Poiésie Louis Ménard
Page 1 sur 1
Poiésie Louis Ménard
- Louis MÉNARD (1822-1901)
Alastor
Le découragement, la fatigue et l'ennui
Me saisissent, devant
l'implacable puissance
Des choses ; loi, destin, hasard ou
providence,
Quelqu'un m'écrase, et moi, je ne puis rien sur
lui.
Peut-être les démons de ceux à qui j'ai nui
Autrefois, quelque
part, dans une autre existence,
Invisibles dans l'air, m'entourent en
silence,
Et du mal que j'ai fait se vengent aujourd'hui.
Quelle que
soit leur force et quel que soit leur nombre,
Je voudrais bien les voir face
à face ; il est temps
Que mon mauvais destin prenne un corps, je l'attends
;
Mais je ne puis toujours lutter ainsi dans l'ombre,
Et s'il faut que
j'expie, au moins je veux, pareil
Au fier Ajax, combattre et mourir au
soleil.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Circé
Circé
Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,
Pour dompter les
plus forts, elle n'a qu'à sourire.
Les magiques lueurs de ses yeux
caressants
Versent l'ardente extase à tout ce qui respire.
Les grands
ours, les lions fauves et rugissants
Lèchent ses pieds d'ivoire ; un nuage
d'encens
L'enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,
La
Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.
Sous le joug du désir,
elle traîne à sa suite
L'innombrable troupeau des êtres, les charmant
Par son regard de vierge et sa bouche qui ment,
Tranquille,
irrésistible. Ah ! maudite, maudite !
Puisque tu changes l'homme en bête, au
moins endors
Dans nos cours pleins de toi la honte et le remords.
Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,
Pour dompter les
plus forts, elle n'a qu'à sourire.
Les magiques lueurs de ses yeux
caressants
Versent l'ardente extase à tout ce qui respire.
Les grands
ours, les lions fauves et rugissants
Lèchent ses pieds d'ivoire ; un nuage
d'encens
L'enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,
La
Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.
Sous le joug du désir,
elle traîne à sa suite
L'innombrable troupeau des êtres, les charmant
Par son regard de vierge et sa bouche qui ment,
Tranquille,
irrésistible. Ah ! maudite, maudite !
Puisque tu changes l'homme en bête, au
moins endors
Dans nos cours pleins de toi la honte et le remords.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Empédocle
Empédocle
Au sommet de l'Etna, debout près du cratère,
Comme Héraclès
devant le bûcher de l'Oeta,
Embrassant du regard l'Océan et la
terre,
Empédocle adora la nature et chanta :
Miroir de l'Infini, flots
de la mer divine,
Gouffre inviolé, grand horizon bleu !
Lampes du ciel
profond dont la nuit s'illumine,
Peuples de l'espace, étoiles de Dieu
!
Éternelles forêts, mystérieux ombrages,
Arôme enivrant qu'exhalent
les bois !
Ô solitude sainte ! ô voluptés sauvages !
Bonheur indécrit,
liberté sans lois !
Ô Nature éternelle, impénétrable, immense !
Ton
temple est l'éther, les monts tes autels ;
Dans ta nudité chaste et ta
toute-puissance
Je viens t'adorer, loin des bruits mortels.
Ta flamme,
d'où jaillit l'étincelle éphémère
Qui donne la vie au néant glacé,
M'a
tiré de la nuit originelle, ô Mère !
Ton lait m'a nourri, tes bras m'ont
bercé.
Je me suis enivré de ce sommeil sans rêve
Que verse aux forêts
le vent des hivers,
Et de ce lent réveil du printemps, quand la
sève
Couronne les bois de feuillages verts.
J'ai, tour à tour poisson
muet dans le flot sombre,
Taureau dans les champs, aigle dans le
ciel,
Lion dans les déserts, sous ses formes sans nombre,
Pas à pas suivi
l'être universel.
Mille fois retrempée à la source des choses,
Mon âme
agrandie, en son vol joyeux,
Par l'échelle sans fin de ses
métempsycoses,
Va de l'arbre à l'homme, et de l'homme aux
dieux.
