l'Homme, le Bois et l'Outil
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l'Homme, le Bois et l'Outil
Généralités - Les origines : l'Homme, le Bois et l'Outil
Depuis toujours, l'homme vit avec le bois et l'utilise. Matière tendre, légère, combustible, facile à travailler au regard de la pierre, le bois a très tôt été un élément indispensable à la survie de l'espèce humaine. Au fil des millénaires, l'homme a peu à peu appris à confectionner à l'aide de ce matériau des outils, des armes, des abris puis des édifices, des barrières, des ponts et nombre d'objets de son environnement. Exécutées tout d'abord de manière succincte avec des outils primitifs à base de pierre polie, d'os, de silex, les réalisations se sont progressivement affinées en même temps que les outils se perfectionnaient et que la dextérité des ouvriers grandissait. L'Homme et l'outil Le début de l'emploi de l'outil demeure incertain malgré les progrès considérables réalisés dans le domaine des datations : entre 2 et 3 millions d'années avant notre ère. Le développement des processus de préparation des outils, indispensables pour la fabrication d'objets, est sans doute lié aux phases successives de l'hominisation (cf. travaux de E. Puech-Robert & H. Albertini). L'outil - élément fondamental, précurseur de toutes lesautres manifestations du "savoir-faire" humain (fresques, rites,..) - ne futdéveloppé de manière spécifique qu'à partir de l'Homo sapiens -: les outils retrouvés (racloirs, burins, couteaux, hache et herminette) témoignent de la naissance de techniques très évoluées et d'un progrès technologique remarquable pour le façonnage et l'usinage du bois. Ce furent sans doute la "sédentarisation" et l'accroissement des populations qui influèrent sur la réalisation d'outils de plus en plus performants et répondant de mieux en mieux aux contraintes existentielles et environnementales. Le choix du bois Au Néolithique, puis pendant plusieurs millénaires, l'artisan du bois sélectionnait pour ses travaux l'essence en fonction essentiellement des contraintes techniques et de la proximité des peuplements forestiers. Par exemple, le bois de frêne s'employait (et s'emploie encore) pour l'exécution de manches d'outils. Les maillets et masses de bois se taillaient dans un morceau composé de la jonction du tronc et de la branche. Plus récemment, les fourches se réalisaient à partir de branches fourchues. La reconnaissance de l'arbre et son choix revenaient toujours aux hommes du métier. Cette pratique se perpétua jusqu'au XVIII° siècle. Très souvent, afin de minimiser la concurrence et les coûts, les artisans pratiquaient des acquisitions groupées dont le contenu était par la suite distribué selon les besoins de chacun. Ces associations d’artisans du bois pourraient aisément être transposés dans la Préhistoire: en effet, il est fort probable que les hommes du Néolithique, pour parvenir à abattre un arbre, devaient se grouper et se relayer dans cette tâche monumentale compte tenu des outils employés. A partir du XVIII°s., en raison des réductions du nombre d'accédants aux domaines édictées par l'administration forestière, les coupes, jusqu'alors réalisées en quantités variables, furent menées par lots de 50 voire 100 pièces. Ces nouvelles pratiques eurent pour conséquences de réduire les possibilités d'achat des artisans et d'accroître le développement et le pouvoir des marchands de bois. Les prix montèrent jusqu'à entraîner la perte d'autonomie des artisans, vieille de plusieurs millénaires. Ils devinrent bientôt dépendants de ces nouveaux marchands. Parallèlement, d'autres pratiques eurent longtemps court dans nos contrées : l'exploitation de forêts à des fins techniques propres. Ainsi, le sapin, le pin, le hêtre ou le chêne furent longtemps exploités pour la charpenterie de marine (notamment aux XVII° et XVIII° siècles). |
Dernière édition par Najat le Ven 26 Mar - 20:08, édité 1 fois
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: l'Homme, le Bois et l'Outil
Le travail du bois jusqu'au XXème siècle
