Chanson héroïque/Théophile GAUTIER (1873)
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Chanson héroïque/Théophile GAUTIER (1873)
La mort,
l’apparition et les obsèques
du capitaine Morpion
Cent mille poux de forte taille
Sur la motte ont livré bataille
À nombre égal de morpions
Portant écus et morions.
Transpercé, malgré sa cuirasse
Faite d’une écaille de crasse,
Le capitaine Morpion
Est tombé mort au bord du con.
En vain la foule désolée,
Pour lui dresser un mausolée,
Pendant huit jours chercha son corps…
L’abîme ne rend pas les morts !
II
Un soir, au bord de la ravine,
Ruisselant de foutre et d’urine,
On vit un fantôme tout nu
À cheval sur un poil de pul.
C’était l’ombre du capitaine,
Dont la carcasse de vers pleine,
Par défaut d’inhumation,
Sentait la marolle et l’arpion.
Devant cette ombre qui murmure,
Triste, faute de sépulture,
Tous les morpions font serment
De lui dresser un monument.
III
On l’a recouvert d’une toile
Où de l’honneur brille l’étoile,
Comme au convoi d’un général
Ou d’un garde national.
Son cheval à pied l’accompagne
Quatre morpions grands d’Espagne,
La larme à l’œil, l’écharpe au bras,
Tiennent les quatre coins du drap.
On lui bâtit un cénotaphe
Où l’on grava cette épitaphe
« Ci-gît un morpion de cœur,
Mort vaillamment au champ d’honneur. »
Théophile GAUTIER/ Chanson héroïque (1873)
l’apparition et les obsèques
du capitaine Morpion
Cent mille poux de forte taille
Sur la motte ont livré bataille
À nombre égal de morpions
Portant écus et morions.
Transpercé, malgré sa cuirasse
Faite d’une écaille de crasse,
Le capitaine Morpion
Est tombé mort au bord du con.
En vain la foule désolée,
Pour lui dresser un mausolée,
Pendant huit jours chercha son corps…
L’abîme ne rend pas les morts !
II
Un soir, au bord de la ravine,
Ruisselant de foutre et d’urine,
On vit un fantôme tout nu
À cheval sur un poil de pul.
C’était l’ombre du capitaine,
Dont la carcasse de vers pleine,
Par défaut d’inhumation,
Sentait la marolle et l’arpion.
Devant cette ombre qui murmure,
Triste, faute de sépulture,
Tous les morpions font serment
De lui dresser un monument.
III
On l’a recouvert d’une toile
Où de l’honneur brille l’étoile,
Comme au convoi d’un général
Ou d’un garde national.
Son cheval à pied l’accompagne
Quatre morpions grands d’Espagne,
La larme à l’œil, l’écharpe au bras,
Tiennent les quatre coins du drap.
On lui bâtit un cénotaphe
Où l’on grava cette épitaphe
« Ci-gît un morpion de cœur,
Mort vaillamment au champ d’honneur. »
Théophile GAUTIER/ Chanson héroïque (1873)
yefimia- Nombre de messages : 2495
Humeur : Cyclothimique
Date d'inscription : 01/05/2008
l'art-T-gautier
Bonjour yéfi, je te suis:
L'Art
Oui, l'oeuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.
Point de contraintes fausses!
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend!
Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce,
Quand flotte ailleurs l'esprit ;
Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;
Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le trait fier et charmant ;
D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le profil d'Apollon.
Peintre, fuis l'aquarelle
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.
Fais les Sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;
Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.
Tout passe. -L'art robuste
Seul a l'éternité ;
Le buste
Survit à la cité.
Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.
Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.
Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
L'Art
Oui, l'oeuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.
Point de contraintes fausses!
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend!
Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce,
Quand flotte ailleurs l'esprit ;
Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;
Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le trait fier et charmant ;
D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le profil d'Apollon.
Peintre, fuis l'aquarelle
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.
Fais les Sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;
Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.
