science,
Ça ne manque pas de l'élément femme.
Flétri, condamné, traité de poète,
Sous le couperet je mettrai ma tête
Que l'opinion publique réclame !
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Ecole buissonnière
Ma pensée est une églantine
Eclose trop tôt en avril,
Moqueuse au moucheron subtil
Ma pensée est une églantine ;
Si parfois tremble son pistil
Sa corolle s'ouvre mutine.
Ma pensée est une églantine
Eclose trop tôt en avril.
Ma pensée est comme un chardon
Piquant sous les fleurs violettes,
Un peu rude au doux abandon
Ma pensée est comme un chardon ;
Tu viens le visiter, bourdon ?
Ma fleur plaît à beaucoup de bêtes.
Ma pensée est comme un chardon
Piquant sous les fleurs violettes.
Ma pensée est une insensée
Qui s'égare dans les roseaux
Aux chants des eaux et des oiseaux,
Ma pensée est une insensée.
Les roseaux font de verts réseaux,
Lotus sans tige sur les eaux
Ma pensée est une insensée
Qui s'égare dans les roseaux.
Ma pensée est l'âcre poison
Qu'on boit à la dernière fête
Couleur, parfum et trahison,
Ma pensée est l'âcre poison,
Fleur frêle, pourprée et coquette
Qu'on trouve à l'arrière-saison
Ma pensée est l'âcre poison
Qu'on boit à la dernière fête.
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid
Sans souci d'heure ni d'endroit
Ma pensée est un perce-neige.
Si son terrain est bien étroit
La feuille morte le protège,
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid.
Eclose trop tôt en avril,
Moqueuse au moucheron subtil
Ma pensée est une églantine ;
Si parfois tremble son pistil
Sa corolle s'ouvre mutine.
Ma pensée est une églantine
Eclose trop tôt en avril.
Ma pensée est comme un chardon
Piquant sous les fleurs violettes,
Un peu rude au doux abandon
Ma pensée est comme un chardon ;
Tu viens le visiter, bourdon ?
Ma fleur plaît à beaucoup de bêtes.
Ma pensée est comme un chardon
Piquant sous les fleurs violettes.
Ma pensée est une insensée
Qui s'égare dans les roseaux
Aux chants des eaux et des oiseaux,
Ma pensée est une insensée.
Les roseaux font de verts réseaux,
Lotus sans tige sur les eaux
Ma pensée est une insensée
Qui s'égare dans les roseaux.
Ma pensée est l'âcre poison
Qu'on boit à la dernière fête
Couleur, parfum et trahison,
Ma pensée est l'âcre poison,
Fleur frêle, pourprée et coquette
Qu'on trouve à l'arrière-saison
Ma pensée est l'âcre poison
Qu'on boit à la dernière fête.
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid
Sans souci d'heure ni d'endroit
Ma pensée est un perce-neige.
Si son terrain est bien étroit
La feuille morte le protège,
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
déserteuse
Un temple ambré, le ciel bleu, des cariatides.
Des bois mystérieux; un peu plus loin, la mer...
Une cariatide eut un regard amer
Et dit : C'est ennuyeux de vivre en ces temps vides.
La seconde tourna ses grands yeux froids, avides,
Vers Lui, le bien-aimé, l'homme vivant et fier
Qui, venu de Paris, peignait d'un pinceau clair
Ces pierres, et ce ciel, et ces lointains limpides.
Puis la troisième et la quatrième : " Comment
Retirer nos cheveux de cet entablement ?
Allons ! nous avons trop longtemps gardé nos poses ! "
Et toutes, par les prés et les sentiers fleuris,
Elles coururent vers des amants, vers Paris ;
Et le temple croula parmi les lauriers roses.
Des bois mystérieux; un peu plus loin, la mer...
Une cariatide eut un regard amer
Et dit : C'est ennuyeux de vivre en ces temps vides.
La seconde tourna ses grands yeux froids, avides,
Vers Lui, le bien-aimé, l'homme vivant et fier
Qui, venu de Paris, peignait d'un pinceau clair
Ces pierres, et ce ciel, et ces lointains limpides.
Puis la troisième et la quatrième : " Comment
Retirer nos cheveux de cet entablement ?
Allons ! nous avons trop longtemps gardé nos poses ! "
Et toutes, par les prés et les sentiers fleuris,
Elles coururent vers des amants, vers Paris ;
Et le temple croula parmi les lauriers roses.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Conquérant
J'ai balayé tout le pays
En une fière cavalcade ;
Partout les gens se sont soumis,
Ils viennent me chanter l'aubade.
