Poésie d'Anatole Le Braz
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Poésie d'Anatole Le Braz
Anatole Le Braz
Anatole Le Braz de son vrai nom Anatole Le Bras est né 2 avril 1859 et mort le 20 mars 1926
Anatole Le Braz est un écrivain français de langue bretonne.
Anatole Le Braz
Anatole Le Braz obtient un poste de professeur de lettres au lycée de
Quimper, cette nomination déclenchera sa vocation littéraire.
Il s'attache à recueillir et collecter la tradition bretonne, avec par exemple, les chansons populaires bretonnes.
Anatole Le Braz de son vrai nom Anatole Le Bras est né 2 avril 1859 et mort le 20 mars 1926
Anatole Le Braz est un écrivain français de langue bretonne.
Anatole Le Braz
Anatole Le Braz obtient un poste de professeur de lettres au lycée de
Quimper, cette nomination déclenchera sa vocation littéraire.
Il s'attache à recueillir et collecter la tradition bretonne, avec par exemple, les chansons populaires bretonnes.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Soir de Bretagne
Soir de Bretagne |
Au portail de la ferme une femme est assise,
Qui, d'un refrain breton vaguement fredonné,
Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
Sous le corsage étroit où s'amincit son buste
Pointent deux jeunes seins, gonflés d'un lait robuste ;
Son regard, à travers le ciel mourant, poursuit
Un songe ailé de mère heureuse. Dans la nuit
Qui déjà sur les champs assoupis se condense,
Monte un bruit de sabots qui sonnent en cadence ;
Le pas s'approche : un homme apparaît, vigoureux
Et svelte, balançant au fond du chemin creux
Son torse où pend sa veste accrochée à l'épaule ;
D'un geste bucolique, il porte en main la gaule
Dont le houx encor vert s'achève en aiguillon ;
Il dégage en marchant une odeur de sillon,
L'âpre et saine senteur de la terre éventrée.
La femme, à son aspect, dans la ferme est rentrée :
Une lampe, soudain, comme un signal d'amour,
Brille. L'homme franchit le pailler de la cour.
Derrière lui, le col tendu, la croupe haute,
Ses boeufs cornouaillais obliquent, côte à côte,
Vers l'étable où le foin s'émèche aux râteliers.
Quand, repus, ils ont clos leurs yeux ensommeillés,
On peut voir,comme aux temps divins de l'Évangile,
Par un carreau de vitre enchâssé dans l'argile,
Une étoile poser son rayon caressant
Sur les grands mufles roux qu'aima Jésus naissant.
Anatole Le Braz
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Sanctuaire en ruines
Sanctuaire en ruines |
J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire
Aux trois quarts, hélas ! ruiné,
Où, sur un pauvre autel de pierre,
Des fleurs achèvent de faner.
J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire...
Voilà beau temps qu'on n'y vient plus,
Au matin, dire la prière
Et, le soir, tinter l'angélus.
Jadis, pareilles à des vierges,
En de claires processions,
Vous incliniez ici vos cierges,
O mes blanches illusions ;
Mais, par les routes des collines,
J'ai vu, dans l'ombre des lointains,
Fuir les dernières pèlerines ;
Et les cierges se sont éteints.
Plus de cloches, plus de grand'messe,
Plus de cantiques de pardon !
Sur le tabernacle en détresse
Verdit l'herbe de l'abandon.
J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire...
Toutes les dalles du pavé
Portent le "ci-gît" mortuaire
Des grands destins que j'ai rêvés.
Ils sont là, couchés les mains jointes,
Comme des preux de l'ancien temps,
Appuyant leurs souliers à pointes
Aux chimères de mes vingt ans.
Et, de leurs niches descendues,
Les images que j'adorai
Vers des demeures inconnues,
L'une après l'une, ont émigré ;
Des passants ont brisé les saintes
Dont mes jeunes dévotions
Baisèrent, sur les vitres peintes,
Les doigts prolongés en rayons.
Oh! les Madones, les Maries,
D'autres encore aux noms très doux,
Roses d'antan, fleurs défleuries,
Où êtes-vous? Où êtes-vous ?
Vous fûtes mon électuaire,
Mon Graal, de myrrhe embaumé...
J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire.
Ses dieux sont morts : il s'est fermé.
Anatole Le Braz
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
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Quimper
Quimper |
Ce qui me charme en toi, Quimper de Cornouailles,
C'est qu'une âme rustique imprègne ta cité,
Que les champs sont chez eux au coeur de tes murailles
Et que, né paysan, ton peuple l'est resté.
Tes rivières te font un collier de sonnailles
Et dans leurs reflets verts mirent le quai planté
Dont tes Nausicaas, blondes du blond des pailles,
Aspergent le granit d'eau vive et de gaîté.
