Poèmes pour Mars
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Poèmes pour Mars
À la mi-carême. Le carnaval s'en va, les roses vont éclore; Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon. Cependant du plaisir la frileuse saison Sous ses grelots légers rit et voltige encore, Tandis que, soulevant les voiles de l'aurore, Le Printemps inquiet paraît à l'horizon. Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire; Bien que le laboureur le craigne justement, L'univers y renaît ; il est vrai que le vent, La pluie et le soleil s'y disputent l'empire. Qu'y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant; C'est sa première larme et son premier sourire. C'est dans le mois de mars que tente de s'ouvrir L'anémone sauvage aux corolles tremblantes. Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr; Et du fond des boudoirs les belles indolentes, Balançant mollement leurs tailles nonchalantes, Sous les vieux marronniers commencent à venir... |
Alfred de Musset (1810-1857)
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Poèmes pour Mars
Poème du mois, mars
© Céline Blondeau
Pourquoi dis-tu me détester?
A chaque année je me pose la question et je me sens persécuté.
Je sais, je ne suis pas des plus chaleureux, je te fais geler, pelleter et c'est
de ma faute si ton dos est malmené.
Je semble avoir tous les défauts, tu peux bien me blâmer!
J'arrive trop tôt et je ne me décide plus à te quitter au moment approprié.
Je m'incruste, je suis égoïste, céder ma place me frustre.
Je voudrais simplement me sentir apprécié, que tu acceptes mon amitié.
Grâce à moi, tu te réchauffes auprès d'un bon feu de cheminée.
Tu restes blotti des heures dans les bras de l'être aimé.
Tu t'amuses comme un enfant à dévaler des pentes et à patiner.
Tes mains sont réconfortées par le chocolat chaud que tu tiens bien serré.
Je t'offre le plaisir de t'évader vers des cieux plus ensoleillés et tu reviens tout bronzé, fier de te pavaner.
Suis-je aussi cruel que tu te plaîs à le penser?
Rappelle-toi ce que tu dis de moi au moment de mon arrivée, tu te mets à crier que j'apporte de la gaieté, mon prédécesseur étant plutôt déprimé.
Je ne suis qu'un hiver, je ne devrais pas philosopher.
Mais à présent que je t'ai parlé, je me sens libéré de ma culpabilité.
Je reviendrai donc te visiter sinon, je sais bien que je vais te manquer... sans rancune!
Monsieur Hiver.
© Céline Blondeau
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
René-François Sully Prudhomme
Mars
(1839-1907)
En mars, quand s'achève l'hiver,
Que la campagne renaissante
Ressemble à la convalescente
Dont le premier sourire est cher ;
Quand l'azur, tout frileux encore,
Est de neige éparse mêlé,
Et que midi, frais et voilé,
Revêt une blancheur d'aurore ;
Quand l'air doux dissout la torpeur
Des eaux qui se changeaient en marbres ;
Quand la feuille aux pointes des arbres
Suspend une verte vapeur ;
Et quand la femme est deux fois belle,
Belle de la candeur du jour,
Et du réveil de notre amour
Où sa pudeur se renouvelle,
Oh ! Ne devrais-je pas saisir
Dans leur vol ces rares journées
Qui sont les matins des années
Et la jeunesse du désir ?
Mais je les goûte avec tristesse ;
Tel un hibou, quand l'aube luit,
Roulant ses grands yeux pleins de nuit,
Craint la lumière qui les blesse,
Tel, sortant du deuil hivernal,
J'ouvre de grands yeux encore ivres
Du songe obscur et vain des livres,
Et la nature me fait mal.
(1839-1907)
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Monique Gagnon
Jardin de givre
Monique Gagnon
Scintillement au petit
matin
D'une étendue glace vive
Parsemée d'étoiles sans fin
Qu'un
précoce soleil active
L'oiseau ose à peine s'y
poser
De peur de détruire d'un seul coup d'aile
Ce majestueux cristal, ce
verre taillé
décor tout en dentelle
Le soleil commence à piquer le
verglas
Me donnant droit à un grand concerto
Et mon coeur est gonflé de
joie
A voir la nature s'amuser ce matin si tôt
Monique Gagnon
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
MARS-Extrait:Jean-Antoine Roucher
MARS
Grossis par le torrent des nèges écoulées,
Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées;
Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
La mer gronde; les vents précurseurs des tempêtes
Courent d' un pôle à l' autre, et tourmentant les flots,
Entourent de la mort les pâles matelots.
Mais du joug de l' hyver la terre enfin se lasse:
La terre, trop long-temps captive sous la glace,
Lève ses tristes yeux vers le père des mois,
Et frissonnante encor remplit l' air de sa voix.
