SUR LA COTE NORMANDE

"Si elle devait compter les dimanches, elle les classerait, les enfermerait dans une ambiance : dimanche triste, dimanche ensoleillé,dimanche évasion...

Non, elle ne les compte plus ,elle les subit, les observe , leur doit l'envie d'écrire peut-être !"
j"aurais aimé écrire ces mots; ils me touchent de près

Si elle devait compter les dimanches, elle les classerait, les enfermerait dans une ambiance : dimanche triste, dimanche ensoleillé,dimanche évasion...

Non, elle ne les compte plus ,elle les subit, les observe , leur doit l'envie d'écrire peut-être !

Quelques mouettes semblent lutter contre le vent qui s'est levé, éjectant par moment leur fiente sur la jetée .
La mer s'est retirée , rangeant ses franges écumeuses à l'horizon, qui nous saluent de loin!

Elle, accoudée à la balustrade reçoit les relans iodés des algues rouges qui s'étalent au pied du remblai .
La plage n'en finit pas de s'étendre en cette marée basse ...le décor est planté: des maisons cossues à colombages bordent la côte;

le petit port affiche son inactivité et là-bas, arrivant au galop sur le sable, un cavalier solitaire défie le vent ...c'est la grâce de l'animal qui se développe à chaque foulée..
Un garçonnet tire énergiquement sur le fil de son cerf-volant capricieux .

Passe un homme d'âge mûr qui la frôle..préoccupé visiblement..va son pas vers le bout de la jetée !
Le cavalier...l'enfant...le passant : elle note l'agrément qu'elle éprouve à regarder.

Aprés tout, elle n'est pas si vide que cela, elle aime ce qui est beau, les formes du beau, une certaine grâce fugitive et parfaite qu'elle essaye de fixer...un sourire trop fini, une fossette, une paupière baissée, une attitude, une rondeur de tête, une mèche sur un front...

tout ce qui se recompose chaque jour et renaît chaque fois comme un miracle ....une couleur de terre brune, de sable doré, le rouge le verdâtre, le marron des algues sur un rivage...une ombre déliée que donnent le soir les lampadaires ...une note pure, un arc-en-ciel..cette beauté qu'on voudrait savoir à pleines mains, immatérielle et fugace ...

Elle se surprend dans l'abandon du paysage...du lieu même où elle marche...puis pose à nouveau son regard sur la ligne d'horizon où dansent les vagues...libère mille pensées...croise le regard du passant qui revient...décrispé -du moins l'a-t-elle remarqué ....soupire de bien-être.

Demain : une autre ambiance, une vie ailleurs avec les enfants qui s'agitent, la sollicitent, l'accaparent....et les adultes qui vont et viennent tout à leur rôle !

Demain elle dira banalement : 'tiens! hier je suis allée à la mer du côté de Grandcamp ..c'était bien ! ' ...sans plus .



kimannzo