Émile Verhaeren-Cuisson du pain
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Émile Verhaeren-Cuisson du pain
Cuisson du pain
Les servantes faisaient le pain pour les
dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé,
le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au
pétrin.
Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge
remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux doigts monstrueux pataugeaient
dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.
Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout
d’une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains
mous.
Et les flammes, par les gueules s’ouvrant passage,
Comme une meute énorme
et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.
Émile Verhaeren, Les Flamandes
Les servantes faisaient le pain pour les
dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé,
le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au
pétrin.
Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge
remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux doigts monstrueux pataugeaient
dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.
Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout
d’une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains
mous.
Et les flammes, par les gueules s’ouvrant passage,
Comme une meute énorme
et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.
Émile Verhaeren, Les Flamandes
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Re: Émile Verhaeren-Cuisson du pain
Emile Verhaeren compte parmi les figures les plus marquantes des lettres françaises de Belgique. Grâce à ses activités littéraires étonnamment innovantes et à ses essais sur l’art, il s’imposa comme le porte-parole de la vitalité littéraire et artistique du tournant du siècle. En 1911, il rata de peu le prix Nobel de littérature. Son œuvre, traduite en plus de vingt langues, occupe une place prépondérante dans le patrimoine littéraire mondial et continue à intriguer le lecteur moderne.
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Re: Émile Verhaeren-Cuisson du pain
sandrine jillou a écrit:Cuisson du pain
Les servantes faisaient le pain pour les
dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé,
le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au
pétrin.
Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge
remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux doigts monstrueux pataugeaient
dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.
Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout
d’une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains
mous.
Et les flammes, par les gueules s’ouvrant passage,
Comme une meute énorme
et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.
Émile Verhaeren, Les Flamandes
cristopher-cris- Nombre de messages : 2748
loisirs : lecture, voyage
Date d'inscription : 18/07/2008
Verhaeren
Le beau jardin fleuri de flammes
Le beau jardin fleuri de flammes
Qui nous semblait le double ou le miroir
Du jardin clair que nous portions dans l’âme
Se cristallise en gel et or, ce soir.
Un grand silence blanc est descendu s’asseoir
Là-bas, aux horizons de marbre,
Vers où s’en vont, par défilé, les arbres
Avec leur ombre immense et bleue
Et régulière, à côté d’eux.
Aucun souffle de vent, aucune haleine.
Les grands voiles du froid
Se déplient seuls, de plaine en plaine,
Sur des marais d’argent ou des routes en croix.
Les étoiles paraissent vivre.
Comme l’acier, brille le givre,
A travers l’air translucide et glacé.
De clairs métaux pulvérisés
A l’infini semblent neiger
De la pâleur d’une lune de cuivre.
Tout est scintillement dans l’immobilité.
Et c’est l’heure divine, où l’esprit est hanté
Par ces mille regards que projette sur terre,
Vers les hasards de l’humaine misère,
La bonne et pure et inchangeable éternité.
Émile Verhaeren, Les heures claires
Le beau jardin fleuri de flammes
Qui nous semblait le double ou le miroir
Du jardin clair que nous portions dans l’âme
Se cristallise en gel et or, ce soir.
Un grand silence blanc est descendu s’asseoir
Là-bas, aux horizons de marbre,
Vers où s’en vont, par défilé, les arbres
Avec leur ombre immense et bleue
Et régulière, à côté d’eux.
Aucun souffle de vent, aucune haleine.
Les grands voiles du froid
Se déplient seuls, de plaine en plaine,
Sur des marais d’argent ou des routes en croix.
Les étoiles paraissent vivre.
Comme l’acier, brille le givre,
A travers l’air translucide et glacé.
De clairs métaux pulvérisés
A l’infini semblent neiger
De la pâleur d’une lune de cuivre.
Tout est scintillement dans l’immobilité.
Et c’est l’heure divine, où l’esprit est hanté
Par ces mille regards que projette sur terre,
Vers les hasards de l’humaine misère,
La bonne et pure et inchangeable éternité.
Émile Verhaeren, Les heures claires
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
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