Ce cérémonial est fade ;
Aux murs mes ordres sont écrits.
Amenez-moi (mais pas de cris)
Des filles pour la rigolade.
L'une sanglote, l'autre a peur,
La troisième a le sein trompeur
Et l'autre s'habille en insecte.
Mais la plus belle ne dit rien ;
Elle a le rire aérien
Et ne craint pas qu'on la respecte.
En une fière cavalcade ;
Partout les gens se sont soumis,
Ils viennent me chanter l'aubade.
Ce cérémonial est fade ;
Aux murs mes ordres sont écrits.
Amenez-moi (mais pas de cris)
Des filles pour la rigolade.
L'une sanglote, l'autre a peur,
La troisième a le sein trompeur
Et l'autre s'habille en insecte.
Mais la plus belle ne dit rien ;
Elle a le rire aérien
Et ne craint pas qu'on la respecte.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Caresse
Tu m'as pris jeune, simple et beau,
Joyeux de l'aurore nouvelle ;
Mais tu m'as montré le tombeau
Et tu m'as mangé la cervelle.
Tu fleurais les meilleurs jasmins,
Les roses jalousaient ta joue ;
Avec tes deux petites mains
Tu m'as tout inondé de boue.
Le soleil éclairait mon front,
La lune révélait ta forme ;
Et loin des gloires qui seront
Je tombe dans l'abîme énorme.
Enlace-moi bien de tes bras !
Que nul ne fasse ta statue
Plus près, charmante ! Tu mourras
Car je te tue - et je me tue.
Joyeux de l'aurore nouvelle ;
Mais tu m'as montré le tombeau
Et tu m'as mangé la cervelle.
Tu fleurais les meilleurs jasmins,
Les roses jalousaient ta joue ;
Avec tes deux petites mains
Tu m'as tout inondé de boue.
Le soleil éclairait mon front,
La lune révélait ta forme ;
Et loin des gloires qui seront
Je tombe dans l'abîme énorme.
Enlace-moi bien de tes bras !
Que nul ne fasse ta statue
Plus près, charmante ! Tu mourras
Car je te tue - et je me tue.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Bnalité
L'océan d'argent couvre tout
Avec sa marée incrustante.
Nous avons rêvé jusqu'au bout
Le legs d'un oncle ou d'une tante.
Rien ne vient. Notre cerveau bout
Dans l'Idéal, feu qui nous tente,
Et nous mourons. Restent debout
Ceux qui font le cours de la rente.
Etouffé sous les lourds métaux
Qui brûlèrent toute espérance,
Mon coeur fait un bruit de marteaux.
L'or, l'argent, rois d'indifférence
Fondus, puis froids, ont recouvert
Les muguets et le gazon vert.
Avec sa marée incrustante.
Nous avons rêvé jusqu'au bout
Le legs d'un oncle ou d'une tante.
Rien ne vient. Notre cerveau bout
Dans l'Idéal, feu qui nous tente,
Et nous mourons. Restent debout
Ceux qui font le cours de la rente.
Etouffé sous les lourds métaux
Qui brûlèrent toute espérance,
Mon coeur fait un bruit de marteaux.
L'or, l'argent, rois d'indifférence
Fondus, puis froids, ont recouvert
Les muguets et le gazon vert.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Voici venir le printemps vague
Voici venir le printemps vague
Je veux être belle. Une bague
Attire à ma main ton baiser.
Aime-moi bien ! Aime-moi toute
Surtout jamais, jamais de doute.
Ta fureur ? Je vais l'apaiser.
J'ai mal fait. - Mais ne sois pas triste,
Enterre-moi sous la batiste.
Je meurs ! des coussins, des coussins !
A présent je serai bien sage
Tes bras autour de mon corsage
Et tes lèvres entre mes seins.
Je veux être belle. Une bague
Attire à ma main ton baiser.
Aime-moi bien ! Aime-moi toute
Surtout jamais, jamais de doute.
Ta fureur ? Je vais l'apaiser.
J'ai mal fait. - Mais ne sois pas triste,
Enterre-moi sous la batiste.
Je meurs ! des coussins, des coussins !
A présent je serai bien sage
Tes bras autour de mon corsage
Et tes lèvres entre mes seins.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
à ma femme endormie
Tu dors en croyant que mes vers
Vont encombrer tout l'univers
De désastres et d'incendies ;
Elles sont si rares pourtant
Mes chansons au soleil couchant
Et mes lointaines mélodies.
Mais si je dérange parfois
La sérénité des cieux froids,
Si des sons d'acier ou de cuivre
Ou d'or, vibrent dans mes chansons,
Pardonne ces hautes façons,
C'est que je me hâte de vivre.
