Albert Samain
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Albert Samain
Son rêve fastueux
son rêve fastueux, seul, lui donnait des fêtes ;
il avait son orgueil intime pour ami.
Grave, pour dérider un peu son front blêmi,
il regardait ses fleurs et caressait ses bêtes.
Soumis à ses grands yeux étranges de prophète,
de beaux désirs pareils à des tigres parmi
les jungles de ses sens s' étiraient à demi.
Il vivait seul avec son âme pour conquête.
Dans le palais silencieux qu' était son coeur,
des femmes, que gardait secrètes son humeur,
languissaient, comme des sultanes, près des urnes...
lui, pâle, par les soirs délirants de jasmins
s' agenouillait, des larmes chaudes sur les mains ;
et parfois, soeur aimante, aux terrasses nocturnes
la mort venait baiser ses lèvres taciturnes .
une douceur splendide
une douceur splendide et sombre
flotte sous le ciel étoilé
on dirait que là-haut, dans l' ombre
un paradis s' est écroulé.
Et c' est comme l' odeur ardente,
l' odeur fiévreuse dans l' air noir,
d' une chevelure d' amante
dénouée à travers le soir.
Tout l' espace languit de fièvres.
Du fond des coeurs mystérieux
s' en viennent mourir sur les lèvres
des mots qui font fermer les yeux.
Et de ma bouche où s' évapore
le parfum des bonheurs derniers,
et de mon coeur vibrant encore
s' élèvent de vagues pitiés
pour tous ceux-là qui, sur la terre,
par un tel soir tendant les bras,
n' ont point dans leur coeur solitaire
un nom à sangloter tout bas.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: Albert Samain
l' agréable leçon
dans la brise ailée et sonore
s' éveillent les dieux bocagers ;
et le chalumeau des bergers
brode de ses accords légers
le voile rose de l' aurore.
Tircis aux pieds d' églé dit son âme amoureuse.
L' air est bleu ; la rosée étincelle aux buissons ;
le ruisseau d' argent clair brille dans les cressons,
et le chien noir a l' oeil sur la brebis peureuse.
Sur ses pipeaux Tircis à la journée heureuse
prélude ; mais soudain, jalousant ses chansons,
églé veut à son tour, par d' aimables leçons,
d' une haleine qui chante emplir la flûte creuse.
Inhabile, elle souffle, et, penché sur son cou,
Tircis lève, descend ses doigts sur chaque trou,
et les maintient crispés sur des accords moroses.
églé s' irrite ; alors, Tircis pour l' apaiser
sur sa bouche vermeille appuie un long baiser ;
et la flûte à leurs pieds roule parmi les roses...
dans la lumière qui recule
s' endorment les dieux bocagers ;
et le chalumeau des bergers
suspend ses accords prolongés
au voile bleu du crépuscule.
......
Extrait de "Elegies" in Le chariot d'or : symphonie héroïque
dans la brise ailée et sonore
s' éveillent les dieux bocagers ;
et le chalumeau des bergers
brode de ses accords légers
le voile rose de l' aurore.
Tircis aux pieds d' églé dit son âme amoureuse.
L' air est bleu ; la rosée étincelle aux buissons ;
le ruisseau d' argent clair brille dans les cressons,
et le chien noir a l' oeil sur la brebis peureuse.
Sur ses pipeaux Tircis à la journée heureuse
prélude ; mais soudain, jalousant ses chansons,
églé veut à son tour, par d' aimables leçons,
d' une haleine qui chante emplir la flûte creuse.
Inhabile, elle souffle, et, penché sur son cou,
Tircis lève, descend ses doigts sur chaque trou,
et les maintient crispés sur des accords moroses.
églé s' irrite ; alors, Tircis pour l' apaiser
sur sa bouche vermeille appuie un long baiser ;
et la flûte à leurs pieds roule parmi les roses...
dans la lumière qui recule
s' endorment les dieux bocagers ;
et le chalumeau des bergers
suspend ses accords prolongés
au voile bleu du crépuscule.
......
Extrait de "Elegies" in Le chariot d'or : symphonie héroïque
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
LA DOUCEUR
une douceur splendide
une douceur splendide et sombre
flotte sous le ciel étoilé
on dirait que là-haut, dans l' ombre
un paradis s' est écroulé.
Et c' est comme l' odeur ardente,
l' odeur fiévreuse dans l' air noir,
d' une chevelure d' amante
dénouée à travers le soir.
Tout l' espace languit de fièvres.
Du fond des coeurs mystérieux
s' en viennent mourir sur les lèvres
des mots qui font fermer les yeux.
Et de ma bouche où s' évapore
le parfum des bonheurs derniers,
et de mon coeur vibrant encore
s' élèvent de vagues pitiés
pour tous ceux-là qui, sur la terre,
par un tel soir tendant les bras,
n' ont point dans leur coeur solitaire
un nom à sangloter tout bas.
une douceur splendide et sombre
flotte sous le ciel étoilé
on dirait que là-haut, dans l' ombre
un paradis s' est écroulé.
Et c' est comme l' odeur ardente,
l' odeur fiévreuse dans l' air noir,
d' une chevelure d' amante
dénouée à travers le soir.
Tout l' espace languit de fièvres.
Du fond des coeurs mystérieux
s' en viennent mourir sur les lèvres
des mots qui font fermer les yeux.
Et de ma bouche où s' évapore
le parfum des bonheurs derniers,
et de mon coeur vibrant encore
s' élèvent de vagues pitiés
pour tous ceux-là qui, sur la terre,
par un tel soir tendant les bras,
n' ont point dans leur coeur solitaire
un nom à sangloter tout bas.
chadiya madihi- Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008
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