Plaintes aveugles:Ahmed Berrouho

par firdaws Mer 17 Fév - 18:42

Ahmed Berrouho
Plaintes aveugles:Ahmed Berrouho Mr

es sens sont aiguisés et tendus comme des griefs
Et j’ai le corps constamment levé comme un bambou ;

Mon âme est une légion exacerbée qui vibre tel un orage
Et j’ai les jambes solides, les cuisses cruelles ;

Pourquoi au bout de mes bras opiniâtres et brandis,
J’ai beau ouvrir mes paumes enthousiastes,

J’ai beau avancer, tituber, tâtonner, ivre et assoiffé,
Sur tes rives bâillonnées où bredouillent les roseaux ;

J’ai beau chercher, j’ai beau appeler et supplier,
Nul murmure ne vient de ton étang muet et éteint ?

Oui, tu fêtes les enfants qui plongent et te giflent
Tandis que je me morfonds dans l’horreur de ma nuit,

Où j’appelle l’averse ensauvagée qui te haussera
Comme fuse, dans un refrain habité, un rire amoureux !

par firdaws Mer 17 Fév - 18:43

u entends le fin bourdon
Des graines nocturnes qui geignent,
Tôt enfouies sous le trottoir et la chaussée,
Au bord de la route banale, hébétée
Où traînent grotesques douleurs et scandales fades,

Et tu pleures tes dernières feuilles,
O vieil eucalyptus,
Sur cette croûte fardée de terre sourde
Que les chats en rut lacèrent comme un lupanar,

Et le vent vilain te dévêt et te blesse,
O vieil eucalyptus penché, déhanché
Qui ne vibres plus, harpe grippée
D'interminable hiver, qui grelottes,
Aveugle, dans tes loques pâles,
Comme agonise le soleil.

Plaintes aveugles:Ahmed Berrouho

Plaintes aveugles:Ahmed Berrouho

Eucalyptus