Cri de colère:Ahmed El Inani

« Même errance » par Ahmed El Inani
Même errance même quête même aventure
Même fulgurance même acharnement
Même fugacité même évanescence
Même turbulence même violence
Même entêtement sillonnant
Les beaux textes non encore érigés
Les écrits merveilleux à venir
Les dits non encore énoncés
Qui frétillent à l'état embryonnaire
Même hardiesse même audace même force
Implacable même turbulence
Même exil même errance
Même ailleurs inaccessible
Même ici centrifuge
Même désir inassouvi
Même fièvre même rêve même cauchemar
Même prégnance de l'espace
Même pensée en perpétuel mouvement
Même départ au hasard
Même éternel retour
Constante esthétique de l'inachevé
Même texte gratté biffé falsifié
Même processus vivant même âpreté
Même gestation perpétuelle même alacrité
Même périple périlleux même péripéties "sudiques"
Mêmes ascensions mêmes voyages oniriques
Même éclat même frénésie même tumulte
Même séisme même volcan même guérilla
Même miroir éclaté même torrent impétueux
Même voix intempestive même face sans fard
Même odeur de mantèque
Même miroir "hanté" "enchanté"
Mêmes déambulations
Même vie même rêve même peuple toujours errant
Même "bouts d'existence incorruptibles"
Même image fugitive même imaginaire prolifère
Même vision apocalyptique
Même alacrité même âpreté même "AIGRITUDE"
Même soliloque enragé
Même confession pamphlétaire
Même subversion des codes
Même énergie vertigineuse du verbe
Même cri blasphématoire injurieux
Même "roman malmené" même jeu délirant
Mêmes lambeaux rongés de pourriture
Même âme blessée même voix qu'on bafoue
Même moi qui s'effrite qui s'en va sans partir
Même homme en état de poésie permanente
Même tronc miné d'où le pourchassé leurre la mort
Même légende même mythe mêmes fleurs
Qui renaissent de leur cendre
Même sud même nord mêmes viatiques
Même poète toujours errant

« Ta vérité, mon songe » par Ahmed El Inani
Écrivain voyant
Écrivain lucide
Tes mots trébuchent
Tes phrases chancellent
Tes vers vacillent
Tes idées sont sans ailes
Tu scrutes les horizons
Ni voiles ni ombres no pigeons
Écrivain en vain
Tu t'évertues à forger tes vers
Les vers rongent tes poèmes
Pudiques tes poèmes
Empreints de chasteté
S'emmitouflent sous un suaire
De feuilles mortes d'humus et de terre
Ta vérité mon songe
Mon songe ta vérité
Parallèles sont nos voix
Je plie bagage je pars
Oublie-moi
Narcisse brise désormais son miroir
Orphée n'a plus besoin de rétroviseur
Sa lyre est désormais aphone
Son arc effilé ses flèches émoussées
Prométhée descend dans les cendres
Les hommes ne daignent plus l'entendre
Désormais au feu il préfère la cendre
Eurydice seule à cheval
Entre canicule et glace
Se sent délaissée et s'en lasse
Je plie bagage je parts
Oublie-moi
Écrivain voyant
Écrivain lucide
Que vois-tu de par cette cécité
Ensevelissant le monde de tes écrits
Que reste-il de tes poèmes
Rongés de vers