A TOI, A..., DE L'AUTRE COTE DE LA GRANDE FLAQUE

kimannzo a écrit:Il y a des rêves qu'on tient à pleines mains et qu'on emporte avec soi...au creux de sa mémoire...à jamais ! Quand je ferme les yeux, j'y suis encore ! Besoin de te dire ce décor, ces bruits, ces senteurs... Le lac , le chalet, la forêt, la nature partout, la barque qui incite à l'évasion, la découverte de l'autre rive ! C'est vrai : tu sais , toi, la beauté de tout cela...je voulais seulement partager avec toi, ma chère A..., moon ressenti .

le ciel et les nuages se regardaient dans le lac...les sapins et les feuillus se regardaient dans le lac ....et la berge, un peu "brouillonne" se mirait de même !
La luminosité de cette fin juillet parait ce tableau de ce petit plus qui le rend sublime !

C'était simplement beau A..., à rester des heures à profiter de ce côté paisible qui ne se voit pas mais se ressent . Par moments, les huards, de leur cri aigu, troublaient la sérénité des lieux et de malins "suisses" chahutaient puis disparaissaient lestement dans les branches d'épinettes .

Emprunter les chemins forestiers permettait de découvrir des plantes et des arbres inconnus, de repérer des traces évidentes de cervidés...jusqu'aux clairières laissant apparaître d'autres espaces ... Un régal pour le regard ! ça et là, des bouleaux agressés, rongés, cisaillés par les castors "batisseurs" de barrages...j'ai vu leurs huttes : impressionnant !

me risquer en barque au milieu du lac, pour mieux apprécier le paysage qui l'enserre fut un voyage exceptionnel...hors du commun ! se détendre, s'étonner, observer avec respect ce qui s'offre à la vue , le retenir et le transmettre jusqu'aux moindres sensations qui disent le pur instant de bonheur...de bien-être !

Toi, mon amie, qui viens te ressourcer à l'occasion dans ces contrées du Québec...Charlevoix, Baie Saint-Paul, La malbaie etc... sais-tu que je t'envie ? sais-tu que je suis "tombée en amour " de ta "Belle Province " et de ces lieux où la nature te parle ?

Laisses-moi aussi te raconter cette dernière soirée au chalet : le fond de l'air se voulait encore chaud, le soleil couchant cédait à la surface de l'eau ses camaïeux orangés... cela méritait une photo...je l'ai prise ..Dieu : que c'était grandiose !

Tout était apaisement : le décor dans sa "sombritude", les discrets clapotis sur l'eau, le frissonnement des feuilles...le silence lui-même qui décidait ma pensée !

A scruter la berge sur les côtés, en face, j'espérais voir apparaître un"panache" d'orignal...trop beau !
Tu souris sûrement à ma naïve curiosité à vouloir tout découvrir ... et si je te disais que finalement j'ai pu voir l'orignal puis le petit - deux, trois ans peut-être - au côté de sa mère qui s'abreuvaient ... tableau extraordinaire !

Tout se pendait à mon regard . C'était comme un livre d'images, et mes yeux tournaient les pages dans le chuchotement de la nature ! et ce martin-pêcheur qui rasa les nénuphars à quelques mètres de moi..juste le temps de le reconnaître - chasse oblige- à fleur d'eau !

Crois-moi, ma chère A..., je n'ai pas perdu une miette de tout ce qui m'entourait. J'aspirais cette nuit canadienne, là, assise sur la barque accostée...je gardais en otage cette "nocturne" et je l'ai emmenée en captivité de l'autre côté de cette "grande flaque" -comme tu dis - ! je vais la confier aux enfants de l'institution, en vantant son spectacle...à ceux qui ne savent pas cet immense bonheur d'être là ! je leur dirai les grands espaces et tout ce que j'ai vu !

Je suis restée longtemps . Etait-ce un rêve ? j'ai attendu que la nuit prenne ses aises dans le méli-mélo des arbres. dans les broussailles , les couleurs du ciel s'estompaient, me privant peu à peu de ce féérique reflet sur l'eau. La lune, à son tour, dans un second rôle, s'entourait de ses stars , pour régner jusqu'à l'aurore .

Il n'y eut plus que le silence dont je cherchais à "extraire" les moindres effluves de sons proches ou lointains. Lorsque même le chalet derrière moi fut avalé par la nuit, j'ai eu envie de rester là ...trop accrochée à mon rêve dans la douceur de l'atmosphère.µ
J'ai senti, un moment, l'émotion s'emparer de moi. J'ai eu conscience A..., de ce bonheur qui fait oublier toutes les peines...et je suis rentrée au chalet.µ

Hier, au bout du fil, tu me disais " il y a des moments où tout est si parfait que ça fait mal ! " c'est peut-être ça !

Voilà, ma chère A... Pour conclure, je t'offre ces quelques rimes composées pour toi...pour que tu saches que je n'oublierai jamais ce merveilleux pays.


Je regarde le lac, il me vient des pensées,
Eclats de souvenirs qui tutoient mon instant,
Fontaine de Jouvance et je rêve éveillée,
Mes yeux tournent les pages d'un décor émouvant !

Sur la barque accostée, j'imagine un voyage
Sur ces lacs endormis, enserrés d sapins,
Ramant vers un ailleurs, sans crainte des orages
Jusqu'aux pourpres d'autome, jusqu'à l'été indien !

Je regarde l'azur..il me vient des secrets,
Rêves en stock, condensés au fond de ma mémoire,
Je noie dans les reflets mes peines étouffées
Et je bois la beauté jusqu'à l'heure du noir !


Et je t'embrasse . J. :