Comme nous venons de le voir, le travail du bois remonte à l'aube de l'humanité. Des outils, des armes, des peignes, des cuillers, des structures (abris) et de nombreux autres objets retrouvés par les archéologues tendent à nous montrer que, très tôt, l'homme trouva les techniques les plus performantes pour le travail du bois. Les traces les plus anciennes d'assemblages remontent au Néolithique : les ligatures furent parmi les premières solutions utilisées pour solidariser deux éléments. Le principe de collage fut aussi découvert très tôt, sans doute à la fin du Paléolithique, et utilisé pour maintenir solidaires des pièces de bois et d'autres matériaux (pour former un racloir à partir d'une pierre taillée et d'un support par exemple). Les instruments de musique témoignent aussi d'un passé très lointain, telles les harpes cintrées égyptiennes (troisième millénaire avant notre ère) réalisées dans un tronc taillé. [size=9]Cependant, même si nombre de techniques furent très tôt mises en oeuvre, l'artisan du bois n'eut de cesse, au fil des millénaires, de perfectionner ses techniques et ses outils. En Occident, comme le précisent Michel Noël et Aimé Bocquet ("Les hommes et le bois"), "les moines furent les grands conservateurs des techniques: les cisterciens ont été forgerons, tailleurs de pierre et charpentiers; les chartreux ont perfectionné la forge et le tour à bois; les minimes ont largement contribué à l'évolution de l'ouillage à bois". La spécialisation des métiers est difficile à dater. En effet, les premières corporations, dont certaines sont précisées dans les écrits qui nous sont parvenus, sont les seuls indices qui nous permettent de parler véritablement de "professions". Or ces traces, comme nous le verrons par la suite, remontent le plus souvent au début de notre ère. Toutefois, il semble, selon certains auteurs (M. Noël et A. Bocquet notamment), que "la spécialisation découle directement des innovations techniques". Ce serait donc vers le VIIème millénaire avant notre ère que cette naissance aurait eu lieu - l'artisan "spécialiste" s'intégrant dans un environnement économique - c'est à dire avec la naissance des premiers villages, à l'origine de nos civilisations. En France, le terme de charpentier (du latin carpentarius - "charron") qualifia, jusqu'au XIIIème siècle, les ouvriers spécialistes du bois. Les charpentiers de la grande cognée produisaient les pièces de charpente, les constructions à pans de bois et les planchers tandis que les charpentiers de la petite cognée exécutaient des ensembles plus petits tels que les coffres, les bancs. Jusqu'en 1300, tous les ouvriers demeuraient sous les ordres du Charpentier du Roi. Groupés en corporation, une stricte hiérarchie régissait ce groupe. Seul un nombre limité d'apprentis parvenait à accéder au titre de compagnon. De plus, L'accès au statut de maître passait par la réalisation d'un chef-d'oeuvre, présenté devant une jurande (commission). Vers 1314, une séparation amène les artisans du bois à l'autonomie. Parmi les principaux, nous pouvons citer le huchier et le coffretier exécutent les pièces de mobilierces principales corporations, il convient d'ajouter les luthiers, les sculpteurs, les tourneurs sur bois et autres artisans du bois (cf. "Petit lexique des métiers du bois") |
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: l'Homme, le Bois et l'Outil
Evolution des
huchiers et
des coffretiers
Les "huchiers" et
"coffretiers" eurent très
tôt une profession réglementée.
La
corporation des menuisiers
naquît au XVème
siècle : elle regroupa l'ensemble des ouvriers
spécialisés dans la fabrication
des meubles et des ouvrages destinés
à l'aménagement intérieur des édifices (les
menuiseries). A
l'esprit peu créateur dont témoignent les rares meubles de style
gothique,
va succéder à la Renaissance, un véritable enthousiasme, sous la
conduite
d'artistes et d'ouvriers italiens. Ces derniers, ramenés par Charles
VIII
(1483-1498) après les campagnes de Lombardie et du Milanais, seront à
l'origine
de l'École d'Amboise.
La
corporation des
menuisiers se verra à nouveau divisée au XVIème s. en menuiserie en bâtiment et menuiserie en meubles. Dans
cette même période, des
Écoles régionales verront le jour et
produiront des ouvrages d'inspirations
différentes :
¤
l'École de
l'Île-de-France, conduite par des artistes de
Fontainebleau,
¤ l'École de
Bourgogne influencée par l'art
flamand,
¤ l'École Lyonnaise,
¤ l'École
Provençale inspirée de
l'art italien.
Dès
lors,
la perfection ne tardera pas à être atteinte dans les techniques de
réalisation.
Au crépuscule du XVIème s., des édits réglementent les activités
professionnelles,
l'apprentissage et la maîtrise, octroyant aux menuisiers reçus
maîtres
à Paris des avantages tel que le droit de travailler sur tout le
royaume.