Le soir, à l'heure intime et bleue où les toits fument,
Quand se tait l'angélus aux clochers qui s'embrument,
Un grêle biniou chevrote un air léger ;
Et, sur le bord de l'ombre où se dissout la ville,
Le Mont Frugi s'accoude ainsi qu'un vieux berger
Qui rêve sous la lune à quelque jeune idylle.
Anatole Le Braz
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Paysage Trégorrois
Paysage Trégorrois |
Pavé de pierres sépulcrales,
Un jour sombre te vient des cieux
Par des vitraux de cathédrales !
... Vous avez peut-être passé
Dans le sentier des primevères.
Sur l'horizon, plane, dressé,
Le groupe noir des « Cinq Calvaires ".
Ils sont là cinq Christs, tous pareils,
Aux faces mornes et ridées,
Que font grimacer les soleils,
Que font larmoyer les ondées.
A l'entour, des pins rabougris,
Tordus au vent des épouvantes,
Bercent l'immense horizon gris
A leurs frissons d'orgues vivantes.
Anatole Le Braz
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Octobre
Octobre |
Octobre m'apparaît comme un parc solitaire :
Les mûres frondaisons commencent à brunir.
Et des massifs muets monte une odeur légère,
Cet arôme plus doux des fleurs qui vont mourir.
Anatole Le Braz
L'étang, les yeux voilés, rêve, plein de mystère,
Au fantôme ondoyant de quelque souvenir ;
Une langueur exquise a pénétré la terre,
Le temps même a plié son aile pour dormir.
Le ciel, plus imprécis, fait l'âme plus profonde.
On sent flotter en soi tout le passé du monde
Et, secoué soudain d'un grand frisson pieux,
L'on croit ouïr au loin des rumeurs sibyllines,
Tandis que, dans la pourpre ardente des collines.
Semble saigner encor le sang des anciens dieux.
Anatole Le Braz
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Messe noire
Messe noire |
Dans la nuit noire, recourbée en nef d'église,
S'inscrivent, par instants, des pâleurs de vitraux
Qu'une clarté de lune intermittente irise :
Un vent religieux frissonne sur les eaux.
Au large de l'Ar-Men solitaire, agonise
L'âme, lente à sombrer, des soirs occidentaux.
Un deuil plane sur les maisons de pierre grise ;
Les orgues de la mer roulent des lamentos.
C'est la messe du Raz, l'office de Ténèbres
Les phares angoissants clignent leurs yeux funèbres,
De tout l'espace monte un sourd Miserere ...
Quelqu'un d'ivre, qui dort le front sur une épave,
Tressaille et, rajustant les pans de son ciré,
Se signe, sans savoir pourquoi, d'un geste grave...
Et, sans savoir sur quoi, moi-même j'ai pleuré.
Anatole Le Braz
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Lever d'aube
Lever d'aube |
S'efface à pas discrets la nuit
Voici poindre la clarté neuve
De l'aube qui s'épanouit.
Elle promène sur les choses
Son beau regard silencieux
Et la mer se jonche de roses
Sous la caresse de ses yeux.
Pour son adorable venue
Le désert du ciel s'est paré...
Salut, déesse chaste et nue,
Fille de l'Orient sacré !
Et soudain tout vit. Les nuages
Tendent leurs voiles au vent frais ;
L'allègre chanson des voyages
Se réveille dans leurs agrès.
Et la pensée au coeur de flamme,
Soeur pure de l'aube qui luit,
Erige, comme elle, dans l'âme
Son front clair, vainqueur de la nuit.
Anatole Le Braz
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Le Pâtre de la nuit
Le Pâtre de la nuit |
Mais, chaque soir, à l'heure où le soleil baissait,
Sur le Roc-Trévézel on le voyait paraître,
Debout, dans l'attitude immobile d'un prêtre
En oraison devant l'Esprit de ce haut-lieu...
Le couchant s'éteignait dans le firmament bleu
Et les ombres des monts, en nappes déroulées
Du front chauve des cairns au sein vert des vallées,
S'épandaient comme un fleuve aux larges eaux, sans bruit
Que buvait cette mer de ténèbres - la nuit.
---
Alors, tandis qu'épars sur les gazons des pentes
Erraient les boucs lascifs et les chèvres grimpantes,
Lui, l'homme, il entonnait, pour se sentir moins seul,
Quelque chant qu'un aïeul apprit à son aïeul.
L'air en était si pur, si fervent et si tendre
Que les tourbiers du Yeun s'attardaient à l'entendre,
Heureux de respirer dans l'espace muet
Le peu de songe humain qu'il y perpétuait.
