HISTOIRE DU HAÏKU
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HISTOIRE DU HAÏKU
Ippekiro Nakatsuka (1887 ~ 1946)
À l'époque de Meiji (1868 ~ 1912) et à celle de Taisho (1912 ~1926), beaucoup d'écrivains ont essayé d'introduire la langue parlée dans le style littéraire classique, lequel était de niveau relevé et très éloigné de la langue de tous les jours, et n'était pas propre à exprimer des idées modernes. D'où la nécessité d'unification.
Le haïku était si étroitement lié au style littéraire classique que des poètes pensaient qu'il était impossible d'y introduire le style parlé. Les 5 ou 7 syllabes qui construisaient chaque partie d'un haïku étaient intimement liés au style classique; dans la langue parlée, chaque partie a tendance à s'étendre jusqu'à 6 ou 8 syllabes.
Ippekiro Nakatsuka s'est révolté contre cette idée générale et il a introduit le style parlé dans le haïku. Ses haïkus se sont libérés de la rigidité des 17 syllabes et il a fondé "le haïku de forme libre".
Il a également rejeté l'utilisation du kigo (mot de saison), et il a mis en doute le fonctionnement habituel des revues de haïku dans lequel le maître exerçait un fort pouvoir, et il a conseillé aux haïkistes de développer leur style personnel.
Aujourd'hui, tout le monde s'étonnera de la nouveauté des haïkus d'Ippekiro; ils ne se sont ni mystérieux ni prétentieux et ils ont réussi à présenter la compréhension nette de l'essence des choses et des faits dans un style laconique. Ses haïkus ne sont pas de forme fixe. Ils reproduisent l'esprit humain qui oscille comme la flamme d'une bougie dans ses phrases flexibles.
À l'époque de Meiji (1868 ~ 1912) et à celle de Taisho (1912 ~1926), beaucoup d'écrivains ont essayé d'introduire la langue parlée dans le style littéraire classique, lequel était de niveau relevé et très éloigné de la langue de tous les jours, et n'était pas propre à exprimer des idées modernes. D'où la nécessité d'unification.
Le haïku était si étroitement lié au style littéraire classique que des poètes pensaient qu'il était impossible d'y introduire le style parlé. Les 5 ou 7 syllabes qui construisaient chaque partie d'un haïku étaient intimement liés au style classique; dans la langue parlée, chaque partie a tendance à s'étendre jusqu'à 6 ou 8 syllabes.
Ippekiro Nakatsuka s'est révolté contre cette idée générale et il a introduit le style parlé dans le haïku. Ses haïkus se sont libérés de la rigidité des 17 syllabes et il a fondé "le haïku de forme libre".
Il a également rejeté l'utilisation du kigo (mot de saison), et il a mis en doute le fonctionnement habituel des revues de haïku dans lequel le maître exerçait un fort pouvoir, et il a conseillé aux haïkistes de développer leur style personnel.
Aujourd'hui, tout le monde s'étonnera de la nouveauté des haïkus d'Ippekiro; ils ne se sont ni mystérieux ni prétentieux et ils ont réussi à présenter la compréhension nette de l'essence des choses et des faits dans un style laconique. Ses haïkus ne sont pas de forme fixe. Ils reproduisent l'esprit humain qui oscille comme la flamme d'une bougie dans ses phrases flexibles.
L'image de moi
Sortie du miroir
Est venu à l'exposition de chrysanthèmes.
Ah, ma main glisse sur le hibachi blanc,
Ah, mon pays.
*hibachi: brasero de faïence utilisé à l'intérieur.
La nourrice
S'est arrêtée au seau de tripangs
Et elle est repartie.
Un chien avec le flanc long est triste.
Des colzas ont fleuri.
Murmures derrière la charrette de foin.
Voilà un jour d'été.
Que je sois avec ma mère habillée légèrement
À la fenêtre du matin.
La grange est blanche
Elle abrite tout le millet moissonné.
Un bébé est venu au monde
Portant des cheveux.
Aube.
Au champ
Des épis de riz de montagne se pressent,
Des colocases aussi
Laissent pendre leurs grosses feuilles.
C'est un vrai taudis
Recevoir un visiteur
Sous le soleil brûlant.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Sekitei Hara
(1889 ~ 1951)
La revue de haïku Hototogisu, dirigée par Kyoshi Takahama, a publié beaucoup de haïkistes brillants.
La première vague, à l'époque de Taisho, se composait des poètes tel que Kijo Murakami (1865 ~ 1938), Suiha Watanabe (1882 ~ 1946), Fura Maeda (1884 ~ 1954), Dakotsu Iida (1885 ~ 1962), Sekitei Hara, etc. Ces poètes se désignaient sous le nom de "poètes du Hototogisu Taisho".
La caractéristique de leurs poèmes est de décrire la nature et d'exprimer l'adoration pour l'être éternel et mystérieux, dans un style classique au ton soutenu. Et leurs thèmes sont les grands paysages (montagne, vallée, mer, le ciel) ou la vie des hommes dans la grande nature.
Je présente des poèmes de Sekitei Hara. Il a habité à Yoshino de l'Est, village au fond d'une montagne. Il a décrit la nature rigoureuse et il a réussi à exprimer la beauté aiguë, ce qui a donné un choc au monde du haïku.