Et puis tu m'aimeras toujours.
Éternelles sont les amours
Dont ma mémoire est le repaire ;
Nos enfants seront de fiers gas
Qui répareront les dégâts,
Oue dans ta vie a faits leur père.
Ils dorment sans rêver à rien,
Dans le nuage aérien
Des cheveux sur leurs fines têtes ;
Et toi, près d'eux, tu dors aussi,
Ayant oublié, le souci
De tout travail, de toutes dettes.
Moi je veille et je fais ces vers
Qui laisseront tout l'univers
Sans désastre et sans incendie ;
Et demain, au soleil montant
Tu souriras en écoutant
Cette tranquille mélodie.
Vont encombrer tout l'univers
De désastres et d'incendies ;
Elles sont si rares pourtant
Mes chansons au soleil couchant
Et mes lointaines mélodies.
Mais si je dérange parfois
La sérénité des cieux froids,
Si des sons d'acier ou de cuivre
Ou d'or, vibrent dans mes chansons,
Pardonne ces hautes façons,
C'est que je me hâte de vivre.
Et puis tu m'aimeras toujours.
Éternelles sont les amours
Dont ma mémoire est le repaire ;
Nos enfants seront de fiers gas
Qui répareront les dégâts,
Oue dans ta vie a faits leur père.
Ils dorment sans rêver à rien,
Dans le nuage aérien
Des cheveux sur leurs fines têtes ;
Et toi, près d'eux, tu dors aussi,
Ayant oublié, le souci
De tout travail, de toutes dettes.
Moi je veille et je fais ces vers
Qui laisseront tout l'univers
Sans désastre et sans incendie ;
Et demain, au soleil montant
Tu souriras en écoutant
Cette tranquille mélodie.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
à la plus belle
Nul ne l'a vue et, dans mon coeur,
Je garde sa beauté suprême ;
(Arrière tout rire moqueur !)
Et morte, je l'aime, je l'aime.
J'ai consulté tous les devins,
Ils m'ont tous dit : " C'est la plus belle ! "
Et depuis j'ai bu tous les vins
Contre la mémoire rebelle.
Oh ! ses cheveux livrés au vent !
Ses yeux, crépuscule d'automne !
Sa parole qu'encor souvent
J'entends dans la nuit monotone.
C'était la plus belle, à jamais,
Parmi les filles de la terre...
Et je l'aimais, oh ! je l'aimais
Tant, que ma bouche doit se taire.
J'ai honte de ce que je dis ;
Car nul ne saura ni la femme,
Ni l'amour, ni le paradis
Que je garde au fond de mon âme.
Que ces mots restent enfouis,
Oubliés, (l'oubliance est douce)
Comme un coffret plein de louis
Au pied du mur couvert de mousse.
Je garde sa beauté suprême ;
(Arrière tout rire moqueur !)
Et morte, je l'aime, je l'aime.
J'ai consulté tous les devins,
Ils m'ont tous dit : " C'est la plus belle ! "
Et depuis j'ai bu tous les vins
Contre la mémoire rebelle.
Oh ! ses cheveux livrés au vent !
Ses yeux, crépuscule d'automne !
Sa parole qu'encor souvent
J'entends dans la nuit monotone.
C'était la plus belle, à jamais,
Parmi les filles de la terre...
Et je l'aimais, oh ! je l'aimais
Tant, que ma bouche doit se taire.
J'ai honte de ce que je dis ;
Car nul ne saura ni la femme,
Ni l'amour, ni le paradis
Que je garde au fond de mon âme.
Que ces mots restent enfouis,
Oubliés, (l'oubliance est douce)
Comme un coffret plein de louis
Au pied du mur couvert de mousse.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
à grand-papa
Il faut écouter, amis,
La parole des ancêtres.
- Ne soyons jamais soumis !
Mais, d'où viennent tous les êtres ?
Donc pour cela, puis-je oser,
A travers l'imaginaire,
Vous envoyer un baiser
De tout mon coeur, mon grand-père ?
Vous faisiez des vers très doux
D'après le doux Théocrite,
" L'Oaristys ! " C'est de vous
Qu'en faisant ces vers, j'hérite
La parole des ancêtres.
- Ne soyons jamais soumis !
Mais, d'où viennent tous les êtres ?
Donc pour cela, puis-je oser,
A travers l'imaginaire,
Vous envoyer un baiser
De tout mon coeur, mon grand-père ?
Vous faisiez des vers très doux
D'après le doux Théocrite,
" L'Oaristys ! " C'est de vous
Qu'en faisant ces vers, j'hérite
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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