---
Or, un soir, la complainte à peine commencée
Suspendit tout d'un coup son vol, l'aile cassée
Un silence panique enveloppa les cieux ;
Ressaisis par la peur primitive, anxieux
De cet abîme noir, sans vie et sans haleine,
Ce fut en vain que les chemineurs de la plaine
Réclamèrent aux monts les accents du chanteur.
Il se tenait toujours debout sur la hauteur,
Mais l'âme indifférente aux êtres comme aux choses.
Et sa voix gisait morte entre ses lèvres closes.
---
On raconta plus tard que, rêveur éveillé,
La nuit, ô pâtre élu, t'avait émerveillé
En laissant à tes yeux choir ses ultimes voiles...
Tu fus celui qui, le premier, vit les étoiles
Décrocher des arceaux du ciel leurs lampes d'or
Et dans l'éther béant monter, monter encor,
Sans fin, - tel un cortège innombrable de vierges
Allant à quelque autel d'en-haut vouer leurs cierges
Par delà des azurs insoupçonnés d'en bas.
Une immense harmonie accompagnait leurs pas,
Selon les lois d'un rythme inconnu de la terre...
Ainsi te fut, dit-on, révélé le mystère
Dont nul autre avant toi n'avait été troublé :
Le vide universel s'était soudain peuplé,
Les mondes en chantant traversaient l'étendue.
Et, devant leur chanson, la tienne s'était tue.
Anatole Le Braz
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La lépreuse
La lépreuse |
Pour aller, aux champs, paître ses brebis,
Avec sa croix d'or qu'a bénite un prêtre,
Monna Keryvel met ses beaux habits.
Un doux cavalier s'en vient d'aventure
Il a " bonjouré " Monna Keryvel ;
C'est un fils de noble, à voir sa monture,
Et son parler fin sent l'odeur de miel.
Monna Keryvel n'a su que répondre
Au doux cavalier qui la bonjoura ;
Mais son joli coeur s'est mis à se fondre,
Monna Keryvel demain pleurera.
Anatole Le Braz
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Couchant d'août
Couchant d'août |
Voici venir vers nous le soir aux yeux de cendre,
Clairs encor d'un reflet de la braise du jour
Dans le couchant d'août, ma mie, allons l'attendre,
Parmi l'or pâlissant de notre été d'amour.
Nous lui dirons : « Sois pur, soir pacifique et tendre,
Fraîcheur des champs brûlés, repos des membres lourds,
Oh ! ne te hâte point, soir béni, de descendre
Vers les grands pays d'ombre oh doit finir ton cours !
Laisse-nous savourer ton délice éphémère,
Passant sacré, porteur de l'urne balsamaire
D'où s'épand sur le monde un miel immense et doux.
Nos fronts que le soleil a brunis de son hâle
Déjà penchent... Du moins, prolonge un peu sur nous
Le mystique frisson de l'heure occidentale.
Et nous t'adorerons, ô soir, à deux genoux. »
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Coiffe Trégorroise
Coiffe Trégorroise |
Tu m'évoques ma mère, ô coiffe du Trégor,
Et, dans ta conque frêle avec art ciselée,
C'est toute la chanson de mon passé qui dort.
Comme tu palpitais, pudique, à la veillée,
Sur quelque nuque mince aux chastes frisons d'or !
De ton charme, longtemps, j'eus l'âme ensorcelée
Et, d'y songer ce soir, mon coeur tressaille encor.
Coiffe de mon pays, aucun ruban profane
Jamais n'a déparé ta grâce diaphane :
Ton élégance est toute en ta simplicité.
Les filles du Trégor t'ont faite à leur image :
Aussi frais que ton lin sans tache est leur visage,
Aussi vierge de tout mensonge leur beauté.
Anatole Le Braz
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Date d'inscription : 18/02/2010
Nocturne
Nocturne |
Le ciel s'éteint, tout va dormir
Je songe à des choses passées ;
C'est à la fois peine et plaisir.
La veilleuse du souvenir
S'allume au fond de mes pensées.
J'entends des pas, j'entends des voix,
Des pas furtifs, des voix lointaines
C'est peine et plaisir à la fois.
On dirait le frisson des bois
Sur le coeur tremblant des fontaines.
Des formes traversent la nuit,
Formes noires et formes blanches...
Où vont-ils et qui les conduit,
Ces passants qui passent sans bruit,
Comme la lune entre les branches ?
Le vent d'une ombre m'a frôlé...
Fantôme d'enfant ou de femme ?
Sur la veilleuse il a soufflé
Quelque chose d'inconsolé
S'est mis à pleurer dans mon âme.
Anatole Le Braz
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
L'éternelle histoire
L'éternelle histoire |
En train de coucher les petits ;
Et, sur le dos mouvant des lames,
A la brune, ils étaient partis.
