Poesie pour les oeuvres de Hassan Echaîr

partage à remonter vers la lumière.

amitiés.

Bonjour souz

Hassan Echaïr est obsédé par le caractère fugace et évanescent qui guette toute forme de vie. Le flux intarissable du temps condamne les existants – qu’ils soient minéraux, végétaux, animaux, humains ou simples artefacts – à une finitude sans appel. Le monde de la vie, dans lequel notre existence est enracinée, se compose de choses naturelles et de choses artificielles (culture, art, technique…) et il est constamment soumis à deux possibilités : la perte ou la préservation. Hassan choisit la préservation. Il lutte pour la sauvegarde. Il multiplie les supports et les médiums (dessin, sculpture, installation) pour entamer une méditation, fine et subtile, sur la matière, le temps, la fragilité, la force fragile, la mémoire, les traces, les traces effacées, la mémoire recomposée… Economie de moyens, minimalisme, sens de la mesure confèrent à la démarche d’Echaïr un profil particulier.

Mostafa CHEBBAK

Hassan Echaîr l’artiste-peintre intellectuel et conscient joue sur L’opposition noir-blanc dans toutes ses œuvres pour définir l’abîme (de l’âme ?), l’obscurité (de l’esprit ?), l’ombre (du doute et de l’incertitude et l’opacité des sociétés ?). Le blanc (lumière) s’oppose et se heurte au noir des pierres carbonisées ou du fer goudronné dans une sorte de manifestation, de confrontation à l’ombre, un acte de défit aux ombres, au sombre, une sorte de triomphe d’existence aussi…
Dans les œuvres de Hassan Echaîr La dimension de la création se retrouve à la racine de ses pensées, de son idée du monde, en chaos sans fond, sans forme, où émerge l’ordre et la beauté de la vie qui voit le jour, même si cette vie n’est qu’une âme suspendue entre ciel et terre, (utilisations de l’espace du haut et du bas, en une croisée horizontale/verticale

Le jeu d’équilibre et de conflit entre noir et blanc, entre espace et pesanteur de la terre. Fait nuance au chemin descendant du paradis vers le bas monde (et inversement) jalonné de sombres, d’ombres étouffantes, de souvenirs lourds de toutes les peurs et de toutes les craintes du passé, les tourments de l’enfance agitée qui perdait le temps pour en gagner d’avantage pour échapper au coup du Fkih, dans un combat quotidiennement recommencé dans l’école coranique où l’âme devait trouver l’élan spirituel, et la lumière de la connaissance
Pour Hassan chair maitre de l’Art conceptuel au Maroc l’idée prime sur la réalisation Ni les détails ni le matériau, ni la limitation de l’œuvre dans l’espace, ni les dimensions ne gênent la création, l’idée se développe à l’infini toujours langée de noir et blanc dans un cheminement intellectuel qui va de la pensée, à l’étude, de l’esquisses, vers le dessin, avant la présentation de l’ensemble du projet qui a une valeur propre même avant de passer à l’aspect physique de l’œuvre qui sera l’illustration de l’idée à travers l’opposition des contrastes "pierres carbonisées en technique mixe sur bois" par exemple.

Influencé par Kosuth et Sol Le Witt entre autre, Hassan Echaîr joue sur les structures pour dompter le contraste comme moyen d'expressivité
Dans les œuvres de Hassan les questions sont légitimes : pourquoi utilise t-il des formes basiques chargées de symboles et de significations dans toutes les cultures telles les lignes, les rectangles, les formes ovales ?
Pourquoi favorise t-il La verticale ? Est-ce pour évoquer la force de la gravité ? La dignité à rester debout malgré les échecs et les aléas dans ce monde imparfait ? Pouvons-nous dire que dans le subconscient de l’artiste, c’est aussi l’expression de la rigidité imposée par l’ancien maitre de l’école coranique, ou par le père soldat aux principes sévères ? Ou une envie de trouver un certain immobilisme d’un quelque chose qui stagne dans la vie.(sachant qu’il a vécut une sorte de nomadisme d’un village à l’autre, d’une ville à l’autre et plus tard d’un continent à l’autre ?)
Et quand l’artiste associe la verticale à L'horizontale veut-il nous rappeler l'horizon qui s’ouvre largement invitant à la navigation sans jamais oublier que l’être finira forcément gisant sur la ligne de la mort ?. veut-il afficher à sa manière une image du calme, synonyme de tranquillité qui marquait les lieux où il a passé son enfance dans les différents villages des montagnes ( l’Atlas terre natale ou le Rif terre d’origine et d’adoption plus tard)

Et quand la verticale bascule et devient oblique, se transforme en forme de barques, casse t-elle un rêve ? Un chemin d’exil ? Un nomadisme qui change les courbes des dunes par les courbes des vagues cette écume qui hante les rêveurs de l’eldorado ?

Pouvons-nous dire que les lignes qui perdent la forme linéaire et sombrent entre le noir et les ombres qui prennent les nuances du gris, ne sont en fait que l’œuvre qui dévisage l’artiste et le défi de traverser l’idée vers la conception tout en gardant la ligne philosophique cumulée par le vécut ?
Finalement peut-on dire que le noir et le blanc sont le cheval de Troie pour l’artiste ? Son passe port, sa lueur salvatrice, son damier et son pas sacré, sur le sol de son pays où il voyage dans la lumière de la création vers la contemplation philosophique, vers une ouverture de l’instant sur l’éternité
Là on a plus droit au questionnement ! Le noir et le blanc pour Hassan Echair sont un mode de transformation de la réalité, une création où se transmue l’idée en œuvre, défiant tout obstacle de matière ou de dimension pour se révéler, manifester, susciter la vision réceptrice de l’artiste qui saisie son sujet et le tisse avec les fils de sa propre histoire de vie ainsi le contraste sert à tirer les leçons du Passé pour construire l'Avenir…une façon propre de se forger une belle place sur l’échiquier des beaux arts contemporains.

On ne voit que le noir
Comme image de peur
Au fond d'un cœur
Rêve d’amour
Parfum de pensées
Loin des jours
Au fond de l'âme
Rêve de tendresse
Dans les nuits calmes
Esprit de sagesse
Au fond de la vie
Rêve de vivre tout simplement

L’artiste imprime les damiers et suspend les pierres pour figer les concepts du temps sous l’exigence de la mémoire et de ses défis, défi du banal et de la linaire ...
Dans les compositions de Hassan chair tout est symbolique de la vie elle-même suspendue entre ciel et terre, la vie à la verticale qui attend de remonter le temps et partir la haut, pour «échapper à la gravitation et à la loi de la pesanteur, une sorte de recherche de libération de soi, du passé des contraintes, des aléas. du corps nomade qui troque sa tente bien ancrée au sol par les cordes et les pieux par une barque qui tangue, l’âme qui quitte les dunes mouvante vers une mouvance plus dangereuse celle des vagues qu’on chevauche accroupis tel un fœtus , les vagues à qui on s’offre dans une sérénité désespérée : gagner l’autre rive ou chavirer...
La vie est ainsi une course vers la lumière, une fuite des ombres, un désir de sortir du noir banal et ses nuances dépressives...

le noir et le blanc jeu de lumière et des ombres.
j'aime beaucoup la première composition.

l'art conceptuel est bizarre
le sujet ou l'idée prime avant tout

Admin a écrit:

Les questions cernent l’esprit
Tracent les reflets de vies
Parchemins de papier
Poussières d’encre rêche
Le regard frôle la philosophie

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Je ne vois de philosophie qu'au sein de l'esprit de celle qui écrit.......Relativité que sont les perceptions de l'art bien différentes d'une personne à l'autre......Mais cela ne peut être que mon humble avis.

* Le plasticien Hassan Echair a su inventer son propre langage d’expression, utilisant des matériaux communs, originels : le fil, le bois et la pierre, carte d’identité d’une terre, d’un individu. Il sait à merveille les assembler, les transformer en allégories visuelles. Langage de l’ombre aussi, traces évocatrices délicates et fragiles ; Langage de la tension, de l’équilibre précaire, vision fugace de l’instant fixé avant la chute. Il crée ainsi un espace où le temps s’allonge, révèle la mémoire d’un déplacement nomade. Son œuvre est la déclinaison poétique de substances évidentes par leur simplicité, tendues, suspendues et retendues à l’infini, formant ainsi une partition musicale à la sensible harmonie. Hassan Echair « travaille avec le sérieux d’un enfant qui joue », donnant naissance à une géométrie variable et réfléchie, image des préoccupations du siècle.

Pierre Hamelin
Tanger Avril 2005