La revue de haïku Hototogisu, dirigée par Kyoshi Takahama, a publié beaucoup de haïkistes brillants.
La première vague, à l'époque de Taisho, se composait des poètes tel que Kijo Murakami (1865 ~ 1938), Suiha Watanabe (1882 ~ 1946), Fura Maeda (1884 ~ 1954), Dakotsu Iida (1885 ~ 1962), Sekitei Hara, etc. Ces poètes se désignaient sous le nom de "poètes du Hototogisu Taisho".
La caractéristique de leurs poèmes est de décrire la nature et d'exprimer l'adoration pour l'être éternel et mystérieux, dans un style classique au ton soutenu. Et leurs thèmes sont les grands paysages (montagne, vallée, mer, le ciel) ou la vie des hommes dans la grande nature.
Je présente des poèmes de Sekitei Hara. Il a habité à Yoshino de l'Est, village au fond d'une montagne. Il a décrit la nature rigoureuse et il a réussi à exprimer la beauté aiguë, ce qui a donné un choc au monde du haïku.
Sommet d'une éminence.
Les nogikus se balancent le plus largement
Dans le vent.
*nogiku: petit chrysanthème sauvage, marguerite d'automne
Arbre collant
Fendu avec une hache.
Voix d'une pie-grièche.
Pétards qui étonnent les animaux.
Des ombres de montagnes coulent
À la surface des gués.
La lune
Au-dessus de la montagne enneigée
A fait tomber des grésils.
Un sarment de maranta
Touche la joue d'un bûcheron.
Amoncellement de nuages.
Le couleur vert détaché de la montagne
Suit le mouvement de la truite prise.
Dans sa solitude
Il bat encore le gong
Le gardien de kabiya.
*kabiya: cabane dans laquelle on fait du kabi (feu pour effrayer des animaux nuisibles comme les cerfs et les sangliers) en automne.
Les mains de la femme existent
Pour vider des seiches de printemps.
Le vent d'automne.
Deux assiettes
Dont les motifs diffèrent.
L'espace a fait bourdonner
Les ailes fines de la libellule.
Écrit par
Ryu Yotsuya
Ryu Yotsuya
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
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Hisajo Sugita
(1890 ~ 1946)
Directeur de Hototogisu, Kyoshi Takahama a eu l'intention de propager le haïku auprès des femmes. Il a institué la section "les chansons de la cuisine" où étaient publiés des haïkus de femmes; y ont été publiés d'excellentes poètes, telles Kanajo Hasegawa (1887 ~ 1969) et Midorijo Abe (1886 ~ 1980).
Parmi d'autres poètes féminins, Hisajo Sugita a fait preuve de talent et elle a exploité de nouvelles possibilités.
Une des caractéristiques des poètes du Hototogisu Taisho est la technique de créer une pseudo-perspective en combinant l'arrière-plan et le premier plan.
Ces haïkus sont composés ainsi:
Je pense que, dans ces haïkus, le regards des poètes est posé sur les arrière-plans. Ils ont eu l'intention de présenter l'image imposante des montagnes ou de la profondeur de la vallée. Les premiers plans comme "Rosée sur une feuille de colocase" et "un papillon", ont des rôles secondaires et ornent les arrière-plans en faisant de belles harmonies, comme des fleurs qui ornent un autel.
Mais dans les haïkus de Hisajo, quand coexistent l'arrière-plan et le premier plan, chaque élément essaie d'exister par lui-même, l'un ne servant jamais de repoussoir à l'autre.
Dans ce haïku, Shinano (ancien nom de la préfecture de Nagano - nom désignant une vaste région), et fleurs d'hortensia, dans le premier plan, sont combinés. Shinano est un nom qui évoque l'histoire; les hortensias sont en pleine floraison; ces deux éléments revendiquent leur autonomie, comme dans un drame où apparaissent deux protagonistes.
Les haïkus de Hisajo donnent l'impression d'être composés de lumière et de lumière, et non de lumière et d'obscurité. Ils obligent une lecture attentive de tous les détails.
Hisajo, atteinte de démence vers la fin de sa vie, est morte sans être acceptée dans le monde du haïku. Shuoshi Mizuhara (1892 ~ 1981) s'est servi de sa méthode toute nouvelle pour créer une tension dans un haïku; on peut donc considérer les oeuvres de Hisajo comme étant une des sources du haïku contemporain.
Directeur de Hototogisu, Kyoshi Takahama a eu l'intention de propager le haïku auprès des femmes. Il a institué la section "les chansons de la cuisine" où étaient publiés des haïkus de femmes; y ont été publiés d'excellentes poètes, telles Kanajo Hasegawa (1887 ~ 1969) et Midorijo Abe (1886 ~ 1980).
Parmi d'autres poètes féminins, Hisajo Sugita a fait preuve de talent et elle a exploité de nouvelles possibilités.
Une des caractéristiques des poètes du Hototogisu Taisho est la technique de créer une pseudo-perspective en combinant l'arrière-plan et le premier plan.
Rosée sur une feuille de colocase.
Les montagnes redressent
Leurs ombres.
Dakotsu Iida
Profondeur de la vallée
Comme un papillon passe haut!
