Le pain blanc
+2
KHALED
Abdellah Louaradi
6 participants
Page 1 sur 1
Re: Le pain blanc
merci , j'ai aimé vous lire, et appris dont je ne connaissais pas belle soiree amities motschuchotes
motschuchotes- Nombre de messages : 301
loisirs : randonnee,billard cuisine exposition cinema lecture
Humeur : egale a elle meme parfois reveuse
Date d'inscription : 25/09/2011
Re: Le pain blanc
très bon pain ! je veux dire excellent poème
davidof- Nombre de messages : 2697
loisirs : pêche, voyage, music...
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: Le pain blanc
Comme quoi un mélange de civilisation n'est pas toujours bénéfique.
Bien à toi Abdellah.
Bien à toi Abdellah.
Invité- Invité
Re: Le pain blanc
bon texte
et surtout belle plume narrative
et surtout belle plume narrative
karim safriwi- Nombre de messages : 615
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Le pain blanc
Merci pour ce pain poétisé
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Re: Le pain blanc
le changement touche profondément par tout où il passe !
bien à vous .
bien à vous .
KHALED- Nombre de messages : 148
Date d'inscription : 23/02/2011
Le pain blanc
Le pain blanc
Qui de notre génération n’a pas connu le «boulanger» ? Ce pain, cohabitait avec la quesra et le matlou’ cuits dans un tagine appelé aussi « ferrah », ne contenant aucune matière additive toxique tel le plomb.
Il est fait entièrement d’argile cuit de la terre glaise, matrice de toute créature.
L’unité était le kilogramme, on l’appelait une corne de pain.
Fellah tenait une petite épicerie (un hanout), il vendait aussi du pain «Boulanger », sur un petit comptoir qui me rappelle un autel de sacrifice.
Quand un demi client venait s’acheter un demi pain ; ammi Fellah usait d’une coupe pain à lame tranchante, d’un geste soigné il mettait le pain sous la lame levée, et d’une main experte, d’un seul coup, il guillotinait la corne du pain blanc qui se scindait alors en deux demi cornes, laissant apparaître une blancheur enviée par Pain noir.
Ce pain du terroir se cassait l’échine entre des mains rodées par le labeur des champs, d’une femme ou d’un homme fiers de donner le fruit de leur labeur perpétuel, rythmé par le soleil et le chant des coqs.
C’était avant l’invasion des réveils à poule picorant des grains virtuels.
Pain blanc ! tu nous faisais rêver : ta mie tendre trouée sous l’effet de la fermentation, ta croûte croustillante qui faisait craquer les enfants, servie beurrée, accompagnant le thé, miam! quel délice !
Il y a bien longtemps dans mon quartier, on nous servait du pain blanc, avec du lait dans des tasses d’aluminium ; on l’appelait le lait du Salib (La croix), nous ne connaissions pas Jésus, la religion pour nous se limitait à Feu Al âlmi, le muezzin qui a sacrifié un bon bout de sa vie à l’appel aux prières ; un appel sain, sans épines politiques.
Plus tard, quand j’ ai lu dans des romans ou vu à la télé : du pain et du vin bénis j’ai compris que le pain et le lait qui remplaçait le vin n’avaient aucune bénédiction, même si les deux « rites » avait une certaine analogie.
Au fond du décor, des enfants souvent sous-alimentés ne s’abreuvaient pas pour leur esprit, mais pour remplir leurs ventres vides.
Tous les enfants qui allaient souvent manger le pain blanc et boire le lait du « Salib », sont aujourd’hui dans leur peau, dans leur identité enrichie au fil du temps, le temps du feu, du plomb,de la dame dèche ; celui des cerises serait encore loin.
Hakim Kirrou,le gavroche local, toujours souriant, parti en Algérie, Yahya, kader, partis chez le bon Dieu au milieu du printemps, et d’autres mômes de la cité craquaient pour « le boulanger ».
Pain blanc s’est infiltré dans nos coutumes, cohabitant avec la «quesra» et le pain du four beldi.
En cours de français, on pourrait facilement donner un exemple dont le sens mènerait directement au cannibalisme : « hier on a mangé un boulanger».
La quesra et le matlou’ ont viré vers l’exotique dans leur propre fief.
Hassane Terro, ne disait- il pas : « vous ne voulez pas du pain blanc ? Le pain de « França » ,« allez crevez ». Cette scène montrait à quel point les autochtones étaient attachés à leurs coutumes, à leur culture ; leur pain noir, fruit et fils de la terre matrice, où leurs ancêtres ont domestiqué les céréales. C’est dur de sacrifier son pain.
Hélas, les valeurs ont été bousculées, la violence s’est installée, les moulins d’antan se sont tus ;l e sucré,l e salé, le gras ont envahi nos métabolismes désordonnés, l’amer hante nos cités, nos bourgades, nos espaces longtemps restés paisibles.
Pain blanc s’achète en poirotant, tenant une distance entre bérets basques et vieilles Parisiennes bien coiffées, parfois grincheuses, quand une tête noire les côtoie pour s’acheter un pain blanc ou quand un faux « blanc » voudrait du pain noir cher aux colons, écraseurs de blé et de cultures.
D’autres colons malades, harcelés par des colopathies, réclament du pain noir.
Pain blanc ;
Tu nous as hantés ;
Joint aux tasses de lait venant de loin,
Tu nous as comblés.
