Jean-Jacques ROUSSEAU
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Jean-Jacques ROUSSEAU
- (1712-1778)
Daphnis et Chloé
Dans un nouveau parentage,
Te souviendras-tu de moi ?
Ah ! je te laisse pour gage
Mon serment, mon coeur, ma foi.
Me reviendras-tu fidelle ?
Seras-tu toujours mon Berger ?
Quelque destin qui m'appelle,
Mon coeur ne saurait changer.
Ah ! sois-moi toujours fidelle !
Je serai toujours ton berger.
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778)
Le verger de Mme de Warens
Verger cher à mon coeur, séjour de l'innocence,
Honneur des plus beaux jours que le ciel me dispense.
Solitude charmante, Asile de la paix ;
Puissé-je, heureux verger, ne vous quitter jamais.
Ô jours délicieux coulés sous vos ombrages !
De Philomèle en pleurs les languissants ramages,
D'un ruisseau fugitif le murmure flatteur,
Excitent dans mon âme un charme séducteur.
J'apprends sur votre émail à jouir de la vie :
J'apprends à méditer sans regrets, sans envie
Sur les frivoles goûts des mortels insensés.
Leurs jours tumultueux l'un par l'autre poussés
N'enflamment point mon coeur du désir de les suivre.
À de plus grands plaisirs je mets le prix de vivre ;
Plaisirs toujours charmants, toujours doux, toujours purs,
A mon coeur enchanté vous êtes toujours sûrs.
Soit qu'au premier aspect d'un beau jour près d'éclore
J'aille voir les coteaux qu'un soleil levant dore ;
Soit que vers le midi chassé par son ardeur,
Sous un arbre touffu je cherche la fraîcheur ;
Là portant avec moi Montaigne ou La Bruyère,
Je ris tranquillement de l'humaine misère ;
Ou bien avec Socrate et le divin Platon,
Je m'exerce à marcher sur les pas de Caton :
Soit qu'une nuit brillante en étendant ses voiles
Découvre à mes regards la lune et les étoiles,
Alors, suivant de loin La Hire et Cassini,
Je calcule, j'observe, et près de l'infini
Sur ces mondes divers que l'Éther nous recèle
Je pousse, en raisonnant, Huyghens et Fontenelle ;
Soit enfin que surpris d'un orage imprévu,
Je rassure en courant le berger éperdu,
Qu'épouvantent les vents qui sifflent sur sa tête ;
Les tourbillons, l'éclair, la foudre, la tempête ;
Toujours également heureux et satisfait,
Je ne désire point un bonheur plus parfait.
Verger cher à mon coeur, séjour de l'innocence,
Honneur des plus beaux jours que le ciel me dispense.
Solitude charmante, Asile de la paix ;
Puissé-je, heureux verger, ne vous quitter jamais.
Ô jours délicieux coulés sous vos ombrages !
De Philomèle en pleurs les languissants ramages,
D'un ruisseau fugitif le murmure flatteur,
Excitent dans mon âme un charme séducteur.
J'apprends sur votre émail à jouir de la vie :
J'apprends à méditer sans regrets, sans envie
Sur les frivoles goûts des mortels insensés.
Leurs jours tumultueux l'un par l'autre poussés
N'enflamment point mon coeur du désir de les suivre.
À de plus grands plaisirs je mets le prix de vivre ;
Plaisirs toujours charmants, toujours doux, toujours purs,
A mon coeur enchanté vous êtes toujours sûrs.
Soit qu'au premier aspect d'un beau jour près d'éclore
J'aille voir les coteaux qu'un soleil levant dore ;
Soit que vers le midi chassé par son ardeur,
Sous un arbre touffu je cherche la fraîcheur ;
Là portant avec moi Montaigne ou La Bruyère,
Je ris tranquillement de l'humaine misère ;
Ou bien avec Socrate et le divin Platon,
Je m'exerce à marcher sur les pas de Caton :
Soit qu'une nuit brillante en étendant ses voiles
Découvre à mes regards la lune et les étoiles,
Alors, suivant de loin La Hire et Cassini,
Je calcule, j'observe, et près de l'infini
Sur ces mondes divers que l'Éther nous recèle
Je pousse, en raisonnant, Huyghens et Fontenelle ;
Soit enfin que surpris d'un orage imprévu,
Je rassure en courant le berger éperdu,
Qu'épouvantent les vents qui sifflent sur sa tête ;
Les tourbillons, l'éclair, la foudre, la tempête ;
Toujours également heureux et satisfait,
Je ne désire point un bonheur plus parfait.
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Re: Jean-Jacques ROUSSEAU
- Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778)
Les consolations des misères de ma vie
(extrait, V)
Ruisseau qui baignes cette plaine,
Je te ressemble en bien des traits.
Toujours même penchant t'entraîne :
Le mien ne changera jamais.
Tu fais éclore des fleurettes :
J'en produis aussi quelquefois.
Tu gazouilles sous ces coudrettes :
De l'amour j'y chante les lois.
Ton murmure flatteur et tendre
Ne cause ni bruit ni fracas ;
Plein du souci qu'amour fait prendre,
Si je murmure, c'est tout bas.
Rien n'est dans l'Empire liquide
Si pur que l'argent de tes flots ;
L'ardeur qui dans mon sein réside
N'est pas moins pure que tes eaux.
Des vents qui font gémir Neptune
Tu braves les coups redoublés ;
Des jeux cruels de la fortune
Mes sens ne sont jamais troublés.
Je ressens pour ma tendre amie
Cet amoureux empressement
Qui te porte vers la prairie
Que tu chéris si tendrement.
Quand Thémire est sur ton rivage,
Dans tes eaux on voit son portrait ;
Je conserve aussi son image ;
Elle est dans mon coeur, trait pour trait.
Tu n'as point d'embuche profonde ;
Je n'ai point de piège trompeur.
On voit jusqu'au fond de ton onde ;
On voit jusqu'au fond de mon coeur.
Au but prescrit par la nature
Tu vas, d'un pas toujours égal,
Jusqu'au temps où par sa froidure,
L'hiver vient glacer ton cristal.
Sans Thémire je ne puis vivre ;
Mon but à son coeur est fixé.
Je ne cesserai de le suivre
Que quand mon sang sera glacé.
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
Re: Jean-Jacques ROUSSEAU
- Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778)
Romance
Au lever de l'aurore,
Sur le lit de l'amour,
Zéphir caressait Flore
Plus belle qu'un beau jour.
Une jeune bergère
Auprès d'un noir cyprès,
A l'écho solitaire
Vint conter ses regrets.
Doux oiseaux de ces rives,
Pleurez, Tyrcis est mort ;
Tourterelles plaintives,
Gémissez de mon sort.
Quittez, roses nouvelles,
Vos riantes couleurs,
Et vous, échos fidèles,
Répétez mes douleurs.
Le rossignol sauvage
Venait du fond des bois
Suspendant son ramage
Écouter son hautbois.
Les vents alors paisibles
Murmuraient doucement,
Et les ruisseaux sensibles
Coulaient plus lentement.
Tyrcis le vrai modèle
Des bergers amoureux,
Discret, tendre et fidèle
Rendait mes jours heureux.
Avec des violettes
Il tressait des festons,
De rubans et d'aigrettes
Il ornait mes moutons.
Errez à l'aventure,
A la merci des loups ;
Désormais la nature
Doit prendre soin de vous.
Voici ma dernière heure,
Adieu, pauvre troupeau ;
Il faut bien que je meure,
Tyrcis est au tombeau !
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
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