Sekitei Hara
Ces haïkus sont composés ainsi:
"Les ombres des montagnes" (arrière-plan) + "Rosée sur une feuille de colocase" (premier plan)
"Profondeur de la vallée" (arrière-plan) + "Un papillon" (premier plan)
Je pense que, dans ces haïkus, le regards des poètes est posé sur les arrière-plans. Ils ont eu l'intention de présenter l'image imposante des montagnes ou de la profondeur de la vallée. Les premiers plans comme "Rosée sur une feuille de colocase" et "un papillon", ont des rôles secondaires et ornent les arrière-plans en faisant de belles harmonies, comme des fleurs qui ornent un autel.
Mais dans les haïkus de Hisajo, quand coexistent l'arrière-plan et le premier plan, chaque élément essaie d'exister par lui-même, l'un ne servant jamais de repoussoir à l'autre.
L'air frais d'automne
Arrive aux fleurs d'hortensia.
Pays de Shinano.
Hisajo
Dans ce haïku, Shinano (ancien nom de la préfecture de Nagano - nom désignant une vaste région), et fleurs d'hortensia, dans le premier plan, sont combinés. Shinano est un nom qui évoque l'histoire; les hortensias sont en pleine floraison; ces deux éléments revendiquent leur autonomie, comme dans un drame où apparaissent deux protagonistes.
Les haïkus de Hisajo donnent l'impression d'être composés de lumière et de lumière, et non de lumière et d'obscurité. Ils obligent une lecture attentive de tous les détails.
Hisajo, atteinte de démence vers la fin de sa vie, est morte sans être acceptée dans le monde du haïku. Shuoshi Mizuhara (1892 ~ 1981) s'est servi de sa méthode toute nouvelle pour créer une tension dans un haïku; on peut donc considérer les oeuvres de Hisajo comme étant une des sources du haïku contemporain.
Enlever l'habit hana-goromo.
Ses tresses variées s'enroulent
Autour du corps.
*hana-goromo: en avril, les japonais se promènent au jardin ou au temple pour admirer des fleurs de cerisier (aller au hana-mi). Les femmes mettent alors le hana-goromo, beau kimono pour le hana-mi.
Je coupe de la soie.
Des tiges de millets ondulent et s'entrelacent
À la fenêtre.
La fleur d'yugao
À demi-ouverte
Avec des plis profonds.
*yugao: au Japon, on aime ces fleurs
asagao (visage du matin), volubilis
hirugao (visage de la journée), belle-de-jour
yugao (visage du soir), gourde à fleur nocturne
Fleurs de volubilis.
Le ciel au-dessus de ce quartier
Commence à s'ennuager.
Les pétales de chrysanthème
Se cambrent dans leur blancheur
Au-dessous de la lune.
Au jour de chrysanthème
Je secoue et peigne mes cheveux mouillées
Des gouttes se laissent tomber.
Dans le courant de la marée du printemps
Une touffe d'algues passe
Telle une flèche.
Plié un éventail d'automne est inséré
Dans l'obi dure comme une planche.
*obi: ceinture japonaise. L'obi du kimono d'une femme est large et dure.
Echos de voix d'un hototogisu.
Ils dominent la montagne à volonté.
Quand on se penche au-dessus d'une barque
Et cueille des châtaignes d'eau,
Le marais sent comme s'il bouillait.
Écrit par
Ryu Yotsuya
Ryu Yotsuya
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Suju Takano
(1893 ~ 1976)
Les poètes du Hototogisu Taisho avaient produit beaucoup de chefs-d'oeuvre en recourant à l'imagination romantique et aux mots emphatiques, mais cette tendance allant à l'excès, des haïkus poursuivant un effet extérieur sont devenus à la mode.
Au commencement de l'époque de Showa (1926 ~ 1989), les haïkus de l'école Hototogisu ont prit une nouvelle direction; Kyoshi Takahama, pour modérer cet excès, a commencé à prôner la nécessité du "shasei" (description d'après nature), ce qui signifiait un retour à la conception de Shiki Masaoka. Il soutenait que les haïkus qui ne se basent pas sur l'observation exacte et sur la description précise ne touchent pas les lecteurs. Il a inventé l'expression "kyakkan shasei" (description objective d'après nature) et en a fait un principe d'écriture.
C'est en suivant cette nouvelle direction qu'ont débuté des poètes comme Shuoshi Mizuhara (1892 ~ 1981), Suju Takano, Seiho Awano (1899 ~ 1992), Seishi Yamaguchi (1901 ~ 1994), Kusatao Nakamura (1901 ~ 1983). Chaque poète a su se créer un style personnel tout en s'appropriant le "kyakkan shasei". Je présente ici Suju Takano, qui a laissé les poèmes les plus remarquables.
Une caractéristique importante de ses haïkus est la description des premiers plans. Souvent, ses haïkus contiennent seulement des choses immédiatement sous les yeux. Cette méthode constitue un vif contraste avec celle des poètes du Hototogisu Taisho qui avaient l'intention de décrire surtout l'arrière-plan. (Voir l'article de Hisajo Sugita)
Shuoshi Mizuhara, s'opposant à Suju, lui a vivement reproché ses descriptions des premiers plans qui, disait-il, n'étaient que de plats rapports scientifiques. Aujourd'hui, cette critique de Shuoshi ne me paraît pas juste. Si nous lisons attentivement les haïkus de Suju, nous nous apercevons qu'il a une manière unique de décrire l'espace dans des expressions qui paraissent, à première vue, de simples explications de paysage.
Presque tous les haïkistes considèrent les oeuvres de Suju comme étant le résultat du "kyakkan shasei". Cependant il n'était pas un artiste réaliste au sens moderne. Il respectait les nuances symboliques que les mots, surtout les kigos, renferment. Il a adopté l'attitude créatrice de projeter des images de choses sur l'écran des nuances des mots.
Par conséquent, même s'il y a des descriptions des premiers plans, les haïkus de Suju ne les mettent pas fortement en relief; ils donnent l'impression que le poète a porté son regard tout au loin et qu'il a vu l'"ici" avec calme.
Au contraire, Kusatao Nakamura, contemporain de Suju, était un véritable réaliste; il aimait arracher les nuances traditionnelles des mots.
L'oeuvre de Suju, qui utilisait au maximum la fonction symbolique de la langue japonaise, est un des plus éminents poètes de l'école Hototogisu.
Les poètes du Hototogisu Taisho avaient produit beaucoup de chefs-d'oeuvre en recourant à l'imagination romantique et aux mots emphatiques, mais cette tendance allant à l'excès, des haïkus poursuivant un effet extérieur sont devenus à la mode.
Au commencement de l'époque de Showa (1926 ~ 1989), les haïkus de l'école Hototogisu ont prit une nouvelle direction; Kyoshi Takahama, pour modérer cet excès, a commencé à prôner la nécessité du "shasei" (description d'après nature), ce qui signifiait un retour à la conception de Shiki Masaoka. Il soutenait que les haïkus qui ne se basent pas sur l'observation exacte et sur la description précise ne touchent pas les lecteurs. Il a inventé l'expression "kyakkan shasei" (description objective d'après nature) et en a fait un principe d'écriture.
C'est en suivant cette nouvelle direction qu'ont débuté des poètes comme Shuoshi Mizuhara (1892 ~ 1981), Suju Takano, Seiho Awano (1899 ~ 1992), Seishi Yamaguchi (1901 ~ 1994), Kusatao Nakamura (1901 ~ 1983). Chaque poète a su se créer un style personnel tout en s'appropriant le "kyakkan shasei". Je présente ici Suju Takano, qui a laissé les poèmes les plus remarquables.
Une caractéristique importante de ses haïkus est la description des premiers plans. Souvent, ses haïkus contiennent seulement des choses immédiatement sous les yeux. Cette méthode constitue un vif contraste avec celle des poètes du Hototogisu Taisho qui avaient l'intention de décrire surtout l'arrière-plan. (Voir l'article de Hisajo Sugita)
Shuoshi Mizuhara, s'opposant à Suju, lui a vivement reproché ses descriptions des premiers plans qui, disait-il, n'étaient que de plats rapports scientifiques. Aujourd'hui, cette critique de Shuoshi ne me paraît pas juste. Si nous lisons attentivement les haïkus de Suju, nous nous apercevons qu'il a une manière unique de décrire l'espace dans des expressions qui paraissent, à première vue, de simples explications de paysage.
Presque tous les haïkistes considèrent les oeuvres de Suju comme étant le résultat du "kyakkan shasei". Cependant il n'était pas un artiste réaliste au sens moderne. Il respectait les nuances symboliques que les mots, surtout les kigos, renferment. Il a adopté l'attitude créatrice de projeter des images de choses sur l'écran des nuances des mots.
Par conséquent, même s'il y a des descriptions des premiers plans, les haïkus de Suju ne les mettent pas fortement en relief; ils donnent l'impression que le poète a porté son regard tout au loin et qu'il a vu l'"ici" avec calme.
Au contraire, Kusatao Nakamura, contemporain de Suju, était un véritable réaliste; il aimait arracher les nuances traditionnelles des mots.
L'oeuvre de Suju, qui utilisait au maximum la fonction symbolique de la langue japonaise, est un des plus éminents poètes de l'école Hototogisu.
Fourmis-lions.
On n'entend que le vent
Souffler dans les pins.
Germe de plantain,
Trois feuilles
De différentes grosseurs.
Une ligne d'intervalle
De germes de réglisse.
Face à la colline d'été
On marche
Dans le jardin.
De la neige du printemps
Comme des vagues
Franchit la clôture.
Des grêlons du soir
Battent des rameaux.
Et leur blanche.
Cette pêche est vert.
Mais elle tient un peu de rouge.
Un fil d'araignée
Se tend
Devant un lis.
Séparément
S'envolent là-bas
Des corbeaux au nouvel an.
Des bulles sous la glace mince s'unissent.
Une de ses plaques bouge un peu.
Écrit par
Ryu Yotsuya
Ryu Yotsuya
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Kakio Tomizawa
(1902 ~ 1962)
Shuoshi Mizuhara, membre influent de la revue Hototogisu, l'a quittée en 1931, en réaction contre Suju Takano et Kyoshi Takahama, leur maître qui défendait la méthode de Suju. Shuoshi a pensé que le dogme du "kyakkan shasei" (description objective d'après nature) encourageait les haïkus plats qui décrivaient uniformément des choses, et il a soutenu que le haïku devait exprimer la beauté bien achevée.
L'indépendance de Shuoshi a donné un grand choc au monde du haïku que Kyoshi avait dominé. Les jeunes poètes, stimulés par cet événement, ont initié un mouvement novateur plus radical, nommé "Shinko Haïku" (jeune et nouveau haïku). Shuoshi n'a accordé aucune valeur au haïku sans kigo (mot de saison), et il a cherché ses thème dans la nature et dans la vie dans la nature. Les jeunes poètes du Shinko Haïku ont refusé la règle du kigo et ils ont cherché à moderniser le haïku en prenant la littérature occidentale comme modèle. Plusieurs d'entre eux ont eu de la sympathie pour le socialisme ou pour le dadaïsme.
Les principaux poètes du Shinko Haïku sont Sanki Saito (1900 ~ 1962), Kakio Tomizawa, Hosaku Shinohara (1905 ~ 1936), Soshu Takaya (1910 ~ ), et Hakusen Watanabe (1913 ~ 1969).
Kakio Tomizawa a subi l'influence des poèmes des symbolistes, et il a essayé d'exprimer le spleen des modernes en introduisant, de manière occidentale, l'abstraction, la métaphore, et l'analogie.
Aujourd'hui, les avis sur Kakio sont encore partagés. Ce sont surtout les poètes traditionnels qui nient fortement la valeur du Shinko Haïku, y incluant Kakio.
Il y a deux sortes de reproches faits à Kakio. L'un est au sujet de sa technique: "Le haïku est la forme poétique la plus courte du monde, donc il ne peut transmettre que peu de choses. L'essentiel du haïku, c'est l'allusion à la vaste espace avec un peu de mots, non l'expressionnisme. C'est pourquoi les poètes ont eu soin de faire des descriptions simples, laissant une place à l'imagination des lecteurs. La manière de Kakio pour attirer les lecteurs, en maniant la métaphore, diminue leur liberté d'imagination et affaiblit le haïku." Ce reproche vient principalement des poètes traditionalistes.
Mais il me semble que cette sorte de reproche ne considèrent qu'un seul aspect de la technique de Kakio. Avant Kakio, seules les descriptions simples étaient utilisées. Il y avait alors une base culturelles soutenant cette simplicité; il restait beaucoup de coutumes et les japonais avaient en commun des jugements de valeur et un sens esthétique, fixes et inébranlables; donc, les descriptions simples évoquaient le même plaisirs chez les lecteurs japonais.
À mesure que l'internationalisation et le développement de la modernisation se sont accélérées, il est devenu difficile de partager les mêmes valeurs, même entre les japonais. Quant au haïku, il est devenu nécessaire de renforcer la transmission en adoptant des expressions exagérées.
L'autre reproche est celui de sa conception de l'homme. Les poètes du Shinko Haïku rejetaient la culture conventionnelle du Japon et ils éprouvaient de la répulsion pour cette société dans laquelle la naissance, la parenté, et l'autorité des vieux étaient plus respectées que la qualité de l'individu. Ils rêvaient de valeurs libérales et acceptaient l'idée de l'individualisme occidental. Ils considéraient que société et individu s'opposaient, et ils pensaient qu'un auteur devait avoir un point de vue de individualiste face à la société.
Après la guerre, en pénétrant le traditionalisme de la mentalité japonaise qui aimait l'autorité malgré la douloureuse expérience de la défaite, Kakio a exprimé, comme individu, le désespoir de l'humanité.
Pourtant les valeurs même qui mettent l'humain au centre de l'univers, l'idée qu'un individu a autant de droits que la société, sont aujourd'hui doutées. Peut-on dire qu'un individu vaut mieux qu'un rat? Si on pouvait admettre sans ironie qu'il n'y a aucun différence entre un homme et un rat, une nouvelle conception de l'homme naîtrait; si l'individu n'avait plus conscience de ses droits, le désespoir de l'humanité disparaîtrait.
En partant de cette critique importante contre le Shinko Haïku, Koi Nagata, Seito Hirahata (1905 ~ 1997), et d'autres poètes ont fondé le mouvement "Kongen Haïku" (haïku cherchant l'origine de l'existence).
Les avis sur Kakio sont variés, mais beaucoup de haïkistes contemporains ont adopté sa méthode. Je crois que son activité de pionnier ne sera jamais mise en doute.
Shuoshi Mizuhara, membre influent de la revue Hototogisu, l'a quittée en 1931, en réaction contre Suju Takano et Kyoshi Takahama, leur maître qui défendait la méthode de Suju. Shuoshi a pensé que le dogme du "kyakkan shasei" (description objective d'après nature) encourageait les haïkus plats qui décrivaient uniformément des choses, et il a soutenu que le haïku devait exprimer la beauté bien achevée.
L'indépendance de Shuoshi a donné un grand choc au monde du haïku que Kyoshi avait dominé. Les jeunes poètes, stimulés par cet événement, ont initié un mouvement novateur plus radical, nommé "Shinko Haïku" (jeune et nouveau haïku). Shuoshi n'a accordé aucune valeur au haïku sans kigo (mot de saison), et il a cherché ses thème dans la nature et dans la vie dans la nature. Les jeunes poètes du Shinko Haïku ont refusé la règle du kigo et ils ont cherché à moderniser le haïku en prenant la littérature occidentale comme modèle. Plusieurs d'entre eux ont eu de la sympathie pour le socialisme ou pour le dadaïsme.
Les principaux poètes du Shinko Haïku sont Sanki Saito (1900 ~ 1962), Kakio Tomizawa, Hosaku Shinohara (1905 ~ 1936), Soshu Takaya (1910 ~ ), et Hakusen Watanabe (1913 ~ 1969).
Kakio Tomizawa a subi l'influence des poèmes des symbolistes, et il a essayé d'exprimer le spleen des modernes en introduisant, de manière occidentale, l'abstraction, la métaphore, et l'analogie.
Aujourd'hui, les avis sur Kakio sont encore partagés. Ce sont surtout les poètes traditionnels qui nient fortement la valeur du Shinko Haïku, y incluant Kakio.
Il y a deux sortes de reproches faits à Kakio. L'un est au sujet de sa technique: "Le haïku est la forme poétique la plus courte du monde, donc il ne peut transmettre que peu de choses. L'essentiel du haïku, c'est l'allusion à la vaste espace avec un peu de mots, non l'expressionnisme. C'est pourquoi les poètes ont eu soin de faire des descriptions simples, laissant une place à l'imagination des lecteurs. La manière de Kakio pour attirer les lecteurs, en maniant la métaphore, diminue leur liberté d'imagination et affaiblit le haïku." Ce reproche vient principalement des poètes traditionalistes.
Mais il me semble que cette sorte de reproche ne considèrent qu'un seul aspect de la technique de Kakio. Avant Kakio, seules les descriptions simples étaient utilisées. Il y avait alors une base culturelles soutenant cette simplicité; il restait beaucoup de coutumes et les japonais avaient en commun des jugements de valeur et un sens esthétique, fixes et inébranlables; donc, les descriptions simples évoquaient le même plaisirs chez les lecteurs japonais.
À mesure que l'internationalisation et le développement de la modernisation se sont accélérées, il est devenu difficile de partager les mêmes valeurs, même entre les japonais. Quant au haïku, il est devenu nécessaire de renforcer la transmission en adoptant des expressions exagérées.
L'autre reproche est celui de sa conception de l'homme. Les poètes du Shinko Haïku rejetaient la culture conventionnelle du Japon et ils éprouvaient de la répulsion pour cette société dans laquelle la naissance, la parenté, et l'autorité des vieux étaient plus respectées que la qualité de l'individu. Ils rêvaient de valeurs libérales et acceptaient l'idée de l'individualisme occidental. Ils considéraient que société et individu s'opposaient, et ils pensaient qu'un auteur devait avoir un point de vue de individualiste face à la société.
Après la guerre, en pénétrant le traditionalisme de la mentalité japonaise qui aimait l'autorité malgré la douloureuse expérience de la défaite, Kakio a exprimé, comme individu, le désespoir de l'humanité.
Pourtant les valeurs même qui mettent l'humain au centre de l'univers, l'idée qu'un individu a autant de droits que la société, sont aujourd'hui doutées. Peut-on dire qu'un individu vaut mieux qu'un rat? Si on pouvait admettre sans ironie qu'il n'y a aucun différence entre un homme et un rat, une nouvelle conception de l'homme naîtrait; si l'individu n'avait plus conscience de ses droits, le désespoir de l'humanité disparaîtrait.
En partant de cette critique importante contre le Shinko Haïku, Koi Nagata, Seito Hirahata (1905 ~ 1997), et d'autres poètes ont fondé le mouvement "Kongen Haïku" (haïku cherchant l'origine de l'existence).
Les avis sur Kakio sont variés, mais beaucoup de haïkistes contemporains ont adopté sa méthode. Je crois que son activité de pionnier ne sera jamais mise en doute.
Une grue
S'estompe dans le crépuscule
Et traîne ses ailes comme de la fumée.
Martin-pêcheur.
Là se dressent
D'humbles tombeaux blancs.
Des bruits secs de bottes
Continuent régulièrement
Près de cette lampe.
Il tombe une pluie de noix
Dans le remous de retentissement de canons.
Cage d'un léopard.
Pas une goutte d'eau
Ne reste dans le ciel.
Jour de pollen.
Les oiseaux n'ont pas de seins.
Ouvrant une fenêtre
Je chasse un taon.
Ondulation des champs.
Un papillon fait une chute.
Le temps de gel
Avec un grand retentissement.
Chaleur en automne.
Les taches du léopard
Paraissent visqueuses sous le soleil.
Rêve d'un papillon hivernal.
Une goutte de neige fondue
Dans le Karakoram.Écrit par
Ryu Yotsuya
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Date d'inscription : 18/02/2010
Koi Nagata
(1900 ~ 1997)
Même après la critique de Shiki Masaoka contre Basho Matsuo, le respect pour ce dernier n'a pas faibli. Au contraire, sa réputation s'est accrue, non seulement dans le monde du haïku, mais aussi dans toute la société japonaise, et il est même devenu le japonais le plus aimé dans le monde entier.
Toutefois, on peut douter que la compréhension de son oeuvre égale sa popularité. La preuve en est que des haïkus humoristiques et théâtraux comme ceux de Basho n'étaient pas à la mode à l'époque de Taisho (1912 ~ 1926) et ni à celle de Showa (1926 ~ 1989); des haïkus d'observation faisant grand cas des descriptions visuelles des choses, comme ceux de l'école Hototogisu, étaient plus estimés.
Il semble que la popularité de Basho vienne non de l'intérêt pour sa méthode, mais bien par sympathie morale. Eviter d'amasser de l'argent et choisir une vie d'honorable pauvreté, ne pas s'attacher à une demeure fixe et considérer la vie comme une suite de voyages, avoir des connaissances approfondies des ouvrages classiques et respecter les prédécesseurs: c'est une philosophie pour laquelle les gens éprouvent de la sympathie.
Koi Nagata a repris la méthode de Basho et il se méfiait de la conception de l'école Hototogisu. Il a attaqué la manière du Hototogisu sur l'économie des mots mettant de l'importance à la simplicité et de se fier à l'imagination des lecteurs, en disant que c'était une attitude trop décadente.
"Soumission à la destinée" était le principe de vie de Kyoshi Takahama. Il pensait que la mission du haïkiste était de continuer d'observer sa destinée avec calme. Koi aussi rendait hommage à la grandeur de la destinée et n'aimait pas l'attitude de lutter contre elle comme celle du Shinko Haïku. Cependant il a dit qu'on ne saurait pas la nature véritable de la destinée si on ne lui résistait pas au moins une fois.
Basho a joué des comédies variées en se faisant pierrot. Il a souligné l'absurdité de l'activité humaine et il a essayé de montrer la faiblesse des hommes et la grandeur de la Destinée. Koi aussi a insisté sur l'aspect comique des choses afin de réfléchir sur l'essence du monde.
L'école Hototogisu, dirigée par Kyoshi, a obtenu d'excellents résultats, mais sa méthode trop raffinée ne pouvait plus être un vase contenant l'âme humaine, confuse et vivant dans la société contemporaine qui change violemment. Koi Nagata a ébranlé l'esprit humain en utilisant des expressions extraordinaires, humoristiques, et étonnantes. Ceux qui lisent ses haïkus doivent penser et non seulement observer la vie.
La philosophie et la méthode de Koi ont gagné l'appuis enthousiaste des jeunes haïkistes ambitieux, des poètes partisans du vers libre, et des danseurs de Buto.
Même après la critique de Shiki Masaoka contre Basho Matsuo, le respect pour ce dernier n'a pas faibli. Au contraire, sa réputation s'est accrue, non seulement dans le monde du haïku, mais aussi dans toute la société japonaise, et il est même devenu le japonais le plus aimé dans le monde entier.
Toutefois, on peut douter que la compréhension de son oeuvre égale sa popularité. La preuve en est que des haïkus humoristiques et théâtraux comme ceux de Basho n'étaient pas à la mode à l'époque de Taisho (1912 ~ 1926) et ni à celle de Showa (1926 ~ 1989); des haïkus d'observation faisant grand cas des descriptions visuelles des choses, comme ceux de l'école Hototogisu, étaient plus estimés.
Il semble que la popularité de Basho vienne non de l'intérêt pour sa méthode, mais bien par sympathie morale. Eviter d'amasser de l'argent et choisir une vie d'honorable pauvreté, ne pas s'attacher à une demeure fixe et considérer la vie comme une suite de voyages, avoir des connaissances approfondies des ouvrages classiques et respecter les prédécesseurs: c'est une philosophie pour laquelle les gens éprouvent de la sympathie.
Koi Nagata a repris la méthode de Basho et il se méfiait de la conception de l'école Hototogisu. Il a attaqué la manière du Hototogisu sur l'économie des mots mettant de l'importance à la simplicité et de se fier à l'imagination des lecteurs, en disant que c'était une attitude trop décadente.
"Soumission à la destinée" était le principe de vie de Kyoshi Takahama. Il pensait que la mission du haïkiste était de continuer d'observer sa destinée avec calme. Koi aussi rendait hommage à la grandeur de la destinée et n'aimait pas l'attitude de lutter contre elle comme celle du Shinko Haïku. Cependant il a dit qu'on ne saurait pas la nature véritable de la destinée si on ne lui résistait pas au moins une fois.
Basho a joué des comédies variées en se faisant pierrot. Il a souligné l'absurdité de l'activité humaine et il a essayé de montrer la faiblesse des hommes et la grandeur de la Destinée. Koi aussi a insisté sur l'aspect comique des choses afin de réfléchir sur l'essence du monde.
L'école Hototogisu, dirigée par Kyoshi, a obtenu d'excellents résultats, mais sa méthode trop raffinée ne pouvait plus être un vase contenant l'âme humaine, confuse et vivant dans la société contemporaine qui change violemment. Koi Nagata a ébranlé l'esprit humain en utilisant des expressions extraordinaires, humoristiques, et étonnantes. Ceux qui lisent ses haïkus doivent penser et non seulement observer la vie.
La philosophie et la méthode de Koi ont gagné l'appuis enthousiaste des jeunes haïkistes ambitieux, des poètes partisans du vers libre, et des danseurs de Buto.
Fleurs de cerisier.
Labourant à la rizière
On voit toutes leurs étamines.
Des limaçons s'accouplent
Ils se font enfoncer les chairs.
La barrière se dresse
Dans le champ, demeure des serpents.
Une femme coud une robe.
Un silure rit
En pensant à d'autres silures
Dans d'autres étangs.
Des cheveux tombent
Aussi en arrière.
Ah, grand paysage!
Une luciole
Eclaire
Une autre luciole morte.
Fleurs rouges de prunier.
Une boule d'air
Sort d'une boîte.
