J'ai marché dans la lande...

Rappel du premier message :

J’ai marché dans la lande au milieu des fougères
J’ai enjambé le ru qui laissait dans la terre sa cicatrise sombre
J’ai atteint les rochers où quelques plaques vertes, larges tapis de mousse, offraient leurs oasis de tendresses crépue,
L’herbe rase était nue et cotonneuse à souhait.
Ce jour il faisait beau.
Je me suis allongé.
Cette herbe était si drue, si douce sous ma nuque que j’ai fermé les yeux.

Le ciel n’a pas bougé.
Il est resté là-haut tout le temps du sommeil.
Les nuages, nonchalants, trainaient leurs gros derrières diaphanes et crémeux,
La voûte bleue de Klein tentait de rester pure
Mais les gros malins blancs se gonflaient d’importance
Ils passaient lentement, prenant toutes les formes
Tête chenue velue aux multiples verrues
Sylphide délicate aux longues tresses folles
Babar avec sa trompe barrissant en silence
Loup blanc la gueule ouverte en quête de sa proie
Le long crocodile blanc qui rampe dans les nues à l’affût d’un oiseau
Une pirogue longue alanguissait sa proue dans l’écume figée d’un tourbillon glacé

Le ciel se dénudait en longs étirements
Tout s’allongeait là-haut en longs filaments blancs
Le temps se rejoignait dans l'espace pressé
La terre se retournait à vitesse éperdue
J’étais cloué au sol
Je ne pouvais bouger
Soudain je comprenais la force avec laquelle cette grosse toupie tourne sur elle-même
J’avais cette conscience qu’en me levant alors je serais emporté au loin dans le néant
Jeté comme un insecte ou un petit grain de blé dans le vide initial

Je refermais les yeux, offrant mon corps, mon âme au vide sidéral.

Quand je les ai rouverts tout était apaisé.
Le ciel était là-haut, ouvert à mon regard, paisible et continu.
Je me suis relevé et je suis reparti.
J'ai retrouvé la plaie béante du ruisseau sur la peau de la terre et je l'ai enjambée.

que me reste t-il à dire !

j'adore tes écrits eschyle.

j'adore
Pierre Reverdy
j'estime
Lautreamont
j'aime Yefi et Eschyle

bibi 2011

BRAVO !!!

ce que nous mettons derrière les mots
varie d'un esprit à l'autre
selon l’air de l'écriture, la culture, les croyances, mais aussi
selon l’endroit même où nous nous trouvons au moment de l'inspiration.

Carmen P. a écrit:On m'a parfois dit que je n'écrivais pas de la poésie, que mes mots étaient trop "méditatifs". Un état méditatif, tout comme un questionnement sur la vie, ou un émerveillement subit peuvent faire naître la sensation poétique qui cherche ensuite à se dire, à prolonger l'instant, pour peu qu'on ait gardé l'émotion vive.
Un beau moment poétique passé à regarder les nuages avec vous.
Carmen

Oui, Carmen P., le vent qui fait voyager le nuage est infiniment plus poétique que le moindre de mes mots, mais ce sont les mots, nos pauvres mots, qui donne sens et sonorité au lecteur. La poésie, c'est "l'art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intime des sons, des rythmes, des harmonies". J'ai recopié cette définition dans un dictionnaire (Grand Larousse Encyclopédique - 1963) et je la trouve juste.
Merci, Carmen, pour le moment partagé et tes mots bienveillants, et vos mots bienveillants (tu choisis "tu" ou"vous" et vous prenez ce qui vous convient...).

salma-B a écrit:je marche vers ces vers avec plaisir ......

Bonne promenade à toi, salma-B, et merci pour tes mots bienveillants.

JE REVIENS vers cette lande qui inspire le cœur et lui voue ses secrets poétique !
Amicalement.

La lande brune où le vent souffle,
Sous le ciel moribond, blessé,
N’as plus que la force d’un gouffre
Où l'absence d'observation peut engloutir

le vent de la poésie , fait naviguer vers les autres, partager la pensée, la méditation.
merci du

marwa a écrit:que me reste t-il à dire !

j'adore tes écrits eschyle.

Merci, marwa, de tes mots bienveillants. Je rougis de plaisir.

bibi a écrit:j'adore
Pierre Reverdy
j'estime
Lautreamont
j'aime Yefi et Eschyle

bibi 2011

BRAVO !!!

Merci, bibi 2011, de citer Pierre Reverdy et Isidore Ducasse, comte de Lautréamont... Merci d'aimer.

ahmed mazen a écrit:ce que nous mettons derrière les mots
varie d'un esprit à l'autre
selon l’air de l'écriture, la culture, les croyances, mais aussi
selon l’endroit même où nous nous trouvons au moment de l'inspiration.