Ils étaient partis, à mer haute,
Pour conquérir le pain amer
Qu'il faut gagner loin de la côte,
Au péril de la haute mer.
Dans la nuit, la nuit sans étoiles,
Ils disparurent... A Dieu vat !
Le Guilvinec pleure cinq voiles,
Et cinq autres Leskiagat.
Pêle-mêle, mousses imberbes,
Patrons chenus, fiers matelots
Roulent, fauchés comme des herbes
Par le vent, ce faucheur des flots.
Oh ! la triste chanson d'automne,
Et qu'il fera froid, cet hiver,
Dans le coeur dolent des Bretonnes,
Veuves tragiques de la mer !
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Dédicaces pour la "Chanson de la Bretagne"
Dédicaces pour la "Chanson de la Bretagne" |
Un soir que vous rêviez assise au bord des grèves
Vint s'étendre à vos pieds un harpeur de Quimper.
Les rêves qu'il chantait ressemblaient à vos rêves
Comme le bruit des pins aux rumeurs de la mer.
Il disait la beauté de la terre océane,
Son sortilège lent, délicat et secret,
Et c'était votre charme, ô soeur de Viviane,
Qu'en chantant son pays le harpeur célébrait.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Thrène
Thrène |
Par les marches de l'étendue,
Rouges encor d'un sang vermeil,
La nuit pieuse est descendue
Pour ensevelir le soleil.
De ses mains ferventes et pures,
Elle a couché l'astre vital
Dans les somptueuses guipures
Du grand linceul occidental,
Et voici qu'au gouffre atlantique
Où le mort splendide a sombré
L'Océan roule son cantique,
Son immense Dies irae.
Les étoiles, une par une,
Piquent leurs cierges dans le ciel
Et, blanche Antigone, la lune
S'incline au tombeau fraternel.
Sur sa tristesse sidérale
Flottent, en crêpes d'argent clair,
Des pans de brume d'où s'exhale
Comme un goût de larmes dans l'air...
---
O lune, immortelle pleureuse,
A ton deuil cosmique, ce soir,
Permets qu'une âme douloureuse
Mêle son humble désespoir.
Laisse-moi croire, pour une heure,
Que tu l'as peut-être entendu,
Mon cri d'atome humain qui pleure
L'être unique à jamais perdu.
Que de fois, que de fois, ô lune,
Nous avons, Elle et moi, peureux,
En ce même repli de dune,
Tremblé du crime d'être heureux !
Que de fois, sur ces mêmes sables,
Nous avons frissonné soudain
De sentir nos coeurs périssables
Frôlés par l'aile du destin !
Alors vers toi notre prière
Montait ; et ton regard en nous
Distillait, avec sa lumière,
Son dictame apaisant et doux.
---
O lune qui nous fus amie
En ces temps, hélas ! révolus,
La vie en qui j'avais ma vie,
Celle qui m'était tout n'est plus.
Coeur solitaire, corps sans âme,
Réduit à regretter sans fin
Ce qu'une tendresse de femme
Peut contenir de plus divin,
Je viens m'enivrer de ma peine,
Aux lieux qu'entre tous Elle élut,
Et leur offrir ma plainte vaine
Comme un tiste et dernier salut.
---
A Beg-Meil, par un soir d'automne,
Fut composé ce thrène amer
Le long de la grève bretonne
Où, de Vorlenn à Toul-ar-Stêr,
Sonne le sanglot de la mer.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
A un maître inconnu
A un maître inconnu |
En un vieux collège aux livres moisis,
S'en vint jusqu'à moi, s'en vint une page
D'un recueil tout frais de « Morceaux choisis ».
Comme l'eau d'avril au creux des fontaines,
Ainsi le printemps riait dans ces vers.
Je lus - et je vis, aux brumes lointaines,
S'ouvrir les yeux neufs d'un autre univers.
Je n'étais plus seul dans ma solitude :
Un soleil ami, voilé de langueur,
Dorait les bancs noirs de la sombre étude
Et de sa tendresse inondait mon coeur.
Oh ! les beaux vers francs, et de quelle flamme,
Intimes et chauds, comme le foyer!...
Leur chant vous entrait si profond dans l'âme
Qu'en les récitant on croyait prier.
De qui étaient-ils ? Je l'ai su peut-être,
Mais je t'en demande humblement pardon :
O maître inconnu qui fus mon vrai maître,
L'enfant que j'étais oublia ton nom.
En devenant homme, il oublia même
Le rythme des mots qui l'avaient charmé...
Mais l'accent secret, le son du poème,
Je l'entends toujours, comme sublimé.
A sa caressante et souple musique
Si vieilli soit-il, mon coeur fond encor,
Et je bénis l'heure où ta main magique
Suspendit en moi ce théorbe d'or.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
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