Le feu brûle les herbes
Et vient nous lécher.
Un enfant le reléche.
À la fleur d'oeillet
Le temps du tigre
Vient volant.
Cigale tombée.
Quelqu'un est déjà tombé d'avance.Écrit par
Ryu Yotsuya
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: HISTOIRE DU HAÏKU
célèbre haïkus japonais, écrit par le premier des quatre maîtres classiques, Bashō :
dans le vieil étang,
une grenouille saute,
un ploc de l'eau.
L'original japonais est :
furuike ya
(古池や)
(fu/ru/i/ke ya): 5
kawazu tobikomu
(蛙飛込む)
(ka/wa/zu to/bi/ko/mu): 7
mizu no oto
(水の音)
(mi/zu no o/to): 5
(5-7-5, soit 17 mores)
Ce haïku est celui que l'on présente le plus lorsqu'il s'agit d'expliquer ce qu'est un haïku. Il en existe de multiples traductions. C'est surtout le troisième vers qui pose problème. Les onomatopées étant difficilement traduisibles, de nombreux haijin (poètes pratiquant l'art du haïku) préfèrent « le bruit de l'eau » à « un ploc dans l'eau ».
Corinne Atlan a même proposé une traduction différente en s'attachant plus à un effet visuel, « l'eau se brise »,qu'à un effet sonore.
dans le vieil étang,
une grenouille saute,
un ploc de l'eau.
L'original japonais est :
furuike ya
(古池や)
(fu/ru/i/ke ya): 5
kawazu tobikomu
(蛙飛込む)
(ka/wa/zu to/bi/ko/mu): 7
mizu no oto
(水の音)
(mi/zu no o/to): 5
(5-7-5, soit 17 mores)
Ce haïku est celui que l'on présente le plus lorsqu'il s'agit d'expliquer ce qu'est un haïku. Il en existe de multiples traductions. C'est surtout le troisième vers qui pose problème. Les onomatopées étant difficilement traduisibles, de nombreux haijin (poètes pratiquant l'art du haïku) préfèrent « le bruit de l'eau » à « un ploc dans l'eau ».
Corinne Atlan a même proposé une traduction différente en s'attachant plus à un effet visuel, « l'eau se brise »,qu'à un effet sonore.
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: HISTOIRE DU HAÏKU
Le haïku ne se contente pas de décrire les choses, il nécessite le détachement de l'auteur. Il est comme une sorte d'instantané. Il n'exclut cependant pas l'humour, les figures de style, mais tout cela doit être utilisé avec parcimonie. Il doit pouvoir se lire en une seule respiration et de préférence à voix haute. Il incite à la réflexion. Il est préférable de le lire deux fois afin d'en saisir complètement le sens et la subtilité.
C'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image. Ainsi, le haïku ne doit pas décrire mais évoquer. Plutôt qu'une phrase répartie sur trois lignes, le haïku procède par une notion de césure, le kireji.
La principale difficulté pour les haïkistes francophones, est de retrouver une notion de flou qui est plus appropriée à la langue japonaise, qui n'utilise pas autant d'articles ou de conjugaisons que le français. Des débats ont également lieu pour tenter de donner des pistes sur la ponctuation. Des tirets, des espaces ou signes d'ondulation paraissent le mieux s'approcher de la façon d'écrire très sobre des Japonais
C'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image. Ainsi, le haïku ne doit pas décrire mais évoquer. Plutôt qu'une phrase répartie sur trois lignes, le haïku procède par une notion de césure, le kireji.
La principale difficulté pour les haïkistes francophones, est de retrouver une notion de flou qui est plus appropriée à la langue japonaise, qui n'utilise pas autant d'articles ou de conjugaisons que le français. Des débats ont également lieu pour tenter de donner des pistes sur la ponctuation. Des tirets, des espaces ou signes d'ondulation paraissent le mieux s'approcher de la façon d'écrire très sobre des Japonais
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Re: HISTOIRE DU HAÏKU
Mais ce n'est pas la seule règle que doit respecter un haïku, car il lui faut contenir un kigo (mot de saison), c'est-à-dire une référence à la nature ou un mot clé concernant l'une des quatre saisons[4]. Notons qu'au-delà des quatre saisons traditionnelles, le jour de l'an est très important et peut être considéré en haïku comme une saison à part entière. Si la saison peut être nommée, le cadre poétique impose le plus souvent de l'évoquer. Cerisier en fleurs pour le printemps, vol de hannetons pour été, etc. Mais « pleine lune », qui ne peut être rattachée à une saison en particulier, constitue également un excellent kigo. Au Japon, des livres spécialisés recensent les expressions les plus courantes pouvant être utilisées comme kigo. Ceux-ci sont généralement placés dans le premier vers.
Division approximative des saisons selon l'ancien calendrier lunaire :
Quand le haïku ne contient pas d'élément indiquant la saison, on l'appellera un muki-haïku (littéralement « haïku-sans-mot-de-saison »).
Division approximative des saisons selon l'ancien calendrier lunaire :
- printemps : 4 février - 5 mai
- été : 6 mai - 7 août
- automne : 8 août - 6 novembre
- hiver : 7 novembre - 3 février
Quand le haïku ne contient pas d'élément indiquant la saison, on l'appellera un muki-haïku (littéralement « haïku-sans-mot-de-saison »).
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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