Merci, ahmed mazen, de tes mots lieux. Et le lecteur lui-même donne vie aux mots. Sa perception leur donne vie.

joakim a écrit:JE REVIENS vers cette lande qui inspire le cœur et lui voue ses secrets poétique !
Amicalement.

Merci, joakim, de tes mots de retour. J'ai souvent en tête ce vers d’Éluard : "La mort cœur renversé" (tiré de "La Victoire de Guernica") qui me suit et me renverse l'âme...

davidof a écrit:La lande brune où le vent souffle,
Sous le ciel moribond, blessé,
N’as plus que la force d’un gouffre
Où l'absence d'observation peut engloutir

C'est pourquoi l'ouverture
Sans la littérature
Est une fin en soi
Qui le ciel aperçoit...

Merci, davidof, pour tes mots tournés vers le ciel.

Et j'aime la lande...

Muriel Jammes a écrit:le vent de la poésie , fait naviguer vers les autres, partager la pensée, la méditation.
merci du

Merci, Muriel Jammes de ces mots partage. Les nuages qui roulent dans les cieux renversés nous emportent vers l'horizon...

Eschyle a écrit:

salma-B a écrit:je marche vers ces vers avec plaisir ......

Bonne promenade à toi, salma-B, et merci pour tes mots bienveillants.

retour vers tes jolis vers.

salma-B a écrit:

Eschyle a écrit:

salma-B a écrit:je marche vers ces vers avec plaisir ......

Bonne promenade à toi, salma-B, et merci pour tes mots bienveillants.

retour vers tes jolis vers.

Merci, salma-b, d'aimer ces mots. J'aime bien ce rêve éveillé, tête à l'envers...

entre le créateur de vers et le lecteur qui les perçoit
les ondes s'infiltrent toutes fines et bien souples
bravo eschyle

julien a écrit:entre le créateur de vers et le lecteur qui les perçoit
les ondes s'infiltrent toutes fines et bien souples
bravo eschyle

Merci, julien, d'avoir perçu ces ondes... J'ai quelque part un texte là-dessus... Tiens, le voici :

"Je les entends j’entends les ondes j’entends les ondes qui voyagent les ondes qui voyagent entre les couches de l’éther je les entends vraiment je les entends porter la nouvelle le message l’information balbutiée à des dizaines à des centaines à des milliers de kilomètres de là.

Je les entends me traverser me caresser me posséder je ne sais pas si je suis la seule comme ça je ne sais pas si je suis seule à ressentir ça et j’ai tout lieu de croire qu’il ne faut pas que j’en parle autour de moi j’ai tout lieu de croire qu’il faut que je garde ses pensées tout au fond de moi ou alors ou alors je peux les envoyer à d’autres comme moi d’autres qui captent les ondes d’autres qui entendent les ondes qui traversent mon âme oui je ne sais pas si je suis la seule je ne sais pas si je suis la seule à ressentir ça mais si je veux le partager avec un autre avec une autre je ne pourrai pas le dire avec des mots des mots vomis avec la bouche des mots dégueulés articulés avec la langue non je ne pourrai pas
Je ne peux pas.

Je les entends danser la danse des sens la danse du sens donné aux mots portés sur les ondes je les entends pénétrer mon encéphale droit le caresser oui le caresser comme si des mains douces oui douces les mains douces comme si des mains venaient l’envelopper délicatement afin d’y imprégner leur chaleur oui comme si des mains le berçaient des mains qui seraient liquide tiède liquide ondoyant liquide amoureux des mains multipliées glissant le long de mon encéphale pour descendre plonger se perdre dans mes centres nerveux s’y baigner et fuser vers le bout de mes nerfs vers le bout de mes doigts vers le bout du bout de mes sens.
Je ne les entends pas toujours.

Parfois j’ai le cerveau la tête le nez pas tout à fait le nez juste au-dessus du nez entre les deux yeux juste derrière l’os pointu l’os dur juste là parfois j’ai mal là mais pas mal comme ça pas mal comme quand on se fait marcher sur le pied comme quand on se prend une baffe ou un coup de poing non mal comme quand ça dure et qu’on ne sait pas qu’on ne sait plus quand ça pourrait s’arrêter qu’on ne sait plus depuis combien de temps on a mal qu’on ne sait plus ce que ça veut dire le temps qu’on ne sait plus ce que c’est finir d’avoir mal qu’on ne sait plus ressentir autre chose que l’absence à soi-même".