Jules Laforgues
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Jules Laforgues
Jules laforgues : Romance
J’ai mille oiseaux de mer d’un gris pâle,
Qui nichent au haut de ma belle âme,
Ils en emplissent les tristes salles
De rythmes pris aux plus fines lames....
Or, ils salissent tout de charognes,
Et aussi de coraux, de coquilles ;
Puis volent en tonds fous, et se cognent
A mes probes lambris de famille .....
Oiseaux pâles, oiseaux des sillages !
Quand la fiancée ouvrira la porte,
Faites un collier des coquillages
Et que l’odeur de charogn’s soit forte !....
Qu’Elle dise : " Cette âme est bien forte
" Pour mon petit nez.... - je me r’habille.
" Mais ce beau collier ? hein, je l’emporte ?
" Il ne lui sert de rien, pauvre fille.... "
JL, Des Fleurs de bonne volonté
J’ai mille oiseaux de mer d’un gris pâle,
Qui nichent au haut de ma belle âme,
Ils en emplissent les tristes salles
De rythmes pris aux plus fines lames....
Or, ils salissent tout de charognes,
Et aussi de coraux, de coquilles ;
Puis volent en tonds fous, et se cognent
A mes probes lambris de famille .....
Oiseaux pâles, oiseaux des sillages !
Quand la fiancée ouvrira la porte,
Faites un collier des coquillages
Et que l’odeur de charogn’s soit forte !....
Qu’Elle dise : " Cette âme est bien forte
" Pour mon petit nez.... - je me r’habille.
" Mais ce beau collier ? hein, je l’emporte ?
" Il ne lui sert de rien, pauvre fille.... "
JL, Des Fleurs de bonne volonté
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Solutions d'automne
Solutions d'automne |
Bâillonné de glaçons au rire des écluses,
Et la bise soufflant de sa pécore emphase
Sur le soleil qui s'agonise
En fichue braise...
Or, maint vent d'arpéger par bémols et par dièzes,
Tantôt en plainte d'un nerf qui se cicatrise,
Soudain en bafouillement fol à court de phrases,
Et puis en sourdines de ruse
Aux portes closes.
- Yeux de hasard, pleurez-vous ces ciels de turquoise
Ruisselant leurs midis aux nuques des faneuses,
Et le linge séchant en damiers aux pelouses,
Et les stagnantes grêles phrases
Des cornemuses ?
La chatte file son chapelet de recluse,
Voilant les lunes d'or de ses vieilles topazes ;
Que ton Delta de deuil m'emballe en ses ventouses !
Ah ! là, je m'y volatilise
Par les muqueuses !...
Puis cà s'apaise
Et s'apprivoise,
En larmes niaises,
Bien sans cause ..
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
nuage
Oh, laisse-moi tranquille, dans mon destin,
Avec tes comparaisons illégitimes !
Un examen plus serré ferait estime
Du moindre agent,... - toi, tu y perds ton latin.
Preuves s'entendant comme larrons en foire,
Clins d'yeux bleus pas plus sûrs que l'afflux de sang
Qui les envoya voir : me voilà passant
Pour un beau masque d'une inconstance noire.
Ah ! que nous sommes donc deux pauvres bourreaux Exploités !
et sens-tu pas que ce manège
Mènera ses exploits tant que le... Que sais-je
N'aura pas rentré l'Infini au fourreau ?
Là ; faisons la paix, ô Sourcils ! Prends ta mante ;
Sans regrets apprêtés, ni scénarios vieux,
Allons baiser la brise essuyant nos yeux ;
La brise,... elle sent ce soir un peu la menthe.
Avec tes comparaisons illégitimes !
Un examen plus serré ferait estime
Du moindre agent,... - toi, tu y perds ton latin.
Preuves s'entendant comme larrons en foire,
Clins d'yeux bleus pas plus sûrs que l'afflux de sang
Qui les envoya voir : me voilà passant
Pour un beau masque d'une inconstance noire.
Ah ! que nous sommes donc deux pauvres bourreaux Exploités !
et sens-tu pas que ce manège
Mènera ses exploits tant que le... Que sais-je
N'aura pas rentré l'Infini au fourreau ?
Là ; faisons la paix, ô Sourcils ! Prends ta mante ;
Sans regrets apprêtés, ni scénarios vieux,
Allons baiser la brise essuyant nos yeux ;
La brise,... elle sent ce soir un peu la menthe.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Moeurs
Moeurs |
Êtes-vous bien la clef des havres de l'Oubli?
Ou nous faut-il tourner à mort la grise meule
Des froments pour l'Hostie à qui Dieu fait la gueule
En coeur? Errer jusqu'à l'octroi des Ramollis ?...
Donc, aux abois, du fond des raides léthargies,
Sous ces yeux bovins, morts en pièces de cent sous,
L'âme alitée absout l'heure et se réfugie,
De bonne foi, dans des passés dont la vigie
Ne croit plus d'ailleurs aux « Soeur Anne, où
êtes-vous ? »
Le bien-être des sens d'un coeur frais par lui-même
N'était pas fait pour nous, voilà le vrai du vrai.
Qui sait pourtant si quelque étourdissant je t'aime
N'eût pas redrapé net nos langes de baptême!
Nous n'attendions que ça ; ce n'est pas un secret.
Rentrez, petits Hamlets, dans les bercails licites ;
Poussez, du bout de l'escarpin verni vainqueur,
Ces heures ; circulez, ayez l'air en visite,
Voyez âme qui vive, exultez ! Tout haut, dites
Sursum corda ! et tout bas : Ah ! oui, haut-le-cour !
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
La petite infanticide
Ô saisons d'Ossian, ô vent de province,
Je mourrais encor pour peu que t'y tinsses
Mais ce serait de la démence
Oh! je suis blasée
Sur toute rosée
Le toit est crevé, l'averse qui passe
En évier public change ma paillasse,
Il est temps que ça cesse
Les gens d'en bas
Et les voisins se plaignent
Que leur plafond déteigne
Oh! Louis m'a promis, car je suis nubile
De me faire voir Paris la grand ville
Un matin de la saison nouvelle
Oh ! mère qu'il me tarde
D'avoir là ma mansarde...
Des Édens dit-il, des belles musiques
Où des planches anatomiques passent...
Tout en faisant la noce
Et des sénats de ventriloques
Dansons la farandole
Louis n'a qu'une parole
Et puis comment veut-on que je précise
Dès que j'ouvre l'oeil tout me terrorise.
Moi j'ai que l'extase, l'extase
Tiens, qui fait ce vacarme ?...
Ah ! ciel le beau gendarme
Qui entr' par la lucarne.
Taïaut! taïaut ! À l'échafaud !
Et puis on lui a guillotiné son cou,
Et ça n'a pas semblé l'affecter beaucoup
(de ce que ça n'ait pas plus affecté sa fille)
Mais son ami Louis ça lui a fait tant de peine
Qu'il s'a du pont des Arts jeté à la Seine
Mais un grand chien terr' neuve
L'a retiré du fleuve
Or justement passait par là
La marquise de Tralala,
Qui lui a offert sa main
D'un air républicain.
Je mourrais encor pour peu que t'y tinsses
Mais ce serait de la démence
Oh! je suis blasée
Sur toute rosée
Le toit est crevé, l'averse qui passe
En évier public change ma paillasse,
Il est temps que ça cesse
Les gens d'en bas
Et les voisins se plaignent
Que leur plafond déteigne
Oh! Louis m'a promis, car je suis nubile
De me faire voir Paris la grand ville
Un matin de la saison nouvelle
Oh ! mère qu'il me tarde
D'avoir là ma mansarde...
Des Édens dit-il, des belles musiques
Où des planches anatomiques passent...
Tout en faisant la noce
Et des sénats de ventriloques
Dansons la farandole
Louis n'a qu'une parole
Et puis comment veut-on que je précise
Dès que j'ouvre l'oeil tout me terrorise.
Moi j'ai que l'extase, l'extase
Tiens, qui fait ce vacarme ?...
Ah ! ciel le beau gendarme
Qui entr' par la lucarne.
Taïaut! taïaut ! À l'échafaud !
Et puis on lui a guillotiné son cou,
Et ça n'a pas semblé l'affecter beaucoup
(de ce que ça n'ait pas plus affecté sa fille)
Mais son ami Louis ça lui a fait tant de peine
Qu'il s'a du pont des Arts jeté à la Seine
Mais un grand chien terr' neuve
L'a retiré du fleuve
Or justement passait par là
La marquise de Tralala,
Qui lui a offert sa main
D'un air républicain.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
La chanson du petit hypertrophique
La chanson du petit hypertrophique |
Qu'est mort', m'a dit l' docteur,
Tir-lan-laire !
Ma pauv' mère ;
Et que j'irai là-bas,
Fair' dodo z'avec elle.
J'entends mon cœur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
On rit d' moi dans les rues,
De mes min's incongrues
La-i-tou !
D'enfant saoul ;
Ah ! Dieu ! C'est qu'à chaqu' pas
J'étouff', moi, je chancelle !
J'entends mon cœur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
Aussi j' vais par les champs
Sangloter aux couchants,
La-ri-rette !
C'est bien bête.
Mais le soleil, j' sais pas,
M' semble un coeur qui ruisselle !
J'entends mon coeur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
Ah! si la p'tit' Gen'viève
Voulait d' mon coeur qui s' crève.
Pi-lou-i !
Ah, oui !
J' suis jaune et triste, hélas !
Elle est ros', gaie et belle !
J'entends mon cœur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
Non, tout l' monde est méchant,
Hors le coeur des couchants,
Tir-lan-laire !
Et ma mère,
Et j' veux aller là-bas
Fair' dodo z'avec elle...
Mon coeur bat, bat, bat, bat...
Dis, Maman, tu m'appelles ?
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Dans la rue
Dans la rue |
Des mâles égrillards, des femelles enceintes,
Un orgue inconsolable ululant ses complaintes,
Les fiacres, les journaux, la réclame et les cris.
Et devant les cafés où des hommes flétris
D'un oeil vide et muet contemplaient leurs absinthes
Le troupeau des catins défile lèvres peintes
Tarifant leurs appas de macabres houris.
Et la Terre toujours s'enfonce aux steppes vastes,
Toujours, et dans mille ans Paris ne sera plus
Qu'un désert où viendront des troupeaux inconnus.
Pourtant vous rêverez toujours, étoiles chastes,
Et toi tu seras loin alors, terrestre îlot
Toujours roulant, toujours poussant ton vieux sanglot.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Soirs de fête
Soirs de fête |
Qui arrive à la fin de la fête,
Pour je ne sais quoi, par bouderie,
(Un soir trop beau me monte à la tête !)
Me voici déjà près de la digue ;
Mais la foule sotte et pavoisée,
Ah ! n'accourt pas à l'Enfant Prodigue !
Et danse, sans perdre une fusée....
Ah ! c'est comme ça, femmes volages !
C'est bien. je m'exile en ma gondole
(Si frêle !) aux mouettes, aux orages,
Vers les malheurs qu'on voit au Pôle !
- Et puis, j'attends sous une arche noire....
Mais nul ne vient; les lampions s'éteignent ;
Et je maudis la nuit et la gloire !
Et ce coeur qui veut qu'on me dédaigne !
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Sancta simplicitas
Sancta simplicitas |
Mon Destin n'en saurait avoir cure ;
Je ne peux plus m'occuper que des Jeunes Filles,
Avec ou sans parfum de famille.
Pas non plus mon chez moi, ces précaires liaisons,
Où l'on s'aime en comptant par saisons ;
L'Amour dit légitime est seul solvable ! car
Il est sûr de demain, dans son art.
Il a le Temps, qu'un grand amour toujours convie ;
C'est la table mise pour la vie ;
Quand demain n'est pas sûr, chacun se gare vite !
Et même, autant en finir tout de suite.
Oh ! adjugés à mort ! comme qui concluraient :
" D'avance, tout de toi m'est sacré,
" Et vieillesse à venir, et les maux hasardeux !
" C'est dit ! Et maintenant, à nous deux ! "
Vaisseaux brûlés ! et, à l'horizon, nul divorce !
C'est ça qui vous donne de la force !
Ô mon seul débouché ! - Ô mon vatout nubile !
À nous nos deux vies ! Voici notre île.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
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