Au
début du XVIIème s., Henri IV confirme
les règlements corporatifs et
accorde des privilèges aux artisans installés dans
les Galeries du
Louvre et dans certains quartiers (Saint Antoine). Ces
privilèges se
perpétueront par la suite: sous le règne de Louis XIV - Colbert
aidera
l'apprentissage par des primes versées aux employeurs - puis sous les
règnes
de Louis XV et Louis XVI.
Au
cours
du XVIIème s., tandis que l'art français tend à s'imposer en Europe, les
menuisiers en meubles recherchent la beauté de nouveaux matériaux
et importent
des bois coloniaux tels que l'ébène, l'acajou et
d'autres bois exotiques
précieux. Un nouveau procédé de construction
est alors mis au point: des
feuillets d'ébène d'environ 10
millimètres d'épaisseur sont collés sur un bâti
de bois commun (bois
indigène tel que le chêne) puis sculptés et ornés (cf.
illustration
ci-contre - cliquez sur l'image pour l'agrandir). Certains artisans
se
spécialisent dans cet art du placage et de menuisiers en meubles
deviennent
menuisiers en ébène
puis ébénistes (ce mot
apparaît vers 1676).
Sous
le règne de Louis XIV (1643-1715), la
technique du placage va
évoluer et atteindre la perfection sous la poussée
d'André Charles
Boulle, ébéniste du Roi. Il innove avec le placage de
marqueterie. Ce
procédé, déjà utilisé
au XVème s. par les siennois (Les stalles de
la Chapelle du Palais de Domenico
Spinelli di Niccolo - 1428 - voir
illustration de l’une d’elle ci-contre) puis,
un peu plus tard (fin
XVème s.) par les menuisiers marqueteurs de Charles VIII
(Stalles de
la Chapelle de Gaillon) est un art délicat et précis qui consiste à
assembler,
sur un panneau de bois (peuplier, sapin), de minces feuilles de
placage
de bois précieux (ébène, palissandre, bois de rose et de violette) mais
aussi de métaux (cuivre, étain), de corne et d'écailles pour
composer des décors
figuratifs ou des motifs géométriques colorés.
Atelier de menuisier au XVIII°s
Au
cours du XVIIIème s., les travaux exécutés par les menuisiers et
les ébénistes
se différencient de plus en plus. Les meubles et les
éléments de menuiserie
intérieures (lambris) en bois massif sont
réalisés par les menuisiers tandis que
les ébénistes se spécialisent
dans les travaux de plaques. L'estampille
("signature" de
l'artiste) est adoptée vers 1741 et imposée par les jurandes
pour
tous les maîtres-ébénistes.
A la fin
du XVIIIème s., l'Assemblée Nationale
Constituante met un terme aux
corporations, maîtrises et jurandes. Les
techniques industrielles
sont de plus en plus prisées par l'artisanat. Les
menuisiers d'art
et les ébénistes produisent de moins en moins d'ouvrages car
les
nouvelles classes dirigeantes hésitent à commander. De plus, la
clientèle
riche, qui ne présente plus une culture artistique
suffisante, n'est plus
attirée par la qualité de ces oeuvres. Seuls
quelques maîtres perpétueront la
tradition de qualité désormais
classée comme industrie de luxe. Au début du
XIXème s., les guerres
successives nuisent à l'importation des matériaux de
qualité et à
l'exportation des pièces produites. Désormais, les artistes se
trouvent
relégués par la mécanisation, déjà grandissante.
Sous
la Restauration, ni Louis XVIII ni Charles X ne seront
des mécènes.
Une forme de décadence artistique s'empare des fabriques de meubles
qui
ne réalisent plus que des copies d'oeuvres des styles précédents plus
ou
moins bien interprétées. Le mobilier appartient désormais aux
"Arts appliqués à
l'industrie". Il faudra attendre la fin du XIXème
s. et le début du XXème s.
pour voir réapparaître des courants
artistiques qui, tout d'abord, ne seront que
des réactions de
"rupture" avec les styles anciens, puis qui témoigneront de
recherches
artistiques tournées vers la complexité ou la simplicité des lignes.
C'est
le courant d'Art Nouveau ou Style 1900 ou bien encore Modern Style.
Progressivement
le concept d'artiste réalisateur disparaît. La création prend
une
nouvelle dimension et se détache de l'aspect fabrication.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
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