Maintenant il me faut une dernière épreuve ;
Je pars, mais je
sais, en quittant le port,
Car déjà du Léthé j'ai traversé le
fleuve,
Qu'un autre soleil luit sur l'autre bord.
Zeus, éther
créateur, flamme, aliment des mondes,
De ton foyer pur l'esprit émané
Y
retourne : et toi, Terre aux entrailles fécondes,
Je te rends ce corps que tu
m'as donné.
Des souillures des sens l'âme humaine se lave
Comme le
métal qu'épure le feu ;
Etna qui me reçois dans ton ardente lave,
Du sage
qui meurt tu vas faire un dieu !
D'un suprême sourire il salua la
terre,
Et l'Etna l'engloutit dans son brûlant cratère,
Et bientôt du
volcan le reflux souterrain
Rejeta vers le ciel ses sandales
d'airain.
Mais, ainsi qu'un navire aux vents livrant ses voiles,
L'esprit
du sage errait au-dessus des étoiles.
Au sommet de l'Etna, debout près du cratère,
Comme Héraclès
devant le bûcher de l'Oeta,
Embrassant du regard l'Océan et la
terre,
Empédocle adora la nature et chanta :
Miroir de l'Infini, flots
de la mer divine,
Gouffre inviolé, grand horizon bleu !
Lampes du ciel
profond dont la nuit s'illumine,
Peuples de l'espace, étoiles de Dieu
!
Éternelles forêts, mystérieux ombrages,
Arôme enivrant qu'exhalent
les bois !
Ô solitude sainte ! ô voluptés sauvages !
Bonheur indécrit,
liberté sans lois !
Ô Nature éternelle, impénétrable, immense !
Ton
temple est l'éther, les monts tes autels ;
Dans ta nudité chaste et ta
toute-puissance
Je viens t'adorer, loin des bruits mortels.
Ta flamme,
d'où jaillit l'étincelle éphémère
Qui donne la vie au néant glacé,
M'a
tiré de la nuit originelle, ô Mère !
Ton lait m'a nourri, tes bras m'ont
bercé.
Je me suis enivré de ce sommeil sans rêve
Que verse aux forêts
le vent des hivers,
Et de ce lent réveil du printemps, quand la
sève
Couronne les bois de feuillages verts.
J'ai, tour à tour poisson
muet dans le flot sombre,
Taureau dans les champs, aigle dans le
ciel,
Lion dans les déserts, sous ses formes sans nombre,
Pas à pas suivi
l'être universel.
Mille fois retrempée à la source des choses,
Mon âme
agrandie, en son vol joyeux,
Par l'échelle sans fin de ses
métempsycoses,
Va de l'arbre à l'homme, et de l'homme aux
dieux.
Maintenant il me faut une dernière épreuve ;
Je pars, mais je
sais, en quittant le port,
Car déjà du Léthé j'ai traversé le
fleuve,
Qu'un autre soleil luit sur l'autre bord.
Zeus, éther
créateur, flamme, aliment des mondes,
De ton foyer pur l'esprit émané
Y
retourne : et toi, Terre aux entrailles fécondes,
Je te rends ce corps que tu
m'as donné.
Des souillures des sens l'âme humaine se lave
Comme le
métal qu'épure le feu ;
Etna qui me reçois dans ton ardente lave,
Du sage
qui meurt tu vas faire un dieu !
D'un suprême sourire il salua la
terre,
Et l'Etna l'engloutit dans son brûlant cratère,
Et bientôt du
volcan le reflux souterrain
Rejeta vers le ciel ses sandales
d'airain.
Mais, ainsi qu'un navire aux vents livrant ses voiles,
L'esprit
du sage errait au-dessus des étoiles.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Erinnyes
Erinnyes
Je sais que toute joie est une illusion,
Qu'il faut que tout se
paye et que tout se compense,
Et je devrais bénir la dure providence
Qui
m'impose l'épreuve ou l'expiation.