Tout passe. -L'art robuste
Seul a l'éternité ;
Le buste
Survit à la cité.
Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.
Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.
Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
Dernière édition par marie la rebelle le Ven 5 Mar - 9:21, édité 1 fois
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Théophile GAUTIER
CE QUE DISENT LES
HIRONDELLES:
Chanson d'automne
Déjà plus d'une feuille
sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est
fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !
On voit s'ouvrir les
fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa
cocarde
Et le souci sa toque d'or.
La pluie au bassin fait
des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules
:
Voici l'hiver, voici le froid !
Elles s'assemblent par
centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : « Oh ! que dans
Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !
« Tous les ans j'y vais
et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon. »
L'autre : « J'ai ma
petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs
grains d'ambre
Sur le seuil, d'un rayon chauffé.
« J'entre et je sors,
accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi des flots de
fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. »
Celle-ci : « J'habite un
triglyphe
Au fronton d'un temple, à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma
griffe
Sur mes petits au large bec. »
Celle-là : « Voici mon
adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y
dresse
Au chapiteau des noirs piliers. »
La cinquième : « Je ferai
halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de
Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu. »
La sixième : « Qu'on est
à l'aise
Au Caire, en haut des minarets !
J'empâte un ornement de
glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts. »
« A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le
pschent d'un roi de granit. »
Toutes : « Demain combien
de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs,
mers bleues
Brodant d'écume leur bassin ! »
Avec cris et battements
d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les
hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.
Je comprends tout ce
qu'elles disent,
Car le poëte est un oiseau ;
Mais, captif, ses élans se
brisent
Contre un invisible réseau !
Des ailes ! des ailes !
des ailes !
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec
elles
Au soleil d'or, au printemps vert !
HIRONDELLES:
Chanson d'automne
Déjà plus d'une feuille
sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est
fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !
On voit s'ouvrir les
fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa
cocarde
Et le souci sa toque d'or.
La pluie au bassin fait
des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules
:
Voici l'hiver, voici le froid !
Elles s'assemblent par
centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : « Oh ! que dans
Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !
« Tous les ans j'y vais
et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon. »
L'autre : « J'ai ma
petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs
grains d'ambre
Sur le seuil, d'un rayon chauffé.
« J'entre et je sors,
accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi des flots de
fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. »
Celle-ci : « J'habite un
triglyphe
Au fronton d'un temple, à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma
griffe
Sur mes petits au large bec. »
Celle-là : « Voici mon
adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y
dresse
Au chapiteau des noirs piliers. »
La cinquième : « Je ferai
halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de
Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu. »
La sixième : « Qu'on est
à l'aise
Au Caire, en haut des minarets !
J'empâte un ornement de
glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts. »
« A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le
pschent d'un roi de granit. »
Toutes : « Demain combien
de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs,
mers bleues
Brodant d'écume leur bassin ! »
Avec cris et battements
d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les
hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.
Je comprends tout ce
qu'elles disent,
Car le poëte est un oiseau ;
Mais, captif, ses élans se
brisent
Contre un invisible réseau !
Des ailes ! des ailes !
des ailes !
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec
elles
Au soleil d'or, au printemps vert !
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Re: Chanson héroïque/Théophile GAUTIER (1873)
Bonsoir Marie
Bien sûr, j’adore T.Gautier mais le poème que j’ai choisi montre un aspect moins connu du poète (libertin, limite pornographe).
Rien à voir avec « Sous le pont Mirabeau » évidement.
Salut et merci pour le partage
yéfi
Bien sûr, j’adore T.Gautier mais le poème que j’ai choisi montre un aspect moins connu du poète (libertin, limite pornographe).
Rien à voir avec « Sous le pont Mirabeau » évidement.
Salut et merci pour le partage
yéfi
yefimia- Nombre de messages : 2495
Humeur : Cyclothimique
Date d'inscription : 01/05/2008
Page 1 sur 1
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