Dispensateur du jour, brillant flambeau du monde;
Des vapeurs, des brouillards perce la nuit immonde;
Impose un long silence aux aquilons jaloux,
Et rens à mes soupirs le printems mon époux.
Elle se tait: le Dieu, sensible à sa prière,
Remonte à l' équateur; là, r' ouvrant sa carrière,
Il chasse au loin l' hyver, repousse les autans,
Et des rives du Nil appelle le printems:
"Prens tes habits de fleurs, mon fils; prens la ceinture
Qui pare tous les ans le sein de la nature;
Va: la terre soupire, et ses flancs amoureux
Attendent la rosée et tes germes heureux:
Mon fils, va la remplir de ton ame éthérée. "
Le printems à ces mots fend la plaine azurée,
Et porté mollement sur l' aîle des zéphirs,
De l' hymen créateur vient goûter les plaisirs.
La terre, devant lui frémissant d' allégresse,
S' enfle, bénit l' époux qu' imploroit sa tendresse;
L' embrasse, le reçoit dans ses flancs entrouverts:
La séve de la vie inonde l' univers.
De cet hymen fécond, dieux, quels biens vont éclore!
Déjà d' un feu plus vif l' Olimpe se colore.
Le Bélier, du printems ministre radieux,
Paroît, et s' avançant vers le plus haut des cieux,
De la terre amoureuse annonce l' hyménée,
Et vainqueur de la nuit, recommence l' année.
À peine dans les airs dévoile-t-il son front,
Que soudain tressaillant dans son antre profond,
L' immortel océan gronde, écume de joie,
S' élève, et sur la plage à grands flots se déploie.
Sa vague mugissante appelle à d' autres bords
Ces vaisseaux, que l' hyver enchaînoit dans nos ports.
Les voilà donc ces jours si rians, si prospères,
Ces jours qui tarissoient les larmes de nos pères!
Tous les ans, quand l' hyver dans son obscurité
Engloutissoit leur Dieu, le Dieu de la clarté,
Un long deuil sur les murs des sacrés édifices
S' étendoit; et l' autel privé de sacrifices,
Sans brâsier, sans parfum, sans lampe, sans flambeau,
Figuroit le soleil éteint dans le tombeau.
Grossis par le torrent des nèges écoulées,
Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées;
Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
La mer gronde; les vents précurseurs des tempêtes
Courent d' un pôle à l' autre, et tourmentant les flots,
Entourent de la mort les pâles matelots.
Mais du joug de l' hyver la terre enfin se lasse:
La terre, trop long-temps captive sous la glace,
Lève ses tristes yeux vers le père des mois,
Et frissonnante encor remplit l' air de sa voix.
Dispensateur du jour, brillant flambeau du monde;
Des vapeurs, des brouillards perce la nuit immonde;
Impose un long silence aux aquilons jaloux,
Et rens à mes soupirs le printems mon époux.
Elle se tait: le Dieu, sensible à sa prière,
Remonte à l' équateur; là, r' ouvrant sa carrière,
Il chasse au loin l' hyver, repousse les autans,
Et des rives du Nil appelle le printems:
"Prens tes habits de fleurs, mon fils; prens la ceinture
Qui pare tous les ans le sein de la nature;
Va: la terre soupire, et ses flancs amoureux
Attendent la rosée et tes germes heureux:
Mon fils, va la remplir de ton ame éthérée. "
Le printems à ces mots fend la plaine azurée,
Et porté mollement sur l' aîle des zéphirs,
De l' hymen créateur vient goûter les plaisirs.
La terre, devant lui frémissant d' allégresse,
S' enfle, bénit l' époux qu' imploroit sa tendresse;
L' embrasse, le reçoit dans ses flancs entrouverts:
La séve de la vie inonde l' univers.
De cet hymen fécond, dieux, quels biens vont éclore!
Déjà d' un feu plus vif l' Olimpe se colore.
Le Bélier, du printems ministre radieux,
Paroît, et s' avançant vers le plus haut des cieux,
De la terre amoureuse annonce l' hyménée,
Et vainqueur de la nuit, recommence l' année.
À peine dans les airs dévoile-t-il son front,
Que soudain tressaillant dans son antre profond,
L' immortel océan gronde, écume de joie,
S' élève, et sur la plage à grands flots se déploie.
Sa vague mugissante appelle à d' autres bords
Ces vaisseaux, que l' hyver enchaînoit dans nos ports.
Les voilà donc ces jours si rians, si prospères,
Ces jours qui tarissoient les larmes de nos pères!
Tous les ans, quand l' hyver dans son obscurité
Engloutissoit leur Dieu, le Dieu de la clarté,
Un long deuil sur les murs des sacrés édifices
S' étendoit; et l' autel privé de sacrifices,
Sans brâsier, sans parfum, sans lampe, sans flambeau,
Figuroit le soleil éteint dans le tombeau.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
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