Les stériles regrets, la menteuse
espérance
N'atteignent pas la pure et calme région
Où le sage s'endort,
libre de passion,
Dans la sereine paix de son intelligence,
Je le
sais, mais je garde au coeur le souvenir
D'un rêve éblouissant, qui ne peut
revenir
Ni dans ce monde-ci, ni dans l'autre : personne,
Ange, démon
ou Dieu, n'y peut rien ; j'ai perdu
Un bonheur bien plus grand que ce que le
ciel donne,
Et ce bonheur jamais ne me sera rendu.
Je sais que toute joie est une illusion,
Qu'il faut que tout se
paye et que tout se compense,
Et je devrais bénir la dure providence
Qui
m'impose l'épreuve ou l'expiation.
Les stériles regrets, la menteuse
espérance
N'atteignent pas la pure et calme région
Où le sage s'endort,
libre de passion,
Dans la sereine paix de son intelligence,
Je le
sais, mais je garde au coeur le souvenir
D'un rêve éblouissant, qui ne peut
revenir
Ni dans ce monde-ci, ni dans l'autre : personne,
Ange, démon
ou Dieu, n'y peut rien ; j'ai perdu
Un bonheur bien plus grand que ce que le
ciel donne,
Et ce bonheur jamais ne me sera rendu.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Icare
Icare
J'ai souvent répété les paroles des sages,
Que tout bonheur
humain se paye et qu'il vaut mieux,
Libre et fort, dans la paix immobile des
dieux,
Voir la vie à ses pieds, du bord calme des plages.
Mais
maintenant, l'abîme a fasciné mes yeux ;
Je voudrais, comme Icare, au-dessus
des nuages,
Vers la zone de flamme où germent les orages
M'élancer, et
mourir quand j'aurai vu les cieux.
Je sais, je sais déjà tout ce que vous
me dites,
Mais la vision sainte est là ; je veux saisir
Mon rêve et, sous
le ciel embrasé du désir,
Braver la soif ardente et les fièvres
maudites
Et les remords sans fin, pour ce bonheur d'un jour,
Le divin,
l'infini, l'insatiable amour.
J'ai souvent répété les paroles des sages,
Que tout bonheur
humain se paye et qu'il vaut mieux,
Libre et fort, dans la paix immobile des
dieux,
Voir la vie à ses pieds, du bord calme des plages.
Mais
maintenant, l'abîme a fasciné mes yeux ;
Je voudrais, comme Icare, au-dessus
des nuages,
Vers la zone de flamme où germent les orages
M'élancer, et
mourir quand j'aurai vu les cieux.
Je sais, je sais déjà tout ce que vous
me dites,
Mais la vision sainte est là ; je veux saisir
Mon rêve et, sous
le ciel embrasé du désir,
Braver la soif ardente et les fièvres
maudites
Et les remords sans fin, pour ce bonheur d'un jour,
Le divin,
l'infini, l'insatiable amour.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Initiation
Initiation
Du haut du ciel profond, vers le monde agité,
S'abaissent les
regards des âmes éternelles :
Elles sentent monter de la terre vers
elles
L'ivresse de la vie et de la volupté ;
Les effluves d'en bas
leur dessèchent les ailes,
Et, tombant de l'éther et du cercle
lacté,
Elles boivent, avec l'oubli du ciel quitté,
Le poison du désir dans
les coupes mortelles.
Pourtant, dans leur exil, un reflet du ciel
bleu
Les remplit du dégoût des choses passagères ;
Mais c'est par la
douleur qu'on franchit les sept sphères ;
L'initiation, qui fait de
l'homme un dieu,
La mort en tient les clefs ; le sacrifice épure,
Et le
sang rédempteur lave toute souillure.
Du haut du ciel profond, vers le monde agité,
S'abaissent les
regards des âmes éternelles :
Elles sentent monter de la terre vers
elles
L'ivresse de la vie et de la volupté ;
Les effluves d'en bas
leur dessèchent les ailes,
Et, tombant de l'éther et du cercle
lacté,
Elles boivent, avec l'oubli du ciel quitté,
Le poison du désir dans
les coupes mortelles.