Corne de pain,
Guillotinée ; gisante sur le comptoir de l’épicier ;
En turban jaune et en sandales,
Salivant ; nous rêvions de Paris :
Nos villes, nos coutumes que tu a envahies ;
S’ en souviennent ;
Tu as éclipsé nos tajines d’argile ;
Où grillaient l’orge et le destin.
Pain blanc,
Malgré l’usure du temps,
Les rides, les colopathies,
Je t’appellerai toujours ;
« Boulanger »
Qui n’aimait pas le pain blanc lève le doigt…
Qui de notre génération n’a pas connu le «boulanger» ? Ce pain, cohabitait avec la quesra et le matlou’ cuits dans un tagine appelé aussi « ferrah », ne contenant aucune matière additive toxique tel le plomb.
Il est fait entièrement d’argile cuit de la terre glaise, matrice de toute créature.
L’unité était le kilogramme, on l’appelait une corne de pain.
Fellah tenait une petite épicerie (un hanout), il vendait aussi du pain «Boulanger », sur un petit comptoir qui me rappelle un autel de sacrifice.
Quand un demi client venait s’acheter un demi pain ; ammi Fellah usait d’une coupe pain à lame tranchante, d’un geste soigné il mettait le pain sous la lame levée, et d’une main experte, d’un seul coup, il guillotinait la corne du pain blanc qui se scindait alors en deux demi cornes, laissant apparaître une blancheur enviée par Pain noir.
Ce pain du terroir se cassait l’échine entre des mains rodées par le labeur des champs, d’une femme ou d’un homme fiers de donner le fruit de leur labeur perpétuel, rythmé par le soleil et le chant des coqs.
C’était avant l’invasion des réveils à poule picorant des grains virtuels.
Pain blanc ! tu nous faisais rêver : ta mie tendre trouée sous l’effet de la fermentation, ta croûte croustillante qui faisait craquer les enfants, servie beurrée, accompagnant le thé, miam! quel délice !
Il y a bien longtemps dans mon quartier, on nous servait du pain blanc, avec du lait dans des tasses d’aluminium ; on l’appelait le lait du Salib (La croix), nous ne connaissions pas Jésus, la religion pour nous se limitait à Feu Al âlmi, le muezzin qui a sacrifié un bon bout de sa vie à l’appel aux prières ; un appel sain, sans épines politiques.
Plus tard, quand j’ ai lu dans des romans ou vu à la télé : du pain et du vin bénis j’ai compris que le pain et le lait qui remplaçait le vin n’avaient aucune bénédiction, même si les deux « rites » avait une certaine analogie.
Au fond du décor, des enfants souvent sous-alimentés ne s’abreuvaient pas pour leur esprit, mais pour remplir leurs ventres vides.
Tous les enfants qui allaient souvent manger le pain blanc et boire le lait du « Salib », sont aujourd’hui dans leur peau, dans leur identité enrichie au fil du temps, le temps du feu, du plomb,de la dame dèche ; celui des cerises serait encore loin.
Hakim Kirrou,le gavroche local, toujours souriant, parti en Algérie, Yahya, kader, partis chez le bon Dieu au milieu du printemps, et d’autres mômes de la cité craquaient pour « le boulanger ».
Pain blanc s’est infiltré dans nos coutumes, cohabitant avec la «quesra» et le pain du four beldi.
En cours de français, on pourrait facilement donner un exemple dont le sens mènerait directement au cannibalisme : « hier on a mangé un boulanger».
La quesra et le matlou’ ont viré vers l’exotique dans leur propre fief.
Hassane Terro, ne disait- il pas : « vous ne voulez pas du pain blanc ? Le pain de « França » ,« allez crevez ». Cette scène montrait à quel point les autochtones étaient attachés à leurs coutumes, à leur culture ; leur pain noir, fruit et fils de la terre matrice, où leurs ancêtres ont domestiqué les céréales. C’est dur de sacrifier son pain.
Hélas, les valeurs ont été bousculées, la violence s’est installée, les moulins d’antan se sont tus ;l e sucré,l e salé, le gras ont envahi nos métabolismes désordonnés, l’amer hante nos cités, nos bourgades, nos espaces longtemps restés paisibles.
Pain blanc s’achète en poirotant, tenant une distance entre bérets basques et vieilles Parisiennes bien coiffées, parfois grincheuses, quand une tête noire les côtoie pour s’acheter un pain blanc ou quand un faux « blanc » voudrait du pain noir cher aux colons, écraseurs de blé et de cultures.
D’autres colons malades, harcelés par des colopathies, réclament du pain noir.
Pain blanc ;
Tu nous as hantés ;
Joint aux tasses de lait venant de loin,
Tu nous as comblés.
Corne de pain,
Guillotinée ; gisante sur le comptoir de l’épicier ;
En turban jaune et en sandales,
Salivant ; nous rêvions de Paris :
Nos villes, nos coutumes que tu a envahies ;
S’ en souviennent ;
Tu as éclipsé nos tajines d’argile ;
Où grillaient l’orge et le destin.
Pain blanc,
Malgré l’usure du temps,
Les rides, les colopathies,
Je t’appellerai toujours ;
« Boulanger »
Qui n’aimait pas le pain blanc lève le doigt…
Abdellah Louaradi- Nombre de messages : 148
loisirs : lecture,randonneés
Humeur : nostalgique
Date d'inscription : 11/06/2011
Sujets similaires
» Le pain complet
» histoire du pain
» Petit pain de roi
» la valise-Ponge
» P'tit bonhomme pain d'épice...Youp !...
» histoire du pain
» Petit pain de roi
» la valise-Ponge
» P'tit bonhomme pain d'épice...Youp !...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum