Ahmad Shamlou ou Chamlou
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Ahmad Shamlou ou Chamlou
(1925-2000)
Courte biographie Ahmad Chamlou, considéré comme le plus grand poète contemporain iranien, est décédé le 24 juillet 2000, à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie. Ahmad Chamlou, qui souffrait d'un cancer et de diabète, était hospitalisé depuis plusieurs semaines. Respecté par les intellectuels laïcs, Ahmad Chamlou a ouvert la littérature iranienne contemporaine à la contestation politique. A la révolution islamique en 1979, il était responsable de la revue Jom'éh (vendredi) dans laquelle il publiait des poèmes politiques, considérés par la critique comme des "cris contre la pauvreté et l'injustice". Paradoxalement, le poète qui se disait opposé aux symboles de l'ancienne Perse a commencé à les défendre après le triomphe de la révolution islamique. Dans ses dernières années, affaibli et sans ressources, il vivait en reclus s'adonnant à l'opium. Très malade, il fut été amputé d'une jambe. Parmi ses recueils les plus connus figurent Ibrahim dans le feu", Fleurir dans la brume" et le jardin des miroirs. Chamlou, dont le maître spirituel était Nima Yushidj, fut l'une des figures les plus marquantes de la poésie iranienne contemporaine et aussi le traducteur en persan de Federico Garcia Lorca. En ermitage près de Téhéran, Ahmed Chamlou, 74 ans, jouissait dans son pays d'une réputation comparable à celle du Victor Hugo des dernières années. Chamlou a élevée la poésie au rang d'une religion. Les Iraniens ont pour lui une telle ferveur qu'elle apparaît presque sacrée, rappelant celle que le peuple de Paris manifestait autrefois pour le Victor Hugo des dernières années. En Iran, on offre des poèmes de Chamlou à un amour, à un ami, pour un anniversaire. A Téhéran, ses livres occupent des rayons entiers dans les librairies. *** |
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
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Élégie
Élégie En te cherchant au seuil de la montagne je pleure Au seuil de la mer et de l'herbe. En te cherchant au passage des vents je pleure Au carrefour des saisons, Dans le châssis cassé d'une fenêtre qui prend Le ciel enduit de nuages Dans un vieux cadre. En attendant ton image Ce cahier vide Jusqu'à quand Jusqu'à quand Se laissera-t'il tourner les pages? Accueillir le flux du vent et de l'amour Dont la soeur est la mort Et l'éternité Son mystère qu'elle t'a soufflé Tu devins alors le corps d'un trésor Essentiel et désirable Comme un trésor Par qui la possession de la terre et des pays Est devenue ce que le coeur accueille. Ton nom est un moment d'aurore qui sur le front du ciel passe - Que ton nom soit béni! - Et nous encore Nous revoyons La nuit et le jour et l'encore. Chamlou (1925) poème traduit par: Mohammad Torabi et Yves Ros | Elegy In search of you On the doorway of mountains I weep, On the verge of the sea and weed. In search of you In the passage of winds I weep, In the cross-road of seasons, In the cracked casement of a widow That makes an olden frame Out of the cloudy sky. Awaiting your image How long, how how long Will this empty book Be leafed through? To go where the wind blows And to accept love-the sister of death. And immortality Shared its secret with you. This into a treasure you turned: Beyond love, I love you, Beyond the screen and color... Beyond our figures Give me a date... |
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marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
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En cette impasse: Shamlou
On vient sentir ta bouche Que tu n'aies dit je t'aime On vient sentir ton coeur Quelle étrange époque vivons-nous, ma toute gracieuse Quant à l'amour, On lui donne le fouet Le long des remparts sentinelles L'amour, on l'enfouit au fond d'une arrière-cour En cette impasse torve, torturée par le froid Brille l'amour Par la grâce nourricière des chants et des poèmes Ne te risque pas à penser, ma toute gracieuse Quelle étrange époque vivons-nous Celui qui, nuitamment, martèle à notre porte Est venu en meurtrier de la lampe La lumière, on l'enfouit au fond d'une arrière-cour Et voici que viennent les bouchers Veillant à tout passage Ils apportent la planche et les hachoirs en sang Quelle étrange époque vivons-nous, ma toute gracieuse Et ils équarrissent le sourire sur les lèvres Et les chants sur la bouche La joie, on l'enfouit au fond d'une arrière-cour Les canaris sont couchés sur la braise, brûlante de jasmin et de lys Quelle étrange époque vivons-nous, ma toute gracieuse Iblis* est triomphant, Ivre, attablé au banquet de nos deuils Dieu, on l'enfouit au fond d'une arrière-cour. (Juillet 1979). Extrait de Petits Chants de l'exil, Téhéran, 1980, traduit pour Libération par Reza Afchar Naderi. (* Satan, dans la tradition orientale) | In this dead-end (1980) ... smell your mouth, To see if you have been saying: I love you. They smell your heart, This is the strangest of times, my dear! Whoever knocks at the door in the middle of the night Has come to kill the light We have to hide it in a closet. Now the butchers are Stationed on each crossroad With a tree trunk and a cleaver To engrave a smile on our lips And a song on our mouths We have to hide our pleasures in a closet. Canaries are being roasted on fire Made of lilies and lilacs This is the strangest of times, my dear! The victorious drunkard Devil Is celebrating our mourning We have to hide God in a closet. (Chamlou), Ahmad |
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marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
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