Pourtant, dans leur exil, un reflet du ciel
bleu
Les remplit du dégoût des choses passagères ;
Mais c'est par la
douleur qu'on franchit les sept sphères ;
L'initiation, qui fait de
l'homme un dieu,
La mort en tient les clefs ; le sacrifice épure,
Et le
sang rédempteur lave toute souillure.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
L'athlète
L'athlète
Je suis initié, je connais le mystère
De la vie : une arène où
l'immortalité
Est le prix de la lutte, et je m'y suis jeté
Librement,
voulant naître et vivre sur la terre.
Les héros demi-dieux ont souffert
et lutté
Pour conquérir au ciel leur place héréditaire :
Que la lutte
virile et la douleur austère
Trempent comme l'airain ma libre
volonté.
Suivons sans peur le cours de nos metempsycoses,
Et de
l'ascension montons le dur chemin,
Sous les yeux de nos morts qui nous
tendent la main.
Ils recevront, du haut de leurs apothéoses,
Dans
l'olympe étoilé conquis par leur vertu,
L'âme qui combattra comme ils ont
combattu.
Je suis initié, je connais le mystère
De la vie : une arène où
l'immortalité
Est le prix de la lutte, et je m'y suis jeté
Librement,
voulant naître et vivre sur la terre.
Les héros demi-dieux ont souffert
et lutté
Pour conquérir au ciel leur place héréditaire :
Que la lutte
virile et la douleur austère
Trempent comme l'airain ma libre
volonté.
Suivons sans peur le cours de nos metempsycoses,
Et de
l'ascension montons le dur chemin,
Sous les yeux de nos morts qui nous
tendent la main.
Ils recevront, du haut de leurs apothéoses,
Dans
l'olympe étoilé conquis par leur vertu,
L'âme qui combattra comme ils ont
combattu.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
L'idéal
L'idéal
Je ne voudrais rien des choses possibles ;
Il n'est rien à mes
yeux qui mérite un désir.
Mon ciel est plus loin que les cieux
visibles,
Et mon coeur est plus mort que le coeur d'un fakir.
Je ne
puis aimer les femmes réelles :
L'idéal entre nous ouvre ses
profondeurs.
L'abîme infini me sépare d'elles,
Et j'adore des Dieux qui ne
sont pas les leurs.
Il faudrait avoir sa vierge sculptée
Comme
Pygmalion, et retrouver le feu
Qu'au char du soleil ravit Prométhée :
Pour
incarner son rêve, il faudrait être un Dieu.
Dans les gais printemps, la
jeunesse dore
Les plus âpres sentiers de ses ardents rayons ;
Mais plus
tard, qui peut rallumer encore
Le soleil éclipsé de ses illusions
?
Les rêves s'en vont avec l'espérance ;
N'importe : marchons seul,
comme il convient aux forts.
Sans peur, sans regrets, montons en
silence
Vers la sphère sereine et calme où sont les morts.
Grande
Nuit, principe et terme des choses,
Béni soit ton sommeil où tout va
s'engloutir ;
Ô Nuit ! sauve-moi des métempsycoses,
Reprends-moi dans ton
sein, j'ai mal fait d'en sortir.
Je ne voudrais rien des choses possibles ;
Il n'est rien à mes
yeux qui mérite un désir.
Mon ciel est plus loin que les cieux
visibles,
Et mon coeur est plus mort que le coeur d'un fakir.
Je ne
puis aimer les femmes réelles :
L'idéal entre nous ouvre ses
profondeurs.
L'abîme infini me sépare d'elles,
Et j'adore des Dieux qui ne
sont pas les leurs.
Il faudrait avoir sa vierge sculptée
Comme
Pygmalion, et retrouver le feu
Qu'au char du soleil ravit Prométhée :
Pour
incarner son rêve, il faudrait être un Dieu.
Dans les gais printemps, la
jeunesse dore
Les plus âpres sentiers de ses ardents rayons ;
Mais plus
tard, qui peut rallumer encore
Le soleil éclipsé de ses illusions
?
Les rêves s'en vont avec l'espérance ;
N'importe : marchons seul,
comme il convient aux forts.
Sans peur, sans regrets, montons en
silence
Vers la sphère sereine et calme où sont les morts.
Grande
Nuit, principe et terme des choses,
Béni soit ton sommeil où tout va
s'engloutir ;
Ô Nuit ! sauve-moi des métempsycoses,
Reprends-moi dans ton
sein, j'ai mal fait d'en sortir.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
La sirène
La sirène
La vie appelle à soi la foule haletante
Des germes animés ;
sous le clair firmament
Ils se pressent, et tous boivent avidement
À la
coupe magique où le désir fermente.
Ils savent que l'ivresse est courte ;
à tout moment
Retentissent des cris d'horreur et d'épouvante,
Mais la
molle sirène, à la voix caressante,
Les attire comme un irrésistible
aimant.
Puisqu'ils ont soif de vivre, ils ont leur raison d'être
:
Qu'ils se baignent, joyeux, dans le rayon vermeil
Que leur dispense à
tous l'impartial soleil ;
Mais moi, je ne sais pas pourquoi j'ai voulu
naître ;
J'ai mal fait, je me suis trompé, je devrais bien
M'en aller de
ce monde où je n'espère rien.
La vie appelle à soi la foule haletante
Des germes animés ;
sous le clair firmament
Ils se pressent, et tous boivent avidement
À la
coupe magique où le désir fermente.
Ils savent que l'ivresse est courte ;
à tout moment
Retentissent des cris d'horreur et d'épouvante,
Mais la
molle sirène, à la voix caressante,
Les attire comme un irrésistible
aimant.
Puisqu'ils ont soif de vivre, ils ont leur raison d'être
:
Qu'ils se baignent, joyeux, dans le rayon vermeil
Que leur dispense à
tous l'impartial soleil ;
Mais moi, je ne sais pas pourquoi j'ai voulu
naître ;
J'ai mal fait, je me suis trompé, je devrais bien
M'en aller de
ce monde où je n'espère rien.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Le Rishi
Le Rishi
Dans la sphère du nombre et de la différence,
Enchaînés à la
vie, il faut que nous montions,
Par l'échelle sans fin des
transmigrations,
Tous les degrés de l'être et de
l'intelligence.
Grâce, ô vie infinie, assez d'illusions !
Depuis
l'éternité ce rêve recommence.
Quand donc viendra la paix, la mort sans
renaissance ?
N'est-il pas bientôt temps que nous nous reposions ?
Le
silence, l'oubli, le néant qui délivre,
Voilà ce qu'il me faut ; je voudrais
m'affranchir
Du mouvement, du lieu, du temps, du devenir ;
Je suis
las, rien ne vaut la fatigue de vivre,
Et pas un paradis n'a de bonheur
pareil,
Nuit calme, nuit bénie, à ton divin sommeil.
Dans la sphère du nombre et de la différence,
Enchaînés à la
vie, il faut que nous montions,
Par l'échelle sans fin des
transmigrations,
Tous les degrés de l'être et de
l'intelligence.
Grâce, ô vie infinie, assez d'illusions !
Depuis
l'éternité ce rêve recommence.
Quand donc viendra la paix, la mort sans
renaissance ?
N'est-il pas bientôt temps que nous nous reposions ?
Le
silence, l'oubli, le néant qui délivre,
Voilà ce qu'il me faut ; je voudrais
m'affranchir
Du mouvement, du lieu, du temps, du devenir ;
Je suis
las, rien ne vaut la fatigue de vivre,
Et pas un paradis n'a de bonheur
pareil,
Nuit calme, nuit bénie, à ton divin sommeil.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Le soir
Le soir
Plus fraîche qu'un parfum d'avril après l'hiver,
L'espérance
bénie arrive et nous enlace,
La menteuse éternelle, avec son rire clair
Et
ses folles chansons qui s'égrènent dans l'air.
Mais comme on voit, la
nuit, sous le flot noir qui passe
Glisser les pâles feux des étoiles de
mer,
Tous nos rêves ailés, dans le lugubre espace
Disparaissent, à l'heure
où l'espérance est lasse.
