Lettre à une artiste - 1ère partie -
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Lettre à une artiste - 1ère partie -
Considérations autour de Rilke et de vous…
A vrai dire, me suis-je exprimé sur ce souffle invisible qui me souleva lorsque je vous écoutais cette soirée de juillet et me fit remonter doucement des brumes de l’enfance des souvenirs peuplés de couleurs, de parfums, de littérature et de poésie ? Moments de vie passés qui affluent comme des ombres lumineuses perçant dans la tourmente de notre vie, rayons aux délicats contours, instants précieux qui me rappellent ma mère, cette grande dame à l’exquise délicatesse, qui sut me montrer si simplement le chemin de la vie, du vrai, de la poésie et de l’élévation. Elle faisait du cœur le battement d’un Grand Tout que la raison devait servir. C’est pourquoi, j’aime tant Rilke dont je retrouve à travers votre voix l’émotion du vrai, des choses simples mais belles.
La beauté de ce monde c’est la façon de le penser, de la traduire en mots qui savent nous toucher et nous éclairer. Et dans cette façon de dire le monde, la poésie prend souvent la nature à témoin, toutes deux étant comme une présence indissociable comme l’air que l’on respire, comme les fleurs que l’on admire, comme les grands ciels flamboyants qui nous fascinent. Mais cette sensibilité, nous a t’elle toujours été donnée ?
A vrai dire, tout se joue là, dans le noyau tendre de l’enfance, les bonheurs et les peines, toute une construction, tout un avenir. Immense responsabilité en vérité car au terme d’une alchimie mystérieuse, de ces accomplissements nous ouvrirons nos « futurs ciels ». Tout être bruit du souvenir tendre et douloureux de son enfance. Rilke, mais aussi le poète O.L.de Milosz qui évoque son enfance trop vite traversée, par ces quelques traits poignants :
Que tout cela fût moins que l’éclair de la guêpe
Dans le vent, que le son de la larme tombée sur le cercueil,
Un pur mensonge, un battement de mon cœur entendu en rêve?
Seul, devant les glaciers muets de la vieillesse, seul
Avec l’écho d’un nom!…
Milosz qui eût aimé cette enfance de l’insouciance, de la générosité du geste et de la grande liberté, des émerveillements simples des spectacles de la nature « parée de fleurs et d’oiseaux, traversée de grands vents béants au merveilleux ». Mais hélas, pourquoi, comme l’écrit Rilke dans la Huitième Elégie, ce « jeune enfant, déjà nous le retournons et le contraignons à regarder en arrière le monde des formes, non pas de l’Ouvert… » ?
Combien parmi nous regardent l’Ouvert ? Combien d’enfants porteront ce petit soleil pour réchauffer leur « livre d’heures » ? Loin de ces villes, de ces grandes villes où l’homme se défait et erre sans savoir où aller dans le souffle d’un vent malade, des artifices et des impostures, il faudra retrouver le chemin des jardins d’enfance « Heureux les vents qui fuient vers les jardins », faire « que le temps de son enfance ressuscite dans son cœur et lui ouvrir de nouveau le monde des merveilles, de ses premières années pleines de pressentiments. »
Eveil à la vie, l’enfance nous prépare à habiller le monde des plus beaux atours et des plus surprenants qu’ils nous soient donnés pour dépasser nos regards d’adulte. Et chaque bourrasque dans notre chemin d’adulte porte encore les stigmates d’une enfance contrainte, sous son rêve éveillé de grands ciels camaïeux, à ramener son regard vers les sombres abysses des adultes. Alors oui l’éducation en vérité quelle responsabilité !
Ce sujet me touche et s’il se mesure à l’aune des sommets étincelants pour lequel je le tiens, j’ai bien peur qu’il ne gise là encore longtemps sans vie et sans âme, dans une fosse que notre civilisation occidentale prend plaisir à creuser un peu plus chaque jour. Alors comment ne pas afficher mon effarement devant l’actuelle dévastation de l’éducation de nos enfants et que dire du niveau préoccupant d’un enseignement sans cesse ravaler au rang le plus bas, nivelé sur l’éternelle médiocrité de la paresse humaine ou des « oiseux » dont les incantations psycho socio- pédagogiques étouffent un peu plus chaque jour la richesse de nos enfants. Parlerait ’on de crime à la face du monde, invoquerions nous un outrage à l’intelligence et à l’humanité de l’être, qu’il ne sera bientôt trop tard. Car le temps presse.
Un basculement de civilisation s’opère sous nos yeux à l’image de celui qui fit basculer l’Europe de la Révolution Industrielle au 20 ème siècle avec son cortège d’horreurs, du bourbier des tranchées au glacis de l’holocauste. Le visage de ce nouveau séisme s’avance sous les traits fascinants de « révolution technologique », « révolution de l’information », « révolution cognitive » et bouscule désormais notre cadre de référence et nos repères. Révolution qui à vrai dire nous procure de vrais bonheurs au plan personnel en nous rapprochant de ceux que l’on aime, de nos chers enfants, de la femme ou de l’homme qui partage notre vie, en abolissant la froide distance au profit d’une proximité salvatrice, en nous permettant de communiquer comme nous le faisons parfois par courrier électronique car c’est tellement pratique.
Certes, mais il faut plus que cela! N’a-t-on pas égaré sur l’autoroute cybernétique notre chemin d’humanisme, nos jardins secrets dont la délicatesse des pensées en sont l’émanation ? Il nous manque la patience de vivre pour être....
(Fin de la première partie)........
Pierrejean
A vrai dire, me suis-je exprimé sur ce souffle invisible qui me souleva lorsque je vous écoutais cette soirée de juillet et me fit remonter doucement des brumes de l’enfance des souvenirs peuplés de couleurs, de parfums, de littérature et de poésie ? Moments de vie passés qui affluent comme des ombres lumineuses perçant dans la tourmente de notre vie, rayons aux délicats contours, instants précieux qui me rappellent ma mère, cette grande dame à l’exquise délicatesse, qui sut me montrer si simplement le chemin de la vie, du vrai, de la poésie et de l’élévation. Elle faisait du cœur le battement d’un Grand Tout que la raison devait servir. C’est pourquoi, j’aime tant Rilke dont je retrouve à travers votre voix l’émotion du vrai, des choses simples mais belles.
La beauté de ce monde c’est la façon de le penser, de la traduire en mots qui savent nous toucher et nous éclairer. Et dans cette façon de dire le monde, la poésie prend souvent la nature à témoin, toutes deux étant comme une présence indissociable comme l’air que l’on respire, comme les fleurs que l’on admire, comme les grands ciels flamboyants qui nous fascinent. Mais cette sensibilité, nous a t’elle toujours été donnée ?
A vrai dire, tout se joue là, dans le noyau tendre de l’enfance, les bonheurs et les peines, toute une construction, tout un avenir. Immense responsabilité en vérité car au terme d’une alchimie mystérieuse, de ces accomplissements nous ouvrirons nos « futurs ciels ». Tout être bruit du souvenir tendre et douloureux de son enfance. Rilke, mais aussi le poète O.L.de Milosz qui évoque son enfance trop vite traversée, par ces quelques traits poignants :
Que tout cela fût moins que l’éclair de la guêpe
Dans le vent, que le son de la larme tombée sur le cercueil,
Un pur mensonge, un battement de mon cœur entendu en rêve?
Seul, devant les glaciers muets de la vieillesse, seul
Avec l’écho d’un nom!…
Milosz qui eût aimé cette enfance de l’insouciance, de la générosité du geste et de la grande liberté, des émerveillements simples des spectacles de la nature « parée de fleurs et d’oiseaux, traversée de grands vents béants au merveilleux ». Mais hélas, pourquoi, comme l’écrit Rilke dans la Huitième Elégie, ce « jeune enfant, déjà nous le retournons et le contraignons à regarder en arrière le monde des formes, non pas de l’Ouvert… » ?
Combien parmi nous regardent l’Ouvert ? Combien d’enfants porteront ce petit soleil pour réchauffer leur « livre d’heures » ? Loin de ces villes, de ces grandes villes où l’homme se défait et erre sans savoir où aller dans le souffle d’un vent malade, des artifices et des impostures, il faudra retrouver le chemin des jardins d’enfance « Heureux les vents qui fuient vers les jardins », faire « que le temps de son enfance ressuscite dans son cœur et lui ouvrir de nouveau le monde des merveilles, de ses premières années pleines de pressentiments. »
Eveil à la vie, l’enfance nous prépare à habiller le monde des plus beaux atours et des plus surprenants qu’ils nous soient donnés pour dépasser nos regards d’adulte. Et chaque bourrasque dans notre chemin d’adulte porte encore les stigmates d’une enfance contrainte, sous son rêve éveillé de grands ciels camaïeux, à ramener son regard vers les sombres abysses des adultes. Alors oui l’éducation en vérité quelle responsabilité !
Ce sujet me touche et s’il se mesure à l’aune des sommets étincelants pour lequel je le tiens, j’ai bien peur qu’il ne gise là encore longtemps sans vie et sans âme, dans une fosse que notre civilisation occidentale prend plaisir à creuser un peu plus chaque jour. Alors comment ne pas afficher mon effarement devant l’actuelle dévastation de l’éducation de nos enfants et que dire du niveau préoccupant d’un enseignement sans cesse ravaler au rang le plus bas, nivelé sur l’éternelle médiocrité de la paresse humaine ou des « oiseux » dont les incantations psycho socio- pédagogiques étouffent un peu plus chaque jour la richesse de nos enfants. Parlerait ’on de crime à la face du monde, invoquerions nous un outrage à l’intelligence et à l’humanité de l’être, qu’il ne sera bientôt trop tard. Car le temps presse.
Un basculement de civilisation s’opère sous nos yeux à l’image de celui qui fit basculer l’Europe de la Révolution Industrielle au 20 ème siècle avec son cortège d’horreurs, du bourbier des tranchées au glacis de l’holocauste. Le visage de ce nouveau séisme s’avance sous les traits fascinants de « révolution technologique », « révolution de l’information », « révolution cognitive » et bouscule désormais notre cadre de référence et nos repères. Révolution qui à vrai dire nous procure de vrais bonheurs au plan personnel en nous rapprochant de ceux que l’on aime, de nos chers enfants, de la femme ou de l’homme qui partage notre vie, en abolissant la froide distance au profit d’une proximité salvatrice, en nous permettant de communiquer comme nous le faisons parfois par courrier électronique car c’est tellement pratique.
Certes, mais il faut plus que cela! N’a-t-on pas égaré sur l’autoroute cybernétique notre chemin d’humanisme, nos jardins secrets dont la délicatesse des pensées en sont l’émanation ? Il nous manque la patience de vivre pour être....
(Fin de la première partie)........
Pierrejean
pierrejean- Nombre de messages : 52
Humeur : exhubérant, grave, mélancolique, charmeur
Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Lettre à une artiste - 1ère partie -
Trop tôt pour un commentaire objectif !
A te relire pour cerner l’esprit du texte et voir la suite aussi
A te relire pour cerner l’esprit du texte et voir la suite aussi
sarah- Nombre de messages : 2022
Date d'inscription : 12/11/2008
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