Poésie – scandinave
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Poésie – scandinave
« Aujourd’hui et demain Je ne suis qu’une étincelle du grand feu. Et de même que je fus allumé dans les ténèbres je m’éteindrai un soir. Je suis le murmure de la vague à cet instant, tandis que d’autres naissent, s’emplissent, et que leurs aînées dorment. Je suis la feuille qui tremble dans ce printemps. Une autre année, | tu vacilleras dans la tempête. Je suis celui qui veille, celui qui possède, l’oeil qui voit, la goutte où se mire à présent l’état du ciel. Je vis, je brûle, je ne sais pourquoi – Empli de fleurs, de femmes, le monde m’appartient aujourd’hui. Tu possèderas toute la beauté sur cette terre quand je l’aurai quittée depuis longtemps et que les traces de mes pas auront disparu. » |
Olav H. Hauge
Régis Boyer nous dit ceci du « secret » d’Olav H. Hauge, ce très grand poète, trop discret et qui ne fut connu dans son pays que grâce à un autre norvégien, Jan Erik Vold, né près de trente années après lui. :
Régis Boyer nous dit ceci du « secret » d’Olav H. Hauge, ce très grand poète, trop discret et qui ne fut connu dans son pays que grâce à un autre norvégien, Jan Erik Vold, né près de trente années après lui. :
« Cet être à part qui n’a jamais voulu être rien d’autre que lui-même, sans savoir au juste ce qu’il entendait par là, ne dit rien : il psalmodie tout doucement, sans brutalité, un peu à la façon de ses grands et lointains ancêtres, les scaldes, qui savaient si bien organiser leur discours en plans interférents de sorte que les auditeurs soient en mesure de reconstituer le chant et le déchant, comme on aurait dit à leur époque (Moyen Âge) – ou à la manière de ces folkeviser ou ballades, également médiévales qui associaient un meneur et un choeur en alternance, le « récit » étant le fait du choeur dansant et le sens profond, celui du meneur. Oui, c’est cela, la voix d’Olav H. Hauge est double. Lisez bien : il écrit sur palimpseste et si vous parvenez à oblitérer le discours apparent, vous découvrirez une voix amie, intime, réellement « poétique » car elle crée. Ou recrée. »
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Tarjei Vesaas:Les dernières choses que nous voyons tenir
« Au cœur du plus profond bat le réel de passage. Les vérités sont vraies jusqu’à ce soir. En danger quand la pensée jette du feu, les vérités se défont | Les matins luisent tels de hauts et sûrs nuages. Plongé dans le silence habite notre désir. Réels sont pour cela les rêves et le désir. Ils seront aussi les dernières choses que nous devons tenir |
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Re: Poésie – scandinave
Un extrait du poème Vis, notre rêve :
« mort avant que nous mourrions
est tapie dans cette nuit,
dans toutes les nuits.
Elle vit sans cesse
Elle vit sans cesse
en face et nous fixe
tel l’obscur mystérieux
venu du puits sec
où il n’est plus de rêve.
Froide, nous attirant à elle,
venu du puits sec
où il n’est plus de rêve.
Froide, nous attirant à elle,
elle reste ouverte – et pour nous.
C’est tout ce que nous savons,
là où il n’y a plus de rêve. »
là où il n’y a plus de rêve. »
Chez Tarjei Vesaas, la poésie ne se situe pas à la périphérie de l’œuvre, mais en constitue le cœur, en véhicule l’essence. Il chante le silence pour mieux invoquer le feu, laisser se consumer les temps et les mondes afin de mieux se dénuder face à soi-même.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Pour me consoler de la mort, j’ai le rêve de Tor Jonson
Mon cœur possède une autre patrie
que celle que tu cultives de ta main dure.
Mon cœur possède une autre terre
que celle où poussent tes champs et ta solitude.
Ton pays a un temple où, fatigué, on peut prier
mais nul salut, nulle paix du cœur.
Ton pays offre le repos à ton pied, à ta main
mais aucune liberté à un homme sans paix.
Je m’arrête parfois près d’une porte et je prie
mais tu m’offres tes sarcasmes quand je demande la paix.
sur le sable gris de tous les chemins :
là est ma liberté et ma patrie.
Je rencontre beaucoup de monde, de bonnes gens
mais l’âme sans lieu n’a aucun ami.
Qui pense à un être sans lieu
quand le feuillage meurt et tombe de la branche du bouleau ?
Mais quelqu’un veut du bien au voyageur solitaire :
un arbre lui donne un abri et le chant de l’oiseau une âme.
Un autre monde brille dans le cœur,
dans l’éclat de ce que j’ai jadis chéri. »
Mon cœur possède une autre terre
que celle où poussent tes champs et ta solitude.
Ton pays a un temple où, fatigué, on peut prier
mais nul salut, nulle paix du cœur.
Ton pays offre le repos à ton pied, à ta main
mais aucune liberté à un homme sans paix.
Je m’arrête parfois près d’une porte et je prie
mais tu m’offres tes sarcasmes quand je demande la paix.
sur le sable gris de tous les chemins :
là est ma liberté et ma patrie.
Je rencontre beaucoup de monde, de bonnes gens
mais l’âme sans lieu n’a aucun ami.
Qui pense à un être sans lieu
quand le feuillage meurt et tombe de la branche du bouleau ?
Mais quelqu’un veut du bien au voyageur solitaire :
un arbre lui donne un abri et le chant de l’oiseau une âme.
Un autre monde brille dans le cœur,
dans l’éclat de ce que j’ai jadis chéri. »
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Knut Odegard
« Maisons abandonnées au bord de la mer
Des fenêtres aux yeux brisés.
Ecarquillés. Un vent.
à visage blanc qui traverse en filant pièce après pièce
dans la maison abandonnée, grince
dans les escaliers, touche de sa main figée
le miroir vide
De grandes maisons immobiles au bord de la mer.
Elles éclairent dans le noir
Comme les morts éclairent à travers nos visages
dans le sommeil, Quelqu’un tatônne
à travers des rêves troublés, rôde
à travers obscures de maisons abandonnées
au bord de la mer. »
Des fenêtres aux yeux brisés.
Ecarquillés. Un vent.
à visage blanc qui traverse en filant pièce après pièce
dans la maison abandonnée, grince
dans les escaliers, touche de sa main figée
le miroir vide
De grandes maisons immobiles au bord de la mer.
Elles éclairent dans le noir
Comme les morts éclairent à travers nos visages
dans le sommeil, Quelqu’un tatônne
à travers des rêves troublés, rôde
à travers obscures de maisons abandonnées
au bord de la mer. »
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Josef Julius Wecksell
« Dans l’album d’un artiste
Découvrir bien des choses, guetter encore plus, en tout pressentir le plus haut, aimer d’abondance, oublier davantage, sortir de la vie et - rêver servir des dieux, renoncer à l’or, donner et ne rien réclamer en retour, sacrifier son cœur, gagner les cœurs, rencontrer le froid et pourtant brûler, chérir l’honneur, ne pas désirer, créer, former, instruire, apprendre en vue d’un but que l’on n’atteint jamais, en vue d’une postérité que l’on ne gagne qu’une fois le monde éteint pour soi : tel est le lot de l’artiste sur terre. Enfin devenu immortel à ce point, Il entre chez les dieux. » | « As-tu le courage ? As-tu le courage de sortir dans le combat de la vie et de t’y comporter comme un homme ? As-tu le courage de te placer face à ton époque et à ses illusions, si tu en es capable ? As-tu le courage d’immoler le sang de ton cœur, ton bonheur temporel et ta joie à la vérité et à la justice ? – alors, jeune homme, sois le bienvenu dans notre cercle heureux. As-tu le courage de croire à ton rêve le plus beau Malgré la voix railleuse de la réalité ? As-tu, comme la goutte dans le courant le plus profond le courage de chercher ton chemin au sein du rocher ? S’il en est ainsi, faisons le serment d’être des frères de sang et immolons lui notre esprit et nos veines. Et nous aurons sans doute la force de combattre si nous possédons le vrai courage. » |
Josef Julius Wecksell (1838-1907) est un poète finlandais de langue suédoise. La minorité finlandaise de langue suédoise joua un rôle considérable dans l’histoire de la littérature et des arts dans le Nord européen. Entre amour et folie, lumière et obscurité, Wecksell écrira la plus grande partie de son œuvre avant son internement en 1865, une œuvre qui n’est pas sans rappeler celle des premiers romantiques français, on pense à Lamartine ou à Musset. Wecksell demeure toutefois mal connu. Ignoré des uns, il est devenu un mythe pour d’autres. Une Société des amis de Wecksell a même été créée, rassemblant universitaires, poètes, artistes et simples amoureux des mots.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Josef Julius Wecksell
... est aussi dramaturge. C’est en 1862, année qui le voit basculer dans la folie, qu’il rédige un chef d’oeuvre dramatique intitulé Daniel Horst, désormais disponible en langue française dans une traduction du suédois de Philippe Bouquet, avec un avant-propos de Karolina Blaberg, petite nièce de Wecksell, adaptation et postface de Pierre Grouix, aux Editions Rafael de Surtis.
Cette pièce constitue l’acte de naissance véritable du théâtre finlandais. Daniel Horst est une sorte d’Hamlet nordique. L’intrigue se passe en 1599 dans une Finlande encore médiévale, pour mettre en scène l’hypercomplexité de la personne humaine, la noblesse, l’éthique et l’inconditionnalité au coeur de la médiocrité, de la cupidité et de la violence, la blessure et son impossible réparation dans le temps.
« Fuis, mon amour, ô toi dernier de mes rêves !
Tu fus le plus amer de tous les breuvages
de ma vie ! Pourquoi faut-il que je sois
égaré en ce monde, sans toi ni foyer,
enfant trouvé n’ayant ni nom ni père ?
La moindre fleur a des racines ; dans la mer, la vague
est suivie d’autres semblables et la mousse
elle-même a une tombe sur laquelle pousser.
Le captif mort cette nuit a eu jadis
Une vie à vivre. Et moi, qu’ai-je ? »
Tu fus le plus amer de tous les breuvages
de ma vie ! Pourquoi faut-il que je sois
égaré en ce monde, sans toi ni foyer,
enfant trouvé n’ayant ni nom ni père ?
La moindre fleur a des racines ; dans la mer, la vague
est suivie d’autres semblables et la mousse
elle-même a une tombe sur laquelle pousser.
Le captif mort cette nuit a eu jadis
Une vie à vivre. Et moi, qu’ai-je ? »
Dernière édition par Najat le Lun 29 Mar - 21:37, édité 1 fois
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Bob Carpelan
Bob Carpelan est né à Helsinki en 1926. C’est un auteur qui se défie du long, une tendance minimaliste le conduit naturellement au simple, au court, au moindre, ce qui exige une grande rigueur et une grande profondeur. En effet, il est impossible de dissimuler sous les formes les dissonances de l’être.
« Ma chambre reste vide la mer sur la droite moi au-dehors de l’image » « Vermine impayée l’automne généreux, l’odeur de feuilles brûlées au loin, en provenance du cimetière. » | « L’arbre a tombé la feuille Une vague se lève immobile. » |
Mais Bob Carpelan sait aussi tisser de longs poèmes sans pour autant se départir de son chemin vers le simple et le bref.
« « La vie me dépouille plus que la mort ». Mais dans les tourbillons j’aperçois, dans l’obscurité, l’image des traits de mon amour : à flots, ils sombrent, se dissolvent dans la lumière, portés par des ailes au-dessus du champ – et là sous l’arbre de la mort | repose celui qui nous suit du regard ; c’est ainsi que, plus sûr, plus silencieux je construirai ce que la vie dépouille de lumière dans le temps et par-dessus la mer filent les bandes d’oiseaux des dernières ombres vers le repos planant, infatigable. » |
« Le grand nuage
Le grand nuage forme comme une aile
plongeant lentement devant le soleil comme
une feuille rouge sang de l’arbre de la mort.
Et sur la surface de la mer glisse l’oiseau du soir,
frôlant les flots de ses ailes, grandissant,
comme s’il n’y a avait plus aucun mouvement
et, parmi le chant merveilleux, le silence. »
Le grand nuage forme comme une aile
plongeant lentement devant le soleil comme
une feuille rouge sang de l’arbre de la mort.
Et sur la surface de la mer glisse l’oiseau du soir,
frôlant les flots de ses ailes, grandissant,
comme s’il n’y a avait plus aucun mouvement
et, parmi le chant merveilleux, le silence. »
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
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