En vain on les rappelle, on tend les bras vers
eux ;
Les fantômes chéris s'en vont, silencieux,
Par le chemin perdu des
paradis qu'on pleure :
Ah ! Mon ciel était là, je m'en suis
aperçu
Trop tard, l'ange est parti, j'ai laissé passer l'heure,
Et
maintenant tout est fini : si j'avais su !
Plus fraîche qu'un parfum d'avril après l'hiver,
L'espérance
bénie arrive et nous enlace,
La menteuse éternelle, avec son rire clair
Et
ses folles chansons qui s'égrènent dans l'air.
Mais comme on voit, la
nuit, sous le flot noir qui passe
Glisser les pâles feux des étoiles de
mer,
Tous nos rêves ailés, dans le lugubre espace
Disparaissent, à l'heure
où l'espérance est lasse.
En vain on les rappelle, on tend les bras vers
eux ;
Les fantômes chéris s'en vont, silencieux,
Par le chemin perdu des
paradis qu'on pleure :
Ah ! Mon ciel était là, je m'en suis
aperçu
Trop tard, l'ange est parti, j'ai laissé passer l'heure,
Et
maintenant tout est fini : si j'avais su !
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Nirvana
Nirvana
L'universel désir guette comme une proie
Le troupeau des
vivants ; tous viennent tour à tour
À sa flamme brûler leurs ailes, comme,
autour
D'une lampe, l'essaim des phalènes tournoie.
Heureux qui sans
regret, sans espoir, sans amour,
Tranquille et connaissant le fond de toute
joie,
Marche en paix dans la droite et véritable voie,
Dédaigneux de la
vie et des plaisirs d'un jour !
Néant divin, je suis plein du dégoût des
choses ;
Las de l'illusion et des métempsycoses,
J'implore ton sommeil
sans rêve ; absorbe-moi,
Lieu des trois mondes, source et fin des
existences,
Seul vrai, seul immobile au sein des apparences ;
Tout est
dans toi, tout sort de toi, tout rentre en toi !
L'universel désir guette comme une proie
Le troupeau des
vivants ; tous viennent tour à tour
À sa flamme brûler leurs ailes, comme,
autour
D'une lampe, l'essaim des phalènes tournoie.
Heureux qui sans
regret, sans espoir, sans amour,
Tranquille et connaissant le fond de toute
joie,
Marche en paix dans la droite et véritable voie,
Dédaigneux de la
vie et des plaisirs d'un jour !
Néant divin, je suis plein du dégoût des
choses ;
Las de l'illusion et des métempsycoses,
J'implore ton sommeil
sans rêve ; absorbe-moi,
Lieu des trois mondes, source et fin des
existences,
Seul vrai, seul immobile au sein des apparences ;
Tout est
dans toi, tout sort de toi, tout rentre en toi !
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Panthéon
Panthéon
Le temple idéal où vont mes prières
Renferme tous les dieux que
le monde a connus.
Évoqués à la fois de tous les sanctuaires,
Anciens et
nouveaux, tous ils sont venus ;
Les dieux qu'enfanta la nuit
primitive
Avant le premier jour de la création,
Ceux qu'adore, en ses
jours de vieillesse tardive,
La terre, attendant sa rédemption ;
Ceux
qui, s'entourant d'ombre et de silence,
Contemplent, à travers l'éternité
sans fin,
Le monde, qui toujours finit et recommence
Dans l'illusion du
rêve divin ;
Et les dieux de l'ordre et de l'harmonie,
Qui, dans les
profondeurs du multiple univers,
Font ruisseler les flots bouillonnants de la
vie,
Et des sphères d'or règlent les concerts ;
Et les dieux
guerriers, les vertus vivantes
Qui marchent dans leur force et leur mâle
beauté,
Guidant les peuples fiers et les races puissantes
Vers les saints
combats de la liberté ;
Tous sont là : pour eux l'encens fume
encore,
La voix des hymnes monte ainsi qu'aux jours de foi ;
À l'entour de
l'autel, un peuple immense adore
Le dernier mystère et la grande
loi.
Car c'est là qu'un dieu s'offre en sacrifice :
Il faut le bec
sanglant du vautour éternel
Ou l'infâme gibet de l'éternel supplice,
Pour
faire monter l'âme humaine au ciel.
Tous les grands héros, les saints en
prière,
Veulent avoir leur part des divines douleurs ;
Le bûcher sur
l'Oeta, la croix sur le Calvaire,
Et le ciel, au prix du sang et des
pleurs.
Mais au fond du temple est une chapelle
Discrète et
recueillie, où, des cieux entr'ouverts,
La colombe divine ombrage de son
aile
Un lis pur, éclos sous les palmiers verts.
Fleur du paradis,
vierge immaculée,
Puisque ton chaste sein conçut le dernier dieu,
Règne
auprès de ton fils, rayonnante, étoilée,
Les pieds sur la lune, au fond du
ciel bleu.
Le temple idéal où vont mes prières
Renferme tous les dieux que
le monde a connus.
Évoqués à la fois de tous les sanctuaires,
Anciens et
nouveaux, tous ils sont venus ;
Les dieux qu'enfanta la nuit
primitive
Avant le premier jour de la création,
Ceux qu'adore, en ses
jours de vieillesse tardive,
La terre, attendant sa rédemption ;
Ceux
qui, s'entourant d'ombre et de silence,
Contemplent, à travers l'éternité
sans fin,
Le monde, qui toujours finit et recommence
Dans l'illusion du
rêve divin ;
Et les dieux de l'ordre et de l'harmonie,
Qui, dans les
profondeurs du multiple univers,
Font ruisseler les flots bouillonnants de la
vie,
Et des sphères d'or règlent les concerts ;
Et les dieux
guerriers, les vertus vivantes
Qui marchent dans leur force et leur mâle
beauté,
Guidant les peuples fiers et les races puissantes
Vers les saints
combats de la liberté ;
Tous sont là : pour eux l'encens fume
encore,
La voix des hymnes monte ainsi qu'aux jours de foi ;
À l'entour de
l'autel, un peuple immense adore
Le dernier mystère et la grande
loi.
Car c'est là qu'un dieu s'offre en sacrifice :
Il faut le bec
sanglant du vautour éternel
Ou l'infâme gibet de l'éternel supplice,
Pour
faire monter l'âme humaine au ciel.
Tous les grands héros, les saints en
prière,
Veulent avoir leur part des divines douleurs ;
Le bûcher sur
l'Oeta, la croix sur le Calvaire,
Et le ciel, au prix du sang et des
pleurs.
Mais au fond du temple est une chapelle
Discrète et
recueillie, où, des cieux entr'ouverts,
La colombe divine ombrage de son
aile
Un lis pur, éclos sous les palmiers verts.
Fleur du paradis,
vierge immaculée,
Puisque ton chaste sein conçut le dernier dieu,
Règne
auprès de ton fils, rayonnante, étoilée,
Les pieds sur la lune, au fond du
ciel bleu.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Résignation
Résignation
C'est une pauvre vieille, humble, le dos voûté.
Autrefois on
l'aimait, on s'est tué pour elle.
Qui sait ? Peut-être un jour tu seras
regretté
De celle qui dit non, maintenant qu'elle est belle.
Elle
aussi vieillira, puis l'ombre universelle
La noîra, comme toi, dans son
immensité.
Il faut que les grands dieux, pour leur oeuvre
éternelle,
Reprennent le bonheur qu'ils nous avaient prêté.
Nous
sommes trop petits dans l'ensemble des choses ;
La nature mûrit ses blés,
fleurit ses roses
Et dédaigne nos voeux, nos regrets, nos
efforts.
Attendons, résignés, la fin des heures lentes ;
Les étoiles,
là-haut, roulent indifférentes ;
Qu'elles versent l'oubli sur nous ; heureux
les morts !
C'est une pauvre vieille, humble, le dos voûté.
Autrefois on
l'aimait, on s'est tué pour elle.
Qui sait ? Peut-être un jour tu seras
regretté
De celle qui dit non, maintenant qu'elle est belle.
Elle
aussi vieillira, puis l'ombre universelle
La noîra, comme toi, dans son
immensité.
Il faut que les grands dieux, pour leur oeuvre
éternelle,
Reprennent le bonheur qu'ils nous avaient prêté.
Nous
sommes trop petits dans l'ensemble des choses ;
La nature mûrit ses blés,
fleurit ses roses
Et dédaigne nos voeux, nos regrets, nos
efforts.
Attendons, résignés, la fin des heures lentes ;
Les étoiles,
là-haut, roulent indifférentes ;
Qu'elles versent l'oubli sur nous ; heureux
les morts !
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Stoïcisme
Stoïcisme
Sois fort, tu seras libre ; accepte la souffrance
Qui grandit
ton courage et t'épure ; sois roi
Du monde intérieur, et suis ta
conscience,
Cet infaillible dieu que chacun porte en soi.
Espères-tu
que ceux qui, par leur providence
Guident les sphères d'or, vont violer pour
toi
L'ordre de l'univers ? Allons, souffre en silence,
Et tâche d'être un
homme et d'accomplir ta loi.
Les grands dieux savent seuls si l'âme est
immortelle ;
Mais le juste travaille à leur oeuvre éternelle,
Fût-ce un
jour, leur laissant le soin de l'avenir,
Sans rien leur envier, car lui,
pour la justice
Il offre librement sa vie en sacrifice,
Tandis qu'un dieu
ne peut ni souffrir ni mourir.
Sois fort, tu seras libre ; accepte la souffrance
Qui grandit
ton courage et t'épure ; sois roi
Du monde intérieur, et suis ta
conscience,
Cet infaillible dieu que chacun porte en soi.
Espères-tu
que ceux qui, par leur providence
Guident les sphères d'or, vont violer pour
toi
L'ordre de l'univers ? Allons, souffre en silence,
Et tâche d'être un
homme et d'accomplir ta loi.
Les grands dieux savent seuls si l'âme est
immortelle ;
Mais le juste travaille à leur oeuvre éternelle,
Fût-ce un
jour, leur laissant le soin de l'avenir,
Sans rien leur envier, car lui,
pour la justice
Il offre librement sa vie en sacrifice,
Tandis qu'un dieu
ne peut ni souffrir ni mourir.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Thébaïde
Thébaïde
Quand notre dernier rêve est à jamais parti,
Il est une heure
dure à traverser ; c'est l'heure
Où ceux pour qui la vie est mauvaise ont
senti
Qu'il faut bien qu'à son tour chaque illusion meure.
Ils se
disent alors que la part la meilleure
Est celle de l'ascète au coeur
anéanti,
Ils cherchent au désert la paix intérieure,
Mais cette fois encor
l'espérance a menti.
J'ai voulu vivre ainsi sans amour et sans
haine,
Et j'ai fermé mon âme au désir, qui n'amène
Que le regret, souvent
le remords, après lui.
Mais je ne trouve, au lieu de la béatitude,
Au
lieu du ciel rêvé dans l'âpre solitude,
Que la morne impuissance et
l'incurable ennui.
Quand notre dernier rêve est à jamais parti,
Il est une heure
dure à traverser ; c'est l'heure
Où ceux pour qui la vie est mauvaise ont
senti
Qu'il faut bien qu'à son tour chaque illusion meure.
Ils se
disent alors que la part la meilleure
Est celle de l'ascète au coeur
anéanti,
Ils cherchent au désert la paix intérieure,
Mais cette fois encor
l'espérance a menti.
J'ai voulu vivre ainsi sans amour et sans
haine,
Et j'ai fermé mon âme au désir, qui n'amène
Que le regret, souvent
le remords, après lui.
Mais je ne trouve, au lieu de la béatitude,
Au
lieu du ciel rêvé dans l'âpre solitude,
Que la morne impuissance et
l'incurable ennui.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Sujets similaires
» Honorat de Bueil, seigneur de RACAN
» Louis-Xavier de RICARD
» Poèmes engagés
» Poèmes les Mains
» Louis Aragon
» Louis-Xavier de RICARD
» Poèmes engagés
» Poèmes les Mains
» Louis Aragon
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum